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6 octobre 2019 7 06 /10 /octobre /2019 09:21

Dumbo, à l'origine (Soit en 1941), c'est tout au plus l'histoire ultra-simplifiée d'un petit éléphant qui naît affligé d'un handicap social de première classe: deux trop grandes oreilles... Mais elles lui permettent de voler, même s'il est persuadé au départ que c'est l'effet d'une plume magique. Il lui faudra une heure de film, et des rencontres avec le bestiaire Disney, pour comprendre que le don de voler est en lui et qu'il n'y a pas de plume magique. Un conte initiatique rassurant, en somme... Un film qui est aussi très symbolique, puisque c'est le dernier long métrage avec lequel les studios Disney avaient l'intention de garder l'animation ronde et stylisée qui était la marque des courts métrages, et que l'étape suivante allait pousser le réalisme avec Bambi.

Le Dumbo de Tim Burton ne s'éloigne pas tant qu'on aurait pu le penser de cette formule, si ce n'est qu'il s'agit d'un paradoxe assez réjouissant; à l'heure où le studio brûle tout en lançant des remakes en image de synthèse qui sont supposés oblitérer complètement leurs classiques (je pense bien sûr à ce Lion King, qu'on nous vend comme le nec plus ultra en matière d'animation réaliste), Burton choisit lui de réaliser un film en prises de vues réelles qui ressemble à de l'animation! Et il le fait en renouant ENFIN avec son univers personnel, qu'on avait (à l'exception de quelques rares moments dans ses derniers films, dont Frankenweenie est sans doute le meilleur exemple) fini par laisser derrière depuis Big Fish... Et s'il adapte un film déjà connu, ce qui n'est pas la première fois (Charlie and the chocolate factory, Alice in Wonderland, ou Planet of the apes. Comme on peut le voir, parmi les films les moins intéressants - pour rester poli - de sa carrière), cette fois c'est une réussite, une vraie...

Donc le script ajoute intelligemment au film en créant des personnages avec lesquels Burton se sent à l'aise: un patron de cirque un brin filou mais sympathique, soucieux de maintenir sa petite entreprise d'illusion familiale à flot (Danny de Vito), un acrobate (Colin Farrell) détruit par la guerre (on est en 1919, et il a perdu un bras) et son veuvage, la grippe Espagnole lui ayant enlevé son épouse et partenaire. En plus d'un côté on a les deux enfants de ce dernier, dont la fille Milly est le cerveau, ainsi qu'une pré-ado Burtonnienne: pas intéressée par le cirque et obsédée par la science, elle est à l'écart des voies toutes tracées; de l'autre, un couple mal assorti va entrer dans la danse: "lui", V. A. Vandevere, est un riche odieux, interprété d'une façon qui n'est pas sans rappeler le Max Schreck de Batman returns, par... Michael Keaton! "Elle" (Eva Green) est sa protégée, une acrobate Française qui désapprouve les méthodes de son employeur, et va développer avec Dumbo et la petite famille du cirque une authentique amitié...

Et le film nous conte une histoire assez classique en effet, dans laquelle la morale initiale du conte (trouve en toi-même les ressources d'assumer tes rêves, etc etc) trouve au moins un écrin merveilleux, avec un développement qui me semble très ironique pour un long métrage estampillé Disney: Vandevere, qui est richissime, est aussi un gamin attardé qui a le rêve de lancer un parc d'attraction ultime... Mais ça veut dire de dimension industrielle. Ca ne vous rappelle pas quelqu'un?

Mais pas de message dans ce film qui est une belle histoire contée avec soin par un metteur en scène qui a mis les petits plats dans les grands. Et pour la première fois depuis Big Fish, le conteur-illusionniste a réussi son pari: quand l'éléphant vole, il vole vraiment. Si le cinéma dépend intégralement du fait qu'on croie ce qu'on voit quand on le voit, alors Tim Burton a enfin retrouvé la formule magique, dans un film qui fait la part belle à l'énergie du conte plus qu'à l'étalage des sentiments, mais qui n'oublie jamais ses personnages sans chercher à leur faire faire les sauts périlleux les plus improbables. Non, a, c'est le petit éléphant qui s'en charge. Et la cerise sur le gâteau, c'est que cette fois, contrairement à Alice qui est l'un des films les plus laids de tous les temps, Burton a maintenu sa petite entreprise d'illusionnisme à flot avec style et élégance: bref, c'est beau. C'est beau et ça fait du bien, sans retenue.

 

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Published by François Massarelli - dans Tim Burton
28 juillet 2017 5 28 /07 /juillet /2017 09:18

L'intrigue du film raconte l'histoire vraie de Margaret Keane, une jeune femme divorcée arrivée en compagnie de sa fille Jane à San Francisco avec comme seul bagage un goût pour la peinture, et des dizaines d'oeuvres étonnantes, représentant des enfants immobiles et tristes aux yeux exagérément grandis. Après avoir rencontré le peintre du dimanche Walter Keane, celui-ci l'encourage, et bientôt il vend une de ses toiles, en en revendiquant la paternité. Ils trouvent un arrangement, Walter avec son bagout et ses qualités commerciales, vend les peintures en se les attribuant, et Margaret, décidément peu à l'aise avec le monde extérieur, peint en recluse, et intériorise la frustration de se voir dépossédée de ses tableaux, en échange d'une aisance grandissante qui ressemblera bientôt à de la richesse: les toiles de "Keane", en effet, s'arrachent, et Walter ne ménage pas ses efforts... Mais jusqu'à quand cette situation bancale, que Margaret laisse faire par peur de perdre sa sécurité, durera-t-elle?

A première vue, le film constitue une visite inattendue de Tim Burton dans le monde réel, débarrassé non seulement de Johnny Depp et Helena Bonham-Carter, mais aussi de tous artifices, de tout fantastique ou de toute impression gothique, ce qui serait une première depuis Ed Wood... Mais il y a des connections fortes avec son univers, notamment avec ce dernier film, avec Edward Scissorhands, et avec Big Fish (Au-delà de la présence du même adjectif dans le titre, bien sur), et le thème de l'oeuvre attribuée à tort à un autre me semble refléter d'une façon presque embarrassante la propre fausse paternité de The nightmare before Christmas (dont le titre complet enfonce le clou: Tim Burton's The Nightmare Before Christmas), de Henry Selick. Sans doute un hasard, mais un hasard troublant, d'autant que dans Big Eyes, Burton n'y va pas de main morte avec le personnage de Walter Keane... Le point de vue du film, globalement, revient à Margaret, dont Amy Adams fait une éternelle inquiète, une femme troublée, et qui en arrivant à San Francisco n'est définitivement pas dans son élément. Ainsi, si Burton a choisi pour tourner son film d'y faire éclater les couleurs vives et pastels de la période (Les fameuses couleurs des modèles de voitures des fifties...), retrouve-t-il un personnage décalé, à part, à l'instar de Edward. Margaret est une enfant qui a grandi un peu vite, qui a gardé sa naïveté, et qui va vivre une bonne part du film sous l'emprise d'une illusion qui fait d'elle presque un personnage de conte de fées: Walter. Celui-ci, joué avec insistance, voire avec excès par Christoph Waltz auquel Burton a demandé de se tenir à l'écart de toute subtilité, lui apparaît en effet comme un charmeur, un sauveur même, et on se demande franchement ce qu'elle lui trouve, car autant le dire tout de suite: il est irritant, et je ne parle pas ici que du personnage. C'est un parti-pris qui renvoie une fois de plus à un choix de privilégier un jeu aussi expressionniste que possible, ce n'est pas la première fois, rappelons-nous Johnny Depp pour parfois le meilleur, et le plus souvent le pire, ou encore Christopher Walken...

