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27 août 2023 7 27 /08 /août /2023 22:25

Pendant un week-end de pont, Wallace (l'homme de Gromit) réalise qu'il n'y a plus de fromage dans la maison... Cherchant à se rendre pour passer les trois jours dans un endroit où on trouve de ce genre de denrée comestible, il se rappelle que... la lune est faite de fromage. 

Et du coup, il conçoit et construit, avec l'aide de Gromit bien entendu, une fusée, et les deux compères partent immédiatement pour notre satellite...

Ce petit film de 23 minutes est un conte de science-fiction, qui nous montre un univers qui ne peut être qu'Anglais... Chaque petit détail, qu'il soit vestimentaire, ou un élement du mobilier, ou même les objets, semble ne pouvoir exister qu'en Angleterre... ou dans ce film. En tout cas, même si l'animation est encore un peu verte, tout semble exister sous nos yeux...

Bien sûr, le film suivant raffinera la technique, et sera contrairement à celui-ci une production Aardman à 100%. Ici, c'est un film de fin d'études (Nick Park a suivi la formation de la National Film and Television School) qui a pris tellement de temps que la technique du metteur en scène s'est perfectionnée en fin de parcours... Au bout de sept années. Une fois Aardman mis sur le coup, le rythme de production s'est accéléré...

A grand day out, c'est la découverte gourmande des possiblités d'expression du cinéma par un surdoué qui avait déjà une bonne connaissance du septoème art... en tant que spectateur. Dans ce qui aurait pu n'être qu'un film pour enfants de plus, on trouve en effet un sens du merveilleux, un sens du grandiose même, qui s'est forgé au contact de grands films du genre. On imagine le jeune Nick Park se gaver de films de SF des années 50, voire des films de Spielberg des années 70. Après tout, l'année qui le vit commencer ce court métrage, E.T. est sorti.

Mais derrière la Science-Fiction, genre traité avec respect par Park, on devine une image tendre de la Grande-Bretagne d'alors, ses week-ends de pont privés de magains et de pubs, ses machines à alimenter en pièces, ses improbables accessoires de cuisines,  omme cet alien lunaire qui ressemble à une cuisinière à gaz... Et puis ses maniaques un peu dingo, comme ce brave Wallace, inventeur décalé et flanqué d'un chien plus intelligent que lui, et surtout Wallace est un fromageophile, tendance ceinture noire; moi qui suis violemment et irrémédiablement tyrophobe, ça me réjouirait presque!

 

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Published by François Massarelli - dans Aardman Animation Nick Park
26 août 2023 6 26 /08 /août /2023 22:45

Ca devait arriver: à force de collectionner les Oscars, de sortir de leur studio des films qui mettaient tout le monde d'accord et qui à chaque première télévisée battaient des records d'audience en Grande-Bretagne, et se vendaient fort bien à l'international, il était inébitable qu'un conglomérat Hollywoodien s'y intéresse... Tout en étant co-produit par Pathé (ce qui garantissait une sortie Française tonitruante), le film est essentiellement le fruit d'un accord entre Aardman et Dreamworks, qui se rêvait alors en concurrent de Disney...

J'ai l'air de parler gros sous, comme ça, mais à la vérité, c'est bien une commande industrielle ferme d'un film de long métrage qui a été faite à Aardman, un studio qui n'en a jamais fait (et a parfois développé un court métrage en 7 années, c'est le cas pour A grand day out par exemple, et il ne dure "que" 22 minutes), par un studio qui peinait à exister en tant que vivier artistique consacré à l'animation. Je vais d'ailleurs le dire ici, Dreamworks, si on enlève Aardman, c'est un zéro pointé sur l'animation. La preuve? leur plus gros succès est un navet d'une absolue laideur et à la vulgarité revendiquée (oui, je parle de Shrek, profitez ce ne sera pas souvent)... Donc maintenant qu'on a établi qu'avec ce film, Aardman jouait dans la cour des grands et était attendu au tournant sur toute la planète, on va pouvoir parler des choses sérieuses...

