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17 janvier 2011 1 17 /01 /janvier /2011 21:46

curtiz-michael-03-g.jpg

Sortis après Noah’s ark, les quatre films parlants de 1929 étant tous perdus, ce panorama de l’oeuvre parlante de Michael Curtiz de 1929 à 1935 commence donc avec Mammy. Certains des films sortis immédiatement ensuite ne sont pas disponibles au grand public, et par ailleurs, j’ai volontairement laissé de coté tous les films signés par d’autres metteurs en scène Warner, auxquels Curtiz a prêté main forte le temps d’un séquence ou de deux semaines de travail, que ce soit officiel (The mayor of hell, de Archie Mayo, 1933) ou pure spéculation de ma part (Svengali, Lloyd Bacon, 1931).

On note dans cette filmographie partielle la prépondérance certes de quatre genres ou sous-genres (Comédie, Film d’aventures, Drame social, Proto-film noir) et la présence d’autres films de genres différents: des comédies musicales, notamment, qui servent ici à prouver que Curtiz ne se sentait pas à l’aise, avec le genre, ce que sa filmographie ultérieure prouvera, puisqu’il ne se départira jamais d’une tendance à vouloir rendre les musicals… réalistes! D’autre part, il y a bien sur deux films fantastiques, franchement à part, mais ce sont bien sur deux chef d’œuvres dans lesquels la puissance formelle de Curtiz apparait dans toute sa splendeur.

Je me suis volontairement arrêté, symboliquement, juste avant Captain Blood, afin de revenir ensuite sur la période suivante, dominée par Eroll Flynn, en plusieurs temps. Je reviendrai ultérieurement plus en détail sur un certain nombre des films mentionnés ci-dessous, parmi lesquels bien sur les plus importants, les plus intéressants, ou tant qu’à faire, mes préférés… Doctor X et 20,000 years in Sing-Sing en tête.

5279269423_bf4fff61f7.jpgThe Glad Rag Doll (1929)

Film perdu; Drame, avec Dolores Costello, l’héroïne de Noah’s ark. Chef-opérateur : Byron Haskin.

Madonna of Avenue A (1929)

Film perdu; Drame, avec Dolores Costello. Chef-opérateur : Byron Haskin.

Hearts in Exile (1929)

Film perdu; comédie romantique, avec Dolores Costello, l’héroïne de Noah’s ark. Chef-opérateur : William Rees.

The gamblers (1929)

Film perdu; Drame, avec H.B. Warner et Lois Wilson. Chef-opérateur : William Rees.

Mammy (1930)

mammy.gifFilm musical. Avec Al Jolson et Lowell Sherman, présentant des séquences en Technicolor. Certaines ont été conservées mais ne sont pas disponibles sur toutes les copies. Chef-opérateur : Barney McGill.

Hélas… Ce film souffre bien sur d’être bien statique, et il nous offre une première incursion de Curtiz dans un domaine ou il ne sera jamais à l’aise : le musical. Tous les numéros ici sont encadrés par la scène, comme si Curtiz se refusait à imaginer qu’on puisse faire autrement. Bien sur, Busby Berkeley mènera à la Warner une révolution qui ne commencera qu’en 1932, mais dès 1929, bien que très archaïques, il existe déjà des musicals qui essaient justement de faire éclater le cadre music-hall du genre… Gardien d’une certaine forme de réalisme, fut-il baroque, Curtiz ne s’y laissera jamais entrainer. Sinon, le film est à l’image d’Al Jolson : si vous l’aimez, ça va, sinon… passez votre chemin. On notera toutefois, une fois de plus, une thématique chère à Curtiz : sa troupe de comédiens est en errance perpétuelle.

 

Under a Texas Moon (1930)

Western musical, avec Frank Fay, Raquel Torres, Myrna Loy. Le premier film de Curtiz à être entièrement en Technicolor. Chef opérateur : William Rees.

 

The Matrimonial Bed (1930)

Comédie, avec Frank Fay et Lilyan Tashman. Chef opérateur : Devereaux Jennings.

Matrimonialbed19302.jpgEncore une petite comédie pour le sombre Curtiz. si on finit par admettre qu'il n'était qu'un (immense) talent gâché à ses débuts à la Warner, cette petite adaptation gonflée d'une pièce de Yves Mirande est notable pour son dialogue tellement rempli de sous-entendus que ça déborde... En homme amnésique soudain revenu sur le lieu de sa vie passée, Frank Fay est comme toujours fatiguant de vacuité. Sinon, on retrouve un Curtiz qui s'implique un peu plus, dans une séquence ...d'hypnose.

