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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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5 mars 2016 6 05 /03 /mars /2016 18:43

Film, Flirt og Forlovelse (Lau Lauritzen, 1921) Carl Schenstrom et Harald Madsen, comiques Danois, étaient mieux connus sous le nom hallucinant (mais justifié) de Doublepatte et Patachon, ou Pat und Patachon en Allemagne. Leurs films sont encore aussi populaires en Scandinavie que le sont Laurel et Hardy, et on peut comprendre pourquoi à la vue de ce film, court mais très typique de leur style. C'est d'ailleurs l'un des premiers; ils sont surtout préoccupés par leur propre survie, comme tous les vagabonds du muet, et traversent sans trop les comprendre des histoires qui ne les concernent pas. cela ne les empêche pas d'avoir une morale: dans la maison autour de laquelle ils vagabondent, ils ont remarqué que le fiancé de la jeune fille de la maison était un vil coquin, et vont redresser malgré eux les torts, en favorisant le mariage avec un type plus sur, et dont en plus elle est vraiment amoureuse... Ce genre de script, ils en tourneront des dizaines, au danemark, en Grande-Bretagne, en Allemagne et en Suède. La poésie lunaire générée par les deux acteurs se mélange encore bien avec l'esthétique de la décennie, si envoutante pour les mutophiles, ou amateurs de films muets... Mais quel dommage que leurs films ne soient disponibles que dans des versions sonorisées et remontées pour la télévision Allemande. On espère qu'un jour cette injustice (Qui fait que leur impressionnant Don Quichotte, par exemple, soit long de 45 minutes contre 180 en 1926) sera un jour réparée.

Sol, sommer und Studiner (Lau Lauritzen, 1922) On prend les mêmes et... A nouveau vagabonds, Schenström et Madsen tournent encore autour d'une maison bourgeoise, mais cette fois ci ils ressemblent surtout à deux cerises sur le gâteau, l'intrigue semblant ne pas vraiment les concerner. on remarque quand même qu'elle leur permet de s'installer dans une maison vide ou ils se comportent en sales gosses, et que Lau Lauritzen, contrairement à Mauritz Stiller en Suède, qui privilégiait pour ses beaux films dramatiques l'hiver (Le trésor d'Arne, La saga de Gösta berling), filmait lui de préférence en été, aussi près que possible de la mer, afin d'avoir des scènes de jeunettes en maillot de bain (Une constante)...

Mellem muntre musikanter (Lau Lauritzen, 1922) Encore un scénario obscur pour ce film réduit au tiers de sa durée par la loi de la télévision Allemande. Les deux héros y sont des escrocs musiciens, sinon comme d'habitude des jeunes gens de la bourgeoisie y draguent sur la plage des filles à papa...

Vore venners vinter (Lau Lauritzen, 1923)

Parce qu'ils ont trop bu en compagnie d'un amoureux privé de sa bien-aimée, les deux héros-vagabonds Schenström et Madsen sont transportés malgré eux en montagne, ou ils vont retrouver... la fiancée en question. le film étant particulièrement raboté, la compréhension et la logique en prennent un coup. Amusant, surtout pour les magnifiques images neigeuse en toute liberté.

Daarksab, dyd og driverter (Lau Lauritzen, 1923)

Deux vagabonds escrocs vont de plage en plage avec une boite à chaussures qui passe pour un appareil photo. ils se font payer en avances, mais ça ne marche pas fort... sinon, deux amoureux, comme d'habitude, vont avoir besoin de leurs services...

Lille Lise Letpaata/Die kleine Tänzerin (Lau Lauritzen, 1924)

Schenström et Madsen, musiciens, vont aider la vedette de la petite compagnie de ballet qui les emploie à devenir une grande artiste. Comédie du versant plutôt tendre...

Professor Petersens plejeborn (Lau Lauritzen, 1924)

Schenstrom et Madsen sont placés par des contrebandiers dans la maison d'un ornithologue, pour préparer un mauvais coup, mais ils sont deux bien inefficaces majordomes, et vont finir par changer de camp. Beaucoup de slapstick la-dedans, en particulier dans la maison livrée à deux domestiques dangereux...

Raske Riviera Rejsende (Lau Lauritzen, 1924)

Premier film "exotique" du duo Schenstrom-Madsen, largement situé en Italie, prétexte à quelques gags, dont l'inévitable découverte des spaghetti... L'intrigue est nébuleuse, sans intertitres...

Ole opfinders offer (1924, Lau Lauritzen)

Takt, Tone og Tosser (Lau Lauritzen, 1925):

Lauritzen continue à placer ses héros dans des intrigues classiques, dans un cadre bucolique impeccablement filmé: ici, une histoire de vieux moulin à sauver de la destruction, et un mélodrame avec fille de riches cachée dans un cirque...

