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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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9 avril 2017 7 09 /04 /avril /2017 16:49

Pour cette histoire Ecossaise, on trouve Mary Pickford dans un rôle dramatique qu’aurait pu lui confier Griffith : elle est l’unique héritière du chef d’un clan (Récemment noyé lors d’une tempête) sur une île éloignée au large de l’Ecosse, et en tant que telle, elle devra assumer la tâche de mener le clan. Alors qu’elle se prépare à se marier avec l’homme qu’elle aime et qui l’aime depuis l’enfance, la vraie famille de celui-ci arrive et tente d’emporter le jeune homme sur le continent, forçant plus ou moins la jeune femme à renoncer à leur idylle.

Ce petit film qui aurait pu en d’autres mains devenir un navet décoratif va devenir un peu plus grâce à Tourneur et son équipe (Van Der Broek et Andriot sont les chef-opérateurs, les décors sont de ben Carré). Ils composent un décor qui respire moins le folklore que le malaise de ces îles, tel qu’il sera capté par Michael Powell plus tard. Les plans du front de mer, avec tout le clan qui assiste résigné au naufrage du bateau qui ramène les pêcheurs, ont une beauté lourde de sens, avec ces rochers éparpillés, et cette dénivellation inconfortable.

Le film ayant été tourné dans l’est, il se peut que ce soit la côte du Maine, souvent employée pour ce genre de productions. Les personnages sont souvent représentés en silhouettes, un procédé qu’affectionnent Tourneur et son équipe. Le film est un vague mélodrame, amis on appréciera son âpreté : voici, une fois de plus dans cette adolescence du cinéma Américain, un film adulte. Notons toutefois que la fin est sujette à caution, puisque j’ai vu un happy-end, alors que Mitry, dans L’Anthologie du Cinéma, se rappelle avoir vu pour le même film une fin tragique.

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Published by François Massarelli - dans Muet 1917 Maurice Tourneur * Mary Pickford
6 mars 2016 7 06 /03 /mars /2016 17:22

Frank Lloyd, venu d'Angleterre à Hollywood, fait partie des réalisateurs qui ont sans doute le plus compté sur la qualité des oeuvres qu'ils adaptaient... Ici, c'est donc de Dickens qu'il s'agit, et le film, concentré en 8 bobines, commence bien dans la France agitée de la pré-révolution avec la colère du peuple qui gronde (Symbolisée en particulier par une scène que Griffith reproduira dans son Orphans of the storm, qui doit énormément à ce roman de Dickens: la voiture d'un noble roule sur un enfant, et l'aristocrate, surtout ennuyé que l'incident ait probablement abîmé son véhicule, n'a d'autre pensée pour les parents de la victime, que de les dédommager en leur jetant une pièce...); il finit, bien sur, sur l'échafaud avec le sacrifice sublime de Sydney Carton, en compagnie d'une petite couturière résinée à son tragique destin...

William Farnum, la star de la Fox, y interprète le double rôle du Marquis de St-Evremond, le noble enfui en Angleterre qui tente de rattraper les crimes de ses aînés, et de Sydney Carton, avocat alcoolique et déchu. Les deux hommes ne partagent pas que la même apparence, ils aiment aussi la même femme (Jewel Carmen), ce qui précipitera le final. Dickens a bien sur favorisé le roman-feuilleton mélodramatique à souhait, ce que le raccourci proposé par le film rend bien, et on souffre durant les premières 25 minutes, qui accumulent les péripéties et les personnages... Mais il y a là un souffle, un intérêt, qui doivent finalement autant à Dickens qu'à Lloyd, dont le travail est tout à fait correct. Pas révolutionnaire, non: les vraies trouvailles cinématographiques avaient lieu à cette époque chez DeMille ou Tourneur! Mais le film est bien interprété, et les événements bien rendus dans un Paris glorieusement glauque.

