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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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9 novembre 2012 5 09 /11 /novembre /2012 16:29

Jamais comme tout le monde! Non content d'avoir mis le monde du cinéma à ses pieds en 1989 avec Sex, lies, and videotape, d'avoir mis tout le monde d'accord contre lui avec Kafka et King of the hill, il avait ensuite tenté une incursion remarquée dans le film noir, avec Underneath en 1995, puis sorti un improbable mais réjouissant film fourre-tout avec lequel il a encore rencontré l'incompréhension générale, le superbe (ou pas) Schizopolis... Je passe sur Gray's anatomy, un film consacré au comédien Spalding Gray, que je n'ai pas vu. C'est à ce moment que se situe Out of sight, à nouveau un film noir, mais passé par le filtre de la comédie, et adaptation d'Elmore Leonard, à un moment où c'est justement la mode: Danny de Vito, qui a produit le Get Shorty! de Barry Sonnenfeld adapté aussi de Leonard, est de nouveau derrière ce nouvel opus. L'heure est donc à la parodie, mais Soderbergh n'en oublie pas son goût pour l'expérimentation. Et puis pour en finir avec ce préambule, le film est aussi pour lui l'occasion, d'une part, de travailler pour la première fois avec George Clooney, Don Cheadle et Luis Guzman, mais aussi de rencontrer le succès planétaire.

Jack Foley (Clooney) s'est évadé de prison grace à son copain (et collègue braqueur de banques)  "Buddy" (Ving Rhames). Leur but: s'incruster dans un braquage de luxe dont ils savent qu'il va se produire à Detroit, et qui implique un certain nombre de leurs anciens co-détenus. Mais un grain de sable va apparaitre, lorsqu'au moment de s'évader les deux truands sont obligés de s'emparer d'une jeune femme avec un gros flingue qui passait par là: l'inspectrice Karen Sisco (Jennifer Lopez, impeccable!!). Contre toute attente, Karen et Jack tombent instantanément amoureux, ce que bien évidemment pas un des deux n'admettra...

 

Les morceaux de choix ne manquent pas, depuis l'évasion de jack assortie d'un passage à deux dans un coffre à disserter sur Bonnie and Clyde, jusqu'à la superbe séquence de braquage par deux équipes qui ont fait une alliance fragile, et qui n'ont ni les mêmes méthodes, ni les mêmes buts. Soderbergh et ses acteurs s'amusent, ce qui n'empêche pas le metteur en scène de livrer de superbes séquences de vie en prison, avec ses économies parallèles et ses dangers inattendus, ni de montrer un Detroit défiguré par la crise, au son de la musique des Isley Brothers, une vieille gloire locale. La musique du film, confiée au DJ David Holmes, est d'ailleurs une réelle source de bonheur. Et les caractères sont parfaitement campés par des acteurs tous impeccables, avec en particulier Don Cheadle en truand psychopathe étrangement raisonnable.

On notera aussi un bouleversement de la chronologie qui ajoute à la première partie un soupçon de suspense probablement imprévu: pourquoi Jack Foley sort-il en colère de cet immeuble, et jette-t-il sa cravate avant d'improviser à mains nues un braquage de banque? Un moment fort, déstabilisant, qui fait plus pour installer le personnage que toutes les méthodes Stanislavskiennes imaginables; bien sur, la réponse sera donnée dans un flash-back. Et puis, il y a ce moment durant lequel Foley et Sisco se retrouvent enfin, dans ce qu'ils appellent un 'temps mort', réussissant enfin à vivre, aussi brièvement et intensément que possible, leur amour interdit. Un moment magique, rêvé, ou vécu? Le doute passe parfois, même si la fin nous apporte un élément de réponse. la renaissance de Soderbergh passe par ce film, sans lequel il n'y aurait eu ni Traffic, ni Erin Brokovich, ni Ocean's 11.

 

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Published by François Massarelli - dans Steven Soderbergh Noir Comédie George Clooney
18 août 2012 6 18 /08 /août /2012 11:29

Première phrase accrocheuse visant à donner envie de lire. Faits rapidement énumérés dans le but de donner envie au lecteur d'en savoir plus; date de sortie, nom de la compagnie de production, casting et divers faits du même genre en rapide succession afin de montrer le sérieux de la critique, suivis par une phrase volontairement énigmatique dont le but évident est de faire en sorte que le lecteur aille jusqu'au bout de ce texte...