M. le commissaire (Gustaf Molander, 1925)

Premier film hors du danemark, pour Schesntrom et Madsen, et première tentative de sortir de la routine jusqu'alors imposée par la collaboration avec leur mentor, Lau Lauritzen; pour commencer, Molander les sépare: Madsen est le chef de la police, et Schenstrom sa nemesis, un vagabond qui finit toujours en prison; ensuite, le reste du film est une comédie mélodramatique avare en gags. Mais la beauté de la photographie, et les extérieurs hivernaux (On est en Suède), restent de mise...

Les millionnaires (Lau Lauritzen, 1925)

Modeste comédie, dans laquelle Schenstrom et Madsen sont utilisés pour sauver une petite ville dont il vont incarner la réussite, avec come d'habitude une séquence gratuite au bord de mer, en compagnie de jeunes femmes en maillot...

Chasseurs de loup (Lau Lauritzen, 1926)

La chasse au loup, dans la ravissante campagne danoise, il n'y a que ça de vrai...

Dodsbokseren / Ca va barder (Lau Lauritzen, 1926)

Enorme succès en son temps, ce film nous présente Schenstrom et Madsen en naufragés sur un bloc de glace (Suite à un accident de char à voile...) recueillis par un cargo; ils deviennent marins et participent à une séquence de slapstick fort bien arrangée.

Don Quichotte (Lau Lauritzen, 1926) Ce film, qu'on aimerait voir entier (Il est réduit à une cinquantaine de minutes, alors qu'il totalisait près de trois heures...) est une fascinante entreprise: faire une adaptation stricte de la tragi-comédie de Cervantès, avec deux comiques dans les rôles principaux; seul film ou ne reconnaisse pas le maquillage traditionnel des deux comédiens Schenstrom et Madsen, c'est un film manifestement illustratif, un peu trop littéral; mais l'idée de décalage entre un monde qui tourne dans un sens et deux hommes qui tournent dans l'autre (Surtout Quichotte, par le grand Schenstrom qui m'a l'air parfait dans le rôle) est somme toute présente dans les fragments qui nous sont parvenus. Au passage, le film n'est pourtant pas perdu... Allez, le DFI, faites votre boulot!

Eté joyeux (Urban Gad, 1926): Urban Gad, réalisateur du sombre et baroque L'Abîme qui révéla Asta Nielsen, se trouve pour son dernier film réalisateur de comédie avec Schenstrom et Madsen... Anecdotique.

Vester-Vov-Vov/En mer du nord (Lau Lauritzen, 1927)

En mer du nord, donc... Les deux vagabonds habituels créés par Shenström et Madsen vagabondent sur les rives Nordiques.

Pierres-tonnerre (Lau Lauritzen, 1927)

Sous cette approximative traduction du danois, se cache un film ambitieux, dans lequel Lauritzen essaie de casser les systématismes du duo Madsen et Schesntrom; notamment, il les place au milieu d'un écheveau d'intrigues parfois un peu difficiles à décoder sans intertitres... Mais il le fait sans jamais oublier le gag, contrairement à son Don Quichotte.

Le roi de Pélicanie (Valdemar Andersen, 1927)

Grosse komédie, avec ce petit film qui nous montre les deux héros burlesques Danois aux prises avec un royaume de pacotille...

Force et beauté (Lau Lauritzen, 1927)

Le meilleur film de la série? Peut-être, mais il faudrait le voir en entier, au lieu d'un raccourci de 25 minutes. Schenstrom et Madsen sont des vagabonds devenus des statues vivantes, pour rendre service à deux jolies filles... l'un des rares films ou leurs étonnantes capacités physiques (gymnastes et contorsionnistes, quand même, excusez du peu) sont bien mises à contribution.

Filmens Helte (Lau Lauritzen, 1928)

http://allenjohn.over-blog.com/article-filmens-helte-les-heros-du-cinema-lau-lauritzen-1928-105835984.html

Schenström et Madsen
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Published by François Massarelli - dans Scandinavie Muet Comédie Schenström & Madsen
4 mars 2016 5 04 /03 /mars /2016 18:50

Dernier des films muets disponibles de Sternberg, Docks of New York fait partie de ces nombreux films passés inaperçus, justement parce qu'ils étaient muets, à l'époque ou on allait voir n'importe quoi du moment qu'on y parle. Et comme beaucoup de films de cette miraculeuse année, il est devenu un classique. A voir pour la poésie crapuleuse, peuplée et fêtarde, de ces bouges portuaires, pour l'éclosion d'une incroyable histoire d'amour entre un gros baraqué et une fragile petite dame suicidaire, et bien sur pour la science de l'image qui transforme, comme dans les autres muets de Sternberg, absolument tous les plans en des photographies sublimes.

