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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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21 mars 2018 3 21 /03 /mars /2018 18:06

Pour sa deuxième réalisation, Jodie Foster choisit de ne pas apparaître devant la caméra, mais on peut quand même au moins émettre l'hypothèse que ce ne soit pas tout à fait un hasard si Holly Hunter lui ressemble un peu sur les photos promotionnelles. Mais voilà: par principe, la cinéaste interdit à l'actrice qu'elle est de prendre toute la place dans le film, et cette fois, contrairement à la mère dépassée par les événements de Little Man Tate, le moins qu'on puisse dire de Claudia, c'est bien qu'elle est le rôle principal du film...

Claudia est peintre, mais elle est surtout restauratrice d'oeuvres d'art. "Etait", plutôt, car elle est licenciée dès la première scène. C'est Thanksgiving, et elle doit quitter Chicago pour retourner chez ses parents à Boston. Sans sa grande fille Kitt (Claire Danes), qui a décidé de passer le jour de fête chez son petit mi, avec lequel elle admet à sa mère, fièrement, qu'elle aimerait bien coucher.

Bref, Claudia ne va pas bien, et en plus il lui faut affronter le cirque familial: des parents (Anne Bancroft et Charles Durning) qui s'adorent mais passent le temps à se chercher des poux dans la tête, une soeur (Cynthia Stevenson) critique de tout, avec un mari (Steve Guttenberg) ennuyeux au possible et des enfants qui vont avec, et son frère Tommy (Robert Downey Junior) qui vient de se marier plus ou moins en secret avec son compagnon de longue date, Jack. Celui-ci est absent, mais la tante Glady (Geraldine Chaplin) est bien là, elle, un peu gâteuse, et un peu pétomane sur les bords...

Bref, beaucoup d'occasions de rappeler, voire revivre, le passé en famille pour Claudia, et peu de perspectives d'avenir, s'il n'y avait Leo, un ami de Tommy qui l'accompagne. Et ça tombe bien, car la raison qui l'a poussé à venir, c'est une photo de Claudia...

Le trait est volontiers grossier, un peu comme la première demi-heure de Money Monster. Mais Claudia et sa famille, y compris dans ses escarmouches entre la prude grande soeur, et le transgressif Tommy. On sent que Downey n'en fait absolument qu'à sa tête, comme beaucoup d'acteurs du film du reste (Et Cynthia Stevenson est géniale). Ca maintient une certaine bonne humeur, dans ce qui risquerait d'être un peu une recherche molle du temps perdu. Et même si nous nous sommes longtemps couchés de bonne heure, on préfère un film comme celui-ci quand on peut y rigoler un peu...

Vers la fin du film, quand la restauratrice d'oeuvres anciennes, qui vient d'aller au bout de ses souvenirs, trouve enfin une raison de se raccrocher à l'avenir, ce sont tous les personnages qui défilent sous nos yeux, dans une certaine joie de vivre (y compris la soeur acariâtre) en super 8, comme si les valeurs du passé et du présent s'étaient inversées... Une jolie idée, finalement, qui nous évite un gros coup de bourdon, car la déprime, ça passe.

Hélas, comme les années.

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Jodie Foster
20 mars 2018 2 20 /03 /mars /2018 18:19

La dépression, vue de l'intérieur, du chaos intérieur: voilà le sujet de ce film qui réussit constamment à naviguer entre comédie et drame, entre description rationnelle et décalage inquiétant. Mel Gibson est excellent, mais oui, quant à la réalisatrice, elle s'est gardé un rôle moins marquant, comme elle l'avait fait avec son premier film, Little man Tate: là encore, elle y joue un personnage lié au "héros" (Elle était en la mère dans le premier film, elle est ici l'épouse), mais qui non seulement ne comprend pas le problème, et plus encore dans ce film en deviendrait presque l'ennemi... On y verrait bien comme un goût pour les situations de crise, qu'elle soit familiale, ou liée à une prise d'otage (Money Monster).

