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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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30 juillet 2016 6 30 /07 /juillet /2016 21:33

Le film-d'hopital-psychiatrique-avec-un-patient-différent-qui-change-le-monde-parce-qu'il-a-une-perception-nouvelle-malgré-sa-folie est un genre à part entière, qui croule sous les clichés. Voir un de ces films, c'est bien sur s'engager dans une voie balisée par trop d'académisme, et par des numéros d'acteurs qui visent les Oscars de façons tellement évidente que c'en est lassant.

Ceci dit, et si on admet que ce petit film tombé sitôt sa sortie dans les poubelles de l'histoire fait bien partie de cette catégorie sus-mentionnée, des efforts rigolos ont été commis, notamment un clin d'oeil forcément conscient, dans le choix des interprètes. Si Kevin Spacey est forcément le cas psychiatrique qui prétend venir d'une autre planète ("KPax"), Jeff Bridges incarne le psy qui va s'intéresser à lui, découvrir une histoire enfouie, et résoudre le cas de son patient, d'un point de vue terrien, s'entend. Le clin d'oeil est évidemment à Starman, de John carpenter, dans lequel Jeff Bridges était un alien, venu sur terre et forcément incompris, jugé fou par son entourage. L'inversion permet d'engendrer le doute: et si cet homme qui se prétend un extra-terrestre était vraiment ce qu'il affirme être?

Mais le réalisateur, qui aurait pu s'arrêter à ce petit grain de sable, a trop chargé la barque, plaçant systématiquement sa mise en scène du point de vue de ceux qui croient, faisant automatiquement de ceux qui tentent de rationaliser des imbéciles. et faire de Jeffrey "Lebowski" Bridges, a.k.a. "The Dude" un imbécile, ça il ne faut pas faire. Il est de toutes façons bon, dans le role étouffant du psy qui refuse la vérité; Spacey, bon, c'est Spacey: il jouerait Léon le bourdon, il serait bon quand même.

Sympathique, certes, mais trop de bons sentiments tue les bons sentiments.

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Published by François Massarelli - dans le coin du bizarre Science-fiction
30 juillet 2016 6 30 /07 /juillet /2016 16:56

Troisième film du contrat entre Arbuckle, Joe Schenck et Paramount, tourné à New York comme les deux précédents et les trois suivants, ce film montre une fois de plus après The butcher boy (Qui a été conservé) et probablement A reckless romeo (Qui lui a été perdu) les limites de la "formule" d'un acteur qui se cherchait un peu. Certains gags sont très drôles, et d'autres moins, certaines routines s'intercalent sans unité, et l'équipe se laisse parfois aller à la facilité.

L'intrigue tourne autour d'une pension de famille, qui est le principal lieu de la première bobine. Roscoe y mène son monde, jusqu'à ce que sa belle-mère ne vienne se mêler de ce qui ne la regarde pas. On notera que Buster Keaton est très occupé, comme Al St John, mais si ce dernier a essentiellement UN rôle, Keaton, lui, apparait dans quatre incarnations! Et il n'est pas venu seul, il a rapporté de l'équipe des "Three Keatons" qu'il formait avec ses parents un étourdissant (Et violent) ballet de balais qui tournoient, qu'il réutilisera pour Convict 13. Est-ce la raison pour laquelle un certain nombre de sites douteux le créditent comme co-réalisateur de ce film? C'est peu probable que ce soit justifié, mais si c'était le cas, il faudrait probablement créditer St-John aussi, car ces courts métrages étaient vraiment une oeuvre collective...

Juste un gag, pour le plaisir: au réveil, Arbuckle met le feu à son lit. Au lieu de tout résoudre dans l'hystérie collective, le comédien prend son temps, et va lentement chercher des... tasses d'eau à la cuisine. L'incendie, lui, ne prendra pas son temps...