 

Bright Lights (1930)

Comédie musicale, avec Dorothy Mackaill et Frank Fay. Chef-opérateurs : Lee Garmes et Charles Schoenbaum.

Entièrement en Technicolor, mais la version intégrale en couleurs n’a pas été retrouvée. Une version raccourcie, en noir et blanc, est donc la seule possibilité de voir ce film.   Une énième comédie musicale, avec Dorothy Mackaill en nouvelle vedette de Broadway aux prises avec son ancien petit ami, un autre artiste qui ne parvient pas à la laisser partir. Le ton est léger, le film aussi. On retrouve le Curtiz des coulisses dans ce film, qui frappe par les moyens de la mise en scène, très fluide, et le rythme global, très enlevé. Pour le reste, ce sont des moyens gâchés, la vedette du film étant Frank Fay: on peut difficilement rêver d'un premier rôle plus antipathique.

 

A Soldier's Plaything (1930)

Drame, avec Ben Lyon et Harry Langdon. Chef opérateur : Barney McGill.

Le film a été tourné en deux versions; une en 35 mm, l’autre en Vitascope, le procédé Warner qui faisait concurrence aux autres procédés d’écran large utilisés à l’époque par Fox (« Grandeur », The big trail de Walsh, 1930), Paramount (Magnascope, Wings de Wellman, 1927) et MGM (Realife, Billy the kid, de Vidor, 1930). Tous seront mis au placard très vite, et il y des spéculations sur le fait que le film ait jamais été projeté dans ce format… quant à la participation de Langdon, elle donne bien entendu envie de voir ce film.

River's End (1930)

Film d’aventures inspiré de James Oliver Curwood, avec Charles Bickford, Evelyn Knapp et J. Farrell McDonald. Chef-opérateur: Robert Kurrle

Tourné en studio pour une grande part, le film se situe dans le grand nord Canadien, qui n’inspire Curtiz que pour les 20 premières minutes, qui voient trois hommes aux prises avec la mort. Le reste, l’histoire d’un homme qui a pris la place d’un autre et va devoir sacrifier son bonheur, laisse peu de place aux prouesses visuelles, en raison d’une tendance au dialogue lourd. Dès que McDonald disparait de l’écran, Bickford et surtout Knapp ont du mal à être naturels…

Dämon des Meeres - Version Allemande de Moby Dick (Lloyd Bacon)(1931)

Drame. Avec William Dieterle. Chef-opérateur: Sydney Hickox.

Unique version étrangère d’un film américain à laquelle ait participé Curtiz. Perdu?

God's Gift to Women (1931)

Comédie (musicale). Avec Frank Fay, Laura LaPlante, Joan Blondell, Louise Brooks. Chef-opérateur: Robert Kurrle.

Ne nous emballons pas : le casting féminin fait très envie, mais en particulier Louise Brooks a un rôle très restreint ici, étant à l’époque une has-been… Joan Blondell et Laura LaPlante, toutes deux supposées jouer l’adoration face à Frank Fay, sont sacrifiées sur l’autel de ce comédien, qui vient de tourner quelques films avec Curtiz, mais qui est particulièrement fade. Par ailleurs, ce film était une comédie musicale, avant de perdre une partie de son métrage : toutes les chansons ont été évacuées, la production ayant peur que le genre ne lasse le public. L’année suivante, heureusement, la Warner s’est ravisée. Pas Curtiz. De toute façon, cette comédie de marivaudage est lourde, et pas franchement drôle.

The Mad Genius (1931)

Drame. Avec John Barrymore, Marian Marsh. Chef-opérateur: Barney McGill

Avec ce film, on entre enfin dans un univers qui semble beaucoup plus convenir à Curtiz que les aimables comédies et les Musicals tièdes. La création du personnage de maître de ballet fou par John Barrymore, qui s’approprie ses danseuses et danseurs comme autant de créatures, vient bien sur dans le sillage de son Svengali, avec Marian Marsh, et le film de Curtiz reprend dans les grandes lignes le style du metteur en scène, qui trouve en cet artiste malade un premier cas intéressant de démiurge. Il s’y livre à des expériences sur le décor, entremêle à loisir le spectacle (Tout ce film se déroulant dans les coulisses d’une troupe de ballet) et la vie, et met tout son poids dans le personnage incarné par Barrymore, à tel point qu’on associe le plus souvent ce film certes baroque aux deux films d’horreur de Curtiz à la Warner dans les années 30, bien que le film ne possède aucune fibre vraiment fantastique… A part peut-être l'apparition brève de Boris Karloff.