Mais Margaret n'est pas que prise au piège d'un mari envahissant et qui la tient dans sa main car elle est, de fait, complice d'une escroquerie morale, elle est aussi prisonnière d'un monde conformiste qui pour des raisons de mode, essentiellement, et malgré l'acharnement vindicatif d'un critique d'art extrêmement remonté (Terence Stamp ici prend le relais de Christopher Lee), s'arrache ses toiles, sans pouvoir les comprendre, car privé de l'accompagnement de leur créatrice, elles sont aussi privées du moindre sens. Cette aliénation est l'un des sujets forts du film, qui renvoie ainsi au décalage de tant de héros de Burton, mais essentiellement au déplacement de la créature Edward dans la banlieue rose bonbon, devenu le jouet de toutes et de tous avant d'être passé de mode. Incidemment, lui aussi survit dans son exil en créant des sculptures de glace à l'étrange beauté... Cette notion de prison est soulignée par l'insistance de Walter et Margaret sur l'inviolabilité de leur secret, figuré par l'atelier dont il ne faut pas franchir la porte car cela dévoilerait instantanément le pot-aux-roses. Mais au-delà de Margaret elle-même, victime d'une escroquerie en même temps que complice, le film est aussi le portrait d'un artiste qui n'en est pas un, un homme qui fait son beurre en s'attribuant l'art des autres, d'une manière pathologique et comme un véritable ogre. Le versant positif d'une telle pratique, ce serait selon moi le menteur attendrissant de Big Fish, qui en inventant des dimensions délirantes à ses histoires, les transforme en mythes, et bien sur l'abominable Ed Wood, qui n'en finit plus d'être incapable de tourner un film, mais s'acharne à se croire génial. Car Walter Keane, c'est évident, finit par croire à son propre génie.

La mise en scène de Burton, dont le rythme tranquille nous ferait presque croire à un biopic traditionnel, installe en réalité un profond malaise, d'autant plus fort qu'il se tient à l'écart du spectaculaire. La peur de manquer, la peur de ne pouvoir subvenir aux besoins de sa fille, sont pour Margaret des raisons cohérentes pour laisser faire le cauchemar qui l'entoure bientôt. Mais Burton, en choisissant imperceptiblement d'exagérer un tout petit peu certains aspects (Les personnages, comme souvent chez lui, jouent la vie quotidienne comme une comédie, que ce soit Terence Stamp et sa raideur effrayante, Jason Schwartzmann en galeriste dédaigneux, Krysten Ritter qui joue la seule copine de Margaret qui ne comprend pas de la voir se retirer du monde, etc... alors que Amy Adams, de son côté, joue la situation comme un drame, et Christoph Waltz (De façon excessive à mon avis, comme je le mentionnais plus haut) joue comme un personnage de film d'horreur... Ces personnages sont lâchés dans des années glorieuses de Californie, reproduites avec délectation par Burton, ses techniciens... et par Danny Elfman, qui a supervisé la reproduction de la musique de l'époque (Le groupe de Cal Tjader avec Vince Guaraldi au piano notamment, ou encore une version ré-enregistrée de la chanson In My Room, des Beach boys, qui est précisément l'histoire d'un retrait du monde pour mieux créer, tout en souffrant de la solitude, donc c'est fortement bien vu).

Ce monde à peine déformé, conformiste mais riche en plaisirs, dans lequel il est difficile de ne pas se faire manger, est une fois de plus un reflet de notre propre monde, dans lequel un Tim Burton doit créer pour survivre. Bien sur, pour lui le problème de la paternité d'une oeuvre ne se pose plus, mais Margaret Keane, dont l'art privé de sa vraie créatrice semble ne pas pouvoir être reconnu comme un geste artistique, renvoie à une aliénation particulièrement touchante, troublante et humaine, à des lieues des tics de Burton qui ont si souvent remplacé son talent depuis Big Fish. Big Eyes, à ce titre et en dépit de certains défauts, est une bonne nouvelle qu'on n'attendait plus.

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Published by François Massarelli - dans Tim Burton
15 avril 2017 6 15 /04 /avril /2017 09:43

On dira ce qu'on voudra de Tim Burton, il est assez entier: quand il réussit un film, il n'y va pas par quatre chemins. Et c'est la même chose quand il le rate: Alice, Planet of the apes, ses deux pires films, sont affligeants de bout en bout... Mais le Tim Burton d'aujourd'hui, qui peine à se renouveler, nous livre avec son dernier film une oeuvre intéressante, engageante même sur certains points, mais qui n'est pas tout à fait aboutie: en d'autres termes, le troisième acte est une nouvelle fois (Après Dark Shadows ou Corpse Bride, deux films bien médiocres dans lesquels il se met en pilotage automatique) envahi par ce que j'appelle "Le cirque Burton"...

A l'origine, se trouve un roman de Ransom Riggs, qui est sorti en 2011: l'histoire d'un jeune Américain qui découvre qu'il a sa place dans une maison qui est un havre de paix pour enfants différents, à l'écart du monde et du temps. Le livre était né d'un projet inattendu, celui de regrouper dans une même histoire des photographies anciennes, sans lien entre elles, authentiques et souvent étonnantes, en tissant autour d'elles une histoire. On trouve une trace de ce pedigree particulier dans une réplique du film, d'ailleurs... Celui-ci s'intéresse donc à Jake (Asa Butterfield), un adolescent Américain très moyen, qui est préoccupé par son grand-père (Terence Stamp): celui-ci est atteint de démence sénile, et le père (Chris O'Dowd) n'a pas le temps de s'occuper de lui... pas plus que de son fils, d'ailleurs.

Tim Burton ménage ses effets, lâchant le moins d'aspects fantastiques possibles; C'est cette atmosphère de vérité glauque qui fait le prix du premier acte, dans lequel va s'introduire une histoire fantastique: la mort du grand-père, en effet, va s'effectuer sous les yeux de Jake, qui va voir un monstre, dont il ne saura pas quoi penser, et qui sera bien sur traumatisé... Mais l'Amérique authentique de ce film (Située en Floride!), se pare comme dans Edward Scissorhands de couleurs saturées du plus bel effet. Et le lien entre le grand-père, merveilleux conteur ou illuminé total, renvoie bien sur à Big Fish... Le grand-père a parlé d'une maison ou il a séjourné durant la guerre, en fuyant la Pologne envahie, et Jake va se mettre en quête de l'endroit afin de faire son deuil...

C'est au Pays de Galles qu'il va la trouver mais elle est en ruines. Le passage de la fin du premier acte, quand Jake et son père arrivent à l'ouest de la Grande Bretagne, continue cette impression d'une vérité blafarde dans laquelle Jake ne peut se plaire, mais les couleurs, cette fois, vont avec cette impression, et Burton se débrouille fort bien de la montée du mystère autour de la fameuse institution pour gens étranges dont parlait le grand père, et le fait de la trouver mène au deuxième acte...

