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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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23 mars 2024 6 23 /03 /mars /2024 18:12

Voici le 16e et dernier film de Lean, produit dans des circonstances difficiles, sur place comme le voulait la tradition imposée par le metteur en scène sur ses films géants, et maintenue depuis Bridge on the river Kwai: cette fois, le cirque Lean pose ses roulottes en Inde pour une adaptation de l'un des romans mythiques de E. M. Forster. L'auteur, souvent adapté par James Ivory, était jusqu'à ce film difficile à adapter parce que les ayant droits freinaient des quatre fers... Lean, il faut croire, a changé les chose à ce niveau! Et si c'est un metteur en scène inquiet qui s'est lancé dans ce qu'il sentait bien être son dernier film, le flop monumental de Ryan's daughter lui restant en travers de la gorge, le succès public aura tôt fait de le rassurer...

Maintenant, quand on a vu les derniers films respectifs de Clouzot (La prisonnière), Hitchcock (Family plot), ou Chaplin (A countess in Hong-Kong), c'est toujours avec appréhension qu'on aborde le film testament d'un grand metteur en scène. Tout le monde n'a pas la chance de finir sur un Eyes wide shut, ou un Tabu...

Avec ce très beau, très long aussi, film, Lean apporte une belle coda à son univers si particulier. C'est l'histoire d'une jeune Anglaise arrivée en Inde durant l'époque coloniale pour y découvrir ses sens, ses envies, qui contrastent singulièrement avec l'homme qu'elle est destinée à épouser. Par contre, elle se laisse séduire, de façon platonique, par le bouillonnant Dr Aziz, un homme qui parce qu'indien est bien sûr refusé dans les cercles qu'elle fréquente. Ce qui va l'amener à le rencontrer sur son propre terrain... Et à perdre pied dans ses propres contradictions. Une scène célèbre du film voit la jeune femme (Judy Davis) entrer dans une grotte en compagnie du Dr Aziz (Victor Banerjee), et en sortir ensanglantée, hagarde. la société a tôt fait d'accuser le jeune médecin de viol... C'est toute l'inégalité en place en Inde qui va alors se jouer dans la salle de procès.

L'attirance pour une autre culture, la fuite en avant, le sentiment d'être en dehors des conventions établies, la fraternisation hors des frontières communément établies, le chaos déclenché par les excentriques de tout poil, tous les thèmes habituels de Lean se bousculent dans ce film-somme qui devient vite profondément contemplatif, mais sans la vision délirante de Lawrence of Arabia. L'accent est souvent mis ici sur le fait que les deux actrices principales interprètent des femmes qui se sentent prêtes à tansgresser la morale en vigueur; l'une (Mrs Moore) estime que le mariage n'est plus une absolue nécessité, et l'autre est trouvlée par la sensualité de l'Inde, qui contraste avec le côté froid de son fiancé en titre, fonctionnaire zélé avec autant de romantisme qu'une machine à coudre...

Le roman de Forster conte une intrigue qui rend possible l'arrivée d'une lutte entre les différentes composantes de l'Inde, mais reste au bord; Et Lean n'a pas voulu trahir. Il en sort un film presque secret très plastique, revendiquant presque son anachronisme... Et dans une codé qui apparait ajoutée à l'intrigue bien qu'elle soit déjà chez Forster, il abat ses cartes, en montrant que l'un des personnages, qui se promène avec l'épouse du réalisateur (Sandra Lean), est un peu son double, un David Lean arbitre qui s'est tenu à l'écart des débats, et d'une certaine façon servirait de témoin vis-à-vis des spectateurs. Un témoin qui a fini, après 42 ans de bons et loyaux services, par achever son oeuvre, aux pieds des plus belles et des plus hautes montagnes du monde. Ca s'appelle prendre de la hauteur...

 

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Published by François Massarelli - dans David Lean
17 mars 2024 7 17 /03 /mars /2024 09:09

Je ne pense pas que Lean ait conçu ce film comme un baroud d'honneur, un monumental anachronisme à l'époque de l'amour libre et de la contestation anti-Vietnam... Et pourtant, les critiques qui lui sont tombés dessus ne l'ont pas épargné: comme si le succès phénoménal des trois films qui avaient précédé (Kwai, Lawrence, Zhivago) devait impérativement être expié. Mais le temps n'a pas été beaucoup plus tendre avec ce qui devrait être considéré comme un classique, ne serait-ce qu'en raison de son appartenance à l'oeuvre d'un maître. 

L'intrigue est simple, mais surtout ressemble de façon troublante à Mme Bovary. C'est absolument intentionnel... La transposition en Irlande de l'Ouest, en pleine première guerre mondiale (et donc en pleine occupation britannique du pays) a posé un nombre conséquent de problèmes: liés, essentiellement, au temps particulièrement capricieux, mais aussi au fait que les lieux étaient éloignés de tout et en rendaient pas la communication avec la MGM très facile!

