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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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26 août 2017 6 26 /08 /août /2017 09:17

Durant quinze minutes, le premier film de court métrage d'Albert Dupontel nous propose une vision d'avenir qui devrait faire sérieusement froid dans le dos, avec une thématique qui lui permet de franchir une des limites du cinéma, tout en s'amusant à tout casser. Pas de surprise quand on connait le personnage, et des thèmes qui résonnent encore dans son film Neuf mois ferme... Bien que celui-ci soit quand même nettement plus raisonnable!

Désiré nous montre un hôpital imaginé de 2050, dans lequel on attend la naissance de Désiré Jacquinot. La mère s'impatiente en mâchant du chewing-gum, le père est à la ramasse et caméscope tout, sauf l'événement, et les docteurs ont tellement confiance dans leur système ultra-moderne qu'ils ne vont à aucun moment s'intéresser à l'événement. Le système prévoit une heure d'extraction du bébé, une série de tâches mécanisées (Couper le cordon et cautériser la plaie, etc). Mais ces braves gens n'ont pas prévu un grain de sable: le bébé lui-même. Je ne sais pas si Désiré l'est vraiment, désiré, au vu du peu d'intérêt qu'on semble lui porter... Mais lui a envie d'y aller en tout cas. Cela dit, comme le fait qu'il prenne lui même les choses en main est totalement exclu du protocole, ça va être l'horreur...

Dupontel incarne lui-même le docteur en charge, et parmi les comédiens qui l'entourent, on reconnaît beaucoup de gens qui reviendront dans ses longs métrages. En marge de l'accouchement proprement dit, il nous montre un environnement dans lequel les humains sont devenus des imbéciles (Plus que maintenant, du moins), et en profite pour brosser le portrait d'un infirme, incarné par Michel Vuillermoz, qui va avoir une crise de jalousie terrible à l'égard de ce bébé: "Moi, quand ma mère a accouché, elle a cru qu'elle avait fait caca!"... La vision du futur de Dupontel, un futur mécanisé et dans lequel l'homme abandonne toute responsabilité, serait terrifiante s'il n'y avait cette accélération systématique du mouvement, provoquant moins le malaise qu'un effet burlesque, et qu'on retrouve jusque dans des films beaucoup plus récents. Mais le ton est délibérément à la provocation, en particulier par rapport à ce qu'on ne voit pas, mais qu'on entend à la fin du film, alors que le générique démarre: une réflexion du médecin sur le bébé, se posant la question suivante: "qu'est-ce que c'est, ce liquide rouge?".

Bref, punk, quoi.

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Published by François Massarelli - dans Comédie Science-fiction Albert Dupontel
25 août 2017 5 25 /08 /août /2017 15:59

C'est la deuxième fois que la Warner s'attelle à une version de la même histoire d'Ernest Hemingway, mais le titre sera laissé de côté au générique de ce film. The breaking point (c'est le point de cassure, la limite de ce qu'un homme peut encaisser) relate l'histoire d'Harry Morgan (John Garfield), un ancien marin de la seconde guerre mondiale, qui cinq années après la fin du conflit, survit en utilisant son savoir-faire maritime dans un petit bateau, louant ses services aux gros bonnets de passage, en compagnie de son ami Wesley (Juano Hernandez). Ils ont tous les deux une famille à nourrir: Morgan est marié à Lucy (Phyllis Thaxter), dont il a eu deux filles; et Wesley a un garçon, qu'on verra à deux reprises: au tout début du film, et aussi à la fin...

Les deux amis utilisent donc leur talent pour gagner leur vie, mais l'un et l'autre partagent la même vision des trafics ombreux auxquels ils pourraient se livrer s'ils le souhaitaient: un avocat véreux, Duncan (Wallace Ford), passe son temps à proposer des affaires louches à Morgan. Il les repousse toujours... jusqu'à ce qu'un client, Hannagan (Ralph Dumke), ne parte sans payer: coincé au Mexique, sans argent, Morgan doit accepter une offre de Duncan qui lui permettra de retourner aux Etats-Unis. Mais ce ne sera que le premier faux pas d'une descente vers les ennuis les plus encombrants, dans lesquels Morgan et Wesley vont  laisser un certain nombre de plumes...