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Published by François Massarelli - dans Muet Buster Keaton Roscoe Arbuckle
30 juillet 2016 6 30 /07 /juillet /2016 16:40

La volée de bois vert critique, le nombre de fois que le mot 'fasciste' qui était présent dans les avis nombreux et variés sur le film Dirty Harry de Don Siegel, ont fini par interpeller Malpaso... Bon, Malpaso, bien qu'officiellement, regardez les crédits de films qu'ils produisent, le producteur en titre est Robert Daley... Mais on saut bien qu'en fait, la compagnie est Clin Eastwood. Donc il est probable que l'acteur-interprète en a eu un peu marre qu'on questionne ses idées politiques autour des soupçons liés à son personnage dans le western urbain jouissif, mais, disons, expéditif. Le premier réflexe du bonhomme a d'ailleurs été de dire "Harry, c'est Harry, moi je suis Clint!", mais la deuxième idée pour sortir de l'idée désormais répandue que Clint Eastwood est un fasciste, c'est Magnum force! Le sequel inévitable (Dirty Harry a explosé au box office) et révisionniste...

Le plus beau gag c'est que le script de ce film, sensé apaiser les gauchistes et autres démocrates inquiets de l'appel au lynchage qu'est supposé être un film avec Harry Callahan, a été confié à Michael Cimino et John Milius, les deux jeunots d'Hollywood probablement les plus à droite en ces années 70! Mais ils avaient une mission claire: continuer à montrer le personnage de Harry, flic de San Francisco aux méthodes expéditives mais aux idées nobles (La défense des gens comme il faut contre le crime, dans un cadre rendu étroit par une justice timorée), mais en montrant qu'il y a bien pire que lui, des flics qui ont décidé de se substituer au système jugé trop indulgent... Pendant que Harry Callahan, qui ronge son frein dans des missions indignes de lui, se lie d'amitié avec son collègue noir, fait du sexe avec une Nippo-Américaine, et rend visite aux gosses d'une amie, en vrai papa poule! Et ça marche tout seul en plus, même si ce second film, qui relance beaucoup d'aspects du premier (action tous azimuts, violence frontale, style bien de son époque et musique de Lalo Schifrin) reste quand même un cran en dessous du précédent; Ted Post n'est pas Don Siegel, mis fait un boulot sans âme ni temps morts...et le film est étiré sur deux heures, ce qui n'était pas nécessaire.

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Published by François Massarelli - dans Clint Eastwood Noir
30 juillet 2016 6 30 /07 /juillet /2016 09:38
The Hudsucker proxy (Joel & Ethan Coen, 1994)

New York, 31 décembre 1958, 23:59. Du 44e étage (...A moins que ce ne soit le 45e...?) du méga-building de Hudsucker industries, un jeune homme s'apprête à sauter. Il neige, et une voix off va nous raconter non seulement comment il est venu là, mais aussi comment il va être sauvé... Dans un script qui évoque les grandes et riches heures du cinéma engagé de Frank Capra, et de la comédie sardonique de leur maître revendiqué Preston Sturges, les Coen se livrent à un nouveau pastiche de genre Hollywoodien plus que marqué... Et se plantent dans les grandes largeurs.

Norville Barnes a de la chance: il débarque à New York, en provenance de Muncie, Indiana, pour trouver un travail, et se présente à Hudsucker Industries justement le jour qu'a choisi le président et fondateur Waring Hudsucker pour se suicider. Il s'est jeté du 44e étage. Après quelques jours, Norville (Tim Robbins) va bénéficier d'une promotion inattendue et spectaculaire: ce qu'il ignore, c'est que Sidney J. Mussburger (Paul Newman) l'a mis à la place de président justement parce qu'il a besoin d'un imbécile, quelqu'un qui fasse fuir les actionnaires potentiels, car le décès de Hudsucker a ouvert la porte à des investisseurs extérieurs, et ça signifierait la fin des privilèges pour le cercle restreint des membres du conseil d'administration. Mais l'imbécile met la puce à l'oreille de la presse, et très vite, une jeune et ambitieuse journaliste qui ne possède pas l'ombre d'une scrupule vient enquêter en se faisant passer pour une autre arrivante de Muncie, la belle Amy Archer (Jennifer Jason Leigh). Celle-ci va prendre une place importante pour l'homme qu'elle envisage de crucifier sur l'autel de la première page des journaux, mais bien sur elle va s'attacher à lui, puis tomber amoureuse...

