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20 avril 2023 4 20 /04 /avril /2023 16:45

Paris, 1923: un artiste de music-hall, Gonzalo Montrez (Charles de Rochefort) sauve la vie d'une jeune femme, Mona (Barbara La Marr) qui allait se jeter à la Seine... Il va en faire une partenaire à la scène, dans le rôle de la Phalène Blanche, pour une chorégraphie inspirée des papillons de nuit. Mais Mona ne tombe pas amoureuse de son bienfaiteur, et va plutôt se plaire à tourmenter deux frères, les Américains Douglas et Vantine Morley (Ben Lyon, Conway Tearle), avec son comportement de diva digne des plus infects mélodrames...

Car oui, c'est bien de cela qu'il s'agit. La carrière de Barbara La Marr ne décollait pas vraiment, et elle végétait hors de l'influence de son découvreur Rex Ingram; les films qu'on lui proposait ne cherchaient pas à aller au-delà des clichés de la vamp éternelle. Plus grave sans doute, Maurice Tourneur, qui fut l'un des pionniers du cinéma, dans ce qu'il pouvait avoir de plus artistique et de plus subtil, gâchait son métier, et n'avait plus aux Etats-Unis la reconnaissance dont il bénéficiait dans les années 10. Reste un film plus que moyen, à l'intrigue copieusement idiote, et aux décors impeccablement exécutés, et superbement filmés... Pour une heure de solide ennui quand même.

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Published by François Massarelli - dans Muet Maurice Tourneur 1924
26 février 2022 6 26 /02 /février /2022 12:25

A Marseille, la rivalité de bandits entre Justin, l'enfant du pays, et l'infâme Esposito, venu de Naples et qui tente de disputer à Justin sa domination bonhomme et tranquille du vieux port, prend des proportions inquiétantes...

D'un côté, la bande de Justin (Berval), qu'on ne verra pas beaucoup commettre de crimes, et de l'autres, les affreux représentés par Esposito (Alexandre Rignault), qui sont beaucoup plus montrés en situation. Le propos de Carlo Rim est dès le départ assujetti à une forme de folklore local Marseillais, qui nous donne un peu l'impression d'assister aux aventures d'une sorte de Robin de Bois local! C'est discutable, mais ce n'est pas le sujet: on est plus ici dans une sorte de chanson de geste, assez tendre et même occasionnellement picaresque (je rejoins totalement Christine Leteux qui dans son excellente biographie du cinéaste compare la "guerre" entre Esposito et Justin, à la rivalité détaillée par d'autres canailles dans The Bowery de Raoul Walsh): Justin et ses copains, ce sont des braves gars, un peu coquins sur les bords, mais si bons camarades...

Le film prend son temps avant de nous montrer Justin, permettant à Rim et Tourneur d'installer tout un univers: la police, qui compte les points (et occasionnellement les morts), les locaux, qui prennent à la galéjade toute tentative de moralisation officielle de la situation, mais aussi les braves gens qui ont pour la plupart choisi leur camp: ils aiment leur Justin, quoi... Un personnage récurrent, celui d'un journaliste venu d'ailleurs, renvoie à Carlo Rim lui-même, et une sous-intrigue qui déplace adroitement les notions de légalité et d'illégalité vers la morale elle-même, permet d'accroître la sympathie à l'égard de Justin: un jeune Italien, Silvio (Armand Larcher), séduit la jeune Totone (Ghislaine Bru), qui n'a pas compris qu'il va la mettre sur le trottoir, et même pas Marseillais: on pense plutôt à de l'exotique... Quand elle se rend compte de la situation la jeune femme va finir par demander la protection de Justin. 

Une scène souvent commentée du film est basée sur une idée à la Scarface: un convoi mortuaire est le prétexte d'une importante opération de contrebande, pour Esposito qui déplace ainsi une quantité importante d'opium, sans avoir consulté Justin et son allié Chinois: le suspense et la farce se mélangent dans une séquence excellente, et qui montre bien qu'on est finalement dans un univers plus baroque que celui de Duvivier pour Pépé le Moko...  Mais cela montre aussi que Justin, tout Robin des Bois qu'il soit, se mêle aussi de trafic de drogue...

Je parlais de Scarface, tout à l'heure, il est intéressant de noter que le film y fait directement allusion dans son dialogue. Mais c'est bien d'un film français qu'il s'agit, qui évite constamment le bavardage, et qui nous donne droit à une belle plongée dans la pègre Marseillaise, avé l'accent, qui en fait un superbe classique, l'un des meilleurs films de son auteur. Un film dans lequel les gangsters iront, pour certains, au bout de leur destin, mais qui nous montre 'une vérité tellement belle qu'on la prend pour un mensonge'... en quelque sorte.

