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6 juin 2012 3 06 /06 /juin /2012 17:02

Habituellement, quand Pedro Almodovar revient de Cannes, il a une critique à ses pieds, et la frustration de ne rien remporter. Kieslowki, il y a quelques années, souffrait aussi (En silence) de la même maladie. Sachant que d'une part, la critique n'est pas infaillible, et que d'autre part, n'importe quel film y compris un navet de la pire espèce peut avoir un prix à Cannes (On ne va pas en nommer, c'est très subjectif), on devrait s'abstenir du moindre commentaire à ce sujet, mais il y a aussi à Cannes une sorte d'indicatif. Ainsi, lorsque un film d'Almodovar ne convainc ni le jury, ni le public, ni la critique, on se dit que c'est peut-être le début de la fin. Pourtant, le film ne mérite pas le désamour dont il a été victime... Certes, ce n'est pas un chef d'oeuvre, mais la bouffée d'air frais dans le petit cirque Almodovarien qu'il représente me semble justifier d'y retourner souvent.

Et puis il y a les Yeux sans visage, de George Franju, chef d'oeuvre certes, mais auxquels on a cru bon de devoir absolument comparer ce film. C'est forcément mortel. songe-t-on à comparer All about Eve à Tout sur ma mère? Ca reviendrait au même, pourtant, puisque le film de Franju n'est ici que ce lointain modèle, ce film-source, auquel se réfère Almodovar par amour du cinéma, mais dont il se sépare pour mieux s'en éloigner: à la base, les liens sont ténus: un médecin qui se livre à des expériences défendues,  une jeune femme qui subit ces expériences, et une complice d'un certain age; une villa, éloignée des regards, des expériences dont la portée se dérobe à notre compréhension jusqu'à ce qu'un flashback nous éclaire, et une atmosphère de mort lente. Mais au-delà, on est en terrain plus classique: des amours traitées sur le mode baroque, des secrets enfouis et inavouables bien qu'assumés et montés en mode de vie, et des improbabilités flagrantes qui tendent le récit, coloré de violentes taches rouges, vers le mélodrame flamboyant et halluciné, matiné de beaucoup plus d'humour (Noir, bien sur) que ce qu'on a bien voulu y voir...

 

Dans cette histoire que je ne tenterai pas de raconter, Almodovar a sans doute voulu changer brusquement de ton, ce qui explique la difficulté à y déceler autant d'émotion que d'habitude. Mais l'impression qui domine, c'est que tous ces gens qui s'agitent tentent plus de prolonger leurs vies qu'autre chose, comme du reste le héros cinéaste d'Etreintes brisées. Le désespoir a envahi le film, c'est une évidence. La piel que habito dans lequel le cinéaste nous donne à nouveau à voir une histoire de possession amoureuse et physique d'un genre nouveau, est une fois de plus une danse de mort, mais dépourvue d'amabilité excessive...

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Published by François Massarelli - dans Pedro Almodovar