1937: Mrs Henderson (Judi Dench), de la plus haute société Britannique, perd son mari; elle est seule, son fils est mort 22 années auparavant dans une tranchée, et on lui conseille de se trouver quelque chose à faire, mais aussi de ne plus limiter ses achats frivoles, maintenant que son mari n'est plus là pour s'y opposer... Elle va faire les deux, et acheter un théâtre. Sous le patronage de Mrs Henderson, le producteur Vivan Van Damm (Bob Hoskins) produit une revue, intitulée Revudeville: c'est un succès éphémère. Afin de faire repartir la fréquentation du lieu, Mrs Henderson propose une idée inattendue: épicer les spectacles en y introduisant une dose de nudité, ce qui n'a jamais été fait. Pour contourner la censure, les effeuillages doivent se limiter à des tableaux vivants... La digne septuagénaire et son producteur se mettent en quête des filles idéales...
On a coutume de commencer à chroniquer un film Britannique en soulignant à quel point il est Britannique, justement: ça ne vous énerve pas? Je n'imagine pas parler de La belle équipe en insistant sur le caractère Français, ou commencer un article sur Stagecoach en signalant que John Ford est Américain. Bien. Mais là, comment faire autrement? Cette production de Bob Hoskins est un film BBC! Situé à Londres, envahi tout du long par ce merveilleux accent, et dominé par la merveilleuse Judi Dench... D'ailleurs, à bien des égards, le film ne semble pas faire beaucoup d'efforts pour ressembler à autre chose qu'une production télévisée. Je pense que c'est volontaire: le budget autorisait Frears à viser plus haut, mais il a sans doute souhaité cet aspect bon marché, qui rend finalement le film plus intime...
Nul doute que la motivation principale des gens qui travaillaient au Windmill (Dont l'histoire est authentique) n'avait rien d'artistique, mais était plutôt bassement mercantiles: les filles qui se déshabillent ont beau se dire des artistes, elles sont souvent le sel d'une revue dont les chants et les danses des vedettes deviennent un prétexte à aller voir de la chair fraîche, un délicieux paradoxe. Et c'est ce lieu de perdition (Qui réussit à rester décent contre vents et marées) qui devient, dans le film, un refuge symbolique des Londoniens qui résistent à la guerre...
Mené par un couple de grands acteurs géniaux, habité par la bonne humeur et l'esprit positif de l'Angleterre de toujours, et traversé de superbes performances des quatre ou cinq filles que Frears n'a pas engagé pour n'être que des potiches (Parmi lesquelles Kelly Reilly brille d'un éclat singulier, mais c'est une habitude chez elle), le film est une expérience... très satisfaisante. Il n'échappera à personne que ça n'est pas non plus le film du siècle, mais il y a là comme un plaisir redondant face à tant de... caractère Britannique.