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29 juin 2011 3 29 /06 /juin /2011 10:24

Des hauts, des bas: Joseph L. Mankiewicz est sous contrat, et doit continuer à mettre en scène après le triomphe de son dernier film, à tous points de vue. Il est inutile d'attendre de ce dixième film le même feu d'artifices que le précédent, bien sur, mais s'il est incontestablement mineur, il n'en est pas moins passionnant, renvoyant malgré son origine théâtrale à de nombreuses touches et de nombreux thèmes de l'auteur, qui n'a pas laissé de façon stérile la pièce se dérouler sous nos yeux: il se l'est appropriée. Bien sur, le casting recèle des problèmes pour le metteur en scène: ainsi, si Cary Grant est fidèle à lui-même, on imagine qu'il a surtout été amené à faire du cary Grant, pour le meilleur heureusement. Mais Mankiewicz n'aimait pas Jeanne Crain et estimait avoir complètement échoué à en tirer quelque chose pour ce film; je trouve pour ma part ce jugement bien sévère. Pour le reste, les acteurs convoqués sont pour notre plus grand bonheur Walter Slezak, Le grand Finlay Currie dans le rôle de l'énigmatique et bien silencieux Shunderson, Margaret Hamilton, la sorcière d'Oz, revient en femme de ménage renfrognée, qui compose une énième figure ancillaire dans une oeuvre déja marquée par la Sadie de Thema Ritter (A letter to three wives) ou plus lointainement, la Peggy de Jessica Tandy (Dragonwyck). Et puisqu'on parle de Jessica Tandy, Mankiewicz avec ce film travaille enfin avec le mari de cette dernière, son ami, le grand Hume Cronyn, qui domine le film avec son médecin universitaire en croisade contre des ombres...

 

Dans un hôpital universitaire, le Dr Noah Praetorius (Cary Grant) est un médecin spécialiste en gynécologie, aimé de la plupart de ses collègues et des étudiants, mais sur lequel une enquête est ouverte afin de déterminer si il a oui ou non pratiqué la médecine d'une façon extravagante en se faisant passer pour un guérisseur d'une part, et afin de déterminer qui est l'énigmatique vieil homme silencieux qui l'accompagne en toutes circonstances d'autre part, Mr Shunderson. Parallèlement, Noah soigne dans sa clinique une jeune étudiante désespérée d'être enceinte (Elle n'est pas mariée, le père est décédé), et qui tente de se suicider. Afin d'empêcher une récidive, il choisit de lui faire croire qu'elle n'est finalement pas enceinte, mais le jour ou il se rend chez elle pour lui annoncer la vérité, il la demande en mariage à la place...

 

Le film, d'une certaine manière, est un peu All about Noah; le fait est qu'il commence par une mystérieuse rencontre entre le Docteur Elwell, le principal accusateur de Praetorius, et une femme qui l'a connu dans le passé et qui va apporter de l'eau au moulin de l'accusation. Et le choix d'entamer le film ainsi permet à Mankiewicz de commencer le film sur l'impression d'un nouveau puzzle, qui sera toutefois moins voyant que les autres, et dont la plupart des résolutions (le passé de Praetorius, sa rencontre avec Shunderson) seront uniquement dévoilées à la fin, mais la philosophie de Praetorius apparait quant à elle du début à la fin du film; Jeane Crain-Deborah aime à faire remarquer à Praetorius qu'il est un homme sentencieux et bavard, je dois admettre que c'est vrai... Il se lance parfois dans des diatribes qui font passer de façon un peu lourde tout l'humanisme du personnage. C'est heureusement partiellement désamorcé par sa complicité avec Deborah, son épouse, son ami le professeur Barker (Walter Slezak), et aussi sa position de chef de clinique, qui l'autorise à se montrer un peu professoral parfois... Le film fait reposer le suspense sur l'approche d'une réunion durant laquelle la faculté va explorer le dossier accumulé par Elwell, en présence de Praetorius...

 

Le mystère Shunderson occupe l'esprit de chacun, grâce à plusieurs pistes: d'une part, les personnages sont tous plus ou moins de l'avis du professur Elwell, qui est obsédé par la silhouette étrange du bonhomme; même Barker fait comprendre à Praetorius que son étrange ami est parfois une présence embarrassante, et que le surnom de Chauve-souris lui colle à la peau. Pour couronner le tout, le vieil homme réussit à apprivoiser un chien présenté comme un vrai sauvage, sans aucun problème (le chien s'apelle Belzébuth, rapport à son caractère...), un petit mystère de plus; seuls Déborah, son père et Noah semblent trouver du plaisir à la compagnie de Shunderson, le questionnement sur sa nature restant trop fort pour les autres... Tout cela est renforcé par la seule présence de Finlay Currie, qui use de sa silouette raide, et parle peu, avec son accent Ecossais si touchant. Bien sur le mystère Shunderson est résolu à la fin et finit d'ajouter une touche d'humour légèrement absurde au film...

