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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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3 mai 2016 2 03 /05 /mai /2016 17:14
Big business (James W. Horne, 1929)

Si beaucoup de films de Laurel et Hardy renvoient au monde de l'enfance, il n'est pas rare que derrière le cocasse de voir ces grands enfants-adultes se comporter de façon si ouvertement puérile, se cache une violence sournoise, sous-jacente, et volontiers perverse. Ce n'est pas le cas de ce film. Non qu'il ne soit pas violent, au contraire: c'est juste qu'il n'y a rien de souterrain: la violence s'y étale, glorieuse, jouissive, immorale et méthodique, dans le raffinement du style mené de main de maître par celui qui est désormais le véritable maître d'oeuvre de ces courts métrages: Stan Laurel. Sa technique consiste en un ralentissement de l'action, jusqu'à ce que sa clarté devienne absolue, et surtout en un refroidissement de la réaction des personnages. Ce qui occasionne des coups de sang qui se traduisent par un calme effrayant des personnages, y compris lorsqu'ils assaillent énergiquement, mais méthodiquement et à coups de hache, un piano (Le deuxième de l'oeuvre à subir ainsi les derniers outrages), une Ford T, un sapin, voire une maison.

Donc, voici un immense chef d’œuvre, dans lequel deux vendeurs de sapins de Noël (Laurel et Hardy, bien sur) essaient de placer leur marchandise, et tombent en la personne de James Finlayson, sur un client particulièrement récalcitrant : lorsque ils essaient une fois de trop de placer leur boniment, il réagit en coupant trois branches de sapin. Stan se venge en s’en prenant à la boiserie de la maison, Finlayson renchérit en s’attaquant à la voiture,… La suite est une sublime escalade de destruction froide à laquelle va également participer un policier joué par Tiny Sandford, et donc moins résigné que ne le serait Edgar Kennedy.

Le film est situé (Et a été tourné) en plein mois de décembre, comme en attestent les manteaux portés par Laurel et Hardy, seule concession probablement à leurs fans internationaux qui ont sans doute besoin d'une petite touche hivernale dans un film tourné en Californie, où les hivers ne sont pas particulièrement rudes... On assiste avec bonheur au retour de l'acteur génial James Finlayson, qui revient la moustache haute mais l'oeil maussade au studio qui ne lui a pas permis d'avoir sa propre série de films. On peut le regretter, mais Finlayson sera parfois encore un grand, très grand partenaire de Laurel et Hardy dans les années qui viennent, et la confrontation contenue dans ce film est un des sommets de tous les courts métrages de la série. Et je ne vois pas comment qui que ce soit parmi les protagonistes a pu s'ennuyer dans ce festival de destruction paroxystique... et très efficace.

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Published by François Massarelli - dans Laurel & Hardy Hal Roach Muet
20 avril 2016 3 20 /04 /avril /2016 07:41

Laurel et Hardy sont des vagabonds, dont le quartier général est un banc public. Un jour, Hardy reçoit une bonne nouvelle: il hérite d'une fortune... Laurel inquiet, apprend qu'il restera avec lui: son ami l'engage comme majordome. Mais si d'un côté la vie du nouveau millionnaire est faite de fêtes et de ripaille, notamment alcoolisées, le domestique trouve la nouvelle situation difficile. Et Stan souhaite donc reprendre sa liberté...

Emmett Flynn, metteur en scène à la Fox, était-il en disgrâce auprès de son studio? En tout cas voici la seule comédie burlesque qu’il ait réalisé, et il n’était pas fait pour cela. Le script n’est de toutes façons pas bon, poussant Laurel et Hardy l’un contre l’autre, et les séparant de façon souvent gênante.

Le sujet même est la tentative de libération de l'un d'entre eux, et ça ne passe donc pas. Pire, Stan est l’élément raisonnable, et Hardy le trouble-fête conscient, tellement énervant que Stan en devient méchant… Non, ça ne marche pas. Dommage, car le principe de base, laisser Laurel et Hardy seuls dans un film, à la façon de Chaplin dans One A. M., était une bonne idée… C’est la seule.

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Published by François Massarelli - dans Laurel & Hardy Muet Comédie Hal Roach
16 avril 2016 6 16 /04 /avril /2016 16:28
You're darn tootin' (Edgar L. Kennedy, 1928)

En deux temps, autant qu’il y a de bobines à ce chef d’oeuvre, les musiciens Laurel (Clarinette) et Hardy (Cor d’harmonie) vont provoquer au sein de leur orchestre une telle pagaille qu’ils vont se faire licencier, puis chasser de leur pension de famille suite à leur nouvelle situation économique. Dans la deuxième partie, ils se lancent dans une carrière de musiciens des rues, sans licence, et vont-forcément- échouer en raison de l’acharnement d’un policier à leur égard, d’une part, et de leur incapacité à jouer ensemble de façon synchrone. La fin est un déchaînement irrésistible et inattendu de férocité dans laquelle Stan provoque une bagarre au cours de laquelle tout le monde se donne de vigoureux coups de pied dans le tibia avant de déchirer le pantalon de l’adversaire... Selon une règle établie clairement dans Hats off, qu'on aimerait tant retrouver, la suite est donc une vague sans précédent d'attentats à la pudeur, contagieux et hilarants.

