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18 février 2022 5 18 /02 /février /2022 15:46

Après Our mutual friend et David Copperfield, c'est la troisième des trois adaptations spectaculaires de Dickens par Sandberg. On y retrouve le même soin que dans les autres, une volonté affichée de rendre le roman aussi complet que possible dans son adaptation, mais avec cette fois des raccourcis: la longueur du premier film avait été la source d'ennuis, cette fois Sandberg a réussi à rester en dessous de deux heures, et livre une version linéaire, d'une fidélité exemplaire, et très réussie...

Philip Pirrip (Martin Hezberg), un jeune garçon orphelin qui grandit aux côtés de sa soeur (Ellen Rovsing), une femme acariâtre, et de son mari Joe Gargery (Gerhard Jessen), forgeron de son état, ressent plus d'affection pour ce dernier que pour sa soeur, qui a la main fort leste. Un soir qu'il est resté au cimetière, sur la tombe de sa mère, un forçat évadé (Emil Helsengreen) obtient de lui la promesse de revenir lui donner de la nourriture en échange de la vie sauve. Il revient le soir même... Sans savoir que son geste allait changer complètement sa vie.

Plus tard, il fréquente la maison excentrique et délabrée d'une dame à demi-folle qui vit en compagnie de sa mystérieuse pupille Estella (Olga D'org): Miss Havisham (Marie Dinesen), éternellement habillée en robe de mariée (son mariage a été annulé in extremis), vit dans le passé et la rancoeur, et semble élever Estella dans la méchanceté à l'égard des hommes, ce dont Philip (surnommé Pip) fera bien vite les frais, d'autant qu'il est amoureux... Quand le premier acte se termine, Pip devenu adulte (Harry Komdrup) apprend qu'il est l'heureux dépositaire d'une fortune, mais sans connaître l'identité de son bienfaiteur... Ou de sa bienfaitrice, car il soupçonne Miss Havisham d'être son ange gardien secret...

Dickens ne s'était pas fait que des amis, avec un roman dans lequel il mélangeait le chaud et le froid, l'amour (Pip) et la souillure (Miss Havisham), les largesses d'un mystérieux bienfaiteur et la violence menaçante d'un forçat. En Pip, héros enfantin devenu adulte sans perdre son âme d'enfant, il avait créé un personnage qui allait déplaire, mais qui est parfait pour le cinéma. D'une part, il y a de nombreuses adaptations, et ça continuera tant que le cinéma et les images qui bougent existeront... Ensuite, avec sa naïveté affichée, il est le parfait vecteur de cette entreprise d'illusions que sont les films.

Et c'est, je pense, ce qui attire Sandberg dans Dickens et la raison pour laquelle il va réaliser tant d'adaptations de ses oeuvres...  Il touche ainsi à une relative universalité, ou du moins à ce que l'occident en 1922 considérait comme tel. Il a du matériau parfait pour du mélodrame, pour des intrigues linéaires avec moult péripéties. Et il a des possibilités plastiques phénoménales, avec ces costumes 1860, ces décors Londoniens qui ici, au passage, ne sont pas forcément très recherchés, mais aussi ces décors naturels qui sont l'une des caractéristiques les plus évidentes du cinéma danois: de la scène dans le cimetière jusqu'à la rencontre finale de Pip et Estella, le film est souvent confronté à une nature sans artifice, parfaitement composée, dans des plans rigoureux. Pas d'audaces filmiques proprement dites, et si le metteur en scène est comme la plupart de ses collègues danois passé expert dans l'utilisation du clair-obscur et ne s'en prive pas, il fait peser de manière importante ces scènes diurnes qui marquent en particulier la première partie: on se souvient de la rencontre sinistre, en plein jour, avec un bandit...

Le film allait-il bouleverser l'histoire du cinéma? Non, bien sûr, pas davantage qu'il n'allait restituer au Danemark sa place de premier plan qui était la sienne en ce qui concerne le septième art, dix années auparavant. Mais ce que voulait Sandberg, c'était offrir à un public populaire des retrouvailles avec un roman qui avait tout pour l'être, en allant si possible un peu plus loin qu'une simple illustration. C'est tout, et c'est déjà beaucoup.

 

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Published by François Massarelli - dans A.W. Sandberg Muet 1922
4 novembre 2021 4 04 /11 /novembre /2021 09:09

Don Miguel Farrel (Forrest Stanley) revient en Californie après avoir participé à la première guerre mondiale... Mais quand il revient, sa famille et son ranch ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes... La propriété est désormais dans les mains d'un banquier agressif de l'est, qui s'apprête à la revendre à un riche Japonais (Warner Oland), et celui-ci a des méthodes malhonnêtes pour arriver à ses fins. Miguel Farrel va donc devoir ruser... Heureusement, le banquier a une fille (Marjorie Daw), qui se range du coté de Miguel, et celui-ci peut aussi compter sur ses fidèles collaborateurs, pour atteindre son but: rassembler 300 000 dollars afin de racheter son ranch avant qu'il ne tombe, horreur, dans les mains de spéculateurs Japonais...