Une fois Jake arrivé, Burton peut s'en donner à coeur joie, et cette deuxième partie est une présentation du petit monde parallèle, coincé dans une boucle de l'espace-temps, créée en septembre 1943 par Miss Peregrine (Eva Green) afin de protéger ses pensionnaires de l'arrivée inopinée d'une bombe Allemande qui va effectivement détruire toute la maison! Et ses pensionnaires sont, en effet, bien particuliers: tous ont un "talent", qui les met à l'écart du reste du monde, quand il ne les rend pas dangereux,, comme Olive, dont les mains brûlent tout ce qu'elles touchent... L'invention reste bien sur sous contrôle, et esthétiquement, le film est particulièrement soigné, dans les excès de glucose auxquels Burton s'est livré il y a quelques années. Le contraste avec le monde noir du dehors est bien mené, et bien sur on apprendra incidemment que seul un enfant "particulier" pouvant trouver son chemin dans l'institution, cela veux dire que Jake (et son grand-père) sont eux eux aussi "différents"...

Le troisième acte concentre aussi bien les dangers, que leur énonciation: on nous explique finalement tout: la mort du grand-père, sa démence, les monstres, les dangers qui menacent l'institution et ses pensionnaires... et l'intérêt baisse. Le trop-plein menace, et toutes les balises poétiques jetées par Burton sont récupérées les unes après les autres dans un ordre irritant. Et même l'apparition comme toujours grandiose d'un méchant interprété par Samuel Jackson n'y fera rien: c'est au troisième acte qu'on se rend compte que le film n'est pas si formidable que ça, en dépit des évidentes qualité dont il fait preuve, à l'imitation de Big Fish...

Malgré tout il reste des éléments très intéressants, comme le fait qu'au milieu de ce chaos d'effets spéciaux, Burton choisit de mêler le monde réel, supposé ne pas s'apercevoir de l'existence d'une "boucle" parallèle, et le monde délirant de Miss Peregrine. Une scène de fête foraine à Blackpool se transforme en une délirante bataille entre les deux mondes. Et dans cette intrigue qui voit Jake confronté au choix entre le vrai monde et son monde délirant, il est rassurant de voir que Burton choisit de le montrer suivant la meilleure des voies... 

Donc, ce film qui finit par montrer ses coutures dans la résolution formatée d'une intrigue, est à moitié réussi. C'est déjà ça, après tout, et rien n'enlèvera le prix de ses deux premiers actes et du contraste saisissant qu'ils créent, même si c'est pour finir sur des recettes convenues. Tim Burton sait encore nous parler de ce qui faisait le sel de ses oeuvres les plus personnelles, le décalage entre les gens comme vous et moi, et les êtres différents, qu'ils soient timides, dépressifs, juifs, homosexuels, trop petits, trop grands, ou... qu'ils aient des abeilles qui vivent à l'intérieur de leur corps.

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Published by François Massarelli - dans Tim Burton
15 avril 2015 3 15 /04 /avril /2015 08:33
Alice in Wonderland (Tim Burton, 2010)

Il aurait du appeler son film Alice in Wonderland 2: The mission. C'est vrai, avec cette tendance absurde de la maison Disney à faire exécuter par des tâcherons des suites qui ne sont qu'un copié-collé vaguement retrafiquouillé, on jurerait à voir ce film qu'on est devant ce genre de situation... Sauf que l'animation est soignée, ça oui: d'ailleurs, que voulez-vous, les établissements Burton and Co, c'est une maison sérieuse, ça oui. On jurerait que tout ça est vrai, oui oui. Ca c'est de l'effet spécial...

Oui, je suis volontiers ironique, voire amer, devant un tel naufrage: un film inutile, vide de sens, gâché de l'intérieur, dans lequel rien n'est à sauver: le scénario nous prend pour des imbéciles, ce que certes beaucoup d'entre nous sommes, et considère d'une part que les classiques sont obsolètes, d'autre part qu'il convient de les remplacer, et enfin que cela doit être fait en les adaptant au gout du jour. Exit donc le savoureux portrait en miroir déformant et psychédélique d'une époque délirante dans ses convenances, et bonjour le rêve-qui-n'en-est-pas-un, logique jusqu'à l'extrême, dans lequel tout retombe sur ses jambes. Et en prime, l'actrice principale est nullissime. Ce n'est pas forcément de sa faute... Comme Estella Warren (Planet of the apes), Burton semble ne pas lui avoir accordé le moindre intérêt, tout occupé qu'il était à installer la tente pour son cirque habituel: décors allusifs (Oh, l'arbre de Sleepy Hollow!!), monde bigarré mais inquiétant parce que c'est le contrat, animaux marginaux vendus au poids, et l'insupportable Johnny Depp. Je ne sais pas vous, mais moi, Johnny Depp, je ne peux plus. Sa voix, son jeu, c'est même physique. Il est irritant, et la perruque orange n'aide pas. Carroll, c'est un esprit, ce n'est pas qu'une perruque orange! Et Finalement, Burton fait exactement ce qu'on attend de lui: un remake qui renvoie techniquement l'original aux orties (C'est un vieux film, il a plus de six mois, donc les gens ne voudront plus le regarder, n'est-ce-pas?), en accumulant les effets-spéciaux-qu'on-jurerait-vrais, et en fournissant la dose calculée de faux-marginal-pour-rire. Le style devient un savoir-faire vide, le génie narratif d'avant se transforme en prêt à consommer et nous fait bailler, et Lewis Carroll est trahi... Pourquoi pas après tout: un film est un film, ce n'est pas une oeuvre litéraire. Mais quant à trahir, autant le faire bien. Ici, la trahison de l'oeuvre débouche sur un film d'une vacuité abyssale. ..Et profondément ennuyeux. Remarquez, Burton n'a pour l'instant jamais fait pire, c'est le bon côté de la chose.

Pour résumer ce film idiot, inutile, donc: ridicule, dispensable, beau à voir, mais comme une coquille vide. un film destiné à servir de disque de démonstration pour home-cinema 3D. Rajoutez-en dans le clinquant, faut que le client en prenne plein les yeux...

Pouah.

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Published by François Massarelli - dans Tim Burton Navets
22 mars 2015 7 22 /03 /mars /2015 18:25
Sweeney Todd (Tim Burton, 2007)

Sweeney Todd est, une nouvelle fois après Corpse Bride, une fantaisie musicale de Tim Burton, adaptée d'un musical à succès (De Stephen Sondheim, en 1979), et qui permet à Burton une plongée dans l'Angleterre Victorienne, et un retour après Sleepy Hollow à l'horreur façon Hammer. Tout ici sonne comme un aveu d'amour au cinéma Anglais, depuis le choix des acteurs, tous Britanniques sauf Johnny Depp, jusqu'à la description d'un Londres suant, suintant et sordide, dont la boutique de tourtes révulsantes de Mrs Lovett (Helena Bonham Carter devient le symbole de tout ce que cette ville a de délicieusement malsain...

