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Jamais comme tout le monde! Non content d'avoir mis le monde du cinéma à ses pieds en 1989 avec Sex, lies, and videotape, d'avoir mis tout le monde d'accord contre lui avec Kafka et King of the hill, il avait ensuite tenté une incursion remarquée dans le film noir, avec Underneath en 1995, puis sorti un improbable mais réjouissant film fourre-tout avec lequel il a encore rencontré l'incompréhension générale, le superbe (ou pas) Schizopolis... Je passe sur Gray's anatomy, un film consacré au comédien Spalding Gray, que je n'ai pas vu. C'est à ce moment que se situe Out of sight, à nouveau un film noir, mais passé par le filtre de la comédie, et adaptation d'Elmore Leonard, à un moment où c'est justement la mode: Danny de Vito, qui a produit le Get Shorty! de Barry Sonnenfeld adapté aussi de Leonard, est de nouveau derrière ce nouvel opus. L'heure est donc à la parodie, mais Soderbergh n'en oublie pas son goût pour l'expérimentation. Et puis pour en finir avec ce préambule, le film est aussi pour lui l'occasion, d'une part, de travailler pour la première fois avec George Clooney, Don Cheadle et Luis Guzman, mais aussi de rencontrer le succès planétaire.
Jack Foley (Clooney) s'est évadé de prison grace à son copain (et collègue braqueur de banques) "Buddy" (Ving Rhames). Leur but: s'incruster dans un braquage de luxe dont ils savent qu'il va se produire à Detroit, et qui implique un certain nombre de leurs anciens co-détenus. Mais un grain de sable va apparaitre, lorsqu'au moment de s'évader les deux truands sont obligés de s'emparer d'une jeune femme avec un gros flingue qui passait par là: l'inspectrice Karen Sisco (Jennifer Lopez, impeccable!!). Contre toute attente, Karen et Jack tombent instantanément amoureux, ce que bien évidemment pas un des deux n'admettra...
Les morceaux de choix ne manquent pas, depuis l'évasion de jack assortie d'un passage à deux dans un coffre à disserter sur Bonnie and Clyde, jusqu'à la superbe séquence de braquage par deux équipes qui ont fait une alliance fragile, et qui n'ont ni les mêmes méthodes, ni les mêmes buts. Soderbergh et ses acteurs s'amusent, ce qui n'empêche pas le metteur en scène de livrer de superbes séquences de vie en prison, avec ses économies parallèles et ses dangers inattendus, ni de montrer un Detroit défiguré par la crise, au son de la musique des Isley Brothers, une vieille gloire locale. La musique du film, confiée au DJ David Holmes, est d'ailleurs une réelle source de bonheur. Et les caractères sont parfaitement campés par des acteurs tous impeccables, avec en particulier Don Cheadle en truand psychopathe étrangement raisonnable.
On notera aussi un bouleversement de la chronologie qui ajoute à la première partie un soupçon de suspense probablement imprévu: pourquoi Jack Foley sort-il en colère de cet immeuble, et jette-t-il sa cravate avant d'improviser à mains nues un braquage de banque? Un moment fort, déstabilisant, qui fait plus pour installer le personnage que toutes les méthodes Stanislavskiennes imaginables; bien sur, la réponse sera donnée dans un flash-back. Et puis, il y a ce moment durant lequel Foley et Sisco se retrouvent enfin, dans ce qu'ils appellent un 'temps mort', réussissant enfin à vivre, aussi brièvement et intensément que possible, leur amour interdit. Un moment magique, rêvé, ou vécu? Le doute passe parfois, même si la fin nous apporte un élément de réponse. la renaissance de Soderbergh passe par ce film, sans lequel il n'y aurait eu ni Traffic, ni Erin Brokovich, ni Ocean's 11.
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