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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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17 février 2018 6 17 /02 /février /2018 19:05

Ce court métrage Mexicain du frère d'Alfonso nous emmène au coeur d'une famille Mexicaine bien comme il faut. Une famille particulièrement riche si on en croit le luxe de la maison qui s'étale fièrement sur plusieurs étages, et dans la cuisine de laquelle s'affaire une bonne.

C'est le soir, tout le monde va se coucher: le père, la fille... Quand il entre dans la chambre conjugale, le père voit bien que sa femme est déjà au lit. Mais elle est inquiète pour sa fille, qui dort à quelques mètres. Elle envoie son mari vérifier qu'elle n'a pas laissé son petit ami rentrer en douce...

Prétexte: en fait, la digne maman bien catholique souhaite surtout permettre au dit petit ami de sa fille, sortir du placard qui est situé dans leur chambre, à elle et son mari! Car dans ce film, tout le monde couche, dès que les autres ont le dos tourné: le père avec la bonne, la mère avec l'amant de la fille, et la fille avec le même.

Hypocrisie, satire et cache-cache dans le placard, sublimés par un rythme absolument juste inspiré à la fois de la comédie de boulevard à la française, et, de la screwball comedy. Le réalisateur, qui avait écrit pour son frère la comédie Solo con tu pareja, s'amuse beaucoup et nous aussi.

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Published by François Massarelli - dans Comédie Cuaron
17 février 2018 6 17 /02 /février /2018 17:22

X-men, ça finit par ne plus sentir très bon. J'avais applaudi la démarche de Bryan Singer qui était parti du principe qu'il valait mieux prendre la saga au premier degré, au moment de réaliser les deux films inauguraux; mais à force de voir des mutants aux costumes et aux noms ridicules se lancer des boules de feu, se regarder mutuellement avec l'air de découvrir les effets internes de la constipation sur les corps drapés de Spandex qui gratte, et se parler en aboyant des "Magneto!", des "Mystique!" ou autres surnoms tous plus affligeants que les autres... ça lasse.

Donc applaudissons ce reboot (C'est le terme consacré), qui dose justement le premier degré, sous la conduite d'un metteur en scène doué pour le visuel, le rythme et l'action, et qui jamais ne se prend au sérieux, jamais ne prend au sérieux ce qu'il nous raconte (comment le pourrait-il? Il faut quand même reconnaître que cette variation baroque sur le conflit entre affirmation de la différence et assimilation, donne surtout lieu à un festival psychédélique et décadent de cornichonnerie pour ados, non?), mais s'amuse comme un gamin à nous transporter dans l'histoire (la baie des cochons), le mythe (Kennedy est l'un des personnages du film, qui se déroule dans des swinging sixties assez bien reproduites même si elles sont constamment anachroniques), et... le grand n'importe quoi de Marvel.

L'idée était de relancer la machine qui s'essoufflait. Ca a marché, et ce retour aux sources est excellent, profondément distrayant et surtout sans prétention aucune. La suite, pour laquelle Singer a repris les rênes... Est bien plus gênante, je propose tout simplement qu'on la passe sous silence.

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Published by François Massarelli - dans Science-fiction
16 février 2018 5 16 /02 /février /2018 16:31

Avec un titre pareil, le film de Feuillade nous montre le metteur en scène s'approprier l'oeuvre de Souvestre (dont la mort d'une fort mauvaise grippe est à peu près contemporaine de la sortie de ce quatrième film) et Allain, toujours plus loin! Et le titre générique, dupliqué dans le troisième chapitre du film (dont une fois de plus les titres sont assez évocateurs: "Le mur qui saigne", par exemple!) nous annonce la couleur: Fantômas se déguise, donc pour l'attraper, il faut aussi se déguiser. Ce que le journaliste Fandor et l'inspecteur Juve savaient déjà depuis longtemps, du reste...