Le mystérieux Sweeney Todd (Johnny Depp), au visage si triste, sombre et menaçant, arrive en compagnie d'un jeune marin à Londres, une ville qu'il a quitté il y a longtemps. Il y vient, on l'apprendra vite, pour une vengeance, car il y a perdu sa femme et sa fille: parce qu'il convoitait son épouse Lucy (Laura Michelle Kelly), l'influent juge Turpin (Alan Rickman) n'a eu qu'un mot à dire pour faire arrêter l'innocent barbier Benjamin Barker, et tenter de lui ravir sa femme. mais celle-ci, harcelée par la cour malsaine et victime d'un viol orchestré par Turpin, n'a eu d'autre ressource que de prendre du poison. C'est ce qu'apprend Todd alias Barker à son arrivée, de la bouche de la gouailleuse Mrs Lovett, qui l'a reconnu. Elle propose à Todd de s'installer dans son ancienne boutique, située juste au dessus de son restaurant, et les circonstances vont mener Todd, au rasoir leste, et Lovett, qui peine à trouver de la viande de qualité, à s'associer en attendant que le barbier ne réussisse à se venger du juge, et récupérer sa fille Johanna (Jayne Wisener). de son côté, le marin Anthony (Jamie Campbell Bower) a croisé Johanna désormais sous la tutelle de Turpin, est les deux sont tombés amoureux...

Quelques morts violentes plus tard, on peut constater que cette fois, Tim Burton semble ne pas avoir pris de gants: si on peut penser à Edward Scissorhands lorsqu'on voit Depp, un rasoir dans chaque main, on doit aussi reconnaitre qu'on est bien loin de l'innocence des personnages habituellement campés par l'acteur, et aussi des personnages de premier plan qui peuplent généralement l'univers du metteur en scène. Et le Londres sombre légèrement mais surement teinté de rouge sang est un univers qui ne pardonne pas, et dans lequel les gentils marginaux ont laissé place à des monstres, que ce soit Todd-Barker et ses rasoirs, Mrs Lovett qui voyant arriver dans sa boutique l'homme qu'elle a tant convoité quinze ans auparavant ne laisse pas passer l'occasion de se l'approprier, ou encore ne s'embarrasse pas de scrupules au moment de transformer voisins et passants en nourriture qu'elle sert ensuite avec entrain... Turpin, aidé de son âme damnée le policier Beadle (Timothy Spall, encore plus répugnant qu'à l'habitude), n'est pas en reste!

...Pourtant, on ne peut s'empêcher de sentir l'exercice vite fait bien fait, une sorte de fin de mutation de Burton en habile faiseur, en illutrateur de concepts qui lui sont, finalement, étrangers: Sweeney Todd, avec l'alégeance de Danny Elfman à Stephen Sondheim, c'est l'oeuvre musicale, transposée au cinéma, avec métier, avec talent, même, de la part de tous les protagonistes. C'est un bon, voire un très bon film... Mais Burton n'a pas grand chose à y gagner ni à y démontrer. On l'a vu depuis avec un navet cosmique (Alice) et un film d'auto-parodie (Dark Shadows), la métamorphose de l'auteur s'est finalement achevée...

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Published by François Massarelli - dans Tim Burton
8 février 2015 7 08 /02 /février /2015 08:59
Corpse Bride (Mike Johnson, Tim Burton, 2005)

Produit entre la fin du tournage de Big Fish et celui de Charlie and the chocolate factory, Corpse Bride est un effort curieux de réappropriation de son propre univers par Burton, cette fois (Par opposition à "son" film le plus célèbre) co-crédité à la réalisation aux côtés de l'animateur Mike Johnson. Par rapport à ce co-crédit, on pet toujours spéculer, mais rappelons que le partage des tâches est une constante de l'animation depuis toujours, et que le film a été vraiment selon leurs dires, co-dirigé par les deux hommes, Burton assumant l'inspiration, la vision et le cap du film, tandis que Johnson effectuait la mise en oeuvre technique. La partition est bien sur confiée à Danny Elfman, qui est à peu près infaillible, y compris en pilotage automatique, et les acteurs sont bien sur dirigés par Burton. On ne s'étonnera pas, dans un casting une fois de plus très Britannique (Joanna Lumley, Richard Grant...) de retrouver les sempiternels Johnny Depp et Helena Bonham Carter, flanqués également d'une troisième apparition de Christopher Lee (Après Sleepy Hollow et Charlie and the chocolate factory) et d'une deuxième d'Albert Finney. Comme dans The nightmare before Christmas, Danny Elfman joue un petit rôle fort musical...

Corpse bride conte l'histoire, située dans une Angleterre de pacotille du 19e siècle, donc en pleine époque de gothique littéraire, d'un jeune marié tellement benêt qu'il a peur de faire tout capoter, et malgré lui rencontre une jeune fantôme, Emily, qui a été abandonnée et tuée par son fiancé le jour de son mariage. Par un quiproquo, Victor se retrouve marié à Emily, et le voilà donc passé dans l'autre monde, celui des morts. Pendant ce temps, Victoria Everglot, la fiancée vivante, tombe dans un piège, celui de l'infâme Lord barkis, chasseur de dot...

On aimerait être aussi enthousiasmé par ce film qu'on l'a été par celui de Selick, bien sur, et c'est sans doute la grande malédiction qui pèsera sur tous les projets d'animation de Burton. C'est déloyal pour ce nouveau film, mais d'un autre côté la présence, à l'esprit de ses concepteurs, de The nightmare before Christmas est tellement évidente qu'elle appelle à la comparaison. Et celle-ci est impitoyable pour ce film joliment fait, soigné, mais qui donne systématiquement l'impression d'être forcé, voire de virer à l'autoparodie. Et cet "univers" Burton, tant vanté et mis en avant par les publicistes de tout poil, finit par devenir une formule vide. D'autant que dans ce film ou la caméra virevolte inutilement en permanence, on n'est pas dans le cinéma de Tim Burton, mais dans une sorte de sous-produit: agréable à regarder, certes, plaisant, mais pas vraimemtn accompli. On se prend à s'ennuyer, à chercher sur les côtés si tel ou tel détail ne mériterait pas d'être regardé avec attention plutôt que les pauvres pantins qui s'agitent devant nous. Il en est ainsi, mais heureusement, les auteurs nous ont donné quelques consolations: une belle animation à la fin, qui renvoie un peu à la magnifique scène de fin d'Edward Scissorhands, le piano aperçu dans une scène qui est de marque Harryhausen, ou bien sur l'asticot verdâtre qui tient lieu de conscience à Emily, et qui est une caricature de Peter Lorre. Pour le reste...

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Published by François Massarelli - dans Tim Burton
4 février 2015 3 04 /02 /février /2015 17:09

Après la parenthèse nihiliste jouissive mais un peu courte de Mars Attacks!, Sleepy Hollow va redorer le blason de Tim Burton, et lui permettre de faire un film qui est à la fois une synthèse de son oeuvre passée, une ouverture sur l'avenir et la possibilité pour le metteur en scène de mettre son savoir-faire au service de projets ambitieux mais qui ne lui sont pas propres, et une extravagante collection de contradictions assumées et orchestrées de main de maître... Et pour commencer, le film est hérité d'un projet avorté de Francis Ford Coppola, qui s'était lancé à l'aube des années 90 dans une relecture de mythes gothiques passés à une nouvelle postérité par le cinéma: Dracula avait ouvert le bal, avec une vision plutôt baroque et inédite de l'univers de Bram Stoker; inévitablement, un Frankenstein avait suivi, mais la mauvaise réputation du film de Kenneth Branagh a la peau dure, et a sans doute poussé Coppola à revoir ses ambitions... Et Sleepy Hollow, la nouvelle de Washington Irving, est bien différente de ces deux oeuvres séminales: elle met en scène un jeune instituteur, Ichabod Crane, qui est victime de farceurs à Sleepy Hollow, une ville de Nouvelle-Angleterre dans laquelle un fantôme morbide et sans tête est supposé semer la terreur...

