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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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15 avril 2019 1 15 /04 /avril /2019 16:00

Lloyd joue un garçon bien sous tous rapports, qui courtise une jeune femme de la bonne société (Marie Mosquini). Quant il lui demande sa main, elle se contente de répondre, comme à tous ceux qui ont fait la tentative, "ask father"; dont acte: mais c'est décidément plus facile à faire car le père en question est constamment occupé, et son bureau est difficile, voire impossible à atteindre. Le jeune homme va en faire l'amère expérience...

Car comme dans de nombreux films futurs de Charley Chase ou de Laurel et Hardy, ce superbe film réduit à une bobine (soit environ 13 minutes) se contente d'être une série de tentatives suivies d'échecs, pour le jeune homme, d'approcher son potentiel futur beau-père. Et chaque tentative échouera lamentablement, en raison du refus catégorique du patron de se laisser déranger, ou parce que son environnement immédiat (son secrétaire, joué par Snub Pollard, par exemple, ou l'un de ses employés, interprété d'une façon inattendue par Noah Young à peine reconnaissable en digne citoyen) l'en empêche. la saveur du film vient autant de l'inventivité des tentatives, que de la malignité perverse du sort qui s'acharne avec verve sur le héros.

Un héros qui, s'il avait comme nous été spectateur du film, aurait su que de toutes façons, ça ne servait à rien: on est prévenu dès le départ par un prologue justement situé dans le bureau du père: Bebe Daniels y travaille, et elle sera la seule consolation du jeune homme durant le film... Et quelle consolation! 

Pour finir, c'est un tout petit détail dans une séquence, mais elle a de quoi faire bondir d'enthousiasme le plus modeste des fans de Lloyd: lors d'une de ses tentatives d'entrer dans le bureau, situé au premier étage, le jeune héros doit passer... par le mur extérieur. C'est probablement l'une des premières apparitions d'Harvey Parry, escaladeur de buildings, chez Harold Lloyd. on le reverra...

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Published by François Massarelli - dans Harold Lloyd Comédie Muet
15 avril 2019 1 15 /04 /avril /2019 15:53

Si vous voulez une traduction du titre, vous la trouverez facilement... sur le site spécialisé de votre choix. Pour ma part, je me contenterai juste de répondre à la question qu'il contient: yes indeed! En matière d'escroc, donc, ce petit film mené tambour très battant nous en présente donc quatre: d'un côté, le professeur Goulash et sa fille (Bebe Daniels), tous les deux spécialisés dans le business du paranormal; de l'autre Harold Lloyd et Snub Pollard, qui font dans l'escroquerie du tout-venant, impliquant des bagues bon marché, et des gens trop crédules. Mais Miss Goulash les a repérés, et réussit à les escroquer. En tentant de fuir la police, juste retour des choses, ils se réfugient chez elle...

Le résumé sonne beaucoup pus raisonnable que le film qui en moins de quatorze minutes accumule plus de coïncidences qu'il n'en faut pour faire un film honnête, mais ce petit exercice décérébré, qui date des tous débuts du personnages "à lunettes" (que sur certaines copies de certains films, on appelle encore "The Winkle" à cette lointaine époque), a au moins le mérite de ne pas trop prendre son temps pour tenter de nous faire rire, et, parfois il y parvient.

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Published by François Massarelli - dans Harold Lloyd Muet Comédie
14 avril 2019 7 14 /04 /avril /2019 19:19

Premier film de Lloyd après l'accident maintes fois raconté, qui l'avait privé d'une partie de sa main sur le tournage de Haunted Spooks. Pas spécialement le genre à se décourager, Lloyd, légèrement plus enrobé (c'est à peine perceptible, mais voilà, quelques mois d'inaction sont passés par là), ne se démonte pas, et après avoir fini le film inachevé, se lance dans un western endiablé...

Un western qui meurt d'envie d'être un film plus long: dans la copie que j'ai visionné, un prologue de sept bonnes minutes précède l'action principale qui en fait 20. On y prend le temps d'établir le côté incorrigible du héros, qui fait la noce en permanence et que ses parents décident d'envoyer vers l'Ouest pour lui forger le caractère. Là, il va y vivre moult aventures, et bien sûr trouver l'amour.

