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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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19 mai 2011 4 19 /05 /mai /2011 08:15

Cruze, oublié aujourd'hui, a réalisé au moins un film important, The Covered Wagon. On peut estimer qu'une large part de ce que va être le western vient en effet de ce long métrage spectaculaire. Il ne faut pas s'étonner de trouver les mêmes ambitions dans un film comme Old ironsides, qui entremêle l'histoire sublimée par le patriotisme, l'anecdote épique et les histoires privées de quelques personnages.

Les horizons maritimes sont, si j'ose dire dans l'air durant les années 20, représentant un défi pour les cinéastes, ce que confirment beaucoup de films, classiques (The sea hawk, 1924, de Frank Lloyd, The black pirate, 1926, de Albert Parker avec Douglas Fairbanks), ou moins (The Viking, de Roy William Neill). toute personne qui a vu également le très beau Ben Hur (1925) de Fred Niblo doit avoir en tête les spectaculaires scènes de combat maritime. L'objectif premier d'un film comme celui-ci est avant tout de participer à cette compétition stimulante, et c'est bien sur ce que recherche la Paramount. Mais Cruze, qui vient après Frank Lloyd (The Sea Hawk), a sur ce dernier des avantages: d'une part, il parle d'histoire là ou le film de Lloyd jouait sur une invention romantique. Ensuite, Cruze a donné le tout pour le tout en livrant une mise en scène énergique, volontariste et en obtenant de ses acteurs des performances qui vont également dans cette direction.

Charles Farrell est un jeune homme naïf qui veut s'engager sur la frégate Constitution (Surnommée Old Ironsides), afin de participer à la lutte contre les pirates qui infestent la méditerranée. Il en va de l'avenir du commerce et de la jeune République des Etats-Unis... mais un Wallace Beery très roublard qui cherche des marins pour son bateau (L'Esther) va lui tendre un piège, ainsi qu'à un canonnier interprété par George Bancroft. Esther Ralston interprète quant à elle une passagère du bateau, qui va très vite tomber amoureuse de Farrell, et réciproquement.

 

Farrell ne sera une star qu'après ce film. pour l'instant, tout s'est passé comme si les studios ne savaient pas quoi faire de ce grand gaillard gauche. mais Cruze lui donne un emploi qui lui convient: fragile, indécis, sachant exprimer l'incertitude de l'amour de façon physique, et faire passer la soudaine maîtrise de son corps, sans que ça ait l'air plaqué, Farrell développe déjà avec ce film un personnage dont Borzage, Murnau ou Hawks saurant se souvenir à la Fox. Face à Esther Ralston, dans la fameuse scène de séduction durant laquelle la jeune femme laisse le vent dessiner avec précision les contours de sa silhouette, il est irrésistible. il n'est pas le seul, remarquez. La présence de Bancroft et de Beery, lui-même au générique de The Sea Hawk, aussi, permet de compenser en picaresque et en bourru le coté hésitant assumé de la vedette, un peu comme Ford met la même année George O'Brien un peu en retrait par rapport à l'action de Three bad men, incarnée par les vieux briscards Tom Sanstchi, J. Farrell McDonald et Frank Campeau...

Un film comme celui-ci nous rappelle opportunément que le cinéma muet était en 1926 à son zénith. Le soin apporté à une telle production était énorme, et le cinéma parlant accusera le coup avant de pouvoir reprendre le chemin du spectaculaire! Un film à ranger dans la même catégorie que Wings ou The big parade, avec une réserve quand même: le message ici, s'il y en a un, est surtout de donner du grand, du beau spectacle. Comme avec The covered wagon, on est un peu dans la commémoration figée d'actes fondateurs, et l'histoire privée des amours de ces tourtereaux n'est que la jolie cerise sur le beau gâteau...

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Published by françois Massarelli - dans Muet 1926 James Cruze **
27 avril 2011 3 27 /04 /avril /2011 18:44

Voilà un film qu'on aimerait découvrir comme la première fois, avec toutes ses merveilles, sa construction parfaite, sa production certes dispendieuse mais dont l'effet se voit sur l'écran: bref, un chef d'oeuvre. Non seulement d'un metteur en scène, mais plus, d'un genre: je pense sincèrement que cette comédie supplante toutes les autres. Et pour bien des gens, si on en croit le Top 10 établi sur le site Silent Era.com, c'est tout bonnement leur film muet favori, devant Metropolis, Sunrise et City lights... (http://www.silentera.com/) Et bien sur, comme il se doit, au moment de sa sortie, ce film a été un flop.

