La suite inévitable du film Yojimbo a été conçue dès son tournage par un Kurosawa qui avait envie de continuer un petit bout de chemin avec le nouveau personnage mythique créé avec Mifune. Son entrée en jeu est donc tournée vers le côté mythologique, avec un Sanjuro caché dans l'ombre qui a entendu tout ce que les protagonistes de la première scène ont dit.
Ils sont neuf, et ils sont mignons, ces braves fils de bonne famille qui s'apprêtent à combattre la corruption... en courant se réfugier auprès du chef des corrompus! Sanjuro donc a tout entendu, et il va prendre les choses en main pour faire triompher le bon droit... Avec ses propres termes et ses propres armes.
Le moment ou il sort de l'ombre est splendide. L'ensemble du film est largement dominé par l'humour, en particulier avec le décalage entre les personnages des "résistants" aidés par Sanjuro qui sont neuf, mais se déplacent et réagissent comme une seul homme, ou avec les personnages des deux femmes qui sortent en permanence du sujet. La confrontation entre Mifune et Tatsuya Nakadai, en revanche, est impressionnante, leur jeu du chat et de la souris culminant dans une scène ou Kurosawa se plait à verser ouvertement dans le grand guignol... dans une flambée de violence graphique inattendue pour qui connaît son cinéma.
Il y a nettement moins d'éléments dramatiques que d'habitude, le film est court, les scènes se déroulent dans un printemps idyllique: bref, le maître s'amuse. A la fin du film, on retrouve la flânerie vers nulle part de l'énigmatique Sanjuro...