L'aventure, ce sera Noah Young: en shérif et chef d'une sorte de Ku-Klux-Klan local, il trouve l'un de ses meilleurs rôles pour Lloyd. Il sait parfaitement comment en un ou deux plans, installer une menace tangible, tout en étant quasi méconnaissable derrière une moustache qui le vieillit. On jurerait un méchant de vrai western... L'amour par ailleurs, ce sera Mildred Davis bien sûr, en ingénue, fille d'un homme intègre qui se retrouve dans une petite localité infestée de bandits: contrairement à Jobyna Ralston dans For Heaven's Sake (1926), la belle a bien besoin d'un chevalier servant...

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Published by François Massarelli - dans Harold Lloyd Comédie Muet
14 avril 2019 7 14 /04 /avril /2019 19:12

Harold a faim, et il n'est pas le seul: il se retrouve souvent à rêver de nourriture, en compagnie d'une petite fille (Peggy Cartwright), et d'un chien... Pendant ce temps, des malhonnêtes en veulent à la fortune de Mildred Davis... Une rencontre entre les deux s'impose...

Le troisième court métrage de deux bobines de Harold Lloyd possède un je ne sais quoi d'embarrassant... Je crois que le fait, d'une part, de voir notre personnage pauvre, et d'autre part qu'il y ait interaction avec une petite fille tout aussi démunie se rapproche trop dangereusement du territoire de Chaplin. C'est bien enlevé, rythmé, souvent drôle, très carré, mais la magie n'opère pas totalement, comme si le comédien n'était pas dans son élément.

Cela étant dit, le film est bien construit, et en particulier dans sa deuxième bobine, qui voit Lloyd soulever ciel et terre (et convoquer à sa façon une armée de policiers) nous rapproche de son monde distinctif. Pour finir, ceci est le premier film de Lloyd avec Mildred Davis, ce qui justifie peut-être la tentative de s'éloigner de son univers de jeunes gens du jazz age: la demoiselle n'a pas le même tempérament que Bebe Daniels...

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Published by François Massarelli - dans Harold Lloyd Comédie Muet
14 avril 2019 7 14 /04 /avril /2019 19:03

Ce film est l'un des premiers (le deuxième, précisément) films de Lloyd avec Mildred Davis dans le rôle de l'ingénue. Elle a pris ses marques, et est nettement plus à l'aise, installée pour de bon dans la partie de la jeune fille pure mais appétissante, bien différente de Bebe Daniels. C'est aussi le dernier avec Snub Pollard, avant qu'il ne vole de ses propres ailes pour Hal Roach, le temps d'une poignée de courts métrages anarchiques... On y voit aussi le petit monde de Hal Roach: Marie Mosquini, Noah Young, Charlie Stevenson, Gus Leonard... et Gaylord Lloyd, dont Harold faisait parfois usage de leur ressemblance.

Ici, Gaylord est un prince d'un pays de pacotille, fatigué de la vie dans son royaume, lui préférant le temps passé aux côtés de "sa" vampi, Marie Mosquini. Quand une occasion se présente, à savoir l'intrusion de Harold (en vendeur d'encyclopédies) qui lui ressemble tant, il n'hésite pas: il propose d'échanger leurs places. A Harold le royaume et l'hypothétique princesse, à Gaylord la belle vie. Sauf que la petite amie de ce dernier ne l'entend pas de cette oreille...

Voilà, le principe est simple: amener Lloyd à se rendre dans ce royaume pour rire, où il y aura bien évidemment une révolution, et des bouleversements... Si le comédien raffine sa formule, autour le studio Roach se donne les grands moyens: le film n'a rien de révolutionnaire, mais on voit par le nombre de figurants, et de décors bâtis, le soin apporté... à un film sympathique mais moyen, qui sera refait quelques années plus tard sous le titre Long fliv the king avec Charley Chase, Max Davidson et Martha Sleeper.

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Published by François Massarelli - dans Harold Lloyd Muet Comédie
14 avril 2019 7 14 /04 /avril /2019 15:10

La fille danoise du titre, c'est Lili Elbe, une modèle qui a vécu à Copenhague, mais qui est surtout longtemps restée prisonnière du corps d'Einar Wegener (Eddie Redmayne), peintre réputé qui vivait au Danemark en compagnie de son épouse Gerda (Alicia Vikander). Au départ, c'est Einar qui faisait vivre le couple, car l'obsession de gerda pour les portraits traditionnels rebutaient une bonne société friande de sobriété asexuée (les paysages d'Einar) ou d'érotisme plus cru (chez l'agent d'Einar, des nus agressifs et très anatomiques sont étalés partout). Puis, parce qu'ils n'avaient pas leur modèle favori, Gerda a demandé à Einar de lui venir en aide en enfilant les vêtements prévus pour la séance de pose...

