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16 juin 2017 5 16 /06 /juin /2017 16:07

Etienne Arnaud est l'un des pionniers du cinéma Français, tous ces premiers cinéastes qui sont passés par les compagnies Pathé, Gaumont ou Eclair. C'est chez Gaumont qu'il a fait ses films les plus connus, sous le haut patronage de Louis Feuillade, mais c'est en compagnie d'Emile Chautard et de Maurice Tourneur qu'il est parti, mandaté par le studio Eclair, à Fort Lee dans le New Jersey: le but, bien sur, était de lancer une production locale. C'est à ce titre que le metteur en scène a réalisé ce petit film, dans lequel on reconnait l'acteur vétéran Alec B. Francis, qui allait souvent jouer pour Tourneur.

Il raconte une sombre histoire de rancoeur et de soupçon d'adultère qui tourne bien mal, et débouche sur trois vies gâchées: un homme qui soupçonne à tort son épouse d'infidélité provoque sa mort d'une crise cardiaque en la confrontant. Une fois le deuil consommé, il éloigne leur fils en l'envoyant en Californie. Mais apprend vingt années plus tard qu'il s'était trompé... Il souhaite donc revoir son fils qui a bien sur bien grandi.

Pas grand chose à dire, sinon que n'est pas Tourneur qui veut: ce film est assez plat, desservi par une mise en scène limitée au fait de placer la caméra avant de demander aux acteurs de faire deux trois mouvements. Le sujet sombre aurait en revanche beaucoup inspiré Tourneur... C'est dommage; ce dernier était le troisième à partir et se trouvait encore en France au moment de la sortie de ce petit film.

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Published by François Massarelli - dans Muet
16 juin 2017 5 16 /06 /juin /2017 09:32

Il serait inutile d'imaginer que ce film n'est qu'un produit de série, du cinéma jetable. Projet adapté d'un comic Marvel, longtemps avant que cet éditeur ne devienne un "studio", il a été conçu par ses producteurs Walter F. Parkes et Laurie MacDonald comme un mélange obligatoire entre pulp et comédie, et à ce titre, leur choix ne pouvait que se porter sur l'auteur de The Addams Family et Get Shorty. J'y reviendrai. Il bénéficie de beaucoup de contributions majeures, des acteurs Tommy Lee Jones, Rip Torn, Vincent D'Onofrio et même Will Smith dont avouons-le, on peut dire qu'il a trouvé le rôle de sa vie, au designer Rick Baker, en passant par les effets spéciaux d'ILM (Savamment dosés), et la musique de Danny Elfman. Spielberg a eu son mot à dire puisque c'est une coproduction Amblin Entertainment, mais son rôle est resté consultatif. Non, le patron, c'est Sonnenfeld, pour un film qui n'en finit pas de définir son style et son importance.

Faut-il revenir sur l'histoire? Sur le principe d'un gamin des rues de New York, devenu un excellent flic et qui se retrouve malgré lui confronté à une réalité presque parallèle et du même coup bombardé membre des "Men in black", ce groupement mystérieux qui fait tout pour éviter que les braves gens se rendent compte du fait que leur planète est envahie en permanence d'aliens... Non, ce sera inutile. En revanche, le ton qui s'en dégage est intéressant, permettant de rebondir sur la société Américaine contemporaine, sur la gestion de la différence (la première scène voit les MIB intervenir pour saboter une rafle anti-clandestins à la frontière Mexicaine, après tout), et le tout sans jamais donner le moindre crédit à une quelconque thèse conspirationniste: Men In Black reste une comédie de bout en bout, que nul ne pourra jamais prendre pour argent comptant.

Ouf.

