Au moment d'aborder ce bien curieux film, il me semble opportun de rappeler que dans les années 50, à cause de situations légales et fiscales bien particulières et dont l'énoncé serait fastidieux, de nombreux studios se sont trouvés dans l'obligation de produire des films à l'étranger, et notamment en Europe. Ca a donné, entre autres, To catch a thief (Alfred Hitchcock, 1955) et Two weeks in another town (Vincente Minnelli, 1962). Mais ce film de Walsh n'est décidément ni l'un, ni l'autre...
Jonathan Tibbs, fils d'une excellente famille britannique, est un incapable notoire: inventeur raté, il n'a jamais été capable de faire quoi que ce soit pour l'entreprise familiale, une très prestigieuse fabrique d'armes à feu. Il va donc devoir accepter une mission, celle d'aller selon sa propre suggestion "là où notre produit se vendra", c'est-à-dire dans l'Ouest Américain, encore à conquérir. C'est donc un quidam fortement décalé qui arrive quelques temps plus tard à Fractured Jaw, un petit patelin où les indiens sont turbulents, les familles ennemies, et le cimetière l'entreprise la plus florissante de la localité... Lui, le pied-tendre ultime, va pourtant y devenir le shérif...
Côté pile, un décalage entre le bourgeois Britannique et les bouseux de l'ouest, propice à la comédie, une vedette féminine en vogue (Jayne Mansfield), un petit monde westernien sur-représenté avec les silhouettes de Bruce Cabot et Henry Hull, des décors Espagnols qui arrivent à peu près à passer pour ce qu'ils ne sont pas. De l'autre, le sentiment que personne n'a pris ce film au sérieux, qui accumule les clichés sans en faire une histoire valable, où le principal gag reste que le héros ne comprend rien quand on lui parle, parce qu'il ignore l'argot. Sauf que quand Jayne Mansfield parle, la pauvre, on en comprend en effet rien du tout. Et si je dois dire qu'elle chante mieux que Marilyn Monroe et Marlene Dietrich réunies (il n'y a aucune difficulté, je sais), c'est bien son seul talent, car elle est nullissime.
Elle n'est pas la seule, en fait: ce film, où l'on convoque les clichés du western pour ne rien leur opposer, et avec son héros irritant au possible, est une tâche malodorante dans la prestigieuse carrière de son metteur en scène. Et je pense qu'il n'a pas attendu la fin du tournage pour s'en apercevoir, d'ailleurs.