Car dans le film, Lili naît du hasard, mais se révèle avoir été là, cachée au plus profond d'Einar depuis la fois où, garçon, ayant revêtu des vêtements de femme, il avait laissé son meilleur ami Hans l'embrasser. Ce souvenir d'enfance à la fois omniprésent et refoulé, Einar l'avait revécu à sa façon, en peignant des paysages... Non: en fait LE paysage revu et re-corrigé, repeint sous tous les angles possibles, de façon obsessionnelle. Et dans le film, on ne le verra pas peindre autre chose, du reste, car à partir du moment où Lili apparaît enfin, Einar va progressivement disparaître...

C'est sinon une histoire vraie (Einar, Gerda et Lili ont existé), au moins un scénario inspiré d'un livre lui-même inspiré de cette histoire vraie, qui a changé beaucoup, éliminé pas mal, et même probablement trop simplifié: par exemple, on a l'impression qu'une fois Lili venue, Einar abandonne sa sexualité totalement au profit de l'exploration d'une chaste féminité: en réalité, Lili Elvenes (Elbe était un surnom donné par la presse) était attirée par sa nouvelle sexualité, mais pas sous l'angle qu'on attendrait: elle a laissé un grand nombre d'oeuvres érotiques, représentation soit vécue, soit fantasmées d'amours lesbiens. Et justement, ce qui nous manque ici, c'est, en dépit de l'Oscar attribué à Alicia Vikander, qui joue Gerda, c'est une vraie exploration de la façon dont Gerda a elle aussi vécu une transformation. Le film y fait essentiellement une allusion, à travers le changement dans on oeuvre une fois que Lili y est entrée: d'abord des portraits, nus et autres études qui subliment le corps de son mari en femme avant qu'il ne "disparaisse", puis des auto-portraits en compagnie de Lili, mais qui tous pour autant que l'on puisse en juger dans le film, mettent surtout en avant la peintre, et dans l'ombre son modèle-muse. 

Pourtant dans ce film très sage, très "qualité Britannique" dans son évocation, on a parfois le sentiment que Gerda a sacrifié tout, et ce de A jusqu'à Z, par amour pour Einar. Et a ensuite accompagné Lili dans son choix de devenir l'une des premières personnes à changer de sexe, en 1931, pour son malheur, puisque la deuxième intervention lui sera fatale. De toute façon, rien que par son sujet, le film reste passionnant... Et Tom Hooper, s'il a sagement décidé de donner essentiellement "la parole" au point de vue de Gerda, qui aide une grande partie du public à entrer dans le film, se fait souvent plaisir avec un sens de la composition flagrant dans cette histoire a deux.

 

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Published by François Massarelli
13 avril 2019 6 13 /04 /avril /2019 11:48

Et donc, après la réussite indéniable du Domaine des Dieux, qui renouvelait enfin la formule de l'adaptation animée d'Astérix dans le bon sens, en utilisant à bon escient les images de synthèse, on prend les mêmes et on recommence: aux manettes, donc Alexandre Astier, humoriste exigeant (parfois un brin ombrageux voire obscur, mais il a une éthique, et il a compris comment fonctionnait Goscinny, c'est important), et Louis Clichy, animateur aguerri qui a beaucoup, mais alors beaucoup étudié le trait, mais aussi la façon de gérer les décors, d'Uderzo. Et à ce niveau, c'est irréprochable.

Panoramix se blesse: il prend alors conscience de sa mortalité, et décide de former un successeur. Le problème, c'est que sa magie (et en particulier sa fameuse recette de la potion magique qui donne une force surhumaine) doit être transmise selon la formule consacrée, "de bouche de druide à oreille de druide"... la tâche va être rude: il va lui falloir, avec une jambe en compote, trouver un druide en Gaule qui soit digne et capable. Pour l'aider, il va choisir deux braves guerriers, bien sûr, et se retrouver flanqué d'une petite Gauloise intrépide aux ressources insoupçonnées, Pectine: élève du vieux druide à l'école du village, elle essaie de lui montrer des inventions...