On ne fait pas toujours ce qu'on veut... Prenez un cinéaste en 1922, par exemple: quelles que soient ses aspirations, un contrat c'est un contrat, et celui qui liait Frank Borzage à la Cosmopolitan de William Randolph Hearst ne faisait pas exception à la règle. Donc après une poignée de films effectuée en toute (relative) liberté par le metteur en scène, en accord avec ses aspirations, disons, spirituelles, il lui a fallu obéir à une injonction, et réaliser un film non pas selon son coeur, mais bien conformément aux volontés du patron, qui visait probablement la fonction de gouverneur de Californie... D'où un profond sentiment de malaise devant un film qui montre ouvertement l'hostilité vis-à-vis des Asiatiques (d'ailleurs tous rangés dans le même sac, puisqu'un Chinois se fait traiter de "Jap" sans que personne n'objecte) comme un comportement normal et noble, et démontre, manigances à l'appui, que les "Japs" en veulent aux terres de Californie, et c'est une abomination de les laisser faire... Par ailleurs, les français ne sont pas mieux lotis: un immigré local est présenté comme un lâche, veule, et un mauvais payeur...

Borzage fait donc contre mauvaise fortune son travail, et rend parfois ce film imposé, disons, distrayant, en demandant à Forrest Stanley une énergie impressionnante. Il se souvient aussi du western de ses années 10, et s'inspire de ces montagnes arides et de ses plaines pour mêler poursuites en voiture et cavalcades à dos de quadrupèdes. S'il égratigne les immigrés asiatiques, le film est relativement généreux vis-à-vis des hispaniques, afin probablement de flatter l'électorat local: comme beaucoup de vieilles familles Californiennes, Miguel Farrel est donc d'origine Espagnole et Catholique, ce qui ne l'empêche pas de se comporter en bon capitaliste courageux et malin à la fin du film.

Bref: distrayant, mais franchement mineur dans la filmographie d'un réalisateur qui nous a beaucoup donné d'oeuvres si différentes et meilleures que celle-ci... Quant à Hearst, il a fini par renoncer. Tout ça pour ça!

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1922 Frank Borzage Western
6 avril 2021 2 06 /04 /avril /2021 10:12

Film "monumental" en deux parties (l'adjectif s'impose d'autant plus que c'était le nom de la compagnie de Reinert), perdu selon la cinémathèque de Munich, même si les archives Russes estiment posséder une copie de chacune des deux parties, Sterbende Völker a au moins survécu sous la forme d'une bobine de fragments plus ou moins disjoints. On peut y voir la dimension épique du film, son souffle pseudo-historique (l'intrigue y oppose l'empire Romain et les peuples proto-Germaniques, dans un écheveau de batailles, de pillages, d'incendies et de drames) et l'indéniable sens pictural singulier du metteur en scène.

Les quelques 9 minutes ainsi rendues disponibles nous font mettre la main sur l'incendie d'un village lacustre, nous montrent une transhumance hivernale dans les montagnes, qui anticipe sur la fabuleuse séquence célèbre du col de Chilkoot dans The Gold Rush de Chaplin, et nous donne à voir des fragments des prestations de Paul Wegener, Fritz Korner, Aud-Egede Nissen... Ca donne envie, donc. 

Reste le soupçon, toujours embarrassant: avec un sujet pareil, Reinert étant de droite (et là on parle de la droite Allemande des années 20), quels délires nationalistes s'est-il permis dans cette oeuvre? On ne saura sans doute jamais.

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Published by François Massarelli - dans Muet Robert Reinert 1922 *
21 février 2021 7 21 /02 /février /2021 09:16

Un théâtre présente une revue de music hall: on va alterner entre les coulisses et la scène, en suivant principalement trois personnages; le régisseur, une grosse brute (Oliver Hardy), l'accessoiriste, une personnage lunaire (Larry Semon) et l'actrice principale de la revue (Lucille Carlisle)... De temps à autre, le film se promène dans le public où certaines personnes se distinguent.

Tiens, une fois de plus le modèle de Chaplin est évident, mais je n'aurai aucun scrupule à le dire: ce The show est nettement plus intéressant que le film éponyme de Chaplin, auquel il pique sans vergogne l'idée d'interpréter un certain nombre de personnages en plus de son accessoiriste. Le Chaplin était il est vrai largement basé sur les souvenirs de music hall anglais de son auteur, et il a été tourné en 1915, autrement dit une éternité avant celui-ci.

