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12 mai 2013 7 12 /05 /mai /2013 09:46

Après le spectaculaire premier film de Bird pour Pixar, qui marquait définitivement l'arrivée du petit studio dans la cour des grands en proposant le poste de metteur en scène à une personnalité extérieure, et non à un membre de l'équipe (Au prix de quels renoncements? L'histoire ne le dit pas), Ratatouille est plutôt inattendu; basé après le film de super-héros qu'était The incredibles sur une histoire de rat qui vit dans l'ombre des humains, et imite l'une de leurs particularités (La cuisine) au point d'avoir du génie, on pouvait craindre une hyper-Dineyisation, si j'ose créer un verbe un peu lourd de sens... Mais comme The incredibles n'était pas qu'un film de super-héros, Ratatouille n'est pas non plus qu'un film sur un gentil animal qui vient faire de la cuisine pour les humains...

Rémy est un rat qui n'est pas comme les autres; là ou ses congénères sont des voleurs de nourriture qui ne sont pas très regardants quant à la qualité de ce qu'ils ingurgitent, Rémy est un esthète de la nourriture, versé sur la grande cuisine, et qui a absorbé les leçons prodiguées à la télévision par le grand chef mythique Gusteau. Non que Rémy ait la télévision, non: il n'est pas ce genre de rat. Dans la campagne Française ou il vit, il a repéré une maison dans laquelle la vieille dame qui l'habite s'endort tous les après-midis devant une émission culinaire, il lui suffit donc de s'installer tranquillement et de rêver devant les émissions de son héros. Mais son talent pour la délicatesse gustative n'a aucune utilité pour la horde, sauf... la capacité à détecter une odeur de mort-aux-rats dans la nourriture. Rémy, de fait indispensable à la tribu mais qui s'ennuie profondément, attend son tour.... Qui viendra lors d'une fuite de la famille de rats vers les égouts, puis vers Paris. Séparé des autres, Rémy atterrit dans les cuisines de chez Gusteau. Le chef étant décédé, le restaurant vit sur ses acquis, mis à mal par les coups de boutoir d'un critique, Anton Ego. Lorsqu'il arrive, Rémy est amené à aider un commis, Alfredo Linguini, à réaliser une soupe qui sera si appréciée que les cuisiniers de chez Gusteau vont se prendre à croire à un renouveau du restaurant... Mais ça ne fait pas les affaires de Skinner, le nouveau chef, qui a déjà pré-vendu des abominables plats surgelés sous le nom terni de Gusteau, et qui entend bien développer cette activité au détriment de l'établissement; de son côté, Linguini fait un pacte avec Rémy pour continuer à prétendre qu'il est le nouveau chef du prestigieux restaurant.

En effet, Rémy le rat n'est pas si gentil, après tout. Sommé de choisir entre sa famille et ses nouveaux maîtres, il choisit... de ne pas choisir, et de montrer qui est le patron: lui. la famille? des pique-assiettes, uniquement utiles quand on les commande et qu'ils n'ont pas le temps de réfléchir. Les maîtres? Coincés par la réputation de leur restaurant, ils sont surtout désireux de retrouver ne serait-ce que des bribes des succès d'autrefois. Et de fait, tous, y compris Linguini le faux chef, et Colette la vraie cuisinière qui évite de trop faire d'expériences, sont finalement des médiocres, le rat ne se cache pas de le montrer... Il est sûr de lui, à juste titre en ce qui concerne d'ailleurs ses talents culinaires, et souvent sceptique sur la devise de Gusteau: tout le monde peut cuisiner, pensait le maître; le rat, lui ajoute: "mais certains feraient mieux de ne pas le faire..."

Le film est brillant, parfaitement rythmé: aucun temps mort, aucune chanson pour tout casser, pas non plus de ce mauvais esprit sur commande qui transforme le visionnage des films Dreamworks en calvaire, et un suspense ascendant: on a compris très tôt que la véritable confrontation dans le film n'est pas celle de Rémy avec Linguini, ce garçon n'étant pas de taille; ce n'est pas non plus avec l'inspection sanitaire, encore moins avec Skinner. Non: LA confrontation dans le film, celle qui fait le sel d'une dernière demi-heure enlevée, c'est bien sûr avec l'impitoyable critique Anton Ego... Ce qui nous amène inévitablement au sujet du film, sur l'art et la critique: Ego, critique, le reconnaît, la position de l'écrivain qui fait son métier de critiquer les autres est paradoxale; on peut sans doute attribuer mille fois plus de sens et d'intérêt à l'objet d'art critiqué qu'au texte qui en prouve l'ineptie et le manque de valeur... La réflexion menée dans le film, incarnée par Rémy le rat, est basée sur le fait que quand l'art doit s'exprimer, il faut le laisser faire, qu'on soit un homme, une femme, un peintre, un écrivain, un cuisinier ou un rat... Et Bird, qui connaît bien son art lui-même, s'est fait un point d'honneur de représenter la rencontre entre la cuisine de Rémy et les papilles gustatives des protagonistes. Voilà où se situe le véritable théâtre des opérations, pas dans la cuisine, pas dans les casseroles, pas dans la salle: là où on mange, vraiment... Et les critiques ne sont pas à proprement parler des ogres non plus, puisque Ego montre qu'il peut aussi devenir un allié, et va mettre sa réputation en jeu à la fin du film.

