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31 octobre 2021 7 31 /10 /octobre /2021 12:01

Comment juger un film comme celui-ci? Disons que, comme tous les films de la saga, mais à des degrés bien différents, Moonraker est totalement tributaire de son contexte: d'un côté, les genres cinématographiques sont dominés par la science-fiction post- Star wars; de l'autre, le film précédent a été un triomphe, que la production va vouloir retrouver coûte que coûte. De là à penser qu'il y a eu précipitation, c'est évident. De là à admettre que toutes les interventions de Jaws, l'homme-dents (Richard Kiel) qui passe son temps à apparaître sans la moindre logique, sont purement motivées par le fait qu'il a été très apprécié du public (incidemment, la production a tout prévu puisqu'on apprend à la fin qu'il n'est pas mort, des fois que)... 

Les faits: une navette spatiale de type Moonraker a disparu parce que le constructeur a décidé d'implanter une race de seigneurs sur terre, c'est ce que j'ai trouvé de plus court comme résumé...

Quelques séquences sportives, beaucoup de gags et pas des plus fins, de la drague option beauferie généralisée, une tendance de la mode à faire dans le sérieusement laid (c'est 1979, que voulez-vous), des allusions plus ou moins fines à des films de l'époque (le carillon de Close encounters, pas une mais trois fois) et quarante minutes dans l'espace qui sont aussi mal foutues que, au hasard, The adventurers de Lewis Gilbert. Ceci explique cela...

Devant tant de bon goût accumulé, je n'ai pas résisté à ressortir une affiche d'époque. C'est cruel, mais ça en valait la peine...

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Published by François Massarelli - dans Navets Science-fiction Bond
25 octobre 2021 1 25 /10 /octobre /2021 08:04

Le jeune James Bond (Daniel Craig) infiltre une partie de poker de haute voltige afin de pouvoir entraîner la chute d'un financier interlope, l'ambigu Le Chiffre (Mads Mikkelsen)... Mais celui-ci est sous la coupe de gens encore plus tordus que lui, et la situation se complique pour Bond et Vesper Lynd (Eva Green) la comptable employée par le MI-6 pour l'assister... D'autant qu'ils sont tous les deux tombés réciproquement amoureux.

Vous avez bien lu: je me suis efforcé de fournir, cette fois, un synopsis, certes succinct, pour un James Bond. Non que ce soit l'élément le plus intéressant, pas plus cette fois-ci que les autres, mais parce que ça nous permettra d'éclairer certains aspects du film qui en font l'un des meilleurs de la série... Et même plus: je pense qu'on peut aller vers Casino Royale comme vers n'importe quel film, en ignorant absolument tout de ce qui fait le mythe, la saveur, ou éventuellement les éléments récurrents-irritants de cette franchise vénérable...

On y perdrait quelques gags au change, remarquez, puisqu'il s'agit d'un reboot, soit un retour en arrière pour recommencer en effaçant de la saga ce qui précède: les scénaristes se sont amusés à truffer le film d'allusions à tout ce qui a fait l'univers des 21 films qui ont précédé, notamment ces petits détails: les types de boisson consommées par les divers Bond (ce ne sont pas forcément les mêmes. Parmi les allusions, ma préférée reste le moment où Bond demande un Vodka-Martini, et quand on lui demande si ce doit être "Shaken or stirred", il répond que ça n'a aucune importance... Sinon, bien sûr, il va se débrouiller pour rouler au volant d'une Aston Martin! ...What else? Et si le film fait, comme Die another day, allusion à une scène sensuelle de Dr No, il le fait en inversant cette fois le rôle et la nudité: c'est Daniel Craig qui sort de l'eau, et non Ursula Andress...

