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27 mars 2023 1 27 /03 /mars /2023 13:46

1943, en Chine. Un petit village désolé sert de base arrière pour l'armée Américaine... l'équipage du pilote Cliff Brndon (Victor Mature) est spécialiés dans le transport de précision pour véhiculer du matériel et des vivres pour les bases rebelles qui participent à la lutte contre les Japonais. A part le prêtre Catholique Américain local, le père Cairns (Ward Bond), et quelques femmes de petite vertu, personne ne semble apprécier Brandon... Un soir qu'il a trop bu, un vieil homme lui confie Shu-Jen (Li Hua Li), une jeune Chinoise contre une somme d'argent; sans le savoir il vient d'acheter ses services pour trois mois...

C'est un conte, situé en pleine guerre du Pacifique. D'emblée, Borzage nous rappelle qu'il exècre la guerre, et tout son film ou presque se passera à l'écart des combats... Ce qui nous est conté est une transformation, celle d'un homme revenu de tout, ou parti nulle part, et qui va s'humaniser progressivement vace à un petit bout de femme qui ne le comprend pas, car aucun des deux ne parle la langue de l'autre... Brandon ne profitera pas de la situation jusqu'à un certain point, et mettra les choses au point dès le départ: il a accepté la présence de la jeune femme mais ne souhaite pas profiter de sa présence, au-delà d'une aide matérielle sous la forme de ménage, cuisine et services... Il est aidé d'abord uniquement de deux personnes, le père Cairns et un jeune Chinois débrouillard qui sert d'interprète, répondant au surnom d'Ellington. Ca fait pour ce film de Borzage deux figures de "bonnes fées", car même 43 après ses débuts, le cinéaste n'a pas perdu ses bonnes habitudes! 

Mais dans cette histoire de transformation, il y a deux Cendrillons, à savoir Brandon et Shu-Jen. Et les deux personnes qui assistent et aident  leur rapprochement, vont voir avec une certaine tendresse le charme opérer... On constate que la séduction opérera de façon involontaire et inattendue, dans une initiative de Shu-Jen qui renvoie immanquablement à The river, le film dans lequel Borzage a probablement le mieux représenté le passage d'un amour platonique à un amour charnel: voyant le capitaine Cliff revenir chez lui avec une forte fièvre, shu-Jen le déshabille et se couche sur son corps, acceptant de bonne grâce l'amour de celui qui délire sous l'effet de la température... Ce qui nous rappelle la façon dont Rosalee "ressuscite" Allen John dans The river.

Mais le film nous montre que la guerre reste impitoyable, et que la guerre aura le dernier mot... Ou presque. On sait, il l'a toujours dit, que Borzage avait tellement horreur des conflits, qu'il a toujours trouvé le moyen de les représenter de façon détournée ou de ne pas les montrer. On voit ici les limites de cette décision, et celles du budget par la même occasion: quand Cliff doit se défendre contre des avions, au sol, la bataille est au mieux très symbolique, au pire assez peu convaincante. Mais le cinéaste a choisi, pour sa part, de se concentrer sur son histoire humaine, en cédant à toutes ses traditions qui nous rapellent, de film en film, son univers singulier: quand Shu-Jen et Cliff se marient, ce sera un simulacre de mariage chinois, avec pour le menr à bien, un prêtre Catholique bienveillant, qui agit plus en ami qu'en prêtre... Et un bijou, probablement en toc véritable, symbolisera à lui tout seul l'amour fou entre deu protagonistes, qui se manifestera au-delà de la mort...

 

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Published by François Massarelli - dans Frank Borzage