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27 octobre 2023 5 27 /10 /octobre /2023 16:53

Le capitaine Singapore Joe (Lon Chaney) a perdu son épouse lors d'un voyage en mer, quand elle est morte en donnant naissance à leur fille Rose-Marie. A Mandalay, le capitaine a laissé la petite aux bons soins du père James (Henry B. Walthall), son frère... Les années ont passé; Joe est devenu l'un des trois associés dans une entreprise plus que louche, en l'occurrence un bordel à Singapour. Souvent, il rend visite à sa fille (Lois Moran), à laquelle il fait peur: Joe n'a jamais accepté les demandes répétées de son frère qui souhaitait raconter la vérité à Rose-Marie... Joe a deux partenaires dans son affaire: un alcoolique, surnommé "L'amiral" (Owen Moore), et un Chinois, English Charlie Wing (So-Jin Kamiyama). La relation est compliquée entre Charlie et Joe, mais la crise viendra de L'amiral: quand celui-ci rencontre Rose-Marie, il tombe amoureux et ne désire rien d'autre que de s'amender...

C'est à la fois le vilain petit canard, le pire de tous les films survivants de Browning et Chaney, et un fantôme de film plus qu'autre chose: il n'en subsiste qu'une copie tirée d'un fragment incomplet (une édition 9.5mm, probablement Pathé-Baby, tirée et éditée en France). Les rares versions disponibles (Patrick Brion l'a montré à plusieurs reprises dans le Cinéma de Minuit) sont d'une définition épouvantable, ce qui n'aide pas le film... L'absence de nombreuses scènes n'aide pas non plus... Mais il est rapide de constater que le film est essentiellement une affaire de remplissage, une de ces oeuvres de second ordre que Chaney et Browning tournaient parfois entre deux films plus importants. Ici, ce serait entre The Blackbird (avec Chaney) et The Show (avec John Gilbert).

On y retrouve de nombreux motifs, d'abord des clichés du cinéma d'aventures, une certaine ambiance de conflit ethnique, avec comme souvent hélas un asiatique qui a le mauvais rôle; deux frères, Walthall et Chaney; l'un tourné vers le bien, la religion, le spirituel, et l'autre vers le crime... Un alcoolique, proxénète, bandit (Owen Moore), qui va se comporter de façon odieuse avec Rose-Marie avant de gagner sa confiance et finalement de trouver la rédemption... Et le metteur en scène ne se lassait pas d'explorer les bas-fonds sous tous les angles, mais... ici, que de clichés! 

Beaucoup des aspects de ce films seraient de toute façon recyclés dès 1928 avec West of Zanzibar, plus intéressant que ce film, qui allait en particulier mener à de nouvelles extrémités la relation père-fille dans de nouvelles variations. Le personnage de l'acloolique indécrottable serait également explorée de nouveau. Et Where east is east (pas beaucoup plus intéressant) en 1929 serait une autre occasion de confronter Chaney, vieillissant, à une progéniture.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Tod Browning Lon Chaney 1926
26 octobre 2023 4 26 /10 /octobre /2023 22:20

The unknown occupe une place à part dans le corpus de dix films réalisés par Tod Browning avec l'acteur Lon Chaney... Souvent cité comme étant le meilleur par beaucoup d'amateurs, il est sans aucun doute le plus troublant de leurs films, celui dans lequel l'acteur et le réalisateur font converger leurs univers à travers une thématique commune qui aura rarement été aussi riche en sens et en interprétations...

Lon Chaney, acteur à transformations, appréciait le défi représenté par la recréation du handicap, et avait à plusieurs reprises utilisé ses capacités de jeu pour la caractérisation de personnages comme Blizzard (The penalty, Wallace Worsley, 1920), amputé des deux jambes (Et tourné d'une hallucinante façon frontale), ou comme Dan, le faux infirme de The blackbird (Tod Browning, 1925), qui soumettait son corps à une impressionnante et dangereuse gymnastique pour faire croire qu'il était difforme...