Le film est irracontable, bien entendu, et il suffit de rappeler ceci: Fantômas étend sa toile criminelle en prenant le contrôle des Apaches de la proche banlieue de la capitale. Il profite de deux facteurs: d'une part, une campagne de presse qui s'interroge sur son identité et émet des doutes sur la probité de Juve; et d'autre part le fait que la police, dans un grand réflexe inepte, décide de prendre les devants en mettant l'inspecteur aux arrêts! Mais lors d'un bal masqué auquel assistent trois Fantômas différents (Dont Fandor et un policier), le drame se noue...

Puis, prenant le contre-pied de la réputation salie de Juve (Edmond Bréon), Fantômas (René Navarre) se déguise... en détective!

Le style de Feuillade est de plus en plus affirmé, permettant d'évacuer l'impression d'arbitraire (pourquoi se déguiser en Fantômas afin de se rendre à un bal masqué où tout porte à croire que le bandit sera? La finalité m'échappe!) et l'à-peu-près des déductions de Juve, qui à la fin du film comprend tout à coup tout ce qui lui a jusqu'à présent totalement échappé! Car Feuillade obéit désormais à la seule logique du roman-feuilleton, et laisse son spectateur passer de surprise en choc, en l'avertissant juste ce qu'il faut. Et puis, il faut le dire, on plonge de plus en plus dans ce qui ressemble bien... à une parodie!

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Published by François Massarelli - dans Muet 1914 Louis Feuillade **
16 février 2018 5 16 /02 /février /2018 13:05

Avec ce film, l'une des ses premières oeuvres maîtresses, Lois Weber s'éloigne de la convention mélodramatique, fut-elle évangélique, polémique et militante (Hypocrites), et des grosses machines obligées et convenues (une adaptation du Marchand de Venise, qui est par ailleurs au rang des films perdus de la réalisatrice), pour donner à voir une exploration de l'étude de moeurs sociales, doublée d'une réflexion féministe, à travers le point de vue d'une jeune femme interprétée avec brio par la comédienne Mary McLaren.

Celle-ci est donc une jeune vendeuse dans un magasin, pour laquelle les fins de mois sont difficiles: elle est la seule à travailler à la maison, puisque son père doit se faire prier pour sortir; la mère essaie bien de faire des économies, mais rien n'y fait, et les deux jeunes soeurs sont des fripouilles, pas encore en âge de penser à être économes. Celle sur laquelle cette situation de relative misère pèse le plus est l'héroïne, dont les chaussures, comme une sorte de signe extérieur de sa détresse, sont tellement élimées qu'il est évident qu'une nouvelle paire s'impose.

Mais ça coûte cher. Très cher...

Exit le symbolisme un peu lourdingue de Hypocrites, place à l'observation sociale. Weber place Mary McLaren au milieu de la vie, et tourne avec une grande efficacité son film dans des décors quotidiens et convaincants. Elle évite les pièges didactiques: ni militantisme social misérabiliste, ni leçon forcée et conservatrice. Si le père nous apparaît un peu comme le "méchant" dans l'intrigue, c'est parce que du point de vue de la jeune femme c'est son immobilisme qui est la principale source de maux. mais il n'est pas diabolisé pour autant. De même que la figure du gandin aperçu dans quelques scènes, qui sera l'ultime recours à la fin du film: un bellâtre qui a bien l'intention de séduire la jeune femme et grâce auquel elle pourra enfin se payer une paire de chaussures neuves. Et la vie pourra continuer...

Mais en attendant, Lois Weber peaufine son style fait d'une grande clarté narrative, jamais trop dépendante du texte, toujours des acteurs et du cadre. Elle se repose beaucoup sur le visage de Mary McLaren, qu'elle nous montre dans un miroir brisé dans une image célèbre de la publicité pour ce film: la jeune femme vient de prendre sa décision, qui est de se laisser séduire, de littéralement vendre son corps pour des chaussures, comme nous a prévenu un intertitre en exergue du film. Et dans le miroir qui la coupe en deux, son regard est arrivé au delà du désespoir. Lois Weber, par sa science du point de vue, son refus de la simplicité, son envie d'explorer avec génie les petits moments apparemment si insignifiants, mais si significatifs, renouvelait le mélodrame et le drame social, et Shoes est un chef d'oeuvre qui en annonce d'autres, The blot pour commencer, qui ira encore plus loin...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Lois Weber 1916 **
16 février 2018 5 16 /02 /février /2018 12:20