Ca peut paraitre idiot, voire C'EST idiot, de commencer un texte critique comme le paragraphe qui précède. mais c'est dans l'esprit du film, l'inclassable Schizopolis. Après avoir taté de quelques genres, et avant de le faire avec encore plus de moyens, Soderbergh s'est attelé à un film personnel, qui n'a peut-être aucun sens, pas plus si on veut que n'importe quel épisode de Monty Python's flying circus, ou qui traite d'un certain nombre de thèmes, on ne sait pas exactement.

Si on choisit la première hypothèse, alors Schizopolis est bien un film inutile, mais réjouissant; du moins pour moi, et je ne suis pas tout le monde, le film ayant été détesté quasi unanimenent au moment de sa sortie ultra-confidentielle... il consiste en une série de scènes vaguement reliées entre elles par une intrigue squelettique, et entrecoupées de saynètes, de liens, de provocations diverses (Un homme nu en T-Shirt, poursuivi par deux infirmiers, un dératiseur fou qui se tape toutes ses clientes en usant d'un langage incompréhensible, avant de changer de "métier" et se de mettre à agresser la terre entière, des flashes de news burlesques prononcées avec le plus grand sérieux, etc...). Le metteur en scène apparait, d'abord en tant que lui-même, tentant de présenter le film à une salle vide, mais aussi dans le double rôle de Fletcher Munson et de Walter Korchek, et la plupart des scènes ont lieu dans le quotidien d'un certain nombre de banlieusards sans âme.

Si on prend la deuxième hypothèse, le plus souvent réfutée par Soderbergh lui-même, à savoir que le film aurait un sens, on constate que l'histoire est celle d'un couple, les Munsons qui se désagrège, chacun d'entre eux pouvant exposer son point de vue ce qui résulte en des scènes d'ailleurs hilarantes: dans la version de Fletcher Munson, monsieur (Soderbergh) rentre, et au lieu de dire bonsoir à son épouse (Mrs Soderbergh), lui dit "salutation générale", ce à quoi elle répond par "salutation générale". Toute leur conversation est faite de mentions génériques de cet ordre.

Plus tard, on a la version de Madame qui, elle, pose vraiment les questions, mais son mari lui répond... en japonais. Lui est employé par un philosophe, et écrit des platitudes vides, d'ailleurs quand il parle, c'est vide aussi... Elle a un amant, qui n'est autre que Walter Korchek, dentiste; ça tombe bien, puisque Fletcher rêve d'être Korchek, et finit par le devenir, et donc finit aussi par se rendre compte de l'adultère. Etc etc etc... Un dénominateur commun à toutes ces scènes généralement drôles (La encore, si on est un aficionado des Monty Python...): le langage: vide de sens, vide de contenu. L'un des motifs principaux du film...

Donc, si on suit le raisonnement qui précède, Schizopolis (le titre, tiens donc, a un sens!) est un film sur le langage qui prouve en dissimulant son sens que le langage n'en a aucun... Un film masturbatoire dans lequel le metteur en scène tient le rôle principal d'un homme qui ne sait tellement plus communiquer qu'il se contente de se masturber dans les toilettes... Un film sur un couple qui se désagrège par un couple qui ne va pas très bien. ...Un autofilm? Je vous laisse avec ce terme. Bon visionnage!

Conclusion hâtive visant à laisser le spectateur potentiel de ce film sur sa faim, et créer une envie pour le film.

P.S.: Nose army. Beef diaper?

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Published by François Massarelli - dans Steven Soderbergh le coin du bizarre Criterion
17 août 2012 5 17 /08 /août /2012 17:38

Dans un désert inondé de soleil, deux policiers Mexicains procèdent à une arrestation de trafiquants de drogue, mais leur proie est interceptée par des barbouzes au service d'un militaire, le général Salazar, caïd anti-drogue du Mexique. C'est le point de départ d'un film choral peu banal, réalisé avant que cela ne devienne la mode (Babel d'Inarratu, Crash! de Paul Haggis, voire Contagion de Soderbergh), et qui prend le parti non pas de subdiviser la progression en autant d'intrigues que de personnages, mais plutôt de désigner trois lieux, ou groupes de lieux, où les actions se situeront, toute en rapport avec la lutte contre la drogue, entre Mexique et Etats-Unis. Chaque partie expose les parcours, stratégies, points de vue et mises en scène des différents protagonistes.