Walter Black (Mel Gibson), nous informe une voix off mystérieuse au fort accent Australien, est dépressif. Du coup, tout dans sa vie se casse la figure: son épouse Meredith a beau avoir de la patience, elle en a marre de ce mari qui ne fait que dormir. Son entreprise, héritée de son père, est en train de tout perdre, et il ne mène plus rien. Si son plus jeune fils Henry lui est pour l'instant très attaché, son grand fils Porter (Anton Yelchin) est en plein conflit. 

Quand Meredith décide de chasser Walter purement et simplement, Porter applaudit... Et Walter se saoule, et tente de se suicider.

Il en sera empêché par une marionnette, celle d'un castor qui va désormais "le prendre en main". Bien que le castor en question soit juché sur la main de son "support humain", et que ce dernier parle pour lui visiblement, on jurerait que la bête est vivante. Et dans un premier temps, Walter va aller mieux. Mais c'est surtout que le castor va prendre le pouvoir, ce que Meredith, d'abord séduite par le regain d'énergie et d'optimisme de son mari quand il est sous l'influence d'un castor, va avoir de plus en plus de mal à accepter.

Une sous-intrigue, qui met en lumière une sorte de malédiction familiale, s'intéresse à la vie de Porter au lycée, son business de devoirs faits pour les autres, et sa rencontre avec la fille la plus en vue du lycée, qui lui confie un 'travail'. Mais si la belle Norah (Jennifer Lawrence) est attirée par Porter, celui-ci va tout gâcher... cette portion du film est sympathique, mais nettement plus conventionnelle. Mais elle n'est qu'un des points de vue complémentaires et contradictoire d'une réalisatrice (On le voit bien dans son film Money Monster) qui aime beaucoup croiser les subjectivités autour d'un personnage. Mel Gibson a beau être en permanence ou presque à l'écrn, nous n'avons jamais son point de vue, mais celui de sa famille, de ses collaborateurs...

...et du castor bien entendu. Admettons-le: personne ne pourra décider à la fin, si l'animal existe vraiment, ou s'il s'agit d'un tour de passe-passe psychologique visant à sortir de la dépression, et qui tourne particulièrement mal. Car le film, en dépit de son prétexte loufoque, n'a absolument rien d'une comédie: il est profondément noir, et touche vraiment juste sur le sujet de la dépression, et installe un véritable malaise. Et Mel Gibson, qui sent généralement le soufre, n'y est pas pour rien.

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Published by François Massarelli - dans Jodie Foster
19 mars 2018 1 19 /03 /mars /2018 17:58

Ce film, hélas posthume, est le dernier volet d'une trilogie commencée en 2008 avec Back soon, que prolongeait Queen of Montreuil. La réalisatrice avait commencé par situer une intrigue en Islande (Back Soon), puis de déplacer ses personnages Islandais vers la France (Queen of Montreuil); là, les héros rencontraient divers personnages locaux, dont le grutier Samir et surtout la jeune veuve Agathe...

Celle-ci (Florence Loiret-Caille) est maître-nageuse, et elle fascine Samir (Samir Guesmi) qui aimerait tant la rencontrer pour de vrai. Il prend donc la décision d'apprendre à nager, ce qui va être risqué, parce qu'en réalité il sait déjà. Ils deviennent assez vite complices, et une nuit, Samir qui s'est fait enfermer à la piscine Maurice Thorez de Montreuil (!), a la surprise de constater qu'il n'est pas seul: Agathe s'est, pour sa part, volontairement enfermée... Ils discutent, s'embrassent, mais...

Un collègue d'Agathe a fait entrer des femmes un peu louches dans la piscine, et l'une d'entre elles tombe. Samir, devant Agathe médusée, plonge et la sauve. Comprenant qu'il lui ment sur lui-même depuis le début, Agathe s'enfuit...

Il faudra à Samir aller la retrouver en Islande, avec ses vieux copains, dans une équipée mi-burlesque, mi-poétique, où Agathe pèse le pour et le contre d'une relation avec Samir. Quant à ce dernier, il va involontairement résoudre la situation par un accident suivi d'une crise d'amnésie...