Donc, Sonnenfeld: il s'amuse comme un fou, trouve constamment le bon rythme, avec un sens du cadrage et de l'économie, qui lui viennent en droite ligne de son idée de la comédie: sa façon d'utiliser les différentes couches d'un plan sont un héritage de Buster Keaton, comme le fragile équilibre entre le jeu à froid des uns, et les soudaines embardées du jeu des autres, qu'il aime à distiller au compte-gouttes: c'est à ce titre que Will Smith, pour une fois, est bon. Le montage est serré (Et même un peu trop parfois, tant on a le sentiment que Sonnenfeld déteste s'embarrasser de scènes inutiles) et sans temps morts. Le résultat est un manifeste de comédie, dont on pourra se plaire à égrener les temps forts: l'arrivée d'un alien dans une ferme, en un seul plan, l'anecdote du "costume d'Edgar", le chien, et le fameux accouchement qui dégénère en arrière-plan pendant que l'avant-plan nous montre une conversation banale... Un seul moment  regretter selon moi: un embryon de conversation sérieuse entre Smith et Jones qui ne s'imposait pas. Tuée dans l'oeuf, elle ne gâche pas le film...

Et du même coup, Men In Black devient le film dans lequel Sonnenfeld aura su résumer son projet et son efficacité, tout en se situant exactement là ou il souhaitait être: après les comédies fantastiques The Addams family et Addams family values, après la comédie moderne For love or money et le faux noir pour rire Get Shorty, avant la récupération d'une série western Wild wild west, les retours à Men In Black (II et 3)les comédies familiales RV et Nine lives, ou le très malchanceux Big Trouble faisant feu de tout bois pour faire rire, Sonnenfeld est un militant de la comédie populaire, un petit soldat de l'entertainment, qui a eu le bon goût permanent de ne jamais trop se prendre au sérieux, et de faire son boulot avec une efficacité redoutable.

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Published by François Massarelli - dans Barry Sonnenfeld
16 juin 2017 5 16 /06 /juin /2017 09:10

Gloria Swanson a probablement du apprécier le changement radical dans sa carrière que lui a apporté la décision de confier la réalisation de trois de ses films à Allan Dwan, le franc-tireur qui avait non seulement survécu aux années 10 (il a débuté en 1911) mais aussi à la prise de pouvoir par les studios! Miss Swanson aussi, en 1923, tient du vétéran: certes, elle n'a débuté en 1915, mais elle a eu sa période avec Mack Sennett, puis au moins deux passages importants à la Paramount; d'une part, elle a bien sûr été une actrice de tout premier plan chez Cecil B. DeMille (Male and female, The affairs of Anatol), puis elle a été dirigée vers l'unité de Sam Wood pour lequel elle a interprété des rôles dramatiques (Beyond the rocks) mais elle s'ennuyait ferme. Donc Zaza est l'un des premiers pas pour raviver une carrière qui menaçait de tanguer sérieusement...

Et on se rappelle de quelle Peggy Pepper, devenue Patricia Pépoire, dans le film Show people de King Vidor (1928), se voyait rappeler la comédie, ce milieu dont elle venait, au moment ou elle n'en finissait pas de devenir hautaine et méprisante: il y avait, bien sûr, du Gloria Swanson dans ce portrait amusé effectué par Marion Davies; et Zaza, c'est un peu la quadrature du cercle pour Miss Swanson...

Le film provient d'une pièce à succès des music-halls Parisiens, vaguement inspirée elle-même par Nana dont ce film devient un peu une version "rose", édulcorée et centrée autour de la comédie. A paris, le théâtre Odéon a une vedette incontestée, qui a la première place dans le coeur du public: Zaza (Gloria Swanson) se comporte d'ailleurs comme une insupportable diva capricieuse, ce que l'actrice Florianne (Mary Thurman) a bien du mal à supporter dans la mesure où elle était auparavant la star... Mais si Zaza a bien le comportement détestable d'une actrice imbue d'elle-même qui revendique un traitement à part, elle est aussi folle amoureuse d'un homme, le diplomate Bernard Dufresnes (H. B. Warner) qui vient fidèlement la voir tous les soirs. Il y a un peu de rivalité avec Florianne pour le séduire, mais ça ne durera guère: Dufresnes n'a d'yeux que pour Zaza. 

Seulement, il est marié...