Et il se passe quelque chose d'inattendu: dans cette histoire qui selon les canons établis par Goscinny et Uderzo eux-même, maintenus par le dessinateur dans sa désastreuse équipée en solo, et continuée aujourd'hui par Conrad et Ferri, Astérix se passe un coup sur deux auprès du village, et la fois d'après ailleurs. Le domaine des dieux restait Armoricain, donc l'essentiel de ce nouveau film est situé au loin, même si on reste proche de la Gaule. Mais ce qui est inattendu, presque une transgression, c'est le fait que tous les hommes (sauf un, Assurancetourix) du village aient suivi... Ca nous donne quelques gags de fort bon ton, ou de fort bon thon puisque beaucoup sont dus à la nouvelle marotte d'Ordralfabétix: il tente des formules magiques, et ce n'est pas brillant...

Sinon les auteurs se sont efforcés, dans ce qui reste une histoire originale, donc à prendre avec des pincettes, de trouver un méchant intéressant, un rival (ancien ami) de Panoramix; il vient compléter une galerie de portraits assez traditionnelle, et un certain nombre de variations sur les figures imposées (le retour d'Aplusbégalix, le chef Gaulois Romanophile du Combat des chefs, César dans son palais mais surtout dans son bain, les pirates dans leur malchance habituelle, et un paquet de druides dont beaucoup, il faut le dire, sont gâteux, et bien sûr les bagarres du village, et les noms savoureux, parmi lesquels je garde toute mon affection au sénateur Tomcrus, ou aux apparitions fugaces de jean-Patrix ou des quatre Fantastix) renouvellent la série en douceur. Je suis plus circonspect sur le final délirant avec gigantisme de rigueur, mais il contient suffisamment de gags pour nous satisfaire.

Reste deux problèmes de taille: d'une part, Astérix et Obélix, héros historiques, semblent purement et simplement disparaître des radars devant tout ce cirque. C'est dommage... Sinon, j'appréciais beaucoup le rythme parfois indolent du Domaine des Dieux: on pouvait compter les poules. Ici, c'est difficile même si les gallinacés y jouent un rôle crucial, voire héroïque... Je pose donc la question: à quoi bon s'efforcer de reprendre au mieux le style d'Uderzo, ce virtuose des arts graphiques, si ce n'est pour qu'on ne puisse jamais prendre le temps d'en profiter, parce que quelqu'un qui ne fait pas confiance à la patience d'un public certes accro aux jeux vidéos, s'est cru obligé d'imposer un rythme infernal à ce film? 

 

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Published by François Massarelli - dans Animation
12 avril 2019 5 12 /04 /avril /2019 19:05

David Wark Griffith n'est certes pas passé à la postérité de par ses comédies, raison de plus pour s'intéresser à elles quand on peut les voir: la Gibson Girl était dans les années 1905-1910 un prototype médiatique, propagé par le peintre Charles Gibson, qui avait fait le portrait robot de la femme idéale...

Une jeune femme en vacances dans une station balnéaire de la côte Atlantique, attire le regard de tous les hommes, et finit par s'en irriter. Elle trouve un moyen de les tester: elle se montre en un maillot de bain (1900...) tout ce qu'il y a de gentil, mais avec des pantalons à pois... Instantanément, ils se détournent tous. Sauf un...

le film est simple, direct et assez mécanique; la jeune femme est interprétée par Marion Leonard, qui est excellente de sobriété dans le rôle de la jeune femme consciente de son charme, mais légèrement agacée par l'effet qu'elle produit. Et elle le produit sur du beau linge: Mack Sennett, d'abord, toujours là quand il fallait de la comédie; James Kirkwood est là aussi, ainsi que George Nichols. Parmi les passantes, Mary Pickford, Kate Bruce... On reconnaît aussi Billy Quirk, acteur spécialisé dans les rôles particulièrement efféminé. Bref: une tranche d'histoire.

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Published by François Massarelli - dans Muet David Wark Griffith Comédie
12 avril 2019 5 12 /04 /avril /2019 16:12

C'est après le triomphe de Bumping into Broadway que Lloyd sort ce film, qui lui est clairement très inférieur: on y raconte une histoire assez classique, dans laquelle Harold Lloyd est un jeune homme riche, sur le point de convoler en justes noces avec Bebe Daniels. dans la première bobine, on assiste à un réveil étiré en longueur du fiancé qui vient de fêter son enterrement de vie de garçon, pour se voir signifier au téléphone que la dite soirée a fait tellement de scandale que la future belle-famille a décidé d'annuler. Dans la deuxième bobine, Harold poursuit sa fiancée par-delà les mers, et... la retrouve en pirate.