A noter: A tale of two cities est le plus ancien des nombreux films de Lloyd qu'on peut consulter à sa guise sur Youtube, dans une copie regardable, C'est notable, même si l'oeuvre de ce franc-tireur assez académique n'est pas forcément la plus fascinante du cinéma Américain.

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Published by François Massarelli - dans Frank Lloyd Muet 1917
28 octobre 2015 3 28 /10 /octobre /2015 08:49

En 1917 et 1928, l'Amérique engagée dans la guerre mondiale recrute ses stars, notamment Douglas Fairbanks et Charles Chaplin, qui galvanisent les foules en chair et en os, en mettant l'accent sur le combat contre la barbarie. Certes, les Allemands s'en prennent plein la figure et le cinéma à cette époque ne se prive absolument pas de sombrer dans le délire anti-germanique, mais on ne peut s'empêcher de pense que de voir ces deux-là prêcher leur message, ça devait sérieusement avoir de l'allure! En France aussi on a sa propagande et le monde du cinéma n'est as en reste... Mères Françaises est donc un film consacré à cette thématique patriotique, et on s'en voudrait presque d'avoir un instant esquissé une comparaison avec les géants du cinéma évoqués plus tôt!

Le film, produit par la petite société Eclipse, est un mélodrame bourgeois qui montre la France à la veille de la guerre, dans un petit village dont nous sont présentés certains habitants. Tout tourne autour de la famille du maire, un brave homme (Il est noble et riche). L'un de ses conseillers municipaux, l'instituteur Guinot, est un doux rêveur: il est pacifiste! il est amoureux de Marie, la jeune fille des Lebrou qui tiennent la ferme des châtelains, mais celle-ci n'a d'yeux que pour le Nonet, un gars de l'assistance qui travaille à la ferme. La guerre va arriver, et décimer tout ça, créant pour tous ceux qui restent une union sacrée, leur permettant d'avaler la mort de leurs hommes: après tout, ils sont morts pour la France, "notre mère à tous". Bref, le film fait joyeusement exploser le déconomètre, en nous montrant en plus de nombreux appels à Jeanne d'Arc, qui n'en a sans doute pas demandé tant: c'est une manie, décidément, d'en appeler à Jeanne d'Arc dans une certaine frange de la vieille France...

Le seul intérêt de ce film (Qui pêche essentiellement par son idéologie nauséabonde et son patriotisme vomitif, car pour le reste c'est un honnête mélo ni superbe ni franchement mal foutu) est sans doute d'être l'un des survivants de la filmographie de Sarah Bernhardt qui confirme par ailleurs ce que les photos de plateau laissent entendre avec leur composition compassée: elle était au cinéma une abominable cabotine de la pire espèce, et est ici, haut la main, la pire des actrices. Les autres, en dépit du sujet propice à des dérapages, sont après tout fort acceptables.

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Published by François Massarelli - dans Muet Première guerre mondiale 1917 **
6 juillet 2015 1 06 /07 /juillet /2015 23:13

Comme pour passer à a vitesse supérieure, Douglas Fairbanks s'attache les services d'Allan Dwan, un vétéran déjà, pourtant encore à l'aube d'une carrière de cinquante années. L'un (Fairbanks) et l'autre (Dwan) avaient semble-t-il un attachement particulier à la personne de D'Artagnan, et un autre de leurs dix films ensemble (Tous muets, sortis de 1916 à 1929) sera d'ailleurs de nouveau consacré au personnage de Dumas: The Iron Mask (1929). Mais en attendant, Douglas Fairbanks est encore dans ce film co-écrit avec Dwan le héros moderne et bondissant de films d'aventures comiques, situées dans l'Amérique contemporaine, les deux hommes vont donc user d'un stratagème pour permettre au comédien, pour une petite partie du film, d'incarner le mousquetaire de légende... Et ce pour servir en réalité une autre cause, qui prend tout son sens en examinant la carrière et la filmographie de l'acteur...