Il serait sans aucun doute très facile pour une personne non avertie de se tromper sur ce film de Snub Pollard, et de l'attribuer à une équipe de la Keystone, tant l'impression d'un comique improvisé et basé sur des poursuites à répétition, nous fait effectivement penser aux films de l'écurie Sennett plutôt qu'aux studios Hal Roach. pourtant ce serait oublier que ce dernier a construit son empire en commençant à la base, c'est-à-dire en tournant des films d'une bobine vite faits mal faits, le plus souvent en profitant des lieux publics. On reconnaîtra ici un parc souvent utilisé par les équipes de film, qui venaient y improviser des poursuites échevelées...

Mais ce court métrage se distingue sur un certain nombre de points, malgré tout, par une excentricité intéressante, même s'il se trouve qu'elle est fort légère si on la compare aux deux bobines tournés par Snub Pollard avec Charley Chase à la direction: pour commencer, un policier médusé assiste à la sortie d'un certain nombre de truands et vagabonds d'un tonneau profond d'un mètre. Les personnages louches sont pour l'essentiel des acteurs connus de chez Roach. Sinon, les caméramen utilisent souvent le recours à l'accéléré (c'est à dire qu'ils ralentissent la prise de vues), mais sans pour autant que le rythme du film en devienne frénétique. C'est surtout un moyen de souligner l'idiotie de la situation qui voit une patrouille de policiers, tous des marins d'eau douce, tenter de poursuivre des malfrats dans des barques qu'ils sont incapables de faire avancer...).

Mentionnons le très courant cliché ethnique autour des juifs, souvent représentés via les habituelles allusions peu ragoutantes à l'époque chez Roach. Mais ici, l'antisémitisme de façade se pare aussi d'absurde, puisque les deux boutiquiers juifs caricaturés ont beau parler en hébreu (par les intertitres bien sûr), ils se présentent comme... Irlandais. Un gag qui selon moi tend à désamorcer le cliché anti-juif, donc à tout prendre, c'est un mieux.

Et le film n'avait pas d'autre vocation qu'à être un bouche-trou: quand Lloyd s'est trouvé empêché de tourner, suite à un accident lors du tournage de Haunted Spooks, Roach s'est tourné vers son ancien partenaire Pollard pour faire quelques films en attendant le retour de la vedette. Ce qui a lancé (un peu) la carrière de l'homme à la moustache de morse. POur être complet sur ce film conservé en parfait état, ce qui est loin d'être courant pour les films de Snub, il a été retrouvé grâce à la fameuse redécouverte de films Américains perdus en Nouvelle-Zélande il y a quelques années.

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie
15 février 2018 4 15 /02 /février /2018 07:39

Ce film est incomplet: on ne va pas revenir sur la tragédie récurrente dans les années 30, qui a consisté à laisser pourrir les films, à ignorer leur destin aussi, à partir du moment où leur vie commerciale était finie, ou même plus simplement parce qu'ils étaient muets... Mais dans ce cas c'est d'autant plus embêtant qu'on manque de renseignements sur le film, et comme il manque la deuxième moitié, il ne nous reste qu'à nous perdre en conjectures sur le sens de l'oeuvre.

Parce qu'en plus, ce long métrage de la réalisatrice de Hypocrites et Shoes est particulièrement original, contenant une mise en abyme inattendue, en forme de clin d'oeil appuyé: les personnages qui au départ ne sont pas nécessairement liés entre eux, sont tous unis par le fait qu'ils se rendent au cinéma, voir un film dont on nous présente des extraits choisis: un mélodrame social intitulé "Life's mirror", réalisé par Lois Weber! Elle y utilise un casting qui est proche de celui de Shoes, et le type d'intrigue chorale qu'on retrouve justement dans Idle wives, avec la réunion d'un certain nombre de destins...

