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31 juillet 2017 1 31 /07 /juillet /2017 09:22

1937: Mrs Henderson (Judi Dench), de la plus haute société Britannique, perd son mari; elle est seule, son fils est mort 22 années auparavant dans une tranchée, et on lui conseille de se trouver quelque chose à faire, mais aussi de ne plus limiter ses achats frivoles, maintenant que son mari n'est plus là pour s'y opposer... Elle va faire les deux, et acheter un théâtre. Sous le patronage de Mrs Henderson, le producteur Vivan Van Damm (Bob Hoskins) produit une revue, intitulée Revudeville: c'est un succès éphémère. Afin de faire repartir la fréquentation du lieu, Mrs Henderson propose une idée inattendue: épicer les spectacles en y introduisant une dose de nudité, ce qui n'a jamais été fait. Pour contourner la censure, les effeuillages doivent se limiter à des tableaux vivants... La digne septuagénaire et son producteur se mettent en quête des filles idéales...

On a coutume de commencer à chroniquer un film Britannique en soulignant à quel point il est Britannique, justement: ça ne vous énerve pas? Je n'imagine pas parler de La belle équipe en insistant sur le caractère Français, ou commencer un article sur Stagecoach en signalant que John Ford est Américain. Bien. Mais là, comment faire autrement? Cette production de Bob Hoskins est un film BBC! Situé à Londres, envahi tout du long par ce merveilleux accent, et dominé par la merveilleuse Judi Dench... D'ailleurs, à bien des égards, le film ne semble pas faire beaucoup d'efforts pour ressembler à autre chose qu'une production télévisée. Je pense que c'est volontaire: le budget autorisait Frears à viser plus haut, mais il a sans doute souhaité cet aspect bon marché, qui rend finalement le film plus intime...

Nul doute que la motivation principale des gens qui travaillaient au Windmill (Dont l'histoire est authentique) n'avait rien d'artistique, mais était plutôt bassement mercantiles: les filles qui se déshabillent ont beau se dire des artistes, elles sont souvent le sel d'une revue dont les chants et les danses des vedettes deviennent un prétexte à aller voir de la chair fraîche, un délicieux paradoxe. Et c'est ce lieu de perdition (Qui réussit à rester décent contre vents et marées) qui devient, dans le film, un refuge symbolique des Londoniens qui résistent à la guerre...

Mené par un couple de grands acteurs géniaux, habité par la bonne humeur et l'esprit positif de l'Angleterre de toujours, et traversé de superbes performances des quatre ou cinq filles que Frears n'a pas engagé pour n'être que des potiches (Parmi lesquelles Kelly Reilly brille d'un éclat singulier, mais c'est une habitude chez elle), le film est une expérience... très satisfaisante. Il n'échappera à personne que ça n'est pas non plus le film du siècle, mais il y a là comme un plaisir redondant face à tant de... caractère Britannique.

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Published by François Massarelli - dans Comédie
30 juillet 2017 7 30 /07 /juillet /2017 11:37

Je n'ai pas vu le film Under two flags, de Tod Browning. Ce grand succès de 1922 est bien sûr la source de ce court métrage parodique, un domaine dans lequel Laurel a beaucoup donné à cette époque, quelle que soit la compagnie: ici, c'est chez Roach, mais il l'a aussi fait pour Amalgamated/Metro, et pour Joe Rock/Universal deux ans plus tard.

Privé du sel de la comparaison, je ne peux que constater: dans un premier temps, Laurel imite un peu l'atmosphère du film dramatique qu'il parodie, tel qu'on peut en juger à partir de photos. Par exemple, une photo publicitaire de Under two flags qui circule beaucoup montre Priscilla Dean danser pour des militaires dans une taverne, elle-même portant un uniforme. C'est Mae Laurel qui joue ici le rôle, avec un manque absolu de subtilité... Sinon, il y a un petit rôle pour Katherine Grant, en "princesse"... Et le film se conclut sur cinq minutes de comique troupier.

