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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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28 janvier 2024 7 28 /01 /janvier /2024 12:05

Sandra Voyter (Sandra Hüller) est une autrice à succès, qui reçoit une jeune étudiante (Camille Rutherford) venue pour parler autour d'un projet. Venue de l'étage, la musique à fond les enceintes fera fuit la jeune femme, ce qui était sans doute l'intention: depuis quelques temps le compagnon de Sandra est jaloux... Quand leur fils Daniel (Milo Machado Graner), malvoyant depuis l'âge de quatre ans, revient en comp:agnie de son chien dune promenade en montagne, il découvre que devant la maison, son père est allongé sans vie...

Le film va nous raconter l'enquête, chaotique, et partie tout de suite vers l'antagonisme: l'épouse assure n'être pour rien dans la mort de son mari (tombé, un coup mortel sur la tête), alors que la police, puis la justice, voient s'accumuler les éléments à charge: une dispute violente la veille, que le défunt avait enregistrée à l'insu de Sandra; une incommunicabiilité grandissante entre eux; et la confusion de Daniel qui sait que ça ne va plus entre ses parents, mais qui s'est refusée à croire l'incroyable...

Le film glisse alors vers un procès, dans lequel les parties adverses ont bien du mal à détordre les fils d'une histoire dont rien ne semble former un tout cohérent... Surtout, le film dresse a posteriori le portrait d'une fêlure dans l'histoire de ces deux amants, avec des flash-backs qui sont motivés par les minutes du procès... Les techniques réthoriques et oratoires, la mauvaise humeur coissante de la juge (qui manifeste son agacement d'une façon qui nous fait sentir une conviction personnelle manifeste mais jamais exprimée), la difficulté à faire sens avec les témoignages d'un côté, et les convictions de l'autre, qui évidemment sont aux antipodes les unes des autres: l'avocat en faveur de Sandra, et l'avocat général contre elle...

La solution viendra de celui qui a tout à perdre dans l'histoire, Daniel. On ne verra Samuel, le compagnon décédé, que dans des flash-backs, liés à l'enquête et aux différents témoignages. Comme les westerns d'Anthony Mann, le film a pour toile de fond uneimpressionnante vision de sommets des alpes, en particilier les Aigilles d'Arves, qui jouent un rôle de témoin muet, garant la moralité, d'une cause au-dessus des hommes... Il en ressort une impression de solennité, qui empêche cette histoire de couple qui fond de tomber dans la trivialité...

C'est un film impressionnant, qui donne l'impression qu'il ne sera pas fini tant que ne l'aura pas revu plusieurs fois, pour en attraper tout le sel. Car c'est ce qu'on peut faire avec un film, pas à un procès. "La vérité", comme le disait déjà Clouzot dans le film du même nom, est toujours délicate à percevoir, et elle est question de jugement, d'interprétation, d'une subtil mélange entre empathie, pitié, implacabilité et ouverture d'esprit, le tout bien secoué...  Mais maintenant, admettons quand même que le film ne parle pas tant du procès, et de la difficile quête de la vérité (qui ne me semble pas résolue à la fin), que de la désintégration d'un couple...

 

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Published by François Massarelli - dans Justine Triet
17 août 2023 4 17 /08 /août /2023 08:35

Le 6 mai 2012, deuxième tour d'élection présidentielle à Paris; Laetitia, journaliste à Ia télévision, doit alors que ce n'était pas prévu se rendre tour à tour aux QG des deux candidats, pour recueillir l'ambiance lors de l'attente des résultats, puis après. C'est embêtant, parce que ce jour là, son ex-mari doit justement venir voir ses deux filles chez elles, et la décision du juge est claire: il ne peut le faire que si elle est présente... L'intruction donnée au baby-sitter est donc très claire: ne pas le laisser entrer. Mais Vincent, l'ex-mari en question, est très remonté...

Pas Nicolas, par contre, qui va à la fin de la journée admettre qu'il va laisser sa place à François... 