Donc, un prologue nous rappelle l'ardeur, la vivacité et le style de D'artagnan, bien sur interprété par Fairbanks, qui comment un acte chevaleresque (Rendre à une belle dame son mouchoir qu'un bandit lui a volé) en fauchant tout ce qui bouge de son épée adroite. Mais Doug a bien pris soin de s'avancer vers la caméra, pour montrer d'un clin d'oeil complice à ses admirateurs qu'il est bien toujours le même sous l'étonnante moustache, en tout point similaire à celle qu'il fera vraiment pousser à partir de 1921, et gardera jusqu'à la fin de ses jours. A la fin de ce court prologue, le Doug moderne s'avance de nouveau vers la caméra pour effectuer une transition, par un nouveau clin d'oeil. C'est un étrange début, assez en phase avec la structure chaotique de ce long métrage, par ailleurs l'un des meilleurs de cette première période de Fairbanks... en même temps que son plus décousu.

L'intrigue proprement dite démarre par une nouvelle allusion, lorsque Ned Thacker, né sous le double signe de D'Artagnan qu'aimait tant sa maman, et d'un cyclone qui ravageait le Kansas au moment de sa naissance, quitte le domicile familial avec un véhicule offert par son papa. Ultime allusion, la voiture est...jaune. En chemin vers l'Ouest, il rencontre des touristes: Madame Dodge (Kathleen Kirkham), accompagnée de sa fille Elsie (Marjorie Daw) et d'un intrigant multigame qui cherche à accrocher Elsie à son tableau de chasse, Forrest Vandeteer (Eugene Ormonde). Ils font route ensemble vers le Canyon du Colorado, ou ils vont rencontrer des Indiens Hopis, menés par le dangereux Chin-de-Chah (Frank Campeau qui lui aussi, tout comme Ned bien sur, convoite la jolie Elsie. Mais qui, des trois amoureux, l'emportera? A votre avis?

Je mentionnai plus haut une cause qui justifierait l'emploi du personnage de D'artagnan et du Paris de Dumas, mais c'est à mon avis évident que Fairbanks a déjà l'ambition de révolutionner le film d'aventures comme il le fera plus tard avec ses grands films. Le prologue et le thème servent ici de ballon d'essai, tout comme l'élargissement spectaculaire des décors, en passant par le grand Canyon, et la façon dont Dwan et ses chefs-opérateurs utilisent l'arrière-plan, sont la marque d'une ambition, qui passe ensuite, suprême audace, par une liberté de ton, et une liberté de filmer, qui me semble absolue. Le film est superbe, impertinent, et "Fairbanksien" en diable, tout en se situant sans aucune tricherie dans un décor mythologique, avec ses vrais villages Hopis, et ses vrais canyons! L'acteur a su trouver le ton parfait, et signe son premier chef d'oeuvre, voilà tout.

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Published by François Massarelli - dans Muet Douglas Fairbanks 1917 Allan Dwan *
5 juillet 2015 7 05 /07 /juillet /2015 18:43

Le dernier film de l'équipe rassemblée autour de Doug Fairbanks, avec Anita Loos et John Emerson, Victor Fleming à la photo (Assisté de Sam Landers) et Eileen Percy en vedette, Reaching for the moon prouve que désormais Douglas voit grand. Il commence à tenter de faire reculer les limites du cadre qui est le sien: cinq bobines, c'est assez pour des comédies, mais... il voit plus grand, plus loin... Quatre ans plus tard, il sautera le pas comme on le sait, mais pour l'instant il trouve des moyens d'élargir son champ d'action sans pour autant renier les côtés sportifs, modernes et optimistes de ses petites productions...