Du coup, on a tout Swanson en un seul film! Dwan a su combiner avec bonheur les capacités de sa star, qui vampirise l'écran avec un bonheur rare! Elle échappe aux clichés en se livrant corps et âme à son rôle, aidée par un casting impressionnant (on décernera une mention spéciale à Lucille La Verne qui joue l'alcoolique mondaine qui recueille au théâtre comme dans les salons les confidences de Zaza) et une réalisation superlative: Dwan se joue de tous les écueils, de ces faux extérieurs tournés dans un studio, qui reconstituent une rue impossible d'un village Français sublimé, de ces scènes durant lesquelles il devra diriger la foule en sachant qu'on n'aura d'yeux que pour la star... Le film ne prend pas trop son temps (84 minutes), le ton est constamment léger, entre drame et comédie, et c'est un régal. 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie 1923 Allan Dwan Gloria Swanson **
14 juin 2017 3 14 /06 /juin /2017 09:38

Un producteur installé, au carnet d'adresses impressionnant, un réalisateur aguerri, au talent phénoménal, une intrigue noire et passionnelle qui passe par amours contrariées, jalousie, rivalité, obsession sexuelle, un décor qui profite de l'atmosphère (recréée bien sur) du Londres d'après-guerre, et des stars à la pelle. Bref, impossible que ça aille mal, n'est-ce pas? Eh bien si: ce film est catastrophiquement ennuyeux, vide, et se traîne durant deux heures. 

Un avocat Londonien (Gregory Peck) reçoit une mission prestigieuse: celle de sauver la tête d'une femme d'origine étrangère (Alida Valli) qui est accusée du meurtre de son mari, riche et aveugle... Aveugle oui, mais pas autant que l'avocat: il va tomber amoureux de sa cliente, mais aussi va être la victime d'un juge (Charles Laughton) irascible, et qui se serait bien gardé l'épouse de l'avocat (Ann Todd) pour son dessert...

Pour bien comprendre le désastre et sa raison d'être, rappelons donc la différence entre producteur et réalisateur. L'un est souvent l'employeur de l'autre, mais pas que: cessez de confondre, pour commencer, et comme on le fait toujours en France où le grand public ne comprendra jamais cette question, producteur et financier: le producteur a bien une main sur la partie artistique d'un film, mais ce travail consiste à rendre un tournage possible, l'aider, conseiller un réalisateur, et prendre des décisions et mesures logistiques. Ce qui explique qu'un Ford, ou un Wellman, pouvait tout bonnement les envoyer se faire voir (Et l'un et l'autre avait des termes très clairs dans ces circonstances)... Mais ce qui explique aussi que dans un système comme celui des studios, un producteur comme Irving Thalberg ou Joseph Kennedy avait plus de pouvoir qu'un réalisateur aussi dictatorial qu'il puisse être, et l'exemple auquel je pense est bien sur Erich Von Stroheim retiré du tournage de The merry-go-round en 1923, ou de celui de Queen Kelly en 1929!

Revenons donc à notre producteur et notre metteur en scène: c'est à ce dernier qu'incombent les plus importantes décisions artistiques. En d'autres termes, et le mot Anglais est clair à ce sujet: il dirige. Il instruit ses acteurs et techniciens, il oriente la production et il a la main sur tout, y compris la musique et le montage. Sauf que dans un bunker, pour reprendre l'analogie du musicien Andy Partridge, il ne peut y avoir qu'un seul Hitler! et c'est exactement le problème de ce film.

D'une part, le script rédigé par le producteur Selznick lui-même a été comme toujours révisé de jour en jour durant le tournage, sans trop de possibilités de se retourner. Ensuite, Hitchcock cherchait avec ce film à clore son contrat avec Selznick, justement, ce qui ne le poussait sans doute pas trop au conflit chronophage. Il l'a probablement beaucoup laissé faire. Mais le script de Selznick avait un problème: toutes ces stars (Peck, laughton, Valli, Ethel Barrymore, Charles Coburn, Louis Jourdan), il fallait les placer, les ménager, les choyer. Bref, le film est déséquilibré, et certains de ces acteurs souffrent d'ailleurs: Ann Todd est certainement la première des victimes du film! Et Selznick a pris le contrôle du film, et l'a recoupé: Hitchcock cherchait déjà à travailler en plans-séquences, ce que détestait Selznick, et il a saboté le montage pour couper les plans en permanence... et ça se voit. Bref, avec ce film Hitchcock achetait sa liberté.