Cette fois encore on peut exprimer des doutes sur l'opportunité pour Semon d'interpréter le personnage principal, et la structure manque encore une fois de colonne vertébrale, mais il y a une troublante envie de faire du cinéma, ici: le film, très ambitieux, prend son temps pour installer le décor, filmé dans l'ouverture depuis le public. Et le final (qui est un rêve) est spectaculaire, avec un certain nombre de gags et de cascades spectaculaires liées à un train! C'est sans doute à la fois un des meilleurs films de son auteur, en même temps qu'un témoignage sans appel sur les raisons qui précipiteront sa chute: son comique extravagant devait coûter cher, très cher...

Reste à rappeler ce qui est une obsession pour Larry Semon: les gags "colorés"... Qui consistent le plus souvent à souligner de façon embarrassante les différences de couleur entre acteurs blancs et noirs, ces derniers étant cantonnés bien entendu dans les rôles subalternes; ici, c'est d'une part une camériste noire qui se retrouve blanchie par de la poudre de maquillage, et sinon le public se voit transformé en une troupe de Al Jolson par un accident qui implique de la suie. Autre temps... etc.

 

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Published by François Massarelli - dans 1922 Muet Larry Semon Comédie Laurel & Hardy **
7 août 2020 5 07 /08 /août /2020 11:46

C'est l'un des rares films qui prenne pour cadre les croisades et leurs conséquences. Les quatre héros du film sont le sultan Saladin, héros de la cause Musulmane, et souvent dépeint comme un fin politique, sage et ouvert. Mais en matière de sagesse, le titre est clair: c'est Nathan, un notable Juif de Jérusalem, qui l'emporte. Il va représenter pour Saladin le visage des Juifs de Jérusalem, avec lesquels il va devoir composer. Sinon, deux personnages au destin compliqué complètent la distribution: un jeune croisé, Curd, de noble extraction, et... neveu de Saladin, mais il ne le sait pas. Recha, la fille adoptive de Nathan, ne sait pas non plus qu'elle est la nièce du Sultan et la soeur du précédent. Le drame tourne autour de la situation à Jérusalem après l'installation de Saladin: ce dernier veut gouverner mais sans être injuste envers les autres religions. Les Chrétiens vont comploter pour affaiblir aussi bien Saladin que la communauté Juive, alors que Saladin va faire appel à la sagesse de Nathan...

C'est un film monumental, qui pourtant (ceux qui sont habitués au cinéma Allemand muet comprendront où je veux en venir) ne dure que deux heures... Dans l'ombre de la UFA, il y avait aussi des producteurs indépendants, dont ceux qui étaient regroupés autour de la bannière de la MLK, basée à Münich. Les films de Manfred Noa avaient ceci de particulier d'être en plus de leur indépendance qui garantissait des ennuis de distribution, particulièrement ambitieux. Celui-ci, très soigné, a en plus le privilège d'avoir été, à un moment crucial de l'histoire politique, au coeur d'une controverse: car cette histoire des Croisades montrait dans une intrigue à la grande clarté (et un soupçon de mélodrame bien de son époque, avec révélations à tiroirs), un Sultan sage, en proie à la duplicité et la tricherie de l'Occident, et conseillé par des Juifs sages, posés et incarnés par un personnage prêt à tous les sacrifices pour faire avancer la paix entre les peuples. Bref: les nazis, ces cons-là, étaient fort mécontents...

Raison de plus: le film en vaut la peine. Maintenant, si l'ancien costumier et décorateur n'est pas un grand directeur d'acteurs (le ton général est au déclamatoire sur le proscenium) il se rattrape largement sur un montage très serré, et un sens aigu du décor. Quant au découpage, qui doit tenir le choc devant une telle production, il est exemplaire de ce qu'on est en droit d'attendre d'un film Allemand de cette époque. Noa réalisera deux ans après un spectaculaire film, Helena, basé sur les récits de la Guerre de Troie.

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Published by François Massarelli - dans 1922 Manfred Noa Muet *
28 mars 2020 6 28 /03 /mars /2020 15:51

Après Humoresque (1920) et Back Pay (1922), Frank Borzage est retourné à Fannie Hurst pour prolonger une formule gagnante, et il fait de nouveau appel à Vera Gordon et Dore Davidson pour incarner un couple Juif d'âge mur confrontés aux affres de l'assimilation, dans la peinture de la vie familiale à travers ses joies et peines...

Du moins c'est ce que les renseignements glanés sur internet permettent de trouver, car ce film ne nous est presque pas parvenu: il n'en subsiste que sept minutes, situées probablement au milieu ou en tout cas dans la deuxième moitié. Nous y assistons à des départs qui ne nous disent pas grand chose, et pour l'essentiel, c'est une conversation entre le père et la mère, avec des intertitres néerlandais... Bref, on est prêt à jeter l'éponge, jusqu'à ce que...