Dans la ferme des Tweedy, on élève des poules, pour les oeufs; menée d'une main de fer par Mme Tweedy (Miranda Richardson), l'affaire la laisse pourtant insatisfaite. Elle rêve de plus grand... De leur côté les poules n'ont pas grand chose à faire que de rêver: leur ferme ressemble à s'y méprendre à un camp de prisonniers de guerre échappé de The great escape, de John Sturges... Pourtant un groupe d'intrépides (ou d'inconscientes) tente parfois l'aventure, sous l'impulsion de Ginger (Julia Sawahla) et Mac (Lynn Ferguson), mais à chaque fois ça rate, et Ginger en finit par irriter Mr Tweedy (Tony Haygarth)qui passe sur elle la colère et la frustration d'être martyrisé par son épouse... 

A force de ratages, Ginger perd la confiance des autres, quand soudain, venu de nulle part, un coq vient, qu'elle a vu voler... Les poules hébergent donc Rocky (Mel Gibson) pensant qu'il va leur apprendre à voler... Il faut faire vite car Mme Tweedy a décidé de transformer l'activité de la ferme: désormais, en lieu et place des oeufs, les tweedy produiront... des tourtes au poulet.

C'est une merveille, évidemment, qui est basée sur une histoire imaginée par Lord et Park, et qui a été confiée à un scénariste chevronné, spécialiste des contributions au dessin animé, avec à son palmarès du bon (The iron giant, de Brad Bird) et... du moins bon, qu'on taira pudiquement... Mais l'histoire originale, telle qu'elle se retrouve à l'écran avec sa touche éminemment Anglaise et son bon goût cinématographique, reste un vrai bijou, et il n'est pas difficile d'y retrouver l'univers et l'esthétique de Nick Park, et le timing impeccable de Peter Lord... Car cette histoire rurale qui se rêve industrielle, ces tourtes au poulet, ces accents, ces acteurs et actrices (j'en ai déjà cité et non des moindres, mais rajoutons-en une couche: Jane Horrocks, Imelda Staunton, Timothy Spall et Phil Daniels...

Reste qu'on a deux absents de marque... Oui, on peut se demander comment il se fait qu'en se lançant dans leur premier long métrage, les studios Aardman n'aient pas pris la décision d'en faire une histoire de Wallace et Gromit. Mais il est probable qu'un film comme Chicken Run serait plus facile à imposer dans un premier temps, et cette décision a permis à Nick Park de bénéficier de plus de temps pour préparer son passage au long métrage avec ses deux héros. Le résultat?

Deux chefs d'oeuvre... Celui-ci, avec son parfum de vieux film d'aventure, ses personnages et sa mise en scène, ses loufoqueries et son timing, et The curse of the Were-rabbit, qui est vraiment une merveille. Donc on ne va décidément pas se plaindre...

 

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Published by François Massarelli - dans Aardman Nick Park Animation
25 août 2023 5 25 /08 /août /2023 18:58

La seule fois qu'une série animée impliquant Wallace et Gromit a été produite chez Aardman, sans que Nick park (au travail à l'époque sur ce qui deviendra le splendide film The Curse of the Were-Rabbit), cette série de dix courtes vignettes de deux à quatre minutes prend pour base l'obsession de Wallace pour l'invention, dont Gromit est constamment le cobaye et la victime...

A chaque fois, l'idée est simple: pour effectuer des démarches sans histoires de la vie quotidienne, wallace cherche des solutions compliquées inutilement, et ça tourne au désastre, le plus souvent en démontrant la supériorité évidente de Gromit sur son homme. Par exemple, le Snowmanotron est une machine à créer des bonhommes de neige; le Tellyscope un dispositif compliqué et idiot qui est supposé remplacer une modeste télécommande (on notera que le choix de programmes est connoté: soit "The cheese files", soit un film sur des pingouins maléfiques), le Soccamatic une machine à envoyer des tirs au but pour l'entrainement de goal de Gromit, etc...

Avec ces deux personnages, et la voix de Peter Sallis, il semble bien que le bonheur soit assuré... Ces petits films de rien du tout sont brillants, et il est dommage qu'ils ne soient pas aussi connus que les films plus substantiels...

