John Bunny est marié (à Flora Finch) et il pense (sans doute avec raison) qu'il a peut-être un peu besoin de perdre du poids. Il va donc utiliser un moyen simple: le bain de vapeur... Mais il va rester coincé.
Le film aussi, je dirais qu'il n'y a finalement qu'un gag: le fait que Bunny s'imagine qu'il va perdre du poids avec son bain de vapeur. La pauvreté de ce film supposé nous faire rire est incommensurable...
John Bunny est un cowboy, dont la rotondité a eu pour conséquence qu'il est devenu la cible de blagues facile sur le ranch où il travaille. Il décide de rendre aux rieurs la monnaie de leur pièce... Il s'envoie un faux télégramme qui annonce l'arrivée de sa soeur jumelle, Kitty, et une fausse lettre qui lui demande de se rendre au tribunal pour une affaire, pile au moment où sa "soeur" doit arriver... Au moment venu, "Kitty" est fêtée et devient, à l'unanimité, la cuisinière du ranch. Les cowboys commencent à multiplier leurs propositions de mariage...
Pour ce dernier point, un élément est à ajouter: l'un des cowboys est complice et il suggère aux autres d'effectuer leurs demandes pour le geste seulement, car "Kitty" n'est sans doute pas une représentante des canons de la beauté de cette rude époque de pionniers...
Bon, je le dis ici sans détour: je n'aime pas John Bunny. Je sais qu'il était une superstar de la comédie à cette époque, mais il est vraiment d'un, voire de deux, autre(s) siècle(s)... Ses rondeurs ne sont pas en cause bien entendu, mais le problème c'est qu'à une époque où on disait à un acteur "tu es rondouillard, tu dois faire de la comédie", il restait possible à l'acteur en question de développer son art au-delà de cette simple condition physique. A part des grimaces, je ne vois pas ce que Bunny apporte à son activité... Si on voulait être méchant, on pourrait le comparer à Oliver Hardy. Mais on ne le fera pas, Hardy était un génie, Bunny était probablement oublié dix ans après ce film.
Une histoire d'amour et de conflit inter-générations, sous un versant de comédie, raconté du point de vue d'un rocking-chair? C'est à peu près ça...
Un couple s'aime, et les deux tourteraux souhaitent se marier, mais le père (George Ober) de la jeune femme (Clara Kimball Young) désapprouve son choix (Tom Powers)... Quand il vient à l'improviste, le jeune homme est dans le rocking-chair (...SON rocking-chair) et le quitte précipitamment avant l'irruption du père. Voyant l'objet en mouvement, le vieil homme croit qu'il est hanté...
C'était gonflé, et c'est raconté avec une certaine économie de moyens. C'est un film assezs soigné, dont il est impossible à ce stade de déterminer l'auteur...
Cette comédie très courte a l'air bien austère, et même franchement crue: un homme souhaite dormir, mais il ne le peut pas car son voisin du dessous est très énervé, et quand il est énervé il tape avec insistance sur un punching-ball... exaspéré, l'homme tente d'intervenir chez ses voisins, mais sans succès. Il se résout à leur faire concurrence...
Le montage, dans un film comme celui-ci, est crucial: nous devons à la fois voir ce qui se passe dans les différents espaces (il y en a quatre: l'appartement du monsieur en colère, celui du boxeur, l'escalier entre les deux étages, et la rue à l'extérieur de la maison), et comprendre les liens (le son d'un côté, qui est absent pour cause de muet, et les interactions hostiles) qui font sens dans cette petite histoire...
Nous ne sommes pas aidés par le jeu outré, hystérique, mécanique des acteurs, mais une explication nous est fournie par les chercheurs, non seulement pour le côté mécanique, mais aussi pour l'existence de ce petit film mal fichu. A l'origine, il y avait un autre film, du même titre, qui a eu tant de succès... que le négatif a rendu l'âme. Les copies en ont a priori toutes disparu. Cette deuxième version est donc un remake, commandé pour combler le vide, et fait aussi mécaniquement que possible.
Et par exemple, prenons ce court métrage, d'ailleurs incomplet: c'est un petit morceau fragile d'histoire... Distribué par Vitagraph, il témoigne de la ténacité d'un homme: Joe Rock. Avec Earl Montgomery, ce comédien qui évoluait dans les arrière-cuisines des studios spécialisés dans la comédie avait l'ambition de créer une compagnie qui viendrait faire concurrence autant à Sennett qu'à Roach. Contrairement aux films contemporains de la Vitagraph, ce petit deux bobines dont il manque des bouts de ficelle est totalement délirant, et utilise l'énergie propre aux films de Roach, dans un univers grotesque proche de celui de Sennett...
Deux vagabonds (Montgomery & Rock) souhaitent reluquer les danseuses d'un conservatoire, et ils ont imaginé un système de périscope... Seulement ils se font prendre et il leur faut se tirer d'une situation compliquée.
Ca ne fait pas dans la dentelle, mais les deux comédiens rivalisent d'énergie et d'invention, et le film les voit déployer une palette impressionnante: danse, implication physique, cascade, déguisements, et par dessus le marché la technique suit avec une dose confortable d'absurdité. Ca ne va pas changer ma vie, mais ce film incomplet, unique vestige d ela collaboration entre deux obscurs comédiens, et un studio qui n'avait pas l'habitude de leur style, est d'une merveilleuse idiotie, et par les temps qui courent, ça fait quand même du bien.
"Captain" Jinks (Frank Daniels) est un hypochondriaque de très haut niveau, ce qui irrite profondément son épouse... Au point que celle-ci semble en concevoir une forte dose d'impatience. Elle invite son mari à consulter un médecin, qui lui annonce qu'il ne survivra pas à la journée...