 

Après la figure envahissante du père (House of strangers), Mankiewicz profite de ce film pour dreser un petit portrait de deux frères, les Higgins, qui sont le père de Deborah, et son oncle. Ce dernier possède une exploitation agricole, et passe la journée à se plaindre du haut de son rocking-chair, pendant que l'autre frère semble assumer de façon plus adulte la responsabilité de la ferme. Le père de Deborah est aussi un esthète, qui propose à M. Shunderson d'écouter de la musique en sa compagnie, un homme philosophe et tranquille, qui fume la pipe: un double de l'auteur, discrètement caché dans le script. L'oncle, ce serait donc une pique à Herman, le très mondain scénariste, celui dans l'ombre duquel il a fallu passer tant d'années...

 

Au final, ce petit film se pose un peu comme un petit précis d'humanisme tranquille; a la figure du Dr Elwell, mesquin, qui se vante de n'avoir aucune qualité humaine, aucun goût pour quoi que ce soit, vient s'opposer le pragmatique Dr Praetorius, homme de goût versé sur la musique, fidèle en amitié, qui a su garder une âme d'enfant (La séquence du train électrique est un intéressant mélange de cmoédie et de tension drmatique) et qui agit toutjours au regard de la personne qu'il a en face de lui, ainsi peut-on justifier son étrange mais efficae décisionde cacher sa grossesse à la jeune femme afin de l'empêcher de se tuer. Le film finit sur une note musicale qui tend à agir sur le spectateur, pour peu qu'il se laisse faire, et le fera se sentir bien... un film qui laisse Mankiewicz exposer un versant plus solaire de la comédie.

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Published by François Massarelli - dans Joseph L. Mankiewicz Cary Grant
27 juin 2011 1 27 /06 /juin /2011 17:03

Film exalté, ce cinquième long métrage de Kurosawa (si on omet le film collectif Ceux qui bâtissent l'avenir, 1946) est aussi le prmier de ses films d'après guerre dans lequel on peut voir le metteur en scène laisser libre cours à ses idéaux, d'une façon lyrique, dans un montage constamment inventif. c'ets aussi une grande rareté: un film de Kurosawa dont le héros est en fait une héroïne...

En 1933, Yukie, la fille d'un professur de l'université, regarde avec un mélange d'amusement et d'agacement l'étudiant Ryukichi Noge se lancer dans des diatribes d'extrême gauche. elle se définit à l'image de son père, comme plutôt modérée. En 1938, la donne a changé, le japon est devenu un pays dominé par les militaires, donc fasciste, et Yukie s'intéresse beaucoup à ce que devient Noge, sorti de prison grâce à l'obligeance d'un ami commun, et apparemment rangé. Mais elle devient sa femme, et se rend vite compte qu'il n'a pas changé; elle aprend ainsi très vite la douleur du sacrifice...

Quel beau film! Kurosawa, qui les a vécues, traite les années douloureuses dont il parle avec le même talent qu'il déploie lors de ses explorations du japon médiéval. enfin débarrassé de l'obligation de se conformer à un Nationalisme japonais dans lequel il ne se reconnaissait pas, il profite de l'air ambiant, furieusement à gauche, pour montrer les dégâts de la junte militaire sur les "forces vives" du japon. il compose avec la grande Setsuko Hara un portrait touchant et admirable de femme qui ne lâche rien de ses principes, et pousse la fidélité à on mari disparu jusqu'à braver les quolibets des gens qui l'accusent d'être une espionne, et aider les parents du disparu en mettant la main à la pâte, après avoir reçu une délicate éducation bourgeoise. Le montage est rythmé avec les images d'archives, qui permettent une fois de plus à la grande histoire de venir épauler la petite...

Le metteur en scène ne lâche rien de son lyrisme, en commençant son film avec lyrisme, montrant des étudiants qui prennent du bon temps en pleine nature; ce prologue se termine sur une série de coups de feux, la découverte d'un cadavre.. le paradis? Non, le Japon de 1933, nous répond Kurosawa qui a attendu ce moment pour commencer à baliser son film avec des dates. A la fin, Yukie est revenue sur les lieux de sa jeunesse, et lâche une larme, avant de rejoindre le village ou elle vit désormais; le film se termine sur un plan qui la voit courir pour s'installer sur un camion en partance, le tout en contrejour. superbe image, métaphore aussi bien que fin ouverte...