C'est gentil, et certes un peu inabouti, surtout si on le compare avec le beau Lulu femme nue de 2013. On devine que la cinéaste, qui est décédée peu de temps avant la fin du montage, savait que finir son film serait difficile. Il a été supervisé par le co-scénariste Jean-Luc Gaget, et on ne saura donc pas quelle est la part exacte de ce que Solveig Anspach souhaitait voir dans son dernier film... Mais tel qu'il est, avec son rythme lunaire et doux, il peut tout aussi bien faire l'affaire. Que ce soit dans la première partie, dominée par le point de vue (certes décalé) de Samir, qui a du Hulot en lui, ou dans la deuxième qui mélange les parcours de ses deux personnages. On rit souvent, et sans la moindre méchanceté, devant ce joli petit, tout petit film.

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Solveig Anspach
19 mars 2018 1 19 /03 /mars /2018 17:31

Deuxième long métrage intégralement conservé de Yasujiro Ozu, Va d'un pas léger est un des nombreux films muets du maître dans lesquels son talent pour innover à partir de sa fréquentation assidue du cinéma américain, est le plus évident. mais contrairement à Jours de jeunesse, et à tous les films conservés sous forme incomplète, celui-ci n'est pas du tout une comédie...

Kenji (Minoru Takada) est un gangster; il est le "boss", et n'a de comptes à rendre à personne. Son plus proche ami est le petit Senko (Hisao Yoshitani), un voyou éminemment sympathique avec lequel ils ont créé un combine efficace: Senko vole des portefeuilles avec son talent de pickpocket, et si les victimes se rebellent, c'est Kenji qui intervient spontanément, inspirant une certaine confiance, pour fouiller l'autre! Inutile de dire que Kenji ne trouve pas le portefeuille, et qu'ils en partageront le contenu... Le soir, ils se retrouvent en ville, dans une salle aménagée pour la boxe, et Kenji est souvent affublé d'une jeune femme, Chieko (Satoko Date), qui commence à le trouver un peu ennuyeux. Il faut dire que,Kenji a des doutes...

Il rencontre par hasard une jeune femme, Yasue (Hiroko Kawasaki) grâce à laquelle il va essayer de se ranger. Mais si Senko approuve et le suit, ce n'est pas du goût de leurs anciens amis...

Le film était à l'origine, comme J'ai été diplômé, mais... prévu pour être réalisé par Hiroshi Shimizu, qui a d'ailleurs participé au scénario. Pourquoi le relativement nouveau venu a-t-il été préféré à celui qui en 1929 est déjà un vétéran de la Schochiku, il faut sans doute envisager de répondre en fonction de la versatilité et de la rapidité d'exécution d'Ozu, voire, tout simplement, en raison de son style si empreint de cinéma américain... Il a retenu les meilleurs leçons du burlesque, et s'en inspire tout au long du film avec génie. Ce film est frappant par la pureté, à l'heure de 'arrivée du cinéma parlant, de son langage pictural... Et Ozu s'amuse à dresser des liens entre ses comédies et son film de gangsters: les mêmes affiches de film américains aux murs, les personnages du reste s'habillent à l'occidentale, sauf la pure Yasue. Les circonstances dans lesquelles Kenji rencontre la jeune femme rappellent les Amis de combat, et l'association entre Senko et Kenji renvoie un peu aux nombreuses "paires" d'amis, de Jours de jeunesse, Amis de combat, ou encore Le galopin. Bref, Ozu balise son film de façon familière...

Et Ozu, qui n'a pas quitté la comédie pour de bon, se sert du brave Senko pour effectuer une sorte de passerelle entre les deux genres, mais aussi pour alléger le côté sombre du film, car on y traite de la difficulté de la rédemption pour un bandit, mais aussi dans une sous-intrigue, on y voit le patron de Yasue essayer de forcer la jeune femme à coucher avec lui, un type d'anecdote qui reviendra dans beaucoup des films de la période, chez Ozu: dans ses films de gangsters (Femmes de Tokyo notamment), mais aussi ses drames. Bref, Va d'un pas léger, avec son titre intrigant (mais qui est totalement expliqué à la fin) est une grande date du cinéma si particulier de Yasujiro Ozu.