Mais à quel prix...

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Published by François Massarelli - dans Alfred Hitchcock
14 juin 2017 3 14 /06 /juin /2017 08:57

Suite du premier film, pour laquelle on prend les mêmes et on recommence. C'est selon, en fait: soit on considère que dans l'exercice périlleux des suites, Sonnenfeld s'en est bien tiré en jouant la carte du jusqu'au boutisme sur l'oncle Fester (Confronté à la joie de l'amour, mais aussi et surtout à des risques sérieux) et sur Wednesday et Pugsley, les deux enfants Addams (Confrontés quant à eux d'une part à l'arrivée dans eur vie d'un petit frère, mais aussi à la réalisation qu'une intrigante veut supprimer leur oncle): du coup, il réussit à prolonger le premier film et l'univers de Chas Addams, tout en développant quelques contours... Soit on considère que le film ne s'imposait pas et n'est, en dépit d'une prestation hilarante de Joan Cusack, pas un renouvellement profond de tout ce qui était déjà dit dans le premier film. 

L'intrigue: Un nouveau né entraîne l'engagement d'une nourrice mais on confie le poste à une serial-killeuse, attirée par les millions de Fester Addams. Ils se marient, et elle essaie de le supprimer, pendant que les deux enfants, qui ont été placés dans un camp de vacances sur les conseils éclairés de la nourrice, vont en faire baver à leur moniteurs et leurs atroces camarades de jeux, tous terriblement blancs, blonds et Républicains... en fait presque tous.

Et c'est dans ce dernier aspect que Sonnenfeld s'amuse le plus: confronter Pugsley et Wednesday à la normalité révoltante des (Autres) enfants de riches, l'inspire... et il montre de quelle façon les laissés-pour-compte dans ce camp terrifiant seront les minorités, dont les handicapés et les obèses (Avec les noirs, les asiatiques, les Juifs et les indiens) font bien sur partie! Un portrait de comédie, mais qui tranche sur le climat consensuel ambiant. D'ailleurs dans ce film profondément idiot mais toujours aussi rigolo, on tente, de sang-froid, de tuer un enfant! Certes, il a de la moustache, et il boit des cocktails dans on biberon, mais quand même...

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Published by François Massarelli - dans Comédie Barry Sonnenfeld
12 juin 2017 1 12 /06 /juin /2017 11:43

C'est donc dans le sillage d'une série à succès, créée pour la télévision, que le producteur Marc Du Pontavice et le metteur en scène Olivier Jean-Marie ont lancé ce projet de long métrage, qui s'il n'a pas forcément rencontré le succès escompté, est probablement la plus réussie de toutes les adaptations du personnage de Lucky Luke au cinéma. La série était déjà une relecture de l'oeuvre, entièrement dédiée à des scripts originaux et à une adaptation des codes graphiques de Morris, qui pour moi est l'un des plus importants graphistes de son temps: un génie. Il avait d"ailleurs, selon la légende, donné son accord au projet de série avant de décéder...

On adresse un clin d'oeil amical aux deux auteurs emblématiques, soit Morris bien sur, mais aussi René Goscinny (Dont on se doit de rappeler qu'il n'a pas créé cette série, contrairement à Astérix, Iznogoud ou Oum-Pah-Pah), à travers une petite scène située au début. Vous la reconnaîtrez facilement... C'est normal qu'on remette les pendules à l'heure, car après tout à la base de Tous à l'ouest, se situe l'album La Caravane, l' un des nombreux chefs d'oeuvre de cette série d'albums...