Tout ça est réalisé avec le talent habituel des films Pixar: pas de vulgaire gros ogre sous-développé du bulbe et horriblement mal dessiné à l'horizon, Ratatouille est du 100% Shrek-free, heureusement. Le film est d'une beauté formelle rare, avec son Paris pour univers parallèle pas si éloigné de la vision d'un Jean-Pierre Jeunet, et sa mise en scène bouillonnante qui se situe à hauteur de rongeur est d'une énergie folle. Le film n'est sans doute pas aussi fédérateur qu'a pu l'être The Incredibles (Le Citizen Kane de Brad Bird, quand on y pense: arrivée extérieure d'un metteur en scène, carte blanche... sauf qu'il n'était pas à son coup d'essai), mais c'est aussi un film qui nous amène avec délicatesse à voir une forme de vérité rassurante qui est en face de nous: il y aura toujours des Rémy, qu'ils soient peintres, cinéastes, ou... confectionneurs de ratatouille. A propos de ratatouille, le titre est génial, puisque trois fois justifié. Deux fois de façon limite, donc ça ne compte pas: Linguini bafouille, et en vient à dire "ratatouille", bon; le rat est cuisinier, donc rat-atouille... mouais; mais le plat choisi pour répondre à l'impossible défi du très inquiétant Anton Ego, c'est bien sûr le rustique plat aux légumes du soleil... Une façon de dire, exactement comme dans The incredibles, que c'est parfois les plus vieilles recettes qui font les meilleurs plats. Et les films d'animation n'ont pas besoin de plus que de trouver la bonne histoire, le bon rythme, le bon suspense, et le bon graphisme... a part des bons artistes, s'entend.

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Published by François Massarelli - dans Animation Pixar Disney
25 juin 2012 1 25 /06 /juin /2012 15:59

5 minutes! un artiste éloquent n'a pas forcément besoin de plus. Ces cinq minutes représentent, évidemment, plus du double du premier film réussi de Pixar, Luxo Jr... Mais si on les compare aux courts MGM de Tex Avery (En particulier Magical Maestro, une évidente influence), ou à ceux de Chuck Jones pour la Warner qui ont manifestement compté dans le style de ce film, on est loin du compte: ils faisaient plutôt sept minutes...

 

Chuck Jones, Tex Avery, ou deux réalisateurs mythiques, qui aimaient à faire passer le gag (Avery) et les personnages (Jones) devant l'histoire, et c'est un peu ce qu'on a ici: Un prestidigitateur est en retard pour son numéro, il remet donc à plus tard le diner de son collaborateur, un lapin. Celui-ci se venge en sabotant son numéro grâce à un dispositif qui me semble bien difficile à décrire... Magicien, lapin, théâtre, on est bien dans un cartoon classique... et c'est là qu'on se trompe: Presto dépasse tout ce qui a pu être fait en la matière, transcende le genre et va plus loin encore, en introduisant dans le monde du cartoon à gags (Et non des moindres, l'ensemble du film est à tomber par terre à force de rire) des éléments inattendus: d'une part, l'impression de vérité des lieux, le théâtre, sa loge et sa scène, les sièges avec les spectateurs; d'autre part, l'impression renforcée par la 3D que ce monde de cartoon est réel... Et tordant.

 

Pixar, bien sur, ce sont des longs métrages superbes et des courts qui ont systématiquement pour mission de faire avancer la technologie de la 3D d'animation. Je ne sais pas quel a été l'apport technique de ce chef d'oeuvre, mais en tant qu'admirateur des riches heures de la Warner, je le considère comme un tour de force cinématographique, un chef d'oeuvre de timing, et le tout (A l'heure des très laids dessins animés que sont Shrek ou The ice age) en prime est d'une beauté plastique idéale. Bref, c'est admirable...

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Published by François Massarelli - dans Animation Pixar Disney
10 janvier 2012 2 10 /01 /janvier /2012 11:25

 

Dans la galerie des personnages de dessins animés Américains, il y a des superstars, bien sur, et puis des plus obscurs, des "unsung heroes", comme on dit dans la langue de Bob Clampett. Comme la plupart des personnages récurrents des dessins animés, la plupart de ces héros plus rares sont nés de ce qu'on appelle un one-shot. C'est le cas de Pepe le pew, le fameux putois. Et son acte de naissance, c'est ce film, réalisé par Chuck Jones, expérimentateur de combinaisons en chef à la Warner...

Le film se concentre sur un chat, ou une chatte, on ne sait pas trop; l'animal souffre du rejet qui se manifeste par la brutalité, et nous le prouve en se prenant coup de pieds, et coups divers assurés par divers personnages, humains ou animaux (un de ces abominables bulldogs). Pour se tirer de cette situation, l'animal a l'idée de se déguiser en putois, avec de la peinture noire, de la peinture blanche, de l'ail et du fromage Limburger (le plus puant de tous.)... et si l'idée s'avère payante, lui permettant d'entrer dans une boucherie dont tous les occupants s'enfuient, elle aura pour conséquence de le faire toùber entre les griffes du plus obsédé de tous les animaux, un putois en rut perpétuel qui cache ses intentions peu avouable dans un cartoon de 1945 (We shall make such beautiful musics together!) derrière un accent Français et une utilisation artistique du langage, ainsi qu'un aveuglement qui confine à l'abrutisme le plus absolu...

 

Pepe est-il déjà lui-même? Il y a débat là-dessus: en effet, le brave putois est déjà doté de cette incapacité à s'arrêter, de son manque total de raisonnable, de cet impayable accent Français, et de cette sophistication qui renvoie à l'acteur Charles Boyer. Mais il se révèle à la fin marié, père de famille, et Américain! Cela ne durera pas. saluons en tout cas la première apparition d'un personnage qui saura rester attachant en dépit, ou sans doute à cause de tous ses défauts...

