Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
16 juillet 2019 2 16 /07 /juillet /2019 13:05

Au moment d'aborder ce bien curieux film, il me semble opportun de rappeler que dans les années 50, à cause de situations légales et fiscales bien particulières et dont l'énoncé serait fastidieux, de nombreux studios se sont trouvés dans l'obligation de produire des films à l'étranger, et notamment en Europe. Ca a donné, entre autres, To catch a thief (Alfred Hitchcock, 1955) et Two weeks in another town (Vincente Minnelli, 1962). Mais ce film de Walsh n'est décidément ni l'un, ni l'autre...

Jonathan Tibbs, fils d'une excellente famille britannique, est un incapable notoire: inventeur raté, il n'a jamais été capable de faire quoi que ce soit pour l'entreprise familiale, une très prestigieuse fabrique d'armes à feu. Il va donc devoir accepter une mission, celle d'aller selon sa propre suggestion "là où notre produit se vendra", c'est-à-dire dans l'Ouest Américain, encore à conquérir. C'est donc un quidam fortement décalé qui arrive quelques temps plus tard à Fractured Jaw, un petit patelin où les indiens sont turbulents, les familles ennemies, et le cimetière l'entreprise la plus florissante de la localité... Lui, le pied-tendre ultime, va pourtant y devenir le shérif...

Côté pile, un décalage entre le bourgeois Britannique et les bouseux de l'ouest, propice à la comédie, une vedette féminine en vogue (Jayne Mansfield), un petit monde westernien sur-représenté avec les silhouettes de Bruce Cabot et Henry Hull, des décors Espagnols qui arrivent à peu près à passer pour ce qu'ils ne sont pas. De l'autre, le sentiment que personne n'a pris ce film au sérieux, qui accumule les clichés sans en faire une histoire valable, où le principal gag reste que le héros ne comprend rien quand on lui parle, parce qu'il ignore l'argot. Sauf que quand Jayne Mansfield parle, la pauvre, on en comprend en effet rien du tout. Et si je dois dire qu'elle chante mieux que Marilyn Monroe et Marlene Dietrich réunies (il n'y a aucune difficulté, je sais), c'est bien son seul talent, car elle est nullissime.

Elle n'est pas la seule, en fait: ce film, où l'on convoque les clichés du western pour ne rien leur opposer, et avec son héros irritant au possible, est une tâche malodorante dans la prestigieuse carrière de son metteur en scène. Et je pense qu'il n'a pas attendu la fin du tournage pour s'en apercevoir, d'ailleurs.

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Western Comédie Raoul Walsh
15 juillet 2019 1 15 /07 /juillet /2019 08:34

Bottleneck, une petite ville de l'Ouest, vit sous un régime bien établi: Kent (Brian Donlevy), qui est en partenariat avec Frenchy (Marlene Dietrich), la propriétaire du saloon (le "saloon de la dernière chance..."), escroque les paysans locaux en leur volant leurs terres au poker, et avec la complicité du maire Slade (Samuel S. Hinds)... Quand les escrocs suppriment le shérif ("il est parti, personne ne sait où"), le nouveau shérif, un indécrottable poivrot qui répond au nom particulièrement ouvragé de Washington Dimsdale (Charles Winninger), décide d'une part de ne plus boire, d'autre part de faire appel à un homme qui a sa part de légende: Tom Destry Jr (James Stewart) est en effet le fils du légendaire shérif Destry, qui a nettoyé Tombstone avant de se faire descendre par un lâche. Et il se raconte que le fils aurait lui aussi participé à l'opération, et serait une gâchette de première classe. on va donc faire appel à lui. Quand il arrive, pourtant, les citoyens honnêtes déchantent: ils voient arriver un homme pacifique, gauche, refusant de porter une arme, et respectueux des lois, du moins de leurs apparences. La première confrontation avec Kent et Frenchy va même tourner à l'humiliation pure et simple du nouveau représentant des forces de l'ordre... Pas pour longtemps.

