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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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18 août 2019 7 18 /08 /août /2019 11:58

Au XVIIIe siècle, un narrateur qu'on ne verra jamais nous raconte les aventures de son oncle Benjamin (Léon Mathot), un médecin de campagne qui se contente gentiment de sa petite vie tranquille, entre son cabinet et... sa bonne amie Manette (Madeleine Erickson), cabaretière: quand elle consulte, lui ne la fait pas payer, et réciproquement. Mais sa famille ne l'entend pas de cette oreille: il faut marier Benjamin! Quand un propriétaire local s'ouvre auprès d'elle de l'opportunité de donner la main de sa fille au médecin, la sœur (Betty Carter) de ce dernier saute sur l'occasion...

Il reste très peu de ce petit film réalisé d'après un gros succès de Claude Tillier, une comédie légère qui à n'en pas douter se voulait picaresque. Passée à la moulinette du Pathé-Baby (soit une réduction du temps du film, en 9.5 mm, et un recadrage «familial» de l'intrigue, on a l'impression qu'il ne se passe pas grand chose. René Leprince, vétéran de la comédie déjà en 1924, n'est sans doute pas le plus intéressant des cinéastes Français du muet, et c'est un euphémisme. Bref, cet objet est beaucoup plus une trace d'un film très mineur, qu'autre chose...

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Published by François Massarelli - dans Comédie Muet 1924
18 août 2019 7 18 /08 /août /2019 11:50

Un couple d'amoureux se marient, et... un accident arrive: lors d'une expérience scientifique, monsieur perd la vue. Mais madame, très attachée à la vie mondaine, va commencer à se détacher de son mari, et cela ira jusqu'au divorce. Sa sœur, révoltée, décide de se faire passer pour l'épouse afin de sauvegarder la quiétude du mari aveugle. Très vite, elle va prendre son rôle d'épouse au sérieux.

Parlons donc de mélodrame extrême, avec cet étonnant film, qui me rappelle furieusement un autre court métrage d'une bobine, français celui-ci, et produit par Eclair en 1911! Le hasard des visionnages est parfois bien fait. C'est donc hautement improbable, et particulièrement noir. A noter que Griffith joue du suspense lors d'une situation peu banale: un médecin est venu et a tenté l'opération de la dernière chance. Mais quand celle-ci rate, on peut distinctement voir sur le visage de la sœur amoureuse, un air totalement soulagé...

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Published by François Massarelli - dans David Wark Griffith Muet
18 août 2019 7 18 /08 /août /2019 11:43

Réalisé aux Etats-Unis lors de son escapade de la fin des années 10, ce film de Perret est une curieuse et attachante production qui mêle le ton habituel des comédies du metteur en scène, souvent situées dans le meilleur des mondes, et un esprit patriotique résolument affiché, dans le cadre de l'optimisme glorieux d'après la première guerre mondiale... Ce qui n'empêche nullement l'ironie. Mais ça permet aussi d'utiliser des images de propagande et d'actualité, une aide précieuse des cinéastes pour les années qui s'annonçaient. Car (et ce film le pressent de manière évidente) cette «Grande Guerre», le cinéma du monde entier, à l'aube des années 20, n'en était pas débarrassé...

Doris, ne jeune femme de la bonne société New-Yorkaise, délaisse les occupations mondaines, et ne s'intéresse absolument pas au prétendant (un capitaine Anglais en stage chez les Marines) que son père lui a quasiment élu d'office... En effet, elle dévoue le plus clair de son temps à écrire des lettres, et en recevoir, d'un soldat Américain solitaire, qui n'a personne d'autre qu'elle. Elle apprend un jour qu'il est très mal en point, et décide de faire la traversée: elle sollicite l'aide du capitaine éconduit, qui accepte. Mais les sous-marins rodent...

D'un côté, le film assume son côté propagandesque, dont la copie Française (probablement la seule disponible) accentue encore le délire (le titre français, Les Etoiles de la Gloire, en dit long), mais le réalisateur met un point d'honneur à décrire cette saleté de guerre sous un angle humain. Oui, les hommes (et les femmes, car Doris se dévoue et risque sa vie pour «son» soldat) sont des héros, mais ils vivent, souffrent, et parfois rient aussi. L'ironie que je mentionnai est surtout dans le fait qu'au début du film Perret nos montre les meilleures filles de la meilleure société, qui écrivent des lettres à des soldats comme on élève des cochons d'Inde. Seule Doris y consacre vraiment sa personne...

