
Peut-on imaginer un Droopy sans le joyeux patronage dévastateur de Fred "Tex" Avery? Celui qui a amené la folie destructrice du cartoon à la sage MGM (Il suffit de comparer ses films à la très raisonnable série des petits contes de Harman et Ising pour se rendre compte de son apport) y a aussi créé un personnage fascinant de chien stoïque, qui permet en creux tous les débordements autour de lui. Le personnage de Droopy a été animé par Avery et ses équipes des débuts jusqu'à ce que le réalisateur s'en aille en 1955, et est resté la propriété de la MGM. Pendant quelques années, la série a continué, sous la responsabilité de Hanna et Barbera, les futurs mortels auteurs de Scooby Doo... 7 Dessins animés ont été distribués, en Scope, attribué pour six d'entre eux à Michael Lah, l'un des animateurs de l'équipe de Avery.
Millionaire Droopy (Tex Avery, 1956)
Le premier de ces films sur écran large, l'exception Millionaire Droopy était en fait un remake de Wags to riches, un bon Avery dans lequel Droopy héritait d'une fortune que convoitait aussi le bulldog Spike. A part le recadrage et une refonte du décor, rien de nouveau à signaler, Millionaire Droopy reprenant intégralement la bande-son du premier film... Michael Lah, déja présent sur le premier, est de nouveau responsable de l'animation, il est tout naturel qu'il ait été promu au poste de réalisateur sur les films suivants.
Tous les six films de Lah portent la marque de cette fin des années 50, avec un contour des personnages tracé à gros traits, une animation simplifiée et plus mécanique, et des décors ultra-stylisés.
Grin and share it (Michael Lah, 1957)
Dans ce film, Droopy est mineur aux cotés de Butch, une nouvelle version, adoucie de "Spike". Le ton est résolument "Averyen", mais le personnage de Droopy est totalement naïf, et utilise beaucoup la parole.
Blackboard Jumble (Michael Lah, 1957)
Un personnage (Et des mouvements animés repris sur d'anciens cellos) revient pour notre plus grand plaisir, le loup Sudiste et lent qui travaillait pour la fourrière dans Three Little pups. S'il est toujours du genre à prendre son temps, il ne possède plus cet étrange bégaiement qui soulignait son accent Sudiste jusqu'à l'insupportable, mais reste encore plus stoïque que Droopy, ici un anonyme membre d'une fratrie de cancres auxquels le loup tente d'inculquer une éducation. Le loup, bien sur, s'en prend plein la figure et le film possède une réelle qualité.
One droopy Knight (Michael Lah, 1957)
Encore un remake, cette fois de Senor Droopy. Mais le film est passé du Mexique à un Moyen-age de pacotille, le taureau est devenu un dragon, et Droopy est un vaillant chevalier. On ne trouve pas ici de réemplois de mouvements et d'animation notables, mais le scénario est un décalque complet.
Sheep wrecked (Michael Lah, 1958)
Ce film exploite à nouveau le personnage du loup Sudiste, et est le meilleur
des six; Droopy y est un berger, et le loup, eh bien... un loup. Le reste suit forcément une route bien balisée, non sans gags.
Mutts about racing (Michael Lah, 1958)
Ce film présente une course entre Butch et Droopy, sur le modèle inévitable et juteux du lièvre et la tortue. Le décor délirant et le Scope sont utilisés à bon escient dans une course à la limite de l'abstrait.
Droopy Leprechaun (Michael Lah, 1958)
Quand ce film est sorti, la MGM fermait son département d'animation. ce pauvre dessin animé indigent, dans lequel un Butch Irlandais prend Droopy pour un Leprechaun, en serait presque une justification tellement il est mauvais... hanna et barbera ont fait avec Tom & Jerry les beaux jours d'une animation familiale, ils sont déja en route avec ce film vers le style de non-animation qui fera leur fortune à la télévision. Quant à Droopy, il n'a rien à gagner à aller en Irlande, ou on achève de faire de lui un simple prétexte.