Sur la péninsule de Dingle, la vie est organisée entre le village et la mer. Tom Ryan (Leo McKern) est le propriétaire du seul pub de la région, et il apprécie particulièrement cette position centrale. Les Anglais sont présents, un camp de soldats est situé en bordure du village, dont les habitants ne manquent pas une occasion de manifester leur hostilité. Rosy Ryan (Sarah Miles), la fille de Tom, est une jeune femme fantasque et sentimentale, qui rêve de passion et d'absolu, en s'imaginant devenir l'épouse de Charles Shaughnessy (Robert Mitchum), l'instituteur qui s'élève clairement au-dessus du village. En tout cas, elle souhaite clairement sortir d'une enfance qui a été marquée par une certaine complicité avec Michael (John Mills), qui est comme on disait alors "l'idiot du village". Celui-ci n'est pas prêt à comprendre pourquoi celle qu'il transportait sur son dos dix années auparavant lui refuse de se laisser approcher aujourd'hui... Charles et Rosy vont se marier, mais ce qui aurait été une perspective de bonheur à la fin d'un film, ressemble plutôt à un désenchantement sordide au début... Non que Shaughnessy soit un mauvais bougre... c'est juste qu'en termes mesurés, Rosy veut de la passion, de la vraie, pas un brave homme qui la borde avant les rapports... 

Deux hommes vont arriver au village, qui vont avoir un impact singulier: Tim O'Leary (Barry Foster), chef local et légendaire des Républicains, qui va essayer de profiter de la situation géographique particulière du lieu, pour y passer des armes; et le Major Doryan (Christopher Jones), nouveau commandant de la base militaire, blessé en France. La rencontre entre le beau héros ennemi et la jeune femme en mal de passion ne va pas passer inaperçu. Du travail en perspective pour le père Hugh (Trevor Howard), le curé de la région...

C'est irrésistible: non seulement Lean a donné la pleine mesure à sa peinture d'un amour qui emporte tout sur son passage (Et se résout dans deux scènes d'amour physique assez franches, et qui sont assumées avec aplomb par Sarah Miles), mais il le fait sans négliger de nous livrer un contexte tumultueux. Je pense sincèrement qu'à ce niveau, Ryan's Daughter a plus d'efficacité que Dr Zhivago qui finissait par se perdre et perdre ses spectateurs dans le lyrisme. Ici, on ne perd jamais la situation de vue... Et on en prend plein les yeux: les paysages choisis (Irlande, bien sûr, mais aussi Afrique du Sud, car le temps y était plus gérable), l'écran large, le choix de tourner en 65mm, et bien sur LA scène spectaculaire par excellence: une tempête homérique...

Lean s'amuse même à s'auto-citer avec subtilité, comme lorsqu'il fait jouer son Major Anglais (Christopher Jones, au fait, sans doute l'acteur le plus faible du film... mais au moins on a échappé à Brando!) avec des allumettes à la façon de Lawrence! Et il nous livre dans une séquence d'imagination de Charles (Quant il visualise ce qu'a pu être la rencontre de Rosy et Doryan sur une plage) un hommage au cinéma d'antan, à travers une composition très 1910! Enfin il retrouve l'inspiration de Kwai, dans la scène de passion sensuelle entre Rosy et son amant, située en pleine nature en fête!

Alors, pourquoi bouder son plaisir? C'est qu'en 1970, des étudiants échauffés à la politique, des cinéphiles attirés par des révolutions formelles, des spectateurs blasés en mal d'expériences et de performance, n'avaient sans doute pas envie de rester 190 minutes en compagnie d'un film à l'ancienne, avec une histoire d'amour vouée à l'échec... Reste que le film s'inscrit dans la mémoire, et y restera longtemps. Il est regrettable que ce soit à cause de Ryan's daughter que Lean a été obligé de rester à l'écart des studios durant quatorze ans, d'une part, et qu'il ait du ravaler ses ambitions pour son film suivant, et ultime. Mais en attendant, quelle fête pour les yeux...

 

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Published by François Massarelli - dans David Lean Filmouth
9 mars 2024 6 09 /03 /mars /2024 22:11

Au milieu du XXe siècle, sur le site d'un barrage hydro-électrique, un officier haut placé, Yevgraf Jivago (Alec Guiness) interroge une jeune ouvrière (Rita Tushingham) à propos de sa famille. Mais il en sait plus qu'elle et lui raconte l'étrange destin de ses parents, dont son propre demi-frère, Youri Jivago (Omar Sharif)...