Et puis, Perret oblige, le film est truffé de scènes de la plus belle composition, aux lumières travaillées, à l'interprétation impeccable. Il nous sort un numéro qui n'est pas éloigné de The little American de DeMille, mais il en fait tellement moins... Et une partie du film, consacrée à la vie des soldats pour tromper l'ennui est l'occasion d'essayer des caches qui ont un effet plastique intéressant. Oui, décidément, Léonce Perret était un cinéaste majeur...

 

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Published by François Massarelli - dans 1919 Première guerre mondiale Léonce Perret Muet
18 août 2019 7 18 /08 /août /2019 11:07

Un clochard amoureux, Roland (Albert Dupontel) saisit une opportunité en or: un policier qui vient de mettre fin à ses jours a laissé derrière lui un uniforme. Comme les collègues du suicidé ne supportent pas que Roland franchisse la porte du poste de police (du moins volontairement), il se résout donc à utiliser le déguisement pour défendre la veuve et l'orphelin. Il commence donc par essayer de protéger les sans abris (ceux qui comme lui sont "enfermés dehors", dont Bruno Lochet, Yolande Moreau, Philippe Duquesne, Bouli Lanners,Terry Gilliam et Terry Jones) puis se concentre sur le cas de Marie (Claude Perron): celle dont il est amoureux parce qu'il dort pas loin d'une affiche qui promeut le sex-shop où elle travaille (elle était auparavant star du porno), et qui la représente de façon forcément aguicheuse. Bien sûr elle ne le connaît pas, mais il va quand même essayer de lui rendre justice: sa fille Coquelicot a été "enlevée" par ses grands-parents, les Duval (Hélène Vincent, Roland Bertin), qui désapprouvent le métier de leur belle-fille... Parallèlement, Roland apprend lors d'une conversation avec un "collègue" que le richissime Armand Duval-Riché (Nicolas Marié) est corrompu, et les deux affaires vont se mélanger dans son cerveau abîmé par la consommation de colle...

Ca a l'air de faire beaucoup, comme ça, mais il y a une grande logique derrière tout ça. C'en serait même simpliste, puisque si Dupontel a un peu commencé avec ce film à infléchir sa manière (plus tendre, moins méchante), il a quand même choisi de le situer dans un monde qui est vu au travers des yeux d'un enfant, même si cet enfant s'appelle probablement Bernie... Et d'ailleurs le parcours accidenté de Roland est de la pure bande dessinée. La première fois qu'on le voit, il est dans le fond de l'image, à sauter sur de vieux matelas, complètement shooté à la colle. Il rebondit tant et si bien qu'il atterrira vingt mètres plus loin... Donc tout ça n'est effectivement pas bien sérieux. 

C'est du dessin animé, bruyant et mal poli, dominé par les performances excessives et souvent réjouissantes: Nicolas Marié en sale type riche, mais qui a cette fois le privilège de pouvoir se racheter... Hélène Vincent, malmenée par son réalisateur, doit risquer sa peau en se suspendant dans le vide... Et Bruno Lochet se prend des parpaings dans la tête! La présence de Terry Jones et Terry Gilliam (je ne me lasse pas de l'écrire) dans une scène courte mais mémorable, ensemble, situe le film dans la tradition de la plus saine des bouffonneries, et la musique d'Alain Ranval (également connu sous le nom de Ramon Pipin) et le montage volontairement haché confirment cette tendance. 

Mais Albert Dupontel derrière l'excès et la comédie, a toujours une dent dure, et si tout est ici simplifié, on y voit quand même un clochard qui se substitue à la police dont il considère qu'elle ne fait pas son travail. Bien sûr son altruisme a de sérieuses limites, et il va finir par se concentrer (comme Amélie Poulain, tiens!!) uniquement sur le cas de Marie et de sa fille. Quand même, il y a une petite graine de justicier derrière ce grand méchant Dupontel, qui reste l'un des plus intéressants de nos cinéastes en exercice. Y compris avec ce petit film rigolo, où il mêle sa gouaille et un univers essentiellement visuel où on trouve même des bribes de Tati... Mais en avance rapide.

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Albert Dupontel Terry Gilliam Terry Jones
9 août 2019 5 09 /08 /août /2019 18:19

Le Baron ruiné de Sigognac reçoit chez lui des comédiens itinérants et s'aperçoit qu'ils sont finalement mieux lotis que lui... D'autant que parmi eux il y a la belle Isabelle. Il part avec eux sur les routes et va vivre des aventures avec la troupe...

