C'est l'un des premiers scripts écrits par Fritz Lang, pour un autre réalisateur, d'autant que le jeune auteur n'avait pas encore pu accéder à cette fonction. Si le résultat est un film sans doute assez moyen, il est intéressant dans la mesure où il anticipe sur une de ses oeuvres de jeunesse les plus importantes... C'est Joe May, qui tenait une place importante dans le cinéma populaire des années 10, qui a dirigé ce film comme beaucoup des premiers scénarios de Lang.
Hilde Warren, actrice, est de par son art attirée par la noirceur, et visitée parfois par la mort (Georg John); mais elle se résout toujours à voir les bons côtés de la vie, ce qui la poussera bientôt à arrêter son activité! Elle est courtisée par un de ses amis, le directeur du théâtre qui l'a employée: Hans von Wengraf est un homme apprécié de tous, mais il est plus âgé. Elle lui préfère un playboy, flamboyant (et très amoureux), mais c'est un voyou, et ils seront à peine mariés qu'il est appréhendé pour meurtre, et abattu par la police... Hilde va donc rester seule, avec un jeune garçon. Quand Hans la retrouve, il ne tardera pas à constater que le fils a hérité des pires défauts de son père...
Cette fable sur le déterminisme ne tient évidemment pas debout, et c'est un mélodrame assez classique de cette époque de l'écran Allemand pré-Caligari: de beaux décors, une interprétation un peu ampoulée, et une certaine influence marquée du cinéma Danois. Mia May (Hilde) est une jeune première avec de solides heures de vol, et les fadaises sur le fils qui ne peut que devenir un meurtrier puisque son père l'était, est hautement risible.
Mais les quelques apparitions intempestives de la mort, d'ailleurs interprétée par un acteur qu'on reverra souent chez Lang, sont non seulement marquées du sceau de l'étrange, mais elles sont plastiquement superbes. Et comment ne pas penser à Der müde Tod, dans lequel Lil Dagover et Bernhard Goetzke recréeront l'étrange couple entre une femme innocente parvenue au bout de son chemin, et une mort lassée d'accomplir sa triste besogne?