Sinon, "jag", serait une crise. Par exemple une crise de colère ou une crise de rire. Ce film n'en déclenche hélas pas beaucoup.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Laurel & Hardy
30 juillet 2017 7 30 /07 /juillet /2017 11:30

Toujours chez Hal Roach, Laurel tourne à nouveau avec George Jeske, un film souvent drôle, mais un peu vain. En cause: une non-intrigue qui vire un peu trop vite à la course-poursuite sans queue ni tête. J'ai déjà avancé l'hypothèse que Laurel avait besoin d'un personnage qui avait besoin lui-même d'une motivation, qui devait impérativement être liée à un environnement palpable: aucun de ces trois ingrédients ne fonctionnent ici.

Laurel est un nettoyeur de rue, un "white wing" (Un métier lié à la période, qu'exerceront d'ailleurs dans leurs films aussi bien Keaton, que Langdon, que Chaplin). Le film se sert de ce prétexte pour le voir en bisbille avec la loi, et poursuivi tout le film durant par un policier corpulent, qui n'est pas Hardy, mais Marvin Loback. Sans que ça s'explique vraiment, la deuxième partie voit le comédien devenu dentiste ambulant, aux prises avec plusieurs clients, dont James Finlayson et une mamie un peu nymphomane sur les bords.

Bref.

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Laurel & Hardy
30 juillet 2017 7 30 /07 /juillet /2017 11:19

De retour chez Hal Roach, Laurel n'est pas venu les mains vides: il a des idées. Et ce film en est la preuve. Il ne l'a pas réalisé, même si il aurait pu... Mais il en est clairement l'inspirateur, comme il l'avait été pour le film The egg de 1922. Les deux courts métrages ont le même environnement, et la même inspiration, qu'on retrouvera d'ailleurs pour un court avec Hardy en 1928, The finishing touch

Laurel est charpentier, et comme ses collègues, il ne fait pas forcément grand chose quand on ne les surveille pas... Le titre provient du fait que toute la matinée d'une journée de travail est occupée à attendre la sonnerie du repas, the noon whistle... C'est la raison pour laquelle son patron demande à son contremaître (James Finlayson) de redoubler de vigilance. C'est bien sur Laurel que l'ombrageux moustachu va concentrer ses efforts...

C'est finalement la même intrigue que pour le film The egg, à ceci près que The noon whistle est débarrassé de l'intrigue liée à la corruption. On n'a finalement que des gags liés au travail, et Laurel avec des planches de bois, c'est toujours digne d'un ballet: ça l'inspire, que voulez-vous... Ce qui l'inspire aussi, c'est le partenariat avec un acteur qui reviendra souvent dans son oeuvre: James Finlayson. Certains gags qui étaient bons mais sans plus dans The egg deviennent ici franchement percutants, et le film passe tout seul, ce qui est assez rare parmi les films limités à une seule bobine, dans lesquels Laurel a souvent été mal à l'aise. Ce n'est absolument pas le cas ici...

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Laurel & Hardy
29 juillet 2017 6 29 /07 /juillet /2017 17:33

A Yoshiwara, le quartier chaud "officiel" de Tokyo, se tient le club "Dreamland", un bordel tout ce qu'il y a de classique. le patron y emploie cinq filles, certaines avec des heures de vol, d'autres plus jeunes. Chacune a son histoire, et ses soucis: Hanae (Michiyo Kogure) est mariée, et elle a un enfant... Mais le mari est sans emploi, et ils ont besoin de l'argent qu'elle ramène pour vivre. La veuve Yumeko (Aiko Mimasu) travaille avec acharnement pour subvenir aux besoins de son fils, qui arrive à l'âge de travailler. La plus âgée, Yorie (Hiroko Machida), se cramponne à une promesse de mariage, qui est son joker pour s'en sortir. De son côté, la plus jeune Yasumi (Ayako Wakao) abat un travail considérable en gérant de façon impressionnante son argent, ainsi qu'en manipulant tout le monde, le patron, comme les collègues, comme les clients. Enfin, la provocante Mickey (Machiko Kyo) a une vision assez rock 'n roll de son métier, mais c'est principalement par pudeur: elle a fui sa famille...