De son côté, Browning était fasciné par le bizarre, certes, c'est souvent dit. Mais il était surtout issu du milieu du cirque, et avait transposé dans son univers cinématographique cette expérience, non seulement par des films situés dans ce monde-là (The unholy three, The mystic ou The show, pour s'en tenir à des films tournés avant The unknown), mais aussi en mettant souvent l'accent sur la mystification. Et son style en venait aussi: chez lui, on trouve peu de mouvements de caméra, peu de montage savant. Il lui importait d'installer une atmosphère par un décor approprié, et de demander aux acteurs de mettre en place la situation d'une manière aussi claire que possible. Les séquences reposaient ensuite beaucoup sur l'exposition de la scène à l'écran, avec une tendance justement à s'attarder, qui est surprenante aujourd'hui, par ce qu'elle enlève de rythme, mais qui est totalement inhérente à tout son cinéma (Ce qui donne parfois des résultats embarrassants, je pense à son adaptation ratée de Dracula en particulier). Mais surtout, Browning cherchait constamment à reproduire de lui-même vis-à-vis du public le bon vieux lien de mystification, en pointant le spectateur dans la mauvaise direction... 

Donc, un illusionniste qui aimait à créer de toutes pièces des univers décalés et situés aux frontières du convenable, et un acteur fasciné par la différence et qui cherchait par tous les moyens à la représenter au mieux, en faisant tout pour être convaincant, et même au-delà, à créer entre lui et son spectateur un lien émotionnel fort: ces deux-là étaient faits l'un pour l'autre...

Le défi de The Unknown était important pour l'acteur, dont la publicité de l'époque cachait qu'il avait été doublé. Rien de déshonorant pour lui pourtant: Chaney, fait-il le répéter, était un acteur, et son personnage d'homme qui fait croire qu'il n'a pas de bras, avant de prendre la décision de se faire amputer, est un exemple particulièrement significatif de son talent... l'intrigue est la suivante: Alonzo (Chaney), homme sans bras, est une attraction du cirque de Zanzi (Nick De Ruiz). Tous les soirs, il effectue avec ses pieds un numéro de lanceur de couteaux... Son assistante est la jolie Nanon (Joan Crawford), dont il est amoureux... Celle-ci est obsédée par l'insistance des hommes à vouloir la toucher, en particulier ce grand nigaud de Malabar (Norman Kerry), le costaud de la foire, qui revient à la charge en lui déclarant sa flamme tous les soirs: irritant, même si l'intention du bonhomme reste noble.

Le problème d'Alonzo, c'est qu'il a un secret: il a des bras, qu'il dissimule évidemment, et ceux-ci sont célèbres dans la police: car avec les deux pouces de sa main gauche, le bandit laisse des empreintes particulièrement reconnaissables. Si sa couverture (Il a un corset et utilise ses pieds avec la même dextérité qu'un authentique amputé) peut tenir un temps, comment pourrait-il devenir l'amant de Nanon? ...Surtout quand celle-ci surprend une silhouette mystérieuse qui étrangle son père, et possède deux pouces à la main gauche. Malgré les conseils de Cojo (John George), son ami et complice qui lui propose de prendre du champ, Alonzo s'entête et prend la décision la plus folle possible: se faire amputer, afin de définitivement détourner les soupçons, et de pouvoir conquérir Nanon. 