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Published by François Massarelli - dans Muet 1930 Yasujiro Ozu Noir *
18 mars 2018 7 18 /03 /mars /2018 11:07

L'hésitation sur le titre vient du fait qu'on en trouve plusieurs, et pour causes: ce film n'est pas sorti en France. C'est un moyen métrage, à l'origine, une de ces petites comédies de complément de programme qu'Ozu tournait vite et bien. Comme d'autres, le film n'est conservé que sous une forme partielle, et la copie la plus fréquemment vue est directement tirée d'une version abrégée conservée en 9.5mm, soit un format de visionnage à la maison. on y retrouve le squelette de l'intrigue.

Deux gangsters (Tasuo Saito, Takeshi Sakamoto) se sont associés afin de se lancer dans une entreprise qu'ils croient lucrative: ils vont kidnapper un enfant (Tomio Aoki) et demander une rançon. Mais la période durant laquelle ils vont garder chez eux le petit sera tellement infernale, qu'ils vont le renvoyer chez lui... les bras chargés de cadeaux, parce qu'il n'a pas envie de partir! 

Cette histoire provient d'une nouvelle de O'Henry, un auteur Américain dont les histoires sont très connues aux Etats-Unis. Une autre adaptation de The ransom of Red Chief, dirigée par Howard Hawks (et pas franchement folichonne) figure au menu du film collectif O'Henry's full house, produit par la Fox en 1952... Le film d'Ozu est en apparence plus léger, plus burlesque aussi. Les deux acteurs adultes vont au bout de la comédie, et comme avec Jours de jeunesse, Ozu est à l'aise pour diriger deux personnages complémentaires, dans leurs différences aussi bien physique que psychologique. Le gamin mérite bien son "surnom" de galopin, et deviendra en très peu de temps un enfant star au japon. On le reverra dans d'autres films d'Ozu...

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Published by François Massarelli - dans 1929 Muet Comédie Yasujiro Ozu *
18 mars 2018 7 18 /03 /mars /2018 08:59

Admettons qu'on n'attendait pas forcément Jodie Foster sur le terrain de la parabole socio-économique, avec une prise d'otages dedans! C'est que la réalisatrice de Little man Tate, Home from the holidays et The Beaver, faisait jusqu'à présent dans l'exploration de la famille... Mais ça n'empêche ni l'indignation, ni les convictions. Et Foster s'est beaucoup fait la main sur des séries ces dernières années... On ne s'étonnera bien sûr pas vraiment de trouver ici George Clooney, dans un rôle qui lui permet de choisir plusieurs cibles sans aucune hésitation pour la parodie: les présentateurs télé les plus odieux d'une part, et son Lee Gates est particulièrement poussé dans le genre, et les obsédés de l'argent d'autre part, ces journalistes, chroniqueurs ou consultants, qui commentent dans les médias les flux d'argent et la bourse comme on parlerait de sport.

Et c'est là que, je pense, on peut sans aucun problème parler d'indignation, car ce que rappelle Money monster, c'est précisément que derrière ces mouvements d'argent, cet appel à l'actionnaire à faire monter ou descendre des titres, il y a des gens qui risquent leur pécule, et parfois même leur santé... Un jour, l'un d'entre eux, Kyle Burdwell (Jack O'Donnell), attiré par les chroniques de Lee Gates et séduit par un titre qui "était moins risqué" qu'un compte d'épargne, selon le commentateur, a risqué tout ce qu'il avait, et... tout perdu. Et il n'est pas le seul: quand le film commence, le désastre vient d'avoir lieu, et Lee Gates commente nonchalamment la chose, sans savoir que dans le studio derrière lui, Kyle Burdwell se tient prêt à intervenir. IL est armé, il a deux ceintures d'explosifs, et il entend bien se venger, et venger tous les tous petits actionnaires, d'un système qui ne tourne pas rond. Et tant qu'à faire, il veut effectuer cette vengeance en direct à la télévision...

Le film commence justement par le début d'une chronique de "Money Monster", l'émission de Gates. C'est un personnage odieux, qui transforme tout en spectacle vulgaire, mais l'équipe, très professionnelle, le suit. Chaque détail est en réalité plus ou moins conforme à un script, même si la réalisatrice, Patty (Julia Roberts), se plaint souvent de l'imprévisibilité de son présentateur. Mais enfin, on sent l'émission ultra-populaire... dont le sujet finit par disparaître au profit du show.