George Bancroft y incarne Bill Roberts, un soutier, bien décidé à prendre du bon temps pour son seul jour à terre. En route pour un bar à marins qu'il connait, il sauve une jeune femme de la noyade, qui s'était délibérément jetée à l'eau: c'est Betty Compson, qui incarne Mae. Son prénom n'est connu que pour un intertitre qui est situé vers la fin du film, mais la jeune femme va promener son spleen du début à la fin de l'intrigue, partagée entre trois sentiments difficilement compatibles: une véritable reconnaissance pour Bill, non parce qu'il l'a sauvée, mais bien parce qu'il lui témoignera de l'intérêt; ensuite, elle manifeste une méfiance à l'égard de tout et tous, en particulier Bill! Celui-ci prétend vouloir se marier avec elle sur le champ, ça ressemble surtout à un rituel sexuel plus qu'autre chose et elle n'est pas dupe... Le pasteur qui fait l'office (Gustav Von Seyffertitz) non plus, du reste. Le troisième de ces sentiments, c'est une certaine envie de croire en une chance, ce qui lui fait tenter de voir au-delà des apparences, un futur possible avec Bill. Aussi, quand celui-ci part le lendemain matin, elle manifeste une certaine tendresse... avant de le jeter dehors sans ménagements!

Le film est construit sur deux journées, et peu d'ellipses s'y retrouvent. La principale est la nuit d'amour, qu'on devine torride: Quand Bill se lève, la jeune femme reste à dormir au lit, et il cherche dans sa poche de l'argent. il laisse un billet sur la table de nuit, puis se ravise... et, l'air admiratif, en ajoute un deuxième! Le film ne prend pas de gants avec le milieu qu'il nous dépeint... On est dans un film d'inspiration très européenne. Et au fait, c'est intéressant de constater qu'à l'approche du parlant, de nombreux films à vocation "artistique" se sont tournés vers New York: celui-ci est donc dans une catégorie qui inclut également Speedy d'Harold Lloyd, The Crowd de Vidor, et Lonesome de Fejos. Pourtant, hormis quelques plans quasi-documentaires d'entrée ou de sorties de bateaux dans le port, tout le film ou presque se passe sur les docks, dans les chambres situées dans les environs du bar fréquenté par tous ces gens. Le mariage qui y a lieu est une scène fabuleuse, dans laquelle la poésie la plus inattendue s'installe dans un lieu qui n'y est pourtant pas propice... Les matelots ivres y dansent avec les filles, et Bill y séduit, à sa façon, Mae, avant de rendre la décision (Sans vraiment la consulter) de l'épouser. Et la volonté tranquille du marin, certes éméché, finit par la persuader de ne pas trop s'y opposer... mais la conscience veille: Olga Baclanova incarne dans ce film un personnage extraordinaire de fille qui a du faire face à la faillite d'un mariage avec un homme de la mer, et elle prévient les deux amoureux d'un soir qu'ils font une bêtise.

Pourtant le film, qui commence presque par une scène dans laquelle une femme se jette à l'eau, est aussi et surtout la naissance d'un amour. Un amour qui passera par des gestes tendres, des actes simples mais clairs dans leur signification, et culminera dans une scène finale, celle d'un autre être humain, Bill cette fois, qui se jette à l'eau, aussi bien pour de vrai, que symboliquement (Naissance de l'amour, enfin pour lui, du moins prise de conscience de ses sentiments), qu'au figuré: il se "jette à l'eau", et va enfin assumer d'être marié. Supérieurement photographié par Arthur Rosson qui doit composer des images et régler des lumières pour le metteur en scène le plus doué en ces domaines, et s'en tire avec brio, The Docks of New York est une merveille un film qui ne vous propose rien d'autres que ce qu'il vous montre, et qui vous le montre avec une poésie à tomber par terre. Pourtant vous ne vous ferez pas mal.