Avant son départ, Alonzo a une idée qui débouchera sur un désastre: il conseille à Malabar d'insister, espérant provoquer chez Nanon un dégoût plus intense encore... C'est bien sûr le contraire qui arrivera, car dans l'univers de Lon Chaney, l'amour est hors de portée. C'est l'un des ingrédients qui permettent à l'acteur de provoquer une forte sympathie de son public, assez paradoxalement: car Alonzo est une fieffée canaille, qui résout cette histoire dans une tentative sadique que je vous laisse découvrir par vous-même... Un acte qui, bien sûr, lui coûtera la vie. D'autres éléments visant à diaboliser le personnage ont disparu des copies actuelles (le film n'a survécu que dans une copie réduite à cinq bobines, dénichée dans les collections de la cinémathèque Française): le meurtre soit montré, soit fortement suggéré du médecin qui l'ampute, et la disparition plus que louche de Cojo, seul témoin survivant des actes criminels d'Alonzo... Mais ces actes avaient probablement été coupés avant la sortie de la version définitive.

Browning est à son aise dans ce film, situé dans son monde si particulier, fait de roulottes et de coulisses du cirque; les personnages y sont à la fois des illusionnistes, car une bonne partie du travail artistique du cirque repose sur le faire croire, et de véritables créatures d'un monde parallèle; comme dans la plupart de ses films de cirque, Browning nous montre des gens qui gardent leur identité en permanence: d'ailleurs, Malabar est toujours Malabar, avec le costume idoine. J'admets au passage que Norman Kerry n'est probablement pas la meilleure raison de voir le film... Et Chaney y trouve son personnage idéal, un infirme qui est à la fois un criminel, un escroc, un manipulateur et un amoureux éconduit. Sa prouesse est impressionnante, qu'il soit doublé (dans des plans travaillés au millimètre, puisque on le voit vivre avec les pieds d'un autre, sa doublure...), ou que l'illusion repose sur son jeu irréprochable. Et il joue, littéralement, sans les mains, donc avec son exceptionnel visage.

Pour finir, comment ne pas penser à l'interprétation la plus fréquemment associée à ce film, qui voit en The Unknown une métaphore à forte connotation sexuelle, faisant de Nanon une femme qui a été violée, et d'Alonzo, un homme qui pour la posséder va décider de se faire castrer. Il est vrai que si Malabar convoite Nanon sexuellement (Ce gros tas de muscles a un regard de collégien salace dès qu'il la voit), on peut s'interroger sur le lien qu'Alonzo cherche à établir. D'autant que Chaney joue ici un homme d'âge mur... Un tel scénario, impliquant une métaphore de la castration comme seule chance de se faire aimer est excessif, mais pas au regard de l'étrangeté de l'univers de l'acteur, et encore moins du réalisateur. Beaucoup, au sujet de ce film, veulent d'ailleurs voir un rapport avec la rumeur insistante selon laquelle Browning, dans l'accident de voiture dont il a été victime en 1915 (Qui coûta la vie à l'acteur Elmer Booth) aurait subi beaucoup plus qu'un traumatisme, et que son obsession de l'amputation, voire de l'impuissance, en viendraient en droite ligne. Spéculations, théories, qui ne font qu'ajouter au sordide... ou au fascinant. Ou aux deux... Tout ça pour dire que The unknown, en dépit de son air de ne pas y toucher, est un sacré morceau de l'univers de Browning. Enfin restitué dans une version qui rend justice à a progression, et au sens de l'atmosphère de son réalisateur: une copie plus complète du film ayant été retrouvée à Prague, on a enfin la possibilité de l'apprécier dans une version de six bobines plus proche (à 30m près!) de sa durée initiale...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1927 Tod Browning Lon Chaney **
27 mai 2023 6 27 /05 /mai /2023 11:26

Déjà responsable pour partie d'une adaptation d'un récit de James Oliver Curwood, Back to God's country, l'année précédente, Hartford récidive, toujours sous la supervision de Curwood, avec un film qui reprend beaucoup de la recette... Mais sans l'actrice nell Shipman.

