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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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22 septembre 2018 6 22 /09 /septembre /2018 08:38

Rudolf Valentino joue Don Juan Gallardo, un jeune Espagnol féru de corrida, qui va se marier avec la jolie Carmen (Lila Lee), mais ensuite tomber entre les griffes de la vamp Dona Sol (Nita Naldi), ce qui lui sera fatal. Passage obligé, Valentino y danse le tango de manière sensuelle, une scène qui inspirera volontiers les railleurs, et sinon il se rend à quelques rendez-vous coquins chez sa maîtresse. Autre passage obligé des films de Valentino, la séance de déshabillage et habillage, qui là encore a inspiré la joyeuse bande de gagmen du film Mud and sand sorti la même année... Dans l'intrigue, outre des retours constants sur le destin tragique des toréadors, ces sales cons, un parallèle romantique est fait avec le destin du bandit Plumitas (Walter Long), qui mourra dans les gradins quand l'apprenti boucher mourra, lui, dans l'arène...

Quelle purge! Fred Niblo était un réalisateur très compétent, mais aussi assez docile, finalement: il exécutait les films à la demande, qu'ils soient bons (The mysterious lady, The mark of Zorro), très bons (The red lily, Ben Hur), ou... embarrassants (Dangerous hours, The temptress). Il ne faisait pas de différence notable entre les scènes, s'impliquant autant pour une mise en place impliquant les comédiens principaux, dans un décor luxueux, que pour mettre en valeur, dans une intrigue secondaire, un personnage accessoire: Leo White, qui joue un second rôle sur la première partie (le beau frère de Gallardo), bénéficie de cette largesse. C'est troublant, parce que les scènes qui nous montrent Gallardo à l'oeuvre semblent n'omettre aucun cliché, aucune tentation de déraper joyeusement.

Heureusement, le film a un happy-end: le toréador meurt dans d'atroces souffrances.

A la fin, dans ce film au luxe permanent, on a le sentiment que tout le monde fait tout pour se faire parodier... Ce qui ne manquera pas d'arriver. Quel bonheur la sortie de Mud and sand (D'ailleurs triomphale!) a du être pour tous les Will Rogers, Stan Laurel et Ben Turpin de la terre!

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1922 Fred Niblo **
28 juillet 2018 6 28 /07 /juillet /2018 09:37

Une jeune femme, Bessie (Hope Hampton) qui vient d'avoir le coeur brisé, vient trouver refuge dans une petite pension de famille un peu miteuse. Son voisin, Tony Pantelli (Lon Chaney) est un petit malfrat; ça ne l'empêche as d'avoir un coeur d'or: il va veiller sur la jeune femme, ui en a bien besoin...

Pendant ce temps, l'homme qui a causé le malheur de Bessie, Ashe Warburton (E. K. Lincoln), est en villégiature en Grande-Bretagne: il trouve une coupe médiévale aux étranges propriétés: elle brille dans la nuit... Pour certains, il pourrait s'agir du Saint Graal. Désireux de soigner Bessie, décidé à jouer un tour de cochon à Warburton, Tony qui vient d'apprendre le retour de ce dernier, décide de voler l'objet: on dit qu'il a des vertus curatives.

C'est un mélodrame comme il en a existé tant à l'époque du muet. Si l'intrigue est assez conventionnelle, elle est rehaussée d'une mise en scène particulièrement soignée. Brown, qui a été à très bonne école en tant qu'assistant de Maurice Tourneur, se fait plaisir dans des compositions très recherchées, et avec la lumière et l'ombre. L'un des passages les plus connus du film, quand Tony va se faire arrêter, est traité d'une manière formidable, en un seul plan : Tony ouvre une porte et sur celle-ci, l'ombre d'un policier armé se dessine...