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Published by François Massarelli - dans Akira Kurosawa Criterion
27 juin 2011 1 27 /06 /juin /2011 16:37

On a envie d'ajouter le nom de Lancaster aux cotés de celui de Huston, sur le titre en haut... C'est vrai que la présence de l'acteur-producteur, toujours engagé dans ses films à 200 %, et le coté jusqu'auboutiste de l'intrigue, nous pousseraient dans ce sens. le film est l'évocation d'une communauté fragile, sur la frontière, qui a maintenu un équilibre précaire en tenant les Kiowas à l'écart, et ben zachary (Burt Lancaster) est le meilleur exemple de la réussite; une fois son père massacré par les Indiens, il a repris l'exploitation, le bétail, et les rênes de la communauté; il est le frère de deux jeunes hommes qui sont convoités par les filles de la région. c'est le moment qu'a choisi http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/7/72/Unforgiven60.jpgun homme étrange pour venir et perturber l'équilibre local: il vient en préteendant que la soeur adoptive de Ben, Rachel l'enfant trouvée (Audrey Hepburn), est d'origine Indienne. la communauté va se trouver devant les rourments du doute, de l'exclusion, et du racisme le plus brutal...

 

Le film est assez long, et aurait parait-il pu être plus long, le tournage ayant été marqué par les conflits, notamment entre la production et huston. celui-ci voulait faire un film sur le racisme, ce qui faisait peur à la production. de son côté, lancaster voulait un mélange d'action et de polémique, et on a finalement un film qui passe une partie des massages voulus par huston. les personnages sont très marqués par leur façon de se placer vis-à-vis des Indiens, la plupart des gens de la communauté étant totalement racistes; les Indiens eux-mêmes agissent de la même façon, venant sitôt qu'ils ont eu vent de le rumeur pour réclamer celle qui appartient pensent-ils "à leur race". De son coté, Ben agit différemment: il frappe un homme d'origine Indienne parce qu'il a touché les cheveux de sa soeur, mais pas parce qu'il est Kiowa; il précise que ça aurait été la même chose pour n'importe qui aurait touché sa soeur... Lorsque Rachel hésite à tirer sur son "frère", Ben la rassure: vous n'êtes pas frère et soeur, vous n'avez pas la même culture, dit-il en substance... le film divise les gens en trois, les racistes, Ben et Madame Zachary, jouée par l'immense Lillian Gish: elle a eu, il y a longtemps, la possibilité d'adopter une petite Indienne, et l'a fait sans hésiter.

 

Lancaster oblige, le film est un western haut en couleur, dont la tension monte au milieu de séquences aux ruptures d ton assez surprenantes, et une résolution riche en action et en suspense. Pour le reste, le film situé sur la frontière oppose clairement Indiens et Blancs, jugés incapables de vivre ensemble. c'est assez simpliste, et on comprend la frustration de Huston à une époque ou se multipliaient des films polémiques novateurs, et le western n'allait pas tarder à emboiter le pas...

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Published by François Massarelli - dans Western
27 juin 2011 1 27 /06 /juin /2011 16:19
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Published by François Massarelli
25 juin 2011 6 25 /06 /juin /2011 11:24

"Un chef d'oeuvre", conclut Patrick Brion dans le texte consacré à ce film, choisi comme représentatif du "cinéma d'aventures", dans un ouvrage paru aux Editions de la Martinière. Sans aller jusqu'à me risquer à parler ainsi de ce film, il faut bien reconnaitre que les gens (Thorpe, l'homme à tout faire de la MGM, et le producteur Pandro S. Berman) qui ont présidé à la réalisation de cette version du roman de Walter Scott ont fait de la belle ouvrage, d'une part, mais aussi un film dont l'interprétation ne se limite pas à la simple vision d'un moyen-âge mythique et distrayant: il y a plus, bien plus...

Comme la légende de Robin des Bois, le film (comme le roman) se situe pendant la régence de Jean, le frère de Richard 'Coeur de lion'. La présence assez voyante de Robin de Locksley dans le film nous rappelle d'autres glorieuses pages cinématographiques, mais il ne s'agit pas de Robin Hood cette fois: le héros, c'est Ivanhoe, un chevalier Saxon attaché à rendre la couronne à Richard, qu'il sait prisonnier en Autriche. Il a pour mission de récupérer une rançon afin de ramener Richard pour flanquer la pâtée à Jean, et sauver l'Angleterre... Mais pour cela, il ne doit pas se contenter d'unifier le clan des Saxons contre les Normands du prince Jean (en sachant que Richard est lui aussi Normand): il lui faut également convaincre la communauté Juive Anglaise de participer à la bataille...

