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30 septembre 2018 7 30 /09 /septembre /2018 13:47

Venue de Norvège, Moran (Dorothy Dalton) est la fille du capitaine du bateau Lady Letty (Fru Letty en langage d'origine), qui fait escale à San Francisco. Pendant cette étape, elle croise un jeune homme qui a tout d'un gosse de riche, un gandin qui a raté le départ de ses amis pour une petite virée en mer. Si la rencontre ne laissera pas de souvenirs impérissables aux deux personnages, ils se retrouveront pourtant: Moran partira en mer avec son père sur le Lady Letty, qui transporte du charbon, et le jeune homme, Ramon (Rudolph Valentino), va être embarqué de force sur un navire de pirates modernes: c'est Walter Long le capitaine, c'est vous dire!

La deuxième rencontre entre les deux principaux personnages sera déterminante: d'une part parce que Ramon, content d'être débarrassé de la haute société et de ses faux semblants, apprécie la vie à la dure et devient un marin capable; ensuite, parce que Moran, l'une des rares à être restée sur le bateau de son père lorsque un risque sérieux d'incendie et d'explosion (le charbon) se fera jour, est suffisamment débrouillarde elle-même pour ne pas trop apprécier les hommes trop délicats...

C'est donc un Ramon aux aguets qui va, parfois aidé par tout l'équipage de pirates, aider Moran contre un destin "pire que la mort", qui la guette à chaque instant avec Walter Long dans les parages. Tant que j'y pense, je pique à un copain plus qu'observateur (d'ailleurs je sais qu'il nous observe) un détail qui n'en est sans doute pas un: les deux héros étaient sans doute faits l'un pour l'autre: de Moran à Ramon, il n'y a... qu'un anagramme. 

C'est une surprise, de taille: j'avais déjà vu ce film, qui ne m'avait pas spécialement interpellé. Une adaptation adroite de Frank Norris, sans plus, aux acteurs compétents, à la mise en scène bien solide, mais rien de plus. La restauration entreprise (et achevée il y a maintenant plus de vingt ans) par la Cinémathèque de Belgique révèle un long métrage bien plus intéressant qu'il y parait: car si Melford se repose sur des conventions mélodramatiques à peine bouleversées (oui, Moran, après tout, est une dure à cuire, elle le prouve constamment), il se plait à placer ses personnages dans un univers d'une grande richesse, d'une grande cohérence. Dans les copies désormais disponibles, le film est riche de beautés, de décors par lesquels passe un vrai souffle épique, et ça donne en particulier à Valentino (qui est comme toujours absolument excellent) un cadre adéquat pour sa transformation. Et on profite désormais sans détours de ces aventures en mer, magistralement composées et photographiées. Dorothy Dalton est une héroïne différente des canons, qui apporte de l'énergie à son personnage, et le metteur en scène a en prime le bon goût de tourner à San Francisco (cher à Norris, comme chacun sait), et d'engager le jeune George O'Brien (deux années avant son triomphe pour The iron horse) pour composer un marin pris de panique dans une scène mémorable.

Bref, on y prend du plaisir, et on y reviendra!

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Published by François Massarelli