The light in the dark est un film perdu, dont il nous reste une abréviation, ressortie dans le circuit religieux sous le titre The light of faith. C'est une trahison du film, hélas, qui ne prend ni gants ni la moindre subtilité pour nous asséner le fait que la mystérieuse coupe (couverte de radium par un escroc dans le film original) EST le Graal, sans le moindre doute... Mais le film a pu ainsi, au moins partiellement, être préservé. Et Lon Chaney, au milieu de tout ça, est royal...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1922 Clarence Brown Lon Chaney Film perdu *
26 juillet 2018 4 26 /07 /juillet /2018 16:37

S'il est un film qui est une halte bienfaisante dans l'univers de Lon Chaney, c'est bien celui-ci, réalisé par un metteur en scène méconnu mais qui se met clairement au service de son histoire et de ses stars. Chaney, pour la première fois depuis Outside the law, y est un oriental, et l'intrigue est étonnante:

En Nouvelle-Angleterre, dans une ville de pêcheurs, très rigoriste, on apprend qu'il y a eu un naufrage, qui a emporté la vie d'un certain nombre d'hommes du coin. Parmi eux, le violent Daniel Gibbs (Walter Long), marié à Sympathy (Marguerite de la Motte), et qui lui mène la vie dure... Un des rares survivants du naufrage est un Chinois, Yen Sin (Lon Chaney), qui n'est pas du village, mais comme il a tout perdu, et en dépit des réticences des locaux ("on n'est pas des païens") il va s'installer dans une péniche, faire son travail de blanchisseur et s'intégrer du bout des lèvres...

Arrive un nouveau pasteur, John Madden (Harrison Ford): il est jeune, il est beau, et il séduit la belle Sympathy; quelques temps plus tard, ils se marient, et ont une fille. Ce qui ne fait pas les affaires de Nate Snow (John Sainpolis), un homme du village amoureux de la jeune femme depuis toujours. Madden s'est attelé à évangéliser Yen Sin, ce qui n'est pas une mince affaire, mais il gagne au moins son amitié... 

Un jour, un drame secret arrive pour Madden: il reçoit une lettre de Dan Gibbs qui le fait chanter... Ne pouvant s'en ouvrir auprès de la population, il commence à souffrir le martyre et est obligé de se séparer discrètement de sa femme et de sa fille... 

C'est un petit film, produit par l compagnie Preferred Pictures (De B. P. Schulberg, futur cadre à la Paramount), mais ça ne l'empêche pas d'être de grande qualité: d'abord, par son refus du spectaculaire dans la peinture de petites gens; ensuite par l'ouverture d'esprit incroyable qui est ici manifestée (les protestants de Nouvelle-Angleterre y sont montrés dans leur intransigeance religieuse, et c'est yen Sin qui va les conquérir, voire les sauver, et non le contraire); enfin par la façon dont la mise en scène laisse vivre et respirer les acteurs: sans nul doute, l'influence de Chaney sur la production a du être énorme... Quant à lui, si parfois il en rajoute un peu trop dans la courbette, son maquillage est impressionnant, et la création du personnage de Yen Sin, joué avec une incroyable tendresse, fait quand même partie de ses très grands moments: c'est dire...

 

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Published by François Massarelli - dans Lon Chaney Muet 1922 *
9 juillet 2018 1 09 /07 /juillet /2018 10:11

Après une poignée de films à la réputation assez médiocre, tous perdus, John Gilbert avait finalement obtenu de la Fox de tourner dans des oeuvres plus intéressantes, qui pourraient enfin rendre justice à sa flamboyante impétuosité: ce sont les seuls films de Gilbert pour le studio qui ont été conservés. L'autre est Cameo Kirby, de Ford; mais celui qui nous occupe aujourd'hui est plus qu'une curiosité: c'est une adaptation extrêmement décente du roman de Dumas, condensé avec une certaine expertise en 107 minutes... dans la version d'exportation en tout cas, la seule à avoir survécu.