Des "types" de personnes nous sont présentés: un couple qui est arrivé au point de non-retour dans la déchirure de sa relation (On reconnaît d'ailleurs l'intrigant visage de Maude George, qui 6 années plus tard illuminera de vitriol le film Foolish Wives d'Erich Von Stroheim); une famille pauvre qui se déchire, notamment au sujet du destin de l'une des filles qui souhaite être indépendante mais qui doit se dévouer à sa famille; une jeune femme qui est tentée par la séduction d'un inconnu, un moins que rien. Devant le film, certains de ces spectateurs se retrouvent devant des situations qu'ils connaissent, ou qu'ils redoutent: ce sont leurs vies qui sont mises en abyme...

Tout fait que quand on arrive à la 29e minute et que le film s'arrête faute de bobines supplémentaires, la frustration est immense... Mais les qualités de cette production, ainsi soyons justes qu'un certain défaut de clarté, apparaissent au moins de manière suffisamment évidente pour qu'on n'ait aucun doute sur son importance.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Lois Weber 1916 **
15 février 2018 4 15 /02 /février /2018 07:29

Produit par la compagnie Rex, qui n'allait pas tarder à être "avalée" par Universal, ce petit film est plein des qualités qu'on attend d'un film de Lois Weber. D'une part, l'histoire, un mélodrame à vocation sociale (teinté d'une certaine ironie) est d'une grande efficacité, et d'autre part, la mise en scène adopte une sorte de clarté linéaire typique de son style.

L'histoire commence comme du Dickens: deux orphelines jumelles sot adoptées, l'une par une modeste ouvrière, l'autre par une famille roche qui, nous dit un intertitre, souhaite donner de la compagnie à leur fils chéri... Les deux petites sont encore bébé, et grandiront dans l'ignorance l'une de l'autre. Mais à l'âge adulte, le hasard va faire que leurs destins se croiseront, à la faveur de l'indépendance assumée de la jeune ouvrière qui commence à travailler, et de l'humeur volage de la jeune fille adoptive de riches, qui pour sa part n'en fait qu'à sa tête.

Lois Weber transcende le genre du mélodrame, en se livrant à une recherche d'effets aussi efficaces que possible, pour moderniser un peu cette situation. Et bien sûr elle se livre à un portrait de la condition féminine assez paradoxale, montrant finalement la supériorité humaine de la jeune femme qui a été obligée de prendre son destin en main. Avec Weber, l'évangélisme militant n'est jamais très loin du féminisme, mais elle évite les écueils par son efficacité narrative tout au long de ces 15 minutes, qui nous proposent une intrigue que d'autres auraient probablement étirée inutilement.

Sans en avoir une preuve formelle, il me semble maintenant que le film Twin pawns de Léonce Perret, réalisé en 1919 et sorti à la Universal (c'était une adaptation officieuse de The woman in white de Wilkie Collins) possède plus d'un point commun avec celui-ci.

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Published by François Massarelli - dans Muet Lois Weber
14 février 2018 3 14 /02 /février /2018 19:23

Le propos de ce film était simple: rassembler les moments de pur rock 'n roll des Who à la télévision et au cinéma (Le film Woodstock, par exemple), et les organiser dans un montage qui incorpore aussi des interviews, sachant qu'avec un groupe dont le batteur était Keith Moon, il était inévitable que cela dégénère un peu, à chaque fois qu'on les interrogeait. Le groupe ayant décidé de collaborer à fond (Et Keith Moon s'étant même proposé de mener de son côté quelques auto-interviews surréalistes, avec l'aide de Ringo Starr), on aurait du avoir sous la main le film ultime des Who, qui rende hommage à la fois à leur impressionnante maestria sonore et scénique, tout en les montrant humains, et surtout pas dupe du cirque permanent dans lequel il étaient engagés, poussés par leur public à se comporter comme des voyous irresponsables, une posture qui allait à tous les membres du groupe, le timide Pete, le discret mais efficace Roger, le marmoréen John, et bien sur le cinglé Keith.