Et tout ce petit monde est sur la sellette: au parlement, on ne parle plus que d'un projet de loi qui envisage de mettre la prostitution hors la loi, et pénaliser les clients. Les filles, mais aussi leur patron et leur supérieure, tout le monde a un avis sur la question... Mais si la loi passe, qu'adviendra-t-il des filles qui travaillent au Dreamland. ...Et même si la loi ne passe pas, d'ailleurs?

Le dernier film de Mizoguchi, comme tant d'autres, parle de prostitution, de tous les aspects de la prostitution légale dans les années 50, soit l'exploitation de la femme par l'homme autant que l'exploitation de la concupiscence masculine par la femme comme dernier recours...Quoique... on n'est pas prêt à oublier le regard de la jeune adolescente qui commence sa première nuit, au moment d'aborder un client: c'est la dernière séquence du film, et elle fait froid dans le dos. C'est tout l'ambiguïté de l'oeuvre de Mizoguchi qui passe par ce regard, toutes les contradictions d'un homme qui a jeté un regard de compassion sur cette humanité-là, mais qui lui-même était un client régulier des filles qui travaillaient dans des clubs "sains" et "légaux" comme le "Dreamland". Du coup, le film acquiert un réalisme impressionnant, mais qui ne vire jamais au misérabilisme. Mizoguchi nous montre la prostitution de l'intérieur, comme un environnement. S'il ne s'approche pas de trop près, censure oblige, il appelle assez souvent un chat un chat, et le film est sans concession: certaines de ces femmes finiront mal dans le film... Et l'une d'entre elles se débrouillera en revanche très bien.

Le film aurait du être tourné sur les lieux même du commerce qu'il décrit, dans des conditions semi-documentaires. Ca n'a pas pu se faire, les professionnels locaux ayant eu peur des retombées. Le fait d'avoir reconstruit un club en studio permet au moins à Mizoguchi de contrôler la situation à 100%, et aux actrices de faire un travail remarquable. On ne fait pas que du sexe à Dreamland: on vit, on mange, on échange, on se chamaille, on rigole... Elles sont toutes fantastiques. 

Et pour finir, deux notes contextuelles: d'une part la loi dont il est question (Elle est battue dans le film) a été votée dans la réalité, quelques semaines après la sortie. Et Mizoguchi est mort d'une leucémie foudroyante trois mois après.

 

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Published by François Massarelli - dans Kenji Mizoguchi Criterion
29 juillet 2017 6 29 /07 /juillet /2017 10:36

Xavier (Romain Duris) fait face à une nécessité, s'il veut réussir sa vie rêvée et une carrière intéressante: cet étudiant en économie, pour devenir aisément recrutable, va devoir améliorer son Espagnol et sa connaissance de l'économie Ibérique. Une seule solution: un échange Erasmus, et une année d'études à Barcelone. Pour ça, il va falloir tout quitter, sa maman (Martine Demaret), sa petite amie (Audrey Tautou), etc... Arrivé à Barcelone, il galère un peu avec la langue (D'autant que régionalement, la langue officielle n'est pas l'Espagnol qu'on enseigne dans les écoles, mais le Catalan), mais aussi trouver un logement: il est aidé au départ par un couple de Français rencontré dans l'avion, Jean-Michel (Xavier de Guillebon) et Anne-Sophie (Judith Godrèche), puis il trouve à se placer dans un appartement loué par des étudiants Européens. Avec  Wendy (Kelly Reilly), Tobias (Barnaby Metschurat), Lars (Christian Pagh), Soledad (Cristina Brondo), Alessandro (Federico d'Anna) et Isabelle (Cécile de France), la vie s'organise...