 

The docks of New York (Josef Von Sternberg, 1928)
The docks of New York (Josef Von Sternberg, 1928)
The docks of New York (Josef Von Sternberg, 1928)
The docks of New York (Josef Von Sternberg, 1928)
The docks of New York (Josef Von Sternberg, 1928)
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Published by François Massarelli - dans Muet 1928 Josef Von Sternberg Criterion **
2 mars 2016 3 02 /03 /mars /2016 17:12

Sous ce titre se cache un des derniers films muets Allemands, contemporain, pour rester dans le sujet, de All quiet on the Western Front, de Lewis Milestone, et de Westfront 1918, de Pabst. Les films Allemands consacrés à la première guerre mondiale ne sont pourtant pas légion, en cette période. Non, les Américains et les Français les ont battus à plate couture, et si les productions patriotiques Françaises ne voient généralement pas beaucoup plus loin que le bout de leur cocarde, les Américains ont su dès 1925 (The big parade) intégrer une certaine vision humaniste, éloignée des poncifs patriotiques. raison de plus pour accueillir avec espoir ce film oublié, qui nous vient une fois de plus de Lobster films et sa merveilleuse usine à faire revivre les films d'avant. Heinz Paul a choisi de tourner un film muet (Alors que depuis 1929, la production Allemande commence à se tourner vers le parlant) afin d'incorporer dans son film un certain nombre de documents de guerre, et d'éviter le choc entre les images tournées en 1930, et celles, forcément muettes, de 1916. Son film s'intéresse donc à la bataille de la Somme, durant laquelle les aliés (Français et Britanniques essayèrent de percer le front Ouest par la vallée de la Somme. La bataille dura de juillet 1916 à novembre 1916, et se solda essentiellement par une avancée de quelques kilomètres. Autant dire rien... 700 soldats Anglais et Français y sont morts, contre 500 Allemands. Le point de vue du film est, bien sur, Allemand, pour deux raisons finalement: d'une part, le public visé est Allemand (Tout comme le premier public de Verdun visions d'histoire, de Poirier, est Français), d'autre part ils sont ici en défense, ce qui rend le film plus intéressant. Le choix a été de privilégier une vision à distance de la guerre, en montrant parfois par des scènes jouées l'usure des conflits sur un soldat et ses amis, ainsi que sur sa mère qui attend à l'arrière: elle a déjà perdu ses deux grands fils, elle souhaite conserver le troisième... Une grand part du film est faite d'images d'archives, qui sont souvent mises en perspective dans une mise en scène qui les incorpore parfois de manière très adroite.

Néanmoins, le film peine à intéresser durant 102 minutes, de par la sécheresse de l'ensemble, surtout consacré à une leçon d'histoire un peu sèche. Le point de vue, qui contient bien sur des images des alliés ("L'ennemi") sans jamais les diaboliser, est assez noble, mais on aurait aimé quelque chose qui relève un peu l'intérêt. La réussite de Pabst dans Westfront 1918 est d'avoir su conter l'horreur de la guerre par la chronique de la camaraderie ordinaire. En montrant l'histoire par des chemins plus classiques, voire conservateurs, Poirier a réussi à incorporer dans son film Verdun visions d'histoire des personnages, certes nombreux mais crédibles, qui cimentent au moins l'intérêt du spectateur. Et All quiet on the Western Front bénéficie des performances géniales de Wolheim, Summerville et Ayres. Ici, on aimerait être un peu plus captivés, pour tout dire...

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Published by François Massarelli - dans Muet Première guerre mondiale Cinéma Allemand 1930
1 mars 2016 2 01 /03 /mars /2016 23:10
Histoire d'un crime (Ferdinand Zecca, 1901)

On imagine la demande d'ici: Alors Zecca, faites-nous un film, bien sensationnel! Que ces dames s'évanouissent, n'est-ce-pas? Et Zecca fit ce petit film, de 5 mn, parfaitement clair dans sa narration, et... il se passe des choses inattendues! Il raconte la bêtise d'un homme, qui vient en cambrioler un autre, mais doit le tuer pour se défendre. On vient l'arrêter, il est ensuite amené devant le cadavre, et se jette à terre... Puis, après une ellipse, il est dans sa cellule, sous la surveillance d'un gardien, et rêve. D'une vie meilleure, la sienne, avant que l'idée ne lui vienne. C'est un homme comme les autres, il nous est sympathique, il a un métier, une famille... Le réveil est brutal, on vient le chercher pour l'exécuter. On le prépare, on l'amène à l'échafaud, et... on le coupe en deux. C'est la fin.

Sec comme un coup de trique, mais... toutes les interprétations sont permises, c'est la beauté de ce film. Au passage, Zecca invente le champ/contrechamp, ainsi que le flash-back/rêverie poétique, ou quoi que ce soit: en incrustant un écran dans le plan, qui déroule les images de la vie de son condamné, il nous le rend plus sympathique, plus humain. Et Zecca, aussi, a choisi son titre. De quel crime nous parle-t-on? de celui d'un homme, acte de folie imprévu, ou... de l'acte de tuer parce que c'est la loi, qui nous est aussi insupportable, et qui a certainement rempli le contrat: les femmes s'évanouissaient devant le graphisme de la scène... les commanditaires devaient être satisfaits. En attendant, Zecca a aussi inventé la peine de mort cinématographique, forcément ambiguë, et totalement passionnante.