Dominées par un filtre bleu, un grand nombre de scènes se situent dans l'Est, autour de Cincinnati ou vit le juge Robert Wakefield (Michael Douglas), nommé par le Président à la tête de la cellule anti-drogue du gouvernement; le problème, c'est que sa fille (Erika Christensen), une jeune élève modèle d'une école privée très cossue, consomme avec un appétit vorace de nombreuses drogues, notamment du crack, et ne se prive pas d'expérimenter: cocaïne, free base, héroïne... Comment concilier dans ces conditions son objectivité, et surtout mener une bataille dans un pays ou la lutte contre la drogue passe d'abord et avant tout par la punition des consommateurs, considérés comme délinquants et en première ligne?

Les séquences tournées au Mexique sont marquées par une luminosité excessive, et nous présentent Javier (Benicio Del Toro) et Manolo (Jacob Vargas), deux petits policiers comme d'autres à Tijuana: fondamentalement honnêtes, mais sous-payés; ils arrondissent leurs fins de mois en se livrant à de petits arrangements sur le dos des touristes, jusqu'à ce qu'un jour, le Général Salazar (Tomas Milian), big boss de la lutte anti-drogue, leur propose de travailler pour lui, sans qu'ils sachent qu'il est à la tête d'un des cartels les plus voraces du pays...

 

En Californie, deux policiers (Don Cheadle, Luis Guzman) de la DEA (Drug Enforcement Agency) se livrent à une arrestation fructueuse, en mettant la main sur un "businessman" (Miguel Ferrer) dont la vraie activité est de couvrir un trafic de drogue; il va témoigner contre Carl Alaya (Steven Bauer), un puissant homme d'affaires de San Diego, impliqué dans le trafic, et dont l'épouse Helena (Catherine Zeta-Jones)va découvrir à la lumière de cette histoire la source de leur imposante fortune. au lieu d'un cas de conscience, l'épouse qui attend un enfant se mobilise pour faire libérer son mari coûte que coûte pendant que la protection du témoin s'organise...

Les trois "zones" vont occasionnellement se croiser, à la faveur par exemple d'un déplacement de Wakefield dans l'Ouest, ou lors d'un passage de Javier de l'autre coté de la frontière. La force principale du film provient d'abord de deux choses: un script exceptionnel, qui ne triche en aucun cas et expose les faits sans aucune gloriole héroïque, et une mise en scène organisée par un génie de la guérilla qui saisit cette occasion pour réaliser un hommage clair et dynamique au cinéma des années 70, en particulier les films de William Friedkin (French connection) ou Paul Schrader (Hard Core). Et le coté documentaire est rehaussé par la participation de vrais acteurs de la lutte anti-drogue. Pourtant, là encore, on a l'impression d'une guerre perdue d'avance, tant l'écart entre les moyens mis en oeuvre et la réalité du terrain est grande. Que ce soit le juge nommé par le président pour chapeauter la lutte, ou les troufions représentés par Cheadle et Guzman, ils ne pèsent pas lourd face à des organisations dont le film montre bien qu'elles ne craignent pas les frontières, ou en regard de l'aspiration des jeunes bourgeois du film à simplement trouver leur plaisir dans la consommation de drogue; on apprécie cette honnêteté du film qui échappe au misérabilisme de la drogue, tout en ne se voilant pas la face et en montrant aussi la réalité des ghettos où les stupéfiants sont un produit qui va permettre l'existence d'une économie parallèle pour certains minorités. Et le film a des atouts formidables avec la saga de Javier qui va semble-t-il réussir à écarter Salazar, et redonner un semblant d'espoir à son quartier, même si c'est pour deux jours, et avec les aventures sordides de Caroline Wakefield, qui se livre pieds et poings liés à toutes les drogues dures qu'elle croise, ne serait ce que dans le cadre d'une crise d'adolescence particulièrement aigue. ces séquences entre Erika Christensen et Michael Douglas sont magnifiques, et quand on a des enfants, elle laissent un poids conséquent sur le spectateur... Le film se termine sur des étapes satisfaisantes pour la plupart des histoires, mais on ne se cache pas que le réalisme impose un certain pessimisme au spectateur.