 

Au début du film, Wilfrid d'Ivanhoe (Robert Taylor) , déguisé, participe à un repas chez son père: le vieux Saxon (Finlay Currie) a permis à des chevaliers Normands de partager son repas, dont le puissant Chevalier de Bois-Guilbert (George Sanders); un homme de passage, le Juif Isaac D'York (Felix Aylmer), est lui aussi convié à la table, au nom des lois d'hospitalité. au cours du dîner, qui sert d'exposition des rivalités et de la situtaion politique locale, la présence du vieux Juif semble être précisément le principal problème pour les Normands, là ou le vieux Sir Cedric dit ne pas voir de différence notable entre tous les hommes invités à sa table: le ton est donné... Le film montre ainsi non pas une lutte entre saxons et Normands, comme Robin Hood, mais bien un combat entre ceux qui excluent et ceux qui sont prèts à vivre avec les autres, y compris les Juifs. Le film est plus courageux que ceux des années 30 qui évitaient soigneusement d'utiliser le mot 'Juif' pour raconter l'exclusion vécue en Allemagne nazie, par exemple, mais de fait, la guerre, mais aussi le film The gentleman's agreement (kazan, 1947) sont passés par là. au-delà du message anti-raciste, le film montre aussi en Ivanhoe un homme qui sait contrer ses ennemis, mais aussi ses amis: il affranchit lui-même un esclave de son père, qui lui en voudra.   Bref, on est en pleine naissance de l'humanisme.

Le film ne se contente donc pas d'être un beau film de chevalerie: la thématique de l'exclusion et de l'antisémitisme, d'un choix pragmatique (Tous ceux qui sont aux côtés de Richard expriment souvent un choix par défaut) à des fins politiques, et surtout le bizarre rectangle amoureux formé autour d'Ivanhoe et de la belle Rebecca d'York (Elizabeth Taylor) finissent d'en faire un film adulte et riche. Ivanhoe amoureux de la pupille de son père, la belle Rowena (Joan Fontaine) reçoit l'aide de la mystérieuse Rebecca, amoureuse de lui, et dont la survie est le principal enjeu du combat final: en effet, l'ennemi Bois-Guilbert n'aime pas les Juifs, mais il est subjugué par la belle Rebecca, au point d'être prèt à trahir pour elle, voire à admettre le déshonneur de perdre la face en combat. face à Robert Taylor, le principal atout de ce film est inévitablement George Sanders, dont la vénéneuse voix cache ici de bien troublants tourments intérieurs...

 

...Et en plus, le film a été tourné en Angleterre, dans de vrais châteaux, avec des batailles, des flêches, des ponts-levis... Toute la panoplie!!

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Published by François Massarelli - dans Richard Thorpe
25 juin 2011 6 25 /06 /juin /2011 11:01

Ce film très fade partage avec They had to see Paris d'avoir été confié à Frank Borzage afin d'assurer le plus grand confort à sa vedette au moment d'aborder un premier film parlant: Will Rogers dans le précédent, et le ténor d'origine Irlandaise John Mc Cormack dans ce film, sont tous les deux la principale raison d'être des deux films.

 

En 1930, la MGM prépare The Rogue Song, de Lionel Barrymore, sensé mettre en valeur le talent de Lawrence Tibbett, un baryton dont la poopularité n'aura qu'un temps. The Rogue Song est célèbre aujourd'hui pour la contribution de Laurel & Hardy, dans un long métrage en couleurs, aujourd'hui quasiment totalemen perdu. Ce film est un peu différent: Song o' my heart, film musical et sentimental, présente donc le ténor (qui n'a sans doute pas fait une grande carrière au cinéma, il a autant de charisme qu'un topinambour oublié dans une brouette) au milieu d'une histoire qui se traine, malgré la présence de J. Farrell McDonald  et Maureen O'Sullivan.

 

Le principal intérêt, finalement, est historique: en plus de la version parlante régulière, le film a existé dans une version d'exportation, muette à la façon du Chanteur de jazz: les dialogues y sont repris par des intertitres, mais la bande sonore restitue la voix du chanteur pour les chansons larmoyantes qu'il interprète. Quelques chansons inédites, d'une part, et quelques séquences au découpage franchement différent (C'est à dire qui ne se contentent pas d'être des plans-séquences poussifs) nous permettent de mesurer la difficulté à juger des films de l'interrègne, ce moment ou on pouvait voir les films aussi bien muets que parlants. La Fox, en ce domaine, distribuait jusqu'à trois versions de ses films: parlante, muette, et muette avec des effets sonores afin de distribuer des films sonores aux pays étrangers, avant que l'habitude ne soit prise de confectionner une version spécifique. Enfin, toujours pour la pédagogie, le film Song o' my heart a été tourné en une version 70 mm, jamais distribuée, et qui aurait disparu.

