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3 octobre 2018 3 03 /10 /octobre /2018 15:16

Après le Sheik de 1921 (The Sheik, George Melford), Rudolph Valentino allait être confronté à à peu près tous les exotismes, lui qui avait souvent, dans un premier temps, été condamné aux rôles de latin lover et autres séducteurs interlopes, n'était certes pas sorti des stéréotypes... On connaît mal ce film de Phil Rosen, déjà un solide vétéran quand il a tourné ce long métrage: et pour cause, The young Rajah est perdu. Pas totalement, mais pas loin, car les fragments qui nous sont parvenus, totalisant une quarantaine de minutes, sont d'une qualité plus que douteuse...

Un adjectif qui sied d'ailleurs au film. Ne l'entendez pas comme une critique du travail de Mr Rosen, ou de l'interprétation de Rudolph Valentino... L'un comme l'autre, soumis à un contrat avec Paramount, s'acquittent de leur tâche avec un grand talent, après tout. Non, c'est que réflexion qui est motivée par l'étrangeté particulière de ce film, qui dépasse tout en matière de grand n'importe quoi.

Aux Etats-Unis, la famille Judd a recueilli un jeune héritier d'un noble Indien (d'Inde, pas un Américain Natif), sauvé in extremis d'une mort certaine par des fidèles sujets de son maharajah de père. Le prince, élevé à l'Américaine sous le nom d'Amos Judd, est doté d'un talent particulier: il peut voir l'avenir par des flashes incontrôlables; ce qui lui vaudra en vérité plus d'ennuis qu'autre chose, lorsque pour éviter un coup qu'il sait mortel, il se déplacera, entraînant la mort de son attaquant, un étudiant jaloux. Il n'en fallait guère plus pour justifier une réputation de meurtrier...

Et une réputation comme celle-là, ça n'aide pas aux amourettes avec la belle Molly Cabot (Wanda Hawley), surtout qu'elle combat régulièrement son attirance pour le jeune Amos. La raison? Le préjugé racial, tout bonnement...

Donc, d'une part, le film coche toutes les cases d'un véhicule pour l'acteur Valentino: séduction, exotisme, masculinité, délicatesse des sentiments, fragilité due à un destin difficile, romantisme échevelé, prouesses physiques, et scène de semi-nudité (ici sportive, puisqu'en bon étudiant de la haute société, Amos Judd est un excellent rameur). Mais il fait plus: à l'intrigue partagée entre les fantasmes raciaux de la bonne société Américaine, on ajoute l'intrigue romantique à souhait d'un royaume d'opérette pris entre la continuité d'un bon maharajah, et un chaos indescriptible servi par un prince inquiétant dont le premier ministre n'est autre que, mais oui, J. Farrell McDonald. Ajoutez à ça le don de voir l'avenir et toutes les situations qu'il permet (dont du suspense), vous comprendrez qu'on a devant nous un cas d'école!

Seulement il fait se contenter d'un puzzle, d'ailleurs reconstitué avec soin par les équipes de Flicker Alley, qui n'ont eu à leur disposition qu'une copie fragmentaire Espagnole en 16mm, et d'extraits de bande-annonces, sans parler des inévitables photos de plateau pour combler les trous. L'objet final ressemble à une curiosité unique en son genre...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1922 Film Perdu **