 

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Published by François Massarelli - dans Maurice Tourneur Noir
26 février 2022 6 26 /02 /février /2022 12:11

Il reste bien peu de choses de la première période, en France, de la carrière du metteur en scène Maurice Tourneur. L'un des rares films conservés de la production Eclair 1912 - 1914, avant son départ, qui lui soient non seulement attribuables mais dont on sait qu'il en est l'auteur, est ce court métrage (une bobine seulement, mais il en manque hélas des bribes): Tourneur y adapte un conte cruel d'André de Lorde: ce dernier était l'un des principaux pourvoyeurs de frisson au fameux théâtre du Grand Guignol, dont un acteur participe ici. 

Deux amis qui sont en sortie, font un pari: l'un d'entre eux met l'autre au défi de ne pas ressentir la peur, défi immédiatement accepté par l'autre. L'ami l'emmène donc chez un forain qui exhibe des statues de cire évocatrices... La nuit finira très mal...

Le scénario inspirera un autre pari, autrement moins subtil, à Gance et Linder pour le moyen métrage Au Secours en 1924... Mais Tourneur, qui effectue ce film avant son départ pour les Etats-Unis, y fait déjà montre d'une impressionnante maîtrise des effets de lumière et d'ombre, et impose à ses acteurs un jeu sobre, surtout paradoxalement dans la partie la plus mélodramatique, là où le jeu, plus propre à la comédie, des gens attablés dans un restaurant au début, était plus relâché... C'est Henry Roussel, acteur fréquent chez Tourneur à l'époque, qui assume la plus grande part de l'interprétation du film, de plus en plus saisi par l'angoisse au fur et à mesure de l'avancée de la nuit, jusqu'à la folie...

 

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Published by François Massarelli - dans Maurice Tourneur
9 février 2022 3 09 /02 /février /2022 09:07

Film hallucinant, The blue bird est un conte, pour enfants, certes, mais le merveilleux est sans doute une affaire trop sérieuse pour la laisser à n’importe qui, alors Tourneur a tout fait pour éviter les pièges de ce genre de film: voir à ce sujet les tentatives contemporaines, comme la série des films autour du Magicien d’Oz, vers 1914/1915, ou encore le Alice de 1915, ces films qu’on peut consulter, sont tous tellement irritants à regarder dans leurs choix esthétiques, leur gaucherie et leur vulgarité (les gestes, plus frénétiques encore que chez Sennett) qu’on accueillera avec d’autant plus de satisfaction ce film au rythme délicat et aux images composées avec soin, qui conte la quête merveilleuse de l’oiseau bleu par deux enfants qui partagent un rêve baroque.

Alors, après, on aime ou pas, mais force est de constater que l’esthétique de ce film, forgée de film en film par Tourneur et augmentée de belles idées rendues possibles par l’irréalité de son sujet (Des silhouettes de gens en carton –pâte, des décors effectivement nus, dont on voit aussi bien le sol, que les murs, l’utilisation de surimpressions, etc) tient encore la route.

Néanmoins, cela restera une expérience unique, Tourneur revenant ensuite à plus de réalisme dans les films suivants. A ce propos, un nouveau clin d’œil adulte dans ce film: lorsqu’au début de leur rêve les enfants partent après une discussion avec les fées, animaux et ustensiles qui les accompagneront dans leur périple, les parents qui ont entendu un bruit se lèvent, font une tournée d’inspection, puis se recouchent rassurés: Tourneur nous montre alors les deux enfants que nous venons de voir partir, dans leur lit, profondément endormis.

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Published by François Massarelli - dans Muet 1918 Maurice Tourneur *
30 janvier 2022 7 30 /01 /janvier /2022 18:42

Le miroir aux alouettes: Holywood et le cinéma Américain n'ont pas attendu très longtemps avant de s'auto-représenter, et par exemple en Californie, à la Keystone, dès les années 10 le pli était pris. Plus loin vers l'Est, dans les studios de Fort Lee où on résistait encore à la tentation de l'exil vers le Pacifique, Maurice Tourneur a mis en chantier cette petite comédie avec Doris Kenyon, où une jeune femme de la campagne est repérée lors d'un tournage en extérieurs par l'acteur principal d'une série de westerns... Kenneth Driscoll (Robert Warwick) est vain, attaché à son statut de star et il séduit sans trop de problème Mary (Doris Kenyon), qui en dépit d'un début difficile (son essai est une catastrophe) va s'accrocher, et sous la protection de Driscoll, devenir une vedette... Mais sa mère (Jane Adair) vient la voir pour son anniversaire, et tombe sur une soirée bien arrosée...