Chez Burton, par le truchement du script de Andrew Kevin Walker, l'histoire s'étoffe et devient authentiquement gothique et horrifique, tout en se parant des aspects inattendus du roman policier. Le récit d'Irving a été oublié en 1820, mais Walker situe son film en 1799, à l'aube d'un siècle dont certains visionnaires estiment qu'il apportera à l'être humain l'illumination de la raison. Des meurtres atroces (Des décapitations) sont en effet perpétrés à Sleepy Hollow, mais on ne dit pas tout à Ichabod Crane (Johnny Depp), le détective chargé de l'enquête; il faut dire que la lui confier relève essentiellement du gag! C'est afin de faire taire l'impudent je-sais-tout, obsédé par les méthodes modernes de police scientifique dont ses supérieurs n'ont que faire, qu'il est envoyé au diable résoudre une sombre histoire dans laquelle tout le monde, en ces temps reculés, flaire le parfum hideux et capiteux de la sorcellerie. Et Crane va en effet tomber, à Sleepy hollow, sur une communauté endeuillée par des meurtres dont chacun sait qu'ils sont le fait du fantôme d'un cavalier sans tête, célébrité locale qui s'est tout à coup réveillé pour distribuer du haut de son cheval fantomatique des coups tranchants d'épée au hasard de ses chevauchées... Au hasard? Non, car il apparaît très vite que les victimes sont liées: les notables, liés par un lourd secret, et une famille sont les cibles d'une vengeance qui remonte à loin, très loin...

Les retrouvailles avec Johnny Depp, pour la troisième fois, vont donner lieu à un personnage unique en son genre, que Burton a piloté de loin: à nouveau un personnage en noir et blanc à la vie intérieure contrariée, figure imposée par Burton, Ichabod est un détective efficace et intelligent, mais obsédé par la raison et la raison seule. Ce qui l'a poussé à se débarrasser d'un double héritage traumatique: son père était un pasteur rigoriste, et sa mère une sorcière, et devant l'attrait de la magie, le père avait fini par sévir et tuer la maman d'Ichabod, laissant d'ailleurs au garçon un stigmate étrange. On notera que dans les flash-backs découpés en épisodes, qui correspondent systématiquement à des évanouissements d'Ichabod soit aux moments où il échappe à sa raison pour laisser aller son inconscient, l'outil qui sert au meurtre, a déjà été aperçu dans les greniers de Bruce Wayne dans Batman Returns... Mais ce meurtre originel est pour Ichabod Crane le signal d'abandonner tout lien avec la magie, et de privilégier la raison, pas la religion, en toutes circonstances. Sauf que le personnage, guidé en permanence par sa raison, est aussi un pleutre, qui s'évanouit souvent et affronte le sang (Et il y en a beaucoup) et les cadavres avec répulsion, dégoût, et aussi une certaine lâcheté. De même, il s'attache très vite d'un amour réciproque à la belle Catrina Van Tassel (Christina Ricci) qui elle aussi risque la mort, mais au lieu de la protéger tend à s'en faire un bouclier. L'anecdote contée par le film sera cathartique pour Ichabod, lui permettant de faire la paix entre les deux héritages, la rigueur paternelle et la magie protectrice de sa maman. On notera, pour une dernière apparition (On la reconnaît à peine dans The planet of the Apes, leur dernier film en commun), Lisa Marie en mère sublimée, la seule à avoir le droit d'évoluer dans de franches couleurs chaudes. Pour tout le reste du film, la magnifique photographie d'Emannuel Lubezki fait la part belle aux sous-bois sombres et hivernaux, en couleurs désaturées... Dans lesquels les à-plats de rouge éclaboussent souvent les protagonistes.

S'il emprunte une atmosphère très marquée à des films de la Hammer (Sleepy Hollow a d'ailleurs été tourné en Angleterre, et est une production Britannique de la Paramount bien que sensée se situer dans l'état de New York), s'il ajoute un atout de poids en la personne de Christopher Lee, le juge qui envoie Crane se faire pendre ailleurs, Burton rend quand même à sa façon un hommage vibrant, une fois de plus, au Frankenstein de James Whale, dans ce qui est à mon sens une synthèse très assumée de l'univers baroque du cinéaste. A la fin du film, une confrontation entre la créature et Crane mène à un moulin en flammes, comme dans la conclusion du film de James Whale, et un dialogue insiste sur la notion de façon implicite: quand le moulin s'écroule sur la créature, Ichabod dit: le problème, c'est qu'il était déjà mort. De même, revenu d'entre les morts contre son gré, la créature sans tête superbement interprétée par Christopher Walken semble être le jouet d'une volonté extérieure, mais rira bien qui rira le dernier... Parmi les acteurs Britanniques qui se sont prêtés avec bonne humeur à ce film, on remarquera du beau monde: Michael Gambon, Ian McDarmid, Miranda Richardson... ils sont rejoints par rien moins que Walken, bien sur, Martin Landau, brièvement (Tchac!), et Jeffrey Jones... Bref, on est un peu en famille.

Mais le film célèbre avec un clin d'oeil à sa façon l'imminence d'un changement de siècle, en montrant la lutte de la raison contre la magie, chez un détective qui s'efforce de garder la tête froide ainsi que sur ses épaules; il finit par triompher, grâce à ses appuis nombreux, de la créature, mais on constatera que ce sera après bien des homicides. Et lorsqu'il arrive enfin à New York, flanqué de Catrina Van Tassel devenue sa femme et d'un orphelin qui est entré à son service, on ne peut que remarquer que celui-ci est chargé de tous les paquets du couple, qui baguenaude dans les rues de la grande ville. Un signe discret qui nous indique que si Ichabod Crane se veut le champion de la modernité, il n'en est pas moins un homme de son temps qu'une société à deux vitesses dans laquelle tout le monde est à sa place, ne rebute pas. Et le changement de siècle, pour l'homme qui visait l'avenir de sa profession, mais a été obligé de retourner au plus profond de son inconscient pour affronter la magie, n'apporte finalement pas grand chose... Le film, si: il a montré la maîtrise de Burton pour s'approprier un sujet a priori mal parti, et en triompher. On aurait aimé que cela ne le mène pas au film suivant...

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Published by François Massarelli - dans Tim Burton
30 janvier 2015 5 30 /01 /janvier /2015 08:29
Ed Wood (Tim Burton, 1994)

Pour commencer, il faut bien sur oublier Ed Wood lui-même, sa carrière, sa vie et ses films, car ce n'est paradoxalement pas le plus important en ce qui concerne ce sixième long métrage de Tim Burton, le premier à se situer en périphérie du fantastique, dans un monde qui est à peu près réel, et dans lequel en tout cas toute manifestation surnaturelle est en réalité du spectacle, du faux, de l'illusion assumée comme telle: ce ne sera pas souvent... Mais en effet, ce pauvre Edward Wood Junior a beau avoir existé, le film ne sera en aucun cas l'histoire de sa vie, mais plutôt un parcours allégorique et sublimé qui parle bien plus que de cinéma. Et soyons justes: non, Tim Burton ne s'est en aucun cas identifié à Wood!