Dans un premier temps, on pense à He did and he didn't (1916), de Roscoe Arbuckle, un court métrage brillant dans lequel l'illustre comédien se plaisait à jouer avec les styles, les genres et les nerfs du spectateur, avant de révéler que son intrigue de trahison et de meurtre était en fait imaginée par le personnage principal... Mais c'est beaucoup plus simple que ça, la seule assurance que je puisse vous donner ici est que Frank Daniels ne mourra pas.
C'est un film finalement assez excentrique, dans lequel tout le monde fait à peu près bien son travail. Daniels en fait raisonnablement des tonnes, et le caméraman s'amuse avec quelques plans "dramatiques"... Mais on se rendra compte très vite que si Van Dyke Brooke (qui interprète l'un des médecins) s'est peut-être inspiré du film d'Arbuckle que je mentionnais, il est resté bien timide quand même...
"Captain" Jinks (Frank Daniels) est marié et a un enfant, mais c'est un problème, car il est domestique, et employé par un célibataire endurci et militant. Alors quand son épouse débarque à l'improviste, c'est la source d'ennuis sans fin, de dissimulations, mensonges et retournements. Le tout en moins de 15 minutes...
Je ne sais pas pourquoi dans cette série de films d'une bobine avec Frank Daniels, le personnage est doté d'un grade! Mais peu importe... C'est donc un film de comédie, qui fait en une seule bobine ce que le cinéma avait d'ores et déjà appris à développer sur 5 ou 6...
Les historiens présentent Frank Daniels comme le premier génie comique du cinéma Américain, et forcément on s'interroge. Non qu'il soit incompétent, mais... Il n'a pas vraiment de charisme, il sait surtout jouer de ses yeux... Je pense que pour comprendre ce fait, il fait sans doute émettre l'hypothèse qu'il ait bénéficié d'une publicité du studio, particulièrement agressive!
Un homme (du monde, assurément) rencontre une jeune française dans un restaurant, et ils flirtent tous deux... Ce qu'il ne sait pas, c'est qu'elle a été engagée par son épouse pour devenir leur domestique. ce dot il ne se plaindra pas...
Hum, on est en plein vaudeville, en plain boulevard, un terreau dont Lubitsch réussira à transcender la vulgarité satisfaite mais ce sera plus tard, car pour l'heure, ce court métrage tendrait plutôt à se vautrer qu'à chercher à rendre tout ça un peu plus sophistiqué!
La complicité est évidente entre Frank Daniels (le monsieur) et Betty Howe (la domestique). Cette dernière est parfaite, et joue tout en subtilité... ce qui n'est pas le cas de Daniels... Enfin, Kate Price, qu'on ne présente plus, incarne avec autorité la merveilleuse épouse légitime, qui va quand même sérieusement au devant des ennuis quand elle choisit une employée de maison!
Toujours réalisé par George Baker, ce film est une comédie de deux bobines. Le format du genre restait ancré sur une seule bobine, et alors que le long métrage commençait à exister de façon plus convaincante dans le cinéma Américain, rares étaient les films à dépasser cette durée (environ 14 minutes)... La popularité d'Edith Storey, et le ton délibérément populiste du film, explique peut-être cette audace. ...Même si l'année précédente, deux longs métrages de comédie étaient sortis: Sennett avait tourné Tillie's punctured romance, avec Chaplin, Mabel Normand et Marie Dressler, et Sidney Drew de son côté sortait (pour la Vitagraph) A Florida enchantment...
Tant que j'y pense, le titre veut dire 'Jane en valait la peine', et c'est une histoire d'amour, en quelque sorte!
Jane (Edith Storey, avec de nouveau pour seul maquillage une dent noircie) est gouvernante/cuisinière chez Hughie Mack. Elle a un faible pour lui, mais il n'en a cure: il préfère son chat... Excédée, elle part (après un ultimatum: "c'est moi ou le chat"...), mais sa seule réaction est d'engager une autre dame. De son côté, la jeune femme se fait engager par une famille sophistiquée, et ça va tourner assez vite au choc des cultures...
Il y a un côté Cendrillon dans ce film, avec le personnage d'Edith Storey, qui charge Jane de façon prononcée! Elle en fait une naîve assez clownesque, qui se rend au cinéma et décide d'imiter le maquillage et la façon de faire de celles qu'elle voit à l'écran. On voit bien qu'en ce milieu des années, le cinéma s'est imposé de façon spectaculaire non seulement comme distraction, mais aussi comme miroir du monde et de ses tendances... Pour le reste, le film est charmant... mais le défilement des domestiques chez Hughie Mack donne lieu à une belle brochette de gags douteux, voire racistes... Autre temps, etc.
Un couple marié reçoit une lettre de la tante de Monsieur: elle va leur envoyer un beau cadeau, qui les rapprochera d'elle. Il s'agit d'un portrait, horriblement ressemblant, de l'affreuse tante... Monsieur (Sidney Drew) souhaite s'en débarrasser, mais Madame (Jane Morrow) lui rappelle qu'ils ont besoin de faire bonne figure pour la perspective de l'héritage. Quand la tante (Ethel Lee) débarque à l'improviste, il faut se débrouiller pourtant pour retrouver le tableau qui a été mis au grenier, alors que la tante s'attendait à ce qu'on lui décerne la place d'honneur...
C'est une vignette bourgeoise, du genre qu'aaffectionnait Sidney Drew. L'intérêt repose dans le segment du film où, alors que le tableau n'est nulle part pour que la tante le voie, celle-ci déambule dans la maison de façon menaçante pendant que Monsieur s'affaire à essayer de trouver une place pour le pauvre tableau... Et d'ailleurs, il est temps de constater que dans ces films des années 10, quelle qu'en soit la provenance, c'est généralement très mal rangé et très encombré dans les intérieurs bourgeois...