Harry Morgan, en 1944, c'était Humphrey Bogart, et le film de Hawks s'appelait To have and have not. C'était d'ailleurs le titre du livre d'Hemingway, mais l'intrigue située dans le roman en 1937 à Key West était transposée à Fort-de-France en 1940, permettant de continuer à exploiter l'image de résistant incarnée par Bogart dans Casablanca et Passage to Marseilles (Les deux films, incidemment, sont réalisés par Michael Curtiz...), avec cette même évolution du personnage, d'une indépendance farouche, vers une indignation le poussant à épouser la cause anti-fasciste. C'était d'un romantisme échevelé, d'autant plus magnifié par la présence de Lauren Bacall, et comme chacun sait la romance entre ces deux-là a beaucoup joué en faveur du film, aussi bien sur le plateau que dans le département publicité de la WB!

Contrairement donc à l'aventure romantique de To have and have not (le film), d'un romantisme qui doit sans doute autant à Hawks qu'à Hemingway, The breaking point qui remet certaines pendules à l'heure (A commencer par le fait qu'Harry Morgan ait une famille et des factures à payer, ce n'était pas le cas dans le film de 1944), est un film noir. Et film noir oblige, on y trouve aussi une femme fatale incarnée par Patricia Neal, dont c'est peut-être le rôle de sa vie! Leona Charles est une femme indépendante, qui tend à s'accrocher à des hommes d'argent, et au début du film elle est la petite amie de Hannagan. Leona représente l'aventure, ou ses dangers... A ce titre, elle est un élément imprévu, dont Morgan se serait bien passé, car l'attraction entre les deux est évidente. Suffisante en tout cas pour qu'une fois revenu à la maison, Morgan mente à son sujet. Pourtant, il ne se passera rien, ou presque rien entre les deux: Morgan fera en effet le choix de ne pas céder à ses impulsions, précisément parce qu'elle sont des impulsions.

Le romantisme du film, de fait, est plus clairement un romantisme de lendemain de cuite que le souffle noble de la grande aventure. Le film nous conte en effet des mésaventures vécues par un homme capable d'encaisser (Il a fait la guerre, dont il est revenu couvert d'honneurs et de médailles diverses), mais qui a surtout des bouches à nourrir. Et Curtiz, pour définir son personnage principal, a fait en sorte que le scénariste Ranald McDougall joue à fond la carte domestique, des scènes situées dans la maison modeste des Morgan, où il est question de traites à payer, de faire le plein, et d'amener les filles à l'école... Des scène minimalistes, qui bénéficient pourtant du même soin dans la mise en scène, que les séquences d'action, ou d'atmosphère nocturne.

C'est que le film n'est pas un film noir comme pouvaient l'être les grandes oeuvres du temps de guerre, toutes en style et en atmosphère baroque: Curtiz traduit ici le désenchantement d'après-guerre, dans une histoire qui se passe le plus souvent au grand jour, en plein sous le radieux soleil de Californie... Et il le fait avec un style exceptionnel, le sien, en signant chaque scène, chaque plan, de sa maîtrise et de ses thèmes de prédilection. Comment ne pas se reconnaître une fois de plus, dans le rôle d'un capitaine revenu de tout, qui doit travailler à faire ce qu'il aime, mais dans des conditions qui ne sont plus celles qui l'ont motivé au départ? Curtiz, depuis près de 25 ans à la WB, tourne par nécessité, parce qu'il en est dépendant; et Morgan, qui doit composer avec les uns et les autres, c'est lui plus que bien d'autres personnages (les autres personnes dont il s'est senti proche, dans ses années Warner, sont probablement Lionel Atwill dans The mystery of the Wax Museum, John Barrymore dans The mad genius, et Claude Rains dans The unsuspected) de ses films... Et la façon dont The breaking point commence le rend proche de tant de films qui commencent avec la vision d'un véhicule en marche, l'un des péchés mignons du metteur en scène...