The general, ça nous rappelle bien sur The Navigator: adepte de titres courts et directs, Keaton était aussi un passionné de systèmes mécaniques, et par là-même de véhicules. On a bien sur vu cette petite manie à l'oeuvre dans ses courts, mais ses longs métrages se sont signalés par leur degré de sérieux, du moins en matières de mécanique: aussi bien Our hospitality que The Navigator voient Keaton utiliser des machines pré-existantes ou reconstruites avec le sceau de l'authenticité. The General ne fera pas exception à la règle, mais Keaton ne limite pas cet aspect à sa locomotive dans ce film à la reconstruction scrupuleuse... 

Johnnie Gray, conducteur de locomotives, habite à Marietta, Georgie, au moment de la cannonade sur Fort Sumter, la provocation du Nord pour pousser les Etats du Sud à leur déclarer la guerre. Il se doit, pour conserver l'estime de sa petite amie (Marion Mack) et de  sa famille, de s'engager. Seulement son métier le rend plus utile en civil, et il ne peut donc pas devenir soldat, passant ainsi pour un lâche. Mais un événement va survenir, qui va tout changer: une dizaine d'espions Nordistes s'introduisent à Marietta et lui volent sa locomotive... avec sa fiancée dedans. Le sang de Johnnie ne fait qu'un tour, et il se lance dans une épopée personnelle, afin de récupérer le tout, seul contre l'armée Nordiste.

La ville de Marietta, les paysages de sous-bois dans lesquels la locomotive avance, mais aussi le pont de Rock River, tout le film possède une qualité de reconstitution franchement rare dans le cinéma muet. Et Keaton pousse le vice jusqu'à imposer des coiffures authentiques (Il suffit de comparer avec par exemple Gone with the wind, et avec les photos d'époque pour s'en convaincre), et une certaine tendance scrupuleuse au niveau vestimentaire, pas seulement pour les robes de ces dames. La belle tenue visuelle s'accompagne de deux autres exigences: d'une part, à l'instar de cet officier Nordiste qui s'aventure à Marietta, après avoir étudié les lignes de chemin de fer qu'il connait désormais comme sa poche, Keaton va nous conter son périple ferroviaire avec une incroyable lisibilité, détaillant la poursuite en utilisant le montage et la variété des plans pour montrer au public la géographie particulière dans laquelle il évolue. D'autre part, il va faire en sorte de demander à ses chefs-opérateurs (Au nombre de trois: J. Devereaux Jennings, Bert Haines et Elmer Ellsworth) et à son éclairagiste Denver Harmon un travail particulièrement pointu sur la lumière, et le résultat est splendide: les scènes durant lesquelles Johnnie Gray délivre sa belle, situées la nuit et en plein orage, sont superbes. Et une scène de sous bois, magnifiquement éclairé pendant la bataille, est du plus bel effet. Tout dans ce film est beau à voir... 

Et puis il y a l'incident de Rock River Bridge, bien sur, amené avec un savoir-faire impressionnant par le cinéaste: les deux héros rentrent chez eux, en locomotive, poursuivis par deux trains Nordistes, et alors que les troupes de L'union se déplacent en masse vers Marietta. Le dernier rempart: un pont, sur une rivière domptée par un barrage. Après leur passage, Keaton et Mack incendient le pont, qui ne tient plus qu'à un fil. Les soldats du Nord continuent à affluer, augmentant le suspense. Les deux jeunes gens arrivent à temps en ville, préviennent les gens, et les soldats du Sud se précipitent vers la rivière. A ce moment, la cavalerie et l'infanterie Nordiste commencent leur traversée par un gué, pendant qu'une locomotive s'engage sur le pont... qui cède, le tout dans un plan hallucinant et non truqué. par la suite, cerise sur le gâteau, un obus tombera sur le barrage et achèvera de semer la pagaille dans les troupes nordistes. Il faut le voir pour le croire, ces plans sont toujours aussi efficaces... 

