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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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17 février 2014 1 17 /02 /février /2014 07:15

Alors que les Etats-Unis se préparent à la guerre, Preston Sturges continue à creuser un sillon si distinctif et personnel qu'il se détache de tous les autres meteurs en scène de ce qui est encoe la Screwball comedy, un genre qui ne survivra pas au conflit, mais qui aura durablement contribué à changer la perception de la femme, de l'homme et du couple. Ici, après tant de film opposant deux personnalités, c'est à un double, au sens tennis du terme, que nous sommes conviés: Claudette Colbert est l'épouse qui décide (Franchement, ou opportunément?) de prendre le prétexte de la stagnation de la carrière de son mari Joel McCrea pour prendre la poudre d'escampette, argumentant du fait qu'elle le ralentit sans doute... Et emme se rerouve dans les bras d'un millionaire dont la soeur Mary Astor (Délicieuse en insupportable fofolle) souhaite conquérir l'ex-mari, que les circonstances ont poussé Claudette Colbert à prése,ter comme son frère...

 

D'une part, la comédie est menée au rythme imposé par Colbert, qui est excellente bien sur; ensuite dans cette intrigue qui accumule les moments (La scène du train qui dégénère de façon impressionnante) et les personnages loufoques (Les membres du club de chasse, mais aussi l'improbable Toto, un étranger qui suit Mary Astor et qui parle une langue que personne ne comprend), on est dans un ailleurs qui va au-delà du monde assez vraisemblable des comédies de Hawks ou de Lubitsch. Mais c'est Palm Beach, donc c'est un peu une autre planète, et le but du divertissement, n'est-ce-pas, est de divertir... ce qu'il fait, en se payant le culot d'ouvrir sur une énigme qui ne trouvera incidemment sa résolution qu'à la fin.

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Published by François Massarelli - dans Preston Sturges
15 février 2014 6 15 /02 /février /2014 07:42

Il faut juste un peu plus d'une heure à Sturges pour aller au bout de son propos avec ce film adapté d'une pièce qu'il a écrite en 1931, au tout début de la crise donc. Et il utilise toute la mesure de ces quelques 65 minutes pour livrer une réflexion intelligente, sensible, juste enfin sur le rêve Américain, qui prend aimablement la forme d'une comédie forcément "loufoque" (La traduction généralement admise du terme screwball, du nom de ce type de comédie popularisé par Capra, La Cava et Hawks depuis 1934). La gravité est là, tapie dans l'ombre; la misère aussi... Mais ce n'est pas le sujet. Dick Powell, dans un rôle qui change radicalement de ses apparitions en crooner sirupeux à la Warner, est James MacDonald, un jeune employé de bureau ambitieux qui est sur qu'un jour il sera riche. Ellen Drew est sa fiancée, elle travaille aussi pour le même fabricant de café, mais a les pieds bien plus sur terre que lui. Jimmy a envoyé sa contribution à un concours de slogans publicitaires (Auprès d'une marque de café concurrent, incidemment), et espère gagner la prime de 25 000 dollars. Et alors que le jury qui délibère pour désigner le vainqueur ne parvient pas à aboutir à un résultat, rtois camarades de bureau font une mauvaise farce: ils font parvenir un faux télégramme annonçant à Jimmy qu'il a gagné... Mais ne parviennent pas à stopper la blague à temps...

 

La première partie est située essentiellement dans le cadre des deux fabricants de café, mais on ne verra pas un grain. C'est que si Jimmy et Betty sont effectivement modestes, ils appartiennent malgré tout à l'Amérique corporatiste dans toute sa modernité. Et lorsqu'il apparaît comme un jeune homme d'avenir, chanceux et talentueux, on offre à Jimmy un poste délirant. D'une certaine manière, il lâche la proie pour l'ombre en se lançant dans des slogans tous plus idiots les uns que les autres, mais le moindre de ses bons mots est pris pour un trait de génie: il entraîne tout le monde dans son sillage... On s'en doute, plus dure sera la chute, et l'amertume est toujours présente dans cette première partie puisque le public sait que la blague finira toujours pas retomber... Mais au passage, sans aucune méchanceté, Sturges nous peint le bonheur factice d'un jeune couple avec une tendresse réelle, au milieu de tout un tas de personnages qui sont certes plus raisonnables que les héros, mais cela ne les empêche pas d'être souvent des excentriques. et le rêve Américain de Jimmy et Betty se concrétise, lorsqu'ils rentrent dans leur quartier, et inondent toute la population (Peu importe leur origine, couleur, classe sociale, tout le monde y passe!) de cadeaux et d'affection. La façon dont le quartier entier fait corps avec ses deux héros, qui ont décidé de partager leur heure de gloire avec les leurs au lieu de se l'accaparer en égoïstes, fait tout le sel de ce film.

 

La fin retombe finalement vers la réalité, avec un message intéressant: certes, Jimmy n'a rien gagné (Quoique...), il n'a rien à offrir donc à son entreprise. Mais un patron décide de tenter sa chance: après tout, ce jeune homme a du coeur, non? Il est sympathique, présente bien, et il a fait illusion... Tout en apportant à la tendresse qu'il a déployé durant son film une conclusion qui ne détonne en rien, Sturges montre bien de quelle façon le rêve Américain n'est ni inéluctable, ni donné à tout le monde, et à quel point il repose essentiellement sur le culot du moment. Pourtant ce ne sera pas Jimmy qui fera le bon geste au bon moment: ce sera Betty: le rêve Américain est, en fait, une femme.

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Published by François Massarelli - dans Preston Sturges