Ce film est probablement le plus beau des dessins animés de long métrage de la période glorieuse de Disney. Ce fut un flop, spectaculaire, probablement en raison de son avant-gardisme particulièrement surprenant. Le travail a duré, on ne le sait pas toujours, de 1951 à 1958, les voix étant caractéristiquement enregistrées en premier en 1952... Le film bénéficie de l'écran large, qui est utilisé au studio dès la sortie de 20,000 leagues under the sea, en 1954 de Richard Fleischer (celui-ci va d'ailleurs conserver dans les années 50 un petit rôle de consultant dans les productions en Scope, dont La belle et le clochard. Ce dernier film a posé beaucoup moins de problèmes, entamé après, mais fini avant le film-conte. C'est que la vision des artistes de Disney pour cette histoire si connue passait pas des concepts visuels uniques, et révolutionnaire: il suffit de comparer le film avec ce qui précède: Peter pan, Alice, tous les films d'avant Sleeping beauty sont des garants du style rond, harmonieux du studio de Burbank, établi de court métrage en court métrage durant 25 ans... Sleeping beauty, lui, tient compte d'une part des avancées de l'animation "pointue" des nouvelles tendances de ces années 50, mais aussi d'autre part des étonnantes recherches en stylisation du décor menées notamment à la Warner par Maurice Noble sur les aventure sublimes du Coyote de Chuck Jones (Qui aurait d'ailleurs collaboré à ce film...)... L'écran large, magnifiquement utilisé, s'accompagne d'un rendu splendide de la bande-son en stéréophonie. On savait mettre les petits plats dans les grands, chez Disney, à l'époque.
L'histoire est bien connue, et propice à des figures hautement Disneyiennes, à commencer par Aurore-Rose et son prince charmant, batifolant dans la forêt au milieu de tout un tas de charmantes bestioles, une séquence néanmoins sauvée par l'invention et la confrontation d'une animation superbe de fluidité et d'un décor délirant. Le film est surtout notable pour sa part dans l'élaboration d'un "coté obscur" de Disney: la méchante, Malificent, est particulièrement soignée, ses apparitions tiennent à chaque fois du miracle de raccourci, et la façon dont ce royaume de carton-pâte (Représenté dans les premières images par une sorte de re-création de miniatures médiévales, colorée et claires) est peu à peu contaminé par le mal (le château dans lequel les bonnes fées viennent apporter la princesse après 16 ans d'absences tient du donjon sinistre), et la soudaine prolifération d'images fortes (le fuseau, mais aussi les recherches des fées dans les coulisses d'un château immense, aux murs suintants, et enfin bien sur la scène des ronces). Le prince est empêché par la méchante fée de rejoindre sa bien-aimée, on ne va pas s'amuser à décortiquer, mais la façon dont ce film se déroule visuellement est un enchantement, unique en son genre. Je pense qu'il faudra ensuite attendre la collaboration avec Pixar pour trouver des films aussi inventifs sous estampille Disney....
Un jeune en train de jouer comme un gros lourd aux jeux vidéos (Un Simplet est en train de faire du Kick-boxing pour dégommer la méchante sorcière de Snow White and the seven dwarfs), les yeux complètement explosés. sa fiancée débarque, et lui reproche de ne pas s'occuper d'elle. Et alors? Alors, ce sont Mickey et Minnie Mouse. Même pas new look, ils sont bien eux, avec leurs oripeaux de 1943, et leur relation ne fait justement aucun doute. c'est bientôt l'anniversaire de leur premier rendez-vous, et suite à un quiproquo, Minnie croit que Mickey veut lui offrir 18 jours à Hawaii. il faut donc que notre souris trouve un emploi pour financer ces vacances imprévues. Le docteur Frankenollie recherche justement un cobaye, Mickey se présente, et il se voit aussitôt forcé d'échanger son gros cerveau avec celui, minuscule, d'une créature gigantesque, Julius, sorte de méga-Pegleg Pete (Pat Hibulaire en Français). Lorsque le Mickey Néandertalien ainsi obtenu voit la photo de la belle, il décide qu'il la veut... Sale temps!!
Un Mickey d'horreur, ça existait déja: le début des années 30 a beaucoup vu Ub Iwerks expérimenter avec le mélange entre ce bon MIckey et des savants fous (Voir The Mad Doctor). Donc, ce film n'est que 'adaptation au gout du jour d'un concept qui a fait ses preuves, mais versant totalement trash. ON notera que le Mickey "gamee" est assez inattendu, que les intentions de Minnie sont de mettre un maillot de bain ultra-rikiki pour le moment durant lequel les amoureux seront seuls au monde sur un bateau, et à mon avis les intentions de "Julius" sont assez peu orthodoxes. Je ne me lasserai jamais de la façon dont il gémit "Minniiiiiiiiiiiiiiiie", avec gourmandise... Les concepteurs du film se sont permis une petite allusion au glorieux passé avec ce docteur Frankenollie (Un chimpanzé fou) qui renvoie à Frank Thomas et Ollie Johnston, Frank N' Ollie, vénérables animateurs légendaires du studio. Certes, Runaway Brain est bien un dessin animé des années 90, avec son rythme délirant, son jeu sur la violence et l'excès... Mais c'est encore, toujours du Mickey Mouse! Estampillé Disney, pour le meilleur, et.. le meilleur.