Oh, ce n'est pas grand chose, mais pour qui connaît un tant soit peu l'oeuvre de Borzage, c'est énorme: un geste, un seul, qui vient briser la monotonie et qui vient à a rescousse du mélodrame, pour réussir à le rehausser sans tomber dans la routine larmoyante. Un geste de la main, d'un mari à son épouse, qui en dit long. Du coup, j'ai mis bien plus de temps à écrire ce texte qu'à voir le film! Celui-ci est disponible sur Youtube, sur la page du Eye museum...

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Published by François Massarelli - dans 1922 Muet Frank Borzage
17 mars 2020 2 17 /03 /mars /2020 16:39

Sorti en 1923, mais prêt depuis la fin 1922 quand il a été montré aux exploitants, La maison du mystère est pour la compagnie Albatros d'une grande importance; hérité des productions Ermolieff, qui s'installent à Paris à l'aube des années 20, le petit studio de Montreuil dominé par les Russes, va enfin rencontrer le succès, en particulier grâce à ce film en dix épisodes, qui sera un triomphe, après les succès d'estime des précédentes productions des Russes Blancs (Dits "De Montreuil") qui ont fui la révolution. Leur cinéma est essentiellement basé sur l'émotion, l'évasion et la captation des sentiments à l'écran, et nul mieux que Mosjoukine ne sait exploiter ce créneau. C'est ce que démontre cette imposante mais superbe production de 6h30, entièrement conservée et reconstituée avec un soin incroyable par feue Renée Lichtig, et enfin mise à notre disposition depuis 2015 en DVD dans la collection Flicker Alley.

Julien Villandrit est un chef d'entreprise heureux en amour, mais dont des soucis de comptabilité assombrissent la vie. Sa femme, la tendre Régine, est à son insu l'objet d'un lourd secret: le banquier Marjory est en effet son père, issu d'une liaison passée et secrète. Depuis la mort de la maman, plus personne n'est au courant, et Marjory ne souhaite pas propager la nouvelle... Mais ses largesses pour le jeune couple, et son amour débordant pour Régine finissent par faire jaser, en particulier Henri Corradin: le meilleur ami de Julien est en effet depuis toujours amoureux de Régine, et très, très jaloux... Et bien sûr le drame est inévitable: après avoir fait part de ses soupçons à Julien, Corradin assiste à une bagarre entre les deux hommes, et lorsque Julien (Qui a compris la vérité) va chercher du secours pour venir en aide à Marjory mal en point, son ami tue froidement le banquier. Les empreintes de Villandrit, les traces de lutte, et les rumeurs sur l'infidélité de Régine, tout concourt à faire accuser Julien du crime... C'est le point de départ de 20 années de tumultes, de coups de théâtre, de trahisons et de mésaventures en tous genres...

Le roman de Jules Mary à la base de cette sombre histoire est sans aucun doute un pensum à fuir, mais le traitement qu'en proposent Volkoff (Et Mosjoukine, qui comme d'habitude à la main sur le scénario) est tout en passion... L'âme Russe, toujours, pour le flamboyant Mosjoukine, qui habite chaque scène de son regard intense, et grâce à son jeu d'une puissance rare, et presque unique dans le cinéma Français. Volkoff se tire de l'invraisemblance de chaque scène en jouant avec un talent fou la carte d'un cinéma visuel, tant dans l'utilisation de décors naturels que dans la composition magnifique; il prend par exemple le parti dans le premier épisode de traiter le mariage des Villandrit en cinq minutes d'ombres Chinoises, sans céder à la tentation de la joliesse et de la mièvrerie: ce théâtre d'ombres incorpore aussi le drame à venir. En prime, il se sert du montage comme personne, sans se vautrer dans l'utilisation d'effets à la Gance (Ce qu'il fera malgré tout avec plus de retenue que le metteur en scène de La roue, dans Kean en 1924 et Casanova en 1927): tout ici est dédié à la mise au coeur de l'action, et au coeur des passions, des spectateurs. Une fois mis le pied dans l'engrenage du premier épisode, impossible de s'arrêter ou de demander grâce!

Et le serial, avec sagesse, suit le parcours inévitable du genre: il installe une harmonie (Un mariage, une naissance) à peine entachée de quelques zones d'ombre suffisamment définies pour apporter plus tard leur lot d'ennuis (L'argent, les soupçons d'infidélité, la présence envahissante du "rival" félon Corradin), et le chaos qui s'ensuit (L'arrestation, puis l'incarcération et enfin l'évasion et la fausse mort de Villandrit) va être la toile de fond d'un long retour à la joie et au bonheur, véritable but des protagonistes et du public (En l'occurrence proclamer et prouver son innocence pour avoir le droit de récupérer sa femme et sa fille!). Les règles du genre sont donc bien respectées, et les passages obligés aussi: spectaculaires retournements de situation, traîtrises diverses (le méchant Corradin), dosage de l'émotion, suspense, accélération du rythme en fin d'épisode...

