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1 novembre 2011 2 01 /11 /novembre /2011 10:23

Situé entre Le chateau de l'araignée, sa recréation de Macbeth, et le scénario original La forteresse cachée, l'adaptation de la pièce de Gorky par Kurosawa est donc au coeur d'une trilogie, dont on aurait pu croire qu'elle scellait une bonne fois pour toutes les rapports fascinants de Kurosawa avec la période féodale. Bien sur, il n'en est rien, mais les trois films représentent quand même un ensemble cohérent, dont ceci reste le maillon le plus noir. Pour commencer, la nature théâtrale de la source a été non seulement respectée, par la construction d'un seul décor, dans lequel la caméra évolue, mais sans j'amias s'en éloigner; de plus la structure de la pîèce a été maintenue et contrairement à la version de Renoir, si mes lointains souvenirs ne me trahissent pas, ici nous avons une fin aussi désespérée qu'abrupte...

L'histoire, on devrait plutôt dire les histoires tant il s'agit d'une multitude d'intrigues et de sous-intrigues, concerne la vie, ou la survie d'un certain nombre de personnes destituées dans une auberge tenue par un couple odieux, Rokubei et Osugi. les personnages principaux autour d'eux sont Okayo, soeur d'Osugi, deux hommes déchus, Tonosama (Ancien samouraï) et un ancien acteur dont l'alcool a rendu la diction fort compliquée, et Osen, une prostituée. A ces cinq personnages viennent s'ajouter un couple, un ferrailleur et sa femme mourante, et le dernier présenté, interprété par la star Toshiro Mifune, le voleur Sutekichi. Celui-ci a une histoire compliquée avec les deux soeurs: ancien amant d'Osugi, il souhaiterait partir avec Oyako. Un vieux pélerin vient s'installer pendant quelques jours, et agit comme un catalyseur dans l'auberge, recevant les confidences des uns et des autres, recevant la confiance de tous (c'est Bokuzen Hidari, qui jouait avec son incroyable trogne le vieux Yohei dans les Sept Samouraïs); mais c'est par lui que les drames qui couvent au sein de la petite communauté vont se précipiter...

Le mélange d'humour noir et de tragédie est unique, permettant à Kurosawa de définir en quelques minutes une atmosphère très particulière, qui prolonge l'impression laissée par Rashomon d'assister aux coulisses des films de samouraïs. Mais contrairement à Rashomon dans lequel le propos était monopolisé par l'histoire relatée par les uns et les autres, ici on va rester dans les coulisses, et assister à un spectacle parfois peu ragoutant, des querelles et frustrations d'un petit groupe de gens qui n'ont plus rien à faire et sont forcés à vivre les uns sur les autres. L'auberge est une cour, dans laquelle les gens se sont improvisé un coin de fortune dans lequel survivre plus qu'autre chose, et le moins qu'on puisse dire c'est que ça ne donne pas forcément envie d'y vivre... Si le film trouve son équilibre sur le fil du rasoir entre comédie noire et tragédie, il est souvent inconfonrtable, de par son origine théâtrale, et par l'impression de stagnation humaine laissée par son unique décor. On a le sentiment que Kurosawa ne pouvait pas faire un film plus désespéré...

 

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Published by François Massarelli - dans Akira Kurosawa Criterion