 

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Published by François Massarelli - dans Aardman Animation
25 août 2023 5 25 /08 /août /2023 18:48

On en sera peut-être étonné, ce fut mon cas, mais à l'origine, Nick Park ne faisait pas partie de Aardman Animations, le petit studio de Bristol qui avait commencé à se faire connaitre avec quelques clips et autres publicités... Ce film est une commande honorée par Park qui souhaitait sans doute remercier Aardman pour leur aide précieuse: il était en train de réaliser (depuis 1982...) un court métrage d'animation avec deux personnages inconnus, qui l'inspiraient, et en lui prêtant main-forte, le studio était en train de lui permettre d'envisager de le finir enfin. Ce qui arriva cette même année...

Creature comforts est un petit bijou d'animation qui montre (en particulier quand on le compare aux autres films de Aardman à la même époque) ce qui a séduit les équipes de Peter Lord, l'un des patrons de Aardman à l'époque: des personnages de plasticine qui sont non seulement beaux à voir, mais aussi animés de façon réaliste, fluide et dynamique, un sens du rythme, et une synchronisation entre marionnette et voix qui donne l'impression d'assister à une conversation d'êtres vivants... 

Le film montre un certain nombre d'animaux du zoo qui sont interviewés sur leurs conditions de vie, et parlent librement: des bestioles de tous âges et de tous poils... C'est irrésistible, ça obtiendra un Oscar bien mérité, le premier d'une longue série, et ce sera décliné ensuite en publicités et et série télévisée...

 

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Published by François Massarelli - dans Aardman Nick Park Animation
25 août 2023 5 25 /08 /août /2023 18:40

C'est un conte médiéval, raconté presque sans une parole... Deux jumeaux sont nés dans un château, mais un maraudeur s'introduit pour les prendre, et ne réussit qu'à en emmener un seul. Sur la route, il le perd et s'enfuit sans demander son reste. Le petit est sauvé par... un cochon.

Les deux jumeaux grandissent à quelques centaines de mètres l'un de l'autre, l'un en oisif dans son château, l'autre en trimant aux côtés de son copain le cochon... Mais quand la guerre se déclare, l'un va se trouver obligé de se battre pour l'autre alors que l'autre, pendant que "ses gens" se battent pour lui, va se défiler...

Reste l'inévitable question: quand vont-ils se rendre compte qu'ils sont frères?

Dans un Disney, ce erait pertinent, mais ici, si quelqu'un s'en aperçoit effectivement, ça ne joue pas en la faveur de la réputation de celui des deux qui a de la richesse... Le film joue souvent sur des split-screens, avec une certaine adresse, et se terminera malgré tout par une morale, mais ce ne sera pas "et ils vécurent riches et en bonne harmonie"...

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Published by François Massarelli - dans Aardman Animation
25 août 2023 5 25 /08 /août /2023 18:31

En apparence, un programme typique de ce que la BBC a toujours su concocter pour les pré-scolaires: deux personnages fantaisistes, aux noms volontairement courts et simples, et une voix de narratrice qui énonce clairement et simplifie pour la compréhension des petits l'action qui est présentée à l'écran.

Sauf que l'action en question, c'est une rivalité vicieuse entre les deux bestioles, ce qui donne parfois des moments de grand décalage: "mais qu'est-ce que Pib a derrière son dos? Pog aimerait bien le savoir... Mais oui, c'est bien un baquet d'acide sulphurique!! Les coups, les horions et bosses sont de plus en plus violents au fur et à mesure du déroulement du film...

Je dois admettre que mon moment préféré implique un tapis de fakir avec de très gros clous. ...Ou comment des animateurs inspirés (les équipes de Aardman, donc) peuvent se permettre de rouler dans la farine le "style BBC"... Par contre la fin en forme de sortie de fiction ne me semblait pas forcément du plus grand intérêt...

 

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Published by François Massarelli - dans Aardman Animation
24 août 2023 4 24 /08 /août /2023 16:57

On s'apprête à organiser, à Tottington Hall, une compétition du plus beau légume géant, à  laquelle participent beaucoup dans la population, dont le pasteur local ou encore Lady Tottington elle-même... Ainsi que Gromit. Avec son homme, Wallace, celui-ci a créé Anti-Pesto, une force d'intervention de choc dont la population apprécie la façon de protéger leurs carottes, courgettes et potirons contre la vermine rongeuse de tout poil, principalement des lapins...