Oui, on tombe beaucoup dans ce film. Le spectateur aussi. J'aime bien le cinéma ultra-référentiel des Coen, leur faculté à singer un genre sans en faire trop, et à prendre leurs personnages pour des crétins sans manquer de respect au spectateur. C'est bien le problème de ce film, au budget confortable, et qui va se planter au box-office de manière assez spectaculaire: ils n'aiment pas les personnages, mais surtout, dans un effort que je n'explique pas, ont imposé à leurs acteurs un jeu excessif qui est parfois sympathique (Tim Robbins en benêt), et parfois infect (Jennifer Jason Leigh réussit à être pire qu'Isabelle Huppert et Gérard Depardieu réunis). C'est irritant, et ça ne mène nulle part. On pouvait faire un film sur l'aliénation du corporatisme moderne sans enfiler de si gros sabots. Et surtout, on peut pasticher Capra sans prendre son cinéma pour ce qu'il n'est pas. Zéro pointé.

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Published by François Massarelli - dans Joel & Ethan Coen Comédie
29 juillet 2016 5 29 /07 /juillet /2016 19:06

Le premier film auquel ait participé Keaton est donc ce court métrage de deux bobines, le premier film"indépendant", c'est-à-dire loin de Sennett, de Roscoe Arbuckle. L'acteur imposant, celui qui s'était, par féroce auto-dérision, proclamé The prince of Whales, a choisi de prendre la voie facile du slapstick sans limites, lui qui pourtant avait depuis 1915 (He did and he didn't, par exemple), souvent montré à quel point il savait faire preuve d'une grande subtilité. The butcher boy, situé essentiellement pour sa première partie dans une épicerie dont Roscoe est le boucher, est riche en gags salissants...

Buster Keaton fait surtout des apparitions, il est ici un client râleur qui se retrouve collé au sol à cause de mélasse, et dans la deuxième partie, il participe en comparse à une sous-intrigue qui implique un kidnapping de la caissière -et petite amie de Roscoe- de l'épicerie. On voit bien la mécanique toute en gags tous terrains, d'une équipe qui travaillait vraiment en symbiose; Arbuckle réalisait, mais chacun, de Keaton à Al St John, mettait du gag à la pâte...

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Published by François Massarelli - dans Muet Buster Keaton Comédie Roscoe Arbuckle
28 juillet 2016 4 28 /07 /juillet /2016 15:21

Ce film tourné en 1920 dans les réserves Indiennes de l'Oklahoma n'avait pas été beaucoup montré à l'époque, et vient d'être restauré et réédité en Blu-ray. Il est probable qu'il va ainsi être vu par beaucoup plus de monde que son public original, ce qui est un paradoxe assez ironique. Je ne dirai pas ça souvent, mais s'il est parfois des chefs d'oeuvre injustement ignorés et des échecs profondément injustes, il arrive aussi qu'il y ait une bonne raison pour qu'un film ne soit pas souvent présenté. Ce film est joli, tourné en extérieur avec des figurants consciencieux, et des acteurs amateurs concentrés, tous issus des tribus représentée à l'écran, et contrairement aux pensums mortellement ennuyeux de Flaherty, il y a ici un script, bref, une invention de fiction: une histoire de rivalité amoureuse pour la main du chef entre un guerrier valeureux et un lâche arriviste.

Mais quelle purge... Au-delà de la représentation des us et coutumes d'une tribu kiowa, il n'y a rien à voir.

