Dans ce conte, la fille du père des neiges et de la fée printemps, prend une décision; le monde des mortels l'intéresse tellement qu'elle va les rejoindre... Mais elle va surtout flanquer une pagaille monumentale dans les coeurs, car en plus d'être un être féérique, elle est aussi fort jolie...
C'est un film en trois bobines, un format entre le court et le long métrage assez usité en Russie à l'époque: Bauer y recourait fréquemment pour des films qui ne dépassaient pas les 40 minutes... Mai on est loin des tragédies et drames sombres de la bourgeoisie Moscovite! Dans un décor hivernal, tourné en plein air, Starewitch tente une nouvelle incursion à l'écart de l'animation, n'ayant ici recours qu'à quelques transparences et surimpressions. Le résultat est charmant, sans plus: la guerre menaçait et la Russie s'y est engagée de plein fouet...
François Villon, vagabond, poète et bandit à ses heures, a détroussé en compagnie de son copain Colin deux moines, car ils avaient eux-mêmes donné tout leur argent à une famille dans le besoin. Ils sont jetés dans une oubliette, mais Colin aide Villon à s'échapper. Puis le héros assiste à l'exécution de son copain, et se venge sur un noble qui se moquait du défunt.
Désormais doté d'une armure, Villon va ensuite délivrer une jeune femme des griffes de son tuteur violent, et fera une rencontre déterminante en la personne du Roi Louis XI, qui justement l'admire...
A l'origine, c'était une série de quatre films de deux ou trois bobines, concoctés par Universal pour le public populaire. Ce n'est pas à proprement parler un film d'une grande originalité, et le jeu de Murdock McQuarrie (Villon) vient en droite ligne des histrions des débuts du cinéma. L'acteur était pourtant souvent employés pour jouer les héros, dans des westerns et des films d'aventure.
Mais le principal intérêt du film aujourd'hui n'est ni McQuarrie, ni même le personnage ou la légende de François Villon: dans le rôle du tuteur libidineux, silhouette massive et inquiétante, qui mourra d'une main justicière après quatre minutes de présence sur l'écran, c'est Lon Chaney, dans ce qui est son plus ancien film de long ou moyen métrage à avoir été sauvegardé. Et d'ailleurs, après By the sun's rays, réalisé la même année par le même Gyblin, réalisateur très peu notable, c'est le deuxième plus ancien film conservé de l'acteur.
L'expédition Australasienne vers le Pôle Sud part en fin 1911, sous la direction de Douglas Mawson: le caméraman Frank Hurley était du voyage et participera à à peu près toutes les ramifications de l'expédition, qui cherchait à cartographier un maximum de territoire, mais sera largement compliquée (et rallongée) par des accidents mortels à répétition...
Mais ce dont rend compte ce film, l'un des plus anciens longs métrages Australiens encore disponible, c'est beaucoup plus l'enchantement, l'exotisme même d'une telle expédition. Le voyage avec tout à coup une mer de glace; les colonies géantes de pingouins et de phoques, sans parler de la rencontre parfois compliquée de l'homme avec ces derniers: ce n'est pas forcément pacifique, ces grosses bêtes...
On regrettera que le film ait été taillé pour des circuits de conférence, et du coup adopte un montage parfois erratique, et est rendu assez plat par l'absence de tout commentaire via des intertitres... Montré en version inachevée à plusieurs reprises au public alors que les expéditions allaient se poursuivre, le long métrage a connu un montage chaotique. Mais Hurley avait été piqué par le virus: il allait retourner au Pôle Sud avec Shackleton...
Deux hommes rencontrent deux femmes, et tout devrait aller pour le mieux, mais... L'un d'entre eux se laisse aller avec d'autres aventures. L'une d'entre elles va le mener jusqu'à un duel fatal.
...Du moins si j'en crois les scènes conservées, qui sont en désordre dans la bobine préservée, l'unique vestige d'un film qui reste assez mystérieux, notamment dans le fait qu'il soit signé non d'un, mais de deux grands noms du cinéma muet Danois. Un pedigree bizarre pour ce film adapté de Schnitzler. Par ailleurs, l'image choisie pour illustrer cet article est générique, il n'y a aucune trace de cette esthétique dans les treize minutes du film qui existent encore.