Alexis Brown est né, de son propre aveu, sous un patronage exigeant: sa mère qu'il n'a jamais connue l'avait en effet prénommé Alexis Caesar Napoleon, en hommage bien sur à deux autocrates bien connus, mais aussi au roi Alexis, de son lointain pays, la Vulgaria. Et Alexis, qui ne s'y est jamais rendu, est persuadé que son destin est lié à ce royaume, où il serait appelé à faire de grandes choses. Il lit en permanence des livres de pseudo-philosophie dont il ne comprend pas le sens, et s'imagine fait pour la grandeur, au grand dam de son amie Elsie, qui l'aime désespérément, mais qui souhaiterait qu'il retombe sur terre, tout comme son patron, d'ailleurs, qui espère que son imagination galopante va un jour servir les destinées de l'entreprise qui l'a embauché. Mais peine perdue: le rêve reste le maître mot d'Alexis, qui va justement se laisser embarquer dans une histoire particulièrement délirante...

L'introduction au film nous montre Doug qui tente de saisir la lune, comme le propose le titre. Au figuré, il s'agit d'une injonction à être ambitieux, et si le film tend à nous montrer que c'est bien joli, mais qu'il fait aussi savoir avoir les pieds sur terre, de fait on sent que Fairbanks se laisse emporter lui aussi par des rêves de grandeur, qui donnent justement au film une certaine classe: la portion qui se passe en Vulgaria a permis à l'équipe de faire construire des décors et de multiplier les costumes des nombreux figurants; désormais, Fairbanks entend bien jouer dans la cou des grands; il filme encore à New York (Dont il nous montre des images tournées en toute liberté), mais se rend aussi en Californie, une partie du film ayant été tournée à Venice. Il ne tardera pas à s'y installer définitivement. Pour finir, Fairbanks gardait un bon souvenir de ce petit film, au point d'en voler le titre pour un de ses films parlant, mais qui semble n'avoir rien en commun avec cette intrigue...

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Published by François Massarelli - dans Muet 1917 Douglas Fairbanks *
5 juillet 2015 7 05 /07 /juillet /2015 11:28

Réalisé dans la foulée de l'exubérant Wild and Woolly, Down to earth part dans une direction nouvelle, tout en se situant clairement dans le genre de comédies qui ont fait la popularité de Douglas Fairbanks: il y reconduit d'ailleurs la même équipe que dans son précédent film, avec Anita Loos, John Emerson, Victor Fleming, et jusqu'à Eileen Percy qui est engagée pour interpréter un rôle totalement différent que celui de Nell qu'elle jouait dans le précédent film. Mais surtout, il s'agit du premier film Californien de Fairbanks, tourné pour une large part à Yosemite National Park. Il ne tardera plus à s'installer définitivement sur la côte ouest pour devenir un membre influent de l'aristocratie Hollywoodienne...

Billy Gaynor (Fairbanks) est un homme aventureux, sportif et doté d'une certaine hygiène de vie rigoureuse et dynamique. Mais depuis sa plus tendre enfance il est amoureux de Ethel Forsythe (Eileen Perry), une jeune femme comme il faut de la bonne société, qui lui préfère un homme de sa classe (Charles K. Gerrard), et va se marier avec lui. Billy parcourt le monde pour oublier la dame de ses pensées pendant que celle-ci plonge la tête la première dans une vie sociale faite de fêtes, de dîners tardifs, d'alcool et de cigarettes qui l'épuisent. Elle doit être soignée pour une dépression carabinée, et Billy vient un jour la voir dans un sanatorium pour riches, tenu par un docteur véreux (Gustav Von Seyffertitz). Rien n'est fait pour y améliorer la santé des patients, et Billy décide de racheter l'établissement et d'emmener les patients en croisière vers une île déserte où il va les forcer à sortir de leur coquille...