C’est beau, poétique et sublime. Sinon, voici donc la première arrivée de la musique et du son dans un de leurs films, mais la clarté de la mise en scène et la lisibilité totale de l’action sont telles que même si le film est muet, on ne questionne pas cette curieuse idée, et on en redemande… Un dernier plan, enfin, nous renseigne sur la véritable complicité entre les deux hommes : ils ne font qu’un. Voyez le film, tiens!

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Published by François Massarelli - dans Laurel & Hardy Muet Hal Roach
9 avril 2016 6 09 /04 /avril /2016 18:02
Why girls love sailors (Fred Guiol, 1927)

Un bateau mené par un capitaine brutal et cruel est à quai, le temps pour le chef d'aller récupérer sans vergogne une petite amie particulièrement réticente, dont le fiancé (Stan Laurel) va montrer un héroïsme inattendu pour la récupérer...

Un petit film de plus, dans lequel Laurel est un marin inepte, Hardy un second brutal, et Malcolm Waite un méchant vraiment méchant. A part la toute première apparition de Anita Garvin (Méconnaissable, en blonde), pas grand-chose à glaner, les scènes se suivent de coups de pieds en coups de pieds, et Laurel et Hardy se voient assez peu. Laurel use une fois de plus de ses charmes féminins, ce sera toujours une habitude... De toutes façons, il s’agit d’une histoire de marins infidèles dans laquelle Laurel est le valeureux héros, actif et (relativement) efficace, donc on n’est pas encore chez Laurel et Hardy…

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Published by François Massarelli - dans Laurel & Hardy Muet Hal Roach
8 avril 2016 5 08 /04 /avril /2016 16:25

La réussite de Duck soup n’a pas poussé Roach et Laurel à continuer l'association entre les deux acteurs. Si Laurel comme Hardy sont bien tous deux de nouveau présents dans ce nouveau film, les deux acteurs sont séparés de plusieurs façons ici. La réussite de Slipping wives est réelle, et elle exploitel’interaction possible entre les deux futurs partenaires, mais sans doute pas autant qu'on l'aurait souhaité. Ce film fait partie d’une série de courts métrages dans lesquels Roach faisait tourner des has been, et c'est un mélange curieux de comédie sophistiquée et de boulevard outrancier.

Priscilla Dean, ancienne pointure de la Universal (Notamment vedette de plusieurs films de Tod Browning, dont deux films de gangsters dont elle partageait l'affiche avec Lon Chaney, The wicked darling, et Outside the law) est la "star" du film, qui interprète une dame bien sous tous rapports, une bourgeoise qui constate que son mari, un peintre (Herbert Rawlinson), ne "l'embrasse plus que les dimanches et jours fériés". Elle décide de faire quelque chose, et avec l'aide d'un ami (Albert Conti), trouve un plan: elle va faire venir un homme et le payer pour la séduire afin de susciter la jalousie du mari. C'est Laurel, innocent venu amener de la peinture, qui va s'y coller, et ça ne va pas être facile, car avec la présence de deux hommes élégants dans la maison, il ne sait pas exactement qui est le mari... Par ailleurs, le majordome (Oliver Hardy), immédiatement hostile au nouveau venu, n'arrange pas les choses...

Ce n’est pas un chef d’œuvre, mais c’est du Hal Roach en bonne forme, empreint de cette folie communicative qui n’épargne pas les héros, généralement bien comme il faut, de ces films. Le grand plaisir pris par les acteurs et metteurs en scène de ces films est de mélanger les contraires: qu'on se rappelle que déjà, 45 minutes from Hollywood opposait le monde des héros à l'univers urbain et moderne de Hollywood, et ses hôtels sophistiqués. La deuxième bobine s'égare parfois (un gag de "fantôme", basé sur l'apparition d'un chat qui s'est emberlificoté dans une chemise... je rappelle que ces animaux sont plus intelligents que nous!) mais permet une série de séquences virtuoses impliquant l'animosité de Hardy envers Laurel, des poursuites et un soupçon de violence contenue...

Enfin, une remarque s'impose encore, au sujet du manque de clairvoyance de Roach qui n'avait pas compris qu'il fallait impérativement allier Laurel et hardy dans leur propre série: au moins, il les traitait à égalité: après 45 minutes from Hollywood, dans lequel Laurel jouait les utilités, et Hardy avait un rôle plus important, cette fois, c'est le contraire...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Laurel & Hardy Comédie Hal Roach