Une troupe de cinéma (l'actrice Asta Nielsen, d'autres acteurs, et un caméraman) décident de partir pour les montagnes du nord de l'Italie, afin de capter sur le vif, les lieux qui son le théâtre des douteux exploits d'un redoutable gang de bandits, le gang Zapata. Une fois arrivés, ils se déguisent en bandits et se filment à terroriser la population. Seulement, d'une part la population n'envisage pas de se laisser faire, et d'autre part la vraie bande de Zapata, qui passait par là, leur ont volé leurs vêtements civils...
C'est après avoir tendu un miroir de mélodrame au cinéma qu'Asta Nielsen a décidé de le faire aussi avec la comédie. Sans doute fallait-il fournir, car ce film tourné en pleine montagne ressemble à s'y méprendre à un film vite fait pour peu de frais... Ce n'est pas complètement de la comédie, plutôt de la farce un peu grossière, mais elle permet au moins à Nielsen, avec j'imagine la complicité d'Urban Gad, d'affirmer sa prépondérance sur son équipe, mais aussi d'explorer un peu un thème qui reviendra chez elle: l'androgynie. Sous le costume de Zapata, elle a commis une action d'éclat en laissant partir une jeune femme, après lui avoir décoché un baiser en guise de clin d'oeil... Celle-ci est désormais amoureuse de "son" bandit; quand Asta Nielsen s'introduit chez elle pour y voler de la nourriture, elle se jette sur l'objet de ses désirs... Les désirs d'Asta/Hamlet, dans le film d'Heinz Schall et Svend Gade, seront nettement plus troubles.
1792: la Révolution Française s'installe dans la longueur, et la réaction ne se fait pas attendre. En Bretagne, l'abbé Cimourdain (Henry Krauss) s'est fait l'apôtre d'une politique d'avenir qui peine à trouver des fidèles: on commence à entendre parler de choses arrivées à Paris, qui ne plaisent pas dans l'Ouest... Mais Cimourdain réussit au moins à convaincre Gauvain de Lantenac (Paul Capellani), jeune vicomte un tant soit peu idéaliste, et les deux hommes vont se retrouver à Paris, engagés au plus près du coeur de la Révolution. De son côté, le Comte de Lantenac (Philippe Garnier) est parti en Angleterre, près de l'aristocratie exilée, et reçoit bientôt la mission de retourner en Bretagne pour fédérer la chouannerie derrière lui. Il trouvera face à lui deux hommes bien décidés à contrer ses plans, mais aux idées bien différentes: Cimourdain, aussi fanatique pour son camp que Lantenac pour le sien, et le neveu Gauvain, un héros de Valmy qui mène ses troupes avec coeur et ouverture d'esprit...
C'est un film qui devrait avoir tout de l'oeuvre maudite: tourné en 1914 et interrompu pendant le conflit, une période durant laquelle Capellani lui-même part aux Etats-Unis... Mais le film a été fini, sorti, et a survécu, même si on peut quand même s'interroger sur la façon dont il nous est souvent présenté: j'y reviendrai. Pour Capellani, qui a déjà réalisé un Notre-Dame de Paris (de petite taille, et assez oubliable, en 1911), et une adaptation ambitieuse des Misérables (en 1912), le retour à Hugo semble naturel, et il fait de Quatre-Vingt-Treize une adaptation modèle, linéaire, et idéologiquement personnelle: tout tourne ici autour de trois consciences, et l'ensemble des scènes du film nous montre la France de 1793 à l'heure du choix, mais ce n'est pas, seulement, un choix entre Révolution et Ancien Régime. Sous la plume de Victor Hugo, qui traque les justes et les salauds dans tous les camps, certes la balance penche fermement du côté de la révolution, mais il oppose le fanatique Cimourdain (qui devient avant longtemps un obsédé de la guillotine) aussi bien à Lantenac (qui se pare dans une cape pour fusiller tout ceux qui passent à sa portée et qui ne sont pas assez royalistes à son goût) qu'à Gauvain: ce dernier est le héros véritable du film, un homme qui tente d'avancer en respectant aussi bien l'ami que l'ennemi, et qui va se sacrifier pour sauver la peau d'un ennemi, justement...