The Woman from Monte Carlo (1931)

Drame. Avec Lil Dagover, Warren William, Walter Huston. Chef opérateur: Ernest Haller.

Une sombre histoire, dans ce film  intéressant à plus d’un titre : un capitaine de bateau (Huston) soupçonnant que sa femme (Dagover, bien sur) le trompe (Avec Warren William, évidement) va laisser perdre son navire, et les gens qui sont dessus. Errance, noirceur du destin, triangle amoureux tordu, et un meneur d’humains qui perd le nord… Tous ces thèmes ont bien sur des résonnances sur l’œuvre de Curtiz. On aime le mélange savant et baroque entre boulevard et romantisme, l'impeccable composition de Warren William. Lil Dagover, trop agée pour le rôle et mal à l'aise en Anglais, s'en sort plutôt bien; mais Curtiz est totalement dans son élément. Il passe sans aucun effort d'éléments de comédie épicée (Les marins qui regardent sous les jupes des femmes d'officiers qui montent sur le bateau), à l'action et au drame, sans oublier un procès chargé en tension...

Alias the Doctor (1932)

Drame. Avec Richard Barthelmess, Marian Marsh.Chef-opérateur: Barney McGill.

Ce film a été commencé par Bacon, mais celui-ci a été remplacé par Curtiz, qui lui a imprimé sa marque, sans pour autant réussir un grand film. La faute en incombe-t-elle à ce brave Barthelmess, toujours franchement mou ? L’atmosphère de cette Europe recréée dans ce drame de la rédemption d’un homme qui doit se battre pour avoir le droit d’exercer son art. Un sujet pourtant propre à intéresser Curtiz, mais celui-ci a du surtout s’intéresser à ses décors…

ANN+DVORAK,+LESLIE+FENTON+STRANGE+LOVE+OThe Strange Love of Molly Louvain (1932)

Drame. Avec Ann Dvorak, Lee Tracy, Richard Cromwell. Chef-opérateur: Robert Kurrle.

Dans ce petit film nerveux, mené par une Ann Dvorak énergique et émouvante, on suit avec intérêt la chute mélodramatique de la belle héroïne, puis son combat pour la rédemption. Un film marqué par le succès du film The front page, de Lewis Milestone, avec l’apparition de Lee Tracy en journaliste qui parle très vite. Un Curtiz essentiel, qui montre bien la patte du réalisateur dans le rythme, la peinture du monde moderne, et de ses turpitudes. un film, enfin, qui anticipe sur le film noir, avec une sacrée longueur d'avance...

 

doctor-x-madman.pngDoctor X (1932)

Film fantastique. Avec Fay Wray, Lee Tracy, Lionel Atwill. Chef-opérateur: Ray Rennahan. Entièrement en Technicolor.

Chef d’œuvre baroque, film ahurissant qui entremêle cannibalisme et utilisation douteuse de cadavres, perversion et amputation… Le Technicolor deux bandes inspire manifestement notre metteur en scène. Une chance qu’on ait retrouvé une copie couleurs toutefois…

 

Cabin in the Cotton (1932)

Drame Avec Richard Barthelmess, Bette Davis. Chef-opérateur: Barney McGill

Cet étrange classique n’a qu’un seul défaut, en la présence de Barthelmess. Sinon, l’histoire de rivalité entre les riches et les pauvres, sur fond de provocation sexuelle, est fascinante. Le personnage de Bette davis, et une de ses plus fameuses répliques, aussi. Par de nombreux aspects, on peut trouver ici des points communs avec une autre œuvre « sociale » ultérieure, Black fury.

 

Twenty Thousand Years in Sing Sing (1932)

Drame. Avec Spencer Tracy, Bette Davis. Chef-opérateur: Barney McGill

Superbe film que je me permettrai de qualifier de proto-noir, on y voit Spencer tracy payer à sing-Sing pour tous les crimes du monde. Une vision splendide du système carcéral, et un grand film tout de passion et de violence. …avec la jeune Bette Davis !!