Ni Mosjoukine, ni Volkoff, ni leurs acteurs ne se sont lancés dans cette aventure pour faire passer quelque message paternaliste que ce soit: on n'est pas chez Gaumont, et si "le patron" est bien mis en danger, c'est par son égal, son meilleur ami, un jaloux, un bilieux qui poursuit probablement des motifs peu recommandables. Certes, le monsieur est amoureux. ...La belle affaire! La façon dont Corradin, l'éternel éconduit par Régine (Hélène Darly), l'épouse de Julien, se retrouve tout à coup à dévisager la petite Christiane, la fille des Villandrit (Francine Mussy), nous laisse à penser qu'en plus d'être un lâche, un traître et un assassin (comme lui fait remarquer Villandrit dans leurs retrouvailles de l'épisode 8), Corradin est peut-être aussi un salopard fortement louche. Pour le reste, justement les sous-intrigues du film (un maître-chanteur pétri de remords et mû uniquement par le bien-être de son fils adoré, un évadé sûr de son bon droit, mais qui montre un profil bas en devenant l'humble et anonyme contremaître de l'entreprise dont il est le propriétaire et patron légitime) donnent l'impression d'une véritable humanité, qui s'étend au-delà des stéréotypes. Le héros est un brave homme, qu'il soit patron ou employé. Et le rôle joué par la religion (exactement comme dans Michel Strogoff, même si ici c'est de Catholicisme Romain qu'il s'agit et non de Catholicisme Orthodoxe) est essentiellement décoratif, pour Mosjoukine et Volkoff qui ont compris où s'arrêter pour qu'un motif ne prenne pas toute la place...

Et la cerise sur le gâteau, c'est qu'au milieu de tout ça, face à Ivan Mosjoukine, qui domine (mais comment pouvait-il en être autrement?), on trouve dans le rôle de Corradin le grand Charles Vanel, qui est superbe. Le clou du film, selon moi, est situé dans le huitième épisode, lorsque les deux hommes luttent après s'être perdus de vue pendant près de quinze ans: ils en sortiront vivants tous deux, mais la lutte est à mort et dure sept minutes, alors tout y passe: les poings, les baffes, l'arrachage de vêtements, les jets d'objets, même les meubles sont mis à contribution dans ce qui est une destruction systématique de l'environnement. Cette lutte se terminera d'une façon inouïe, par la projection d'un des deux protagonistes dans le vide, qui survivra à flanc de falaise. Falaise qui est filmée, entre autres, de très loin, avec des personnages qui ne sont que de menues silhouettes (voir photos plus bas)... Et pourtant, c'est on ne peut plus clair à comprendre. A l'issue de la bagarre, le spectateur est sans doute aussi exténué que les personnages...

C'est frappant, à quel point la mise en scène de ce film, à l'interprétation à la fois sobre et profondément émotionnelle, tranche sur toute la production française de l'époque, à de rares exceptions... Feyder et Crainquebille, ou Visages d'enfants, peut-être? Mais la modernité de Volkoff (et Mosjoukine, et leur assistant non crédité Tourjansky, soyons juste) passe par une habitude Russe d'une part: les personnages et leurs émotions sont constamment relayés par le décor et l'éclairage; et d'autre part, l'influence des Américains est là et bien là: le montage, le rythme de jeu et les angles de prise de vue sont tout entiers dédiés à l'impact émotionnel, et à la rigueur du point de vue. Il en résulte un film joué de façon convaincante, avec autant de fougue que de subtilité. Même si comme je le disais plus haut Mosjoukine domine, ce qui est incontestable, il semble avoir imprimé son style à tous les acteurs... Et c'est la naissance du style Albatros, justement, ces films merveilleux qui vont montrer au cinéma français la marche à suivre!

La Maison du mystère propose donc une évasion express, un divertissement spectaculaire et totalement grisant, dans des images qui sont du cinéma pur de bout en bout. En bref: c'est un film à voir absolument, l'un des chefs d'oeuvre de Mosjoukine, et sans doute l'un des plus beaux films muets Européens... Voilà c'est dit.

 

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Published by François Massarelli - dans Ivan Mosjoukine Muet Albatros 1922 Alexandre Volkoff *
3 novembre 2019 7 03 /11 /novembre /2019 11:04

Montré en 1923, le film La roue est l'aboutissement d'un travail de plusieurs années, entamé par Abel Gance dans le but initial de créer une tragédie de la modernité, incarnée par cet objet cinématographique entre tous, le train. Le héros du film, Sisif, est un mécanicien-conducteur de locomotive qui un jour n'a fait que son devoir: il a supervisé avec une certaine efficacité les opérations de sauvetage après un déraillement qui s'est situé juste à coté de chez lui. Il a aussi, personnellement veillé durant les opérations sur une petite fille, Norma, dont il s'est aperçu à la fin du déraillement que personne ne venait la réclamer: il a donc pris la décision de la recueillir, afin qu'elle tienne compagnie à son fils unique, Elie. La mère de Norma a effectivement été tuée dans l'accident, et la maman d'Elie est décédée en donnant naissance à son fils.