Outre cet aspect, le film reste une production française d'avant 1915, un film qui ne subit que pu l'influence des Américains et d'autres. Capellani privilégie souvent des scènes en tableaux, comme on disait à l'époque, et une caméra à distance... Ce qui ne l'empêche pas, parcimonieusement, de s'approcher, comme dans une scène nocturne de rencontre entre deux hommes, deux amis: l'un a condamné l'autre à mort, et leur débat est le coeur du film. Alors la caméra, lentement, s'approche du fond de la scène pour recadrer les deux hommes. Là où Capellani a fait définitivement le bon choix, c'est dans le choix de ses deux interprètes principaux, Krauss, et sinon Paul, le petite frère du réalisateur; ils donnent à voir des personnages qui s'élèvent au -dessus des archétypes qu'ils auraient pu être. Certes, l'un comme l'autre tend à abuser des gestes grandiloquents, ces mains levées brusquement au ciel, et qui seront aussi souvent utilisées par les acteurs de Napoléon d'Abel Gance, soyons juste! Mais toute proportion gardées, les acteurs du film nous font vite comprendre que le véritable enjeu est dans la tête / l'âme / le coeur (choisissez votre version) de chacun...
Si occasionnellement, le réalisateur choisit de tourner en décors reconstruits (c'est le cas lors des séquences situées à Dol, où les décors trahissent assez volontiers le carton-pâte), il privilégie néanmoins des décors naturels et authentiques, et c'est d'autant plus visibles lors de l'arrivée de Lantenac sur les côtes Normandes: c'est bien le Mont-Saint-Michel à l'horizon. Le prologue situé entièrement en Bretagne est d'une grande véracité, et les scènes nombreuses dans les sous-bois font respirer le film: il est vrai que celui-ci dure plus de deux heures et quarante minutes! par contre, peu de scènes sont situées à Paris, ce qui n'est peut-être pas qu'un parti-pris: rappelez vous, le film n'a pas été achevé... Une scène relevée par Christine Leteux dans un article qu'elle a consacré au film, me paraît notable, elle concerne les trois grands noms de la révolution: Danton, Robespierre, Marat. La scène sera reprise et développée par Gance dans Napoléon...
Reste la question: qui a fini Quatre-Vingt-Treize? Le nom le plus souvent retenu est celui d'André Antoine, grand homme de théâtre, et metteur en scène proéminent en cette fin des années 10 à la S.C.A.G.L., la compagnie productrice du film, que Capellani avait quittée en 1914. C'est la version officielle, d'ailleurs, entretenue par des années de paperasserie, et une restauration définitive en 1985, qui entérinait qu'il s'agissait d'un "film d'Albert Capellani et André Antoine". Pourtant, et comme on n'est jamais si bien servi que par les spécialistes, je reviens à Christine Leteux, qui a fait plus que se pencher sur le cas de Capellani, elle lui a consacré un ouvrage (que je vous conseille*, au passage), dans lequel elle s'interroge ouvertement sur ce point: d'une part, Antoine n'était pas homme à partager un crédit. Et Antoine n'a jamais parlé d'une quelconque participation au film. D'autre part, si le film a été complété des années plus tard, quelles scènes sont concernées? Et à la vision du film, on peut en effet s'interroger: la cohérence entre toutes les scènes, le style cinématographique global, l'aspect physique des acteurs, il n'y a rien qui puissent trahir ce type d'intervention; comme par enchantement, la scène qui était en tournage au moment de la déclaration de guerre, qui a mis fin au tournage, était symboliquement la dernière du film.
On peut même imaginer que le film n'était pas fini, mais que la S.C.A.G.L. avait surtout besoin de trouver quelqu'un qui puisse prendre la responsabilité du montage final, et éventuellement d'ajouter du matériel neutre pour lier le tout: ainsi peut-on avancer sans aucun problème que la séquence qui ouvre et termine le film (deux mains qui ouvrent puis ferment le livre d'Hugo) est envisageable sous cette hypothèse. Et la restauration de 1985 fait apparaître des gravures et autre dessins qui servent d'intertitres, donnant à voir la politique Parisienne de l'époque: le grand manque du film. Ces éléments ne sont pas attribuables à Capellani... Mais sinon, le film ressemble à s'y méprendre à... un film de Capellani de 1914!
Et pas un petit film de rien du tout, ça non!
*Albert Capellani, cinéaste du romanesque, par Christine Leteux, éditions La Tour Verte, 2013. Préface de Kevin Brownlow
Ce film de Nino Oxilia, qui inaugure la période la plus importante de la carrière de Francesca Bertini est situé en France, sinon il aurait probablement été impossible de le situer dans la prude et très Catholique Italie de 1914: un divorce, des adultères, un suicide sur scène... La barque est bien chargée, la censure allait donc se déchaîner.
