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29 décembre 2010 3 29 /12 /décembre /2010 11:22
Sons of the desert (VOLUME 13) Décembre 1933, réalisé : William E. Seiter, assisté par Lloyd French. 7 bobines (65 minutes)

Convention city, réalisé par Archie Mayo, conte les exactions cocasses d’un groupe de participants à une convention sise à Atlantic City. C’est l’un des films perdus les plus emblématiques de la période dite pré-code ; cette comédie avec Joan Blondell et Dick Powell serait, selon les sources, soit l’un des films les plus vulgaires jamais sorti par un studio, soit l’une des œuvres à l’avant-garde de ce qu’on ne doit ni montrer, ni aborder dans un film en 1933 ; et quoi qu’il arrive, puisqu’il est perdu, le film peut être interprété comme bon nous semble; le fait qu’il soit perdu ne fait que peu de doute : dans le collimateur du Breen Office, ce film était réputé insortable, tant et si bien que la Warner a fait procéder à la destruction de son négatif après que la décomposition l’ait de toutes façons rendu inutilisable-et dangereux. Le film porte donc le funeste honneur, d’une part d’avoir sans doute significativement contribué à un renforcement du code de censure en 1934, d’autre part d’être le dernier film Warner–First National perdu… Et le rapport avec Laurel et Hardy, c’est que Convention City a triomphé à l’automne 1933, et en décembre 1933 Sons of the desert sortait.
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Sons of the desert, dont le nom glorieux a été repris par un club international dédié à célébrer la gloire de nos deux héros, est un film de long métrage absolument délicieux, totalement dans la lignée des courts métrages des deux vedettes : en alternance avec les films musicaux (entre The devil’s brother et Babes in Toyland pour être précis), le duo joue pour ainsi dire à domicile : les garçons ont fait le serment de participer avec tous les membres de leur loge des « fils du désert », une société plus ou moins Maçonnique semble-t-il, à la convention de Chicago, un prétexte à faire la fête et à se comporter en célibataire. Le problème, c’est que Mrs Hardy (Mae Busch) ne veut pas. Mrs Laurel (Dorothy Christie) a autorisé Stan à participer, mais celui-ci va être obligé de se mouiller dans les mensonges de Oliver, afin d’aider celui-ci à participer quand même aux festivités ; les deux hommes font appel à un vétérinaire (A l’origine, Hardy avait demandé à Stan de lui amener un docteur, mais bon.) interprété par Lucien Littlefield afin de déclarer Hardy malade, et de lui prescrire un voyage à Honolulu ; puis, une fois le subterfuge réussi, les deux hommes rencontrent à Chicago un délégué du Texas, vulgaire, farceur et bruyant, interprété par Charley Chase, et dont le personnage s’avèrera être en fait le beau-frère inconnu de Hardy… Ouf ! Lorsque la convention s’achève, les deux épouses apprennent que le bateau censé ramener les deux hommes de Honolulu a coulé…

Au-delà de l’enjeu initial, le pari (Réussi) de transcrire l’esprit des courts métrages de Laurel et Hardy dans un long métrage, on appréciera les multiples petites touches qui donnent encore plus de vie à l’ensemble : les têtes des spectateurs d’un cinéma qui bougent en rythme dans la mêem direction en regardant une compétition sportive lors des actualités, le plan de laurel et hardy sortant du taxi : le taxi s’arrête, le chauffeur court pour permettre à Laurel (Assis à l’arrière, à droite) de descendre, mais se prend la portière en pleine figure et tombe. Lorsqu’il se relève, il trébuche sur la valise que son passager à opportunément laissé là. Pas un mot pour nous distraire de la perfection du slapstick avant que Hardy ne remercie fort civilement le chauffeur sonné, à terre. Comme quoi tout en restant fidèle à l’esprit du duo, le film élargit le champ d’action de Stan Laurel qui peut également nuire à autrui sans pour autant que Hardy en souffre, ou en soit même conscient.