Mais une fois de plus, dans ce film plus que soigné, ce n'est pas ce qui revêt de l'importance. Il faut croire que le fait qu'un Bond tombe amoureux, en revanche, jour un rôle de premier plan dans la réussite d'un film, puisque la seule autre fois, c'était dans le (parfois gentiment foutraque voire psychédélique) meilleur film de la série à mes yeux, On her majesty's secret service. Mais contrairement à ce qui s'est passé pour George Lazenby avec Diana Rigg, Bond et Vesper Lynd vont filer le parfait amour et même consommer allègrement leur union, entament vers le dernier tiers du film une vie de couple à Venise... Sans tomber dans le ridicule; et Eva Green et Daniel Craig forment un couple non seulement d'une classe folle, mais qui plus est tout à fait crédible. Ajoutons qu'il sont égaux, même si l'un d'entre eux a un peu plus de familiarité avec la violence extrême de la vie d'aventurier!

C'est sans doute l'autre aspect le plus intéressant d'ailleurs: car au-delà du métier indéniable de Martin Campbell, routier du film d'aventure, qui est déjà passé par la case Bond en se permettant de tourner un des films avec Pierce Brosnan qui reste regardable, ce qui n'est déjà pas si mal (GoldenEye en 1995), le film est aussi l'occasion de se pencher sur le rapport de Bond à a violence, en même temps que tout ce qui fait le personnage et son métier: car dans la première séquence, d'ailleurs filmée dans un noir et blanc bien sec, on apprend que le jeune agent n'est pas encore un 00. Ce qui sera bientôt chose faite... Mais le film justement est entièrement une réflexion sur la violence et ce qui rend le fait d'être un agent secret, parfois, un sale métier. Au moment de sa deuxième occasion de tuer un homme (un agent double qui a fauté et trahi M), il admet que la deuxième fois, c'est plus facile... Mais ça ne l'est pas: comme le disait déjà Hitchcock dans Torn Curtain, tuer un homme, c'est ardu, physiquement et moralement épuisant. Du début à la fin, Bond-Craig donne clairement l'impression de chèrement se dépenser, et ça se voit... Et même, il partage cette difficulté avec Vesper, achevant de sceller leur étrange couple. Mais la violence de cette profession, et son exercice, deviennent du même coup le sujet réel du film.

Ajoutons que cette redéfinition passe également par le fait d'étoffer un peu la direction incarnée par M (Judi Dench), qui se voit dotée d'un lien quasiment maternel avec Bond qui lui en fait, bien sûr, voir de toutes les couleurs. Exit donc les gadgets et le folklore d'un autre âge: Q a de toutes façons disparu de la franchise, mais Moneypenny aussi. Dans le cadre d'une aventure de James Bond, leur lien reposant sur tant d'années à jouer au chat et à la souris n'aurait de toutes façons aucun sens.

Mais tout ceci ne dévoile sans doute pas toutes les ficelles d'un film réussi, et c'est sans doute ce qui finit pas faire totalement le charme de Casino Royale: cette impression d'avoir enfin, pour une fois peut-être et la dernière fois certainement, échappé à toutes les sales manies de la franchise... La dernière fois bien sûr, car du coup, Martin Campbell, Daniel Craig et tous les autres (au fait, TOUTE l'interprétation est fantastique) ont créé d'autres petites manies qui ne manqueront pas de revenir à la charge dans tous les films suivants. Rien que pour prouver ce que j'avance, rappelons que comme pour Diamonds are forever, un navet cosmique qui suivait On her majesty's secret service, ce royl Casino Royale est suivi pour sa part de Quantum of solace, un film qui est aussi con et inutile que son titre ridicule. 

 

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Published by François Massarelli - dans Bond
10 août 2021 2 10 /08 /août /2021 11:45

James Bond doit aider un général Soviétique à passer à l'ouest, et tout se passe comme prévu... Sauf que le général est enlevé à nouveau. Un coup du KGB, ou d'une autre puissance?

J'ai essayé de réduire l'intrigue de ce film à sa plus simple expression, mais ce texte reste encore trop long... Disons que cette fois, pourtant, l'histoire se suit relativement bien, et accumule les surprises, les bonnes, qui plus est: d'une part, le "nouveau" party boy, Timothy Dalton, qui allait s'en prendre plein la figure de toute part, est assez convaincant, dans l'ensemble. Moins vieux (il doit bien avoir 48 ans de moins que lui) que Roger Moore, il retrouve à la fois l'énergie et le physique d'un "jeune" Bond, tout en ayant une certaine fragilité. Il est aussi, avant le nihilisme robotique affiché par Pierce Brosnan, et après le jean-foutisme aboslu de Moore, un Bond ombrageux, qui commence ici à manifester comme un sentiment d'à quoi bon qui va culminer avec le film suivant...