Ce film, il me paraît évident que Morris et Goscinny l'ont vu et s'en sont inspirés à plusieurs reprises. On y collectionne les armes de shérif, dans Lucky Luke ce sera les étoiles trouées, mais ça revient au même! D'ailleurs dès le générique, un parfum de comédie envahit le film, avec une rue dans laquelle il y a tellement de gens saouls, de filles faciles et de cow-boys qui tirent au pistolet dans tous les coins qu'il est difficile de prendre tout ça au sérieux. Le nom du saloon lui-même, le personnage haut en couleurs et décidément baroque de Frenchy, tout concourt à donner au film un parfum parodique... Sauf qu'on est en pleine renaissance westernienne, que c'est seulement dans les mois qui précèdent que le grand retour du genre s'est opéré, à la Paramount (Pacific Express), à la United Artists (Stagecoach), à la Warner (Dodge City, Gold is where you find it) et à la Fox (Jesse James). La MGM suivrait plus tard... Donc si c'est une parodie, elle est faite à chaud par Universal. Peut-être en urgence, aussi, car le film n'est pas à proprement parler un sujet innovant: c'est un remake d'une adaptation de série B (1932, de Benjamin Stoloff avec Tom Mix) d'un roman éprouvé.

Et le film ne s'embarrasse d'ailleurs pas de psychologie, chaque personnage devenant un type posé dès la première seconde de son apparition. C'est assez judicieux d'ailleurs d'avoir confié la mise en scène à Marshall, qui vient de la comédie, et s'il n'a jamais brillé ailleurs de façon notable, dans ce film il fait un excellent boulot: il reste en permanence à hauteur de personnage, justement, et la lisibilité des interventions (je le répète, un coup d'oeil à un personnage, et on sait tout de suite à qui on a à faire, et à quoi s'attendre) est facilité par une galerie de portraits formidable: outre les acteurs mentionnés dans le résumé, on a aussi des participations des seconds rôles pas si courants (en particulier dans le western) que sont Allen Jenkins, Billy Gilbert, Warren Hymer, Jack Carson et surtout, surtout Una Merkel.

J'en profite pour lancer un cri: ici, au moins, Merkel affronte dans un corps-à-corps troublant et sans concessions (je suis sûr qu'elles se mordent) la star féminine (ce qui a pour effet de l'empêcher de chanter, ce qui me réjouit) et use à merveille de son accent du Tennessee, mais quand même quand on pense au talent qu'elle avait, on se demande pourquoi à part Harold Lloyd (The cat's paw) personne ne lui a jamais confié un vrai rôle de premier plan! Elle se rattrape un peu dans le rôle de "Mrs Callahan", une forte femme qui est mariée pour la deuxième fois à Boris (Mischa Auer), un mari tellement complexé et effacé qu'il semble passer derrière le premier mari pourtant décédé. Il en cultive un complexe sérieux...

Au-delà de la comédie, pourtant, Marshall a cultivé quelques ruptures de ton qui remettent l'histoire en ordre, et font avancer tout ça. Le sentimentalisme propre au western, incarné en priorité par James Stewart, a sa place dans Destry rides again... Et dans une scène à la fin, un mouvement de caméra particulièrement bien placé permet à Marshall de signer son film... Un film qui aujourd'hui, sans aucune prétention, avec son air de ne pas y toucher, sa chanteuse qui hélas chante (mais qu'est-ce qu'on lui trouve? je ne comprendrai jamais!), ses figures imposées du western (jeu, saloon, pistolet, prison) et sa comédie joyeuse parfois teintée d'un soupçon d'émotion, acquiert par le simple plaisir qu'il prodigue un statut de classique.