 

Le film reste à ce jour celui qui montre le mieux la façon dont Steven Soderbergh a pu à sa façon et dans son coin, révolutionner le cinéma Américain, sans effets spéciaux, avec une intrigue fouillée et une mise en scène volontariste, une confiance dans des acteurs chevronnés (Et quel casting!), et une collaboration non seulement avec le scénariste Stephen Gaghan, mais aussi avec le monteur Stephen Mirrione, et bien sûr avec lui-même, puisque sous le pseudonyme de Peter Andrews, il est responsable de la prise de vues du film. Et il le fallait, car il est probable qu'aucun autre directeur de la photographie ne se serait laisser aller à de telles expérimentations... Cette histoire de points de vue entrecroisés, de mise en scènes antagonistes rejoint le fil de sa réflexion entamée avec Sex, lies and videotape.

 

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Published by François Massarelli - dans Steven Soderbergh Criterion
18 juillet 2012 3 18 /07 /juillet /2012 09:17

Dans un avenir proche, une pandémie se déclare, et le virus est résistant et particulièrement meurtrier. On assiste à la mise en route de protocoles, à tout un travail de recherche des organismes concernés, mais aussi à un travail médiatique d'information et de recherche de la vérité, voire de désinformation et de déformation de la vérité... Par la même occasion, on va aussi chez certaines personnages, notamment chez Mitch, dont l'épouse est sans doute celle qui a amené le virus aux Etats-Unis...

Il y a chez Steven Soderbergh une aisance, une rapidité d'éxécution qui le maintiendra toujours à flot à Hollywood, là même ou il devrait être considéré avec méfiance en raison de sa tendance à tout expérimenter. Des échecs comme The good German ou The girlfriend experience, des films du genre de Schizopolis ou Full frontal auraient du le plomber durablement, mais il se relève de tout, grâce à sa capacité à tourner en dessous du budget, en temps et en heure, des films grand public voués à des carrières prestiguieuses, ou tout simplement à un succès public bien mérité. Dans une oeuvre qui accumule, qui semble ne jamais s'arrêter (deux de ses films sont sortis aux Etats-Unis depuis celui-ci, et un troisième sortira au début 2013), on va pourtant trouver l'univers d'un auteur, d'un cinéaste passionné par un certain nombre de motifs et thèmes. Et pour commencer, chez Soderbergh, tout est mise en scène... Un homme qui manipule les gens face à lui jusqu'à ce qu'ils se livrent à sa caméra de façon impudique (Sex, lies and videotape), un couple formé d'un malfrat et de la policière qui le pourchasse, amenés à se retrouver en terrain neutre et qui savent exactement de quelle façon mentir pour ne pas être en faute par rapport à leur mission personnelle (Out of sight), une assistante d'un avocat qui mène une enquête difficile en ayant cours à beaucoup d'improvisation (Erin Brokovich), et bien sur un groupe de truands déterminés à accomplir le casse du siècle à Vegas (Ocean's 11), puis en Hollande et en Italie (Ocean's 12), puis de nouveau à Vegas (Ocean's 13): tout cela n'est que manipulation échaffaudée, mise en scène, théâtre... Cinéma. Autant dire que le hasard n'existe pas? Disons qu'il est là, mais qu'il est manipulable, qu'on peut en faire ce qu'on veut ou du moins en tirer parti... Et il y a la question du point de vue, essentielle chez le réalisateur, qui aime jouer avec les décalages en matières de point de vue, décalages chronologiques, et même décalages logiques. En dissociant bande-son et image, on obtient un point de vue qui est celui de la pensée (The Limey), en embarquant le spectateur sur une fausse piste, on crée un traumatisme du point de vue (The informant: Matt Damon est le héros d'une histoire d'espionnage... jusqu'à une surprise phénoménale pour le spectateur...).

