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22 mai 2020 5 22 /05 /mai /2020 11:32

Wei-Tung (Winston Chao) et Simon (Mitchell Lichtenstein) vivent tous deux ensemble, ce sont les années 90, donc pas question pour eux de mariage, mais leur couple est en harmonie... pas avec les voisins, certes, mais sinon tout va bien. Wei-Tung, émigré de Taïwan et parfaitement intégré, n'a en revanche jamais osé dire à ses parents, qui aimeraient tant le voir marié et père, qu'il est gay. Il doit donc se coltiner des questionnaires en provenance du pays, et des correspondances avec des jeunes femmes conseillées par sa mère! Pour mettre fin à la situation, il accepte la proposition de Simon: il va se marier avec Wei-Wei (May Chin), une jeune artiste en mal de carte verte, et inviter ses parents, qui ainsi le laisseront enfin tranquille... Mais ça va souvent s'avérer une mauvaise idée...

Il y a un soupçon de Billy Wilder, propice à la comédie triste, dans l'idée de départ de ce film formidable. Le fait de construire sur du vide, ou en tout cas sur un gros mensonge, nous rapproche en effet de l'univers du grand cinéaste tout en permettant à Ang Lee de parfaire sa réflexion douce-amère sur les contraste et oppositions violents, liés à la culture Chinoise à la fin du XXe siècle: les effets de la mondialisation, avec la diaspora Chinoise, le choc des générations qui se complique du fait de la libéralisation des moeurs en occident, et un superbe portrait de la pérennité des traditions chinoises, sont en effet au menu.

Et si le metteur en scène est tendre avec ses personnages, il se fait acide dans la peinture d'un mariage, qui, aussi bidon soit-il, dégénère exactement de la même façon dans un milieu Asiatique que partout ailleurs, avec ses rituels d'intrusion dans l'intimité, l'accent sur la bouffe, les pratiques d'un autre âge et sa cohorte de viandes saoûles... ce qui va ajouter un degré de confusion quand We-Tung et Wei-Wei vont se retrouver seuls, complètement saouls, ne fois la noce passée... 

Il y a des clashs, mais comme je le disais c'est tout en délicatesse. Sihung Lung, qui interprétait le père de famille dépassé par les événements dans Pushing hands, incarne cette fois un père digne, qui a beaucoup plus d'intelligence qu'on ne le soupçonnerait au départ, et permet finalement à la jonction entre orient et occident de se faire. Le film aussi, d'ailleurs, qui a obtenu un énorme succès et a consacré Ang Lee comme l'un des réalisateurs les plus doués de sa génération.

 

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Published by François Massarelli - dans Ang Lee