Les années passent, et on découvre un Sisif ombrageux, querelleur, porté sur le vin, le jeu et la bagarre. Surtout, il mène la vie dure à "ses" enfants, leur interdisant le plus souvent de passer du temps ensemble. Norma est restée très proche de son père, et est encore une jeune femme, insouciante et joueuse, mais elle provoque la convoitise des hommes, ce qui a le don de mettre Sisif dans des colères noires. De son coté, Elie manifeste aussi souvent que possible son dégoût de la vie moderne telle qu'elle s'incarne dans les rails et les installations ferroviaires aux alentours, et il est devenu luthier, obsédé par l'idée de reproduire un vernis à la façon de Stradivarius, afin de créer des violons parfaits. Il aime sa soeur d'un amour profond, tendre, mais dont il n'a pas encore cerné la vraie valeur... Mais il n'est pas le seul: Hersan, un bourgeois qui supervise la travail de Sisif, et le fait aussi inventer des appareils qu'il reprend à son compte, envisage de demander Norma en mariage, et Sisif lui-même a du mal à réprimer son amour fou pour celle à laquelle il n'a pas osé avouer qu'elle sa fille adoptive... Dans un premier temps, le seul facteur de stabilité de la vie de Sisif, c'est son métier: il est un excellent conducteur, et travaille avec coeur. Mais jusqu'à quand?

J'accuse, en 1919 tranchait sur la production habituelle de Gance, qui venait de réaliser deux mélodrames bourgeois, Mater dolorosa et La dixième symphonie. Le film, qui proposait une vision hallucinée d'un poète sur la guerre mondiale, avait établi Gance comme un metteur en scène à suivre, ambitieux pour ne pas dire fou, un visionnaire qui avait à coeur d'utiliser toutes les ressources du cinéma: c'est exactement ce qu'il a fait avec La roue, spectacle monumental dont les versions les plus longues ont atteint plus de sept heures de projection; les versions que j'ai vues initialement, raccourcies à respectivement 133 minutes (Une copie établie par Gance lui-même qui limitait le film à 12 bobines afin de le rendre exploitable) et 261 minutes (La restauration sortie en DVD par Flicker Alley, qui tente de réincorporer tout le matériau existant des versions disponibles à l'exportation dans une version aussi proche que possible de l'originale) gardent l'impression d'un film épique qui d'une certaine manière réussit à faire ce que cherchait Stroheim avec Greed: traiter un matériau cinématographique en lui donnant une dimension romanesque, tout en utilisant des ressources proches du naturalisme.

Sur ce dernier point, le symbolisme du film peut paraître en contradiction: il n'échappera à personne que la présence de "Sisif" renvoie à la mythologie Grecque, et que la deuxième partie sise sur les pentes du Mont-Blanc, qui voit Sisif-Sisyphe monter et descendre en conduisant un funiculaire, insistent sur cette analogie; de plus, Elie et son métier renvoient à cette obsession pour Gance de faire de ses héros des poètes (J'accuse, La Fin du monde), des compositeurs de génie (La dixième Symphonie, Un grand amour de Beethoven), voire des dramaturges (Molière, son premier scénario pour Léonce Perret, un rôle qu'il a d'ailleurs interprété lui-même): Bref, des artistes. Cette obsession de représenter l'artiste comme étant au-dessus du monde peut évidemment faire sourire, et on est du même coup à des années-lumières de toute prétention naturaliste... sauf que la façon dont Gance dirigeait ses acteurs (Séverin-Mars en Sisif et Ivy Close en Norma sont particulièrement remarquables) leur permettait de vivre leur rôle au maximum: il était le seul à savoir ce qu'il allait ce passer, et il les guidait en permanence; par ailleurs, les scènes situées dans la vie quotidienne des cheminots respirent la vraie vie, et il se dégage une certaine tendresse de ces caractérisations... 

Avec La Roue, Gance souhaitait d'une part représenter le monde des machines et le monde des hommes l'un avec l'autre, tout en s'attaquant à l'absurdité de l'existence. Mais il montrait aussi l'obsession humaine qui le condamne à vivre entre désir et travail, ce dernier étant la seule solution pour échapper à l'animalité. Si Sisif n'avait pas eu son travail, que se serait-il passé?

