Allen John's attic

Sur un thème déjà vu (dans L'auberge ensorcelée) et qui reviendra très vite (dans le Déshabillage impossible), un homme souhaite se débarrasser d'une veste, qui revient sans cesse, lui provoquant une glorieuse crise de nerfs!

Tout est dans le dosage, car contrairement à L'auberge ensorcelée, donc, Méliès ici montre une progression dans l'exaspération qui montre qu'il a décidé de raffiner son art, et pas seulement son rapport aux effets, mais aussi l'art du comédien.

"Comme le titre l'indique", pourrait-on dire, tant le titre de ce court métrage ressemble à un programme de son contenu! Le prince (Méliès) fait donc appel à un sorcier pour trouver l'amour (ce qui, à tout prendre, est de la sorcellerie digne de Meetic). Mais après lui avoir fait apparaître une belle dame, le sorcier lui joue tous les tours de cochon rendus possibles par un film de Méliès! Apparition, disparition... Le prince finit par demander de l'aide d'un mystérieux groupe de vieilles femmes à l'allure peu engageante.

C'est à nouveau un film tourné sur une intrigue simple, avec un décor unique et des effets spéciaux classiques: arrêt de caméra pour apparitions et disparitions, fond noir pour les incrustations de surimpressions... L'époque choisie est plutôt ancienne, permettant à Méliès de convoquer le type de costumes qu'il aimait tant, de l'époque de la Renaissance! Il me semble cependant qu'il manque peut-être un chaînon dans l'histoire, car... qui donc est le "bon génie"?

La vie de Jeanne d'Arc nous est exposée dans un certain nombre de tableaux enchaînés pour une narration qui dure environ 10 minutes. C'est une certaine Jeanne Calvière qui a l'insigne honneur d'être, a priori, le première "pucelle" de l'écran.

C'est un film ambitieux, le deuxième de ceux qui nous sont parvenus à dépasser les 10 minutes. La copie retrouvée en 1982 était coloriée au pochoir, et ce du début à la fin, et avait l'avantage d'être une copie de première génération, ce qui nous permet de voir à quel point l'effort avait été important pour Méliès... L'histoire propre à cette anecdote historique permet à Méliès de mêler histoire et magie, costumes d'époque et effets spéciaux, en particulier les interventions divines...

A ce sujet, il donne une allusion à une possible auto-suggestion en suggérant dans le film que les "visites" de anges aient pu être de simples rêves; et sinon, il faut signaler que l'histoire de Jeanne d'Arc, à cette époque, tient plus de la légende populaire que du véritable miracle authentifié, puisque la petite bergère ne sera canonisée qu'en 1919. A toutes fins utiles, je rappelle qu'objectivement, le personnage de Jeanne, révérée par l'extrême droite française et montée en sauce par l'église dans une tentative revancharde, est considérée au mieux comme une curiosité historique, au pire comme une illuminée providentielle pour le royaume, par les non-francophones. 

Un explorateur qui se trouve dans un tombeau Egyptien s'approche d'un sarcophage et s'y introduit...

Et c'est tout ce qu'il reste d'un film dont on se doute que cette intrusion mystérieuse n'était pas le principal ingrédient... Le moment est venu pour moi de rappeler que si on croit bien connaître Georges Méliès, les trois cinquièmes de son oeuvre environ nous restent inaccessibles, et selon toute vraisemblance le resteront. Non seulement à cause de son accès de désespoir qui en 1923 l'a fait détruire la plupart des copies en sa possession, mais aussi parce que le cinéma est fragile: destruction accidentelle des copies, mort "naturelle" (le matériau des films "nitrate" se décomposait plus ou moins rapidement dès qu'il était tiré), voire négligence... Sans compter le mode de diffusion choisi par le maître lui-même, qui jusqu'à 1907 préférait passer par les réseaux de forain plutôt que de passer par les distributeurs comme Pathé ou Gaumont.

Il nous reste donc quinze secondes, dont il n'y a pas grand chose à retirer...

Devant un décor de Paris qui a déjà servi, un magicien pris de tremblements fait apparaître de façon anarchique des jeunes femmes.

C'est un film vite fait mal fait, dans lequel Méliès n'ajoute pas grand chose à sa gloire. Il s'y illustre même en faisant intervenir une jeune femme au poids conséquent, dont il se moque... Ce court métrage a par ailleurs été sauvegardé dans des copies désastreuses.