Le script s'en inspire, mais totalement dans l'esprit de Goscinny, si on accepte que le studio Xilam ajoute son grain de sel, volontiers irrévérencieux, mais toujours marqué par une efficacité de rythme qui laisse baba: l'un des gros problèmes, en réalité, du dessin animé Européen, et ce qui a empêché tant d'adaptations (Voir à ce sujet Astérix, les autre Lucky Luke, ou encore La flûte à six Schtroumpfs) de réussir. Dans Tous à l'ouest, ça bouge tout le temps, c'est intelligent, l'animation est composite (Personnages dessinés, décors mélangés et beaucoup de CGI pour les infrastructures, et  les véhicules) et les animateurs s'approprient les personnages à la façon dont Bob Clampett ou Rod Scribner faisaient leur travail à la Warner: rien n'est interdit! les meilleurs passages du film ne sont pas que ce qu'on doit aux auteurs de l'oeuvre adaptée (Le fameux "Est-ce ma faute à moi, s'il y a de la fumée à l'horizon, qui dit qu'il y a de la fumée à l'horizon?"), mais souvent la façon dont on a relevé le défi (Transcrire le langage d'Ugly Barrows, démultiplier les particularismes de certains voyageurs limités dans l'original à Pierre le coiffeur, un croque-mort et le conducteur irascible : mais ici, il y a 80 minutes à fournir!), prolongé les personnages (Ran-tan-plan, et les Dalton) et utilisé à merveille le talent des voix: mention spéciale à Bernard Alane (Averell Dalton, entre autres) et François Morel (Ran-tan-plan), mais aussi à Clovis Cornillac qui est l'un des plus inattendus Joe Dalton qui soit...

Bref, c'est un plaisir de bout en bout. Voilà!

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Published by François Massarelli - dans Animation René Goscinny
12 juin 2017 1 12 /06 /juin /2017 07:18

Les intentions ne pouvaient pas être plus claires: personne, à Paramount, n'avait semble-t-il bougé le petit doigt pour se lancer dans une suite d'un de leurs films les plus populaires de la décennie, celui qui avait lancé une bonne fois pour toutes la star Valentino. Il est vrai que ses contrats successifs étaient plutôt pour des films uniques, et que le studio avait préféré jouer la diversité. Mais Valentino, devenu indépendant, a tout de suite après l'excellent The eagle (Clarence Brown, 1925) mis en chantier ce retour inattendu, en forme de séquelle téléphonée, un principe dont Douglas Fairbanks, en panne d'imagination lui aussi, venait de sacrifier avec Don Q, son of Zorro l'année précédente...

C'est désormais sous la bannière de la United Artists que Valentino se faisait distribuer, et le film tranche quand même volontiers avec le style de productions qu'ils mettaient sur le marché... The son of the Sheik est non seulement un retour à l'univers de The Sheik, mais aussi à un truc qui permet d'économiser des sommes importantes en ne construisant pas de décors: les dunes des déserts de Californie et quelques matte paintings du Sahara fournissent un désert Arabe d'illusionniste! Et l'intrigue revient à celle du premier film, permettant même de confronter Sheik et fils de Sheik! Pour information, dans ce nouveau film, on suit les aventures de Ahmed, fils d'Ahmed et Diana, un jeune homme impulsif, tout son père à son âge, qui tombe amoureux de Yasmin, une jeune danseuse d'origine Française qui voyage en compagnie d'une bande de fripouilles. Ce qu'il ne sait pas, c'est que la bande exploite volontiers la jeune femme pour ses mauvais coups, aussi quand il lui arrive des ennuis, il met tout ça sur le dos de la frêle enfant, interprétée par Vilma Banky. Il faudra l'intervention de sa maman, toujours interprétée par Agnes Ayres (Qui avait pourtant pris une retraite très anticipée) pour que le fougueux jeune homme voie clair.

C'est ridicule, et le moins qu'on puisse dire c'est que ça ne se prend pas au sérieux! C'était d'ailleurs le but, fournir de l'aventure au mètre, des décors exotiques, et bien sûr la marque de fabrique de l'acteur: son érotisme torride, ici représenté par une scène troublante, et qu'on ne retrouve pas dans toutes les copies: Ahmed a enlevé Yasmin, mais celle-ci n'est pas tout à fait consentante. Il la pousse vers le lit, et... il y a une ellipse. Comme dans le premier film, on joue ici  avec l'ambiguïté du viol, mais en allant aussi loin que pouvait le permettre la censure. Les spectatrices de l'époque, paraît-il, s'y retrouvaient. On peut éventuellement s'interroger... Mais l'amour des tourtereaux, semble-t-il, est aussi pur que possible, donc on se dirige vers un happy end!