Le studio Eclair avait pour intention de rejoindre les deux frères ennemis, Pathé et Gaumont pour participer à cette guerre de concurrence, et avait en particulier engagé des cinéastes capables, issus du théâtre, et qui ont particulièrement marqué la production Eclair de leur empreinte: Emile Chautard, Maurice Tourneur et Victorin Jasset sont les grands noms de cette histoire qui ne durera finalement pas très longtemps, puisque les deux premiers sont partis aux Etats-Unis, et Jasset mourra en 1913. La décennie sera fatale au studio, et la plupart des films seront alors perdus... On en retrouve aujourd'hui, notamment chez Lobster, à la cinémathèque française, et au Eye Museum d'Amsterdam qui possède un important fonds Eclair...

Ce Capitaine Fracasse restauré en collaboration avec Lobster est incomplet. Il ne subsiste que les fragments d'une bobine, mais il ne devait pas être beaucoup plus long. Le début manque à l'appel... C'est, selon la technique en vigueur en 1909, un film qui va à l'essentiel d'une intrigue, sans s'embarrasser d'un long développement. Mais le talent de Jasset, qui était décorateur de théâtre, est ici à trouver dans la composition d'une grande assurance, et surtout dans la décoration de son film, qui contrairement à beaucoup de films (Pathé ais aussi Gaumont, il y en aura pour tout le monde!) fait aussi authentique que possible. La multiplication des tableaux permet au cinéaste de chercher à varier les décors le plus possible...

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Published by François Massarelli - dans Muet Victorin-Hyppolite Jasset
9 août 2019 5 09 /08 /août /2019 15:53

C'est devenu tellement banal d'entendre que ce film est le sommet de la carrière de Greta Garbo, qu'on se le prend inévitablement en pleine figure! Le choix de George Cukor pour la diriger, et traiter ce qui aurait pu, dans la prude Amérique Hollywoodienne de la fin des années 30, déboucher sur un parfum de scandale et de provocation, est magistral: le réalisateur, prenant le parti de tout centrer sur le point de vue de Marguerite Gautier, ou autour de son personnage, en fait un drame d'amour fou, à l'abri des écueils...

Nous assistons donc à la rencontre, due au hasard, entre la courtisane Marguerite Gautier (Greta Garbo) et le jeune Armand Duval (Robert Taylor), un inconnu qui est pourtant un fervent amoureux depuis longtemps. Il sait tout sur elle, et elle ne niera pas, pas plus qu'elle ne pourra cacher longtemps qu'elle est entretenue par un noble possessif, jaloux et tatillon, le baron de Varville (Henry Daniell). Rongée par la tuberculose (qui n'est JAMAIS nommée dans le film), rendue par l'environnement d'Armand (son père, un rôle formidable pour Lionel Barrymore) incapable de rester plus longtemps avec lui, Marguerite va se consumer d'amour, sous l'indifférence atroce et coupable de son milieu: les femmes de petite vertu qui continuent de s'affairer sans remarquer que la maladie qui frappe Marguerite, n'a rien d'un caprice de diva...

Le film est la plus belle adaptation du roman de Dumas (fils), et effectivement un rôle en or pour Garbo. La façon dont Cukor a conçu tout le film autour d'elle est impressionnante, et le film brille en plus par son interprétation, comme tous les films du cinéaste du reste... Cukor a privilégié comme il le faisait souvent, une interprétation en continu, en utilisant des plans d'ensemble dans lesquels les gros plans de l'actrice viennent préciser, affûter le point de vue. Et le naturel avec lequel Garbo et Taylor jouent l'amour fou nous font parfois rêver d'une interprétation Borzagienne, mais justement ce qui tranche sur les délires sublimes du metteur en scène de Three comrades (dont le destin des amants est si proche de celui d'Armand et Marguerite), c'est le fait que Cukor, qui a constamment recours à de superbes ruptures de ton, réussit toujours, paradoxalement, à rester sur terre... Comme il avait réussi à le faire dans le Romeo and Juliet de1936, et comme il allait continuer à le faire dans plus d'un drame et plus d'une comédie.

 

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Published by François Massarelli - dans George Cukor Greta Garbo
8 août 2019 4 08 /08 /août /2019 17:03

L'un des films les plus connus de son auteur, mais c'est un paradoxe, car en réalité Capra honorait ainsi une commande, avant de s'engager dans l'armée à sa façon, puisqu'il participera en cinéaste à l'effort de guerre. La Warner avait distribué Meet John Doe, son premier film indépendant après sa longue période à la Columbia. Meet John Doe étant un échec commercial, il est probable que le studio demandait ainsi à son réalisateur star d'un jour, un rattrapage... 