Si c'est un film mineur dans la carrière de Fairbanks, il a le mérite d'être original, et probablement très personnel: on sait que l'acteur mettra beaucoup de lui-même dans des films à grand spectacle qui seront toujours marqués par une morale foncièrement optimiste, aussi simpliste que sincère. C'est cet optimisme et ce semblant de bon sens qui me semblent l'emporter dans Down to earth: Billy Gaynor décide d'imposer à ses "patients" une vie radicalement différente de celle qu'ils ont vécu jusqu'à présent. il va les secouer jusqu'à ce qu'ils chagent, en les manipulant s'il le faut. La partie du film consacrée à l'île déserte (Un mensonge, en fait, comme on le verra à la fin du film) montre Douglas Fairbanks régir son petit monde un peu à la façon dont Crichton va prendre le contrôle de ses patrons dans Male and female de Cecil B. DeMille, mais ici, le but n'est pas de survivre, mais il est de montrer à tous, de façon peut-être un peu dictatoriale, le chemin d'une vie saine. Cette obsession de la bonne santé est une préoccupation bien de son époque, dans l'Amérique de 1917, c'est aussi une croyance profonde de Fairbanks.

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Published by François Massarelli - dans Muet 1917 Douglas Fairbanks *
4 juillet 2015 6 04 /07 /juillet /2015 15:44

Un vrai gamin, Jeff Hillington, qui est tellement obsédé par l'Ouest sauvage, du moins celui qu'on découvre dans les romans qu'il lit... Il s'est aménagé dans sa chambre un coin "tente" atour duquel il recrée avec une précision maniaque les conditions de vie d'un cow-boy. Ca irrite forcément son père, qui rêverait volontiers d'un héritier plus convenable pour ses affaires, mais il l'a quand même embauché pour l'assister. Arrive une occasion rêvée: des clients de l'Arizona viennent solliciter une aide financière pour des installations, M. Hillington propose d'y envoyer son fils afin de faire d'une pierre deux coups: venir en aide à ses clients, et... permettre à son fils de découvrir le vrai Ouest moderne. Mais d'une part les habitants du village dans lequel Jeff va se rendre ont l'idée de recréer l'ambiance de l'Ouest mythique, afin de faire une farce au jeune homme, qui est bien sur ravi en arrivant dans une ville de cow-boys plus vraie que nature, et d'autre part une bande de hors-a-loi mijote un coup fumant, et pourraient bien tirer parti de la confusion qui va s'installer avec la venue de Jeff...

Filmé à Fort Lee, New Jersey, Wild and Woolly est l'une des premières productions indépendantes de Fairbanks, qui a quitté la Triangle et travaille désormais pour Artcraft/Paramount. Il a constitué une fine équipe avec laquelle il travaille dans une totale indépendance, et avec une redoutable efficacité: Anita Loos au script, John Emerson à la direction et Victor Fleming fait ses débuts de chef-opérateur à l'aube d'une exceptionnelle carrière. Le film est du pur Fairbanks, empreint d'un enthousiasme enfantin, communicatif et débordant d'énergie positive et de clins d'oeil. On aperçoit, outre la star incontestée qui n'hésite pas à se moquer de son propre enthousiasme débordant , et se représente en pur naïf, Eileen Percy qui joue la belle Nell, l'une des autochtones qui va être chamboulée par l'arrivée de Jeff, ou encore Sam De Grasse en méchant à moustache... Parmi les rôles moins importants, on eut noter Charles Stevens, le petit-fils de Geronimo selon la légende, et qui est le plus souvent de la partie dans les films de Doug. Enfin, Tom Wilson et Monte Blue font eux aussi des apparitions.