The breaking point, merveilleux film noir, est l'un des éléments principaux du testament d'un immense metteur en scène, qui dans ce genre d'entreprise pourrait bien avoir été infaillible, trouvant d'instinct l'angle parfait (Ces compositions qui intègrent la profondeur de champ, ces scènes nocturnes, ces plans-séquences magiques...), dirigeant ses acteurs à la baguette, mais obtenant en retour des interprétations splendides: Patricia Neal, donc, ou John Garfield, ou Phyllis Thaxter, sont plus que remarquables. Mais le metteur en scène cache de moins en moins son profond humanisme, en décidant de finir sur un plan imprévu: lors d'une aventure malencontreuse, Wesley, l'ami Afro-Américain de Morgan, a trouvé la mort. Morgan est salement amoché, et on le ramène à terre, à sa famille, menée par Lucy qui s'accroche à l'espoir qu'il se sorte de ses blessures. Tout le monde part, sauf une personne, laissée là à son sort, et à ses interrogations: le fils de Wesley. Il ne sait pas encore que son père est mort, personne ne le lui a dit.

C'était déjà une belle avancée de la part de Curtiz d'insister que l'acteur Afro-Cubain Juano Hernandez interprète le rôle, et soit l'ami intime de la famille Morgan (Chez Hawks, il aurait été leur coolie, et n'aurait eu qu'un vocabulaire limité), sans que jamais quelqu'un fasse la moindre réflexion sur la couleur de sa peau. Mais ce final inattendu qui souligne l'indifférence dans laquelle un garçon de dix ans végète, de la part des blancs qui l'entoure, montre décidément la noirceur de ces années d'après-guerre...

C'en est bien fini de l'esprit de Casablanca.

 

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Published by François Massarelli - dans Michael Curtiz Noir Criterion
25 août 2017 5 25 /08 /août /2017 11:21

Ariane Felder (Sandrine Kiberlain) est juge. Pas une rigolote, non: célibataire militante, aimant son métier, et pas pour y montrer candeur ou gentillesse, non: c'est une tueuse. Mais un soir, pas n'importe lequel quand on y pense, puisque c'est le 31 décembre, la nuit durant laquelle l'être humain se croit obligé de déconner encore plus que d'habitude, elle va se lâcher, un peu contrainte et forcée. Poussée par ses collègues en meute qui organisent une fiesta indécente au palais de justice de Paris, elle va boire, danser, et quitter les lieux dans un état lamentable... A tel point qu'elle n'a aucun souvenir de ce qu'elle a fait cette nuit fatale.

Six mois plus tard, elle ne va pas bien. En consultant un médecin, elle apprend qu'elle est enceinte. Et en menant sa propre enquête pour établir d'où vient "l'intrus", elle découvre que le père s'appelle Bob Nolan (Albert Dupontel): cambrioleur pas fin, multi-récidiviste, il a été arrêté pour des faits particulièrement graves... Il a attaqué un vieil homme, l'a découpé en morceaux avant de manger ses globes oculaires.

Du moins c'est ce que dit le dossier...

Comment Ariane va-t-elle gérer l'affaire? Bob Nolan est-il vraiment le père? Y-a-t-il quelque chose à attendre d'un tel homme? Et d'ailleurs, le "globophage", comme on l'appelle désormais, est-il vraiment ce monstre qu'on décrit?

Une immense surprise, voilà comment on peut qualifier ce film admirable. J'insiste sur l'adjectif: on n'a que très rarement, sinon jamais, eu une telle qualité dans un film Français de comédie! Le timing des acteurs, le montage, la mise en scène inventive, les surprises cachées dans chaque plan, et le ton global, tout apporte la réussite. Et c'est drôle de bout en bout... Bien sûr, on ne peut absolument pas prendre ce film au sérieux, même si Dupontel s'y livre à une parodie hilarante de la justice sous ses dehors les plus poussiéreux... A voir et revoir, pour ses 82 minutes de comédie hystérique, ses séquences de délire (Une improvisation de Dupontel a donné lieu à une scène hilarante aux effets spéciaux gore), et ses personnages: parce qu'en plus, et ça se voit tout le temps, si les autres en prennent pour leur grade, Dupontel aime beaucoup ses héros, sa juge froide et coincée, et son cambrioleur bas du front.