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Published by François Massarelli - dans Animation Looney Tunes Chuck Jones
31 décembre 2011 6 31 /12 /décembre /2011 18:42

Au-delà de la polémique sur le nom de l'auteur (Le vrai titre complet a beau être "Tim Burton's Nightmare before Christmas", l'auteur de Beetlejuice n'est pas, n'a jamais été, et ne sera jamais le réalisateur de ce qui est souvent appelé son chef d'oeuvre.), le très beau film un peu anachronique de Henry Selick est devenu en peu de temps un vrai classique, et mérite d'être vu et revu avec obstination. On l'attribue si facilement à Tim Burton, mais c'est sans doute l'oeuvre de trois hommes, plus qu'autre chose. A Tim Burton, auteur de l'anecdote et des dessins originaux, pourvoyeur d'ambiance et inspirateur, viennent s'ajouter Danny Elfman, génie musical qui crée une oeuvre quasi opératique, complexe et qui colle au film à 100%, et Henry Selick, qui a su donner corps à ces deux visions de deux génies ombrageux (Qui étaient d'ailleurs fâchés à l'époque de la conception du film, comme en témoigne la sortie en 1994 du seul film de long métrage de Burton dont la musique n'était pas de son alter ego), en un film superbe, fait à l'ancienne, et qui réussit à tenir la dragée haute à bien des films d'animations en images de synthèse...

Le projet initial était un vieux rêve de Burton, qui croyait pouvoir convaincre quelqu'un chez Disney de donner son feu vert. C'est finalement chez la défunte branche Touchstone (Créée afin de financer des films atypiques dans le giron de Disney) que le projet a atterri, mais sans Tim Burton. celui-ci, entre deux Batman, ne pouvait plus prendre le temps nécessaire à la création d'un dessin animé. Il est producteur exécutif sur le film, ce qui veut tout dire, ou rien... Selick, quant à lui, est un animateur authentique, qui a réalisé plusieurs films depuis, dont James and the giant peach ou Coraline. Burton a même essayé de co-réaliser un film d'animation (The corpse bride) sans parvenir à oblitérer le souvenir du classique qui lui a échappé... Mais Disney, qui a depuis récupéré le film, s'évertue à faire oublier le souvenir de Selick en plaçant le nom de Tim Burton (Désormais établi) un peu partout.

Le projet doit beaucoup au Grinch, du Dr Seuss, un livre (Et un dessin animé de Chuck Jones ) qui a beaucoup inspiré Burton dans sa vision, mais le film de Selick rend à la fois hommage à Seuss dont le héros tentait lui de saboter Noël en volant tout ce qui s'y rapporte, et à toute la littérature et le dessin animé pour enfants qui aime à verser dans l'épouvante, et partant à toute l'histoire du cinéma fantastique: les décors clairement inspirés du Cabinet du dr Caligari, Jack Skellington qui se dresse dans son cercueil tel Nosferatu, et bien sur le recours obsessionnel à Frankenstein, sont augmentés de nains joviaux et multicolores, et de références discrètes (La tombe d'Hazel la sorcière qui a beaucoup rencontré Bugs Bunny chez Chuck Jones, par exemple...). L'animation en volumes était un voeu formel de Burton, et Selick y excelle justement. Si les dessins de base sont à attribuer à Burton, il faut applaudir le rendu extraordinaire du mouvement, et la vie qui se dégage de ces marionnettes...

Danny Elfman s'est vraiment enthousiasmé pour le projet, allant jusqu'à interpréter les rôles antithétiques et plus grands que nature de Jack Skellington, et bien sur de Oogy Boogie, le méchant de l'histoire. Mais la progression, qui accompagne avec génie l'intrigue, s'enrichit d'une relecture amusée de styles classiques (Duke Ellington chez Oogy Boogie, une version déprimante de Ain't we got fun, par l'orchestre de suicidaires de Halloweentown). Mais la musique, comme le film, c'est du sérieux, et c'est au premier degré qu'il faut prendre le dosage subtil d'émotion et de frissons: le chef d'oeuvre de Danny Elfman, donc!

Il est des images moins marquantes au cinéma que celle de ce couple étrange, elle créature recousue à la Frankenstein, lui squelette citrouilloïde et filiforme, réunis enfin sur une colline en spirale, au son de l'apothéose composée par Elfman: plutôt qu'une fanfare avec 60 musiciens, il a choisi pour finir le film d'ignorer les foules, et de laisser deux personnes se parler à l'oreille, ce qu'ils n'ont jamais réussi à faire durant les 70 minutes qui précèdent. un immense sentiment d'accomplissement vaguement mélancolique accompagne à cet instant un spectateur comblé, qui vient de voir l'un des plus beaux films qui soient...

 

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Published by François Massarelli - dans Animation Henry Selick Disney
3 août 2011 3 03 /08 /août /2011 09:23

Il y a un avant et un après Bambi, c'est incontestable... il n'y a qu'à voir la virulence de la réponse de Tex Avery à ce film (Screwball Squirrel, 1943) pour mesurer l'importance de ce long métrage en tant que film fondateur pour le srtudio Disney. Avant Bambi, l'anthropomorphisme dominant se doublait de burlesque, et la rondeur du graphisme se mélangeait à un joyeux fourre-tout particulièrement bien représenté par le bric-à-brac surréaliste qu'est Fantasia. Bambi fait naitre au sein du studio Disney une nouvelle unité, ainsi qu'une rigueur du style qui n'ont de précédent que certains courts métrages de la série Silly symphonies.