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Published by François Massarelli - dans Zecca Muet
1 mars 2016 2 01 /03 /mars /2016 16:03

Rien à voir avec le milliardaire populiste, ce When clubs are trump est un court métrage de la série Lonesome Luke, imaginée par Harold Lloyd et hal Roach à leurs débuts. C'est en fait la deuxième série de films mettant en scène Lloyd, après Willie Work dont peu d'images circulent, et les Lonesome Luke diffèrent des autres films plus connus de Harold Lloyd par le costume du personnage, ressemblant à une variation en négatif sur le personnage de Chaplin: costume rapiécé, trop petit, et moustache fine. Et surtout... Pas de lunettes! Le film fait parte des quatorze rare courts de la série à avoir survécu, c'est donc une chance... et une opportunité historique, surtout, car pour ce qui est du plaisir qu'on y trouvera, on admettra que ce n'est à proprement parler pas vraiment un film d'un grand intérêt... En dépit du fait que ce court métrage se déroule sur deux bobines, ce n'est pas pour autant la garantie d'une construction solide, et Snub Pollard et Lloyd sont lâchés au début du film dans un parc public pour y improviser quelques gags, avant qu'il ne se passe quelque chose de notable: ils font tous deux le même rêve, et sont transportés... à la préhistoire. Ce ne sera pas une garantie que les gags soient du lus haut niveau, certes, mais il y a toujours dans ces films burlesques situés à l'époque de nos ancêtres (Flying elephants, His prehistoric past, The Three Ages...) un je-ne-sais-quoi de profondément anarchique et réjouissant par l'à-peu-près idiotissime qui s'en dégage. Et bien sur, ce film ne fait pas exception.

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Published by François Massarelli - dans Harold Lloyd Muet Comédie groumf
29 février 2016 1 29 /02 /février /2016 16:23

Jonas Sternberg, pas plus Von que moi, savait ce que le déguisement, ou son équivalent l'uniforme, peuvent faire à un homme. Jannings, vedette Allemande du film de Murnau Le dernier des hommes, qui traitait précisément des effets de la perte d'un uniforme sur un vieil homme, le savait aussi. Cette fable noire et souvent tragique est basée sur l'industrie de l'illusion à Hollywood; un réalisateur voit arriver un jour sur son film un figurant qui n'est autre que l'homme qui l'a arrêté en Russie, en pleine révolution. L'un et l'autre ont aimé la même femme, et le réalisateur va se repaître de l'inversion des rôles: il est désormais en position de force. L'un des premiers films majeurs basé sur un flash-back, The last command est aussi un chef d'oeuvre tout court, absolument envoûtant.

L'histoire commence à Hollywood en 1928, une première façon de brouiller les pistes. L'action principale est concentrée sur une journée... Un réalisateur d'origine Russe, Leo Andreyev (William Powell) prépare un film sur la Russie, et a besoin de figurants qui fassent aussi Slaves que possible. On est dans l'univers des Stroheim, des Sternberg aussi, ces réalisateurs démiurges qui poussaient en apparence le bouchon de l'ultra-réalisme ou de l'illusion aussi loin que possible pour arriver le plus souvent sur le baroque le plus absolu. Andreyev est un homme important, ses assistants sont des yes-men, et ça finit par l'ennuyer: l'expression qui se lit sur son visage devant l'armée de briquets tendus par ses subordonnées lorsqu'il sort une cigarette de son étui est sans équivoque... Parmi les photos de figurants et d'acteurs de second plan qu'il examine, Andreyev repère une tête connue, et demande à ce qu'on convoque l'acteur: c'est Serge Alexandre (Emil Jannings), un vieil homme un peu lent, dont le tremblement de tête est permanent, à la grande irritation des gens qui travaillent avec lui. Il vit chichement dans une de ces innombrables pensions d'artistes qui peuplent le vieux Los Angeles, et va se rendre à son rendez-vous. Imperceptiblement, le film est passé d'un de ses personnages principaux à l'autre...