C'est que le film nous parle, quand même, de la perte des repères, de l'abandon des valeurs, de l'absence de dignité: aussi bien celle des spéculateurs, et des groupes financiers, qui sont pointés du doigt de plus en plus au fur et à mesure de l'évolution du film, mais aussi bien sûr celle des médias, et de tous ceux qui y travaillent (lors de la prise d'otages, on constate que la phrase la plus souvent entendue par Kyle Burdwell quand il s'adresse aux techniciens, c'est "Hey, I just work here, alright?", un abandon du libre-arbitre, au profit d'une mise à disposition de l'être humain à ses supérieurs hiérarchiques: bref, "ce n'est pas moi, c'est le système". 

Ca devient assez vite naïf, et un peu gros: par exemple, vêtu d'une ceinture d'explosifs, Clooney va se ranger finalement aux côtés de son preneur d'otages, et à eux deux ils vont se lancer dans une croisade express contre un groupe de spéculateurs qui, on va le découvrir, ont un certain nombre de casseroles... Durant le film, ça passe tout seul, mais ça reste quand même un peu louche. Mais le film se soumet à un rythme, chaotique et très rapide dans la mesure où une bonne part, et c'est là l'intérêt, est vue du point de vue de Patty, la réalisatrice. Celle-ci, qui doit garder un oeil sur tout, et anticiper, et parfois même piloter une action extérieure à l'émission, devient inévitablement un relais de Jodie Foster elle-même, et elle est un peu complétée par une autre femme: Diane Lester (Caitriona Balfe) est la porte-parole du groupe qui a plongé, et elle apprécie peu d'être la lampiste d'un système dont elle se sent elle aussi la victime. En cherchant son patron, qui est supposé injoignable, elle va découvrir des malversations...

Tout va finir pour le mieux dans le meilleur de

s mondes? Non, bien sûr, pas tout à fait. Si le film entremêle deux styles, l'un inspiré par la comédie, l'autre hérité du thriller, il reste aussi un drame humain et le rappelle constamment. On passera sur certains personnages peu développés et parfois excessivement caricaturaux (La petite amie enceinte du preneur d'otages, convoquées pour le faire lâcher prise, et qui lance dans une bordée d'injures, et lui disant "allez, vas-y, fais tout exploser!", n'est pas du meilleur goût...), ou sur le fait que les techniciens, qui risquent (du moins le croient-ils, et nous aussi) d'exploser à tout moment, réussissent à trouver le moyen de mettre le show sur les ondes, et de reprendre le contrôle de la diffusion du drame humain qui se joue sous leurs yeux. C'est douteux, et ça a un peu tendance à diluer une partie du message, car la télévision et les médias jouent quand même, dans la situation de base de ce film, un rôle considérable.

Peut-être que le fait que Clooney et Roberts soient à la barre a poussé Jodie Foster à les dédiaboliser? Peut-être que la parabole se doit d'être simplifiée? Peut-être que... ce n'est qu'un film? 

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Published by François Massarelli - dans Jodie Foster George Clooney
17 mars 2018 6 17 /03 /mars /2018 17:37

Un jeune homme dont le nom ne sera jamais donné dans le film, interprété par Ryan Gosling, gagne sa vie en conduisant. Et ce, de plusieurs façons: d'une part, habitant à Los Angeles, il effectue des cascades pour les tournages locaux; il est également mécanicien, très apprécié de son patron; et celui-ci détourne parfois le regard quand son employé lui emprunte un véhicule pour un braquage, et fait le chauffeur d'occasion pour des malfrats. A ce niveau, ses conditions sont très précises, mais son tableau de chasse est parfait: personne n'a jamais eu à se plaindre de lui. Et il a des perspectives d'avenir: avec l'argent d'un petit mafieux local, son patron va monter un business de stock-car avec lui en vedette... Tout irait pour le mieux, donc... sauf que le héros a une voisine, qui a un enfant. Et si au départ c'est juste bonjour-bonsoir dans l'ascenseur, la sympathie, et plus, s'installe.