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Western Comédie
8 juillet 2019 1 08 /07 /juillet /2019 07:16

Dans le Montana, en 1866, deux hommes tentent avec difficulté de passer un col enneigé, avec leurs chevaux; ils peinent, et pour cause: l'environnement les change de leur Texas d'origine... Ce sont les frères Allison (Ben, Clark Gable et Clint, Cameron Mitchell) , deux anciens confédérés qui ont quitté le Sud pour changer de vie, et passer à autre chose... et accessoirement se rapprocher de mines d'or. Ils enlèvent un éleveur et notable, Nathan Stark (Robert Ryan), après avoir tenté de lui soutirer de l'argent, mais pendant qu'ils trouvent refuge dans une cabane, il les convainc de s'associer avec lui, car il a besoin d'aide pour une grosse affaire: ramener un troupeau géant pour le vendre dans le Montana. En chemin, ils vont venir en aide à une jeune femme, unique rescapée d'une attaque d'Indiens: Nella Turner (Jane Russell) a vécu, elle est habituée à vivre à la dure, et le coup de foudre avec Ben Allison est réciproque. Sauf que lui a tendance à se contenter de ce qu'il a, et elle souhaiterait s'élever un peu... Après une nuit partagée par les deux, ils vont se fâcher, et Nella va trouver refuge auprès de Stark...

C'est un western modèle, épique et totalement satisfaisant, où Walsh retrouve le souffle narratif de The big trail (Dont il reprend d'ailleurs certains épisodes, dont le difficile passage des chariots à flanc de montagne), les grands espaces aussi... Et il livre une fois de plus une méditation sur l'homme Américain, un peu revenu toutefois, non seulement du romantisme Sudiste, même si les frères Allison sont bien deux héros positifs qui en participant à la cause confédérée, ont tout perdu, mais aussi du mythe de la destinée manifeste... Nella Turner, personnage complexe et riche, interprétée avec verve par Jane Russell, se retrouve face à trois hommes qui représentent à eux seuls une sorte d'état des lieux du western...

Nathan Stark, l'ambitieux et riche notable, représente l'homme qui a oublié sa part de nature, et se jette corps et biens dans les causes douteuses. Il est riche, certes, il a de l'influence, mais est-il un "tall man", un homme d'envergure tel que le rêve Nella? Il a tellement oublié son humanité qu'il parle de la jeune femme comme d'une possession. Clint Allison est lui beaucoup plus 'nature'; un peu trop en fait. Il boit, a la gâchette facile, ne souhaite pas avoir d'attaches, et possède quand même de sérieuses qualités de scout. Ce qui lui coûtera la vie... Il est le prototype même du cow-boy sans avenir. Enfin, Ben, un homme qui a eu des causes lui aussi, et ne les a pas oubliées, même si son pragmatisme lui docte de ne pas s'acharner. Il se présente, à deux reprises, comme un quart Comanche, et est au plus près de la nature. Il est dur, mais a son propre code d'honneur... C'est bien sûr lui, l'idéal de Nella, mais il faudra qu'elle abandonne ses rêves de grandeur pour pouvoir l'accepter...

Et toute cette histoire est contée avec grandeur par Raoul Walsh, dans un Cinémascope de luxe (Raoul Walsh, ne l'oublions pas, est un ds pionniers de l'écran large, et sait parfaitement composer ses plans en fonction du dispositif du Cinemascope) et  un Technicolor aux belles teintes bien plus réalistes que d'habitude. La palette choisie n'est pas rutilante, elle est juste. Des monts enneigés du Montana (des images qui ne trichent absolument pas) au convoyage de milliers de vaches dans les plaines arides du Texas, de bivouac en embuscade d'Indiens, Walsh nous donne à voir un des derniers westerns classiques et épiques, avant les remises en cause des années 60, sans jamais perdre en crédibilité. Lui qui a toujours affiché avec insistance une sympathie pour la cause Sudiste (pas l'esclavage, l'indépendance des états), nous montre surtout comment les hommes avancent et comment l'Ouest aurait pu être à la fois conquis et préservé, avec des hommes comme Ben Allison: un homme d'envergure.

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Western Raoul Walsh
2 juillet 2019 2 02 /07 /juillet /2019 15:49

Je suppose que ça ne surprendra personne, mais ce film se passe au Canada, dans le Saskatchewan justement. Sous de majestueux sommets enneigés, au bord de lacs sublimes, c'est le drame de tout un pays qui se joue: alors que les Sioux viennent de réussir un pari impossible aux Etats-Unis, à savoir soulever plusieurs nations Indiennes pour mettre une copieuse pâtée à Custer, ils ont l'idée de recommencer au Canada, et tentent de rallier la nation Cree à leur cause. Mais ceux-ci, qui vivent en paix, ne souhaitent pas se retourner contre les gens de la police montée, les "tuniques rouges", qui jusqu'à présent les ont laissés libres et armés, pour pouvoir chasser ou se défendre...

