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14 février 2022 1 14 /02 /février /2022 13:28

Schenstrom et Madsen ont trouvé un coin de paradis, une plage sur laquelle ils essayent de séduire des baigneuses... Ils se font une amie, Mona, dont ils sont tous deux amoureux. Mais ils sont rattrapés par le service mirlitaire! Sommés de rejoindre leur base, ils vont se retrouver en cantonnement dans une ferme qui est tenue... par la tante de Mona:le monde est petit...

Ca manquait, sans doute, à leur panoplie: ceux qu'on connaît ici sous le nom de Doublepatte et Patachon ont, en effet, été minotiers, artificiers, acteurs, politiciens, photographes, vagabonds, maîtres de danse, voire Quichotte et Panza, mais jamais soldats, à une époque où a tradition du comique troupier était encore vivace: la même année, Maurice Tourneur sortait Les gaietés de l'escadron d'après Courteline... Mais ce n'est pas le meilleur du film, pourtant. 

Non, le meilleur ce sont les dix premières minutes, qui voient les deux héros rivaliser d'ingéniosité bizarre pour se faire une place sur le sable: cet univers reste celui auquel ils revenaient toujours, avec Lau Lauritzen qui reste de toute évidence le meilleur metteur en scène qui ait pu travailler avec eux, ou en tout cas celui qui les comprenait le mieux, leur laissait mener leurs personnages à leur guise, et ne cherchait pas à les diriger plus que nécessaire...

Ce film très moyen est le dernier muet du trio, un film muet tardif: seuls quelques pays, à l'est de l'Europe (l'URSS, la chine et le Japon notamment) pratiquaient encore l'art de la pantomime au cinéma. Et comme d'autres, Carl Schenstrom et Harald Madsen vont être à jamais assimilé à cette merveilleuse période du cinéma mondial. Y compris avec des films parfois médiocres, ce qui st clairement le cas de ce long métrage...

 

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Published by François Massarelli - dans Lau Lauritzen Muet 1932 Comédie Schenström & Madsen *
23 décembre 2021 4 23 /12 /décembre /2021 09:02

Horino (Ureo Agawa) est un étudiant qu'on ne qualifiera pas de modèle. Sans doute la perspective inéluctable de reprendre à l'avenir l'entreprise familiale florissante joue-t-elle un rôle dans ce laisser-aller... Avec ses copains qui ont moins de chance, il passe du temps à la petite pâtisserie à côté de l'université, où travaille la belle Oshige (Kinuyo Tanaka), qui est tellement plus intéressante que toutes les candidates au mariage arrangé que lui propose son père; des liaisons qu'il sabote d'ailleurs consciencieusement par un comportement irresponsable, tout comme ses études. Mais le père meurt et tout va changer...

Le titre est clair: une fois passé à la vie d'adulte, finie la rigolade! Du mois partiellement, parce que dans un premier temps, Horino maintient fermement un contact inchangé avec ses copains de l'université, au point de les embaucher en leur donnant les réponses du test d'entrée! Mais même excentrique, c'est le patron et on est au Japon, et le message d'Ozu est clair: il s'attaque ici au poids des convenances, sous couvert d'une aimable comédie autour de la nostalgie estudiantine (un thème souvent présent dans son oeuvre, au passage)...

Une comédie? Sur le papier et officiellement, oui, bien sûr, mais la comédie s'effrite vite: le premier coup qui lui est porté est bien sûr la mort du père, une scène troublante: quand on le lui dit, Horino ne semble pas réaliser; il est en plein examen, sort de la salle, et croise Oshige avec laquelle il échange quelques mots. Arrivé chez lui, il se rend vraiment compte que son père va mourir, et le film bascule... Tout en ménageant quelques scènes inspirées directement des personnages les plus pro-actifs de Harold Lloyd, son idole, Ozu assène sa vision très critique des effets de la hiérarchie et de la réalité socio-économique du Japon patriarcal, et même une fin en douceur finit par être bien plus amère que douce...

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Published by François Massarelli - dans Yasujiro Ozu Muet 1932 *
11 décembre 2021 6 11 /12 /décembre /2021 11:51

Deux jeunes garçons, les deux enfants d’une famille qui vient de s’installer dans la banlieue de Tokyo, affrontent leur quartier, devant s’affirmer devant une bande de petits voyous qui les menacent de représailles s’ils osent se rendre à l’école… Il va leur être dur de s’imposer. Mais pendant ce temps, nous suivons les efforts du père (Tatsuo Saito) pour s’imposer également, lui qui a le but de devenir le bras droit de son patron, et ne recule devant aucune opportunité pour attendre ce but…

C’est l’un des plus connus sinon LE plus connu, des films muets d’Ozu : une épure aussi, un de ces films que le réalisateur refera dans les années 50, car le mélange de chronique du quotidien et de poignante critique sociale fait mouche sans aucun effort apparent, se reposant pour commencer sur deux personnages formidables : parfaitement dirigés, totalement complémentaires (leurs gestes sont aussi naturels que simultanés), les deux garçons fournissent un fil rouge totalement séduisant, avec leurs histoires de bagarres, de défis à la noix (gober un œuf de moineau en classe) et les anecdotes autour de leur intégration, de plus en plus inéluctable.