Dans le grand nord Canadien, en pleine forêt, un drame se joue: alors que Nanette Legrand (Betty Blythe), la fille d'un pionnier malade, attend le retour de son fiancé Raoul (Lon Chaney), le principal employeur de la région décide de céder au caprice de son fils, qui veut épouser la jeune femme. En tout cas, il la veut, tout court, et il est prêt à tous les stratagèmes, y compris à prétendre avec un copain que ce dernier aurait assisté à la mort de Raoul... La mort dans l'âme, elle se résigne à épouser l'affreux rejeton (Francis McDonald), mais c'est le moment qu'a choisi raoul pour revenir...

Il va y avoir de la bagarre en effet, et Raoul tuera involontairement un des hommes qui lui ont fait du tort, permettant l'irruption dans l'intrigue d'un officier de la police montée (Lewis Stone): amoureux de Nanette, lui aussi, mais au moins c'est un brave homme... Outre la police montée, absolument toutes les cases attendues sont cochées, à l'exception de la neige, qui jouait un rôle spectaculaire dans Back to God's country: cabanes en rondins, grands lacs, canots d'inspiration amérindienne, ours, mocassins, chemises à carreaux... Lon Chaney joue un rôle relativement secondaire qui donne parfois l'impression d'avoir artificiellement gonflé au montage, ce qui nous rappelle qu'il était en pleine ascension...

Betty Blythe n'est pas Nell Shipman, et elle n'a pas un rôle très gratifiant: d'une part elle qui était habituée aux rôles "historiques" (les guillemets ont leur importance) et aux costumes (et parfois absences de) de reines antiques, est assez peu crédible en fille de la forêt, mais elle a au moins une scène dans laquelle elle prend en main son destin et c'est sans doute le meilleur moment du film, qui pour le reste est du mélodrame sans grande imagination, qui tend à répéter la formule du film cité plus haut... Lon Chaney, quant à lui, est d'ailleurs peu convaincant en brave trappeur, avec, je tremble de l'écrire, un sourire niais: un personnage fade qui reviendra dans The Trap.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1920 Lon Chaney *
12 mai 2023 5 12 /05 /mai /2023 18:12

Gaspard, un Québecois qui vit dans une toute petite bourgade du Nord Canadien, est un peu le simplet du village, un homme des bois qui s'est fait tout seul à l'abri du grand monde, mais qui a tellement bon fond qu'il aime tout le monde. Au point d'en être d'une indécrottable naïveté. Il ne lit ni n'écrit, et se fait souffler sa mine (léguée par son père) par un profiteur venu de la grande ville, Benson. Mais quand en prime Benson lui pique sa petite amie, il décide que sa vengeance prendra le temps qu'il faudra, mais elle sera terrible...

Et pourtant, Gaspar n'ira pas au bout, dans ce film réduit probablement d'un tiers. Certains passages trahissent par une brusque accélération des coupes drastiques, et au moins un personnage majeur disparaît sans véritable explication, même s'il n'est pas difficile de deviner ce qu'il est advenu d'elle. Il en va souvent ainsi avec les films muets miraculés, et en particulier avec ceux de Lon Chaney. Ce dernier, avec son trappeur à demi-idiot, n'est pas vraiment à la fête, le scénario ayant finalement peu d'occasion de lui permettre de sortir de son attitude de gentil demeuré... On lui préférera le monsieur de la ville interprété par Alan Hale, qui a un vrai enjeu dans l'arc de son personnage.

Si le film revêt un intérêt aujourd'hui, c'est surtout dans la mesure où il offre l'un des premiers cas de vengeance tordue à Lon Chaney, qui n'allait pas tarder à en faire une spécialité avec Tod Browning. Ici, il va tenter d'adopter un loup affamé pour le dresser à tuer son ennemi. Mais l'ange gardien de Gaspard veille, et on n'ira, je le disais, pas au bout.

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Published by François Massarelli - dans Muet Lon Chaney 1922 **
1 septembre 2022 4 01 /09 /septembre /2022 17:36

Dans une petite banque familiale, le vieux caissier (Lon Chaney) découvre que le directeur, Peabody, et son fils, détournent de l'argent. Ils le frappent et s'en débarrassent, le croyant mort: le complice qui transportait le corps a un accident. Le corps a disparu...