Tout est dans le "jusqu'à présent": alarmés par la présence signalée de Sioux du côté Canadien, les Mounties reçoivent l'ordre de désarmer les Crees; du coup, ceux-ci envisagent de rejoindre les Sioux dans leur folie meurtrière, ce qui risque de porter un coup fatal à l'amitié entre l'inspecteur de la police montée Tom O'Rourke (Allan Ladd) et son frère d'adoption, le Cree Cajou (Jay Silverheels)...

A cette intrigue, vient se greffer l'aventure de Grace Markey (Shelley Winters), une fuyarde Américaine, recherchée pour un meurtre dont elle est en fait innocente. Tout ce petit monde va donc jouer à cache-cache avec les Indiens, remonter les rivières, bivouaquer, subir les ordres idiots d'officiers ignorants, et ne jamais quitter l'ombre majestueuse des superbes montagnes citées plus haut...

C'est un film qui vaut, je regrette de le dire, surtout pour son côté décoratif: il en faut! Mais soyons juste: il manque de grandeur, et je parle en fonction du fait que Raoul Walsh est le réalisateur de The big trail et de Objective Burma. On retrouve un peu de l'enjeu de ce dernier film dans la fuite compliquée des mounties et leur jeu de cache-cache avec les Indiens, mais sans l'urgence et l'horreur sous-jacente du destin des soldats du film initial. Une autre chose qui manque, est le rapport de l'homme à la nature, un thème qui reviendra heureusement à Raoul Walsh d'ici peu, tant il est vrai que depuis Distant Drums, on a l'impression que les films se succèdent à un rythme effréné, mais que le coeur du vétéran Walsh n'y est plus... Restent, je le répète, d'admirables paysages... Que voulez-vous, les lacs, les montagnes... On ne s'en lasse pas!

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Raoul Walsh Western
1 juillet 2019 1 01 /07 /juillet /2019 09:14

Le titre annonce tout de suite la couleur... Gun fury est un (petit) western avec lequel la Columbia cherche à rattraper le train de la 3D, une technique qui ne durera qu'un temps, et dans laquelle Warner restera sans doute le leader. Walsh n'a pas grand chose à faire du procédé, et s'en débarrasse en proposant deux ou trois plans spécifiques: un crotale qui bondit vers la caméra, un bandit qui jette un couteau, puis une pierre. Pas de quoi fouetter un chat, et de l'esbroufe indigne du metteur en scène... Qui a trouvé son intérêt ailleurs.

En Arizona, quelques années après la fin de la guerre civile. Dans une diligence, les passagers devisent... Parmi eux, une jeune femme d'origine Sudiste, Jennifer (Donna Reed) vient rejoindre son fiancé avec lequel elle doit se marier quelques jours plus tard. D'autres hommes, Sudistes également, engagent la conversation avec elle, dont Slayton, un ancien officier (Philip Carey); arrivés à une étape, les voyageurs retrouvent Ben (Rock Hudson), le fiancé de la jeune femme. Une conversation entre Slayton et Ben tourne à l'évidence: les deux hommes ont eu l'impression de perdre beaucoup avec la guerre, mais l'un d'entre eux, Ben, en a conclu qu'il fallait voir ailleurs et ne rêve que de paix et de tranquillité, alors que l'autre, Slayton, a un désir de vengeance, et de prolonger la guerre... Quand la diligence repart, Slayton et Jess, son compagnon de voyage (Leo Gordon), se retournent contre les passagers et les conducteurs, et volent l'or qu'elle contient. Ils emmènent aussi Jessica, à l'insistance de Slayton... Une poursuite s'engage...

Les deux choses qui ont motivé Walsh dans ce film, manifestement, sont l'envie de faire un film où tout ne serait qu'action et mouvement, d'une part et d'autre part une certaine forme de méditation romanesque inattendue sur le devenir du Sud et sa trace dans l'aventure de l'Ouest... A des degrés divers, Donna Reed, Rock Hudson et Philip Carey interprètent tous un éléments du puzzle.