La Princesse de MontVallon (Francesca Bertini) , ou de Monte Cabello dans la version néérlandaise qui circule sur internet, a enfin la preuve que son mari a une aventure avec une comtesse volage... Elle lui fait une courte scène, mais ne peut se résoudre à abandonner son semblant de bonheur familial. Mais le Prince Consort, lui, ne se gêne absolument pas: il prend prétexte de la scène que lui a faite son épouse pour déclencher une procédure de séparation, puis de divorce. Puis, avec un coup de pouce de la comtesse, il obtient 'un juge que la princesse, dont la moralité est mise en doute après avoir été vue en compagnie d'un acteur, perde la garde de leur unique enfant. C'est la descente aux enfers...
Oxilia suit les aventures de la belle dame, et son tourment grandissant, en mettant beaucoup l'accent sur la perte de statut, et les soudaines barrières que le destin lui met dans son parcours: si le film réussit à se terminer, in extremis, par une fin heureuse, le metteur en scène auront malgré tout eu le temps de nous montrer, sous le soleil radieux de la méditerranée, les affres d'une vie entière de luxe et de volupté, qui tout à coup se dérobe sous les pas de l'héroïne. Francesca Bertini, qui joue des pieds à la tête, et de façon intense, le drame, est magistrale, et la mise en scène est toute de lumière, avec un sens aigu de la composition.
Nino Oxilia, mort d'une explosion dans une tranchée lors d'une bataille contre l'Autriche en 1917, était un très grand nmo des jeunes années du cinéma Italien... On appréciera ce film en particulier pour cette façon impressionnante qu'il a ici de cadrer Francesca Bertini, de penser la mise en scène en fonction à la fois des lumières, du cadre et du corps de la star, sans parler de son utilisation constamment symbolique et géniale du décor...
Ce n'est sans doute pas le meilleur des dix films consacrés à l'époque du muet à une adaptation du roman historique (malgré lui) de Harriet Beecher Stowe, mais cette version possède au moins l'avantage d'avoir survécu presque en intégralité. Elle nous permet de voir ce qu'une équipe, à l'époque où le long métrage en venait à s'installer dans le paysage cinématographique Américain, pouvait faire avec ce matériau qui avait déjà servi au moins cinq fois...
Une première surprise nous attend: si on a vu le film de Blackton de 1910, on y a vu un Uncle Tom blanc déguisé en noir, de quoi donner de l'urticaire à plus d'un spectateur! mais ici, la bonne idée a été de confier, enfin, le rôle nominatif à un noir, l'acteur Sam Lucas, qui s'acquitte avec une certaine subtilité d'un rôle ô combien ingrat. Il n'est pas le seul acteur noir, mais tous les rôles de premier plan en revanche, qu'il soient noirs ou blancs, sont interprétés par des blancs déguisés. Le film adopte l'inévitable racisme bien lourd du roman, qui fait avec insistance la distinction systématique entre les esclaves selon leur degré de négritude, et nous propose les deux parties, l'une consacrée à Eliza (la gouvernante dont le maître est forcé de vendre le fils, et qui prend la fuite), mais hélas l'épisode fameux entre tous de la fuite dans glaces, est ici préservé uniquement sur une copie 8 mm, et il est difficile d'y voir quelque chose; sinon, la deuxième partie nous montre le parcours de Tom, et sa relation privilégiée avec ses nouveaux maîtres, avant sa "chute" chez Simon Legree.
Le film est souvent terne et très moyen, malgré quelques rares moments notables: des épisodes dramatiques relevé par un cadrage inventif, comme cette soudaine intrusion, au premier plan, d'une main qui tient une arme, ou encore la bonne idée de filmer l'arrivée dramatique de l'oncle Tom dans sa nouvelle plantation, depuis l'intérieur des baraquements. Pour le reste, l'équipe ne se distingue pas outre mesure... Il est très probable qu'à l'instar de Tim Lucas, qui avait passé sa vie à interpréter le personnage de Tom sur scène, les acteurs étaient tous des spécialistes chevronnés de la pièce. Notons toutefois qu'on y retrouve Irving Cummings, futur cinéaste, dans le rôle du mari d'Eliza.