La fille du vieux Forbes, le caissier disparu, demande de l'aide à son ami Billy, qui décide de profiter de l'occasion pour prouver qu'il n'est pas un bon à rien...

C'est l'un des rares longs métrages Universal avec Lon Chaney d'avant 1919 à avoir été conservé entier ou à peu près... Et c'est un film assez connu, du coup, souvent montré ou édité, dès les années 80, en super 8 puis VHS et enfin DVD. Mais c'est avant tout un mélodrame assez sombre, avec un arrière-plan moral et une leçon, dans les limites de la convention: les Peabody sont des gens avides et sans scrupules, qui non seulement détournent l'argent de leurs clients avec des malfrats, mais en plus vont saigner à blanc ceux qui ont des dettes envers eux. Des capitalistes, dans le pire sens du terme, qui s'en prennent à un descendant du patriote Paul Revere, interprété par Chaney! Et pendant ce temps, un homme simple mais amoureux va révéler sa vraie force morale et faire triompher le bien.

Le film est décent, avec de belles scènes de suspense nocturne. Chaney y est excellent malgré la charge mélodramatique de son rôle, qu'il assume à 200%! Et la direction de l'artisan Joseph de Grasse (dont le frère Sam interprète ici le fils Peabody) est adéquate, sans plus...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Lon Chaney 1917 **
29 août 2022 1 29 /08 /août /2022 10:08

Nellie (Dorothy Phillips) est une aspirante actrice, qui s'enfuit de chez elle pour percer à New York. Dans la gare, elle rencontre un acteur (William Stowell) qui la séduit par son amabilité. 

Arrivée à Broadway, elle monte un à un les échelons du théâtre, et va presque malgré elle se servir d'un homme, le critique Paul Niehoff (Lon Chaney), un homme malade, qui souhaite faire représenter une pièce qu'il a écrite, avant de mourir...

Il manque les deux dernières bobines du film, sur cinq à l'origine, et ce qui reste n'est pas brillant... La troisième bobine en particulier a beaucoup souffert des ravages du temps. Mais en 33 minutes, on a quand même une assez bonne idée de ce qu'est ce film, réalisé comme tant d'autres de ceux qui employaient Chaney à l'époque par Joseph de Grasse. Pendant toute la durée de ce qui reste du film, on est assez circonspect devant une intrigue qui n'en finit pas de ressembler à une parodie. Ca s'explique très bien par la fin, résumée dans les copies disponibles...

C'est un film moyen, qui se réveille soudain à la fin de la troisième bobine, justement, quand un producteur véreux est assassiné par l'héroïne qui souhaite se défendre de ses intentions malfaisantes... De Grasse y utilise un bel éclairage, et Dorothy Phillips y incarne à merveille une ingénue dépassée par la violence dont elle fait preuve: là encore, ça sert assez bien le film quand on en connaît le dénouement. Chaney, enfin, y échappe au rôle de méchant, même si sa première apparition, en critique démiurge dans les coulisses d'un théâtre, fait craindre le pire...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1917 Lon Chaney **
27 août 2022 6 27 /08 /août /2022 16:26

Pas grand chose à glaner aujourd'hui dans un long métrage réduit à 5 minutes de fragments plus ou moins disjoints... Lon Chaney y est un profiteur, fumant le cigare et arborant en permanence un sourire de satisfaction perverse, une attitude qu'il utilisera souvent.

Mais voilà: comme tant d'autres, ce filma été victime du peu d'intérêt que la Universal manifestait pour le devenir de ses films, devenu des produits de saison qui n'ont plus aucune attraction pour les exploitants et le public... du moins le croyaient-ils! Ida May Park a écrit le scénario, et Joseph de Grasse est le réalisateur, comme souvent pour les films interprétés par Chaney à cette époque. On retrouve d'ailleurs dans ces quelques images la préoccupation de montrer un visage urbain du mélodrame et du crime, qu'on trouvera aussi dans Broadway love de Ida May Park, passée réalisatrice.