 

A la base du film se trouve un roman de Felix Salten, paru en 1923, dans lequel l'auteur exaltait la nature et diabolisait furieusement l'homme, ce qui laisse des traces dans le film, même si les commentateurs qui se sont penchés sur le livre et le film ont tous noté une appropriation très Disneyienne: on n'est pas éloigné de tout anthropomorphisme avec ce film, mais j'y reviendrai. Les difficultés à mettre ce film en route sont d'autant plus palpables si on considère que Walt Disney voulait que Bambi soit son deuxième long métrage, tout de suite après Snow White. Ce ne sera que le 6e, repoussé et constamment affiné: la comparaison entre Dumbo (1941) et ce film est édifiante: à un graphisme rond, hérité des premières Silly symphonies, Bambi substitue un réalisme des personnages allié à une stylisation très subtile du décor, et tout en respectant Dumbo, il faut bien reconnaitre que le studio a fait très fort avec ce nouveau film...

 

Le scénario est principalement dédié au passage d'une année, captée à travers 8 moments forts: la naisance de Bambi; la découverte de la forêt grâce à la complicité avec le lapin Thumper (Pan-Pan); la découverte de la prairie avec la mère, incluant la première rencontre avec faline, la future Mrs Bambi, mais également la rencontre mythique avec le "prince de la forêt", le père; l'arrivée de l'hiver, et ses développements, jusqu'à la fameuse mort de la mère; le printemps et son cortège de changements, métamorphose physique et comportementale; les amours avec la jeune Faline et la lutte pour le couple; les hommes et le feu, séquence spectaculaire; enfin, le retour du printemps qui coïncide avec la naissance de deux faons chez Bambi et Faline.
 
Passage des saisons, évolution dans la nature et évolution du caractère rythment aussi naturellement que possible l'intrigue de cette histoire d'apprentissage, avec un aspect frappant: les seuls animaux dangereux que nous apercevons sont les chiens (sales bêtes) d'ailleurs tous bâtis sur le même modèle, et aperçus fugitivement, en meute; ils sont aussi menaçants, effrayants et presque aussi stylisés que le feu, l'autre grande menace vue dans le film. Quant aux hommes, ils sont vus de loin, assimilés symboliquement à une nuée de corbeaux qui les accompagnent, et à la fumée du feu qu'ils ont allumés avant de partir massacrer les petits êtres de la forêt. Il est intéressant de comparer ce film à The Lion King, qui en reprend de nombreux traits; Si l'homme disparaitra totalement du film de 1995, l'anthropomorphisme reviendra sous la forme de figures simili-Shakespeariennes, de la trahison du frère, et d'une société en proie à la monarchie douce (même si suspecte) puis au fascisme sous la domination de Scar... L'allégorie en sera plus lourde aussi, là ou Bambi maintient un équilibre fragile entre la tentation anthropomorphe et le naturalisme un rien béat.
Si le film reste un film Disney, et donc attribue à nos héros des pensées, un dialogue, des amitiés, et une hiérarchie (Insupportable tendance à vouloir faire d'un animal le 'prince de la forêt', pour ce patriote Républicain qu'était Disney, non?), l'assimmilation passe ici par le caractère, et l'animation se charge de capter un réalisme physique des animaux qui est assez révolutionnaire pour l'époque. Mais les vieilles manies ont la peau dure, et le personnage du père est intéressant à plus d'un titre; il y a plusieurs façons en effet d'interpréter sa mise à l'écart: vu par quatre fois, il est constamment en hauteur, et mythifié; il est à la fois le père, le monarque, et Dieu. Sa deuxième scène le voit d'ailleurs, après avoir salué Bambi, remonter, comme
une apparition; enfin, vu le comportement sexuel des cerfs évoqués dans la scène de bataille entre Bambi et un jeune anonyme, il convient de rappeler que dans ces cas-là, le gagnant rafle plus que la mise: le père est éloigné de la mère, sans doute parce qu'il est le conjoint de toutes les biches alentour... Ce qui fait probablement de Faline sa fille, de ce mythique et divin "prince de la forêt" un affreux polygame, et de Bambi et Faline des incestueuses bestioles. Dans ces cas-là, il valait mieux qu'il séloigne...

La scène la plus traumatisante du film, la mort de la mère, témoigne bien sur d'une volonté d'aborder les problèmes sans pour autant virer dans la violence. C'est une réussite graphique et cinématographique, dont le seul défaut est selon moi l'apparition du grand cerf à la fin: venus dans la prairie pour manger un peu d'herbe qui a percé la neige, la mère et le fils sont tout à coup à porté e de fusils, et doivent s'enfuir; ils s'enfuient, on les voit ensemble; la caméra est cadrée sur Bambi lorsqu'on entend un coup de feu, et le jeune faon sa réfugie çà l'abri, en forêt. La neige recommence à tomber, et devient vite une véritable purée de pois. L'intervention divine et pédagogique du père, qui donne forcément corps à la notion d'apprentissage chère à Disney, est de trop, alourdissant ce qui était une ellipse superbe...

 

Le roman était écrit en Allemand par un Hongrois, mais le film est furieusmeent Américain; pas dans un sens péjoratif, non, mais dans la mesure ou le bon sens qui règne ici, allié à l'atat de nature, renvoie à une innocence cinématographique chère à Disney, déja présente dans les premiers Mickey Mouse très ruraux, et  présente aussi dans le cinéma depuis Griffith (A romance of Happy Valley, True Heart Susie), King (Tol'able David) ou même Harold Lloyd (The kid brother). Le fait que cet Américanisme de bon aloi soit présenté dans une animation splendide est une valeur ajoutée. Mais si le film a eu une descendance en particulier dans l'équilibre revendiqué entre humanisation et état de nature, il me semble qu'aucun de ses descendants ne s'approchera de sa perfection formelle.