Le destin s'invite parfois avec un manuel d'humour noir sous le bras. Cette fois -ci, c'est Keith Moon qui en a fait les frais, puisque le batteur est décédé durant les dernières étapes du mixage du film. Le seul hommage possible était de laisser sa "performance" intacte (Et non d'en rajouter -comme si ça avait été possible), et de continuer la finition du film, dont Moon avait vu une version de travail. Au final, on a un document modèle sur un groupe en pleine activité, sans aucune circonstance atténuante pour les excès souvent mentionnés (Chambres d'hôtels vandalisées, Bentleys dans les piscines) voire montrés (Tir aux pigeons sur les disques d'or, destruction systématique d'un nombre alarmant, et en ce qui me concerne, modeste guitariste dans ma chambre, effrayant, de guitares, batteries, micros...). Le groupe y apparaît en toute folie, comme ce qu'ils étaient, des génies de la musique qui renvoyaient à un monde trop sage qui souhaitait tout contrôler une image ricanante et absurde de lui-même, pris au pied de la lettre par des gamins qui avaient refusé de grandir.

L'esprit punk? Les Who l'avaient inventé, mais eux en plus ils avaient un génie musical, un vrai, un gros. Et en plus le film est souvent à se tordre de rire...

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Published by François Massarelli - dans Musical
13 février 2018 2 13 /02 /février /2018 10:46

Joe (Phillips Smalley) et Ann (Lois weber) se plaisent, se courtisent, et avec la bénédiction du père de la jeune femme, sa marient. Ils ne tardent pas à avoir un enfant, mais l'ennui s'installe pour la jeune femme... Qui commence à recevoir la visite d'un monsieur de la ville. Celui-ci la séduit, et elle abandonne son mari et sa fille pour suivre le citadin et vivre enfin la grande vie... Jusqu'à ce que l'âge aidant, sa beauté se fane.

Ce mélodrame très cruel que la fin ne parvient pas à adoucir, est une oeuvre de jeunesse du tandem Smalley-Weber (Puisque c'est dans cet ordre qu'on les présentait à l'époque), donc de Lois Weber. Ils sont essentiellement acteurs, mais il est envisageable que non seulement Weber ait fourni le script, mais qu'en prime elle l'ait réalisé C'est l'hypothèse de l'historienne (Spécialiste de Weber) Shelley Stamp... Longtemps pourtant, le film a été attribué à Edwin Porter, mais Porter était un vétéran en 1911, et dès 1915, il allait prendre sa retraite. Quel que soit le metteur en scène, c'est un film court mais soigné, dans lequel chaque scène est un plan soigné et complet, qui nous permet d'avancer dans une intrigue claire et linéaire. On s'intéresse à la fois au destin cruel de la femme qui a cru pouvoir échapper à la routine (largement influencée par Emma Bovary, et les costumes pointent aussi vers la période du roman de Flaubert), et au fatalisme de ceux qui restent (le mari, qui va bien tôt perdre l'enfant). Les éclairages sont étudiés, et chaque scène possède son histoire intrinsèque. On est devant un cinéma qui a cessé d'être primitif, mais n'est pas encore tout à fait moderne...

 

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Published by François Massarelli - dans Lois Weber
11 février 2018 7 11 /02 /février /2018 09:47

Le temps qui passe n'est pas tendre parfois. Ici, sa victime est le titre conçu pour être sensationnel de ce film, le troisième long métrage de la série des Fantômas, réalisés avant la guerre par Louis Feuillade pour la maison Gaumont. Si ça sonnait volontiers mystérieux en 1913, l'effet produit plus de cent années plus tard est plutôt un ridicule achevé... Et pourtant on ne peut pas rêver de titre plus approprié que celui-ci pour cet étrange film, et du reste c'était aussi le titre du troisième roman de Souvestre et Allain, comme pour les deux oeuvres précédentes. 