Le jeune Youri perd sa mère qui l'a élevé seule, très tôt, et il est recueilli par un onv=cle et une tante qui vont lui donner une éducation aussi affectueuse que s'il avait été leur propre fils. Adulte, Youri est promis à leur fille Tonya (Geraldine Chaplin), et devient médecin... Mais il va aussi croiser le destin de plusieurs autres personnes: Yevgraf qui a rejoint le camp des Bolcheviks; le douteux Komarovsky (Rod Steiger), un homme qui traficote dans l'ombre des changements politiques; celui-ci a une maîtresse, mais la fille de cette dernière, Lara (Julie Christie) va aussi devenir sa "protégée"... avant de se marier avec Pavel Antipov, un idéaliste (Tom Courtenay)... Tout ce petit monde va tourner autour de la Révolution de 1917 et jouer un rôle dans un étrange ballet, qui tourne autour de la personnalité de Youri Jivago, médecin et poête...

Le film est adapté d'un roman, écrit par Boris Pasternak et publié au départ... en Italie. Mais si Lean s'est évidemment attaché à adapter le roman, avec l'aide du scénariste Robert Bolt, il a aussi semblé prolonger l'expérience narrative de Lawrence of Arabia, dessinant à travers les souvenirs d'un personnage (Yevgraf), glanés durant sa vie parfois par des témoins extérieurs, la vie de son demi-frère... Et ce personnage, qui a vécu en large des bouleversements de la Révolution, et qui n'a jamais ni participé à ladite révolution, ni semblé la combattre, semble avoir traversé le chaos de cette période d l'histoire de la Russie, comme dans un rêve, partagé également entre deux voies: un méedcin de ville, marié et père raisonnable d'un puis deux enfants, auprès de la douce Tonya; et amant passionné de la farouche Lara, qui a reconnu en elle une âme de poête sans doute, et qui souhaite oublier la réalité du monde dans ses bras...

Le chaos qu'ils traversent, nous est raconté dans un film dont on se doute bien qu'il n'a pas été tourné en URSS... mais un peu partout en Europe! C'est une splendeur, dans lequel Lean se joue en permanence de l'espace et du temps, dressant des passerelles entre les êtres et les scènes, jouant d'un montage parfois étonnant, qui passe avec un grand souffle d'une époque à l'autre sans trop se soucier de cohérence totale... L'Histoire (la Grande guerre, la Révolution, la guerre civile dans l'URSS en devenir) y croise la petite histoire, celle des opportunistes (Komarovsky), des idéalistes (Antipov qui reviendra de la Guerre tellement sonné qu'il en deviendra un fou sanguinaire au service de la Révolution pour satisfaire ses appétits sadiques), des révolutionnaires encartés (Yevgraf) et bien sûr celle des petites gens, ballotés de lieu en drame (la famille de Tonya).

Au milieu de tout ça, lui aussi ballotté par l'Histoire et assistant à son déroulement sans toujours la cerner, se trouve un nouveau héros-Candide de David Lean, un homme qui a trop de romantisme en lui pour vraiment condamner les exactions de la Révolution, et trop de douceur pour céder aux sirènes du chaos. Un homme condamné à errer en marge de l'histoire qui se raconte autour de sa personne, un de plus...

 

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Published by François Massarelli - dans David Lean Filmouth
5 mars 2024 2 05 /03 /mars /2024 15:44

Oublions un instant l'énormité du film, son casting de luxe et le fait qu'il ait raflé un paquet d'Oscars. Concentrons-nous plutôt sur ce qui compte: Lawrence of Arabia est à la fois un point de départ, un aboutissement et une confirmation. Une oeuvre colossale certes, mais maîtrisée à 100 %, par un génie de la pellicule qui profite au maximum de ses nouveaux jouets (Décors sublimes, 70mm, carte blanche) tout en creusant un peu plus son sillon personnel: comme ses plus grands films, Lawrence est le récit d'un parcours en marge, d'une oeuvre paradoxale, en même temps que l'étude d'un dérapage humain plus grand que nature...

Un homme meurt dans un accident de moto, sur une petite route de campagne. T.E. Lawrence (Peter O'Toole) vient de mourir, et un journaliste se rend à la sortie du service funéraire, apostrophe quelques compagnons de route. Tous semblent se défiler. Ironiquement, seul un quelconque sous-fifre semble favorablement répondre à la requête du journaliste... s'ensuit un long flash-back, mais ce début est trompeur: on ne reviendra pas à ce moment posthume de tout le film, et il ne s'agira pas de juger la mémoire du héros, ni d'en cerner tous les contours. Le film est simplement le récit de l'arrivée de T. E. Lawrence en Arabie, de son coup de foudre extraordinaire pour le désert et ses modes de vie, mais aussi de sa découverte d'un penchant sanguinaire pour la violence, qui va s'exacerber dans une suite de batailles toutes plus violentes et hasardeuses les unes que le autres... Lawrence, vite surnommé "d'Arabie", va participer en 1916-1918 aux profonds bouleversements qui agitent le moyen-Orient, d'Aqaba à Damas, et va accomplir un travail gigantesque. Il croyait pouvoir travailler pour l'unification des peuples Arabes, mais il va surtout faire le sale boulot pour la couronne Britannique...