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Published by François massarelli - dans Animation Disney
29 juin 2011 3 29 /06 /juin /2011 18:33

 
Un petit pèlerinage occasionnel du côté des courts métrages des studios Disney s'impose. D'autant que la plupart d'entre eux sont largement disponibles, qu'ils ont été magnifiquement restaurés, et qu'ils portent en germe le meilleur de l'animation Américaine. Concentrons-nous cette fois ci sur Mickey Mouse, que nous connaissons par de fades bandes dessinées, et quelques apparitions mémorables dans des longs métrages mythiques. Il est généralement accepté de considérer Mickey comme le bon garçon des films Disney, et Donald Duck comme la véritable star, mais ce que montrent la plupart des dessins animés en noir et blanc, c'est qu'avant de devenir un vecteur pour la mise en place d'un univers dont les autres personnages (Goofy, Donald, Pluto, etc) sont finalement plus intéressants, Mickey a été un anti-héros de dessin animé qui faisait ce que bon lui semblait, un peu à la façon d'un Daffy Duck ou d'un Bugs Bunny, voire d'un Screwy Squirrel, toutes proportions gardées. Enfin, l'animation ici présentée est absolument fabuleuse, inventive, et souvent avant-gardiste.
 
Steamboat Willie (1928, Ub Iwerks)
Le "premier Mickey Mouse", nous serine la légende. en fait, le troisième... Mais ce qu'a apporté pour la première fois Steamboat willie, c'est le son. le film nous montre Mickey en proie à une frénésie musicale sur un bateau dont il n'est que le marin, et la souris utilise tout ce qui est à sa portée, du moment que ce soit animal, pour faire de la musique. C'est sans doute ce film qui a établi une bonne fois pour toutes les 24 images par secondes, et Iwerks, on l'entend bien dans cette bande-son très millimétrée, anime à la portée...
 
The Gorilla mystery (1930, Burt Gillett)
Faire peur et faire rire, une obsession des studios Disney. Les pas de géant effectués depuis 1928 ont permis de faire ce film, dans lequel l'atmosphère est à la trouille: un gorille géant s'est emparé de Minnie, et Mickey fouille la maison à la recherche de sa belle. belle utilisation de l'espace et de la lumière...
 
Parade of the award nominees (1932, Joe Grant)
Mickey au service du cinéma: Mickey introduit un défilé des stars de la cuvée 1932 des Oscars, dans ce très court film destiné à être projeté lors de la cérémonie: wallace beery, Jackie Cooper, helen hayes,Marie dressler ou Fredric March sont ainsi croqués par Joe Grant. et pourtant le principal intérêt de ce plan-séquence est d'être le premier Mickey en couleurs, la même année que Flowers and trees, le premier dessin animé en Technicolor trichrome: superbe!
 
The mad dog (1932, Burt Gillett)
Comédie simple, dans l'univers défini par les studios, à savoir une Amérique profonde qui vit tranquillement ses petites histoires de voisinage... Pluto se lave, et ça pose des problèmes surtout lorsque l'abus de savon lui donne une allure de chien enragé... beaux décors, tout en nuances, pour une animation fluide.
 
Building a building (1932, david Hand)
Mickey travaille... Ce qui motive Hand, c'est plus la peinture du travail comme un univers que les conditions sociales, ce qui ne l'empêche pas de rejoindre Chaplin avec son utilisation de la personnalisation des machines. Mais Mickey ici, s'il est supposé construire, est surtout occupé à tout détruire. Lorsqu'il fera partie d'une équipe, auprès de Goofy et donald, la destruction sera un accident dont ils souffriront, ici, il participe joyeusement au massacre.
 
The mad doctor(1933, david Hand)
Faire peur, encore, avec un festival de gags sinistres, qui recyclent et réactualisent un grand nombre de gags morbides mis au point entre 1928 et 1931 par Ub Iwerks. l'obession du savant fou, chez Disney, ça ira jusqu'au très drôle Runaway Brain, en 1995.
 
http://corinne.free.fr/Band_concert.jpgTwo-gun Mickey (1934, Ben Sharpsteen)
Parodie afectueuse d'un genre pourtant réputé mineur, avec ce western dans lequel les gags pleuvent. Magistral, et un noir et blanc de toute beauté; c'était d'ailleurs un des derniers films avant le passage à la couleur...
 
The band concert (1935, Wilfred Jackson)
Admirable film, le premier Mickey régulier en couleurs, avec en prime l'apparition de Donald Duck en trouble-fête. Indispensable, et un film qui fait le len entre les années durant lesquelles Mickey évoluait au sein d'une basse-cour hétéroclite (Ici devenue un orchestre) et les futurs dessins animés qui le verront perdre de l'importance au profit de ses acolytes. Mais il ya aussi une progression notable depuis les premiser films musicaux un brin mécaniques, et celui-ci ou tout est si fluide...
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Published by François Massarelli - dans Animation Disney
24 juin 2011 5 24 /06 /juin /2011 16:26

Peut-on imaginer un Droopy sans le joyeux patronage dévastateur de Fred "Tex" Avery? Celui qui a amené la folie destructrice du cartoon à la sage MGM (Il suffit de comparer ses films à la très raisonnable série des petits contes de Harman et Ising pour se rendre compte de son apport) y a aussi créé un personnage fascinant de chien stoïque, qui permet en creux tous les débordements autour de lui. Le personnage de Droopy a été animé par Avery et ses équipes des débuts jusqu'à ce que le réalisateur s'en aille en 1955, et est resté la propriété de la MGM. Pendant quelques années, la série a continué, sous la responsabilité de Hanna et Barbera, les futurs mortels auteurs de Scooby Doo... 7 Dessins animés ont été distribués, en Scope, attribué pour six d'entre eux à Michael Lah, l'un des animateurs de l'équipe de Avery.