Et pour cause: l'intrigue avec ses colonels soviétiques et ses services secrets britanniques perdus devant une situation qui les dépasse, fait la part belle à la redistribution des cartes qui était en cours dans le monde en 1987, alors que l'URSS de Gorbatchev pratiquait une détente dont on ne savait pas trop quoi faire, et que l'encouragement des Etats-Unis Reaganiens au business avant tout menait effectivement à des situations inédites: ici, l'un des protagonistes est un marchand d'armes tout ce qu'il y a de plus légitime, même si ses méthodes sont mafieuses; Bond, d'ailleurs, prend parti, en aidant objectivement des Moudjahidines dans une bataille contre l'envahisseur Russe, comme si l'espion ou la famille Broccoli avait compris que c'était là-bas que l'avenir du monde allait se jouer...

Mais n'imaginons pas des choses au-delà du raisonnable, c'est un James Bond, et la réalisation est soignée: il y a un pré-générique excitant, un générique de Maurice Binder, des paysages et des cartes postales, des évasions et sauvetages de dernière minute (dont un sur un étui de violoncelle Stradivarius) et bien sûr une présence féminine qui en prend un peu pour son grade: palpage du fessier de cette pauvre Moneypenny (à quand un spin-off, Moneypenny 008) dans lequel elle mettrait la pile à tous les phallocrates?), et une jeune première compétente, mais dont le Bond aux sourcils circonspects passe son temps à protéger les arrières pour souligner qu'elle n'est qu'une innocente et pauvre créature. Je sais, "autre temps...". Mais ce film, pour résumer, ne mérite absolument pas sa mauvaise réputation, il serait même, je pense, parmi les meilleurs que j'aie vus... Il a même une rareté, un méchant fichtrement sympathique... C'est Jeroen Krabbe, parce que j'adore spoiler.

 

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Published by François Massarelli - dans Bond
22 novembre 2020 7 22 /11 /novembre /2020 16:43

Essayons d'épurer l'intrigue: Bond est engagé dans une machination orchestrée par des méchants avides d'argent, en même temps qu'une espionne Soviétique, pour récupérer un MacGuffinoff. 

Je pense qu'il n'y a rien à ajouter: c'est le deuxième film de la franchise et  Young fait un travail en tous points excellents, profitant d'avoir campé l'essentiel de l'univers de son héros dans le premier film, il ne perd pas de temps, et ce deuxième effort ressemble pour l'équipe à une promenade de santé. En ces jeunes années de l'ère Sean Connery, les films de Bond ne sont pas encore tombés dans la routine systématique, et peuvent encore surprendre...

Profondément distrayant, suprêmement soigné à commencer par le montage, avec des interprétations solides (en particulier Pedro Armendariz dont c'est le dernier film, mais aussi on appréciera Robert Shaw en gros méchant qui nous est astucieusement décliné au compte-goutte avant de vraiment faire son apparition, ou encore Lotte Lenya en espionne d'une autre ère. Et Daniela Bianchi, en espionne Russe, se défend plutôt elle aussi...

Et puis on ne peut s'empêcher de penser à Hitchcock: quand il a dit que la saga James Bond lui devait beaucoup, c'est sûr qu'il pensait à ce film. Le couple Bond-Tatiana, en amants dans un train, la rencontre en terrain désertique avec un engin volant (un hélicoptère cette fois)... l'équipe aurait-elle vu North by northwest?

 

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Published by François Massarelli - dans Bond
1 septembre 2019 7 01 /09 /septembre /2019 10:08

En 1983, ça faisait combien d'années que l'équipe qui produit les Bond luttait pour la crédibilité de leur franchise? Sans doute depuis l'abandon du rôle par Sean Connery, la première fois... Et malgré des succès notables, Octopussy trahit une fois de plus une certaine incertitude.