Une fois de plus, Lean se penche sur un parcours en marge, sur un homme qui a une oeuvre à accomplir, même si elle n'est pas en tout point glorieuse. Il se livre à une narration chronologique, une fois passé le prologue, et à aucun moment ne jugera Lawrence. Pour ce qui est de ses 'supérieurs' (un terme à prendre comme une certaine ironie, puisque Lawrence n'a que dédain pour la hiérarchie, et le prouve constamment), c'est autre chose: la façon dont le Roi Faiçal (Alec Guiness), le général Allenby (Jack Hawkins, qui dit au moins trois fois dans le film 'je ne fais pas de politique, Dieu merci', mais c'est un odieux mensonge) et le politicien incarné par Claude Rains s'assoient autour d'une table pour se partager le gâteau apporté par Lawrence, fait l'objet d'un commentaire acerbe, mais ce n'est pas le héros qui le prononcera: Lawrence vient de sortir de l'Histoire pour entrer au musée...

On ne juge pas l'homme, pas plus qu'on ne jugeait chacun des quatre protagonistes de Bridge on the river Kwai, tous unis par le pont, et antagonistes par les motivations contradictoires; on ne jugera pas non plus Zhivago, qui lui a refusé de choisir face à l'histoire en marche, ou la Fille de Ryan lorsqu'elle trompera un mari trop compréhensif. Mais Lawrence se juge lui-même, et ne s'aime pas: l'une des clés du film reste bien sûr ce moment où, après avoir tué un homme puis conduit à la mort un autre par erreur, il avoue qu'il a tué deux hommes, et il y a quelque chose qui ne lui a pas plu: c'est que tuer lui a procuré du plaisir... Cette découverte d'un instinct sanguinaire chez le héros du film contraste bien sûr avec l'élégiaque dimension de la première partie, symbolisée par ces plans fascinés autant que fascinants, du soleil levant à l'horizon du désert, des caravanes filmées en grand angle, en 70mm, et cette magnifique propension contemplative qui a donné une réputation au film comme au cinéaste.

Non, donc, Lawrence n'est pas l'histoire d'un pacificateur, juste celle d'un homme qui restera privé jusqu'au bout, et qui aura fait des grandes (Et moins grandes) choses comme par accident, parce que l'impulsion ou les goûts d'un moment le lui permettaient. Et le film est une fois de plus pour David Lean l'occasion d'explorer certains contours de l'âme humaine autour d'un choix ou d'une série d'options (De Brief encounter à Passage to India, un thème récurrent de son oeuvre), et de pointer du doigt, d'une façon aussi humaine que possible, ce qui est bien l'expression d'une perversion: car la guerre, comme toujours, peut être pour tout humain la porte ouverte au pire.

 

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Published by François Massarelli - dans David Lean Filmouth
31 janvier 2024 3 31 /01 /janvier /2024 15:25

Un oiseau, dérangé dans ses petites habitudes, qui survole une jungle; un train qui s'arrête devant des prisonniers en train de travailler sur la piste; dès le départ, Lean nous présente la guerre comme un dérangement, un tumulte saugrenu dans une nature qui va pourtant rester un témoin muet des turpitudes humaines et de passions inattendues. C'est peu dire que The bridge on the river Kwai est un grand film de guerre; à l'évidence, c'est un grand film - tout court. Il montre comment la logique militaire combinée avec les passions personnelles d'un certain nombre de personnes peuvent aller jusqu'à l'absurde, tout en déroulant avec une logique infaillible les histoires combinées de ses protagonistes: le colonel Nicholson (Alec Guiness), officier de sa majesté; le "Major" Shears (William Holden), en fait un simple soldat devenu par magie officier devant la menace d'un camp de prisonniers; le commandant Saito (Sessue Hayakawa), l'officier en charge du camp de prisonniers Britanniques, et le Major Warden (Jack Hawkins), un instructeur-aventurier-espion-artilleur dont le plaisir est de tout faire sauter... Chacun d'eux a son rôle à jouer dans un drame qui se résoud dans une scène extraordinaire au suspense haletant.

 

Une compagnie de prisonniers Britanniques, emmenés par le Colonel Nicholson, arrive dans un camp Japonais de prisonniers dans lequel le Commandant Saito veut les obliger à construire un pont sur la rivière Kwai, mais Nicholson s'oppose durement à lui, refusant selon les conventions de Genêve que les officiers soient amenés à travailler. il gagne sa "bataille", mais dès qu'il le peut, il devient le plus ardent supporter du pont, voyant en sa construction une occasion de démontrer à Saito et à l'armée Japonaise la supériorité de soldats Britanniques quand ils se sentent libres; de son coté, le soldat Shears s'évade du même camp de prisonniers, mais est vite recruté pour accompagner une mission de sabotage de ce même pont, n'ayant aucune idée de l'étendue de l'implication des prisonniers Britanniques dans le projet...