 

Ca reste un film sans grand intérêt, mais qui par endroits permet à Borzage d'exprimer son sens de la sacralisation de l'amour: le film est centré autour de l'amour passé du ténor pour une femme qui a été obligée de se marier avec un autre. Le film fait la part belle à l'évocation des regrets et de la frustration de deux personnages qui s'aiment de loin et habitent l'unh en face de l'autre. Il nous montre aussi un amour en danger, entre Maureen O'Sullivan et un bellâtre, et les efforts de Sean, le ténor, pour les sauver. Enfin, le film fait partie d'un cycle initié par Ford à la fox avec The Shamrock handicap, en 1926, autour de ses chers acteurs Irlandais, J. Farrell Mc Donald en étant le principal représentant. Pour le reste, ce film dont la Fox a souhaité qu'il soit partiellement tourné en Irlande, afin de soigner sa publicité, est un épisode mineur dans la carrière de Frank Borzage.

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Published by François Massarelli - dans Frank Borzage Muet 1930 *
25 juin 2011 6 25 /06 /juin /2011 10:12

Ceci est le deuxième et dernier film de Langdon réalisé par Frank Capra, l'homme qui prétendra toute sa vie avoir "fait" Langdon. Nous n'allons pas revenir ici sur l'histoire, le fait est désormais avéré: immense cinéaste, Capra était aussi un affabulateur de génie, comme d'autres grands: qu'on pense à Walsh, menteur et farceur; Ford qui brouillait les pistes au point de prétendre avoir été cowboy en Arizona; Lang et sa version de sa propre fuite d'Allemagne... Donc, une fois The strong man achevé, Langdon aussi bien que Capra se sont senti pousser des ailes: le film était un succès, leur ambition avait payé, et il pouvaient remettre le couvert; l'ennui était que chacun des deux s'atribuait les mérites de ce qui était avant tout une collaboration, et que la brouille allait se préciser; Langdon était le patron, et à la suite du tournage, il a écarté Capra de son équipe, jugeant le temps venu de prendre sa destinée en mains. Le film devrait s'en ressentir, mais pas du tout: C'est un film tout à fait typique de ce que Langdon pouvait réussir dans ses meilleurs moments, qui revient à des thèmes proches de ses courts métrages, et qui oppose une fois de plus la ville corruptrice à l'Amérique profonde, comme les trois-quarts des films muets Américains semble-t-il, mais dans une bulle burlesque moins caricaturale que dans The strong man.

 

Harry est un grand garçon, qui rêve toute la journée de romance, alimentant ses fantaisies de livres puisés à la bibliothèque locale. Toute sa jeune vie, ses parents l'ont gentiment couvé, persuadés qu'il se marierait automatiquement l'age venu avec la petite voisine, Priscilla (Priscilla Bonner, la jeune aveugle de The strong man). Celle-ci aussi en est persuadée. Un beau jour, les parents décident d'offrir des pantalons à Harry qui se croit enfin adulte, et se précipite sur la première venue: une jeune femme de la ville (Alma Bennett) dont la voiture est en panne, et qui appartient à un gang de trafiquants de drogue par-dessus le marché. Pour se débarrasser de lui, la jeune femme l'embrasse, et part, mais Harry, persuadé qu'il s'agit d'un pacte d'amour, l'attend. Alors que le village s'apprète à célébrer son mariage avec Priscilla, il s'enfuit pour retrouver sa "bien-aimée"...

 

http://366weirdmovies.com/wp-content/uploads/2010/07/long_pants.jpgComme chez Lloyd, le décor rural est assez classique, mais le personnage de Langdon est plus caricatural encore; par contre, les scènes urbaines installent Langdon... en 1927, avec sa corruption, son jazz et sa consommation d'alcool frelaté. La naïveté du personnage se retrouve, tout comme dans les meilleurs courts Sennett, placée au coeur d'un décor d'autant plus criard. Des scènes laissent comme il savait si bien le faire Langdon pousser son style lent et répétitif jusqu'au bout: lorsqu'il a vu la jeune femme en automobile au début, il tourne autour d'elle avec son vélo, faisant tout un tas d'acrobaties plus embarrassantes les unes que les autres. Contrairement à un Charley Chase ou un Harold Lloyd, l'embarras, avec Langdon, est pour le spectateur, pas pour le comédien; c'est ce que lui empruntera Laurel...