Il y a trois ingrédients principaux qu'on peut répertorier dans les sept films interprétés par Roger Moore: un touche humoristique qui serait d'une infinie lourdeur si elle n'était véhiculée par l'acteur qui jouait Brett Sinclair, avec un dandysme pas très éloigné de celui d'un Cary Grant, d'abord. Ensuite, une perméabilité aux modes du moment, aux gadgets les plus bizarres et aux idées saugrenues (ici, un déguisement de clown, voire de crocodile, voire le fessier factice d'un cheval font tout ce qu'ils peuvent pour entrer en concurrence avec la pire des idées de saison que les Broccoli et consorts aient jamais eue: Moonraker) qui peut parfois plomber sérieusement les films. C'est surtout la deuxième partie d'Octopussy qui s'en alourdit. Enfin, l'inévitable action à la Bond, man-to-man, les orteils crispés dans les mocassins, le grand corps élancé en contrôle sur la rampe d'escalier... C'est la part de John Glen, qui n'aimait pas les gadgets...

Pour le reste, on peut argumenter que c'est un film soigné, on hésite à dire "distrayant", dans la mesure où c'est quasiment une évidence, même si parfois (Spectre, Moonraker, Diamonds are forever), c'est totalement raté... L'intrigue, durant le premier tiers, arrive presque à se laisser suivre avec un McGuffin plus qu'acceptable (des oeufs de Fabergé), mais... Le tiers final, en fait trop, beaucoup trop: ces clowns, ces acrobates, quand même: ça vire au n'importe quoi. Moore, impeccablement, se grime en clown et fait des bras d'honneurs: j'imagine que dans la mesure où le chèque venait... Sinon, signe des temps Reaganiens, l'ennemi est ici Russe. Pas le gouvernement, non, un mirlitaire auto-investi d'une mission... Bah.

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Published by François Massarelli - dans Bond
26 août 2019 1 26 /08 /août /2019 18:20

John Glen est l'ancien assistant du réalisateur Peter Hunt, auteur de l'impeccable On her majesty's secret service. Et le pré-générique de ce film, qui est le premier que Glen ait pris en charge tout seul, est un clin d'oeil à l'amour de l'agent secret pour la belle Teresa, une façon après Moonraker de remettre les pendules à l'heure, et Bond au milieu de sa propre saga, qui prenait l'eau depuis quelques temps...

D'ailleurs, je pense que Roger Moore devait lui aussi en avoir un peu marre, de ces gadgets qui prennent toute la place. C'est l'une des raisons pour lesquelles il n'y en a tout simplement pas dans ce film, qui propose de l'aventure à l'ancienne. Et si on remarque de Moore est moins au centre de l'action qu'il ne l'a jamais été auparavant (l'âge de l'acteur est d'ailleurs visible), il est suffisamment bien entouré pour que ce ne soit pas un drame...

Donc on a un mcguffin (que j'ai déjà oublié) dont on souligne d'ailleurs l'inutilité à la fin, des alliances inattendues, des rencontres en chemin avec de elles aventurières pas trop farouches, une adolescente saute-au-paf que Bond saura respecter, deurx trois sous-entendus dont un particulièrement salace, dû à Miss Moneypenny, de beaux paysages et un grand paquet de scènes montagnardes et sous-marines... Toute la panoplie, quoi: c'est plaisant, c'est simple, a ne se prend pas trop au sérieux et Carole Bouquet réussit à participer efficacement au film, au-delà du risque d'être une plante verte de luxe...

 

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Published by François Massarelli - dans Bond
1 juillet 2019 1 01 /07 /juillet /2019 15:52

Bond a des malédictions, je pense: prenez Tracy, par exemple: pendant longtemps, elle a été le fantôme de la femme parfaite, celle qui a plu à James Bond au point de l'épouser, sans passer par le lit d'abord... Elle avait fini sous les balles de Blofeld qui était très énervé ce jour-là...