 

Millionaire Droopy (Tex Avery, 1956)

Le premier de ces films sur écran large, l'exception Millionaire Droopy était en fait un remake de Wags to riches, un bon Avery dans lequel Droopy héritait d'une fortune que convoitait aussi le bulldog Spike. A part le recadrage et une refonte du décor, rien de nouveau à signaler, Millionaire Droopy reprenant intégralement la bande-son du premier film... Michael Lah, déja présent sur le premier, est de nouveau responsable de l'animation, il est tout naturel qu'il ait été promu au poste de réalisateur sur les films suivants.

 

Tous les six films de Lah portent la marque de cette fin des années 50, avec un contour des personnages tracé à gros traits, une animation simplifiée et plus mécanique, et des décors ultra-stylisés.

 

Grin and share it (Michael Lah, 1957)

Dans ce film, Droopy est mineur aux cotés de Butch, une nouvelle version, adoucie de "Spike". Le ton est résolument "Averyen", mais le personnage de Droopy est totalement naïf, et utilise beaucoup la parole.

 

Blackboard Jumble (Michael Lah, 1957)

Un personnage (Et des mouvements animés repris sur d'anciens cellos) revient pour notre plus grand plaisir, le loup Sudiste et lent qui travaillait pour la fourrière dans Three Little pups. S'il est toujours du genre à prendre son temps, il ne possède plus cet étrange bégaiement qui soulignait son accent Sudiste jusqu'à l'insupportable, mais reste encore plus stoïque que Droopy, ici un anonyme membre d'une fratrie de cancres auxquels le loup tente d'inculquer une éducation. Le loup, bien sur, s'en prend plein la figure et le film possède une réelle qualité.

 http://i223.photobucket.com/albums/dd107/victor-eyd/backyard%20theater/droopyanddragon.jpg

One droopy Knight (Michael Lah, 1957)

Encore un remake, cette fois de Senor Droopy. Mais le film est passé du Mexique à un Moyen-age de pacotille, le taureau est devenu un dragon, et Droopy est un vaillant chevalier. On ne trouve pas ici de réemplois de mouvements et d'animation notables, mais le scénario est un décalque complet.

 

Sheep wrecked (Michael Lah, 1958)

http://4.bp.blogspot.com/_2oUmI3KMEnY/ScHQEubyBvI/AAAAAAAAB-I/iusi6q-aMas/s320/sheep+wrecked+2.jpgCe film exploite à nouveau le personnage du loup Sudiste, et est le meilleur des six; Droopy y est un berger, et le loup, eh bien... un loup. Le reste suit forcément une route bien balisée, non sans gags.

 

Mutts about racing (Michael Lah, 1958)

Ce film présente une course entre Butch et Droopy, sur le modèle inévitable et juteux du lièvre et la tortue. Le décor délirant et le Scope sont utilisés à bon escient dans une course à la limite de l'abstrait.

 

Droopy Leprechaun (Michael Lah, 1958)

Quand ce film est sorti, la MGM fermait son département d'animation. ce pauvre dessin animé indigent, dans lequel un Butch Irlandais prend Droopy pour un Leprechaun, en serait presque une justification tellement il est mauvais... hanna et barbera ont fait avec Tom & Jerry les beaux jours d'une animation familiale, ils sont déja en route avec ce film vers le style de non-animation qui fera leur fortune à la télévision. Quant à Droopy, il n'a rien à gagner à aller en Irlande, ou on achève de faire de lui un simple prétexte.

 

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Published by François Massarelli - dans Animation
15 mai 2011 7 15 /05 /mai /2011 11:03

Ce film est probablement le plus beau des dessins animés de long métrage de la période glorieuse de Disney. Ce fut un flop, spectaculaire, probablement en raison de son avant-gardisme particulièrement surprenant. Le travail a duré, on ne le sait pas toujours, de 1951 à 1958, les voix étant caractéristiquement enregistrées en premier en 1952... Le film bénéficie de l'écran large, qui est utilisé au studio dès la sortie de 20,000 leagues under the sea, en 1954 de Richard Fleischer (celui-ci va d'ailleurs conserver dans les années 50 un petit rôle de consultant dans les productions en Scope, dont La belle et le clochard. Ce dernier film a posé beaucoup moins de problèmes, entamé après, mais fini avant le film-conte. C'est que la vision des artistes de Disney pour cette histoire si connue passait pas des concepts visuels uniques, et révolutionnaire: il suffit de comparer le film avec ce qui précède: Peter pan, Alice, tous les films d'avant Sleeping beauty sont des garants du style rond, harmonieux du studio de Burbank, établi de court métrage en court métrage durant 25 ans... Sleeping beauty, lui, tient compte d'une part des avancées de l'animation "pointue" des nouvelles tendances de ces années 50, mais aussi d'autre part des étonnantes recherches en stylisation du décor menées notamment à la Warner par Maurice Noble sur les aventure sublimes du Coyote de Chuck Jones (Qui aurait d'ailleurs collaboré à ce film...)... L'écran large, magnifiquement utilisé, s'accompagne d'un rendu splendide de la bande-son en stéréophonie. On savait mettre les petits plats dans les grands, chez Disney, à l'époque.