La pièce de Joseph Kesselring était dores et déjà un succès énorme, et empêchait la sortie du film avant 1944. Mais le principal enjeu de ce qui ne pouvait qu'être un succès cinématographique à son tour, était de faire du cinéma avec du théâtre. Des ajouts ont été effectués à l'intrigue et au dialogue, principalement au début, pour donner un contexte proche de la screwball comedy: le pointilleux critique dramatique Mortimer Brewster (Cary Grant) va se marier avec Elaine (Priscilla Lane) et avant de partir en lune de miel, il passe chez ses tantes adorées, deux vieilles dames excentriques qui vivent avec l'un des deux frères de Mortimer, Teddy: celui-ci, atteint d'une douce folie, se prend pour Theodore Roosevelt. Chemin faisant, Mortimer va découvrir que les deux coeurs d'or se sont lancées dans une mission: supprimer des pauvres hères isolés pour alléger leur misère. Elles s'apprêtent d'ailleurs à enterrer le douzième à l'arrivée de leur neveu...

Et la cerise sur le gâteau, c'est que le troisième des frères Brewster, Jonathan (celui qui a mal tourné), revient se cacher chez ses tantes, avec deux "amis": le mystérieux "Docteur" Einstein, et un cadavre en plusieurs morceaux. Menaçant et très énervé contre son comparse qui lui a bricolé la tête de Boris Karloff en guise de camouflage, recherché par les polices de tous les Etats-unis après son évasion, Jonathan va semer la pagaille... Et Mortimer qui se rend compte qu'entre ses deux frères et ses deux tantes, il est plutôt servi, n'est pas près de partir en lune de miel...

C'est un festival de rire, de gags et de grands moments de jeu. Ce n'est pas subtil, non, et on voit bien que Cary Grant avait comme mission d'en faire des tonnes, développant avec génie un art de la réaction extrême qui tient autant du cartoon que des traditions de la comédie. Et si Capra est un peu en vacances, à l'écart de son univers, il est évident, d'une part, qu'il a pris sa mission d'adapter une pièce avec sérieux, et ne s'est pas contenté de filmer, loin de là (sa technique est exceptionnelle, et son montage renversant de réussite, créant un tempo et une tension formidable), mais ça ne l'a pas empêché de diriger ses acteurs comme il savait si bien le faire dans ses comédies. Et il est servi! Raymond Massey, Peter Lorre, Jack Carson, James Gleason, Edward Everett Horton, sont tous brillants. Pas de quoi bouder son plaisir: ...Chaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaarge!!

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Frank Capra Criterion Cary Grant Edward Everett Horton
8 août 2019 4 08 /08 /août /2019 16:47

La Warner avait frappé un grand coup en 1935 avec la sortie de son Midsummer night's dream, co-réalisé par max Reinhardt et William Dieterle, il était inévitable que le prestige que le studio de Burbank avait retiré de l'opération, sans parler du succès du film, a donné des idées à plus d'un studio. La MGM, supposée être à la pointe des productions de prestige, ne pouvait que tenter le défi...

Peut-on faire du cinéma avec Romeo and Juliet, pièce cruciale de Shakespeare, et le faire bien? On a évidemment peur du théâtre filmé, à juste titre, et le drame de Vérone ne pouvait que difficilement pousser un studio de 1936 à être créatif. D'où un certain nombre de parti-pris: d'une part, le film est clairement situé à Vérone, dont u certain nombre de truquages vont reproduire l'espace, à défaut de pouvoir y tourner. L'époque choisie est celle de la pièce... Deux, le texte a été amputé du cinquième environ, mais avec soin. Ont été enlevé des moments de calme entre les actes, de comique pas justifié, et les adresses au public. Trois, le montage est exceptionnel, fouillant dans les visages, et en ce qui concerne l'héroïne, magnifiant le jeu de Norma Shearer...

Car Cukor aime s'entourer, et a choisi son camp. Entre le jeune gaillard déluré qui tombe amoureux d'une étoile filante, et la jeune vierge qui se prend la passion en pleine figure à ses premières amours, il n'a pas hésité une seconde, et c'est devenu Juliet and Romeo... La prestation de Norma Shearer, forcément, est exceptionnelle, et on oublie assez vite, seule concession au théâtre, qu'elle a dépassé depuis longtemps l'âge du rôle. Elle est secondée à merveille: Leslie Howard est excellent en Romeo, et John Barrymore, C. Aubrey Smith, Basil Rathbone ou encore Edna May Oliver ne pouvaient pas se tromper. Tous prennent un plaisir immense à dire le texte sacré, et Cukor garde le naturel de chacun en surveillance. Y compris Barrymore, qui de toute façon joue un fieffé gredin, coureur et buveur: naturel, vous dis-je.