Adaptée d'une pièce de Richard Oswald, cette antiquité s'efforce de ne pas vraiment raconter l'intrigue du meilleur (c'est en tout cas mon avis) roman de Conan Doyle, au profit de péripéties dignes du serial: Holmes apprend que cette sombre affaire qui ne l'intéresse que moyennement a été en fait prise en charge par un homme qui prétend justement être Sherlock Holmes, des séquences qui se terminent dans des trappes, des conduits mystérieux, des coups de théâtre en carton-pâte...
Le cinéma Allemand se cherchait et Meinert apportait sa pierre l'édifice: un film idiot, aussi anglais qu'un couple de touristes habillés en Tyrolien dans les alpes suisses. Watson y est une commodité sur environ huit secondes de pellicule, Holmes ressemble à l'inspecteur Lohmann de Fritz Lang, et la seule qualité de ce film est d'avoir offert une carrière de cinéaste à l'auteur de la pièce: quand le succès de ce très médiocre film d'aventures a poussé les studios à créer une série de suites, Oswald en a réalisé deux...
...avant de devenir un des francs-tireurs du cinéma Allemand, et de retourner sur les lieux de son crime en 1929, pour une deuxième version autrement plus satisfaisante.
Une fois indépendant, Griffith a commencé à réaliser systématiquement des longs métrages, de 6 bobines pour commencer, qui se sont succédé jusqu'à l'été. Le dernier d'entre eux, après les expériences deHome sweet home(film à sketches) et Battle of the sexes(adaptation de pièce de théâtre) est aussi un film bien curieux. Inspiré de Edgar Poe, un auteur éminemment Américain auquel le metteur en scène vouera longtemps un culte, le film se situe pourtant dans l'Amérique contemporaine, et plutôt que d'adapter un récit ou un poème précis, Griffith a amalgamé un certain nombre d'événements tirés de divers contes, nouvelles et poèmes. L'histoire est celle d'un enfant gâté par son tuteur et qui, devenu adulte, ne supporte pas que celui-ci lui refuse d'épouser celle qu'il aime. Pris de dépit, il l'assassine et emmure soigneusement le cadavre, et devra ensuite être tourmenté par sa conscience, par un détective un peu trop malin, et par un maître-chanteur Italien.
Les acteurs sont tous tirés de la troupe de Griffith, et à l'exception de Blanche sweet (Qui n' a pas grand-chose à faire ici, hélas) se retrouveront dans le film suivant: Walthall est le héros, assez convaincant. Spottiswoode Aitken joue l'oncle, affublé d'un bandeau sur l'oeil. Ralph Lewis est le détective, et George Siegmann l'Italien (forcément louche, un navrant signe des temps). Quant à Mae Marsh et Bobby Harron, Griffith les a placés pour un intermède comique qui ne s'intègre pas très bien à l'ensemble. Le résultat est, disons, bizarre, mais pas sans qualités: l'idée d'intégrer des éléments d'horreur dans un drame bourgeois donne lieu à une série de surimpressions, trois ans avantThe whispering Chorusde DeMille, qui sont moins virtuoses, mais bien dosées: Bitzer a bien relevé le défi ici. Griffith utilise à merveille le montage, c'est bien connu, et on n'est pas déçu: les scènes spectaculaires intègrent de façon dynamique des gros plans qui relaient efficacement le suspense: outre un gros plan des yeux de Walthall torturé par la culpabilité (Il voit partout le fantôme de son vieil oncle), il y a aussi utilisation de plans des pieds d'un personnage pour souligner la nervosité, etc... Griffith fait mêmejouerpour un plan les mains de Lewis et Walthall, avec un effet de précision. C'est, bien sur, dans les deux dernières bobines que le feu Griffithien se déchaîne: montage parallèle, élargissement du cadre, accélération de l'action, meurtre, morts violentes, suicide... (Pas de train, par contre!) Honnêtement, l'attente est un peu longue, mais elle en vaut la peine...
Certes, Griffith se cherche encore en 1914, mais le film, s'il est souvent gauche, est une bonne surprise: on n'attendait pas vraiment Griffith sur le terrain du fantastique, et il ne s'en tire pas si mal. Et puis, avant de devoir se replonger dans le tumulte et la salissure du film suivant, The Birth of a Nation, ce petit conte est assez ravigorant.