L'histoire est bien connue, et propice à des figures hautement Disneyiennes, à commencer par Aurore-Rose et son prince charmant, batifolant dans la forêt au milieu de tout un tas de charmantes bestioles, une séquence néanmoins sauvée par l'invention et la confrontation d'une animation superbe de fluidité et d'un décor délirant. Le film est surtout notable pour sa part dans l'élaboration d'un "coté obscur" de Disney: la méchante, Malificent, est particulièrement soignée, ses apparitions tiennent à chaque fois du miracle de raccourci, et la façon dont ce royaume de carton-pâte (Représenté dans les premières images par une sorte de re-création de miniatures médiévales, colorée et claires) est peu à peu contaminé par le mal (le château dans lequel les bonnes fées viennent apporter la princesse après 16 ans d'absences tient du donjon sinistre), et la soudaine prolifération d'images fortes (le fuseau, mais aussi les recherches des fées dans les coulisses d'un château immense, aux murs suintants, et enfin bien sur la scène des ronces). Le prince est empêché par la méchante fée de rejoindre sa bien-aimée, on ne va pas s'amuser à décortiquer, mais la façon dont ce film se déroule visuellement est un enchantement, unique en son genre. Je pense qu'il faudra ensuite attendre la collaboration avec Pixar pour trouver des films aussi inventifs sous estampille Disney....

 

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Published by François Massarelli - dans Animation Disney
15 mai 2011 7 15 /05 /mai /2011 10:44

Un jeune en train de jouer comme un gros lourd aux jeux vidéos (Un Simplet est en train de faire du Kick-boxing pour dégommer la méchante sorcière de Snow White and the seven dwarfs), les yeux complètement explosés. sa fiancée débarque, et lui reproche de ne pas s'occuper d'elle. Et alors? Alors, ce sont Mickey et Minnie Mouse. Même pas new look, ils sont bien eux, avec leurs oripeaux de 1943, et leur relation ne fait justement aucun doute. c'est bientôt l'anniversaire de leur premier rendez-vous, et suite à un quiproquo, Minnie croit que Mickey veut lui offrir 18 jours à Hawaii. il faut donc que notre souris trouve un emploi pour financer ces vacances imprévues. Le docteur Frankenollie recherche justement un cobaye, Mickey se présente, et il se voit aussitôt forcé d'échanger son gros cerveau avec celui, minuscule, d'une créature gigantesque, Julius, sorte de méga-Pegleg Pete (Pat Hibulaire en Français). Lorsque le Mickey Néandertalien ainsi obtenu voit la photo de la belle, il décide qu'il la veut... Sale temps!!

Un Mickey d'horreur, ça existait déja: le début des années 30 a beaucoup vu Ub Iwerks expérimenter avec le mélange entre ce bon MIckey et des savants fous (Voir The Mad Doctor). Donc, ce film n'est que 'adaptation au gout du jour d'un concept qui a fait ses preuves, mais versant totalement trash. ON notera que le Mickey "gamee" est assez inattendu, que les intentions de Minnie sont de mettre un maillot de bain ultra-rikiki pour le moment durant lequel les amoureux seront seuls au monde sur un bateau, et à mon avis les intentions de "Julius" sont assez peu orthodoxes. Je ne me lasserai jamais de la façon dont il gémit "Minniiiiiiiiiiiiiiiie", avec gourmandise... Les concepteurs du film se sont permis une petite allusion au glorieux passé avec ce docteur Frankenollie (Un chimpanzé fou) qui renvoie à Frank Thomas et Ollie Johnston, Frank N' Ollie, vénérables animateurs légendaires du studio. Certes, Runaway Brain est bien un dessin animé des années 90, avec son rythme délirant, son jeu sur la violence et l'excès... Mais c'est encore, toujours du Mickey Mouse! Estampillé Disney, pour le meilleur, et.. le meilleur.

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Published by François Massarelli - dans Animation Disney
26 avril 2011 2 26 /04 /avril /2011 11:51
Voilà: 11 cartoons, des séries mythiques Looney tunes et Merrie melodies sont aujourd'hui privés de parutions DVD, ne sont jamais montrés à la télévision. Ordre d'en haut, d'une hiérarchie bureaucratique qui a décidé de faire un getse en vue du politiquement correct. ce geste ne date pas d'hier, mais du début des années 70. mais ça tient toujours... Le résultat est que ces films, inégaux mais historiques, ne peuvent être vus que sur Youtube, ou sur de médiocres DVD pirates, ou sur des sites interlopes, et que les télécharger est aussi bien vu que d'aller sur un site néo-nazi... En effet, la principale faute des auteurs de ces films est d'avoir joué avec les stéréotypes raciaux. Voyons ces films avant de les mettre au feu (ce que nous ne ferons d'ailleurs pas, tout film mérite sa place au soleil...)
 
Hittin' the trail to Hallelujah land (Rudolf Ising, 1931) Premier des 11 cartoons auto-censurés par WB, pour cause de stéréotypes: en voyant ce petit bout de film, on hallucine: pourquoi le censurer? Sinon, il est très moyen, et largement tributaire de la "Skeleton dance" de Disney et Ub Iwerks.
 