On ne va pas reprendre l'histoire, qui certes a subi des micro-modifications, et dont la fin a été changée à travers une série de petites touches qui permettent de garder la cohérence du film intacte: si le fait que Mercedes et Dantès peuvent filer le parfait amour à la fin, ou du moins finir de vieillir ensemble, peut apparaître comme une petite trahison, du moins cela est-il préparé avec soin dans le déroulement du film...

Et celui-ci donc est soigné, tourné et accompli avec conviction, dans la tradition d'un mélodrame pris au pied de la lettre, sans bien sûr la flamboyance d'un Rex Ingram, mais avec une rigueur notable, Flynn ayant décidé d'utiliser en particulier la dramatisation des gros plans, avec goût! Les acteurs sont excellents de bout en bout, on y trouve des noms familiers, de chez Griffith tout d'abord: George Siegmann et Spottiswoode Aitken étaient bien sûr tous deux dans The birth of a Nation... Maude George n'est pas n'importe qui non plus, même si son rôle, celui de Mme Danglars, ne lui permet ps de se faire remarquer autant que dans ses rôles pour Stroheim. La délicieuse Renée Adorée ne sait pas encore qu'elle donnera la réplique à John Gilbert plus d'une fois dans l'avenir...

Et John Gilbert? Eh bien, s'il s'est donné à fond dans cette histoire éprouvée de trahison, de chute, de vengeance et de rédemption qui tient debout toute seule, il réussit à maintenir aussi bien l'intérêt que sa dignité dans le rôle d'un homme qui doit quand même beaucoup vieillir d'une partie à l'autre. Quand on sait que l'acteur avait la bougeotte, on souffre un peu pour lui de devoir incarner un homme vieilli précocement, qui s'accomplit dans la vengeance et n'aura sans doute au final pas beaucoup d'autre option que de mourir... Pourtant Gilbert joue essentiellement le film avec ses yeux... Le film est bien plus qu'nue curiosité de toute façon.

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Published by François Massarelli - dans Muet 1922 * Dumas
28 juin 2018 4 28 /06 /juin /2018 18:43

Voilà un film bien encombrant... Comme du reste pouvaient l'être, chacun à sa façon, les superproductions de Lubitsch Madame Du Barry, Sumurun ou Ann Boleyn. Chacun de ces quatre films comporte bien sûr, à sa façon, une méditation sur le rapport paradoxal des femmes au pouvoir, et une importante manipulation des foules par le metteur en scène. On murmure que celui-ci, particulièrement, était pour Lubitsch l'occasion de montrer aux studios Américains ce qu'il savait faire. particulièrement à la Paramount, qui a investi beaucoup de sous dans l'affaire...

En Egypte, le Pharaon Amenes (Emil Jannings) désire cimenter une alliance avec le roi Samlak d'Ethiopie (Paul Wegener); pour ce faire, il accepte d'épouser la fille (Lyda Salmonova) de ce dernier. Mais alors que les éthiopiens sont en route, se produit un événement qui sera lourd de conséquences: un Egyptien (Harry Liedtke) a volé une esclave Grecque (Dagny Servaes). Ce qui aurait pu être insignifiant va en réalité décider du destin tragique de la couronne Egyptienne, et de la mort de la plupart des personnages...

Décors imposants, foules menées de main de maître, et acteurs de premier plan au jeu lourd et ampoulé, vaguement héritier de l'expressionnisme théâtral: avec Wegener et Lubitsch qui se battent en essayant d'en faire systématiquement plus que l'autre, l'intérêt très relatif de ce gros spectacle tend à s'effriter au fur et à mesure. Le fait que le film n'est survécu que dans des copies fragmentaires n'arrange ni la continuité, ni la compréhension... Mais Lubitsch, qui signera ensuite un seul film en Allemagne (Die Flamme, aujourd'hui perdu), gagnera son ticket pour les studios Californiens.