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Published by François Massarelli - dans Muet 1920 **
28 juillet 2016 4 28 /07 /juillet /2016 09:09

Les Tolliver et les Falin ne s'aiment pas: il faut dire qu'on est dans les montagnes du Kentucky, et qu'sils sont voisins. leur querelle remonte à... En fait, on ne le sait même pas, et on n'est pas sur qu'ils le sachent. Un événement significatif fait l'objet du prologue de ce film: la naissance, chez Judd Tolliver, de la petite June. Il aimerait bien se rendre aux côtés de son épouse pour l'assister, mais les deux familles sont en plein affrontement. A ce moment, on sent la tristesse diffuse du père Tolliver, empêché par les siens de s'accorder une trêve. C'est un sentimental, dans l'univers barbare et reculé où vivent les deux familles, au fond des bois... Mais June (Sylvia Sydney) grandira malgré tout dans cette atmosphère de haine irrationnelle et prête à l'emploi. Quant elle a vingt ans, elle croise un homme de la ville, Jack Hale (Fred McMurray) qui travaille pour le chemin de fer, et est venu négocier avec les propriétaires du coin l'usage de leurs terres, et de leur charbon. La civilisation est en marche... ce qui va faire un mélange détonnant: en particulier, Dave Tolliver (Henry Fonda), un cousin recueilli enfant par la famille de June, et plus ou moins programmé pour devenir son mari le moment venu, va le sentir passer, car il n'y a pas plus attaché aux traditions locales de haine et de tuerie que lui...

Où l'on reparle inévitablement des Hatfield et des McCoy... Ou des O'Timmins et des O'Hara de Morris et Goscinny! Cette tradition folkloriques des forêts du Kentucky montagneux est basée sur des histoires réelles, et les gens qui en étaient les "héros" étaient bien sur à l'écart de la modernité, comme dans ce film. L'arrivée de Jack Hale est l'arrivée de la civilisation, et on croit pendant la première moitié du film que le conflit va être entre lui et les deux familles, mais ce serait trop facile. Car ce qui frappe, dans cette intrigue où les deux familles son normalement fautives d'avoir fait perdurer une situation absurde pendant des générations, et d'avoir vécu dans le dénuement intellectuel revendiqué, c'est que les deux clans ne sont pas à égalité: si les Tolliver sont aussi coupables que les autres parce que Dave, par exemple, a tué un de ses ennemis, et le referait s'il le fallait, que June est totalement fanatique, considérant les voisins comme des serpents à chaque fois qu'elle aborde le sujet, il n'en reste pas moins que la famille de Judd, en particulier sous l'influence de la mère de famille, Melissa (Beulah Bondi), est plus civilisée, plus facile d'approche que ne le sont les Falin. Pour le bien du spectateur, Hathaway a tranché, en nous livrant le film sous le point de vue des Tolliver, ou du moins de leur côté de la barrière.

Ca nous permettra de court-circuiter une option, pourtant proposée par Hale: le recours à la loi. Comme le dit un élu local, c'est de l'intérieur que doit venir la paix, elle ne doit pas être imposée de l'extérieur. C'est intéressant, même si dans la réalité un tel laisser-faire est impossible, car on évite le piège de montrer des bouseux sous-développés transformés par la belle civilisation, le piège dans lequel une telle histoire aurait pu s'enfermer (Et qui est plus ou moins le cheminement de l'excellent Mountain Justice de Michael Curtiz, remarquez, par le biais du personnage d'avocat droit dans ses bottes interprété par George Brent). Quoi qu'il en soit, je soupçonne cette très distrayante production de Walter Wanger, mélodramatique à souhait, réalisée sans faille par un expert, et dont les acteurs sont tous impeccables, d'être surtout un tour de chauffe pour le Technicolor trois bandes, qui commençait à se répandre dans le cinéma Hollywoodien en ce milieu des années trente. Parce que la principale qualité de ce film, ce sont ses merveilleuses couleurs. Rien que pour ça, il vaut le détour...