Voilà,un film donc inutile, dans lequel Valentino rebat les cartes en rappelant les caractéristiques fondamentales de son personnage. Ce n'est pas un grand film, loin de là, mais il possède quelques moments intéressants, dont la confrontation entre Rudolf et Valentino... la réalisation est adéquate mais appropriée... Et les scènes d'action, de chevauchées, de poursuite, sont jouées à fond cette fois,sans encombrer le film d'un discours lénifiant et vaguement raciste. Bref, et j'ai attendu quatre paragraphes pour l'écrire: ce n'est pas un Sheik sans provision.

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Published by François Massarelli - dans Muet 1926 Valentino **
11 juin 2017 7 11 /06 /juin /2017 11:07

C'est sans doute avec ce film que les choses vraiment sérieuses commencent pour Germaine Dulac... Elle qui a expérimenté avec les formes établies du drame bourgeois (Voir La fête Espagnole ou La cigarette), rêvait de s'affranchir de l'intrigue pour placer l'intérêt sur la transcription visuelle des émotions et des impressions, et c'est ce film qui va lui permettre de faire exactement ce qu'elle souhaitait.

L'histoire proprement dite est un petit argument qui semble par bien des aspects être un pendant "réaliste" de l'intrigue de La cigarette: une femme, mariée à un homme plus âgé et qui la néglige, se prend à rêver de mieux. Ces rêves viennent comme en écho à l'imagination  débordante du mari du film précédent, qui se voyait cocu parce qu'il réalisait que son épouse était trop jeune pour lui. Pourtant elle lui restait fidèle du début à la fin du film! En revanche, si Madame Beudet (Germaine Dermoz) avait pu, elle ne se serait pas privée! Et son mari (Alexandre Arquillère) ne se serait probablement pas aperçu du moindre problème.

Germaine Dulac choisit de privilégier le point de vue de l'épouse, souvent délaissée pendant que son mari travaille ou sort. Cette solitude n'est pas forcée: Madame Beudet n'a pas très envie, manifestement, de s'afficher avec son mari... surtout quand pour faire rire ses amis, il joue la comédie du suicide en public! Mais dès qu'il est absent, elle l'imagine remplacé par d'autres: Dulac utilise, lors d'une scène assez drôle, la surimpression d'un tennisman qui entre dans l'appartement du couple, et débarrasse Madame Beudet de son mari! Mais la rêverie débouche souvent sur l'impasse, car l'épouse lasse est bien obligée d'admettre que le seul qui franchira le seuil pour la rejoindre sera toujours M. Beudet.

On l'aura compris: si le film est essentiellement une étude psychologique en surface, il n'en reste pas moins que ce dont il est question ici c'est d'amour physique et de frustration, celle de ne pas pouvoir se laisser aller à la passion...

Afin de terminer son arc narratif, Dulac choisit de nous montrer une réconciliation en demi-teintes: Beudet comprend que son épouse est tellement déprimée qu'elle menace de se supprimer, et il lui fait comprendre qu'il ne peut pas vivre sans elle...

Ce qui clôt en effet l'intrigue sur une note positive. Ce qui en revanche n'empêche pas Dulac de nous montrer à la fin du film le couple marchant côte à côte dans la rue, à une certaine distance l'un de l'autre. Un intertitre dévastateur assène le coup final, nous expliquant qu'ils sont unis 'par l'habitude'...

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Published by François Massarelli - dans Muet 1923 Germaine Dulac **
11 juin 2017 7 11 /06 /juin /2017 09:07

Si on juge un metteur en scène à son premier film (Ce qui n'a rien d'idiot, après tout: prenez Welles et Citizen Kane!) Sonnenfeld apparaît définitivement comme celui qui ne fait rien comme tout le monde, avec une oeuvre extravagante et totalement burlesque, dont les censeurs, et autres maniaques du classement logique, ne doivent pas savoir quoi faire: le mauvais goût y est omniprésent, élevé glorieusement au rang d'ingrédient essentiel. Le comportement psychopathique de ce petit monde, et son installation au coeur de notre société sont la clé d'une histoire de toute façon impossible. Bref, c'est du cinéma qui joue à fond son rôle de ne pas refléter la réalité, et le fait avec un humour féroce et permanent.