Alors que Wallace et Gromit interviennent chez Lady Tottington (devant laquelle Wallace n'est pas de marbre) pour la débarrasser d'une trentaine de lapins, un conflit se fait jour entre la dame et son fiancé, Lord Victor Quatermaine: alors que la propriétaire des lieux souhaite se débarrasser des lapins en douceur, et sans les tuer, Quatermaine, chasseur (donc on l'aura compris, c'est lui le méchant) ne voit pas d'autre solution que de se débarrasser d'eux en satisfiant ses bas instincts de massacreur... Mais Wallace, toujours en quête de solutions technologiques, trouve une solution simple, et décide de la raffiner plus avant en cherchant à priver les lapins de tout goût pour les légumes... Une invention génialement idiote qui aura des conséquences... Et quelques temps plus tard, un lapin géant (identifié par le pasteur comme étant un lapin-garou) décime désormais les cultures de tout le quartier... Wallace, Gromit et bien sûr l'affreux Quatermaine se mettent en tête d'agir...

Dès le départ, le film adopte la structure et la dynamique d'un film d'horreur, sans céder le moindre pouce de terrain sur le fait que Wallace et Gromit restent destinés à un public familial... Ca peut paraître difficile en soi mais c'est le défi du film, un défi parfaitement relevé. J'ai coutume de penser que Wallace et Gromit dans leurs films ne font que pointer du doigt une réalité de la Grande-Bretagne, mais surtout de l'Angleterre: l'obsession est un trait tellement Britannique... Depuis l'obsession de Wallace pour le fromage ou les inventions, jusqu'à celle de nos protagonistes pour les légumes, de Quatermaine pour le fait de zigouiller les bêtes à plumes ou à poils, en passant par les pâtisseries dans A matter of loaf and death... C'est donc illustré dans ce film à travers le fait que toute vie semble soumise à la préparation d'une compétition de légumes, un fait qui devient plus important que tout, et qui obsède la population. Cela donne évidemment un enjeu au film, ce que le spectateur peut comprendre, et a un côté tellement farfelu qu'il est impossible de le prendre soi-même au sérieux. C'est de la même façon que dans The lady vanishes, Hitchcock rendait les deux personnages de Charters et Caldicott parfaitement loufoques à cause de leur obsession pour le cricket... 

Le "lapin-garou", donc, est une bestiole drôle, énorme, visuellement très réussie... et obsédée par les légumes, plus que n'importe quel personnage du reste, et ça il fallait le faire... Ca a aussi permis à l'équipe de se surpasser dans la gestuelle, notamment lors de transformations hilarantes, dont il faut rappeler qu'elles ont du être animées images par images... Oui, il faut le rappeler tant on a tendance à l'oublier! Le film nous le rappelle d'ailleurs constamment, car contrairement à la décision prise pour Chicken Run, à l'exigence des commanditaires de Dreamworks (même si ça reste une impeccable réussite), ici Nick Park n'a pas cherché à gommer l'imperfection visible du travail de la plasticine, un détail qui fait partie intégrante des aventures de Wallace et Gromit... Comme pour enfoncer le clou, Nick park se livre à une parodie de King Kong (1933), qui ne fut pas le premier film en "stop-motion", mais qui reste quand même un étendard du genre...

Le film fait donc semblant de fournir du frisson et le fait bien, car comme d'habitude la mise en scène de Nick Park est absolument excellente, parfait équilibre entre le récit et ses à-côtés, entre une certaine science du gag et une caractérisation complète des personnages... Nick Park a prouvé depuis The wrong trousers en 1993 qu'il maîtrisait les codes, le rythme particulier du film noir et du film à suspense, et n'a jamais peur de réaliser des séquences d'action (dont l'animation prend sans doute environ une année pour quelques minutes): ici, il n'est pas en reste... Ajoutons à ça le travail des voix, de Peters Sallis (Wallace) d'abord, mais aussi de Ralph Fiennes (Quatermaine) et Helena Bonham-Carter excellente en Lady Tottington. Ces voix renforcent le côté essentiellement Anglais, sorte de dernier rempart d'une Albion pas si perfide, mais ô combien éternelle. Peter Sallis, d'ailleurs, se voit donner une occasion de se livrer à une auto-parodie amusante en effectuant également, mais avec une voix accélérée, le doublage du lapin "Hutch" que je vous laisse découvrir. 