 

Pour le reste, il faut noter une cavale rocambolesque en ville avec Langdon qui croit porter sa "fiancée" dans une caisse, alors qu'il s'agit d'un crocodile, et deux scènes frappantes: vers la fin, Harry qui s'est lui-même aveuglé sur les activités délictueuses de sa "petite amie", assiste dans la loge d'un théâtre à un rêglement de comptes, qui l'éclaire une bonne fois pour toutes sur la vraie nature de la femme qu'il aime. Cette scène est volontairement crue, et vue par un Harry au premier plan, de dos; il joue de fait à visage masqué, la scène fonctionnant parfaitement du fait que le comédien est retourné. Une noirceur qui contraste avec la vie doucereuse de sa campagne, et qui explique deux ou http://cache2.allpostersimages.com/p/LRG/37/3723/RSTAF00Z/posters/long-pants-harry-langdon-1927.jpgtrois plans qui servent en quelque sorte de "paliers de décompression" pour le jeune homme lorsqu"il revient à la maison: on le voit l'air hagard errer à travers bois avant de rentrer chez lui, grandi, mais aussi traumatisé. Cette noirceur culmine pourtant à un autre moment de ce film: lorsqu'il s'apprête à se marier, Harry se demande comment se débarrasser de Priscilla, et imagine l'emmener dans les bois pour la tuer d'un coup de révolver, une rêverie qui contraste évidemment avec ses fantaisies du début du film, qui levoient en prince de pacotille conter fleurette à la jeune fille... Mais le plus perturbant, c'est qu'il tente effectivement de mettre son plan à éxécution! Comme si dans True Heart Susie, de Griffith, Bobby harron emmenait Lillian Gish dans le bois pour la tuer, en quelque sorte: ça fait quand même froid dans le dos, même si Harry Langdon étant Harry Langdon, ça ne marchera pas, rassurez-vous.

 

Voilà, ce film est sans doute plus mal fichu que le précédent, moins équilibré. Les partisans de Capra diraient que Langdon a trop contrôlé, les partisans de Langdon seraient d'avis d'imputer ses défauts à Capra; quoi qu'il en soit, le film est de toute façon typique de son auteur, et je parle ici de Langdon, pas de Capra: après trois ans passé à tricoter des films autour de son personnage, entièrement tissés autour de son style de gags, il serait temps qu'on reconnaisse la paternité de ces films, non?

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Published by François Massarelli - dans harry langdon Frank Capra Muet
24 juin 2011 5 24 /06 /juin /2011 16:26

Peut-on imaginer un Droopy sans le joyeux patronage dévastateur de Fred "Tex" Avery? Celui qui a amené la folie destructrice du cartoon à la sage MGM (Il suffit de comparer ses films à la très raisonnable série des petits contes de Harman et Ising pour se rendre compte de son apport) y a aussi créé un personnage fascinant de chien stoïque, qui permet en creux tous les débordements autour de lui. Le personnage de Droopy a été animé par Avery et ses équipes des débuts jusqu'à ce que le réalisateur s'en aille en 1955, et est resté la propriété de la MGM. Pendant quelques années, la série a continué, sous la responsabilité de Hanna et Barbera, les futurs mortels auteurs de Scooby Doo... 7 Dessins animés ont été distribués, en Scope, attribué pour six d'entre eux à Michael Lah, l'un des animateurs de l'équipe de Avery.

 

Millionaire Droopy (Tex Avery, 1956)

Le premier de ces films sur écran large, l'exception Millionaire Droopy était en fait un remake de Wags to riches, un bon Avery dans lequel Droopy héritait d'une fortune que convoitait aussi le bulldog Spike. A part le recadrage et une refonte du décor, rien de nouveau à signaler, Millionaire Droopy reprenant intégralement la bande-son du premier film... Michael Lah, déja présent sur le premier, est de nouveau responsable de l'animation, il est tout naturel qu'il ait été promu au poste de réalisateur sur les films suivants.

 

Tous les six films de Lah portent la marque de cette fin des années 50, avec un contour des personnages tracé à gros traits, une animation simplifiée et plus mécanique, et des décors ultra-stylisés.

 

Grin and share it (Michael Lah, 1957)

Dans ce film, Droopy est mineur aux cotés de Butch, une nouvelle version, adoucie de "Spike". Le ton est résolument "Averyen", mais le personnage de Droopy est totalement naïf, et utilise beaucoup la parole.