La durée du film est étonnante à plus d'un titre: à 97 minutes, c'est un long film qui nous est proposé, à une époque où la règle était plutôt de limiter les films en dessous d'une heure fin de proposer plus de variété dans le programme des soirées cinématographiques. C'est une preuve du succès de Fantômas, qui pouvait désormais soutenir à lui seul l'essentiel d'un programme. C'est aussi afin de rappeler la place de la Gaumont, qui a une double concurrence avec l'importance de Pathé d'une part et de Eclair d'autre part. Ces derniers, d'ailleurs, ont depuis longtemps privilégié les films à épisodes plus longs que de coutume sous la direction de Victorin Jasset, auquel on peut quand même penser que Feuillade doit beaucoup...

Quand Le mort qui tue commence, tout est bouleversé: le diptyque inaugural (A l'ombre de la guillotine et Juve contre Fantômas) a fini par voir le petit monde de Fantômas chamboulé: une explosion initiée par le bandit insaisissable a eu raison de la villa de Lady Beltham, et Fandor (Georges Melchior) en a réchappé de justesse; gravement brûlé, il y a perdu son ami Juve (Edmond Bréon), dont le corps n'a malheureusement pas été retrouvé...

...Un indice chez Feuillade qu'on peut décoder facilement: on reverra Juve, probablement sous les traits d'un autre.

Néanmoins, l'absence du policier se fait sentir, ne serait-ce par le fait que le jeune journaliste, en dépit de la perte de son ami, va continuer la lutte contre le crime. Mais elle lui est plus difficile. Et surtout l'influence de Fantômas continue à s'étendre et à prendre des formes inattendues: l'essentiel de l'action de ce Mort qui tue tourne autour de la disparition du jeune Jacques Dollon (André Luguet), un artiste qui est accusé à tort d'un crime (nous assistons à la machination ourdie par Fantômas afin qu'il fasse un coupable parfait). Arrêté, il est étranglé dans sa cellule par le fourbe garde Nibet (Naudier) qu'on a déjà vu à l'oeuvre dans les films précédents. Mais après que les autorités ont constaté sa mort, il disparaît. Son cadavre est récupéré par Fantômas, qui se livre à une manipulation sur le corps...

Quelque temps plus tard, des méfaits sont à nouveau perpétrés (Vol nocturne de bijoux, meurtre, etc), mais les empreintes qu'on retrouve sur les lieux sont celles de Dollon. Fandor se passionne pour l'enquête...

Le film est à nouveau structuré en parties, au nombre de six.  Ce qui du reste correspond au nombre de bobines, mais elles sont d'une durée très irrégulière. Ce qui frappe le plus dans ce film, c'est à quel point l'absence de Juve semble déséquilibrer le tout, en précipitant le spectateur hors de sa zone de confort. Feuillade attend beaucoup de ses admirateurs ici, en leur détaillant le plus souvent les machinations sur des laps de temps assez long, et en leur faisant confiance pour suivre sans leur donner les clés tout de suite. Et l'un des plaisirs de tout film criminel de Feuillade, cet arbitraire baroque, prend de plus en plus de place: on devine assez vite le pot-aux-roses, mais il est d'une totale improbabilité. Peu importe: cette histoire de "gants de peau humaine" pour reprendre le titre du dernier chapitre, est d'une logique imperturbable tant qu'elle reste dans le cadre de la fiction.

Et derrière cette histoire étirée sur la durée d'un long métrage, Feuillade prend son aise, semble s'échapper des traditions observées dans les deux premiers Fantômas. Tout en délivrant une adaptation de bonne facture des oeuvres de Souvestre et Allain, le metteur en scène prend aussi le pouvoir et commence à affiner son style, mélange d'une énonciation claire et méthodique, et d'une dose de plus en plus grande d'absurdité froide et ironique: le cocktail des futurs Vampires, tout simplement.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1913 Louis Feuillade Noir **