Le pari était gonflé: tourner directement sur les lieux même, au siège du Parti Socialiste (donc Rue de Solférino) et au siège de l'UMP, le parti de droite conservatrice d'en face, le jour d'un résultat important, mais tout en tournant de la fiction. Laetitia Dosch, qui interprète le rôle principal, est donc sur place et parle de l'atmosphère, de l'attente, de la fébrilité de uns ou de l'angoisse des autres, mais c'est du pipeau, même si rien ne la distingue forcément des autres journalistes qu'elle croise. Instant volé, on croisera même ce vieux cabotin de Jack lang; les vrais gens qui sont là, sont tous à vivre réellement leur journée de résultats, et les avis parfois exprimés, toujours exagérés, sont d'authentiques réactions...

Mais l'autre aspect du film, cettte querelle entre les deux ex-amants, qui se joue au téléphone et par baby-sitter interposé, semble aussi réelle, tournée caméra à l'épaule, et... cette vieille manie de ne capter le naturalisme que par l'invective, la violence verbale et physique, d'un cinéma français militant, remonte à la surface et rend souvent le film insupportable. Laetitia Dosch et Vincent Macaigne reprennent d'ailleurs des types qui rappellent un peu les personnages du très naturaliste Vilaine fille mauvais garçon, le court métrage qui a précédé ce film. Je ne dis pas que cette histoire qui voit d'un côté la france faire son deuil d'un hyperprésident sans savoir qu'elle va avoir du mal à accepter son successeur, et de l'autre un couple tenter de faire du sens avec leur situation en s'agressant en permanence, ne soit pas une bonne idée... La métaphore est intéressante, disons. Mais tous ces "putains", ces "tu fais chier", me lassent.

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Published by François Massarelli - dans Justine Triet
15 août 2023 2 15 /08 /août /2023 08:54

Deux jeunes adultes se rencontrent lors d'une soirée et passent du temps l'un avec l'autre; lui (Thomas Lévy-Lasne) est un peintre et dessinateur raté, qui végète dans sa vie, vivant en famille à trente ans; elle (Laetitia Dosch), parle tout le temps, est une vraie pile électrique, mais se trouve surtout être la soeur d'un frère handicapé, dont elle est la responsable en titre, et qui lui envahit sévèrement l'existence... 

C'est un court métrage de fiction qui aura tout fait pour ne pas ressembler à un court métrage de fiction: caméra tremblée, montage haché, conversations prises en cours, et un rythme qui généralement suit celui de la jeune femme... La point de vue passe de façon assez fluide de l'un des protagonistes à l'autre, et c'est bien sûr assez touchant. 

Nommés comme les acteurs, qui à mon avis improvisent une grande part de leur texte, les personnages vont acquérir un semblant d'existence dans cette minuscule tranche de vie... C'est surtout, à mon sens, une déclaration d'intention d'une cinéaste qui a jusqu'à présent oeuvré dans le cadre documentaire, et qui passe à la fiction, mais sur ses propres termes et  avec sa propre méthode...  Comme on le sait elle n'a désormais plus grand chose à prouver.

Mais ça pique quand même un peu...

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Published by François Massarelli - dans Justine Triet
29 janvier 2023 7 29 /01 /janvier /2023 09:27

Sibyl (Virginie Efira) est psychothérapeute avec une clientèle acquise sur dix années d'activité, mais elle souhaite retourner à ses premières amours: l'écriture. Elle accepte quand même de répondre à un appel au secours, celui d'une jeune actrice (Adèle Exarchopoulos) qui vit un enfer sur un tournage: elle est enceinte de l'acteur principal (Gaspard Ulliel), mais celui-ci est en couple avec la réalisatrice, et de surcroît elle pense qu'il la manipule pour qu'elle garde le bébé... 

Parallèlement, Sibyl doit jongler avec une foule de choses: son propre alcoolisme, qu'elle a réussi à garder sous contrôle mais qui menace à tout moment de pointer le bout de son nez; le fantôme d'une histoire d'amour avec le père de sa première fille, et la frustration de cette dernière de ne pas le connaître; les séquelles de la mort de sa mère, elle-même alcoolique; une soeur qui n'a pas l'air très bien partie dans la vie; un couple fragile; et enfin, un sentiment d'insécurité permanent qui lui fait faire bien des bêtises...