Si ça n'est pas une bonne nouvelle, alors c'est à désespérer.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Ernst Lubitsch 1922 **
27 juin 2018 3 27 /06 /juin /2018 09:04

Au début du siècle, en Irlande, nous faisons la connaissance de James O'Connell (Russell Simpson), un fier Irlandais sans le sou, qui s'est marié par amour à une Anglaise d'une riche famille... Laquelle ne veut plus entendre parler d'eux. Une petite fille est née, Margaret dite Peg, mais Madame O'Connell se meurt, dans l'indifférence affichée et militante de son propre frère...

Les années passent: Peg est devenue une belle jeune femme (Laurette Taylor) qui accompagne son père dans des diatribes anti-Anglaises insensées. Ils sont vaguement hors-la-loi, et vivent parfaitement heureux, jusqu'à ce qu'un avocat, Montgomery Hawkes (Lionel Belmore) vienne les débusquer: il représente les intérêts de feu le frère de Mme O'Connell, et celui-ci a décidé sur son lit de mort de faire quelque chose pour Margaret. Hawkes persuade donc son père de la laisser partir pour l'Angleterre où elle sera prise en charge par sa tante Chichester (Vera Lewis), moyennant une rente coquette...

Le problème, c'est que personne chez les Chichester n'est au courant... mais une rente annuelle de £3000, n'est-ce-pas, cela ne se refuse pas, surtout quand les circonstances sont si drastiques que même un Chichester envisage éventuellement de... travailler.

Vidor et l'auteur de la pièce originale, J. Hartley Manners, se sont mis d'accord pour changer le début de l'intrigue: dans la version montrée à Broadway, Peg et son père sont aux Etats-Unis, où l'avocat vient les chercher. Mais Vidor a choisi d'amplifier le contraste entre la famille Chichester (la mère, totalement murée dans ses préjugés, le fils qui désire "se sacrifier" en cherchant à "faire carrière", et la fille pourrie et gâtée, mais qui seule comprendra que Peg est quelqu'un de formidable), et la jeune Irlandaise délurée qui va apporter beaucoup de péripéties dans leur foyer un peu trop tranquille.

Celle-ci est interprétée par Laurette Taylor, qui n'est autre que l'épouse de Manners, et c'est sans doute là que le bât blesse: sa présence en haut de l'affiche a valu un crédit de "Superviseur" à son mari, et elle joue le rôle d'une jeune femme bien moins âgée qu'elle (Taylor  39 ans lors du tournage) et... ça se voit. Non seulement, mais comme elle a tendance à jouer un peu à la façon dont Griffith demandait à Carol Dempster et Mae Marsh d'interpréter les femmes-enfants, c'est souvent, disons, gênant... Pour le reste de l'interprétation, il n'y a pas de problème, et Vidor s'amuse avec ce mélange éprouvé de conte de fées, de mélodrame et de comédie. Il n'oublie pas de signer le film, avec une utilisation savante du décor, soit pour pousser son lyrisme (L'Irlande), soit pour montrer les différences sociales (la demeure des Chichester), et surtout il utilise à merveille la nature: le marivaudage dans les vergers, et la scène de la rencontre entre Peg et l'homme de sa vie(Mahlon Hamilton), située pendant un orage, en témoignent...

Cette production Metro bien ficelée a consolidé la position de Vidor, et s'il est clair que le film ne porte pas totalement sa marque et reste un compromis, il n'en est pas moins une pépite, parmi celles qui mènent à The Big Parade.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie 1922 King Vidor
2 mars 2018 5 02 /03 /mars /2018 16:21

On ne présente plus l'histoire de ce Prisonnier de Zenda, due au prolifique romancier Anthony Hope. C'est probablement son roman le plus connu, et pour cause: si cette adaptation par Rex Ingram n'est pas la dernière, loin de là, ce n'est pas non plus la première... Ce privilège appartient à un film rare, longtemps considéré comme perdu et réalisé à la fin de sa carrière par le vétéran Edwin Porter, en... 1913. Avec son héros pris malgré lui dans l'aventure d'un royaume en pleine ébullition, le film nous entraîne dans un autre monde qu'il est certes difficile de prendre au sérieux, mais qui possède tant de charmes...