 

Blackboard Jumble (Michael Lah, 1957)

Un personnage (Et des mouvements animés repris sur d'anciens cellos) revient pour notre plus grand plaisir, le loup Sudiste et lent qui travaillait pour la fourrière dans Three Little pups. S'il est toujours du genre à prendre son temps, il ne possède plus cet étrange bégaiement qui soulignait son accent Sudiste jusqu'à l'insupportable, mais reste encore plus stoïque que Droopy, ici un anonyme membre d'une fratrie de cancres auxquels le loup tente d'inculquer une éducation. Le loup, bien sur, s'en prend plein la figure et le film possède une réelle qualité.

 http://i223.photobucket.com/albums/dd107/victor-eyd/backyard%20theater/droopyanddragon.jpg

One droopy Knight (Michael Lah, 1957)

Encore un remake, cette fois de Senor Droopy. Mais le film est passé du Mexique à un Moyen-age de pacotille, le taureau est devenu un dragon, et Droopy est un vaillant chevalier. On ne trouve pas ici de réemplois de mouvements et d'animation notables, mais le scénario est un décalque complet.

 

Sheep wrecked (Michael Lah, 1958)

http://4.bp.blogspot.com/_2oUmI3KMEnY/ScHQEubyBvI/AAAAAAAAB-I/iusi6q-aMas/s320/sheep+wrecked+2.jpgCe film exploite à nouveau le personnage du loup Sudiste, et est le meilleur des six; Droopy y est un berger, et le loup, eh bien... un loup. Le reste suit forcément une route bien balisée, non sans gags.

 

Mutts about racing (Michael Lah, 1958)

Ce film présente une course entre Butch et Droopy, sur le modèle inévitable et juteux du lièvre et la tortue. Le décor délirant et le Scope sont utilisés à bon escient dans une course à la limite de l'abstrait.

 

Droopy Leprechaun (Michael Lah, 1958)

Quand ce film est sorti, la MGM fermait son département d'animation. ce pauvre dessin animé indigent, dans lequel un Butch Irlandais prend Droopy pour un Leprechaun, en serait presque une justification tellement il est mauvais... hanna et barbera ont fait avec Tom & Jerry les beaux jours d'une animation familiale, ils sont déja en route avec ce film vers le style de non-animation qui fera leur fortune à la télévision. Quant à Droopy, il n'a rien à gagner à aller en Irlande, ou on achève de faire de lui un simple prétexte.

 

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Published by François Massarelli - dans Animation
22 juin 2011 3 22 /06 /juin /2011 08:12

Dans l'abondante carrière de William Wellman, Track of the cat est un western d'une genre spécifique et relativement sous-représenté, un film qui frappe par sa cohérence esthétique et thématique, et par la noirceur de son propos, contrastant de façon spectaculaire avec l'omniprésence du blanc de ses paysages enneigés.

 

Call of the wild (1935) et Island in the sky (1954) sont deux films de Wellman à rapprocher de celui-ci, décrivant d'une manière différente l'épopée de la survie, qui est un thème à part entière dans l'oeuvre du réalisateur, que cette survie soit face aux conditions naturelles, ou face à la société (Safe in hell). La famille Bridges vit donc dans un ranch de haute montagne (Califonie du nord ou Etat de Washington), et c'est l'hiver. le film commence par une matinée durant laquelle un animal sauvage se manifeste, un gros félin omniprésent mais qu'on ne verra jamais. Les trois frères Bridges se lèvent, et le meneur, Curtis (Robert Mitchum), décide de partir à la recherche du fauve, autour duquel plane une légende locale relayée par le vieux Joe Sam, un Indien qui aide au ranch. La petit déjeuner est un festival d'attaques personnelles en tout genres, entre les trois frères, le gentil Arthur, le benjamin Harold et Curtis qui distribue les vacheries à tous et toutes. Participent en effet à la zizanie la mère (Très religieuse et rigoriste, elle est bien à la peine devant le coté vicelard de Curtis), le père (alcoolique et dépassé par les évènements) et la soeur Grace, qui prend la présence de Gwen, la petite amie de Harold, comme une bouffée d'air frais. Le sentiment qui domine est celui d'une vie entièrement soumise à Curtis, représentant à la fois l'esprit de la discorde et l'âme du ranch.