Il apprend que la jeune femme, Irene (Carey Mulligan), est mariée à Standard (Oscar Isaac), le père de Benicio, qui est en prison. Il va d'ailleurs bientôt sortir. Quand il revient, les ennuis vont commencer, car Standard a des dettes, et la bande qui l'a protégé en prison souhaite le faire payer leurs services. Quand il apprend que les malfaiteurs ont clairement menacé Irene et Benicio, le chauffeur va venir en aide à son voisin, et...

...Clairement, les ennuis vont s'accumuler.

Mais alors, vraiment!

C'est très lent, et Ryan Gosling adopte un profil bas, et le plus souvent mutique. Irene aussi, d'ailleurs; non, ce sont les autres personnages qui font la conversation, la plupart du temps. Il en résulte une forte adhésion du spectateur à ces deux personnages à part, que tout devrait rapprocher, mais que tout éloigne, et ça ne va pas aller en s'arrangeant. Ryan Gosling interprète un personnage prêt à tout mettre entre parenthèses pour sauver la femme qu'il a décidé d'aider... Y compris contre son gré. 

Mais le film, au delà de sa lenteur, est aussi froid, et particulièrement violent: les scènes les plus dures sont souvent fulgurantes, soudaines, courtes... et graphiques. On comprend assez vite que les personnages n'ont pas grand chose à perdre, et il y a là une formidable galerie de personnages, de Ron Perlman en bandit à la manque, spécialiste du coup foireux qui éclabousse, ce qui le rend d'autant plus dangereux, à Christina Hendricks qui joue une participante d'un casse qui est tellement vulgaire qu'on s'étonne de l'entendre s'exprimer avec des mots... 

Et le film possède ses scènes d'anthologie: une scène d'ouverture, durant laquelle on comprend en plein feu de l'action les circonstances parfois louches de l'exercice du métier du héros; elle se clot sur une poursuite à la précision diabolique. une scène formidable et inattendue joue avec bonheur (Ce n'est pas souvent que je ferai cette remarque) sur une utilisation inventive du ralenti: comme quoi c'est possible! Le héros est dans l'ascenseur avec la femme qu'il aime; un autre homme est là, et on comprend vite qu'il est précisément venu pour les éliminer tous les deux. Le reste est indescriptible... Enfin, une scène d'ultra-violence dans un club de strip-tease, durant laquelle divers outils, dont un marteau, sont utilisés pour faire passer un message, trouve un écho presque comique lorsque un personnage contrarié assassine un pauvre malfrat un peu bête qui passait par là, à coups de fourchette! La plupart de ces moments sont systématiquement des surprises, un ingrédient que le réalisateur danois semble manipuler avec une maestria rare, dans un genre aussi codé et aussi prévisible.

...Ca ne s'invente pas. Mais surtout, derrière ces embardées de violence d'autant plus notables qu'elles sont cachées derrière la lenteur calculée de la narration, se cache une histoire, un requiem qui est un modèle de film noir. A ne pas mettre devant tous les yeux, cela va sans dire...

 

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Published by François Massarelli - dans Noir Ryan Gosling
17 mars 2018 6 17 /03 /mars /2018 17:03

Ce film de 1929 (également connu sous le titre d'Amis de combat) est une fois de plus un film dont l'ensemble du métrage a disparu, à l'exception de courts extraits assemblés dans une continuité qui résume l'intrigue pour le visionnage à la maison. Les copies existantes, tirées d'une source en 9.5 mm, sont dans un très mauvais état, comme du reste les autres films muets d'Ozu! 

C'est une comédie, qui doit une fois de plus beaucoup aux grands comédiens, Harold Lloyd en tête, dont un gag célèbre (Basé sur la consommation inopinée de boules de naphtalines, dans Grandma's boy, 1922) est ici détourné. Les héros sont deux amis qui cohabitent et partagent tout, au point de s'associer dans un garage un peu miteux. 

Les deux hommes provoquent sans le vouloir un accident, et renversent une jeune femme. celle-ci est sans domicile, ils la recueillent, et organisent une cohabitation...