C'est touchant: d'une part, le film part des ressorts du mélodrame et réussit à en faire quelque chose d'assez solide, de par l'ironie dont fait preuve le cinéaste face à ses pantins qui sont tout à coup confrontés à la vraie tendresse, rustique mais sincère, d'une mère éplorée; d'autre part Tourneur se fait plaisir à tourner en montrant les studios où il travaille quotidiennement, et où il a déjà accompli un nombre important de grands films. On le verra d'ailleurs en plein travail, sauf qu'il joue un accessoiriste... Il montre également le studio sous un jour bien moins glamour que ce qu'on aurait pu imaginer, avec ses acteurs farceurs et dragueurs, mais de fait, dans le film, tout le monde ou presque a l'air de prendre du bon temps dans son métier.

Le film est adorable, même s'il est mineur. Le réalisme de la situation, au milieu de ce mélodrame très classique, donne un intéressant mélange. Quel dommage que les copies qui circulent soient assez peu glorieuses, sauf la version abrégée disponible un temps dans une anthologie consacrée, justement, aux studios du New Jersey.

 

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Published by François Massarelli - dans Maurice Tourneur Muet 1916 *
26 décembre 2020 6 26 /12 /décembre /2020 08:37

Un homme aux abois entre dans une petite auberge en montagne, où les braves gens sont occupés à anticiper leur dîner... et il flanque la frousse à tout le monde: il est vrai que Roland Brissot (Pierre Fresnay), qui a perdu sa main gauche, est nerveux et même sinistre! Il raconte son histoire, comment il est passé du statut de peintre raté à celui de superstar des arts, grâce à un artifice, une main enchantée qu'un chef pas vraiment étoilé (Noël Roquevert) lui a vendu. En guise d'enchantement, ce serait plutôt de la sorcellerie: elle lui a donné le talent, l'amour et la gloire, certes, mais aussi les ennuis, à commencer par ce petit homme insistant qui vient lui demande son âme, car ce que Brissot ne sait pas, c'est qu'en acceptant la main, il a scellé un pacte avec... vous savez qui (Pierre Palau).

L'histoire de cette adaptation d'un conte de Gérard de Nerval est compliquée à souhait, et assez typique de cette drôle de période du cinéma français (entre autres...) qu'était l'occupation: pour commencer, c'est un film Continental, donc produit en France et par des techniciens et acteurs français, mais sous la responsabilité d'un Allemand, Alfred Greven: comme Le corbeau, L'assassin habite au 21, Le val d'enfer, Cécile est morte ou Les inconnus dans la maison, donc... Le projet est passé de mains en mains, et scénaristes (Jean Aurenche, puis Jean-Paul Le Chanois) comme réalisateurs (Jean Dréville, puis Tourneur, et enfin Jean Devaivre pour la fin du tournage) se sont succédés...

Tourneur, qui avait réalisé un court métrage fantastique notable en 1913 (Figures de cire), s'est retrouvé devant une occasion rare en France, de démontrer dans un cadre fantasmagorique sa science des éclairages et de la suggestion, qui prouve que son fiston Jacques avait de qui tenir... Il ne laisse jamais les événements prendre toute la place et se repose sur les ombres (celle de Palau, par exemple, dont il délaye les apparitions) ou es réactions des protagonistes. On voit vaguement la peinture de Brissot après "son opération", mais on ne connaîtra le fantastique de l'oeuvre et son génie que par les réactions des autres personnages. Un moment crucial, un meurtre horrible par lequel Fresnay comprend toute l'ampleur de sa malédiction, se déroule intégralement à l'écart de la caméra...

Tourneur installe avec l'arrivée de Fresnay dans le relais de montagne une atmosphère lourde d'angoisse, sans trop laisser la médiocrité ambiante de ces braves gens la dynamiter par l'humour franchouillard de circonstance; ensuite, il a souvent recours avec bonheur à des moments de pur cinéma muet, notamment quand Fresnay est désormais en possession de sa nouvelle main gauche et qu'il en découvre les pouvoirs. Une scène qui aurait pu virer à la bérézina (les anciens propriétaires de la main, tous masqués, s'adressent à Brissot pour lui demander de terminer la malédiction) a été tournée par Devaivre mais préparée par Tourneur, et elle est d'une incroyable beauté plastique. Il semble que Devaivre se soit d'ailleurs beaucoup impliqué dans le film, au point de prendre des décisions importantes (c'est lui qui a visualisé la "main du diable", et à l'instar de Fritz Lang, c'est de sa main qu'il s'agit). 