Bref, l'Angleterre éternelle, vue du côté des potagers et des fromageries, au volant d'une Austin A 35, puisque la Ford Anglia était déjà prise par la saga Harry Potter... L'Angleterre des pasteurs louches (et qui comme de juste, comme le premier Van Helsing venu, ont dans leur bibliothèque un ouvrage qui détaille les créatures maléfiques auxquelles ils pourraient être confrontés), des dents proéminentes, des concours ruraux idiots, du thé et des cardigans, bref: de Wallace et Gromit.

 

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Published by François Massarelli - dans Nick Park Animation Aardman
24 août 2023 4 24 /08 /août /2023 08:12

Connu aux Etats-Unis sous le titre (plus explicite d'ailleurs) de The pirates! In an adventure with scientists! -le ponctuation est d'origine-, ce film est bien évidemment doté d'un titre Français qui est comme toujours à côté de la plaque: Les pirates! Bons à rien, mauvais en tout... Il nous vient des studios Aardman, qui furent un temps le garant (Européen) d'une animation en volumes, et qui obtinrent de grands succès avec plusieurs films de Wallace et Gromit, mais aussi avec Chicken Run en 2001. Peter Lord, le principal fondateur du studio, est d'ailleurs intervenu sur les films, souvent mieux cotés, de Nick Park, le créateur des personnages fétiches de la troupe...

Sous le règne (qui a subi un traitement drastique d'élasticité temporelle qui débouche sur un certain nombre d'anachronismes tellement gros qu'ils en deviennent réjouissants) de Victoria (Imelda Staunton), on chasse plus le pirate que le moustique en grande-Bretagne. La Reine semble sérieusement prendre ombrage du fait que le pays a réussi à étendre sa somination sur les océans de la terre entière... N'était le fait qu'on y trouve des pirates qui échappent bien sûr à toute loi...

Nous faisons donc la connaissance d'une joyeuse bande de pirates, menés par un capitaine qui est justement nommé "le capitaine des pirates" (Hugh Grant)... Tous ses compagnons sont nommés de façon assez arbitraire, le second (Martin Freeman) étant par exemple doté du sobriquet "Number 2", et on verra même dans la bande un pirate doté d'une fausse barbe qui pourrait bien être une femme (Ashley Jensen)... Ces pirates ne sont effectivement pas très efficaces, mais ils décident, en tout cas leur capitaine en prend la décision, de participer au concours annuel du meilleur pirate... Le capitaine ayant perdu toutes les compétitions depuis 20 ans, et la concurrence y étant rude, l'équipage n'y croit pas plus que ça.

Le concours est basé sur le butin, les pirates se mettent donc en quête d'un bateau à piller, mais redoublent (voire retriplent) de malchance. A la fin ils attaquent un vaisseau qui transporte Charles Darwin (David Tennant) et s'apprêtent à se débarrasser de lui par le très rigolo supplice de la planche, mais il aperçoit alors le perroquet du capitaine et se rend compte qu'il s'agit...

...D'un dodo. Sous la pression de Darwin, le capitaine se motive donc pour un nouveau concours, et va présenter une contribution à une compétition Londonienne de découvertes scientifiques...

C'est particulièrement tordu, donc, et irrévérencieux au possible. Peter Lord, dans Chicken run, était plutôt le responsable des gags et du rythme par opposition à Nick Park qui veillait sur les personnages et l'intrigue. Ici, en roue libre le réalisateur peaufine clairement la dose de rigolade avant tout, d'où un parti-pris d ene rien laisser de côté. Le film ne fait donc pas toujours dans la dentelle... Mais c'est partie intégrante de son charme, et comme en prime les acteurs engagés pour fournir les voix sont particulièrement intéressants (ajoutez à ceux déjà cités, les noms de Brian Blessed en "roi des pirates", Salma Hayek en une concurrente du Capitaine, et de Brendan Gleeson qui incarne l'un des pirates du bateau qui nous intéresse), on passe un très bon moment loufoque à condition de ne pas être obsédé par la rigueur historique.