Le film ne se prive pas de montrer une image des peuples Indiens (Lâches, pouilleux, et soiffards) qui ne leur fait pas honneur, mais c'est à mon sens dans la lignée de The battle at Elderbush Gulch, de Griffith (L'un de ses pires films à mon avis), et de la littérature de gare que Jeff Hillington lit par brouettes entières... Le film, tourné à une cadence moins rapide que ses prédecesseurs, est aussi plus long: petit à petit, Fairbanks fait son trou dans le cinéma Américain. On ne m'empêchera d'ailleurs pas de penser qu'à sa façon, ce film célèbre le genre même des oeuvres du comédien-producteur, cette capacité à fournir du rêve, quitte à oublier toute vraisemblance. L'ouest rêvé par Jeff est anachronique, et n'a bien sur jamais vraiment existé, mais l'acteur nous montre comment le jeune homme peut, par le simple pouvoir de sa venue, lui donner corps, et donner aux habitants des raisons d'y croire eux-mêmes. On est ici dans une symbolique, dont l"optimisme dépasse largement le champ du western ou du cinéma. Des années avant ses superproductions, Doug Fairbanks donne déjà des leçons de vie qu'on aimerait tellement avoir la possibilité de mettre en pratique!

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Published by François Massarelli - dans Muet 1917 Douglas Fairbanks *
29 mai 2015 5 29 /05 /mai /2015 18:28

Situé entre deux classiques souvent cités dans les histoires du cinéma (Joan the woman et The little American), A Romance of the Redwoods fait, en apparence, partie du cycle de westerns mineurs de DeMille, ces films qui étaient sensés faire bouillir la marmite et garantir une certaine autorité à l’auteur qui souhaitait garder sa marge de manœuvre auprès de son studio. Il y convoque son équipe habituelle; on remarque d’ailleurs la présence des acteurs Raymond Hatton ou Tully Marshall, les Ward Bond de DeMille. S’il est donc moins important que des films contemporains, tels Old wives for new, The whispering chorus ou The Cheat, il n’en est pas moins un film a observer, notamment à cause d’un certain cousinage avec The golden chance, ce qui n’est pas rien…

Après Geraldine Farrar et avant Gloria Swanson et Bebe Daniels, DeMille fait équipe avec Mary Pickford, et la collaboration entre les deux montre bien que l’actrice n’était plus pilotée par le metteur en scène, mais une artiste en charge de son métier, comme Lillian Gish dans les années 20. Elle est époustouflante… Sur un scénario de Jeanie McPherson, A Romance of the redwoods commence par une double intrigue, montrant d’une part une jeune femme de l’Utah rendue seule par un décès, contrainte de partir retrouver un oncle en Californie, et d’autre part un bandit (Elliott Dexter) qui va usurper l’identité d’un chercheur d’or tué par les indiens afin d’échapper à la police; sans surprise, le mort n’est autre que l’oncle, ce qui va précipiter nos deux héros ensemble… Le reste de l’intrigue va se développer dans un premier temps autour de la tension née de la confrontation entre les deux, et de la difficile cohabitation : si les motivations du bandit n’ont pas besoin de développement, la nécessité de survie de Mary Pickford est liée à la présence dans la ville minière d’un bordel, annonciateur d’un possible destin tragique pour la jeune femme; puis la rédemption du bandit, déclenchée par l’amour naissant entre les deux protagonistes, va changer la donne : c’est désormais ce qui va motiver l’action des deux héros, séparément aussi bien qu’ensemble.

Le suspense reste le maître mot de l’œuvre, d’autant que les deux personnages sont splendidement campés; si Pickford l’emporte, c’est qu’elle était déjà une star, mais Dexter (Voir Old Wives for new, dans un registre fort différent), moins identifiable pour le spectateur d’aujourd’hui, est suffisamment convaincant : le spectateur n’a d’autre ressource que de prendre parti pour eux. DeMille et McPherson gardent du western le sens des grands espaces, largement exploités dans la première partie, au cours de laquelle la caméra (Alvin Wyckoff, toujours) prend ses distances, mais dès l’arrivée de Pickford dans la cabane, la tension se construit autour de plans rapprochés et d’un découpage magistral: Le sens de l’économie du metteur en scène est ici particulièrement notable: un gros plan, un seul, de Pickford en plein dilemme, et des plans moyens d’une grande lisibilité. Le souvenir des expériences en clair-obscur et de l’éclairage à la Rembrandt de The Cheat se ressent dans les séquences de la cabane, rendues baroques et inquiétantes par un jeu d’ombres et de lumières parfaitement efficaces.