C'est durant la phase de maquillage que le personnage de Serge Alexandre se révèle. Il est fort différent des autres acteurs et figurants, qui braillent, jurent, s'invectivent. Lui est posé, et presque absent, lent dans ses gestes, et... hanté. Il sort de sa veste un paquet qui contient une médaille, qu'il accroche ensuite à son uniforme. Mais les autres se moquent de lui et de son air hagard, et il explique que son bijou lui a été donné par le Tsar lui-même. Ce qui n'arrange rien, bien sur... On lui fait remarquer que son tremblement est irritant, il répond qu'il a subi un choc, et qu'il n'y peut rien.

Est-ce la médaille, ou le traumatisme d'être moqué et incompris, ou le décalage entre lui et les hommes qui l'entourent, tous issus d'un milieu populaire, ou tout simplement le fait d'avoir face à lui un miroir qui lui renvoie une image piteuse de lui-même? Quoi qu'il en soit, le flash-back qui représente le coeur du film est situé à cet instant précis, et va se dérouler sans interruption pour les quarante minutes suivantes. 1917: Serge Alexandre est un général important, il est l'un des cousins du Tsar, et il est en charge d'une troupe importante. Il doit aussi veiller à la contestation qui enfle, entre les remous des agitateurs communistes civils, et la grogne des soldats engagés dans une guerre dont ils ne veulent décidément pas... Et en prime, il en a assez de devoir jouer au petit soldat pour le plaisir des huiles qui viennent de la capitale, ainsi doit-il mettre ses soldats, par ailleurs engagés dans un conflit crucial, en rangs d'oignon pour le contentement de son cousin le Tsar qui vient les passer en revue. Or, le général sait qu'il n'y pas pas de temps à perdre, si la guerre est perdue, ce sera la révolution, et le chaos. Bref, pour un soldat de la vieille aristocratie blanche, Serge Alexandre est un homme évolué, fin et surprenant... Et en ce jour, il accueille un certain nombre d'agitateurs ou supposés tels, parmi lesquels Leo Andreyev, et sa maîtresse la belle Natalia Dabrova (Evelyn Brent). Acteurs, ils ont été appréhendés parce qu'ils sont surtout soupçonnés de prêcher ouvertement la révolution. Andreyev est jeté en cellule avant d'être déporté vers l'Est, et Serge Alexandre garde littéralement Natalia pour lui. Ce sera à la fois sa perte et son salut, car entre la belle révolutionnaire mystérieuse et le vieux général blanc, le coup de foudre sera spectaculaire...

On attendait de cet extraordinaire flash-back, qui nous amène par le cinéma d'une représentation des coulisses de l'usine à rêves, à une reconstitution magnifiquement plastique de la Russie confrontée à l'urgence dramatique de 1917, une confrontation entre le révolutionnaire ombrageux, et le général Russe blanc. Il n'en sera rien, pas plus que dans leur rencontre sur le plateau, l'un devenu metteur en scène, l'autre figurant et moins que rien, dans une inversion radicale des rôles. D'une certaine façon, Sternberg nous donne suffisamment d'indices pour nous indiquer qu'ils sont un seul et même homme, ou en tout cas similaires, mais à des moments différents., Si confrontation il y a, c'est essentiellement entre le général et la femme, qui vont s'aimer dans des fulgurances aussi délirantes que ne sont les circonstances. Et ce qui amènerait éventuellement les deux hommes de 1928, derniers survivants du drame qui s'est joué en Russie, à un conflit, c'est plus l'image de la femme et des circonstances dans lesquelles elle a été perdue, que la différence d'opinions. Et le vieux général, auquel son désormais supérieur donne une mission, celle de s'incarner lui-même dans une reconstitution du choc frontal qu'il a eu avec la révolution onze années auparavant, va s'acquitter de sa tâche avec une telle fougue, une telle énergie du désespoir, une telle passion, que... Non, il va falloir le voir, je ne peux vous le révéler. Disons que dans le Hollywood du film, plus vrai que le vrai, reconstitué avec ironie et rigueur par Sternberg (qui s'est représenté dans plusieurs personnages, ici, c'est évident), on s'en souviendra du passage de Serge Alexandre, l'obscur figurant qui tenait tant à mettre ses médailles au bon endroit... Un grand acteur, ça oui. Même plus: un grand homme, tout bonnement. Comme Jannings, dont ceci est l'unique film Américain survivant, et franchement, c'est dommage qu'on ne puisse désormais mettre la main sur aucun des autres, celui-ci est hallucinant.

 

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Published by François Massarelli - dans 1928 Josef Von Sternberg Muet Criterion **
24 février 2016 3 24 /02 /février /2016 16:43

Voilà une rareté, une vraie! Il s'agit d'un petit film mélodramatique, issu d'une co-production Anglo-Néerlandaise; le film a été tourné dans des décors intéressants, dont un bateau (Du type de ceux, j'imagine, qui faisaient à l'époque la traversée entre la Belgique et la Hollande, et la côte Est de l'Angleterre, via la Mer du nord). Il conte une histoire de cirque, un genre à part entière dont le cinéma muet avait le secret.