Le film rejoint pour partie l'argument de Jours de jeunesse, à travers le fait que les deux amis vont devenir rivaux pour l'affection de a jeune femme, en vain: elle va rencontrer un étudiant, un gendre parfait, avec laquelle elle part pour la ville à la fin du film, sous les yeux tristes, mais résignés, de leurs deux amis. 

Le titre s'explique par une scène au cours de laquelle les deux complices exorcisent leur rivalité à la lutte, mi-sérieusement, mi-sportivement... 

Le film est évidemment, plus encore que J'ai été diplômé, mais..., l'ombre de lui-même. C'est dommage, une fois de plus de devoir conclure qu'il faudra nous en contenter, l'état des collections de cinéma Japonais muet étant ce qu'il est.

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Published by François Massarelli - dans Yasujiro Ozu 1929 Comédie Muet *
17 mars 2018 6 17 /03 /mars /2018 09:46

Le plus ancien film existant d'Ozu, qui est le seul de 1929 à subsister dans une version intégrale, est une comédie, l'une de ces histoires d'étudiants, qui étaient si populaires à l'époque sur les écrans Nippons que la Schochiku poussait le réalisateur à en tourner plusieurs par an. On peut sans doute se dire que c'est ce qui lui a donné son métier, d'ailleurs. 

L'intrigue tourne autour des efforts particulièrement peu glorieux de deux étudiants, des co-locataires, pour séduire une jeune femme. Ils la connaissent tous les deux, mais n'ont pas la moindre idée du fait que chacun d'eux est le rival de l'autre pour les affections de Chieko (Junko Matsui). Ils sont par ailleurs tous les deux bien différents: Watanabe (Ichiro Yuki), un fainéant aux allures supérieures, menteur, farceur et insouciant, a d'ailleurs rencontré la jeune femme par un stratagème un peu limite (Il souhaitait louer sa chambre à une jeune femme, mais choisissait les candidates sur leur mine...). Il est obsédé par le magnifique film Seventh Heaven de Frank Borzage, dont il a des photos et une affiche géante placardés sur tous ses murs, et il en cite d'ailleurs une phrase clé: "I am a very remarkable fellow"... De son côté, Yamamoto (Tatsuo Saito) porte des lunettes, ne sait pas quoi faire de son long corps élancé, et s'il est motivé par les études, et stressé par les examens (contrairement à son copain!), il ne se met pas en posture de les réussir, à cause de son obsession pour Chieko. Quand ils ont fini leurs examens, les deux compères apprennent que la jeune femme souhaite aller faire du ski: chacun d'entre eux va annoncer à l'autre son désir de sports d'hiver! Ils se rendent donc en montagne, mais ils ne sont définitivement pas doués...

Le slapstick, parfois présent dans le film, n'est pas un domaine dans lequel Ozu est à l'aise. C'est essentiellement Yamamoto qui en fait les frais. Il serait difficile, surtout quand on connait l'obsession d'Ozu pour l'acteur, de ne pas penser à Harold Lloyd, mais je rejoins Briony Dixon quand elle dit que les tentatives d'installer une comédie de l'embarras à la Hal Roach (Par exemple un moment durant lequel Yamamoto se retrouve sans le savoir avec de la peinture fraîche sur la paume) sont particulièrement ratées. Les aventures des deux jeunes hommes dans la neige sont plus réussis, de même que l'atmosphère estudiantine dans les dortoirs de la station...

Mais ce qui marche mieux, c'est bien sûr la comédie de caractères, la façon dont les deux amis, soit se serrent les coudes, soit (lorsqu'il est enfin établi qu'ils ont compris la situation) se font une concurrence plus sévère. Le plus touchant reste bien sûr Yamamoto, mais les deux sont mis à égalité par leur échec académique, à la fin du film, et surtout par le fait qu'aucun d'entre eux ne gagnera les faveurs de Chieko. Ce qui est notable, par contre, c'est que cette fois, Ozu se garde de glisser vers le pathos. Le ton reste léger jusqu'au bout.