Le but n'est pas tant de faire rire en accumulant les gags et les scènes cocasses, même si effectivement on rit beaucoup. Comme la narration de départ tendrait à l'indiquer, le film tisse plus pour le spectateur un réseau de souvenirs, liés à l'amitié, l'entraide, et finalement une expérience dont on devine très vite qu'elle représente les plus beaux jours d'une vie, ceux qui vous définissent pour le reste de l'existence, et... après lesquels on courra sans jamais parvenir à les revivre. La narration, au début, est chaotique, emballée et nerveuse, installant une tendance à faire feu de tout bois et se livrer à toutes les expériences avec la bande-son, notamment, mais aussi avec les images, à chaque fois que ce sera possible. Mais une fois trouvé le foyer ou Xavier va s'installer, tout s'éclaircit.

Aucun sentimentalisme excessif ne vient entacher le plaisir qu'on prend aux aventures comico-sentimentales de cette bande de joyeux lurons de tous les pays. Klapisch a le bon goût de ne pas finir son film en permettant à Xavier de trouver l'amour définitif parmi ses co-locataires: ça fait bien plus que de permettre une suite, ça ouvre une raie vie, ça donne donc de la vérité à ces personnages. Et l'abattage des acteurs est impressionnant, surtout qu'ils ont été guidés vers l'improvisation. Finalement, la partie la moins convaincante du film reste les amours maladroites de Xavier avec Anne-Sophie, Judith Godrèche ayant interprété la maladresse sociale de la bourgeoise avec un style que je me permettrais de qualifier de Romherien.

Et dans mon vocabulaire, c'est tout sauf un compliment.

Mais le film vaut vraiment la peine, ne serait-ce que pour mesurer à quel point le langage est important: il est à la fois tout (Cette impression, une fois lâché dans un pays étranger, qu'on n'y comprendra jamais rien) et rien (une fois la communication établie, on se débrouille: dans l'appartement, on parle au moins quatre langues ensemble). Le langage est à la fois le sujet d'études commun de tous ces gens, quelle que soit leur spécialité, et le vecteur de leur communication. Et du coup, le film profite de cette obligation de versions originale: Klapisch a trouvé la solution définitive contre cette abominable vermine fasciste qu'est le doublage, cette solution de facilité qu'on doit, je le rappelle, à cette ordure de Mussolini. Et Klapisch réussit aussi à nous entraîner dans les souvenirs de quelqu'un qui est un écrivain, ou tente de l'être, parce que quand il était petit il avait décidé d'écrire. Mais ce n'est pas facile... Au moins Xavier, avec ses copains d'un peu partout, ne manquera jamais de choses à raconter. ...Et à sa façon, il a l'art et la manière.

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Cédric Klapisch
28 juillet 2017 5 28 /07 /juillet /2017 16:52

Le titre Japonais de ce film est une transposition de Yang Kwei Fei, le titre sous lequel il est le plus connu. Yang Kwei Fei, en Mandarin, veut à peu près dire "La première concubine Yang", et le film raconte comment une jeune femme est placée par une famille d'intrigants, les Yang, auprès de l'empereur de Chine. Elle ressemble tant à l'impératrice décédée, qu'il la choisit aussitôt comme concubine. Mais le peuple gronde, et l'armée menace de se révolter: non contre l'empereur, mais contre la famille Yang...

La principale motivation de Mizoguchi n'était pas, ici, de s'intéresser à ce parcours de femme, même si Machiko Kyo (qui retrouve en l'empereur son partenaire de Rashomon, Masyuki Mori) a interprété avec bonheur ce personnage tiré d'un conte de fées, de file de rien passée concubine de premier choix, mais qui reste jusqu'à la fin une femme au pedigree louche. Il y aurait eu des choses à dire pour l'auteur de tant de portraits de femmes à l'ombre de la prostitution! Non, la principale motivation du metteur en scène, c'était de faire sa première expérience avec le cinéma en couleurs...