En vrac: mêler Victoria avec des pirates qui sont visuellement inspirés du XVIIe et XVIIIe siècles, faire de Victoria une obsédée de la mainmise maritimie (qui lui a été servie sur un plateau) alors que justement ça aurait plutôt été le cas de l'angleterre du siècle précédent, et enfin faire se croiser dans le même fuseau temporel John Merrick, Napoléon, Jane Austen... Il fallait l'oser. C'est donc tout pour les gag, on l'aura compris, donc ce n'est pas grave. Un esprit joyeusement frondeur règne sur l'ensemble, et maintenant, quand même, on nous intéresse, de façon particulièrement dramatisée, une sorte de société secrète, qui regroupe des dirigeants (Napoléon et Victoria en tête!) et qui consomme la viande d'animaux en voie de disparition, dans ce film, ce qui va donner un enjeu délirant à son dernier acte. C'est quand même basé sur une auhentique confrérie d'étudiants de Cambridge, le Glutton Club", dont faisait partie...

...Charles Darwin.

Pour finir, le film précise en toute fin de pellicule que le tournage ne porte aucune responsabilité dans l'extinction des dodos. Voilà qui est rassurant...

 

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Published by François Massarelli - dans Animation Aardman Peter Lord Dodo
27 juillet 2023 4 27 /07 /juillet /2023 18:05

Naoufel a grandi dans une famille aimante, un père attentif et empreint de fantaisie, et une mère qui, violoncelliste virtuose et reconnue, était le centre du monde connu... Les cours de piano à la maison d'un côté, la présence d'images médiatiques fascinantes autour de la conquête spatiale de l'autre, avaient conjointement décidé de sa double vocation : Naoufel serait pianiste ET astronaute... Jusqu'à un accident un soir de concert, qui l'avait privé de père, de mère, de famille, et probablement d'un destin que dans sa jeunesse il imaginait tout tracé... Installé en France, avec un oncle probablement, et un cousin qui n'avait pas lui non plus la finesse de ses parents, il a du abandonner ses rêves pour devenir livreur de pizza... Et pas le meilleur, ça non. C'est pourtant grâce à ce travail ingrat qu'il ferait un rencontre inattendue, celle de la voix de Gabrielle...

Le film d'animation n'est pas raconté de cette façon linéaire, et établit un parallèle profondément cinématographique entre des bribes du passé du héros (dans un noir et blanc d'une grande douceur), avec quelques informations lâchées à chaque séquence, mais par exemple on attendra assez longtemps avant de comprendre exactement les circonstances de l'accident qui le prive de ses parents), son présent, et... Le devenir de sa main.

Oui, car dès le début on sait qu'à un moment de sa vie Naoufel a subi un autre choc, et dans les circonstances (qui ne seront expliquées qu'à la fin), il a perdu une main. Enfin, si on s'en réfère au titre c'est sa main droite qui a perdu Naoufel... comme un prolongement poétique de ses propres déchirures, le jeune homme ne sait pas que sa main, toujours bien vivante, est à sa recherche.

Ce qui est, j'en conviens, parfaitement gonflé pour ne pas dire absurde. Pourtant on le vivra comme une aventure, saugrenue parce qu'elle est vécue du point de vue d'un morceau de corps animé d'intentions beaucoup plus définies, finalement, que celles du jeune homme auquel il appartient ! Mais voilà, c'est d'aventure dont il s'agit, et le dessin animé étant la porte ouverte vers tout ce qu'on veut, pourquoi ne pas imaginer qu'une main part à la recherche de son corps ?

Et cette aventure qui avait tout pour être loufoque est traitée avec le plus grand sérieux dans une belle succession d'ncidents, vécus par cette main animée, devenue métaphore de la volonté perdue de Naoufel... Et métaphore aussi de son destin, auquel il est fait allusion dans une jolie scène qui finit en toute amertume, sur les toits, quand il engage la conversation avec Gabrielle, sur les moyens de contrer le destin. Ce que sa main, destinée à être incinérée, va faire en s'échappant pour le retrouver...