Reprenant la situation matrimoniale déjà explorée de diverses façons (We faw down, Be big !) le film donne un contexte qui n’a besoin que d’un seul plan : lorsque les deux hommes rentrent chez eux après la réunion de leur loge, ils ont parlé dans le taxi de l’importance pour un home d’être le maitre chez lui ; comme en écho à cette idée, on voit en gros plan la sonnette du 2220, Fairview Avenue : Mrs and Mr Laurel, puis juste à coté, le 2222 : Mr Hardy and wife. Mais les apparences sont trompeuses, et on verra vite qu’à coté de Mae Busch (Désormais blonde, mais toujours aussi tonique) Oliver Hardy ne peut rivaliser.
Charley Chase, dans le rôle du gêneur de service, de l’odieux et excité farceur, ne ressemble pas tant à ce personnage qu’il a soigneusement composé dans ses courts métrages, mais ce n’est pas grave : il reste inoubliable, et il est d’autant plus précieux de le voir là que le comédien n’est pas apparu dans beaucoup de films de long métrage. un autre intérêt de ce film est de situer dans une certaine continuité chez Roach, dont de nombreux comédiens étaient soit franc-maçons (Laurel et Hardy) soit membres d'organisations à la Sons of the desert (Lloyd était un "Shriner"); mais dès 1917, dans un court métrage, Lloyd se moquait gentiment des rites de ces réunions. Ici, la moquerie passe par les farces de collégien auxquelles se livre Chase...

Voilà ce que l'on peut dire sur ce film très réussi et dont la vision redonne confiance en l’humanité : après tout, pour l’un des personnages, l’affaire se termine plutôt bien.

Hollywood Party (Extraits dans TCM archives ; The Laurel and Hardy collection) Juin 1934; Réal: ? + George Stevens. 68 minutes.
La participation de Laurel et Hardy à cette entreprise MGM (sans capitaine, puisqu'aucun des 84 metteurs en scène y ayant participé n'a souhaité signer, même pas ous le nom d'Alan Smithee) de 1934 se résume à deux scènes, plus ou moins dirigée par George Stevens: lors d’une fête organisée à Hollywood, Laurel et Hardy viennent pour se plaindre que l’invité d’honneur les ait escroqués. Ils se heurtent à un majordome vindicatif dans la première scène, puis à une Lupe Velez très remontée contre un barman qui refuse de la servir dans la deuxième : une scène quais muette de Tit for tat s’ensuit durant laquelle des œufs sont utilisés par Stan et Babe d’un coté et par Lupe de l’autre Lupe Velez porte une robe importable qui aurait pu à elle toute seule faire interdire le film, et le reste de ce long métrage est également représenté dans la collection Tarzan (Le coffret métal, chez Warner Home Vidéo) par des extraits parodiques d’un faux film, Schnarzan, avec Jimmy Durante dans le rôle principal et Lupe Velez dans le rôle d’une Jane qui tend à perdre dans la savane le peu de vêtements qu’elle a sur elle. Hum.
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Oliver the eighth (VOLUME 6 ) Février 1934. Réal: Lloyd French; 3 bobines.
Avec le dernier court métrage dépassant la durée de trios bobines, le studio aborde manifestement une nouvelle ère de relative incertitude. Le passage au long métrage a porté ses fruits, et si les grosses comédies musicales restent la principale préoccupation de Hal Roach, Sons of the desert a prouvé combien l’esprit des courts métrages était transposable au long ; des raisons économiques vont bientôt pousser Roach à éliminer purement et simplement les courts métrages de deux bobines. La bobine supplémentaire de celui-ci ne s’explique pas comme pouvaient s’expliquer les minutes ajoutées à la durée habituelle dans les films de 1931 et 32. Ce recyclage du principe de The Laurel and Hardy murder case est poussif, et ne s’imposait pas. Au moins nous donne-t-il le plaisir d’applaudir Mae Busch dans un nouveau rôle grandiose de femme fatale, et nous assure-t-il aussi le spectacle rare d’un suspense meurtrier traité par Laurel et Hardy : Les deux hommes, coiffeurs de leur état, répondent à une annonce : une femme cherche un mari afin de partager sa fortune. Babe gagne en trichant (il n’a envoyé que sa réponse, et non celle de Stan) et va devenir la 8e victime de la dame : celle-ci, en effet, se venge d’un Oliver qui lui a fait du mal en massacrant tous les Oliver qui croisent son chemin. Elle est aidée d’un domestique aussi timbré qu’elle, interprété par Jack Barty.