Il faut bien dire que les circonstances ont tout fait pour éloigner le metteur en scène de son but initial: durant la préparation du film, son épouse, Ida Danis qui avait survécu à la fameuse épidémie de grippe Espagnole de 1918, a soudain développé des complications, et la tuberculose a été diagnostiquée très vite. Il fallait donc faire en sorte que le tournage soit compatible avec les séjours de plus en plus fréquents en sanatoriums, et le plan de tournage a suivi la maladie: Nice et les studios de la Victorine, puis Chamonix et le Mont-blanc. De fait la deuxième partie, est entièrement située dans la montagne. Le film commence par des images de rails qui se rejoignent et se séparent, une métaphore courante que reprendra à son compte Hitchcock dans Strangers on a train; dans un premier temps, le film suit le plan de départ, en particulier dans la première partie La rose du rail (Un surnom dont aussi bien Sisif que Hersan ont affublé Norma): le train est partout, et la roue est cet objet qui symbolise la vie difficile du cheminot Sisif. Celui-ci est vu d'abord très assuré à la barre de sa locomotive ("Norma", bien sur!), et Gance s'amuse avec le montage, de façon excitante. Mais très vite, les séquences consacrées à ces périples en locomotive seront hantées par la mort, en particulier sous la forme de tentatives de suicide. Sisif terminera sa carrière de conducteur de locomotive en "suicidant" la Norma... Une trace de la mort programmée d'Ida Danis?

Mais à cette mort annoncée de la femme de sa vie, le sort allait aussi ajouter le destin de Séverin-Mars: l'acteur était malade, au point de pouvoir incarner la mort de Sisif durant la deuxième partie sans forcer le maquillage. Du coup, le film est beaucoup plus un film sur la mort qu'un film sur la roue... La mort incarnée dès les premières images par l'accident ferroviaire spectaculaire, suivie de la confrontation fatale dans la montagne entre Elie (Gabriel de Gravone) et Hersan (Pierre Magnier); celle-ci est suivie d'une course contre la montre dans laquelle Gance joue avec le montage de façon sublime, mais Elie mourra quand même... on n'est qu'aux trois-quarts du film, et tout est consommé, le reste sera d'ailleurs consacrée à la lente et inexorable agonie de Sisif, et à la façon dont il parviendra à faire la paix avec sa fille, bien qu'il l'ait très vite accusée d'être responsable de la mort de son fils. De la dimension sociale (Les cheminots et leur crasse opposés aux orgies de Hersan et compagnie), la deuxième partie ne retient pas grand chose, se concentrant sur l'élévation de Sisif, qui vit désormais le plus loin possible de celle qu'il a tant aimé, dans la montagne. Tourné sur les lieux même, le film est d'une beauté incroyable...

Chaque grand film de Gance est un acte de foi, tant pour le metteur en scène que pour ses techniciens, ses acteurs, et leur public. Avec La Roue, le réalisateur a créé un film génial au sens premier du terme, dans lequel l'invention est permanente, et qui bénéficie du don de soi de tous ceux qui y ont participé. Que le film ait finalement dévié de son chemin initial en devenant une oeuvre sur l'acceptation du destin, aussi lamentable soit-il, sur l'inéluctabilité de la mort et dans lequel la roue symbolise à la fois le temps qui passe, l'obligation de travailler, et le passage sur terre, peu importe: Gance fonctionnait ainsi, il suffit de voir ce qu'il souhaitait faire avec son Napoléon, et ce qu'il en subsiste dans le film. N'empêche, pour moi, avec ses innovations techniques, ses trouvailles de mise en scène et son atmosphère d'une cohérence permanente en dépit des circonstances, ce magnifique poème bouleversant du début à la fin, reste pour moi son plus grand film.

A noter: la Cinémathèque Française, prenant le taureau par les cornes, a mené une restauration de la version la plus longue possible du film, en quatre parties, et qui totalise sept heures. Une restauration exemplaire, qui a commencé par un long inventaire des éléments disponibles, avant de mener à une reconstruction détaillée et un remontage sensé, de A jusqu'à Z. Un travail de titans, qui a abouti à une version manifestement irréprochable... Un travail qui est à l'heure actuelle prolongé par une restauration similaire du long métrage suivant de Gance. Dans cette version sans doute au plus près des voeux de Gance, on peut voir de quelle manière le metteur en scène a étiré son film en quatre chapitres tous aussi cohérents que possible, et comment il a, de fil en aiguille, réduit son rectangle amoureux en laissant une dernière partie à seulement deux personnages, les deux plus importants, dans un décor qui devrait être celui d'une féérie mais devient la fin d'un long cauchemar. Il a exorcisé à sa façon le drame personnel, et a souligné aussi du même coup le drame vécu par Séverin-Mars, qui vivait ses derniers instants... C'est fort, c'est imposant, et c'est décidément un très grand film.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Abel Gance 1922 **
24 décembre 2018 1 24 /12 /décembre /2018 11:12

Lotus Flower (Anna May Wong) aurait tout pour être heureuse, si d'aventure elle n'avait croisé la route de l'étranger (Américain) Allen Carver (Kenneth Harlan)... Ayant manqué de se noyer, le riche jeune homme a été sauvé par l'intervention de la jeune femme et celle ci n'a eu aucun mal à interpréter l'idylle qui s'ensuivit comme une véritable histoire d'amour. Mais à son départ pour les Etats-unis, Carver doit se plier aux convenances, et il laisse donc derrière lui celle qui va continuer à se croire sa femme, à plus forte raison parce qu'elle est enceinte...