Faire un film sans temps morts, c'est une des spécialités de Walsh, et il s'y emploie ici avec abnégation. C'est donc très court, 83 minutes, ce qui arrange tout le monde car à cette époque hautement expérimentale, les promoteurs de la 3D ne voulaient pas prendre de risque et proposaient des programmes assez courts, ou, comme Dial M for murder, dotés d'entr'actes afin de reposer les yeux des spectateurs. Mais si Walsh n'a aucun mal à faire un film qui bouge tout le temps, il perd en substance sur la distance, et le film peine à briller dans l'ensemble de sa production... On pourra au moins se réjouir de voir Walsh s'amuser à son tour dans Monument Valley, et saupoudrer son film d'allusions à d'autres de ses westerns: un peu The Lawless Breed (Dans la diligence, les voyageurs devisent sur les hors-la-loi qui se sont récemment distingués, et parlent de Wes Hardin), et beaucoup In old Arizona (Les décors, mais aussi l'idylle passée entre Slayton et une jeune femme Mexicaine, qui vit dans une cabane et attend en permanence son retour)...

Le romantisme Sudiste a souvent plus attiré les cinéastes que les visions Nordistes. C'est dommage, mais ça va souvent avec le western... Ici, on a donc trois personnages qui représentent, chacun d'entre eux, un aspect du Sud: Jennifer est une "Southern belle", une de ces femmes élevées dans la tradition d'une sorte d'élite, et qui étaient plus ou moins intouchables. Sans surprise, elle va en baver, puisque Slayton, dans sa folie de possession de la jeune femme, ira jusqu'au viol! Le bandit est étonnant, dans la mesure où Walsh en a presque fait un personnage de premier plan, un jusqu'au-boutiste qui accumule les cadavres autour de lui, dans une fuite en avant qui confine à l'escalade meurtrière pure et simple. Il se conforme à l'image des Jayhawkers, ces soldats sudistes qui refusaient l'armistice et continuaient "leur" guerre dans l'illégalité en allant jusqu'à devenir des bandits. Ils ont bien sûr, pour beaucoup d'entre eux, émigré vers le Sud-Ouest, pour y semer la terreur, et profiter de la porosité de la frontière. Enfin, Rock Hudson qui revient une troisième fois travailler avec Walsh incarne une certain esprit pionnier des Sudistes venus trouver une nouvelle vie et repartir à zéro dans l'ouest. Il aspire à la paix, mais va être obligé par les circonstances à reprendre les armes...

Voilà qui fait au moins un film distrayant, et dans lequel les hommes et les femmes se définissent dans l'action. Un film à demi achevé, mi-programme de complément, mi-western symbolique. C'est peu, mais on s'en contentera...

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Raoul Walsh Western
27 juin 2019 4 27 /06 /juin /2019 11:37

1896: John Wesley Hardin (Rock Hudson) sort de prison, et sa première visite sera pour le journal local: il y dépose son histoire, celle d'un hors-la-loi paradoxal, et le rédacteur en chef entame de suite la lecture qui s'avère passionnante: on y apprend comment Hardin, à peine sorti de chez son père qui l'a élevé à la dure, a tué un homme durant une partie de poker, mais en légitime défense... Pourchassé pour un crime qu'il estime ne pas en être un, désireux de s'affranchir de la conception morale rigoriste de son père, Hardin a aussi deux femmes dans sa vie: la gentille Jane Brown (Mary Castle), sage et réfugiée sous l'aile protectrice mais sévère du pasteur Hardin le père de Wes, et Rosie la fille de saloon (Julia Adams), qui sait très bien qu'elle vient après Jane dans le coeur du fougueux outlaw, mais ça ne l'empêche pas d'espérer... de jeu en évasion, de fusillade en poursuite, John Wesley Hardin tente d'échapper à une loi à laquelle il ne croit plus...