Going bye-bye ! (VOLUME 20) Juin 1934. Réal: Charles Rogers. 2 bobines.
Alors que la production de leur prochain long, Babes in Toyland, était ralentie puis stoppée par des accumulations de problèmes (Parmi lesquels une relation de plus en plus tendue entre Roach et Laurel), ce petit film est une (petite) oasis de Laurelethardytude, pas primordiale, mais pleine de bons moments : les deux amis sont des auxiliaires de police qui ont permis (Comment, c’est un mystère…)l’arrestation d’un fou criminel interprété par le grand Walter Long. Celui-ci, au procès, déclare qu’il va s’évader et se venger en leur accrochant à tous deux les jambes autour du cou. Les deux hommes décident de prendre la fuite, mais doivent trouver une tierce personne afin de partager les frais du voyage. Ils passent une annonce, et Mae Busch y répond : elle souhaite également quitter la ville, mais son petit ami (Devinez qui c’est !) s’est évadé de prison et il va falloir l’emmener…
Derrière ce scénario invraisemblable se cache un gag à tiroirs : Long, qui n’a pas encore repéré que les deux hommes avec lesquels il va s’enfuir sont ses deux ennemis, est caché pour les besoins du film dans une malle dont il ne peut sortir. Les efforts déployés par Laurel et Hardy pour l’en sortir seront bien sur l’occasion pour eux de lui faire subir diverses tortures. Sinon, lorsqu’il sort, il même sa vengeance à la lettre.
Avec ce film commence une période durant laquelle Charles Rogers, l’homme de confiance de Stan, devient le metteur en scène attitré. Si aucun de ces films n’est notable par sa mise en scène, ils permettronty au moins à Laurel et Hardy d’offrir en toute quiétude la quintessence de leur art, tandis qu’au dehors l’orage Roach/Laurel gronde. Il est toujours assez frappant de constater que si Laurel n’était sans doute pas facile à vivre, il n’ya semble-t-il jamais eu la moindre friction entre lui et Hardy, toutes les disputes et grosses fâcheries, conflits d’ego et « différents créatifs »ayant eu lieu entre Laurel et leur producteur…


Them thar hills (VOLUME 2) Juillet 1934. Réal: Charles Rogers. 2 bobines.
Ce classique mérite d’entrer dans l’histoire d’abord parce qu’il est un excellent cru, mais aussi parce qu’il a fait l’objet d’une suite.
L’histoire est bien connue : Laurel et Hardy doivent prendre le large afin de permettre à Hardy de soigner sa goutte. Il partent donc prendre les eaux dans les collines, avec une caravane : ils s’installent près d’un puits dans lequel ils ne savent pas que juste avant leur arrivée, un groupe de trafiquants a jeté de l’alcool de contrebande. Ils s’installent et vaquent à leurs occupations, faisant la cuisine en sifflant de temps à autre une louchée de ce précieux liquide. L’ambiance se réchauffe bien vite, et ils sont rejoints par un couple tombé en panne, Charlie Hall et Mae Busch. Elle reste avec les garçons, et participe à la beuverie, pendant que son mari s’occupe de la voiture. L’irascible mari prend très mal les familiarités des eux hommes avec son épouse, un « tit for tat » magistral termine le film, plus froid et plus lent que jamais. A noter, dans ce court métrage, l’apparition d’un « signe » «cinématographique : la chanson interprétée par Hardy (Qui chante), Laurel (Qui ponctue de "Pum Pum" incongrus) et Mae Busch (Qui hurle des "pum pum" de plus en plus fort au fur et à mesure de l’augmentation de son taux d’alcoolémie), reviendra dans Tit for tat, et sera l’ indice donné au public de la continuité entre les deux films. Il est par aileurs à noter que si Charlie hall est toujours un ennemi juré et menaçant (Il fait partie de ces méchants d'autant plus dangereux qu'ils ne font qu'1m60), ici mae Busch a enfin l'occasion de devenir copine avec les deux comédiens. Ca fait plaisir.
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Published by François Massarelli - dans Laurel & Hardy