Au sujet de ce film, on peut s'interroger bien sur sur les sympathies Sudistes de Keaton, mais elles sont romantiques avant tout. Dans ce film, ce n'est pas le Sud Esclavagiste qui est représenté, c'est le sud souverain attaqué par le Nord: la principale motivation de la guerre pour bien des Sudistes fut le respect de l'état, et Keaton ne dira pas autre chose, revenant au folklore Sudiste dans l'hilarante pièce de théâtre représentée dans Spite Marriage en 1929. On retrouve des traces de cette sympathie sudiste chez Walsh, qui se fait un honneur de jouer John Wilkes Booth, l'assassin de Lincoln, dans Birth of a nation, ou représente avec Band of angels un Sud humaniste qui laisse une chance à ses esclaves; on les retrouve aussi chez Ford, sans parler bien sur de Gone with the wind... 

L'auteur? Keaton, bien sûr. il est temps de reparler de ce serpent de mer: qui est le véritable auteur des films avec Keaton réalisés entre 1920 et 1929? Certains, la plupart en fait, sont crédités à Keaton "et...", que ce soit Eddie Cline (Soit un collaborateur sous contrat en même temps qu'un collègue proche) ou Donald crisp (Un metteur en scène free-lance recruté pour l'occasion); d'autres sont bien sur crédités à Keaton seul, d'autres enfin sont crédités à d'autres metteurs en scène, sans aucune mention de Keaton. Mais l'unité derrière ces films, la volonté derrière ces oeuvres, ne font aucun doute. on y reviendra, puisque après l'insuccès de ce film, Joe Schenck demandera prudemment à Buster de renoncer à son crédit à l'avenir, afin de ne pas effaroucher leurs nouveaux commanditaires, qui craignent que les dépenses délirantes comparables à celles engagées sur The General ne pèsent de nouveau sur le budget. Keaton obéira, mais il en ira des quatre films suivants comme de celui-ci: qui oserait imaginer que tout le luxe génial et la qualité de la reconstitution de ce film puissent incomber à Clyde Bruckman? Le metteur en scène, gagman génial et bientôt employé chez Hal Roach, n'est ici que l'assistant de Keaton, point final.

Voilà, le film le plus beau de son auteur, l'une des fictions les plus belles sur la guerre de sécession, une comédie exceptionnelle, un sommet de suspense et de dynamisme, The General est tout cela et bien plus. Un film auquel il faut succomber, se laisser aller dans son fauteuil, et rire, vibrer et s'émouvoir devant les belles images qui nous sont montrées. Dans une salle, si possible, en compagnie d'autres, dont certains voient le film pour la première fois: les veinards!

 

 

 

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Published by François Massarelli - dans Buster Keaton Muet Clyde Bruckman 1926 **
24 avril 2011 7 24 /04 /avril /2011 17:10

http://thedroidyourelookingfor.files.wordpress.com/2010/11/busterkeaton_battling-butler.jpgMélange improbable de Bertie Van Elstyne (The saphead) et Rollo Treadway (The navigator), Alfred Butler est un jeune homme totalement incapable de faire quoi que ce soit. C'est son majordome, Martin (Snitz edwards) qui dispose de la cendre de ses cigarettes, et à chaque conseil qu'on lui donne, et qu'il suit, son seul réflexe est de dire à Martin: Arrangez ça. Il vont donc tous les deux faire du camping, afin de satisfaire la volonté du père d'Alfred, et là, ce dernier rencontre une jeune femme, tombe amoureux, et... envoie Martin demander sa main à sa place. Afin de donner du poids à sa requête, le majordome a l'idée de faire croire que son patron est en fait un boxeur, le teigneux Alfred "Battling" Butler, un homonyme, dont la route ne va pas tarder à croiser celle du héros...

 

Je n'aime pas les films de boxe, parce que je n'aime pas la boxe, parce que je n'aime pas le sport. Du tout, mais alors vraiment pas. Et pourtant, le meilleur de ce film, c'est la dernière partie durant laquelle Keaton doit asumer l'identité d'un boxeur, et donc... boxer. Toujours à l'aise dans l'humour physique, et flanqué de Martin, son ombre, l'acteur s'investit à fond dans ces scènes. Sinon, il est à l'aise aussi dans la partie consacrée au camping, dans laquelle il s'ingénie à montrer l'inefficacité de son personnage, tellement minable à la chasse qu'il est identifié par tous les animaux comme sans danger. La partie de pèche aussi, qui voit Buster finir, au terme d'une lutte à mort entre lui et un canard, à l'eau...