Saito est clairement obsédé par l'honneur de sa mission et de son statut, et l'idée du suicide (Seppuku...) le traverse clairement lorsque les Britanniques ont fini le pont, construit non pas grâce à l'officier Japonais, mais presque malgré lui. En terme d'honneur, il a failli à sa mission, tout en l'accomplissant... Nicholson, d'abord admirable par son intransigeance lorsqu'il défie son garde-chiourme en brandissant les conventions de Genêve, se lance ensuite dans la construction du pont avec un tel aveuglement, qu'il en finit par se retourner contre les saboteurs Britanniques... Warden, on le sent bien, considère la guerre comme un terrain de sport, une sorte de permis de faire exploser, comme le prouve la gourmandise qu'il affiche à l'approche du pont, alors qu'il est grièvement blessé... Enfin, Shears, le seul Américain, échappe aux considérations sur l'honneur et le sport, et est un imposteur, un simple soldat qui a usurpé l'identité d'un officier afin d'échapper aux rigueurs de la vie de prisonnier; n'empêche, son évasion réussie est tout bonnement incroyable, et il sait le moment venu se donner à sa mission. Tous ces protagonistes mènent donc à la scène formidable qui est consacrée au sabotage du pont, avec ses personnages tous campés sur leurs positions, le pont majestueux qui défie tout ce petit monde, et le son du train, symbole de l'enjeu de la mission, qui s'approche inexorablement. Magnifiquement monté (David Lean connait le montage, bien sûr), c'est un ensemble de près de quarante minutes...

A propos du train, l'utilisation du son dans ce film est d'une richesse exceptionnelle, depuis les sons de la jungle, qui rappellent toujours l'existence d'une nature témoin de ces évènements, à la magistrale fonction de la musique, qui s'insère dans une scène du début, lorsque les fameux sifflements de défi accompagnent l'arrivée quasi triomphale des prisonniers Britanniques dans le camp, la musique de Malcolm Arnold s'insinue dans la bande-son, et semble nous donner le point de vue du colonel Nicholson. Celui-ci, joué par un Alec Guiness proprement génial, a en effet une conception aussi radicale de la condition de prisonnier que Saito est campé sur sa position de dominant. L'interprétation globale est d'ailleurs splendide... A la fin du film, on assiste de nouveau au vol d'un oiseau, qui répète inlassablement le motif ironique, au-dessus de tout, relayé durant tout le film par d'autres volatiles tout long du film... Pourtant, on a l'impression que tous les protagonistes de ce film s'inscrivent bien dans la trajectoire de ces personnages des films de David Lean, qui trouvent une voie à l'écart des sentiers battus, les Lawrence, les Zhivago... Et les différentes conceptions de la situation par l'ensemble des personnages, les uns aveuglés dans une tâche paradoxale que les autres ont pour mission de faire sauter, ne sont que des témoignages de l'absurdité de la guerre.

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Published by François Massarelli - dans David Lean
31 janvier 2024 3 31 /01 /janvier /2024 14:31

Jane Hudson (Katharine Hepburn) est une touriste Américaine qui vient à Venise pour la première fois: non mariée, d'âge moyen... la tentation est forte de l'appeler une "vieille fille", comme on disait alors. Amérivaine en territoire conquis elle a tendance à venir avec des idées préconçues sur tout, et pour commencer sur le fait qu'elle va forcément aimer Venise... Mais ce qui apparaît bien vite c'est sa solitude.

La découverte de Venise par Kate Hepburn est une expérience aussi sensorielle que déroutante. L'actrice n'a pas son pareil pour réussir à faire passer aussi bien sa frustration de personne solitaire que sa fascination presque juvénile pour un monde sensuel, forcément romantique (et tant pis si c'est un cliché!) etqui la pousse à se réfugier derrière sa caméra, un artifice qui dans un premier temps fait d'elle la touriste parfaite, et un peu ridicule aussi, mais qui va aussi l'aider à voir...

Et à se montrer aussi, et c'est justement parce qu'elle filme à tour de bras qu'un homme la regarde, sur une terrasse de café, les yeux plantés sur elle avec un sourire amusé... Une autre personne qui l'a repérée, c'est un gamin des rues, Mauro, qui la suit et la guide parfois de manière inattendue... 

En se rendant dans une boutique, pour acheter un objet qui lui a tapé dans l'oeil, elle rencontre le propriétaire, qui n'est autre que le flâneur (Rossano Brazzi) qui l'avait dévisagée la veille...

Une histoire d'amour va donc se dérouler, mais elle sera cruelle...