C'est un modèle de théâtre adapté avec intelligence, et ça inaugure une phase brillante de la carrière de Cukor, au plus près, désormais, de ses actrices et de ses héroïnes, qu'elles soient Katharine Hepburn, Judy Garland, Greta Garbo, ou... Norma Shearer.

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Published by François Massarelli - dans George Cukor Shakespeare
6 août 2019 2 06 /08 /août /2019 16:06

Chance? C'est un bien grand mot! Disons que la chance, dans la vie de Dolly dite Angel Face, n'a pas un grand rôle, car elle sait très bien ce qu'elle fait. Au moment où commence le film, elle est standardiste dans un hôtel, et plutôt que de gagner sa vie honnêtement, profite de sa position pour faire la chasse aux monsieurs riches. Elle est repérée par des "amis", d'autres escrocs, Brad (Lowell Sherman) et Gwen (Gwen Lee) et ceux-ci font un "coup" avec elle... A l'issue duquel elle part avec l'argent, tout bonnement: bref: sans foi ni loi, c'est une pro.

Elle rencontre un jeune homme, Steve Crandall (Johnny Mack Brown), qui est Sudiste et qu'elle croit riche. Or, il ne l'est pas. Du moins pas encore. Et quand elle l'apprend, il est trop tard: ils sont déjà mariés. Et sinon il y a deux autres développements imprévus: d'une part, elle tombe amoureuse de sa victime potentielle, mais surtout, Brad et Gwen font irruption dans sa vie: difficile dans ces conditions de se racheter une honnêteté...

Ca commence par une étourdissante comédie dont la principale force est sa star, Norma Shearer dont on voit bien à quel point elle est heureuse, elle qui était de plus en plus abonnée aux rôles "positifs" tels que les concevait Louis B. Mayer gardien de la morale à la MGM, de jouer un femme profondément malhonnête, aguerrie, et sans aucun scrupule! La comédie repose entièrement sur la complicité inévitable qui s'établit entre elle et nous, et tout ou presque passe par un visage étonnamment expressif.

La scène la plus réjouissante reste celle durant laquelle Dolly tente de séduire le "millionnaire", du moins croit-elle, en révélant ses atouts: une paire de jambes comme il n'en a jamais vues! Sauf que justement, il n'en a jamais vu, et il s'efforce de les couvrir au fur et à mesure. La scène serait efficace telle quelle, mais Shearer en rajoute à notre bonheur par un jeu d'expressions et de réactions formidables...

Sans véritablement se gâter, ça baisse un peu en intérêt quand l'histoire d'amour prend le dessus, d'autant que Johnny Mack Brown a quand même la charge de jouer un benêt... Heureusement, Lowell Sherman et Gwen Lee sont eux toujours du mauvais côté de la loi et maintiennent à flot le salutaire esprit canaille du film. N'empêche, cette petite comédie sans prétention est une preuve de plus du talent de Norma Shearer, qu'une grande proportion des films parlants qu'elle a tournés n'ont pas su exploiter à sa juste mesure.

 

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Published by François Massarelli - dans 1928 Muet Comédie *
6 août 2019 2 06 /08 /août /2019 15:59

Non content de truffer leurs films avec ce fameux putois d'un français de cuisine du plus mauvais goût, Jones et son scénariste Maltese ont également eu à coeur de piller le folklore français tel que vu par la moulinette d'Hollywood. Dans Scentimental Romeo, un monsieur bien comme il faut qui avait par mégarde passé un peu trop de temps à proximité de Pepe et de son odeur fatale, s'engageait dans la légion étrangère avant de s'évanouir...

Forcément, toujours condamné à rester seul au bout de ses lamentables tentatives de séduction, Pepe devait lui aussi effectuer cette demande. Les films sur la légion sont passés de mode dans les années 50, mis celui-ci agit au second degré en tant que commentaire sur le genre lui-même. Au delà de cette identité de méta-film, c'est un fort routinier cartoon qui ne renouvelle pas vraiment la série.

Par contre on y voit à travers le jeu sur les tailles des légionnaire, une trace tangible de la recherche graphique permanente des équipes successives de Chuck Jones: le patron les encourageait à se dépasser...

 

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Published by François Massarelli - dans Looney Tunes Animation Chuck Jones