 

The Mystery of the Wax Museum (1933)

Film fantastique. Avec Glenda Farrell, Fay Wray, Lionel Atwill. Chef-opérateur: Ray Rennahan. Entièrement en Technicolor.

Comme Doctor X, le Technicolor deux bandes est un argument de vente à lui tout seul, mais cette histoire horrifique, qui resservira, est un écrin plus raisonnable sans doute pour la gourmandise de Curtiz en matière de représentation de l’horreur; voilà un autre film dont on ne se lasse pas...

 

The Keyhole (1933)

Comédie. Avec George Brent, Kay Francis. Chef-opérateur: Barney McGill

Petite comédie charmante, et assez épicée. Curtiz s’amuse à mettre tout ce petit monde, en peine folie adultère, derrière le trou d’une serrure, et souligne par sa mise en scène le travail du détective joué par Brent. Kay Francis, forcément, est très bien aussi.

 

Private Detective 62 (1933)

Film d’aventures. Avec William Powell. Chef-opérateur: Tony Gaudio.

Ce film mené tambour battant est un véhicule pour le grand William Powell qui passe du film d'aventures improbables à la comédie avant de devenir un film policier plus classique… Distrayant, en effet.

 

Goodbye Again (1933)

Comédie. Avec Warren William, Joan Blondell. Chef-opérateur: George Barnes

Adaptation d’une pièce, avec Warren William en roue libre, et la fabuleuse Joan Blondell, dans un marivaudage pré-code sympathique en diable.

 

The Kennel Murder Case (1933)

Comédie policière. Avec William Powell, Mary Astor, Eugene Pallette. Chef-opérateur : William Rees.

Un crime improbable dans une vieille bâtisse Bourgeoise, un William Powell, une liste de suspects, une casting étendu, un flic bourru et ventru... tous ces clichés n’ont pas gêné Curtiz. Passant outre les pesanteurs de l'adaptation théâtrale, le metteur en scène, comme Hitchcock finalement, choisit d'innover partout, ne répétant jamais un angle de caméra, plaçant celle-ci de manière inattendue dans les endroits les plus improbables afin de continuellement varier ses compositions, et bien sur utilisant sa magie des ombres au moment ou Powell expose ses théories, accompagnées en flash back par une vision du meurtre: le criminel y est une ombre...

Female (1933)

Comédie. Avec Ruth Chatterton, George Brent. Chef-opérateur: Sydney Hickox.

Commencé par William Dieterle, le film a été fini par Curtiz, est pose un problème : faut-il le lui attribuer? après tout, il a été signé par lui, et porte souvent sa marque, tant thématiquement que dans l’impeccable réalisation. C’est sans doute le plus célèbre de ses films « pré-code » osés, avec Ruth Chatterton en patronne dynamique qui pratique la promotion canapé sur ses ingénieurs, avant de tomber sur un os : Un incorruptible, amoureux, et son égal…

Mandalay (1934)

Film d’aventures Avec Kay Francis, Ricardo Cortez. Chef-opérateur: Tony Gaudio.

Aventures exotiques menées tambour battant, le film fait la part belle à un érotisme léger et parfois canaille, qui n’est pas sans rappeler le cinéma Français de l’époque. Francis et Cortez sont deux aventuriers en fuite, mais Cortez est malhonnête dans l’âme, alors que Francis cherche la rédemption… Elle la trouvera, mais il y aura des morts…

British Agent (1934)

Film d’espionnage. Avec Leslie Howard et Kay Francis. Chef-opérateur : Ernest Haller

Le choix difficile entre le devoir et l’amour : l’agent Britannique du titre tombe en effet amoureux de son ennemie, l’espionne jouée par Kay Francis… Des choix impossibles, des pays en révolte, des foules sanguinaires… comment s’étonner que le metteur en scène soit inspiré quand on lui donne ses jouets préférés ?

Jimmy the Gent (1934)

Comédie Avec James Cagney, Bette Davis. Chef-opérateur: Ira H. Morgan.

Comédie dans laquelle James Cagney et Bette Davis se font concurrence sur le marché des agences matrimoniales. Ancien gangster, le personnage joué par Cagney ne recule devant rien, le film ne fait donc pas toujours dans la dentelle. Un film sur la débrouille, donc la crise, et sur les multiples opportunités offertes par le rêve Américain…

The Key (1934)

Drame. Avec William Powell. Chef opérateur: Ernest Haller.