Rudolf Rassendyll (Lewis Stone) ne va pourtant pas en Ruritanie par hasard: il cherche clairement à s'y rendre, regardez le film. Au début, il évoque avec ses cousins la branche lointaine de la famille qui règne au lointain pays de Ruritanie, puis part chasser... Comme par hasard, on le retrouve aux abords de la capitale Ruritanienne. ...La chasse, vraiment? L'aventure, oui! Ingram, en compagnie de toute sa distribution et de toute son équipe, a décidé clairement de jouer la carte de l'enchantement et de la plongée intégrale dans le monde merveilleux, et si peu réaliste, du roman.

Alors comment s'étonner que ça marche si bien, tout en étant si raisonnable, car c'est une histoire dans laquelle tout est si bien rangé... Les traîtres ont des têtes de traîtres, les vamps des têtes de vamps, et la belle princesse qui attend maussade de devoir se marier avec le futur Roi Rudolf, par obligation et par devoir, v avoir la surprise de sa vie quand elle va rencontrer celui qui le remplace momentanément. Une surprise qui sera elle aussi momentanée, bien sûr...

Autant The four horsemen of the apocalypse était un film personnel, autant ce Prisonnier est une oeuvre à part, une récréation pour celui qui vise une récompense qu'il n'atteindra jamais: la reconnaissance de son génie et de son talent pour tourner un film. Une récompense qui aurait pu prendre la forme, par exemple, du tournage d'une superproduction, comme en 1924-25 Ben Hur! Mais non. Pourtant, la production de ce Prisonnier de Zenda est absolument époustouflante, superbement interprétée par tous et toutes, et totalement distrayante. Ca manque d'âme, je l'ai plus ou moins indiqué, mais Ingram savait parfaitement mettre un peu plus de souffle quand ça lui chantait: voir le superbe Scaramouche pour s'en convaincre... 

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Published by François Massarelli - dans Muet Rex Ingram 1922 *
14 janvier 2018 7 14 /01 /janvier /2018 12:01

C'est après la période durant laquelle elle était la star des films de Cecil B. DeMille, que Gloria Swanson, sur l'avis de son mentor et ami, avait accepté la proposition de la Paramount de la mettre en vedette des films de Sam Wood. Beaucoup de ces productions sont perdues, mais Beyond the Rocks, on s'en rappelle, avait fait l'objet d'une redécouverte majeure lorsqu'une copie quasi complète avait pu être assemblée après que toute trace du film ou presque avait disparu depuis 1925...

Dans le film, l'étoile confirmée Gloria Swanson y partage la vedette avec un relatif nouveau venu, Rudolf Valentino, et c'est le seul film dans lequel ils ont joué ensemble. On attendrait presque, naïvement, que la rencontre ait produit des étincelles... Il n'en est rien.

En Angleterre, dans les années 20, La belle Theodora Fitzgerald est la troisième fille d'un monsieur très bien, mais dont la fortune a été mise à mal. es deux acariâtres demi-soeurs ont d'ailleurs poussé leur père à arranger un mariage avec un brave type, mais bon, il n'a rien de folichon... Mais Theodora a une étrange manie, celle de se mettre en danger: une promenade en barque? elle tombe à l'eu et bien sûr elle ne sait pas nager... Une promenade en montagne? Elle tombe là encore, et s'il n'y avait une corde pour la retenir elle irait s'abîmer dans un précipice. Mais le hasard fait bien les choses, car à chaque fois, la fortune veille sur elle: le beau jeune homme, comte de surcroît, la sauve... Bien sûr il s'avère qu'ils sont faits l'un pour l'autre, et bien sûr, leur destin semble en avoir décidé autrement. 

A moins que...