Et de fait, on a le sentiment que tout ici est décoratif. D'ailleurs, l'histoire de la production de ce film peut très bien l'expliquer: souhaité par une compagnie de Hong-Kong, la Shaw and sons, le film a fini par échouer sur les bureaux de Daiei, et s'est vue confier à Mizoguchi. Le but des producteurs Chinois était de faire un film Chinois, sur une histoire Chinoise, interprétée en Mandarin... Au final, c'est en Japonais, uniquement interprété par des acteurs Nippons, et... ils jouent la carte de l'exotisme. A croire que Mizoguchi leur a demandé de jouer lentement pour faire Chinois!

Donc non seulement on ne dépasse pas le cadre du décoratif, mais en plus le film se traîne, en dépit de quelques jolies scènes, et... de couleurs superbes, ça va de soi.

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Published by François Massarelli - dans Kenji Mizoguchi
28 juillet 2017 5 28 /07 /juillet /2017 16:37

Blood and sand, de Fred Niblo, est sorti en août 1922. Après The Sheik, c'est le deuxième film avec lequel Rudolf Valentino a fait décrocher la timbale à la compagnie Paramount... Un succès considérable, pour un film qui divise jusqu'à aujourd'hui, entre les tenants d'un esprit "camp", qui se refusent à prendre ces histoires de toreador au sérieux, et prennent du bon temps avec un tel film, et les cinéphiles plus exigeants, qui considèrent ce film comme un navet de la pire espèce. Vous remarquerez que j'écarte d'emblée l'idée qu'on puisse prendre le film au sérieux, et l'aimer pour ses qualités de narration et d'interprétation: tout simplement parce que c'est impossible.

Et ça l'était déjà pour Stan Laurel et ses amis de Amalgamated Pictures en 1922: ce film sorti en novembre 1922 rassemble sous un titre aussi explicite que possible un certain nombre de scènes qui parodient le long métrage de Niblo avec un humour qui s'embarrasse de peu de subtilité ou de délicatesse: après tout l'original non plus ne faisait pas dans la dentelle...

Stan Laurel est donc Don Rhubarb Vaselino, un jeune Espagnol féru de corrida, qui va se marier avec la jolie Caramel (Julie Leonard), mais ensuite tomber entre les griffes de la vamp Filet de Sole (Leona Anderson), ce qui lui sera fatal. Une scène parodie l'inévitable danse de Rudolf Valentino, Laurel ayant pour partenaire son épouse Mae. Autre passage obligé des films de Valentino, la séance de déshabillage et habillage, qui là encore a inspiré la joyeuse bande de gagmen.

C'est joyeux, idiot, et surprenant par la longueur du film: c'est l'unique fois dans cette série de courts métrages que Laurel sera en vedette d'un film de plus de deux bobines. Il existe d'ailleurs des versions raccourcies de ce titre, mais tant qu'à faire, il faut le voir in extenso, dans sa version de 29 minutes. Petite recommandation pour finir: fuyez la version de 39 mn sur Youtube: elle a été passée à 18 images par seconde, et se traîne lamentablement. Le film est drôle et sans prétention aucune, mais il nécessite qu'on le respecte un peu... Par contre, au risque de surprendre, voici à ma connaissance l'unique film dans lequel on passera outre le destin du taureau dans ce sport répugnant qu'est la tauromachie: car en dépit d'une scène dans laquelle il envoie valser les animaux, ce Don Rhubarb Vaselino me paraît bien inoffensif dans l'arène...

Un dernier détail qui tempère un peu l'impression que cette parodie soit meilleure que l'original: on connait la tendance très implantée des comédies muettes pour jouer sur les stéréotypes les plus lourds. Dans ce film situé en Espagne, il y a plusieurs scènes qui jouent sur les clichés des... Italiens. La consommation massive d'ail et de tomates, à laquelle Vaselino fait allusion en parlant à sa maman, ou encore le fait que dans la taverne où dansent le couple Laurel, on mange manifestement des Spaghetti con polpette... C'est gênant, non?