La palette choisie par Lean est fabuleuse, obtenue sur place (le film est une rareté, une production internationale intégralement tournée dans des "décors naturels", si tant est qu'une ville comme Venise puisse être considérée comme telle!), filmée en Eastmancolor et tirée sur support Technicolor, elle est vibrante, et les choix de vêtements pour la plupart des figurants (Hepburn est souvent habillée de blanc -virginal- ou de couleurs claires) montrent des couleurs primaires éclatantes qui se détachent sur les tons pastels des décors des rues de Venise. C'est, on s'endoute, magnifique. Il est vrai que Lean, qui a tourné This Happy breed et Blithe spirit dans les années, n'est pas un novice en matière de couleurs... 

Le ton du film, aussi, est une surprise, et le générique nous donne rapidement l'impression que ce sera une comédie, une impression fausse mais que de nombreuses séquences prolongent: le sentiment d'inadaptation de l'héroïne, par exemple, peut former la base d'un film burlesque, et une scène de pur slapstick à la Tati la voit méthodiquement filmer un décor, en marchant à reculons vers la lagune, et finir dans l'eau. Même sa répartie quand elle est repéchée sera de la comédie: "vous auriez du me voir aux Jeux Olympiques"... une petite blague bien placée mais dont l'échec sonne tragiquement, une fois de plus comme une façon de souligner sa solitude, et son immense frustration d'être seule dans la capitale romantique du monde...

D'où une histoire d'amour inévitable, en quelque sorte: car Jane Hudson est prête, plus que prête même: elle désire ardemment être comme les autres et elle aussi sentir les frissons d'être avec quelqu'un. Comme Brief encounter, Madeleine et The Passionate friends, comme quelques années plus tard avec Dr Zhivago et Ryan's daughter, cette histoire d'amour adulte sera teintée d'amertume, de transgression, d'incompréhension et d'une inéluctable mélancolie, car ce sera un adultère.

L'amertume du film rejoint donc celle manifestée dans Brief encounter, si ce n'est que dans ce dernier, les deux amants (...potentiels) partageaient un point commun, puisque tous deux étaient mariés, et que force restait à la morale. Ici, Jane et son amant ne sont pas d'accord sur la sainteté des liens matrimoniaux, mais cette querelle illumine le parcours de l'Américaine d'un vernis de transgression supplémentaire. Elle succombe à son désir mais est d'autant plus amère qu'elle désapprouve autant l'adultère que son inacapacité à y résister. Cette histoire d'une Américaine et d'un Italien (le film sera interdit ça et là, au passage...) est une rencontre qui passe dans un souffle et s'éteint comme on s'étrangle... Un souvenir amer qui sera probablement occasionnellement teintée d'une étrange rêverie, pour une femme qui ne savait pas que même en amour on pouvait en quelque sorte faire un peu de tourisme.

Et cette production Anglo-Américaine, la première d'une longue série, inaugure la partie la plus glorieuse de la carrière de son metteur en scène, mais celui-ci l'a longtemps affirmé: Summertime (également connu en Grande-Bretagne sous le titre de Summer madness) était de tous les films qu'il avait réalisés, son préféré...

 

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Published by François Massarelli - dans David Lean Criterion
28 janvier 2024 7 28 /01 /janvier /2024 15:32

Henry Hobson (Charles Laughton) est le bottier satisfait d'une petite rue de Manchester. Veuf, il gère la boutique, du moins le croit-il car en réalité, il passe plus de temps à boire avec ses amis (les autres commerçants) au pub, qu'à accueillir les clients. Ce sont donc ses filles qui tiennent la boutique pendant que deux ouvriers travaillent à l'atelier. Deux des trois filles, Alice (Daphne Anderson) et Vicky (Prunella Scales) ont déjà trouvé des fiancés potentiels, mais le père ne les voit pas d'un très bon oeil. Il souhaiterait leur choisir lui-même des bons partis, deux hommes fiables et pas gourmands parce qu'il estime qu'il est hor de question de leur donner une dot! Pour sa fille aînée Maggie (Brenda de Banzie), Hobson estime enfin qu'il est trop tard pour elle, elle a passé l'âge: il compte donc sur elle pour tenir la boutique...

C'est pourquoi il est très surpris quand elle lui annonce qu'elle se marie avec Willy Mossop, l'ouvrier bottier (John Mills), qui a prouvé sa valeur... Hobson sera encore plus surpris de la tournure qe prendront les choses quand elle réussira intégralement à remodeler la famille, mais aussi l'entreprise Hobson...

C'est une adapation d'une pièce de théâtre de Harold Brighthouse, et c'est assez franchement une comédie. Lean n'en a pas tourné depuis Blithe Spirit, et après ce film-ci, ne le fera plus... C'est donc assez inattendu, quand on a été habitué à considérer l'oeuvre du cinéaste à la lumière de films comme Brief encounter ou The bridge on the river Kwai... Mais voilà: dans cette histoire qui est tournée avec un fort accent Mancunien, on y sent la quintessence d'une certaine idée de l'Angleterre, celle des petites gens qui travaillent, et des moins petites gens qui s'étouffent de leur propre importance, celle d'une sous-société d'essence populairen qui semble avoir résisté aux sirènes du Victorianisme...