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Published by François Massarelli - dans Muet Lon Chaney 1915 **
27 août 2022 6 27 /08 /août /2022 16:10

François Villon, vagabond, poète et bandit à ses heures, a détroussé en compagnie de son copain Colin deux moines, car ils avaient eux-mêmes donné tout leur argent à une famille dans le besoin. Ils sont jetés dans une oubliette, mais Colin aide Villon à s'échapper. Puis le héros assiste à l'exécution de son copain, et se venge sur un noble qui se moquait du défunt. 

Désormais doté d'une armure, Villon va ensuite délivrer une jeune femme des griffes de son tuteur violent, et fera une rencontre déterminante en la personne du Roi Louis XI, qui justement l'admire...

A l'origine, c'était une série de quatre films de deux ou trois bobines, concoctés par Universal pour le public populaire. Ce n'est pas à proprement parler un film d'une grande originalité, et le jeu de Murdock McQuarrie (Villon) vient en droite ligne des histrions des débuts du cinéma. L'acteur était pourtant souvent employés pour jouer les héros, dans des westerns et des films d'aventure.

Mais le principal intérêt du film aujourd'hui n'est ni McQuarrie, ni même le personnage ou la légende de François Villon: dans le rôle du tuteur libidineux, silhouette massive et inquiétante, qui mourra d'une main justicière après quatre minutes de présence sur l'écran, c'est Lon Chaney, dans ce qui est son plus ancien film de long ou moyen métrage à avoir été sauvegardé. Et d'ailleurs, après By the sun's rays, réalisé la même année par le même Gyblin, réalisateur très peu notable, c'est le deuxième plus ancien film conservé de l'acteur.

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Published by François Massarelli - dans Muet 1914 Lon Chaney **
24 mars 2021 3 24 /03 /mars /2021 13:34

Alors qu'il se bat pour conquérir le coeur d'une jeune femme (Gertrude Olmsted), un jeune un peu niais sur les bords (Johnny Arthur) termine ses études de criminologie à distance, en s'attaquant au mystère de la commune: des disparitions étonnantes... La présence d'un sanatorium suspect, et le fait que d'étranges personnages se promènent dans la campagne en fête, aurait-il également à voir avec ces disparitions en série?

Réalisé en indépendant mais distribué par la Metro-Goldwyn-Mayer, The Monster est un de ces films qui hésitaient constamment entre film fantastique et comédie: ça commence d'ailleurs bien, voire très bien, avec une scène des plus intrigantes, et puis ça retourne vers une comédie comme il s'en produisait des caisses à l'époque, autour de la charmante niaiserie de la ruralité... Et surtout il faut attendre 30 minutes avant que le grand Lon Chaney (premier au générique, c'est après tout la même année que son inoubliable Erik dans The phantom of the opera) ne fasse son apparition...

Et c'est décevant: le film ne semble s'illuminer que quand West sort de ses cadres imposés, que ce soit le terrain de la comédie ou bien celui de la maison hantée avec tous ses sempiternels clichés. Et Chaney ne fait pas grand chose, ici, c'est le moins qu'on puisse dire. Non, le film ne devient vraiment intéressant qu'occasionnellement, par exemple quand on se retrouve face à une scène de funambulisme sous un orage avec un cinglé sur un toit; quelques plans ou séquences montrent bien une envie de montrer du bizarre... Mais on en revient toujours au tout-venant.

C'est toujours meilleur que l'abominable The Bat.