Blofeld: le nom est lâché. C'est ici que l'on peut se souvenir d'une autre malédiction, celle du méchant qui refuse de ne pas revenir, et qui finira ejecté d'un hélicoptère. Entre temps, Blofeld aura traversé plusieurs séries de films James Bond, de Sean Connery en Roger Moore en passant par George Lazenby et Sean Connery de nouveau. Ce qui n'a pas empêché Bond de continuer à penser à Tracy: l'une des dernières fois si je ne dis pas de bêtises, c'est avec Timothy Dalton qui se recueillait sur sa tombe...

Là où je veux en venir, c'est tout simplement que je pense que la malédiction dont souffre le Bond actuel est celle du reboot. Exit Tracy, bonjour Vesper, désormais Bond naît de Casino Royale. Et je ne sais pas qui a eu cette idée saugrenue, mais désormais les fils rouges prennent toute la place. On est donc prié de faire attention à ce qui se passe et de tout prendre au sérieux... 

...Et ça je m'y refuse, le propre d'un Bond est d'être une capsule d'évasion hors du temps, avec suffisamment de cohérence interne pour tenir la route (Casino Royale y parvient sans problème, remarquez) et maintenir notre intérêt, mais l'intrigue? On s'en fout: l'important c'est que 1) Bond lui y croie, et 2) on a envie de le suivre.

Eh bien là, j'ai pas envie!

Alors ici, il y a de belles choses, notamment quelques décors inspirés des séquences dont certains plans sont à tomber par terre: isolez-les, et vous aurez de très belles pochettes Hipgnosis pour d'hypothétiques futures compilations de Pink Floyd! On a en Madeleine Swann (Léa Seydoux) un personnage qui donne envie qu'on la suive. 

Et puis il y a de la prétention, des méchants plus ratés les uns que les autres, une intrigue qu'on ne peut suivre qu'en ayant pris au sérieux les trois films précédents. Oui, trois, car on est dans un reboot. La preuve, c'est que le méchant s'appelle Blofeld... L'ado d'aujourd'hui étant incapable de s'intéresser à quelque chose de "trop vieux", on éradique le passé de James Bond... Tout en se permettant un dernier clin d'oeil avec une Aston Martin dans les rues éternelles d'un Londres qui aurait pu être celui des années 60. Bref, Sam Mendes est un excellent metteur en scène, il avait réussi Skyfall. J'espère qu'il s'est fait plaisir avec ce film pour rien, qui distille lentement mais sûrement un ennui mortel.

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Published by François Massarelli - dans Bond Sam Mendes
13 juillet 2018 5 13 /07 /juillet /2018 15:32

Après Goldfinger et son succès phénoménal, Thunderball (Opération tonnerre dans nos contrées) est le quatrième film de la franchise James Bond, et... le premier à faire vraiment dans le systématisme le plus assumé: endroits exotiques si possible ensoleillés, menace mondiale représentée par une organisation tentaculaire, mission plus floue que jamais, collection de jolies filles séduites parfois de force, et meurtres à gogo... Une fois de plus, l'eau joue son rôle de menace numéro un, avec une forte dose de requins dedans, et un nouvel ingrédient prend beaucoup de place, réduisant considérablement le rôle du metteur en scène: les gadgets.

Faut-il y voir la raison pour laquelle Bond (Sean Connery, vous le savez déjà) n'a pas l'air très heureux de croiser la route de Q, l'ingénieux et saoulant ingénieur spécialiste en objets de tous genres visant à rendre la mission de bond à la fois plus fun, plus facile et plus chère? En tout cas, les jet-packs, voitures à jet d'eau et autres montres explosives vont créer au sein de la confrérie des fans de la franchise une fracture entre ceux qui les aiment, et... ceux qui les détestent. C'est d'ailleurs le cas de l'excellent monteur de ce film, Peter Hunt: quand il aura la chance de réaliser son unique film avec James Bond, il s'en passera, tout simplement, et... ce sera le meilleur.