C'est un film long, plus de 100 minutes, et ça amène un certain nombre de redites. La première partie en particulier, celle qui situe les personnages, n'est pas des plus réussies. Finalement, les enjeux et les difficultés causés par le séjour au ski, restent la meilleure source d'aventures pour les deux compères. Et c'est là qu'Ozu tentera d'ailleurs quelques expériences, notamment sur le point de vie, en adoptant celui de Yamamoto à ses pires moments: quand il tombe, par exemple, la scène est vue par un plan chaotique pris par une caméra qui est agitée dans tous les sens. Un plan de Chieko est vu à travers la buée de ses lunettes, et si le gag le plus récurrent du film nous montre Yamamoto qui enfourche ses skis, et... tombe en arrière, un plan nous en montre le contrechamp, avec un horizon qui se retrouve tout à coup vertical...

Bref, un film... de jeunesse, justement. Ozu raffinera vite, très vite même, son style, das d'autres comédies, mais aussi d'autres genres.

 

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Published by François Massarelli - dans 1929 Yasujiro Ozu Comédie *
17 mars 2018 6 17 /03 /mars /2018 09:26

Des premiers films d'Ozu, il ne reste pas grand chose. Les copies existantes de ce titre, par exemple, dérivent toutes d'une version courte destinée au visionnage à la maison. On y a le gros de l'intrigue, ramassé sur.... onze minutes! Inévitablement, la continuité, mais aussi le développement des personnages, s'en ressentent. mais encore un fois, j'insiste bien: c'est le seul moyen de voir ces films aujourd'hui, et à moins qu'une copie plus complète fasse surface, ce qui serait étonnant, on n'aura pas mieux...

Nomoto (Minoru Takada), qui vient de réussir ses examens brillamment, se présente à un entretien pour un travail. Mais on ne lui propose qu'un poste qu'il estime indigne de lui, ce qui provoque une réaction de rejet de sa part: il décide d'abandonner l'idée de travailler. Aussi, quand sa mère (Utako Suzuki) et sa fiancée (Kinuyo Tanaka) viennent s'installer chez lui afin d'accompagner son départ dans la vie, il est obligé de mentir, de plus en plus, et d'occuper ses journées pour prétendre se rendre au travail...

C'est une comédie, oui, mais jusqu'à un certain point: tous les films d'Ozu, y compris les plus légers parmi lesquels ses premières comédies muettes, contiennent si ce n'est un ingrédient tragique, au moins un certain degré de pathos, et celui-ci n'y échappe pas: quand sa mère, qui n'a vu que du feu dans le quotidien de son fils, retourne chez elle, Nomoto annonce la situation à sa fiancée. celle-ci "trouve un travail", dont Nomoto ne tarde pas  à réaliser que l'emploi en question est de tenir un bar dans le centre ville, ce qui l'amènera à reconsidérer son coup de tête. Ainsi le film devait-il, dans sa continuité perdue, se noircir dans sa progression...

Dans les fragments, souvent disjoints, qui nous restent, on retrouve ce style si fréquent dans les films muets d'Ozu, d'une mise en valeur du quotidien, pour des personnages qui sont coincés entre deux cultures: un environnement Japonais, mais un désir d'Amérique, présent comme toujours à travers des détails de comportement et surtout de décoration: ici, une affiche du film Speedy, de Harold Lloyd (réalisé par Ted Wilde), placardée au mur chez Nomoto, nous rappelle la dette profonde du metteur en scène pour les films Américains qu'il aimait tant. On devine d'ailleurs, à travers le comportement de Nomoto dans le film, ce mélange de fierté, de modernité et de désinvolture, que l'influence de ce film particulier de Lloyd ne s'arrêtait pas à la présence de l'affiche. C'est une hypothèse: pour des raisons que j'évoquai plus haut, je ne peux évidemment pas l'étayer plus...

Un dernier point, ceci est l'un des plus anciens films existants de l'actrice Kinuyo Tanaka. Epouse du scénariste du film (Hiroshi Shimizu, un spécialiste du mélodrame qui était supposé tourner le film avant qu'il ne soit finalement confié à Ozu), elle aura une longue et glorieuse carrière, non seulement d'actrice, mais aussi de réalisatrice. 

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Published by François Massarelli - dans 1929 Yasujiro Ozu Comédie *