On se rappelle de George Custer: pas le vrai, celui que Walsh a concocté avec Errol Flynn; un maverick, un homme sans scrupules qui cherchait à compter quand même dans l'écriture de l'histoire des Etats-Unis. A sa façon, le John Wesley Hardin de Walsh, héros populaire dont on nous dit et on nous répète que certes il a tué des hommes, mais c'était lui ou eux, est un personnage totalement Walshien, un homme qui se définit par son action d'abord, mais qui paiera quand même sa dette à la société. Certes, c'est un peu manichéen, d'autant qu'à chaque choix, Hardin se retrouve confronté uniquement à l'adversité: la blonde ou la brune? la loi "divine" et forcément trop stricte de Papa Hardin, ou la loi aveugle de l'Ouest en devenir?

Mais Walsh maintient, après quelques films un peu trop lâches, une sorte de rigueur morale autour du personnage de Wes Hardin, auquel Rock Hudson et son manque total de flamboyance finissent par donner le meilleur des visages: un homme simple, aspirant au bonheur, mais sûr de son bon droit... Tout en étant soumis dans une évolution salutaire au doute de l'âge adulte. Et le doute ici est apporté par l'amour d'une femme, interprétée avec intelligence par Julia (Future Julie) Adams, elle aussi une créature totalement Walshienne. Il y a, dans l'amour entre Rosie et Wes, une série de réminiscences formidables, on y retrouve le couple Lupino-Bogart de Hugh Sierra, ou encore Virginia Mayo et Joel McCrea dans son remake Colorado Territory; on pourrait aller jusqu'à tenter une comparaison avec Gloria Swanson et Raoul Walsh lui-même qui lui donnait la réplique (muette) dans Sadie Thomson, et constater que le metteur en scène à la réputation d'indicible macho se laisse ici aller à une représentation d'amour fou assez inattendue. Rien que pour ça, ces 83 minutes en Technicolor de western impeccable valent le détour!

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Western Raoul Walsh
22 juin 2019 6 22 /06 /juin /2019 10:08

Un bandit redoutable arrive dans une petite localité pour y dépenser le butin de son dernier méfait, mais il y découvre une belle chanteuse, et décide de la kidnapper. Poursuivi par un "posse", il va se retrouver confronté au justicier... Droopy.

C'est un classique, qui mélange certains aspects de The shooting of Dan McGoo (le numéro de la chanteuse face à un loup totalement excité qui fait rigoureusement n'importe quoi) avec une série de gags nouveaux qui sont autant de variations sur le western, un style que Tex Avery cette fois explore avec d'autant plus de bonheur qu'il le situe dans un paysage aride proche de son Texas natal...

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Western Tex Avery Animation
21 juin 2019 5 21 /06 /juin /2019 15:09

Mann, Jame Stewart, Borden Chase: un western qui naît, comme Winchester 73 de glorieuse mémoire, de l'alliance de trois bonnes fées qui travaillaient très bien ensemble. Le film est une épure, en même temps qu'une des premières incursions de Mann dans la beauté picturale particulière du Technicolor; le tout donne un western formidable, qui se place comme souvent avec cette équipe, sur le terrain miné de la morale face à l'esprit de la Frontière, incarné non seulement par James Stewart, mais aussi par Arthur Kennedy dans ce qui est peut-être son meilleur rôle.

Glyn McLintock, un aventurier en quête d'une nouvelle vie, accompagne un groupe de pionniers vers leur terre promise, et doit pour cela les guider dans le territoire hostile et changeant de l'Oregon. En chemin, il sauve un "collègue" de la pendaison, et celui-ci va les accompagner vers leur but, devenant un allié souvent précieux en raison de sa maîtrise des armes, mais aussi un homme dangereux par le fait que contrairement à Glyn, il n'a pas lui pris la décision de changer...