Ce qui n'est pas le cas de celui-ci: plaisant, décérébré, soigné, et un peu longuet...

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Published by François Massarelli - dans Bond
10 juin 2018 7 10 /06 /juin /2018 08:42

Deux détails me frappent dans l'ouverture de ce film, une séquence pré-générique qui tient compte d'une nouvelle gestion du montage dans le cinéma post-68: d'une part, le mobilier japonisant qui renvoie probablement à You only live twice... Et d'autre pat, Bond (Sean Connery) est furieux, au point de débusquer son ennemi juré Blofeld (Charles Gray): nul doute que le fait que celui-ci ait tué froidement la belle Tracy dans On her Majesty's secret service. Une façon, donc, de s'inscrire dans la continuité de James Bond... Ou de faire semblant, peut-être?

Parce que cette histoire (que je n'ai comme d'habitude pas suivi, parce que l'intrigue dans un Bond n'a tellement pas d'intérêt que je ne vois pas pourquoi j'essayerais de la suivre) justement est une rupture à plus d'un titre dans la saga: dernier film avec Sean Connery (oublions l'auto-parodie inqualifiable tournée par l'acteur avec moumoute en 1983), premier film à se situer majoritairement aux Etats-Unis, tentatives notables pour rendre James Bond plus politiquement correct ("mon travail", précise de façon sobre et ambigue le scénariste Tom Mankiewicz), et... abandon de toute tentative de rendre le film logique et cohérent: c'est souvent du grand n'importe quoi. Sans être du niveau affligeant de Moonraker, le surréalisme involontaire de cet étrange long métrage souvent construit comme un rêve, est frappant.

Mais aussi et surtout, c'est sans doute le premier constat d'échec de la série, et d'Eon productions: ils viennent de tourner un chef d'oeuvre, On her Majesty's secret service. Le savent-ils? En tout cas, ils ne souhaitent plus tourner avec George Lazenby, et ont réussi à persuader Connery de rempiler. Que celui-ci soit las de tourner dans la saga est évident, sans compter le fait qu'il n'a plus le physique... Et l'humour particulier, un peu plus salé que d'habitude, sonne souvent d'une façon fort maladroite. 

Bref.

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Published by François Massarelli - dans Bond
21 juin 2017 3 21 /06 /juin /2017 18:10

Soyons franc: l'année conjointe de l'explosion disco, du punk, de Star wars et de Close encounters of the third kind, le James Bond contractuel risquait quand même un tantinet d'apparaître comme un ringard, non? Pourtant, coincé entre deux fort médiocres exercices de style dans lesquels Roger Moore peinait à nous faire accepter qu'il est bien James Bond, et un des pires films de tous les temps (Moonraker) cet espion fait finalement bonne figure.

Restons calme, c'est quand même un James Bond, donc l'espion qui tire plus vite que son ombre se comporte en vrai prédateur sexuel, vainc sans coup férir (Même si Moore se mouille côté cascades, le plus gros reste le fait des spécialistes, et... ça se voit) pendant que les Russes comme les britanniques s'allient contre un ennemi commun assez transparent interprété par Curd Jurgens. Q continue à fournir l'espion en gadget périssables, dont une voiture qui sent tellement fort 1977 qu'on s'en boucherait presque le nez, ce qui n'allait pas tarder à provoquer une réaction de la production pour retrouver l'action pure, privée de ces facilités puériles (For your eyes only).

Mais surtout, ce qui frappe, c'est cette naïve tentative de donner un pendant féminin à Bond (qui va bien sur succomber à son charme, England rules n'oublions pas), qui est interprétée par Barbara Bach, et qui a un trait commun avec l'espion à la paire de zéros: elle a perdu, elle aussi, celui qu'elle aime, allusion à Tracy, l'unique femme que James Bond a épousée (On her majesty's secret service)... Le rappel qu'après tout, ce grand enfant de James a un coeur lui aussi.

J'ai failli oublier, un défaut qui est aussi une qualité, à moins que ce ne soit le contraire: la séquence de pré-générique est le meilleur du film.

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Published by François Massarelli - dans Bond