Le titre français ne traduit pas vraiment l'original, qui correspond à toute une série de films du metteur en scène qui se terminent en "mais" avec des points de suspension. Je suis né, mais... est autrement plus amer que le fonctionnel mais générique Gosses de Tokyo, et laisse entendre que la vie ne sera pas facile...

Tatsuo Saito, souvent clown en chef dans les films d’Ozu, a un rôle intéressant ici, en père plus préoccupé par son propre avancement que par les frasques de ses deux galopins, mais il est à la source d’une scène formidable : les deux garçons sont invités par le fils du patron, qui a lui-même invité ses employés à regarder les films amateurs qu’il a tournés. Sur l’écran, les deux garçons qui ont une image sanctifiée et assez autoritaire de leur père le découvrent tout à coup en boute-en-train avide de devenir le préféré de son supérieur, et commencent à douter de leur envie de « réussir à l’école pour devenir quelqu’un d’important », comme on le leur serine en permanence…

Avec ses deux anti-héros de la débrouille, qui affrontent l’enfer de l’enfance avec élégance et la main près des fesses (qu’ils se grattent en permanence !), cette comédie douce-amère est un joyau.

 

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Published by François Massarelli - dans 1932 Muet Yasujiro Ozu Comédie *
28 avril 2011 4 28 /04 /avril /2011 15:55

Le deuxième film muet conservé de Naruse commence avec dynamisme, en pleine rue, par les aventures de deux personnages secondaires, qui ont une petite escroquerie: l'un vole des portefeuilles, et les refile en douce à l'autre, bien habillé, et difficilement soupçonnable, qui semble n'être qu'un passant de plus. mais on passe très vite à autre chose après avoir fait la connaissance de ces deux fripouilles: ils se rendent en effet au port pour accueillir la soeur de l'un d'entre eux, la star Japonaise Tamae, qui revient au pays après 6 ans d'absences, riche. celle-ci revient en particulier pour retrouver sa fille, Shingeko, qu'elle a abandonnée avec son mari. a nouveau, Naruse change de cap, et nous amène auprès de cette dernière, qui vit avec son père, mais aussi la nouvelle épouse de celui-ci (qu'elle appelle maman) et la grand-mère: c'est le drame, la banqueroute menace, et le père de Shingeko n'a plus de ressources. La grand-mère fait un scandale, absolument pas résolue à vivre dans la pauvreté. quand son fils est amené en prison, sans doute pour y éponger des dettes, la vieille dame prend la décision d'amener la petite chez sa vraie mère, afin de retourner dans le luxe; de son coté, Masako la nouvelle épouse mène l'enquête, aidée d'un ami de la famille, afin de retrouver celle qu'elle a élevé...

 

http://storage.canalblog.com/96/16/110219/53085863.pngLe lien du sang contre l'éducation: le combat est clair, et à l'exception du voisin un peu baroudeur, au sourire si figé, et aux apparitions si opportunes, le drame reste circonscrit dans les rapports entre les femmes; celles-ci sont au nombre de quatre finalement, parce que Shingeko n'est pas que l'objet de toutes les convoitises et de tous les sales coups, elle a son mot à dire, et le dit souvent : elle aime sa maman, c'est-à-dire la seule qu'elle ait jamais connue... Naruse nous maintient en haleine dans cette lutte située du reste en dehors du droit et de la loi. Son montage, comme de juste, est d'un grand dynamisme, et il aime à donner plus de punch à ses scènes muettes en faisant intervenir des mouvements d'appareil vers les actrices, qui soulignent soudain le drame sur les visages. les deux principales protagonistes, Masako et Kiruko-Tamae, sont différentes non seulement par l'âge (Tamae a facilement dix ans de plus) et le style vestimentaire (Tamae revient des USA, ) Naruse les fait jouer à l'opposé, usant de la mobilité du visage de Yoshiko Okoda (Tamae) et de la détermination froide affichée par yukiko Tsukuba (Masako). surtout, il les unit par le simple fait qu'elle veulent la même chose. C'est entre elles que tout se joue.

 

Des femmes unies ou opposées par des circonstances exceptionnelles, on reverra bien sur ça chez Naruse, avec moins de mélodrame, plus de réalisme, même si le réalisateur filme déjà dans ces décors urbains qui reviendront de film en film, et se feront toujours plus l'écho à la fois de la grande détresse des petites gens après la guerre, mais aussi de leur admirable capacité à survivre... Il ne fait pas vraiment son choix entre les deux femmes, mais laisse l'une d'entre elles gagner le combat pour un happy end en demi-teintes...

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Published by François Massarelli - dans Mikio Naruse Muet 1932 *