Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
  • Contact

Recherche

Catégories

2 février 2013 6 02 /02 /février /2013 13:40

Souvent imité, jamais égalé, le film qui finit enfin de révéler Capra au grand public est bien sur l'un des passages obligés de son oeuvre, et beaucoup plus que l'acte de naissance (En collaboration sans doute avec Twentieth Century de Hawks la même année) de la screwball comedy: c'est une synthèse fascinante de ce qui fait le sel des films de Capra. On en connait l'argument fondateur: un homme rencontre une femme; il est journaliste en mal de scoop, elle est riche héritière en fuite; il va pouvoir à la fois l'aider à se rendre chez son fiancé (Que sa famille, bien sur, désapprouve) tout en écrivant un article qui le remettra en selle... et bien sur il tombe amoureux d'elle et réciproquement.

Clark Gable et Claudette Colbert, on le sait, ont été punis par leurs studios repectifs afin de participer à ce film pour la pauvre Columbia, ce qui ne les a empêchés ni de faire très bien leur travail, ils sont excellents, ni d'immortaliser un couple formidable, tout en dynamisme. Le penchant de Capra pour les dialogues à la mitraillette, associé à des réminiscences bien dans le ton de l'époque du style de dialogue à la Front page, bénéficie en plus d'être interprété par des orfèvres en la matière, y compris si on imaginait sans doute un peu mal Gable en comédien. Ici, il assure sans aucun effort... Mais il n'y a pas que cette touche 'screwball', qu'on retrouve dans les rapports nécessairement conflictuels d'un homme et d'une femme destinés à tomber in fine dans les bras l'un de l'autre: il y a aussi le portrait amusé d'une amérique moyenne, un motif dans lequel Capra est toujours formidable: les braves gens, qu'ils soient chauffeurs de bus, propriétaires de motels, bandit de grand chemin (Alan Hale et son tacot) voire dragueur des routes (!) sont montrés ici avec un ton mi-tendre, mi-amusé... et Capra n'oublie pas, au détour d'un chemin, de montrer l'irrution du drame, permettant à ses acteurs de prouver leur valeur humaine: Gable et Colbert vont partager leurs derniers dollars avec une famille qui crève la faim.

Et si on peut parler de ce film sans pour autant mentionner la pluie d'Oscars (Qui fit tant plaisir à Capra et ses acteurs, certes), comment passer outre les scènes d'anthologie que sont la séquence d'auto-stop, qui permet à Claudette Colbert de démontrer que la jambe est plus forte que le pouce, et des passages dans les motels, lorsque les héros dorment séparés par une couverture qu'ils appellent le mur de Jericho, qui limite dans un premier temps leurs univers respectifs avant d'être un paravent sur leurs désirs de plus en plus tangibles. Capra a donc non seulement réalisé une valeur sure de la comédie, c'est indéniable, il a aussi fait un film qui touche à la fois à la vérité des êtres (il faut pour Gable voir au-delà du vernis 'fille de riche' de sa compagne d'infortune, et réciproquement) et à l'éveil de leur amour. On craque, on aime, on en redemande...

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Frank Capra Criterion