C'est non seulement l'un des rares exemples en France du style "graphique" de Maurice Tourneur tel qu'il l'avait développé à l'époque du muet aux Etats-Unis, c'est aussi l'un des rares grands films fantastiques français, et sans doute le film le plus connu de Maurice Tourneur... 

 

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Published by François Massarelli - dans Maurice Tourneur
22 décembre 2020 2 22 /12 /décembre /2020 08:13

Un  mariage se profile dans la bonne société... quoique: M. le Marquis (marcel Herrand), un brave homme aux principes malgré tout un peu raides, s'apprête à convoler en justes noces avec une artiste, une actrice pour être précis: Marianne (Simone Signoret), de son vrai nom Anne-Marie, est une star du théâtre, qu'elle a décidé de quitter pour faire plaisir au fiancé qui va lui apporter une vraie sécurité financière... Et pour commencer, la veille du mariage il lui offre un bijou fabuleux, un collier hallucinant avec d'authentiques diamants...

Bref, de quoi attiser la convoitise. Et justement...

Une bande très organisée a tout prévu: infiltrer la demeure de la belle à la faveur d'une soirée mondaine durant laquelle le futur marié va présenter sa fiancée à tous les sales gens de sa famille (qui désapprouvent le choix de son pseudonyme, car ça fait républicain... qui parlent d'une actrice comme on parlerait d'une putain... et ça se dit noble). Parmi les domestiques engagés à l'occasion se trouve justement un membre de la bande, et il va introduire 'le spécialiste' (Paul Meurisse), un homme taciturne engagé à grands frais, et qui vient de l'étranger. Il s'introduit effectivement dans la maison et profitant du pince-fesses, vole les diamants... Avant de tomber nez à nez avec Marianne: il la connaît, elle le reconnaît, c'est l'amour de sa vie, l'homme qui a mystérieusement disparu avant qu'elle ne devienne actrice...

Tourneur ne devait pas faire ce film, qui était développé pour Feyder; quand il s'est avéré que ce dernier était trop malade pour le faire, on a donc engagé le vétéran pour le remplacer, et ce qu'il ne savait pas c'est que ce serait son dernier film... Une oeuvre étonnante, à la lisière du film noir à la française, notamment la première partie, des histoires d'amour du du réalisme poétique (on pense aux Portes de la nuit avec ces amants qui tout à coup décident de faire bifurquer le film en partant ensemble), et même d'un certain cinéma fantastique par le recours de Tourneur aux fantômes des deux amants passés comme pour signifier que la disparition (il a été arrêté et elle ne le savait pas) avait signifié la mort des deux amants...

Les changements de direction du film sont fort bien négociés, et l'interprétation est remarquable. Surtout Paul Meurisse et Simone Signoret qui tous deux n'ont pas encore le statut de monstre sacré, et qui donnent à voir une délicate histoire d'amour troublante et destinée à l'échec... 

 

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Published by François Massarelli - dans Maurice Tourneur
18 novembre 2020 3 18 /11 /novembre /2020 13:43

Marcene Elliott (Pauline Starke) vit seule avec sa "tante" Julie, qui la maltraite... Elle est délaissée, détestée de tout le voisinage, mais lors de sa rencontre avec un jeune homme, elle tombe amoureuse... Daniel (Les Cody) et Marcene coulent quelques jours heureux, puis Daniel, compositeur, retourne en ville pour coucher sur papier la symphonie que lui a inspiré l'amour de la jeune femme... Ce sera un échec, mais à tous points de vue: d'une part le public lui réservera un accueil glacial, mais en plus la jeune femme, enceinte, accouchera seule d'une petite fille, alors que son soupirant tarde à se manifester... Quand il reviendra, il apprendra que la jeune femme est morte... Mais est-ce bien la vérité?

C'est un film miraculé de Maurice Tourneur, situé dans sa carrière quelque part entre The blue bird et The last of the Mohicans (co-signé avec Clarence Brown, qui en a probablement assumé une grande part). C'est l'art de Tourneur à son apogée: une histoire assez classique, bien qu'avec quelques intéressantes complications (l'ambiguité du personnage de Daniel, joué par Lew Cody en séducteur moustachu, mais dont l'amour semble assez sincère), mais où tout est transcendé par un jeu d'une puissante subtilité, et la maîtrise impressionnante du cadre, partagée par le metteur en scène et ses techniciens (le seul nom qui soit sûr est celui du décorateur Ben Carré): les éclairages, la composition, et cette merveilleuse stylisation qui permet à Tourneur de redéfinir l'espace à des fins de caractérisation et de psychologie.