...Et très drôle: le grand mérite de Sonnelfeld, qui le fera aussi après tout pour son Men In Black, c'est d'avoir aussi bien repris l'univers existant de Charles Addams, auteur des cartoons originaux, et de la série télé cheap des années 60, que créé sa propre vision en extrapolant tous les aspects les plus variés de ces personnages. Et tous les systématismes du film deviennent de précieuses pépites: les talents les plus multiples (Danse, escrime) de Gomez Addams (Feu Raùl Julia), sa manipulation des langues latines, les phrases en deux temps de Morticia Addams (Anjelica Huston) qui assènent en permanence la différence entre la famille et le reste de l'humanité, ou encore Lurch (Carel Struycken) et son allure tirée du monstre de Frankenstein.

Là où le metteur en scène a fait fort, c'est sans doute en confiant un rôle à Christina Ricci. Je pense d'ailleurs que c'est son meilleur! La jeune fille (Dix ans à l'époque) adopte instinctivement ce style de jeu absolument dépassionné qui sera la marque de fabrique du réalisateur, contrastant fortement avec le cabotinage phénoménal demandé à un des acteurs les plus excessifs au monde: Christopher Lloyd qui interprète le personnage de l'oncle Fester, ou du moins un imposteur se faisant passer pour lui...

Rappelons donc puisque je viens d'y faire allusion, l'intrigue du film: la très riche famille Addams, qui habite une immense et bien glauque maison, vit tranquille, absolument pas intégrée dans sa petite communauté, et chacun passant les journées à accomplir une série de tâches parmi lesquelles magie noire, torture, et autres bizarreries font toutes bon ménage. Les enfants jouent à se tuer mutuellement, et les adultes, Gomez et Morticia, s'aiment au point de se séduire en permanence, au mépris de ce qui les entoure. Mais il y a une ombre au tableau: le frère de Gomez, Fester, a disparu vingt-cinq années auparavant, pour ne jamais plus donner signe de vie, suite à une querelle. Un avocat véreux (Dan Hedaya) qui souhaite mettre la main sur la fortune des Addams, découvre un sosie (Christopher Lloyd, et un stratagème se met en place...).

Sonnenfeld souhaitait qu'il ne soit jamais clair si Lloyd était bien Fester, fin de donner à ce dernier une dimension plus mythologique, et sans doute afin d'asséner au spectateur l'idée que même si c'était un imposteur, la vie des Addams le séduisait tellement qu'il devenait son personnage! Cette impression reste un peu dans le film fini, mais peu importe: le film est une suite de décalages bouffons, de gags visuels et d'étrangetés parfois un peu inabouties, mais toujours extrêmement drôles. Et Sonnenfeld, qui était auparavant un chef-opérateur et non des moindres, s'est volontiers surpassé au niveau visuel: regardez de quelle façon il s'est débrouillé en toutes circonstances pour éclairer Anjelica Huston exactement comme si un rayon de lune lui éclaboussait le visage, et ce, en tout lieu et en toutes circonstances... bref, ne cherchons ni à la classer, ni à essayer d'y trouver de la logique et du raisonnable, et d'ailleurs, à quoi bon?

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Published by François Massarelli - dans Comédie Barry Sonnenfeld
10 juin 2017 6 10 /06 /juin /2017 16:33

Il y a les films muets classiques et incontournables, ceux que des armées d'historiens, d'archivistes et de passionnés nous ont aidés à conserver, voir, revoir et apprécier, de The general à Metropolis, de Sunrise à Ben-Hur, de Greed à The thief of Bagdad... Et il y a les obscurs, ceux qui ont existé mais dont on ne se souvient pas, parce qu'on vient de les retrouver dans une fosse en plein Alaska, ou dans un grenier sec et frais, et que des copies attendaient qu'on les retrouve: les films Thanhouser, par exemple, ou tant de productions locales, ou de petits studios qui n'ont pas eu la chance de survivre pour raconter leur propre légende. 