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Published by François Massarelli - dans Henry Hathaway
27 juillet 2016 3 27 /07 /juillet /2016 16:31

Dany est une secrétaire, manifestement amoureuse de son patron, qui manque singulièrement de confiance en elle. On est en 1970, et elle est bien mal à l'aise quand ses copines parlent de vacances et de leur liberté, parce qu'elle, finalement, elle ne sort pas, ne va pas en vacances... Bref: elle est coincée. Quand son patron lui propose un extra, un dossier long à taper, et qu'il lui suggère de venir le taper chez lui, elle s'arrange un peu, car on ne sait jamais. Pourtant, ce n'est que du travail: elle va rester chez lui pendant qu'il sort avec son épouse Anita, dormir à la maison, terminer le dossier le lendemain matin, fin de l'histoire... Mais au lieu de s'en tenir là, le couple, le lendemain, lui confie les clés d'une rutilante voiture Américaine pendant qu'elle les dépose à l'aéroport, et c'est là que tout bascule: au volant d'une voiture bleue presque irréelle sur les vénérables routes Françaises, Dany, au lieu de se contenter de retourner la voiture là où on lui a demandé de la placer, la garde et part vers le Sud, sans savoir pourquoi. Elle ment, pour jouer un peu avec le faux statut que lui apporte le véhicule... Mais ce qui est embêtant, c'est que partout où elle va, on semble la reconnaître... Et ça devient de plus en plus bizarre...

Joann Sfar n'a pas mâché ses mots: venu sur le projet après que le script a été fini, il a accepté parce qu'il aime profondément le livre de Japrisot... et a vite regretté, pour son premier film qu'il n'ait pas lui même écrit et lancé, car le scénario lui a instantanément déplu. Il ne faudra pas s'étonner, en voyant le film, d'avoir parfois l'impression que le script et la mise en scène marchent à l'envers l'un de l'autre. Car ce que Patrick Godeau et Gilles Marchand ont fait au roman de Japrisot, c'est ni plus ni moins que de transformer un polar psychédélique et sensoriel en diable, qui prend le parti de ne jamais nous livrer un seul point de vue (Un péché mignon, chez Japrisot), et de compliquer de manière systématique l'impression du lecteur afin de semer le doute, en un polar facile façon M6, qui se rend par une ligne droite d'un point A à un point B. Du coup, le film est bancal, la résolution sage et convenue fortement décevante, mais le traitement à la Lynch, fait d'une perte des repères chez une femme prête à l'aventure mais pas prête à en assumer les conséquences, est passionnant: le film devient l'histoire d'une femme qui se parle volontiers devant le miroir, et qui semble garder en elle un démon, qui va l'aider à réaliser son rêve: aller voir la mer... au prix de quelques cadavres. Il y a, caché là-dedans, un film bien meilleur que celui qu'on nous présente, avec une dimension quasi surnaturelle. Si on laisse son esprit vagabonder hors des lignes, on a une chance de l'apercevoir!

Sfar prend aussi le parti de laisse le style 1970 prendre le pouvoir sur le film, s'amuse à recréer l'époque, et laisse la musique toute en clins d'oeil, typiques de la pop psyché européenne, faire le reste. Freya Mayor, dans le rôle de Dany, est formidable. Stacy Martin et Benjamin Biolay dont ternes, mais rendent bien le couple de parvenus qu'ils incarnent.

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Published by François Massarelli - dans Noir
27 juillet 2016 3 27 /07 /juillet /2016 16:26
Towed in a hole (George Marshall, 1932)

Hardy et Laurel, marchands de fruits de mer, achètent durant la première minute du film un bateau à retaper, qu’ils vont saboter en voulant le réparer sur le reste du court métrage. On trouvera ici de bons gags, impliquant beaucoup d’eau et de peinture, et un mémorable Tit for tat: cette expression désigne dans le monde de Laurel et Hardy les échanges froids et agressifs, par exemple la réaction de Charlie Hall dans The battle of the century lorsqu’il prend calmement une tarte et l’envoie poliment à la tête de Hardy, déclenchant une réaction en chaîne. Dans ce film, Hardy se venge d’avoir reçu de l’eau en posant un tuyau d’arrosage dans la salopette de Laurel, le tout avec le plus grand calme et la plus grande concentration… Les échanges méthodiques se poursuivent ensuite durant 4 minutes… Un autre gag notable arrive lorsque Laurel reste à l’intérieur du bateau, sommé par Hardy de ne rien faire afin d’éviter toute catastrophe : il souffle alors dans son pouce, provoquant un mouvement de son chapeau. C’est la deuxième excentricité physique de Laurel, après ses oreilles qui bougent de Blotto et Any old port! Bientôt, The devil’s brother allait en rajouter dans ce domaine…