Enfin, le souvenir de The Golden Chance hante ce film dans lequel la rencontre de deux mondes précipite un certain nombre de protagonistes dans le drame, résolu dans des séquences de suspense, au cours desquelles c’est bien évidemment Mary Pickford qui mène le jeu : elle recourt à un surprenant mensonge en ces temps prudes, surtout dans un film de l’auteur de Manslaughter: pour sauver celui que désormais elle aime d’un lynchage imminent, elle prétend être enceinte de lui. On retient son souffle… Néanmoins, le film est plus détendu que Golden Chance, et tout se finit dans un éclat de rire, point d’orgue pas inapproprié à toutes ces péripéties…

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Published by François Massarelli - dans Muet Cecil B. DeMille 1917 Mary Pickford *
29 mai 2015 5 29 /05 /mai /2015 18:03

Le cinéma muet Américain n’a pas manqué de s’intéresser à la Grande guerre, et DeMille n’a pas été en reste, puisque dès 1916, il intègre à sa Jeanne d’arc (Joan the woman) des séquences contemporaines quasi engagées, dans lesquelles Jeanne galvanise les troupes alliées. Avec la montée des sentiments pro-guerriers aux Etats-Unis, puis l’engagement de la nation aux cotés des Français et des Anglais, le cinéma a suivi, et les films, de propagande (Hearts of the world, Griffith, 1918) ou d’exploitation pure et simple (The kaiser, beast of Berlin, Rupert Julian, 1918) se sont succédé; pourtant on a le sentiment que de tous les films sortis pendant et après la première guerre mondiale, le premier chef d’œuvre sera tardif: The Big Parade (1925) , de King Vidor, reste le premier regard honnête du cinéma Américain sur ce conflit. J’exclus ici Shoulders arms (1918) de Chaplin, un peu léger quoiqu’en dise Sadoul, et Foolish Wives (Stroheim, 1922), qui se situe loin des conflits, mais dans lequel le souvenir de la guerre se retrouve dans tous les plans: c’est bien un chef d’œuvre, mais la guerre n’en est pas le centre. Après le Vidor, d’autres suivront, et le principal mérite de ce film MGM est d’avoir montré comment il fallait montrer la guerre : What price glory (Walsh, 1926), Wings (Wellman, 1927) et All quiet on the western front (Milestone, 1930).

The Little American, sorti en juillet 1917, est évidemment l’un des premiers films sur cette guerre, et le propos est, en dépit de la grandeur du sujet, on ne peut plus léger. Une jeune Américaine tiraillée entre un Français (Raymond Hatton) et un Allemand (Jack Holt), avec un faible pour ce dernier, se rend en France en plein conflit pour une affaire familiale, et tombe dans les filets d’une troupe d’abominables soudards Prussiens (Dont l'inénarrable Walter Long). Elle choisit son camp, et réussit à sauver son officier Prussien qui, de son coté, a pris conscience de la barbarie Allemande et a décidé de tourner sa veste après moult atermoiements. On l’imagine, les symboles plus ou moins lourds abondent (L'héroïne se fait offrir des chocolats aux couleurs du Stars and Stripes), et si il est notable que le jeune premier soit Prussien, les Allemands n’ont pas grand-chose d’ humain, préparant le terrain aux délires de 1918/1919 (Hearts of the world, Hearts of Humanity, etc…) dans lesquels Erich Von Stroheim croquera des petits enfants en violant des soubrettes (Je schématise). Et pourtant, et pourtant, dans ce film de pure propagande, scénarisé avec Jeanie McPherson et prévu pour être plus spectaculaire qu’intimiste, s’opère un miracle: une poésie de tous les instants, un bonheur cinématographique constant s’installent très vite, et emportant le spectateur, à condition que celui-ci soit consentant.