Oui, je sais: ce résumé est bien plus enlevé, plus dramatique, que ne l'est le film, hélas. Ceux qui ont parlé de découverte majeure, voire de chef d'oeuvre, sont sans doute ceux qui n'ont jamais vu un seul film muet de leur vie. Il y en a, et certains osent se prétendre historiens du cinéma... Bref: Beyond the rocks est un film plus que moyen. Il ne capitalise que sur une seule chose: la confrontation entre ses deux stars. Ceux-ci assurent décemment le strict minimum, tout comme Sam Wood qui bénéficie de moyens considérables (décors, costumes, éclairages, sont particulièrement soignés) mais ne s'adonne à aucune idée de mise en scène qui aurait un peu pimenté la sauce. Il n'a même pas tiré partie de deux scènes qui louchent un peu sur les productions de DeMille, l'une dans laquelle les deux amoureux s'imaginent hors du temps, pouvant enfin laisser lire cours à leur sentiments, et l'autre dans laquelle ils sont déguisés en personnes de la toute fin du XVIIe siècle pendant une fête. De l'une ou l'autre de ces deux scènes, il ne sortira pas grand chose...

Pas d'humour, pas de suspense, pas de surprise. C'est un écrin splendide, mais désespérément vide. Les films de DeMille sont parfois idéologiquement suspects, gonflés, prétentieux, même ridicules. mais ils ont une âme, et c'est de l'art!

Ici...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1922 Gloria Swanson *
6 septembre 2017 3 06 /09 /septembre /2017 15:35

Les films avec Marion Davies ne sont sans doute pas des révolutions cinématographiques, et ont d'ailleurs une réputation assez peu enviable, au regard de l'histoire du cinéma muet Américain... Et c'est bien dommage! Ce film de 1922 est un conte de fées, qui aurait pu être interprété comme un mélodrame (On pense parfois à la première partie de Way down east, et il se peut que ce ne soit pas involontaire), mais on a (sagement) choisi la voie de la comédie à la place. L'histoire compliquée du couple Hearst (Magnat de la presse et producteur) et de sa maîtresse Marion (Actrice dans les films qu'il produisait avec son studio Cosmopolitan) est connue, et on sait qu'il la souhaitait tragédienne dans des oeuvres épiques, alors qu'elle aimait tant interpréter des comédies...

Prudence Cole a été élevée par ses deux tantes dans la petite localité de Pottsville, dans la plus pure tradition Quaker. Rigueur, pas de distraction, des vêtements aussi tristes que dépassés, pas de sorties.... ce qui n'empêche pas de rêver: elle souhaite revoir un ami d'enfance dont la famille habite à quelques pas, et qui lui a promis un jour d'être son chevalier servant. Mais quand elle revoit Henry (Hallam Cooley), celui-ci a bien changé: il fréquente la bonne société, et les oisifs... mais Prudence s'accroche à ses rêves de petite fille, et elle réussit à obtenir de ses tantes de visiter Henry et sa famille dans leur environnement, sur la côte, dans une station balnéaire extrêmement huppée. Prudence Cole, avec ses robes du siècle d'avant, et sa naïveté, va avoir les plus grandes difficultés à s'adapter à cette ambiance. Mais afin de conquérir Henry, elle va trouver l'aide précieuse de Cheyne Rovein (Forrest Stanley), un peintre qui la voit instantanément comme différente des autres, et qui va s'attacher en lui créant des vêtements, à révéler au monde la beauté intérieure de la jeune femme.

La réalisation de Vignola est impeccable, sans aucune fioriture certes, mais constamment à hauteur de personnages. La direction d'acteurs est toujours très bien dosée, et on a parfois le sentiment que la comédie, sans avoir été plaquée sur le conte de fées, a été savamment distillée (Probablement afin de ne pas effaroucher Hearst!)... du coup il me semble bien difficile de faire la fine bouche devant ce film qui combine la "formule" Marion Davies (Une jeune femme qui possède bien des atouts mais qui est "différente", et souvent cachée, soit par les convenances, soit par les vêtements), avec une saine critique de la bonne société Californienne et ses "sang-bleus" oisifs, massés au bord de la piscine... Une scène formidable occupe un large terrain, au milieu du film, et concerne la "transformation" de Prudence de chrysalide en papillon: ça prend la forme d'une saynète de théâtre, mise en scène et aux costumes imaginés par Rovein. la séquence est superbe, et relance complètement le film dans une nouvelle direction. On comprend que la Paramount et la Cosmopolitan aient donné leur feu vert, ensuite, à l'ambitieux et très réussi When Knighthood was in flower.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie 1922 Marion Davies Robert Vignola *
8 août 2017 2 08 /08 /août /2017 17:05