The Sheik n'appartient à aucune de ces deux catégories. Et pourtant quelque part il devrait figurer dans la liste des premiers mentionnés: c'est un film Paramount, monté autour d'une star en devenir, Rudolf Valentino, et le succès qu'il a récolté a mis tous ceux qui ont travaillé dessus à l'abri des ennuis financiers au moins jusqu'à la crise de 1929! Adapté d'un roman à succès dont la réputation n'est même pas sulfureuse tellement elle est mauvaise, il a fait à lui tout seul la carrière de Rudolf Valentino. Et il a établi la formule, ce que The four horsemen of the apocalypse n'avait pas fait.

Restons d'ailleurs un instant sur ce dernier film, sorti quelques mois auparavant: Rex Ingram y avait en effet découvert Valentino, et avait utilisé à la perfection son charisme érotique, n'oubliant pas d'utiliser ses talents de danseur. Mais c'était un film de Rex Ingram, avec lequel le metteur en scène souhaitait établir son univers épique: pas autre chose! ...Ni personne d'autre. Et Rudolf Valentino, relégué à un rôle d'utilité dans ses autres films pour Metro (The conquering Power, également de Rex Ingram, et Camille, de Ray Smallwood, dont l'héroïne était interprétée par Alla Nazimova, tous les deux sortis la même année) est parti pour relancer sa carrière ailleurs. D'où ce film, au budget contrôlé, qui repose sur un roman qui allait faire venir des spectateurs (et surtout -trices!), et qui cette fois n'oublie pas de mettre en valeur sa star, pour la première fois enfin (Car Valentino était dans le métier depuis un certain temps, quand même), mais pas la dernière...

En Afrique du Nord, la belle et hautaine Lady Diana (Agnes Ayres) est fascinée par les coutumes étranges d'un potentat local, le Sheik Ahmed Ben Hassan (Rudolf Valentino). Mais elle s'approche trop près, et le Sheik la fait enlever, et elle devient sa prisonnière. Contre son gré, oui, à moins que... les semaines passent, et la confiance s'installe. Confrontée à la vie du prince du désert, Diana rencontre ses amis, dont le Français Raoul (Adolphe Menjou), par lequel elle va apprendre à apprécier Ahmed de plus en plus. Mais tous les hommes du désert ne sont pas aussi gentils qu'Ahmed... Surtout le dangereux Ohmair (Walter Long), un homme qui en plus convoite depuis longtemps ce qu'il n'a jamais eu: une femme blanche.

Bon, on ne fera pas l'impasse sur le racisme de l'histoire: rappelons qu'à cette époque, il y a dans la plupart des juridictions locales Américaines des lois anti-miscégénation, ce concept révoltant qui considère d'une part que les êtres humains sont divisés en races, et d'autre part qu'il est inconcevable de les mélanger. Ce sera donc l'un des enjeux dramatiques du film. Un autre, et son corollaire, c'est bien sur la question inévitable: Diana et Ahmed ont-ils fauté? Etait-ce un viol, ou une nuit d'amour? l'ambiguïté ne sera jamais levée, et c'est tant mieux pour le box-office, car c'est l'une des ellipses qui a assuré que les clientes revenaient le voir deux ou trois fois: le grand frisson de l'interdit et du non-dit...

Non-dit et non-montré, mais alors suggéré, ça oui: le film est un catalogue mélodramatique de clichés orientalistes et de procédés éculés, liés à la supposée tendance au sadisme des orientaux, dont on établit bien sûr dès le départ qu'Ahmed est quant à lui un doux à côté de tant d'autres! Mais d'une certaine façon le film réussit à ne pas trop se prendre au sérieux, et est relativement soigné dans sa photographie, et sa composition. admettons que l'interprétation en revanche, ne brille absolument pas par sa modernité! Mais Valentino devait avoir une certaine affection pour ce film, lui qui décida de mettre en chantier cinq années plus tard une suite, qui en assumait volontiers les contours les plus parodiques.

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Published by François Massarelli - dans Muet 1921 Valentino **