Il y a des valeurs traditionnelles chez Henry Hobson, mais ce sont celles qui l'arrangent, qui lui permettent de croire qu'étant l'homme dans la maison (son épouse est décédée il y a longtemps et il semble s'en réjouir, le bougre), tout lui est du à commencer par l'obéissance de ses filles; il boit comme un trou, mais souhaite que ses enfants se marient à des gens qui sont abstinents de consommation d'alcool, sans doute parce que leur caractère plus dur les rendra moins cupides, et il n'aura donc pas de dot à payer! C'est pourtant d'une femme que les bouleversements viendront.

Brenda de Banzie est splendide en vieille fille qui cachait bien son jeu, et mène son affaire pour se marier (au grand dam de son propre mari qui n'avait absolument rien prévu ni même vu) mais aussi changer la donne complète dans la famille. La confrontation avec Laughton fait de sublimes étincelles, et celle, plus tendre et plus burlesque encore avec John Mills est une merveille de comique qui réussit à être constamment léger. Enfin, Lean aère la pièce et lui donne une légitimité cinématopgraphique par son talent inné à utiliser l'espace et la caméra. Pour son dernier film en noir et blanc, il montre qu'il est décidément un maître...

 

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Published by François Massarelli - dans David Lean Criterion
23 janvier 2024 2 23 /01 /janvier /2024 18:23

Après la seconde guerre mondiale, Tony Garthwaite (Nigel Patrick) est pilote d'essai pour son beau-père John Ridgefield (Ralph Richardson), un riche industriel qui pratique un hobby coûteux et obsessionnel: une entreprise d'aéronautique, dont il espère qu'elle réussira à lancer un avion qui puisse franchir le mur du son. C'est un enjeu d'autant plus important pour la famille, que la première victime des expériences fut le fils même de Ridgefield... Mais Tony, toujours attiré par la performance, ne prête pas une attention aussi forte qu'il le devrait aux réticences de son épouse (Ann Todd)...

Ca semble bien éloigné des préoccupations de Lean telles qu'elles se sont manifestées jusqu'à présent, entre chronique sociale (This happy breed), romance flamboyante et paradoxale (en fait deux histoires qui jouent avec la tentation de l'adultère, Brief encounter et Passionate friends), drame noir passionnel (Madeleine) et bien sûr les adaptations prestigieuses de Dickens... Plus encore, dans cette histoire qui prend ses racines durant la guerre on s'attendrait presque à un recul, une sorte de halte dans l'oeuvre. Et pourtant...

C'est le premier film me semble-t-il d'une longue série, qui met en scène une obsession, sans qu'elle partage avec le reste de l'intrigue le premier plan du film. C'est vraiment l'histoire de ces gens qui ont finalement tout donné pour conquérir un sommet symbolique absurde, et intangible, celui du mur du son. D'abord s'en approcher pour voir ce que ça fait (au début du film on en parle même comme d'une légende), puis se confronter à la réalité brutale (des morts violentes lors du choc) avant de trouver la parade et de triompher...

Le tout vu principalement du point de vue de celle qui perdra d'abord son frère, avant de perdre son mari, avec en ligne de mire un père exigeant, exalté, obsessionnel et tellement passionné qu'il en deviendrait prsque fou... Un personnage fascinant, rendu encore plus important par une mise en scène et un montage à la précision et la linéarité diaboliques...

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Published by François Massarelli - dans David Lean
17 janvier 2024 3 17 /01 /janvier /2024 16:05

Avec Ann Todd dans le rôle principal, David Lean explore avec la méticulosité quie le caractérise une affaire célèbre, située à Glasgow dans les années 1850: Madeleine Smith (Ann Todd), amoureuse d'un jeune homme Français (Ivan Desny), est une jeune femme de la bonne société de Glasgow, dont le père (Leslie Banks) s'attend à ce qu'elle épouse un homme de son milieu (Norman Wooland). Mais elle décide de s'enfuir avec son amoureux, Emile L'Angelier: celui-cide son côté refuse l'idée d'un mariage secret, il désire en effet garder la tête haute. Devant leurs objectifs inconciliables, le jeune femme décide de rompre. Mais alors qu'ils ont encore quelques entrevues, dont certaines seront houleuses puisqu'Emile agite devant Madeleine le spectre du chantage, le jeune homme tombe dangereusement malade, puis meurt d'un empoisonnement à l'arsenic... Madeleine, pointée du doigt par le colocataire d'Emile, est immédiatement considérée comme le seul suspect dans l'affare, et le film nous expose méthodiquement le déroulement de son procès.