Les personnages, je le disais déjà avec l'intrigant Daniel, ne sont pas unidimensionnel, et le film se plait même à passer d'un personnage principal à l'autre, 41 ans avec Psycho! Je ne sais pas si le film est complet (il en subsiste 5 bobines) mais la copie présentée ces dernières années, retrouvée il y a peu, semble cohérente, et nous permet de découvrir un beau petit film d'un grand auteur, mélangeant son style formel déjà observé dans The blue bird, à la lisière du fantastique, et le mélodrame plus conventionnel...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1919 Maurice Tourneur
9 avril 2017 7 09 /04 /avril /2017 17:01

Heyst (Jack Holt), un écrivain revenu de tout, est parti s'installer dans une île du pacifique, au coeur d'un archipel. Il rencontre lors d'une rare escapade vers la civilisation (en fait une île plus grande) une violoniste (Seena Owen) qui souhaite elle aussi se retirer du monde. Les deux vont donc repartir vers lîle de Heyst, et une tentative de séduction de l'homme par la femme, pas encore revenue de tout contrairement à lui, sera interrompue par une menace inattendue: un hôtelier libidineux (ce n'est pas un rôle de composition, c'est Wallace Beery) qui n'apprécie pas qu'on lui enlève l'objet de tous ses désirs se venge des héros en leur envoyant sous un faux prétexte trois bandits tous plus pervers et répugnants les uns que les autres: L'inquiétant Mr Jones (Ben Deely), Son secrétaire Ricardo (Lon Chaney), et le fort retardé, mais aussi très fort Pedro (Bull Montana).

En profitant au maximum des décors naturels et de la luminosité particulière de cette île sur laquelle un volcan menace en permanence, envoyant durant tout le film des ombres mouvantes sur les protagonistes, Tourneur compose une fois de plus une oeuvre plastiquement superbe, mais laisse le drame éclabousser l'écran: sans compromission, il nous fait assister à deux meurtres, un suggérés, l'autre non, à une tentative de viol pour laquelle il a su prendre le sujet beaucoup plus frontalement que Griffith, en particulier en utilisant l'argument (traité sans complaisance!) de la nudité de Seena Owen sous son paréo. Chaney est, bien sur, très bon, mais en fait parfois un peu trop avec son Ricardo très (Trop?) typé "méchant mexicain". Le salut viendra de là ou l'on ne l'attend pas dans ce film qui dépasse à peine une heure, mais qui est une merveille.

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Published by François Massarelli - dans Muet 1919 Maurice Tourneur Lon Chaney
9 avril 2017 7 09 /04 /avril /2017 16:53

Tourneur et Pickford n’ont fait que deux films ensemble, et Mary Pickford aura parfois tendance à minimiser le premier, Pride of the Clan, en raison probablement du manque de succès ; ces deux films représentent néanmoins une date dans la carrière de l’actrice, qui va ensuite consolider sa position de productrice dans une série de longs métrages, allant jusqu’à prendre son indépendance en co-créant United Artists. Avec le deuxième film, Poor little Rich Girl , Pickford va pour la première fois jouer sans réserves une jeune fille, ce qu’elle refera si souvent, et obtenir un grand succès, aussi bien critique que public. 

Ce film est peut-être la matrice des œuvres futures de l’actrice Mary Pickford, mais il s’agit bel et bien avant tout d’un film de Maurice Tourneur. Il conte les déboires d’une jeune fille riche que ses parents et son environnement ignore, jusqu’au jour ou un accident stupide du à la malignité d’un domestique menace la vie de l’héroïne. S’ensuit un curieux combat autour du lit de la malade, pour lui sauver la vie, combat relayé dans ses rêves par la jeune fille. La partie onirique est bien sur la plus belle du film, dans des décors irréels qui préfigurent le type de décors utilisés par Tourneur et Carré dans The blue bird, mais ici l’enjeu est de taille : la possible mort de la jeune héroïne se profile bien derrière la dernière partie. Le jeu naturaliste et sobre des interprètes, l’élégance des intérieurs, magnifiquement captés par la justesse des composition de Tourneur… Faut-il le rappeler, ces gens connaissaient leur affaire et le faisaient avec goût.

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Published by François Massarelli - dans Muet 1917 Maurice Tourneur Mary Pickford **