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Laurel & Hardy 1922 *
28 juillet 2017 5 28 /07 /juillet /2017 16:24

Là où Roach lui offrait, en 1918-1919, des essais sous surveillance, à la recherche d'un univers et d'un personnage qui puisse cadrer avec le monde déjà établi du studio, Laurel a trouvé durant ses années au studio Amalgamated Pictures des opportunités de développer en relative liberté son art, de raffiner son style, et de trouver aussi du confort pour établir une vraie personnalité, qui était enfin compatible avec tous les aspects de sa palette: la plus riche, peut-être, de tous les comédiens, Laurel pouvant au gré de son inspiration passer du plus lunaire des clowns à l'ahuri le plus complet, en passant par des aspects surréalistes. Il aimait la parodie qui lui permettait de laisser libre cours à son génie pour la bouffonnerie la plus accomplie, mais appréciait aussi de pouvoir participer à de vraies histoires qui passaient par une évolution, avec un début et une fin, le tout en deux bobines, le format parfait pour construire un film sans en faire trop. C'est à cette dernière catégorie qu'appartient ce petit film sans façon, mais plein de qualités.

Pour commencer, on voit qu'on a le temps, puisque le film nous présente non pas un, mais deux personnages. L'un est riche, et c'est un escroc, on l'apprendra très vite. L'autre est pauvre, et c'est Humpty-Dumpty (Laurel), un charpentier qui vit en pleine débrouille: les deux prennent leur petit déjeuner en même temps, et on s'amuse de voir la transposition du luxe de l'un dans la débrouillardise ingénieuse et loufoque du second. Il ne se rencontreront vraiment que deux fois dans le film, mais cela aura une incidence sur la petite intrigue-prétexte (une sombre histoire d'escroquerie opérée par le bourgeois sur l'entreprise où travaille Laurel), mais soyons clairs: ce qui compte ici, c'est Laurel, électron libre lâché dans une entreprise, où il peut tester ses gags, c'est-à-dire son pouvoir de nuisance! Il peut aussi tester sa relation avec un contremaître (Véreux) qui anticipe sur l'irascible James Finlayson... Très plaisant, donc.

Reste que le film fait penser, par son mélange entre intrigue et loufoque, à l'art de Larry Semon. Mais je ne peux m'empêcher de me demander, sachant que Laurel a travaillé avec Semon: lequel a influencé l'autre?

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Laurel & Hardy
28 juillet 2017 5 28 /07 /juillet /2017 09:22

A-t-on besoin d'un autre King Kong?

Je ne vais pas répondre à cette question parce que la réponse est évidente. D'ailleurs, on n'a besoin d'aucun film, théoriquement... Bon, donc un film n'est qu'une façon de provoquer ou solliciter les émotions avec des images qui bougent, donc ce deuxième King Kong est aussi légitime que Le gendarme et les gendarmettes, ou Citizen Kane. Après tout...

Maintenant est-il bon, en soi? 

Ca c'est une autre paire de manches. Cette grosse production de Dino de Laurentiis a ses moments, ses charmes: le choix de tourner sur une île, avec des décors qui en imposent... Un parti-pris de privilégier le jeu sur la marionnette, avec un acteur en costume pour jouer Kong, complété par des effets optiques pas trop miteux... une envie de remettre les pendules à l'heure vis-à-vis des préjugés raciaux et culturels du premier film (Mais ceux -ci sont répétés dans la séquence qui introduit la population indigène)... Jeff Bridges mouille sa chemise, et Jessica Lange enlève la sienne...

Disons que ce petit film kitsch fera les délices éventuels d'un samedi après-midi pluvieux, si on n'est pas trop regardant. Voilà.

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Published by François Massarelli - dans Groumf