Le film épouse donc la forme d'un biopic, mais bien sur il n'est pas comme les autres: dès le départ, le metteur en scène épouse la forme de son sujet en choisissant de tourner en noir et blanc, et demande à son compositeur (Howard shore, car une fois n'est pas coutume, Elfman et Burton sont fâchés) d'écrire une partitition à la manière de, qui sonne comme une bande originale de film de science-fiction... Mais aussi bien l'image, riche en contraste et gothique à souhait (Burton a choisi d'utiliser du vrai noir et lanc au lieu de se contenter de désaturer les couleurs, et ça se voit), est très soignée, ce qu'on ne peut décidément pas dire des films de Wood...

Nous suivons donc la trajectoire dans les années 50 du jeune aspirant metteur en scène (Johnny Depp), fasciné par Orson Welles, et qui a choisi de vivre à Hollywood, ou il végète en attendant une reconnaissance qui ne viendra jamais. Il a des amis, avec lesquels il monte des pièces de théâtre improbables, qui font un flop après avoir été vues par quatre personnes en moyenne. Il vit avec une jeune femme, Dolores Fuller (Sarah Jessica Parker), une actrice qui ignore un fait pourtant essentiel de la personnalité de son ami: il aime se travestir, sans pour autant être homosexuel... Un jour, il saisit une opportunité inespérée lorsqu'il apprend qu'une compagnie s'apprète à tourner un film à partir d'une anecodte de transsexualisme. il écrit un script, vite fait mal fait, et tourne en quatre jours une oeuvre qu'il estime cruciale, Glen or Glenda, qui sera jugé par les quelques rares personnes l'ayant vu comme un navet intersidéral. Mais Wood est désormais un réalisateur, et il va tour faire pour le rester, en saisissant toutes les occasions de tourner, trouvant au passage le moyen de rencontrer et de faire tourner l'une de ses idoels, Bela Lugosi lui-même (Martin Landau). Ensemble, ils vont poursuivre un but commun: réaliser une oeuvre pour laquelle ils resteront à la postérité...

Tim Burton réussit à donner à son film une énergie très positive, alors que les côté lamentable des agissements de Wood et de sa bande de bras cassés et de minables, aussi bien intentionnés soient-ils, ne peut échapper à personne. Du coup, le film acquiert une tendresse pour les personnages qui fera sérieusement défaut à Mars Attacks! deux ans plus tard... Et à travers Ed Wood et son entourage, se dessine une sorte de marge merveilleuse, un univers à part dans lequel une troupe d'amis s'entr'aident, pour créer ce qui est inconsciemment un plaidoyer pour la différence. Comme le fait remarquer Wood, ses tournages absurdes sont l'occasion de faire travailler des marginaux qui ne trouveraient sans doute pas de travail autrement, et la plupart d'entre eux ne sont pas dupes de leur manque de talent! Bunny, l'homosexuel militant, Criswell le voyant médiatique, Vampira la gothique présentatrice de films à la télévision, Bela Lugosi, star lessivée et au bord de l'éejection à la rue, Tor Johnson le catcheur au vocabulaire incomplet, sont tous une famille, unie dans sa médiocrité militante, et à eux tous, ils forment un univers bien proche des films fantastique, une sorte de famille Addams, qui en plus, luxe notable, a presque existé...

Un monde qui a presque existé, inspiré des anecdotes réelles des tournages d'un type un peu louche, mais avec un coeur gros comme ça, qui a accumulé les rencontres avec des losers ous plus sympathiques les uns que les autres: le parallèle avec un autre film "à part" de Burton, Big Fish, me parait particulièrement facile à souligner, et c'est exactement ça: deux films qui affichent avec tendresse et humour, une humanité à tout épreuve, mais racontée depuis les coulisses, la marge, à l'écart de notre monde. Et cette énergie dépensée à tourner des navets est tout simplement une des manifestations les plus magnifiques de la beauté de la vie d'un artiste au cinéma!

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Published by François Massarelli - dans Tim Burton
25 janvier 2015 7 25 /01 /janvier /2015 18:28
Batman returns (Tim Burton, 1992)

Batman, le film qui a installé Burton, était une somme de compromis. le retour du metteur en scène à cette saga sera, cette fois, un film très personnel. On se réjouit bien sur que Burton ait de nouveau fait appel à Michael Keaton pour ce deuxième et dernier opus, mais celui-ci est désormais en retrait, car Batman returns est essentiellement le film dans lequel l'homme-chauve-souris va devoir partager la vedette avec l'homme-pingouin (Danny De Vito), la femme-chat (Michelle Pfeiffer) et l'ignoble Max Schreck (Christopher Walken), un humain à 100 % celui-ci, mais cela ne va pas le rendre plus sympathique pour autant... Exit l'intrigue amoureuse du premier film, Kim Basinger n'était sans doute pas disponible, mais cela va justement servir les desseins de Burton, qui va incorporer cette absence dans la nouvelle intrigue.

A Gotham City, on fait la connaissance de Max Schreck, l'homme qui tient les clés du pouvoir dans ses mains, parce qu'il est à la fois le plus riche et le plus corrompu. Mais il est un jour enlevé par "Le Pingouin", un homme qui a grandi dans les égouts, et a été élevé par ces grands oiseaux sans ailes qui viennent du froid, et qui vivent à l'écart dans le parc zoologique de la ville. Abandonné par ses parents à l'age d'un an parce qu'il leur faisait peur, le Pingouin voue une haine farouche aux hommes. Schreck, qui n'est pas à un compromis crapuleux près, s'en sort en promettant à l'abominable et difforme petit homme un retour triomphal à la surface... Pendant ce temps, une secrétaire de Schreck, Selina kyle, découvre les agissements malhonnêtes de son patron. Il tente de la supprimer, mais elle survit. De son existence à l'écart des gens heureux, la petite secrétaire va émerger en féline vengeresse, et rentrer à sa façon, très personnelle, dans la lutte pour redresser les torts faits aux femmes, mais toutes griffes dehors. Et Batman, quant à lui, tente de panser ses plaies, suite au départ de Vicki Vale, qui ne supportait plus la double vie de Bruce Wayne-Batman. Sa rencontre avec Selina, transformée par sa nouvelle vie, va faire des étincelles...