Jim est un artiste de cirque, qui a créé une série de numéros liés à l'imagerie du western. IL trouve un empli dans un cirque tenu par une brute épaisse, et va devoir entrer en rivalité avec son patron pour le coeur d'une jeune femme, sa partenaire. mais les deux tourtereaux ne se connaissent-ils pas déjà? et quels secrets inavouables le mystérieux Jim, qui a beaucoup bourlingué, cache-t-il?

Inavouables, inavouables... On ne le sait pas vraiment. Tout au plus le jeune homme a-t-il été mêlé, à son corps d"fendant, dans la mort d'une de ses anciennes partenaires, en Amérique du Sud. mais qu'importe, on est ici en pleine mélodrame! D'ailleurs, c'est assez décevant, en dépit des jolis décors (Qui tranchent un peu sur les décors habituels de ces films. Ici, assez peu de studio... de la débrouille, essentiellement. Le film n'a pas été conservé dans une copie intégrale, il en subsiste un condensé, avec des intertitres Français et Flamands, disponibles grâce à la cinémathèque Eye. Et le principal argument de vente du film reste, bien sur la présence, cinq ans avant Underworld de Sternberg, d'une future vedette Américaine, stationnée alors à Londres: Evelyn Brent. Méconnaissable... N'est pas Sternberg qui veut.

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Published by François Massarelli - dans Muet 1922
24 février 2016 3 24 /02 /février /2016 15:58

Max Linder est amoureux d'une jeune femme, qui le lui rend bien. Mais le père, un riche industriel, est contre cette union... Qu'importe, Max s'accroche! Et il va coller aux basques du père (De plus en plus excédé) et de la fille, les suivant à peu près partout...

Max Linder est populaire, demandé, et fournit Pathé de façon régulière, pour ne pas dire prolifique. Ce film, rendu disponible par Maud Linder dans l'anthologie de dix courts métrages sortie il y a quelques années, est un exemple de ce tout-venant qui n'apporte pas grand chose, et qui surtout donne l'impression d'accumuler des péripéties répétitives sans grand intérêt...

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Published by François Massarelli - dans Comédie Muet Max Linder
20 février 2016 6 20 /02 /février /2016 17:08

Un peu d'histoire pour commencer...

La carrière de réalisateur de Sternberg a commencé avec The Salvation hunters (1925), un film que d'aucuns pourraient qualifier d'expérimental, voire d'amateur. Les "stars" en étaient George K. Arthur et Georgia Hale (The gold rush), ce qui explique peut-être le soutien de Chaplin: c'est par le biais de United Artists que le film est distribué nationalement. Le film conte les "mésaventures" de marginaux dans une zone portuaire, et permettra à Chaplin de proposer à Sternberg de démarrer une collaboration. Le film produit par Chaplin et mis en scène par Sternberg s'appelait The woman of the sea. Projeté une fois, jamais sorti, le film a-t-il déplu à son éminent producteur? Edna Purviance, tournant un film sans la direction de son mentor, a-t-elle déplu? Sterberg a-t-il déçu Chaplin? Le film a été détruit, devenant probablement un graal particulièrement important auprès de million de rêveurs... Echoué à la MGM, Sternberg aurait fini seul un seul film, The exquisite sinner... et encore, on parle de retakes effectuées par un tiers. En tout cas ce film d'aventures romantiques a déplu à la hiérarchie et entraîné le renvoi du metteur en scène de son film suivant, The masked bride... C'est donc à la Paramount que Sternberg va trouver un studio qui le laisse déployer sa vision. Il va aussi parfois être amené à travailler sur les films des autres: It, de Clarence Badger, par exemple, ou encore le montage de The honeymoon, deuxième partie de The wedding march... Mais le principal effet de son arrivée à la Paramount, c'est bien sur qu'il va être choisi pour tourner Underworld, qui s'annonce comme un film important pour le studio.

Le film conte les aventures d'un bandit, Bull Weed (George Bancroft) et la façon dont ses ennuis s'accumulent lorsqu'il prend sous son aile un ivrogne, rebaptisé "Rolls Royce" (Clive Brook). A son service, Rolls Royce est d'une fidélité inattaquable à son mentor, mais Bull ne peut s'empêcher d'être jaloux lorsque il voit que sa petite amie Feathers (Evelyn Brent) développe une amitié profonde avec son protégé. Et cette jalousie, par un enchaînement compliqué, va précipiter sa chute: suite à l'assassinat sauvage d'un autre gangster, Bull est condamné à mort. Rolls Royce et Feathers, partagés entre la fidélité à Bull et le fait de pouvoir enfin vivre leur idylle à l'air libre, vont-ils faire quoi que ce soit pour empêcher sa mort?