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Published by François Massarelli - dans Laurel & Hardy Hal Roach
27 juillet 2016 3 27 /07 /juillet /2016 09:27

C'est l'avant-dernier film de la réalisatrice Américano-Islandaise, décédée l'an dernier, et il donne furieusement envie de s'intéresser à son oeuvre: il y est question de la remise en question d'une femme, une fois passé le cap de la quarantaine, la "femme nue" du titre étant à l'exception d'une courte apparition de Karin Viard en naïade ravie, à prendre au sens symbolique et figuré... Lulu (Version courte de Lucie) s'est en effet déplacée à St-Gilles Croix de Vie pour un entretien d'embauche. Celui-ci est mi-comique, mi-tragique, car Lulu n'est absolument pas à l'aise, et sa gaucherie lui garantit l'échec complet de la démarche. Mais elle ne rentre pas chez elle, une petite ville du Maine-et-Loire: elle choisit de rater délibérément son train, et reste dans un hôtel. Le lendemain, même chose, même si elle ne fait pas exprès. Le problème, c'est que son mari, pas un rigolo du tout, décide de déclarer le vol de la carte de crédit de son épouse, afin de l'empêcher de dépenser. Elle est donc réduite à dormir dehors... Et va changer sa vie, de façon durable, grâce à trois rencontres.

Adapté d'une bande dessinée d'Etienne Davodeau, le film est bien différent de sa source: d'abord, par sa narration, qui est ici plus frontale. A des interventions extérieures d'un narrateur, Solveig Anspach substitue un point de vue silencieux, souvent confondu avec celui de Lucie, mais pas systématiquement; ainsi, lorsque la soeur (Marie Payen) et la fille (Solène Rigot) de l'héroïne débarquent en Vendée, et se cachent pour observer Lulu vivre sa nouvelle vie, on a une nouvelle perspective. Dans la bande dessinée, ce point de vue est apporté par un homme, un ami de Lulu, alors que l'irruption de ces deux femmes si proches d'elles dans le décor va nous permettre une bien meilleure vision du personnage.

Car ce qui ressort des aventures de Lucie, c'est l'idée qu'elle a raté sa vie de femme: les trois actes du film nous le montrent avec douceur. Elle rencontre un homme (Bouli Lanners) qui va l'aimer, plus et mieux en tout cas que son propre mari, le brutal Serge (Patrick Ligardes); elle va ensuite se lier d'amitié dans des circonstances comiques avec une vieille dame, Marthe (Claude Gensac) qui elle a fait dans son passé des choix plus téméraires qu'elle, et elle va venir en aide à Virginie (Nina Meurisse), la serveuse martyrisée par sa patronne, d'un petit café de la côte. Bref elle va non seulement se prendre en charge, elle qui a surtout élevé trois enfants, mais pas fait grand chose d'autre de notable, mais elle va aussi essayer de changer la vie des autres. Elle va découvrir l'amour, le sens de l'amitié, et ce qui l'attache à ses enfants... Mais pas à son mari.

Bref, ce Lulu femme nue, tout en délicatesse, a tout du joli film automnal qui se transforme sans crier gare en leçon de vie, fragile mais précieuse. La réalisatrice a l'oeil, le ton juste, la distance et la rigueur nécessaire, et transforme ce qui aurait pu être une drôle de salade misérabiliste, comme ces téléfilms dans lesquels les acteurs Français s'aboient dessus en permanence en lâchant des "putains" toutes les trois secondes, en une expérience de vie valide et gentiment burlesque. Karin Viard est fantastique. Tous les autres acteurs aussi, y compris les ados... C'est suffisamment rare pour être souligné, et pour regretter le décès d'une réalisatrice qui comptait.

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Published by François Massarelli - dans Comédie Solveig Anspach