Un héros, trois étranges destins, et une fripouille, c'est le bestiaire proposé dans ce film baroque et pour lequel il est clair que Burton fait ce qu'il veut. Il a pu construire un Gotham City glorieusement factice, et ce film va être l'occasion pour lui de tout casser avec une énergie impressionnante. et surtout, en multipliant les créatures, le film redéfinit tout l'univers d'un super-héros. d'une part, comment il vit: Entre le choix implicite de Bruce Wayne, à la fois de se retirer du monde et d'en surveiller les agissements afin de lutter contre le crime, la soudaine réalisation par Selina qu'elle est Catwoman, et le traumatisme vécu dans sa plus tendre enfance par le Pingouin, qui fait de lui un être repoussant qui n'aura de cesse de clamer son identité et sa non-humanité, il y a ici une richesse thématique qui dépasse de très loin les babutiements du premier film. D'autre part, dans le comportement différent des trois créatures, Burton examine les possibilités qui s'ofrent à des êtres d'exception, qu'ils soient Superman ou Lex Luthor: l'un (Batman) choisit la lutte contre le mal, l'autre (Pingouin) la lutte contre l'humanité, et au milieu, Catwoman choisit... la vengeance personnelle, le coup de griffe, et la colère permanente. Pourtant la femme-chat et l'homme-chauve-souris vont pouvoir tenter un rapprochement, mais la nouvelle identité de Selina la prive lentement de son humanité, et elle glisse, lentement mais surement, vers son identité de chatte... Et Max Schreck ne se contente pas de compter les points, identifié comme étant l'essence même du crime dès le début du film.

Keaton est excellent, d'un jeu contenu. De Vito peut s'en donner à coeur joie et ne se prive pas, et Michelle Pfeiffer s'amuse beaucoup dans toutes les facettes de son personnage à neuf vies... Mais, et on ne s'en étonnera pas, Christopher Walken est merveilleux, à l'aise en toute circonstances comme toujours. Le jeu outré que Burton demande à ses acteurs (Sauf Keaton, bien sur) glisse sur lui comme un second naturel, et sa froideur nous rappelle qu'il n'a pas été nommé au hasard, Max Schreck était rappelons-le l'acteur qui a composé le personnage inquiétant et horrifique du Nosferatu de Murnau. Autre allusion à l'horreur muette, une apparition lors d'un bal costumé de la Mort rouge, le costume porté par Lon chaney dans le bal en Technicolor de The Phantom of the opera, de Rupert Julian (1925): un clin d'oeil qui n'a rien de gratuit, car si Catwoman tend à s'élever vers les toits en bonne chatte de gouttière, il n'empêche que l'essentiel du film suit un mouvement amorcé dès le prologue, vers le sous-sol, comme le fantôme de l'opéra qui quitte la surface pour se rendre sous Paris: vers les égouts, aux tréfonds de la ville, là ou vit le Pingouin, là ou il va entrainer les trois autres, là ou deux d'entre eux mourront, et un troisième révèlera son identité. Batman démasqué, on s'en doute, c'est une façon pour Burton de dire adieu au personnage. il le fait avec un film grandiose, baroque, déraisonnable et particulièrment réussi, qui va (temporairement?) fermer le chapitre le plus baroque de sa carrière.

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Published by François Massarelli - dans Tim Burton
24 janvier 2015 6 24 /01 /janvier /2015 08:41
Mars attacks! (Tim Burton, 1996)

Un malentendu; voilà le fin mot concernant Mars attacks!, ce qu'on en attendait, ce qu'on imaginait qu'il serait, et la déception généralisée mais relative du public et de la critique à son égard. Mais comment aurait-il pu en être autrement? Le film s'est construit sur deux bases: d'une part, l'adaptation de la série de cartes du même nom, disponible en 1962, et qui faisait envie à certains réalisateurs et producteurs depuis 1985. Alex Cox était le premier a avoir eu l'idée de tourner un film à partir de cette étrange collection de cartes graphiques représentant surtout de l'horreur bien sadique... Jonathan Gems, scénariste, avait donc repris le concept, et écrit un traitement en 1993. Il a proposé le film à Burton en 1993, alors que celui-ci, devenu intouchable, finissait Ed Wood. D'autre part, Tim Burton, qui ne faisait pas mystère de son gout pour la science-fiction à l'ancienne, y compris les films les plus douteux ou les plus ringardisés, avait depuis longtemps l'envie de prolonger sa filmographie d'une incursion parodique dans le domaine de l'attaque d'extra-terrestres méchants, avec explosions, destruction massive, et surtout un puissant second degré... Avec le succès public de ses films de Beetlejuice à Batman returns, Tim Burton est un metteur en scène à suivre, auquel la Warner va donner un budget conséquent; et avec la sortie d'Ed Wood, la critique enfin conquise atend de pied ferme le nouveau film du jeune prodige de Burbank... Surtout que sort en 1996 un film qui va faire du bruit et remettre au gout du jour le concept d'attaque massive de martiens méchants, le très pesant, quasi teutonique et immensément crétinissime Independence Day.

Mais revenons à Tim Burton: le succès a parfois un revers de la médaille: un metteur en scène comme Burton peut effectivement bénéficier de moyens, et se permettre des ambitions sur un film comme Ed Wood, Big Fish ou Charlie and the chocolate factory; mais si l'idée de base est de rendre hommage à des nanars, des films qu'on ne regarderait plus qu'en se cachant, et dès le départ tout en se livrant à quelques piques à l'égard du gros film de l'année, les ambitions parodiques de Burton vont se heurter à la conception du "toujours plus" qui prévaut quand à Hollywood on laisse les studios sentir le vent... Sorti en 1996 aux Etats-unis, le film Mars Attacks! déçoit terriblement: les uns attendent un jeu de massacre sans foi ni loi, qui forcément sera impertinent et mal élevé, et ils sont déçus car la parodie, absolument impossible à prendre au sérieux, domine largement, avec une absurdité généralisée dans l'intrigue. Et les autres qui prennent le film au premier degré (Oui, je sais, c'est incroyable, mais comment expliquer autrement le succès des films de Michael Bay ou Roland Emmerich?) s'offusquent de voir les martiens s'amuser à tout casser, y compris le président des Etats-Unis se faire dessouder comme un malpropre au terme d'un mandat surtout marqué par des décisions toutes plus stupides les unes que les autres. Donc, Mars attacks! déçoit, on dit que Burton s'est planté, et on attend de pied ferme la relève.

Pourtant, piégé dans un projet qu'il ne voulait pas rendre pharaonique, Burton s'est défendu! Il a réussi à imposer à la production un compromis sur le design des martiens. Lui voulait les animer en stop-motion, afin de mettre l'accent sur le côté factice, et renvoyer au système D de la science-fiction des années 50; le studio voulait de la 3D hyperréaliste (Du moins celle à laquelle on pouvait prétendre à l'époque de Jurassic Park). Le compromis, bien sur, est dans le film représenté par l'idée de tourner les scènes d'animation en 3D stylisée... Avec des formes rondes, des soucoupes flambant neuves, des aliens à grosses têtes de squelette et cerveau apparent. Et l'un des apports essentiels de Jonathan Gems est de structurer le script comme un film catastrophe, avec le casting de luxe qui est inévitable au genre: Burton bénéficie donc d'un groupe conséquent d'acteurs de premier plan: Jack Nicholson, Annette Bening, Glenn Close, Jim Brown, Pam Grier, Danny de Vito, Michael J. Fox, Pierce Brosnan, Sarah Jessica Parker, Martin Short, et Rod Steiger vont donc être les protagonistes du jeu de massacre, aidés par un ensemble de jeunes talents (Lukas Haas, Natalie Portman, Jack Black, Christina Applegate) et quelques cins d'oeil: Sylvia Sidney (Beetlejuice) sort de sa retraite pour interpréter la petite vieille dame qui sauve le monde sans vraiment s'en apercevoir, Lisa Marie (Mrs Burton depuis Ed Wood) va jouer l'inaccessible et étrange beauté venue d'ailleurs d'une scène parmi les plus typiques du film, et Tom Jones, le chanteur Gallois qui travaille à Las Vegas, va interpéter Tom Jones, chanteur Gallois qui travaile à Las Vegas. Et un gros casting dans un film catastrophe, ça veur dire qu'il va falloir permettre à chaque personnage une exposiion valide. C'est un des aspects les moins réussis du film, cette introduction de 20 minutes qui donne surtout l'impression de tourner à vide... Mais c'est aussi une tradition de ce genre de films.