 

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Published by François Massarelli - dans 1925 Muet Comédie Lon Chaney *
18 avril 2019 4 18 /04 /avril /2019 10:00

Avant-dernier film muet de Tod Browning, ce film taillé pour choquer un maximum, montre à la fois les caractéristiques de l'univers tout entier de Tod Browning, et ses limites de plus en plus flagrantes. Marqué par un montage serré et très sec, il fait preuve d'une mise en scène réduite à l'essentiel, et tout y est question d'atmosphère: la photo bien sûr, le jeu des acteurs: en pleine jungle, ils sont sales, suants, malades et on est en plein réalisme brutal. Et toutes les péripéties vont délibérément vers le sordide...

Phroso (Lon Chaney), un prestidigitateur de foire, est fou amoureux de sa jeune épouse, mais se rend compte qu'elle souhaite partir avec l'aventurier Crane (Lionel Barrymore). Celui-ci le lui explique, et dans la bagarre qui s'ensuit, Phroso se blesse et restera paralysé en dessous de la ceinture. Ce qui ne l'empêche pas de se mouvoir: quand il apprend quelques mois après que son épouse a trouvé refuge dans une église, il s'y rend, et c'est en rampant qu'il vient constater qu'elle est morte... dans l'église, il y a une petite fille, et Phroso jure alors devant Dieu qu'il fera payer Crane et sa fille...

Près d'une vingtaine d'années plus tard, "à l'ouest de Zanzibar", en pleine jungle, Phroso dirige un petit trafic de vol d'ivoire. Il ourdit une machiavélique vengeance qui implique d'attirer Crane, et de méthodiquement transformer sa fille (Mary Nolan) en une épave alcoolique. Mais il souhaite aller plus loin, en prenant appui sur une loi indigène qui décrète que quand un homme meurt, ses épouses et filles doivent l'accompagner dans la mort...

Tod Browning, illusionniste jusqu'au bout, utilise tous les écrans de fumée possibles et imaginables pour nous faire passer la pilule de cette "loi ancestrale" susceptible de sérieusement dépeupler les villages, et d'ailleurs noie tout son film dans la fumée, la boue, la nuit. C'est l'un des films MGM les plus désespérément noirs de toute la décennie... C'est aussi, probablement, une épure du style,ou du non-style de Browning. On constate que trois années avant le tournage de son Dracula, il installe son atmosphère particulière en multipliant les images d'animaux qui grouillent, garde ses distances face à tout ce beau monde, et laisse faire ses acteurs qui tout adoptent un jeu fait de grimace et d'excès: on est loin de la machine à glamour, et on voit que le studio commençait à ne plus trop savoir quoi faire, ni de Chaney, ni de Browning.

L'acteur commençait d'ailleurs à opérer une transition vers une carrière à la Lewis Stone, et désormais n'était plus l'amant délaissé, mais bien le père frustré (même s'il avait joué un peu les deux dans Laugh clown laugh); et dans Thunder, son dernier film muet, il jouerait un vieil homme sur le point d'être mis de côté... Avec West of Zanzibar, c'est un peu à un baroud d'honneur que le comédien nous convie: il y interprète pour la dernière fois un infirme qu'il doit jouer aussi physiquement que possible et joue avec force de son visage extraordinaire...

Et le metteur en scène oscillait entre succès et films problématiques. Je pense que West of Zanzibar n'ajoute rien à sa légende, et se contente de faire semblant de renouveler une formule en poussant au plus loin le bouchon de la cruauté, du bizarre et du malaise. ...le tout dans l'illusion, bien entendu. Et encore, le film a la réputation d'avoir été sévèrement coupé par la MGM avant sa sortie (ce que prouvent des photos de scènes qui sont absentes du film, dont une troublante apparition de Chaney avec un costume d'homme-poule, quatre ans avant Olga Baclanova)! Cela étant dit, cet avant-dernier muet de Browning vaut bien mieux que son film suivant, Where east is east, un film absolument et résolument vide du moindre intérêt.

 

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Published by François Massarelli - dans 1928 Tod Browning Lon Chaney Muet *