Le film fait la part belle à un graphisme semi-réaliste, assez proche des écoles de bande dessinée nées dans les années 80 et 90 ; l'animation est proche des traditions Japonaises, qui ne craignent pas de s'éloigner d'une représentation fluide du mouvement en utilisant un défilement de l'image, 12 fois par seconde plutôt que 24... Un parti-pris qui donne un mouvement saccadé, mais aussi l'impression parfois d'un mouvement disjoint, qui manque de précision et qui accompagne l'approximation du souvenir. On a le sentiment que ces aventures parfois dramatiques, parfois franchement sordides (l'épisode de la perte de la main, en particulier) sont du vécu.

Le décor d'une banlieue Parisienne (la vieille banlieue, celle des mobs, des faubourgs poisseux, des excroissances industrielles urbaines et des toits glissants, et habités) est celui d'une certaine littérature, d'un certain cinéma aussi. On ne s'étonnera pas donc d'apprendre que Guillaume Laurant est l'auteur du roman adapté dans cette surprenante production des studios Xilam, qui nous avaient doné auparavant Tous à l'ouest, d'Olivier Jean-Marie. Une autre allusion à la bande dessinée, mais...

Cette production ambitieuse, qui joue sur la chronologie, le point de vue aussi, est une merveilleuse exploration de l'importance du souvenir, de l'association d'idées, des objets qui parfois permettent le souvenir, parfois le font revenir, comme un post-it, une pizza, un magnétophone à cassette, et... un grain de beauté, trait d'union magistralement trouvé entre un fil narratif et l'autre.

Et suprème délicatesse, le film possède une jolie rencontre cinématographique en coup de foudre, entre un adolessent gauche et une jeune femme qui sait probablement plus ce qu'elle veut, oui, mais... par interphone interposé. 

Un film intrigant ? Ca oui, et qui vaut le détour...

 

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Published by François Massarelli - dans Animation
12 juillet 2023 3 12 /07 /juillet /2023 16:26

C'est bien sûr un choix délibéré de laisser le titre Anglophone de ce bien étrange film, un projet de longue date pour Spielberg qui avait d'ailleurs exorcisé sa frustration de ne pouvoir le réaliser, en créant en 1980 le personnage d'Indiana Jones. D'où une question: pourquoi revenir à la charge?

Sans doute parce que, comme avec Jurassic Park, la technique qui évolue sans cesse et rend soudain des choses qui étaient auparavant impossible, parfaitement réalisables? Et comme Spielberg voulait animer tant que faire se peut les dessins d'Hergé, il est donc revenu à ce projet et avec l'aide non négligeable de Peter Jackson, co-producteur et quasi co-auteur, il a donc donné vie à ce projet insensé...

Ca part très bien: on replace l'intrigue du Secret de la Licorne dans un nouveau contexte et avec l'aide du Crabe aux pinces d'or, on rejoue la grande scène de la rencontre en Haddock et Tintin. Mais surtout, le début est très proche d'Hergé, qui apparaît dans un petit rôle... Spielberg table comme il le fait toujours sur des jeux de regards, le générique nous prévient qu'il sera question de bande dessinée à l'ancienne, quelques scènes de l'exposition sont brillantes.

L'animation (en motion capture) est assez peu convaincante, mais ça passe, et puis... ca se met à bouger dans tous les sens, avec cette manie de ne jamais reposer la caméra, vous savez, cette sale et insupportable bougeotte que Peter Jackson a imposé dans le Seigneur des anneaux... Andy Serkis (Haddock)en fait des tonnes, et ça devient un assez médiocre film d'action. Pléonasme, d'ailleurs...

Il me reste à conclure que ce qu'on attend d'une adaptation de Tintin et ce qu'un Américain (et un Néo-Zélandais) peuvent en voir, de leur côté, sera forcément différent. Donc d'un point de vue Tintinesque, c'est effectivement un renez-vous cruellement manqué... Mais en tant que film tout court (qui comme toute adaptation) n'a pas besoin qu'on connaisse l'original, c'est un exercice excessif et caricatural...

Dommage, donc.

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Published by François Massarelli - dans Steven Spielberg Animation