Le script de Frances Marion doit beaucoup à Mme Butterfly, l'opéra de Puccini, avec ceci de changé que le film est situé en Chine et non au Japon. Pour le reste la scénariste a adroitement adapté l'histoire mais si celle-ci adopte pour une large part le point de vue de Lotus Flower, la morale revient quand même à la sempiternelle prudence à l'égard des mariages inter-ethniques... Ca reste donc frileux, avec une bonne base de tragédie, mais le résultat final, assez linéaire, reste une miniature. La mise en scène de Chester Franklin, conformément à son style, est tout sauf notable, mais elle est évidemment fonctionnelle: c'est tout ce qu'on lui demandait, après tout!

Mais le principal intérêt du film, bien entendu, est ailleurs: la couleur. C'est le premier film en Technicolor qui fut vraiment satisfaisant, et qui grâce à la Metro, a bénéficié d'une distribution décente, et a obtenu un succès significatif. Une grande date, techniquement parlant, et honnêtement, le rendu est efficace, avec des teintes d'une authentique poésie... Rien que pour ça, un détour occasionnel s'impose.

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Published by François Massarelli - dans 1922 Muet Technicolor *
3 octobre 2018 3 03 /10 /octobre /2018 15:16

Après le Sheik de 1921 (The Sheik, George Melford), Rudolph Valentino allait être confronté à à peu près tous les exotismes, lui qui avait souvent, dans un premier temps, été condamné aux rôles de latin lover et autres séducteurs interlopes, n'était certes pas sorti des stéréotypes... On connaît mal ce film de Phil Rosen, déjà un solide vétéran quand il a tourné ce long métrage: et pour cause, The young Rajah est perdu. Pas totalement, mais pas loin, car les fragments qui nous sont parvenus, totalisant une quarantaine de minutes, sont d'une qualité plus que douteuse...

Un adjectif qui sied d'ailleurs au film. Ne l'entendez pas comme une critique du travail de Mr Rosen, ou de l'interprétation de Rudolph Valentino... L'un comme l'autre, soumis à un contrat avec Paramount, s'acquittent de leur tâche avec un grand talent, après tout. Non, c'est que réflexion qui est motivée par l'étrangeté particulière de ce film, qui dépasse tout en matière de grand n'importe quoi.

Aux Etats-Unis, la famille Judd a recueilli un jeune héritier d'un noble Indien (d'Inde, pas un Américain Natif), sauvé in extremis d'une mort certaine par des fidèles sujets de son maharajah de père. Le prince, élevé à l'Américaine sous le nom d'Amos Judd, est doté d'un talent particulier: il peut voir l'avenir par des flashes incontrôlables; ce qui lui vaudra en vérité plus d'ennuis qu'autre chose, lorsque pour éviter un coup qu'il sait mortel, il se déplacera, entraînant la mort de son attaquant, un étudiant jaloux. Il n'en fallait guère plus pour justifier une réputation de meurtrier...

Et une réputation comme celle-là, ça n'aide pas aux amourettes avec la belle Molly Cabot (Wanda Hawley), surtout qu'elle combat régulièrement son attirance pour le jeune Amos. La raison? Le préjugé racial, tout bonnement...

Donc, d'une part, le film coche toutes les cases d'un véhicule pour l'acteur Valentino: séduction, exotisme, masculinité, délicatesse des sentiments, fragilité due à un destin difficile, romantisme échevelé, prouesses physiques, et scène de semi-nudité (ici sportive, puisqu'en bon étudiant de la haute société, Amos Judd est un excellent rameur). Mais il fait plus: à l'intrigue partagée entre les fantasmes raciaux de la bonne société Américaine, on ajoute l'intrigue romantique à souhait d'un royaume d'opérette pris entre la continuité d'un bon maharajah, et un chaos indescriptible servi par un prince inquiétant dont le premier ministre n'est autre que, mais oui, J. Farrell McDonald. Ajoutez à ça le don de voir l'avenir et toutes les situations qu'il permet (dont du suspense), vous comprendrez qu'on a devant nous un cas d'école!

Seulement il fait se contenter d'un puzzle, d'ailleurs reconstitué avec soin par les équipes de Flicker Alley, qui n'ont eu à leur disposition qu'une copie fragmentaire Espagnole en 16mm, et d'extraits de bande-annonces, sans parler des inévitables photos de plateau pour combler les trous. L'objet final ressemble à une curiosité unique en son genre...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1922 Film Perdu **