Une famille soumise aux dangers, un protecteur valeureux, un allié ambigu... Tout ce passe comme si cette montagne géante qu'on aperçoit dans un plan sur deux (et que dans des séquences hautes en danger et d'une beauté hallucinante, il va falloir grimper ou contourner) était justement là pour représenter une image marmoréenne de la justice ou de la morale: car c'est de ça qu'il s'agit: le camp du bien, avec les pionniers et le progrès communautaire et altruiste, ou le camp du mal, avec les aventures au jour le jour, la spéculation, l'alcool, le vol, le meurtre et le jeu; la menace des la prostitution sur une femme seule, l'attrait du bandit, la façon dont un homme peut être un ami un jour et un ennemi le lendemain, Mann nous rend tout ceci palpable en particulier grâce à l'équipe de choc formée par Kennedy et Stewart, qui sont géniaux.

Il n'y aura pas une minute de répit dans ce film qui incarne à lui seul toute la beauté et le classicisme des westerns de Mann: superbe, à voir absolument!

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Western Anthony Mann
21 juin 2019 5 21 /06 /juin /2019 11:38

Revenant deux années plus tard au personnage de Droopy qu'il avait créé pour Dumb-hounded, dans lequel le héros paradoxal se démultipliait pour rendre la fuite impossible à un bagnard évadé, Tex Avery rend une fois de plus hommage à un aspect du western, mais cette fois sur le versant Nord Ouest: ce film se passe en effet en Alaska, et se paie le luxe de ne pas vraiment développer une intrigue: en effet, à l'instar de son "pre-make" (Dangerous Dan McFoo à la Warner), The shooting of Dan McGoo ne raconte pas autre chose que l'arrivée d'un bandit, son installation dans un saloon, sa rivalité avec le héros et une bagarre... 

Mais évidemment, tout est une fois de plus dans la manière de le raconter: en détournant les codes du western (la table des tricheurs), en jouant sur les formes (la voiture étonnamment longue), sur le quatrième mur ("what corny dialogue") , et en ajoutant une petite touche de tradition, avec une chanson interprétée par une pin-up devant un loup conquis et chauffé à blanc... Bref, un classique, dans lequel les verres et les barmen jouent avec les lois de la physique, et Avery avec la censure tatillonne.

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Western Tex Avery Animation
16 juin 2019 7 16 /06 /juin /2019 11:08

On va le dire tout de suite, ce film est un remake de Objective Burma, mais transposé dans l'Amérique de 1840, il nous raconte un épisode probablement glorieusement faux de la guerre contre les Seminoles, une peuplade Indienne qui refusait la re-localisation que le gouvernement des Etats-Unis imposait aux tribus locales à chaque fois qu'on remodelait les cartes... C'est le futur président Zachary Taylor qui était à la manoeuvre lors des événements racontés dans le film, mais le militaire en charge des troupes dans le film, qui doivent rejoindre comme Errol Flynn et ses hommes dans le film de 1945, un point de ralliement mais risquent de se faire massacrer à tous moments, est le capitaine Quincy Wyatt (Gary Cooper), qui connaît bien la région de Floride où l'action se passe, puisqu'il y habite...

Côté pile, c'est un spectacle en Technicolor, débarrassé du message d'urgence du premier film tourné alors que la guerre du Pacifique continuait. Ici, c'est le plaisir qui est visé, celui du spectateur bien sûr auquel on offre des aventures dépaysantes, romancées, et vaguement crédibles. Wyatt est un personnage ombrageux mais valeureux, miné par la mort de son épouse Creek (oui, c'est un homme doté d'une ouverture d'esprit importante), et qui élève son fils, un tout petit Indien, à la dure mais avec amour. On lui a flanqué un "love-interest" assez bidon, en la personne de Mari Alden, qui n'est absolument pas Virginia Mayo... Et les notations sur la vie entre garçons dans la jungle, disparaissent au profit d'un côté boy-scout distrayant...

Mais côté face, ça reste un film mineur, distrayant certes, mais surtout réduit à ses passages obligés. Maintenant une vision de ce film à un âge tendre m'a sans doute donné envie de vivre ce genre d'aventures lacustres et aquatiques, mais je ne suis pas un grand fan de l'opportunité de me faire bouffer par un caïman... Bref: si ce presque western (pas de chevaux, et une action située fermement à l'Est) est plaisant, il confirme que Walsh commence à tourner en rond à la Warner à cette époque...

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Raoul Walsh Western