 

http://media.jinni.com/movie/battling-butler/battling-butler-1.jpegMais voilà: Soumis à une cadence effrénée, obligé de sortir deux films par ans, à une époque ou ses deux principaux concurrents (Chaplin et Lloyd, bien sur) ralentissent considérablement, Keaton ne fait pas que des chefs d'oeuvre, et forcément, on aime bien ce film, on le voit sans déplaisir, et certains fragments nous resteront, mais ce n'est ni The navigator, ni The general. le manque d'enthousiasme de Keaton ne se voit pas trop ici, mais on le devine quand même impatient de faire autre chose, de se lancer dans une recréation d'un univers, qui lui permettra de faire du grand cinéma de nouveau. A l'aube de quitter le contrat de distribution qui le lie à MGM pour aller flirter avec la United Artists, Keaton s'apprète à frapper un grand, un très grand coup...

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Published by François Massarelli - dans Buster Keaton Muet 1926 **
14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 18:15

Premier film de Langdon à dépasser les trois bobines, ce Saturday afternoon montre bien pourquoi l'équipe voulait étendre le champ d'action des film du comédien. Doté d'une épouse tellement acariâtre que sa belle-mère prend sa défense, Langdon a l'idée saugrenue de vouloir prendre du bon temps avec son copain Vernon Dent qui a justement rencontré deux jolies demoiselles... L'épouse du héros le croit tellement minable qu'elle le laisse partir sans discuter et le récupère, à la fin, distraitement.

Si on verra de bien meilleurs développements pour cette tentation de liberté impossible du mari enchaîné dans le merveilleusement bizarre The Chaser (1928) qui par bien des côtés est un remake ou une extension de Saturday afternoon, ce film permet au comédien de faire ce qu'il souhaitait: prendre son temps, et montrer l'étendue de son étrange talent en matière de pantomime... Les 27 minutes qui lui sont allouées lui permettent un festival formidable de réactions, de développements minutieux, et de cette capacité phénoménale à faire du sens rien qu'avec ses yeux...

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Published by François Massarelli - dans harry langdon Muet Comédie Mack Sennett 1926 **
7 mars 2011 1 07 /03 /mars /2011 17:00

Une fois arrivé aux Etats-Unis, Lubitsch a vite découvert que son style de comédie allait devoir évoluer, d'autant que sa première production Rosita, avec Mary Pickford a été dans l'ensemble une expérience mal vécue par tous les protagonistes. Les films qu'il a réalisés pour la Warner entre 1924 et 1926 constituent donc les premiers éléments de ce qu'on a appelé la "Lubitsch touch", un nouveau style, inspiré de films plus sophistiqués, et qui vont vite être parmi ce qu'il y a de meilleur. Cette comédie en est un exemple parfait. Interprété par le fidèle Monte Blue, déjà au générique de The marriage circle, il retrouve dans So this is Paris Patsy Ruth Miller, André (George) Bérenger et Lilyan Tashman; quatre protagonistes, c'est qu'à l'origine, le film était une pièce de théâtre... Sous le titre Le réveillon, la pièce était une production vaguement boulevardière de Henri Meilhac et Ludovic Halévy. Hans Kräly, le collaborateur de Lubitsch a conservé le cadre Parisien, et les deux complices se sont efforcés non seulement de conserver les intérieurs (aucune scène en extérieur donc), mais aussi de souligner la nature théâtrale du matériel en poussant Monte Blue à utiliser son beau visage mobile pour faire des clins d'oeil au public. Parallèlement, Lubitsch va se livrer à un étonnant numéro de cinéma pré-sonore en filmant d'une façon très moderne un bal délirant, avec démonstration hallucinante de charleston... 