La vérité? Clouzot en a fait un film, et c'est vieux comme le monde: le principe d'un film de procès, ce n'est pas essentiellement de découvrir la vérité, mais plutôt de voir comment on la traque, la trouve ou la dissimule, l'utilise ou la travestit dans ce grand cirque fascinant qu'est l'exercice de la justice. Relatant les faits sous leur forme connue (à la façon dont plus tard Fincher tournera Zodiac), Lean choisit de ne pas broder autour de l'histoire, se contentant de faire semblant d'adopter un regard objectif. On ne pourra pas ne pas prendre parti de toute façon, même si le metteur en scène a utilisé Ann Todd de façon étonnante, en jouant à la fois sur le poids de son éducation (c'est une jeune femme très comme il faut, stricte en toute circonstance pour ne pas dire froide) et sur le tumulte de ses passions (elle découvre l'amour, y compris physique, et est prète à tout, y compris abandonner sa famille, pour aller au bout). Si elle est coupable, on en viendrait presque à la comprendre par ailleurs tant le poids des conventions, et le piège qui se referme sur elles, sont une menace que nous ressentons. Quoiqu'il en soit, le film se clôt sur une énigme, puisque l'affaire n'a jamais été élucidée...

Avec sa mise en scène une fois de plus impeccable et flamboyante Lean est en plein dans son univers, quelque part au milieu d'un débat sans fin, à la façon de Zhivago coincé entre deux femmes et entre deux marches à suivre, ou comme ce pont convoité par les uns, revendiqués par les esclaves qui le construisent, et dynamités par les autres, tous au nom d'un même idéal militaire... On pense aussi à A passage to India, si ce n'est que dans ce film tardif, il choisira de nous donner, dans une histoire d'accusation et de procès, le fin mot de l'affaire. Mais comme si souvent dans son oeuvre, le film toutnre autour... d'un vide flagrant, celui de la résolution, et de ce qui s'est réellement passé entre Emile L'Angelier, Madeleine Smith et un flacon d'arsenic...

Ann Todd est exceptionnelle, moins lisse que n'aurait été une actrice à laquelle on aurait imposé une vision extérieure, qui aurait permis soit de la disculper, soit de l'accuser fermement. L'énigme de son expression sert bien sûr le film, mais comment interpréter ce regard final à la caméra, sourire complice de boneur d'être libérée après un cauchemar, ou sourire triomphant d'un meurtrière qui a berné tout le monde? Sa vie est probablement foutue, mais le personnage a gagné... Elle a été plus loin que bien des femmes en cette époque corsetée, et en est revenue. Avec sa mise en scène toute en clair-obscur, en scènes nocturnes, en touches stylistiques, héritées du film noir, c'est un film impressionnant, qui se bonifie à chaque vision, et dont l'étrange fin sans conclusion semble si parfaite...

 

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Published by François Massarelli - dans David Lean Noir
16 janvier 2024 2 16 /01 /janvier /2024 18:27

Ce film est sans doute l'un des plus cérébraux de son auteur, avec une mécanique impressionnante ou savante de retours en arrière, un puzzle permanent dont émergera la bvérité des sentiments, ou plus sûrement leur confusion.

Alors qu'elle est en vacances en Suisse, Mary Justin (Ann Todd) attend son mari, un banquier très sérieux et très important, Howard (Claude Rains); c'est la première fois en une dizaine d'années qu'ils se rendent en vacances, et la dernière fois ça avait failli tourner à la catastrophe: elle y avait vu l'homme qu'elle avait le plus aimé dans sa jeunesse, Steven (Trevor Howard)...  Ce que Mary ne sait pas en arrivant c'est que Steven est justement présent dans le même hôtel, dans la chambre voisine...

Voilà un dernier fait qui range inévitablement le film dans la catégorie des mélos improbables, mais qui sied parfaitement la situation: deux amis qui semblent destinés à s'aimer mais ont toujours plus ou moins résisté, que le sort repousse l'un vers l'autre sans relâche, comme le montre une série de flash-backs... Des scènes dans lesquelles l'amour fou imaginable entre les deux, finit par prendre une dimension mythologique, à plus forte raison par le fait qu'il y soit systématiquement question d'un point de vue qui tourne autour du regret: regret de e pas avoir fait ce qu'on aurait du faire, de ne pas avoir succombé en temps et en heure. Regret d'avoir laissé les circonstances évoluer à l'encontre de son désir, ou enfin regret de ne plus pouvoir céder...

Le film refait un peu Brief encounter, mais il est froid, là où le précédent disposait d'une générosité impressionnate à travers la peinture du Londres populaire où évoluaient les amants potentiels... Et la structure en flash-backs complétés d'hypothèses ou d'actes manqués mis en scène sous nos yeux, tend à compliquer les choses... Trevor Howard est plus un objet de désir et de regrets dans le film, le point de vue étant celui d'Ann Todd du début à la fin.

Mais plutôt que de le comparer à la pièce de Noel Coward et au film de Lean dont je parlais, il serait plus juste de voir les similitudes entre le film et Anna Karenina...

 

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Published by François Massarelli - dans David Lean