Mais le pire sera quand même pour elle la tentation de s'approprier l'histoire sordide de la jeune actrice pour en faire un roman... Elle y cédera, et avec elle replongera dans ses pires excès...

Virginie Efira, dans un film tordu au possible, reste quand même excellente. Chapeau... Car...

Le film joue une étrange partition qui distille un malaise, pour commencer en disséminant les scènes un peu dans tous les sens, aussi bien thématiquement que chronologiquement. Un puzzle psychologique qui tend à brouiller les pistes, mais qui en se substituant à une intrigue linéaire, rend mieux possible une certaine adhésion à une histoire décidément trop riche. Il est de bon ton de râler quand une histoire paraît embrouillée, mais celle-ci, dans l'ordre chronologique, serait sans doute bien pire!

Et puis il est question de cinéma ici, avec ces scènes de tournage qui virent en permanence au psychodrame. Sandra Hüller, qui interprète la réalisatrice, en fait tellement qu'il est très difficile de la détester, et est-ce volontaire? ce sont souvent des scènes de comédie... Reste que le film est le récit embrouillé et tortueux d'un enfer psychologique, et que les doutes sur les manipulations et autres allers et retours présentés ici, sont intéressants...

...Un peu.

 

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Published by François Massarelli - dans Virginie Efira Justine Triet
9 août 2017 3 09 /08 /août /2017 08:57

En France, on ne sait plus comment vendre un film... A plus forte raison une comédie. Ce film au demeurant pétri de qualités est aujourd'hui vendu comme, je cite, une comédie hilarante, et une bande-annonce le fait passer comme une comédie sentimentale à l'Américaine... Rien à voir pourtant.

Victoria (Virginie Efira) est avocate, mère de deux charmantes filles dont elle ne s'occupe pas vraiment: elle n'a pas le temps. Comme elle ne sait plus trop où elle va, elle consulte des magnétiseurs, voyantes et autres psys, afin de mettre de l'ordre dans sa vie... et son ex-compagnon, un écrivain, lui taille un costard dans une publication à succès sur un blog. Comme si tout ça n'était pas suffisant, deux nouveautés lui tombent dessus lorsqu'elle se rend au mariage d'une amie: d'une part, l'un de ses meilleurs amis (Melvil Poupaud) est soupçonné par sa compagne d'une tentative de meurtre, en pleine confusion lors d'un mariage; d'autre part Sam (Vincent Lacoste), un ancien client qui se trouve être à la même fiesta, sollicite une aide de sa part, et elle l'engage comme jeune homme au pair...

A partir du moment où Sam entre dans la vie de Victoria, on n'attend plus que l'inévitable rapprochement entre les deux. Il viendra bien, mais tardivement, et ce ne sera pas le feu d'artifice qu'on attendrait normalement... Justine Triet l'a bien dit, elle a choisi une approche de comédie, mais elle est partie d'une situation de drame, plus que d'autre chose: son film nous parle de l'aliénation d'une femme qui travaille. Et Virginie Efira cumule les casquettes: mauvaise mère, accro aux médicaments (ce qu'une voyante lui fait remarquer avec insistance), plus aussi pointue dans son boulot d'avocate qu'elle aurait pu l'être, et sentimentale au mauvais moment: elle ne souhaite pas défendre son ami accusé de meurtre parce qu'il ne va lui apporter que des ennuis, mais elle n'arrive pas à lui dire non. Elle est formidable, comme si souvent...

Et Vincent Lacoste, avec son éternelle adolescence, est jeté là-dedans, comme un lutin, et ça donne le meilleur: d'une certaine manière sa seule présence rend le film intéressant... Donc, "hilarant", non. "Déjanté", cet ignoble adjectif qui ne veut plus rien dire, encore moins. Mais ça en vaut la peine...

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Published by François Massarelli - dans Comédie Virginie Efira Justine Triet