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25 février 2023 6 25 /02 /février /2023 11:49

Le Pharaon Khufu (Jack Hawkins) revient d'une énième guerre et décide de faire ce que le grand prêtre, son fidèle conseiller, lui suggère: construire un tombeau à sa propre gloire... Il se décide pour une pyramide, la plus grande jamais construite, mais soucieux de protéger ses trésors, il a ramené de ses conquêtes un architecte génial dont il a pu admirer le talent lors d'une série de batailles rendues compliquées pour les Egyptiens, par l'architecture des lieu. Un marché s'établit entre eux: Vashtar (James Robertson Justice) construira la pyramide selon ses conceptions, et en échange son peuple (jamais nommé) sera libéré...

Hawks n'a jamais réalisé un autre film de gangsters que Scarface, il n'a pas non plus été plus loin dans le film noir après The big sleep, et The thing reste sa seule production fantastique. On ne s'étonnera donc pas trop qu'il n'ait sacrifié qu'une fois au peplum, avec ce film justement, avant de retourner à des genres qu'il maîtrisait plus, dans lesquels il se sentait plus à l'aise, en tout cas. Car non seulement c'est son unique peplum, mais c'est aussi le seul des films du metteur en scène à utiliser l'écran large du Cinémascope, qui était il est vrai très à la mode (il était dans la deuxième année de son exploitation).

J'imagine que le vieux renard avait décidé dès le départ de faire un film du genre qui puisse être très distinctif, et sur un certain nombre de points, il l'est: d'abord, pas un gramme de bondieuserie ici, Hawks prenant sagement le contrepied d'un DeMille, par exemple. Ou encore un refus de céder au manichéisme primaire, comme DeMille encore... Les Egyptiens maintiennent des peuples entiers en esclavage, mais le film réussit à montrer du Pharaon interprété par Hawkins une image positive, celle d'un autocrate qui a suffisamment de vision, pour être à la base de la création d'une oeuvre, et qui à travers Vashtar en reconnaît l'auteur...

Car il est beaucoup question de travail, de savoir-faire, de souci technologique d'envergure, et c'est ce que l'obsession du secret exprimée scène après scène par le pharaon tend à souligner. Il en ressort un film qui pourrait presque être un conte philosophique sur la grandeur de la création humaine par opposition à la petitesse des individus... Mais le studio avait un film à vendre, donc le film reste un peplum de bas étage, avec des acteurs et actrices à frange, tous tout raides, qui déclament des textes bien stupides avec la main droite tendue, des "Pharaon est arrivé, venez céans", et autres "tu m'as trahi, scélérate"... J'exagère à peine (même si, intelligibilité oblige dans ce doux pays de Nadine Morano, j'ai adopté le français)... Et Joan Collins est nulle en deuxième épouse ambitieuse et traîtresse, sans parler de James Robertson Justice, un acteur qui m'a toujours épaté par l'impression d'incompétence tranquille qu'il projette en permanence.

Mais pour finir, je me contenterai de dire que j'ai une explication quant à la décision de Hawks de ne jamais plus toucher au Scope, et de ne jamais plus tourner un film de ce genre non plus: il a du s'endormir devant The land of the Pharaohs...

 

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Published by François Massarelli - dans Howard Hawks