Sunday go to meetin' time (Friz Freleng, 1936) Deuxième des "censored 11", et un film bien dans la manière de Freleng: musical, avec une animation fluide. Une fois de plus, si on joue sur les clichés, pas de quoi bruler le film pour autant.
 
Clean pastures (Friz Freleng, 1937)
Uncle Tom's bungalow (Tex Avery, 1937)
Jungle jitters (Friz Freleng, 1938)
The Isle of Pingo Pongo (Tex Avery, 1938)
Tous ces films ont été retirés de la circulation pour cause de stereotypes raciaux gênants… pas tant que ça pourtant. La parodie de documentaires, Pingo-Pongo, est hilarante, et Clean pastures met en scène quelques grandes figures de Harlem, dont Louis Armstrong, Cab Calloway et Fats Waller, ce qui fait montre d’une certaine culture. Jungle Jitters est crétin et impardonnable avec ses primitifs cannibales, mais Uncle Tom’s bungalow est un chef d’œuvre, qui fait plus que
préfigurer les films MGM de Tex Avery : il les dépasse.
 
All this and rabbit stew (Tex Avery, 1941)
Bon, il est temps de s'affirmer: de toute l'oeuvre de tex Avery, de la Universal ou il a réalisé quelques films réputés médiocres, mais qu'on ne voit jamais, à la Universal et la pub, à la fin de sa carrière, alors que les restrictions budgétaires et les contraintes de la télévision ont considérablement affadi son talent, il est deux périodes qui sont primordiales: A la Warner, ou il a fait beaucoup pour transformer l'humour vers le délire, et à la MGM ou il a inventé Droopy. Il est de bon ton (Télérama l'a décrété) de préférer la seconde, mais moi, je préfère la période Warner: d'abord parce que l'animation y est pure, qu'on 'y répète moins, et les voix sont effectuées à 90% par une seule personne, le grand Mel Blanc. Et puis il y a Bugs, qu'Avery n'a pas inventé, mais auquel il a su donner une personnalité.
Ce cartoon n'est pas le meilleur des Avery, mais il est une intéressante curiosité. des gags resserviront, et sinon, le petit noir qui poursuit Bugs Bunny est aussi maltraité par le script que pouvait l'être Elmer, le chasseur. Alors pourquoi ne pas interdire les cartoons avec Elmer?
 
Coal black and de sebben dwarfs (Bob Clampett, 1943)
Je l'ai déja dit, le plus immense animateur de l'histoire n'est pas Tex Avery, encore moins Walt disney, qui n'a jamais été animateur. C'est (Roulement de tambour) Bob Clampett!! Hystérique, halluciné,tellement riche qu'on ne peut tout capter, son style explose dès le début des années 40. Coal black, c'est bien sur une version "noire" de Snow White, et la censure est-elle justifiée? Dans cette hjistoire ou tout personnage est noir, parle l'argot de Harlem, fait référence au jazz, et çà une certaine culture de vaudeville auto-référentielle (les comiques noirs de l'époque ne disaient pas autre chose, en fait), on y voit surtout un intéressant noircissment de l'écran, alors que la plupart des films à succès alignaient les gens blancs en gommant toute minorité, ce film qui pousse la "négritude" jusqu'à l'absurde est bienvenu, surtout grâce à la vitalité dont il fait preuve.
Et puis marre: on peut voir des sketches entiers de ce facho de Bigard, on peut écouter notre mini-Mussolini d'1m12, on peut aujourd'hui voir, acheter, télécharger légalement Birth of a nation, film important oui, mais totalement raciste, mais on ne peut pas voir ce petit court qui utilise gentiment des stéréotypes pour faire marrer.
 
Tin Pan Alley Cats (Bob Clampett, 1943)
Encore un WB censuré! Mais cette fois, comme avec Coal black de la même année, il est réalisé par Bob Clampett, un connaisseur des nuits de Harlem, puisqu'il trainait avec des jazzmen à chaque fois qu'il pouvait. Ici, il s'amuse à montrer la dualité de la communauté Afro-Américaine, à travers deux officines sise côte à côte: la mission baptiste locale, et le bar louche. Un chat, caricature du grand pianiste et chanteur Fats waller, choisit la deuxième, mais l'ivresse le conduit dans un pays zinzin déja exploré par Clampett dans le cartoon Porky in Wackyland, et c'est tellement idiot que le chat en question va finir par retourner sa veste. les stéréotypes sont là, mais il y a aussi une sorte d'application, en particulier pour rendre hommage aux musiciens. On notera aussi Staline et Hitler, dans le passage délirant, qui nous rappellent que Tex Avery, à coté de Clampett, n'était qu'un amateur...
 
Angel Puss (Chuck Jones, 1944)
Toujours censuré, pour toujours les mêmes raisons, voici un des premiers films typiques de Chuck Jones: Humour noir (sans jeu de mots), absurde, situation prise dans son déroulement, au lieu d'être exposée, et un grand jeu d'expressions désespérées. Le chat, dans sa malignité, est assez proche du Bugs Bunny "méchant" que Jones aimait à mettre en scène.
 
Goldilocks and the three jivin' bears (Friz Freleng, 1944)
Le dernier des "censored 11" est un film assez moyen de Freleng, c'est à dire inégal, musical, et bien en dessous des pépites de Clampett, Avery ou Tashlin, même si on n'est pas encore dans sa série très médiocre consacrée à un canari et un chat qui s'en prend plein la figure... Ici, on notera beaucoup de jazz, et des gags piqués à Avery...
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Published by François Massarelli - dans Animation Looney Tunes Bob Clampett Tex Avery