Théâtre:

M. et Mme Giraud sont mariés et heureux. Quoique... Mme Giraud (Patsy Ruth Miller) lit des romans à l'eau de rose dont les finals pleins de sentiments gluants la laissent toute émoustillée. Alors lorsque le voisin (George Bérenger), qui est danseur, se retrouve à demi nu en face, il y a de quoi s'émouvoir... Monsieur Giraud (Monte Blue) va y mettre bon ordre, du moins le croit-il, car une fois en face, il découvre que la voisine, donc, Mme Lallé, l'épouse du danseur, est une ancienne petite amie (Lilyan Tashman). De son coté, M. Lallé ne va pas tarder à découvrir que Mme Giraud est fort intéressante... Donc, on est en plein boulevard, et tout le monde ne va pas tarder à se désirer, se donner des rendez-vous, se tromper, se mentir...

Désir:

Bien sûr, en 1926, le cinéma n'a pas encore fait le tour des expressions directes et visuelles du désir, mais le film regorge d'allusions qui sont d'autant plus intéressantes, qu'elles sont en pleine lumière, la mise en scène rigoureuse de Lubitsch étant en pleine ligne claire, il n'y a que peu d'ambiguïté... Donc, Mme Giraud prise de suée après la fin de son roman, qui aperçoit l'exotique voisin, ou encore le regard égrillard de Monte Blue éméché, la tête tournée par toutes les jambes mises à nu devant lui, ou bien sûr la canne qui sert de prétexte, au début, à M. Lallé pour venir voir la belle Mme Giraud. Cette même canne, substitut phallique, lui sert à attirer l'attention de la belle voisine lorsque celle-ci est perdue dans sa rêverie en écoutant la radio.

Tromperie:

La franchise de Lubitsch ici est à des degrés divers; si elle désire effectivement dépasser le confort un brin ennuyeux de sa situation conjugale, Mme Giraud ne cédera jamais aux avances de M. Lallé. M. Giraud, en revanche, attiré dans un piège par Mme Lallé, ne va pas révéler lé vérité à son épouse, et va s'empêtrer dans des mensonges plus gros les uns que les autres. Quant aux Lallé, ce sont des chauds lapins, prèts à tout pour tromper leurs conjoints... on retrouve donc cette graduation dans la tromperie de The Marriage circle, qui permettait à Lubitsch d'éviter de trop prêter le flanc à la censure, gardant les héros un peu plus propres que les personnages secondaires. Néanmoins, on notera que Monte Blue va plus loin que dans le film précédent...

 Mensonge:

Tout le film suit la logique boulevardière, avec des mensonges organisés entre certains couples: M. Giraud ment à Mme, en ne lui révélant jamais qu'il a développé une amitié interlope avec Mme Lallé, ni qu'il a été arrêté par un policier en se rendant à un rendez-vous avec la voisine, et non au chevet d'un malade mourant. M. Lallé est supposé se rendre dans un sanatorium pour se faire soigner à la fin, alors qu'il va en prison à la place de M. Giraud, et ce pour trois jours. Du coup, son épouse n'a pas besoin de lui mentir avant de partir prendre du bon temps avec un joyeux luron rencontré au hasard d'un bal... Enfin, Mme Giraud en veut à son mari, mais ne lui révélera pas qu'elle était avec le voisin lorsque lui-même était au bal avec Mme Lallé...

 Cinéma pré-sonore:

La séquence est justement célèbre, et constitue une exception dans le cinéma Américain, généralement très peu perméable aux prouesses de montage, et aux séquences visuelles détachées du fil narratif d'une film: alors que Mme Giraud reste à la maison, croyant que son mari est parti purger sa peine de prison, elle écoute la radio, et on nous donne à voir un charleston endiablé, de plus en plus délirant, avec surimpressions, et un montage furieux. Occasionnellement, on y aperçoit Monte Blue et Lilyan Tashman, mais c'est très accessoire. La séquence semble à elle toute seule résumer et illustrer l'esprit "jazz" des années 20, le coté déluré, et la consommation frénétique de plaisirs, d'alcool (encouragée par la prohibition, de fait): en 6 minutes, Lubitsch qui ne se livrera que rarement à ce genre de digression a donc capturé l'essence d'une décennie.

Comme les autres Warner de Lubitsch que j'ai pu voir, on est face à un film superbe, absolument indispensable, distrayant, drôle, impertinent, qui a sa place au sein de l'oeuvre merveilleuse de l'un des plus grands cinéastes Américains de tous les temps, et qu'importe qu'il soit Berlinois.

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Published by François Massarelli - dans Ernst Lubitsch Muet Comédie 1926 **