Un rappel de British Agent, en mineur. Film un peu trop bavard, malgré la présence de ce bon William Powell…

Black Fury (1935)

Drame. Avec Paul Muni, Karen Morley. Chef opérateur: Byron Haskin.

Splendide film « social », traité de façon spectaculaire par un Curtiz en verve, qui reprend le flambeau social là ou l’avait laissé son propre Cabin in the cotton. Merveilleux film passionné, habité par un Paul Muni survolté, parfois trop, mais tant pis. A voir !

The Case of the Curious Bride (1935)

Comédie policière. Avec Warren William, Margaret Lindsay. Chef opérateur: David Abel.

Comme avec The Kennel Murder case, un film policier mené à vive allure, dans lequel, on le sait, un jeune acteur tasmanien fit ses débuts Américains. Bref, sans ce film très recommandable, pas de Captain Blood !!!

Annex%20-%20Davis,%20Bette%20(Front%20PaFront Page Woman (1935)

Comédie journalistique. Avec Bette Davis, George Brent. Chef-opérateur: Tony Gaudio.

Bette Davis en journaliste prête à tout, et qui doit se battre contre la concurrence, la police, l’humanité toute entière… ce type de comédie à la Front page était un genre à part entière… Sinon, un film qui nous rappelle, avec Female, Mandalay, Molly Louvain, ou même Mystery of the wax museum, que Curtiz est un cionéaste de femmes. Eh oui !

Little Big Shot (1935)

Comédie. Avec Sybil Jason, Robert Armstrong, Edward Everett Horton, Glenda Farrell. Chef-opérateur: Tony Gaudio.

Dernier arrêt avant Captain Blood, cette aimable petite comédie sans prétention ressemble à un premier balbutiement d’un futur genre souvent exploré par Curtiz (Imposé par la Warner ?) : la comédie familiale. Ici, elle tourne autour d’une compétente concurrente de Shirley Temple. Elle se retrouve flanquée de deux escrocs minables. Un film tendre, dans un contexte pourtant assez dur : le film, bien que pour toute la famille, est situé dans l’Amérique de 1935, et la débrouille est liée à la survie.

 

Au sortir de ce panorama, on peut bien sur estimer avoir du mal à cerner la personnalité de Curtiz ; elle est pourtant présente dans ces films, y compris les médiocres. Son génie de filmer, son style, appelez ça comme vous voulez, mais ces films pleins de vitalité nous réparent aux fêtes à venir, à Captain blood qui suivra, mais aussi à The adventures of Robin hood, Angels with dirty faces, ou encore Mildred Pierce, dont la mise en scène vient en droite file de ces fascinantes années de formation. Curtiz entre 1929 et 1935 a appris très vite à avoir le contrôle absolu sur la composition, le montage, le rythme, la dynamique sonore, le contenu des plans (une constante, les plans séquences en guise de master-shots, avec des douzaines de figurants, et une caméra qui nous montre tout le studio avant de foncer sur les acteurs… des plans impossibles à couper. Qu’importe : Curtiz montait comme John Ford, dans la caméra, et avait la réputation toujours comme Ford de ne filmer que le nécessaire. Sinon, il faut parler de sa petite manie des ombres. On constate que la plupart de ces films porteront cette particularité en guise de signature, ces petites scènes durant lesquelles le cinéaste passe par les ombres plutôt que les acteurs... on ne va pas pouvoir faire la même remarque de mauvaise foi que Lotte Eisner dans son ouvrage sur Murnau, qu'elle n'aimait guère, prétendant que ses innovations étaient dues à Karl Freund, son chef-opérateur sur Der Letzte Mann. Curtiz ne tournait pas avec le même chef-opérateur, on peut le voir, il y avait un sacré roulement. on remarquera quand même la présence du grand Tony Gaudio, et d'autres grands noms, tel le déja vétéran Byron Haskin, qui sera plus tard réalisateur, ou encore Georges Barnes, avant sa collaboration avec Hitchcock. Pour en finir avec ces ombres, si le metteur en scène avait déja un sens aigu du visuel en Europe, on le sait maintenant, cette fascinante caractéristique que tant d'historiens attribuent à "la formation Expressionniste de Curtiz" (Rudy Behlmer!!!!) est en fait née à la Warner. Le Michael Curtiz que j'admire tant y est né aussi.

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Published by François Massarelli - dans Michael Curtiz