Une fois les martiens arrivés (Dans une scène exemplaire, frontale, et qui bénéficie de l'impeccabilité du style sans fioritures de Burton en matière de montage, rythme et déplacement de caméra), le jeu de massacre commence et ne s'arrête plus. On oscille ensuite entre des batailles meurtrières avec moult bruitages idiots, et des scènes de conciliabule, faites d'une grosse dose de clichés pleinement assumés: par exemple, un scientifique lève les yeux au ciel après avoir examiné un martien, et assène, l'air grave: "ils respirent de l'azote!". Ou encore, les héros (Ou d'autres personnages moins héroïques) qui meurent tous en prononçant de malencontreuses dernières paroles: un général belliciste va mourir après avoir fourni une involontaire parodie d'un fameux discours de Winston Churchill, le président Américain qui propose l'amitié entre les peuples, un soldat (Jack Black) qui a droit à deux dernières répiques: le martial "Die, you alien piece of shit", suivi du moins glorieux, mais très réaliste "I surrender!"... Ma préférence va à Glenn Close, la 'first lady' des Etats-Unis, qui meurt en prononçant ces mots, désignant l'objet responsable de son trépas, qui lui est tombé dessus lors d'une attaque de martiens sur la maison blanche: "Le chandelier de Nancy Reagan!" Les humains se révèlent, face à la mort, face aux martiens, comme ce qu'ils sont, soit des minables, et c'est bien ce nihilisme qui pose problème à certains... Difficile de s'y retrouver, voire de s'identifier à ces personnages, pour le grand public. Pourtant une comparaison avec d'autres films de Burton, Edward Scissorhands en tête, révèle le même dispositif: les "gens normaux" dans ses films, ne sont pas des héros. le mot lui-même est irritant: pourquoi faut-il des héros? L'un des avantage de ce film est de poser la question: a-t-on vraiment besoin de comportements exemplaires dans un film? Ici, le metteur en scène flingue tous ses héros, privilégie les préoccupations personnelles: c'est parce qu'il veut sauver sa grand-mère qu'il aime que Riche Norris va par hasard découvrir comment tuer les martiens massivement, pas dans le but expressément assumé de sauver le monde; mais il ne lèvera pas le petit doigt pour assiter ses parents qui se font massacrer dans son dos; tous ceux ou presque qui s'en sortent dans le film le font d'abord parce qu'ils sauvent leur propre peau. D'autres survivent parce qu'ils sont à l'écart: Tom Jones, prisonnier de Las Vegas, Taffy Dale, qui survit à son président de père, est une sorte de reprise du personnage de Winona Ryder dans Beetlejuice: une ado à part, nihiliste et blasée. Florence Norris est atteinte d'Alzheimer, et Byron, boxeur lessivé qui décide de retourner à sa famille coûte que coûte, est lui aussi un paria. Mais cette fois-ci, Burton, qui a si souvent représenté des personnages à part, qu'ils soient gothiques (Le Pingouin, Max Schreck, Beetlejuice, Vampira), retirés du monde (Bruce Wayne, Bela Lugosi), ados en crise (Winona Ryder, là encore, dans ses deux rôles, a montré la voie) ou de simples benêts gauches et mal adaptés, tend ici à s'auto-parodier avec le 'donutophile' Richie, interprété par ce grand échalas de Lukas Haas, qui a bien grandi depuis le film Witness. Cette auto-parodie est parfois gênante, bien sur. Mais elle reviendra si souvent qu'on peut sans doute la mettre sur le compte du style...

Restet à régler le cas d'un prétendu message: dans ce film, semble passer en effet une sorte de tendance à pointer du doigt les politiciens (Le président Dale et son éternelle incapacité, il fait penser à un Jimmy Carter en pire), les décideurs (Donald Kessler, professeur et "je-sais-tout" horripilant qui fume en permanence la pipe, comme tout scientifique le faisait dans les films des années 50), l'armée (Deux généraux, un pacifiste et un belliciste, qui s'avèrent tous les deux être d'affreux crétins, ce qui bien sur me fait plaisir à titre personnel), la presse (Un couple de présentateurs-vedettes de la télévision, se fait une compétition farouche, alors que lui est un journaliste de premier plan, et elle une spécialiste de la mode)... Il renvoie dos à dos le président Dale, et un homme d'affaires véreux et vulgaire (Il habite las Vegas et y fait la loi, c'est dire) en les faisant tous deux interpréter par Jack Nicholson: en mode contenu pour le président, en Joker habité par l'esprit de Jack 'The Shining' Torrance pour l'incroyablement vulgaire Art Dale. Cette charge anti-capital, anti-politique, anti-tout, ne tient pas la route... si on la prend au sérieux. Mais Burton voulait tellement faire son film 'à la manière de...' qu'il n'a pas résisté à la perche tendue par le scénario. Donc comme les films des années 50 dissimulaient à peine un message (Gébéralement furieusement anti-communiste), Gems et Burton se sont payé les fiole des paraboles politiques des années 70, avec un plaisir gourmand.

Et du coup, en laissant les martiens ariver sur terre, et tout casser (Mais alors, tout!!), ils ont un peu laissé l'impression d'avoir choisi plutôt de s'identifier à ces sales bestioles, ce que montre à coup sur la réaction de Sylvia Sydney-Florence Norris devant sa télévision lorsque les martiens tuent toute la représentation nationale, donc Sénateurs et Représentants, d'un seul coup: elle se marre, et elle sait pourquoi: "They blew up Congress!", ils ont fait sauter le Congrès... Ce n'est pas du meilleur gout, certes, ça a fait grincer quelques dents, mais là encore, il ne faut pas le prendre au premier degré: Burton et la politique? Voyez ses autres films, les politiques n'y sont jamais qu'une caricature fonctionnelle, du vent. Ils n'ont aucun intérêt. Donc on pardonnera à Tim Burton d'avoir choisi de s'incarner dans d'horribles sales bêtes qui respirent de l'azote, viennent sur terre (Pourquoi? Pour tout casser bien sur) et détruisent tout ce qui est sacré, avant de mourir stupidement parce qu'ils ne supportent pas le yodel d'un obscur chanteur de pop country des années 40. L'Amérique triomphe toujours? Disons que son mauvais gout à la peau dure... Donc ce bilan, forcément mitigé, d'une blague cinématographique soudain étalée sous les projecteurs à cause d'un budget gonflé au-delà du raisonnable, aurait pu être bien pire, et pour l'avoir vu une dizaine de fois, j'en vois toujours les coutures, mais j'y prends toujours du plaisir... C'est déjà ça, non?

Mars attacks! (Tim Burton, 1996)
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Published by François Massarelli - dans Tim Burton