Ces éléments qu'on retrouve de film en film, organisés différemment suivant les genres (Pastiche de Casablanca, pour The good German, film de casse pour Ocean's 11 et consorts, "thriller d'actualité" pour Erin Brokovich...) sont au coeur des films engagés de l'auteur, ceux pour lesquels il a adopté un style documentaire, proche des news: Traffic, Che (Somptueux ratage!) et Contagion. Traffic, par bien des côtés, est une réussite totale, qui met en place un univers compliqué, fait de points de vue entrecroisés, de machineries (Etats qui collaborent dans la lutte contre la drogue, et organisations plus ou moins grandes de trafic) pas vraiment synchronisées, et de parcours privés détaillés dans leur simplicité quotidienne. Contagion y réfère plus d'une fois, en reprenant ça et là par clins d'oeil des motifs (Le consultant Chinois qui s'apprête à détourner des doses de vaccin pour protéger son village renvoie ainsi à Benicio Del Toro et son initiative illégale dans Traffic). Tout en proposant un film réalisé dans des conditions de guerrilla, comme toujours, Soderbergh place avec une science hallucinante de précision ses pions. Il nous donne à voir un petit théâtre dans lequel tout bouge, et le spectateur est collé à son siège pendant tout le film. Le hasard, mis en scène via le casino ou tout a commencé, est relayé par le coté aléatoire de l'épidémie qui frappe à l'aveugle... Mais si le spectateur peut éventuellement suivre le journaliste paranoïaque qui crie au loup et accuse le gouvernement de favoriser certains au détriment du reste de la population (L'information et son contraire sont ici assimilé à la propagation d'un virus...), le metteur en scène a quant à lui démontré le rôle joué par le hasard. Et il débouche sur un film d'une grande honnêteté, d'une grande efficacité, qui montre sans jamais être excessivement pédagogique les mécanismes humains en oeuvre dans ce genre de circonstances... De fait ce film est l'un des meilleurs de Soderbergh, qui retrouve son style urgent de Traffic, et ça c'est une excellente nouvelle! On notera que les acteurs ici présents, sont tous des noms connus, des acteurs chevronnés, comme Traffic (Damon, Paltrow, Fishburne, Gould, Cotillard, Law, Winslet...), et qu'ils font un travail exceptionnel, entièrement soumis à la réussite du projet.

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Published by François Massarelli - dans Steven Soderbergh
16 janvier 2012 1 16 /01 /janvier /2012 09:41

Trichons un peu, le film étant par certains cotés indissociable des deux précédents de la trilogie; contrairement au film Ocean's 11, de Lewis Milestone (1960), le projet de Soderbergh était à l'origine de réaliser un film grand public expérimental, qui incorpore ses réflexions habituelles sur les stratégies de manipulation, le point de vue et surtout la mise en scène. Confiné à Las Vegas, le film se concentre sur le casse, mis en abyme avec humour, et se voit récompensé par un triomphe public.

Ocean's twelve est une tentative de recycler le projet en faisant le contraire: après l'attaque, les 11 doivent se défendre, ils délaissent Las Vegas pour le reste du monde, et le metteur en scène intègre une structure à la Alain Resnais (Son réalisateur favori) en mélangeant la chronologie. Le public suit, mais a du mal, devant ce qui reste le film le moins abouti de la série.
Ocean's thirteen, donc, voit nos amis renouer avec les situations des deux premiers films, dans un bilan très complet (Seules évacuées, les intrigues sentimentales ne pouvaient être intégrées faute de Julia Roberts et de Catherine Zeta-Jones): Retour donc à Las Vegas, retour à l'arnaque à gros cigare, mais cette-fois ci il s'agit d'une vengeance: Reuben Tishkoff (Elliott Gould) a failli mourir, on va faire payer le responsable... Au final, le dispositif habituel joue en permanence avec ce que voit le spectateur, ou avec ce qu'il a cru voir; la chronologie est globalement respectée, mais on effectue de petits retours en arrière ça et là; l'assimilation du casse à un film est encore plus forte que d'habitude, après tout chacun dans ce groupe de malfrats remplit un rôle; Clooney, what else, incarne en quelque sorte le rôle principal, et chaque spécialiste remplit efficacement sa partie dans son coin. Un clin d'oeil à ces équipes de cinéma, d'autant plus amusant quand on sait que Soderbergh est à la fois réalisateur, directeur de la photo et monteur, et producteur de ses films... De même nos cambrioleurs sont ils metteurs en scène, scénaristes, monteurs, spécialistes en effets spéciaux et acteurs de leur casse géant. Ils recherchent même un "producteur", en la personne de Benedict, qui va financer le projet...Donc Steven Soderbergh, réalisateur indispensable à la bonne tenue du cinéma Américain, a inventé le concept de blockbuster-éprouvette, dont ce Ocean's thirteen (Généralement décrié un peu partout) est assurément un bel exemple.

Maintenant, si je puis me permettre un petit ajout en forme d'actualisation: ça m'a échappé à l'époque, mais il me semble qu'Al Pacino a reçu pour mission d'interpréter un millionnaire sans aucun scrupules, avec des moyens démesurés, aucune culture, un complexe écrasant de supériorité, une méchanceté crasse, et... des cheveux rigolos (il est teint en roux et ça ne lui va pas du tout). Il incarne le mal Américain dans toute sa splendeur, et... il ne vous rappelle pas quelqu'un?

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Published by François Massarelli - dans Steven Soderbergh George Clooney