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17 mars 2013 7 17 /03 /mars /2013 12:43

Pourquoi ce film-là plutôt qu'un autre? Disons que dans la vaste oeuvre de ce géant de la comédie, il y a de tout, et en particulier dans les films réalisés à la Keystone entre 1913 et 1916, la routine était on ne peut plus répétitive. C'est surtout embarrassant dans les films d'une bobine, entièrement construits sur de simples histoires d'adultère, le bonhomme étant généralement un coureur de jupons invétéré dans la plupart de ses courts métrages... Le style Keystone, accéléré, exagéré, grotesque et le plus souvent d'un vulgaire un peu trop assumé, se faisait trop sentir. Avec ses films plus longs, la mutation opérée par le metteur en scène et comédien a été plus que bénéfique: les deux bobines étaient dédiées à une vraie histoire, dans laquelle le spectateur avait finalement le temps d'adhérer aux personnages, et de suivre une intrigue qui, si elle restait largement dévolue à des turpitudes extra-conjugales, était quand même un brin plus sophistiquée...

Lassé de la constante interférence de sa belle-mère (Mai Wells) sur son mariage avec Norma Nichols, Arbuckle quitte la maison et va bouder sur un banc; il se retrouve assis aux côtés d'une jeune femme (Louise Fazenda) dont le mari, un gros rustre (Egar Kennedy, avec des cheveux!!!) s'est brièvement absenté, et un photographe (Glen Cavender) qui passe par là les immortalise, persuadé d'avoir affaire à un couple... La chose va forcément être très difficile à expliquer non seulement à la belle-mère, à l'épouse mais surtout au mari, qui est vraiment très chatouilleux...

Si on juge les films burlesques en fonction de leur rythme et de leurs scènes d'anthologie, alors ceci est vraiment un grand classique: Prenant son temps pour établir le problème et les personnages, Arbuckle adopte un timing sobre, avant d'accélérer avec l'entrée en scène de Kennedy et Fazenda. Ces deux-là vont tout compliquer en venant s'installer dans l'appartement déserté de Arbuckle et madame, que la belle-mère s'est empressée de sous-louer. La sacro-sainte poursuite finale sera surtout effectuée dans une maison, et l'accélération se poursuivra jusqu'à une mythique scène sur des fils téléphoniques, pendant une intervention toujours aussi décalée et inutile des Keystone Cops... Chef d'oeuvre, pas moins.

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Published by François Massarelli - dans Muet Mack Sennett Roscoe Arbuckle