Si vous ne me croyez pas, eh bien c’est le même sentiment qui nous assaillent lorsqu’on regarde un Fairbanks de 1920/1929: Doug, c’est Doug. Eh bien Mary Pickford, c’est pareil! ...ces deux-là étaient décidément faits pour s'entendre: elle prend les rênes tambour battant, et DeMille la laisse faire, et la suit; les péripéties s’enchaînent, et on a droit à tous les morceaux de bravoures que les deux complices Pickford et deMille ont pu nous concocter en 85 minutes; et par moment, on est proche du génie raffiné de The cheat ou The Whispering chorus : le torpillage du Veritania (Le Lusitania était dans toutes les mémoires, mais DeMille a opté pour un changement de nom), par exemple, nous est montré d’abord avec un montage parallèle (La fête sur le bateau, les préparatifs dans le sous-marin, et les plans raccourcissent au fur et à mesure de l’approche de l’instant fatidique) puis, lors du naufrage, avec une débauche de jeux de lumières: le forte de DeMille en ces années de formation, et sa passion personnelle, liée à son amour des tableaux classiques, notamment des Flamands. Le résultat est vraiment beau et la stylisation est totalement appropriée. A d’autres endroits, on se rappelle le don du metteur en scène et de son chef-opérateur (Encore Wyckoff) pour éclairer les scènes de nuit en intérieur de manière à rendre des effets baroques, voire inquiétants: a ce niveau, ils étaient vraiment en avance, et le résultat est toujours réussi dans ce film.

Pour résumer, voici un film totalement distrayant, et qui fait honneur à tous ses participants (dont une toute jeune actrice, pour son deuxième rôle au cinéma, qui joue une domestique du Château de Vangy: Colleeen Moore), même s’il convient de rappeler que nous sommes en 1917, et qu’ils feront tous mieux. Mais je donnerai beaucoup de Joan the Woman pour un seul Little American, et encore plus de Geraldine Farrar pour une toute petite Mary Pickford.... Y’aurait-il du parti-pris ?

 

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6 septembre 2014 6 06 /09 /septembre /2014 17:01

En deux bobines, Badger semble résumer d'une façon très pertinente tout le mélodrame contemporain: un méchant hors-concours (Wallace Beery) est le tuteur à la fois d'une jeune et jolie femme (Gloria Swanson) et de son prétendant (Bobby Vernon, le héros en titre). Il s'acharne à éloigner le garçon pour épouser la fille et mettre la main sur la fortune de la damoiselle... Puis va tout faire pour se débarrasser d'elle lorsqu'il s'avérera qu'elle en sait décidément trop. Attachée à des rails, avec un train qui s'apprête à la scier en deux, Gloria sera-telle sauvée par son bon ami ou par le chien Teddy?

Ce qui nous promet un beau suspense pour la deuxième bobine, avec train, risque de se faire écraser sans pitié, montage parallèle et cascades impeccables. Et je m'en voudrais de ne pas mentionner ce grand moment d'inutilité cosmique, lorsque Bobby Vernon, attaché à un câble invisible (l'acteur, mais pas son personnage), danse de la manière la plus joyeusement crétine qui soit...

...Il me semble que le titre donne la solution, mais peu importe après tout: ce film dynamique à la mise en scène recherchée (Et on sait que badger, qui continuera sa carrière jusqu'à réaliser le fameux It en 1927, n'est pas n'importe qui) tranche de façon tellement évidente sur l'image même qu'on a des films Keystone, qu'on ne peut s'empêcher de penser qu'il inaugure une nouvelle ère pour le studio... Quant à Gloria Swanson et Wallace Beery, ils étaient bien sur tous les deux à l'aube d'une grande carrière. Pas Vernon, le héros en titre, qui sert surtout de faire-valoir dans ce petit film excitant et bien séduisant.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Mack Sennett 1917 **