Le film est adapté d'un livre à succès, publié en 1898 une fantaisie historique, qui s'amusait un peu à relier les points dans l'histoire de la soeur du Roi Anglais Henry VIII, Mary Tudor et de son bref mariage avec Louis XII de France. C'est au moins le quinzième des films interprétés par Marion Davies, mais il est probablement le plus important de ses films d'avant son passage à la comédie: préservé dans une copie intégrale de douze bobines, il montre bien de quelle façon l'actrice cherchait à faire évoluer le type de films dans lesquels elle jouait, contre l'avis de son compagnon - et producteur - William Randolph Hearst... Et à ce titre, c'est une pure merveille, totalement inattendue!

A la cour d'Angleterre, alors qu'Henry VIII Tudor (Lyn Harding) souhaite marier sa soeur au vieillissant Roi de France Louis XII, Mary Tudor (Marion Davies) rencontre le beau combattant Charles Brandon (Forrest Stanley), et c'est le coup de foudre réciproque. Mais Charles n'est pas un noble, et la décision de Henry est finale: Mary sera reine de France. Les deux amoureux tentent de s'échapper...

Ce n'est ici un résumé que pour les deux premiers actes, car le troisième concerne l'histoire du mariage particulièrement bref de Mary avec le vieux, très vieux roi de France, pour ne pas dire gâteux, très gâteux... Et dans ce dernier acte, ce n'est pas le vieux monarque qui est une menace, mais son fils le Duc François, futur François 1er (William Powell)! Une fois la belle Britannique arrivée, on sent qu'il a une idée en tête...

Pour William Randolph Hearst, Marion Davies était la perfection incarnée... ce qui devait bien la faire rigoler. Mais voilà: le magnat de la presse s'était improvisé producteur de films pour les beaux yeux de l'actrice, il lui semblait donc qu'elle avait droit aux plus nobles rôles dramatiques, et ses films devaient baigner dans le luxe: celui-ci, par exemple, on sent qu'on n'a pas lésiné. Mais Marion Davies s'estimait comedienne (En Anglais dans le texte), c'est à dire actrice de comédie. Elle souhaitait s'investir physiquement dans ses films, pas se contenter de porter des toilettes seyantes et sourire à des bellâtres... Ce film est donc un terrain de bataille, entre le producteur et l'actrice, et il serait assez aisé de voir dans la lutte "douce" entre Henry VIII et son opiniâtre soeur, un reflet de ce combat domestique. 

Mais c'est heureusement Marion qui gagne: aidée de Robert Vignola, qui la connaissait bien et avec lequel elle avait plaisir à travailler, ce film qui aurait pu être un véhicule étouffant et dispendieux, devient un écrin paradoxal pour les velléités d'indépendance de la dame... Vignola traite le matériau historico-mélodramatique à sa disposition comme un script de comédie, ou un film de Fairbanks. Marion Davies ne rate pas une opportunité de s'approprier le film physiquement, et ce avec une belle énergie. Si Forrest Stanley est un peu pâle, au moins certains acteurs la suivent-ils sans remords ni regrets, dont bien sûr William Norris qui interprète un Louis XII qui serait bien libidineux... s'il en avait encore les moyens, le pauvre!

Douze bobines, donc, car le film a survécu dans son édition "Road-show", soit un peu plus longue que les copies d'exploitation classique. Le film est une splendeur... 

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1922 Marion Davies Robert Vignola ** William Powell