Ce qui est frappant dans Underworld, c'est la façon dont le metteur en scène semble opérer, cherchant à la fois des moyens abstraits de rentrer dans le vif de son intrigue, et des moyens de faire du sens avec ce qui normalement n'apparaît pas au premier plan. Une sorte de don absolu pour l'utilisation du détail, qui se manifeste dans chaque plan ou presque: par exemple, l'apparition de Feathers dans le film se fait en trois temps; dans la rue, la caméra s'amuse à suivre quelques chats errants qui fouillent dans les poubelles, puis s'attache à suivre un chat blanc, à l'allure nettement moins miteuse, qui va entrer dans un immeuble. On coupe ensuite vers un plan de Feathers, qui vient d'entrer dans l'immeuble en question, et vérifie sa tenue: ses bas, puis les plumes qu'elle porte à sa robe (D'où son surnom). Troisième plan: une plume s'est détachée et tombe au sous-sol, où elle est ramassée par "Rolls Royce" qui fait le ménage, et lève la tête pour voir d'où vient cette plume. Les deux futurs amants ne s'étaient pas encore rencontrés...

Le metteur en scène semble attaché à inventer toute une grammaire d'effets visuels, et utilise à merveille l'ombre et la lumière, la fumée aussi, et l'essentiel du film se tient, bien sûr, dans des scènes nocturnes. Sternberg, un peu à la façon d'un Michael Curtiz, mais sans doute avec un rien plus de subtilité, convoque les ombres de ses personnages pour composer des plans saisissants, à la fois irréalistes et hyper-efficaces. Il en use non seulement pour l'atmosphère, pour étendre le champ d'action de ses personnages, mais aussi pour jouer sur le suspense et la menace qui pèse sur ses héros. Surtout, le film ne s'aventure jamais dans le schéma habituel du bien et du mal, préférant jouer sur la notion de décence et de loyauté interne au code des gangsters, ainsi que sur le romantisme des personnages, dans un triangle amoureux qui jamais ne devient sordide...

Bref, Underworld, c'est l'invention du film de gangsters: Enorme succès, largement mérité, ce film est non pas l'ancêtre du film noir, il en est la naissance! Indispensable.

 

Underworld (Josef Von Sternberg, 1927)
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Published by François Massarelli - dans Josef Von Sternberg Muet Gangsters 1927 Criterion **
20 février 2016 6 20 /02 /février /2016 10:25

The three must-get-theres est un film étonnant à plus d'un titre; c'est une parodie parfaitement assumée, des Trois mousquetaires d'ailleurs, comme le jeu de mots glorieusement affligeant du titre le laisse comprendre. Une pochade tellement délirante qu'on jurerait qu'elle a été conçue pour le plaisir d'une soirée privée, d'autant que les décors en sont "volés" à Douglas Fairbanks, qui venait de tourner sa version du roman de Dumas. Fairbanks avait de l'humour, il aimait bien Linder, il n'a pas eu à se faire prier trop longtemps pour prêter ses décors et son studio...

Après les deux films Américains précédents (Seven years bad luck et Be my wife), plus sophistiqués, c'est toujours un peu curieux de voir Linder se vautrer dans une telle débauche de gags idiots, mais la plupart sont très inventifs. Beaucoup d'entre eux utilisent un don pour le gag chorégraphié, comme dans Seven years bad luck, et l'observation est souvent mordante. Les clichés et les passages obligés du roman sont soulignés, les anachronismes pleuvent Linder et son équipe ne font aucun effort pour cacher poteaux et fils électriques, les gardes du Cardinal se déplacent à moto, on utilise le téléphone, etc...

L'ensemble est une inventive pochade qui permet en somme de s'amuser sans pour autant se prendre au sérieux... Mais ce n'est en rien un effort destiné à rire entre amis, le film a vraisemblablement été conçu dès la base comme un film pour le grand public, au vu des moyens, et du casting: Bull Montana, Jobyna Ralston y participent, et le grand Fred Cavens a servi de consultant pour le travail d'escrime... Et certaines séquences ont un pouvoir assez fort, puisqu'il m'est désormais impossible de voir le film de Fairbank et Niblo sans penser à celui-ci, ce qui tend à détruire un peu l'effet de sérieux...

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Published by François Massarelli - dans Comédie Muet 1922 Max Linder **