Il me paraît évident que ce film est le fruit d'un compromis, une sorte de repêchage vite-fait, mal-fait d'un court métrage inachevé avec un rêve dans l'intrigue pour y justifier tout et n'importe quoi. Il est vrai que la période était difficile: Lloyd venait avec succès de se lancer dans la production de comédies de deux bobines, et Bebe Daniels annonçait son départ. Voilà qui justifierait de sortir un film bricolé de la sorte pour gagner du temps. Ce n'est bien sûr que mon hypothèse...

 

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Published by François Massarelli - dans Harold Lloyd Muet Comédie
11 avril 2019 4 11 /04 /avril /2019 10:16

Le moins qu'on attende d'un film situé dans le milieu de la couture Parisienne, c'est qu'il soit élégant... Et heureusement, on est servi. Situé dans un monde cohérent, entre les salles de couture et les salons publics, entre restaurants et boîtes de nuits, le film e se noie jamais dans l'anecdotique et nous propose un mélodrame basé sur un triangle amoureux, caché derrière une comédie de moeurs enlevée et même parfois dynamique, le tout en 80 minutes...

Dans une maison de couture réputée, trois amis travaillent: Mady (Suzy Pierson) y est première couturière, Thérèse (Andrée Lafayette) modèle, la plus sollicitée de tous les mannequins, et Laurent (Malcolm Tod) est pour sa part dessinateur. Ils sont inséparables, d'ailleurs leurs appartements sont situés les uns à côté des autres, et leurs soirées sont communes. Mais Mady et Thérèse sont toutes les deux amoureuses de Laurent, qui lui n'a d'yeux que... pour l'une d'entre elles. A la faveur de l'arrivée à la maison de couture d'un riche collectionneur d'aventures (Léon Mathot), qui ne cache pas son envie de connaître mieux Thérèse, les choses vont se précipiter...

Un personnage en plus, on aurait presque pu dire en trop, mais il n'en est rien, vient se greffer sur cette intrigue: Bartlett, un Américain qui est l'homme de confiance d'un couturier de New York, est interprété par Armand Bernard, le grand acteur de théâtre que Diamant-Berger avait débauché pour interpréter Planchet dans sa version des Trois mousquetaires. Ici, il continue à jouer un rôle comique, mais il réussit une prouesse: tout en étant un faire-valoir, un imbécile de première, même, il réussit à être important... Et le timing impeccable de Bernard, qui cette fois n'a pas seulement à se prendre des coups de pied au derrière comme dans le feuilleton sus-mentionné, fait merveille. Et donne du même coup une dimension de comédie au film, qui oscille constamment entre mélodrame et bulles pétillantes.

Diamant-Berger fait ici deux choses particulièrement bien: d'une part, il filme dans Paris, pour de vrai, et offre une alternative intéressante à ses nombreuses scènes tournées en studio. Ensuite, il fait une grande confiance à ses acteurs, principalement les cinq premiers, qui font une grande partie du travail dans des gros plans très étudiés: le découpage et le montage de ce film sont particulièrement intéressants... Et Diamant-Berger est même très en verve, à sa façon: il installe très bien ses ambiances nocturnes, situe avec efficacité l'ambiance d'une boîte de nuit, et ne perd jamais ses personnages dans ses décors; il utilise à bon escient la profondeur de champ: son final est situé dans une pièce qui est une antichambre d'une maison de couture où une fête bat son plein, pendant qu'au premier plan le drame arrive à son paroxysme. 

Bref, ce Rue de la Paix est le film qui prouve que le très estimable Henri Diamant-Berger, producteur heureux, affabulateur fripon (il affirme dans ses mémoires avoir inventé la bande-annonce, pourquoi pas? il ajoute avoir défini le rôle de la script-girl, et surtout il prétend avoir été le premier à faire des essais en Technicolor en 1925, ce qui trois ans après la sortie de The toll of the sea est un splendide mensonge, digne du reste de ceux que proféraient d'autres cinéastes: Ford, Hawks, Walsh ou Capra en étaient coutumiers) était aussi un cinéaste. Ben oui!

 

 

 

 

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Published by François Massarelli - dans Henri Diamant-Berger 1927 Muet *