 

Curt et Art partent pour traquer la bête, constatent les dégats sur le bétail, et se séparent pour trouver l'animal... qui attaque Art et le tue. Curt renvoie alors la dépouille de son frère chez eux, puis part à pieds dans la montagne pour tuer le chat...Le reste du film est ensuite partagé entre le périple de Curt et le réveil brutal de la maison confrontée à la mort du fils. Alors que Curt affronte la mort, le ranch se délivre d'un coup, comme si la parole était libérée par l'absence du mal. Curt porte une veste rouge, au départ; on ne peut pas la manquer: se détachant focément sur la neige, la couleur est de toute évidence poussée à l'extrême, et de nombreux plans donnent l'impression dun film en noir et blanc avec une seule tâche rouge qui se déplace. Mais cette veste est vite abandonnée par Curt, qui s'en sert pour couvrir la dépouille de son frère, le marquant ainsi symboliquement de son empreinte.

 

A la thématique bien huilée de la survie du chasseur (Provisions, construire un feu, s'emmitouffler), Wellman oppose une maison manifestement opulente et très confortable, dans laquelle pourtant la famille Bridges semble ne pas pouvoir trouver la paix ni le confort. Tout confirme l'impression de départ, que cette famille survit dans cette maison, comme Curt à l'extérieur, et que les gens qui y vivent ne se (re) connaissent pas, à l'image de Joe Sam, que certains aiment et que d'autres rejettent. La haine et la rancoeur qui s'expriment trouvent en Curt un commentateur qui aime souffler sur les braises , en en Gwen une possible libératrice. la seule vraie complicité qui s'exprime dans la maison, dans une scène du début, est entre les duex jeunes femmes qui rient ensemble, hors champ, pendant le petit déjeuner; de son coté, Gwen désespère de jamais convaincre son petit ami Harold de devenir un homme, c'est-à-dire de l'embrasser ou plus sans qu'il ait à demander l'autorisation... une scène audacieuse montre d'aiilleurs les deux tourtereaux qui s'apprêtent à (Enfin!!) bâtifoler dans le foin, avant que le jeune homme ne soit interrompu par sa maman...

 

Dur, âpre et volontairement austère, le film ne fait pas de compromis. il conte la fin d'un règne, celui de Curt, dans une atmospère oppressante rendue encore plus inquiétante par les grands espaces et a météo plus que maussade; la montagne ici est belle, ioui, mais surtout cruelle et dangereuse. comme dans Island in the sky, s'aventurer à l'extérieur, c'est risquer d'être tué par cette mythique bête invisible qui mourra de toute façon à la fin d'un film qui ressemble à une lutte à mort entre le mal, et le diable...

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Published by François Massarelli - dans William Wellman
22 juin 2011 3 22 /06 /juin /2011 07:52

http://moviereviews.allmyblog.com/images/moviereviews/1_20110412_014241.jpgFleischer, qui se tournera quelques années plus tard avec The Boston strangler et Number Ten, Rillington Place vers des affaires sordides contées dans leur plus rigoureux réalisme, oscille ici entre une tranquille narration, légèrement orientée par un prologue nous indiquant qu'il va y'avoir un meurtre, et des moments baroques parfois un peu étranges. Il s'inspire d'une anecdote réelle, un fait divers de 1906, d'ailleurs lié au développement du cinéma, et son héroïne, Evelyn Nesbit, est la conseillère du film, qui ne peut que difficilement prétendre à l'objectivité...

 

Evelyn Nesbit était une chorus girl, qui a rencontré l'architecte Stanford White; les deux se sont courtisés, bien que White soit marié, et selon les journaux de l'époque, l'homme d'âge moyen aurait drogué et violé la jeune femme, avant de "se débarrasser d'elle" en la aplaçant dans un pensionnat, à ses frais. Elle a ensuite épousé un homme riche et impulsif, Harry Thaw, qui a décidé un soir d'abattre White en public, afin de laver sa brutalité passée. Il a été acquitté suite au témoignage de son épouse, qui a permis aux juges de conclure à sa folie...

 

Le film change un certain nombre de choses, mais garde les grandes lignes en en faisant justement les termes du procès, et le supposé viol reste la raison qui pousse Thaw (Farley Granger) à tuer White (Ray Milland). mais ce que nous voyons est bien différent, et c'est là qu'intervient le baroque, justement: le supposé viol ressemble plus à la suite logique d'une soirée très romantique, partagée par white et Evelyn dans un studio que l'architecte a décoré, et dans lequel une superbe balançoire tourne décidément toutes les têtes; Evelyn est manifestement consentante ici... le fait que la dame ait été la consultante du film jette un doute, bien sur. le fait que le film ait été produit dans les prudes années 50 aussi. Quoi qu'il en soit, avec les réserves d'usage (Joan Collins est tarte, et la reconstitution bien sage, malgré des couleurs souvent rutilantes et poussées), c'est un film à porter au crédit du versatile talent d'un metteur en scène étonnant.

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Published by François Massarelli - dans Noir