 

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Albert Dupontel Terry Gilliam
25 août 2017 5 25 /08 /août /2017 10:57

Avec ce film très ambitieux, et assez long, Klapisch sacrifie à la vogue du film choral... à sa façon, bien sûr: il relate à travers quelques jours les histoires d'une dizaine de personnages, avec plus ou moins des liens entre eux, et le fait en variant les modes, de la comédie de moeurs légère au drame. Et tout, bien sûr, renvoie constamment à Paris, la capitale vue à travers les yeux fascinés de Romain Duris, malade et craignant de devoir tout quitter un rien prématurément, de Fabrice Luchini en professeur d'Histoire à la Sorbonne, ayant consacré sa vie à l'histoire de la ville, ou de Kingsley Kum Abang, un Camerounais qui passe le film entier à tenter d'arriver sur le sol Français avant de rejoindre la ville de ses rêves...

Pierre (Romain Duris) est danseur, mais pour lui, c'est fini: il est cardiaque, et les médecins sont inquiets quant à ses chances de survivre. Il lui faudra à plus ou moins court terme une transplantation... En attendant, il s'organise avec sa soeur Elise (Juliette Binoche) pour essayer de gérer l'instant. Elise est seule avec ses trois enfants, et Pierre ne comprend pas comment elle se débrouille pour rester seule. Les prétendants ne manquent pas, mais celui qui a le plus de chances, c'est Jean, le vendeur de fruits et légumes (Albert Dupontel) qu'elle voit souvent au marché, et dont la fille est copine avec la sienne. Mais Jean a un souci: il est séparé depuis quelque temps de Caroline (Julie Ferrier), la mère de sa fille, mais elle continue à travailler avec lui et son associé (Zinedine Souallem) au marché. Et la cohabitation est d'autant plus difficile que Caroline se laisse draguer facilement.

Les Verneuil viennent de perdre leur père: Roland (Fabrice Luchini) est historien, et Philippe (François Cluzet) est architecte. L'un raconte le Paris historique, et l'autre transforme le Paris d'aujourd'hui. Mais ils ont des soucis et des doutes: Roland est en plein questionnement, et ressent en plus une attirance pour une étudiante, Laetitia (Mélanie Laurent)... Quant à Philippe, lui et son épouse Mélanie (Judith El Zein) attendent un enfant, et Philippe lui aussi doute aussi bien de ses capacités d'architecte "normal", que de sa future paternité...

Etc etc etc... Chaque situation entraînant des ramifications, bien sûr, et comme d'habitude avec ce genre de film (Et avec ce metteur en scène très productif), on admirera les monteurs qui ont réussi à rendre tout ceci cohérent, fluide et très lisible. Klapisch a délibérément choisi de nous montrer des êtres en rupture, en deuil, dans le doute ou à l'approche de la mort... Qui vont s'efforcer de trouver en eux, ou dans leurs vies respectives et mutuelles, le moyen de s'accrocher. C'est peu de dire que c'est un cliché, que ça a été fait des dizaines de fois... y compris sur des méditations autour de la capitale (Duvivier est passé par là), mais le pire c'est que ça marche toujours, y compris dans ce film. Il y a une poésie urbaine (Et une séquence éblouissante d'effets spéciaux dans un segment consacré à François Cluzet), des décrochages délicats, des personnages qu'on a envie de suivre. Des moments de comédie même, à commencer par l'odieuse boulangère raciste incarnée par Karine Viard...

Mais toutes ces histoires sont accompagnées du fil rouge de ce migrant (Même si le terme n'existait pas encore sous sa forme actuelle) qui tente de rejoindre la France parce qu'au fin fond du Cameroun, il rêve de Paris. Il porte en lui une bonne part de la misère de tous ces gens, dont Pierre (Qui répète à qui veut, ou ne veut pas l'entendre, qu'il "va crever") pense qu'il feraient mieux de cesser de se plaindre, et de vivre.

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Published by François Massarelli - dans Cédric Klapisch Albert Dupontel
24 août 2017 4 24 /08 /août /2017 10:56

Ce film fort distrayant est à cheval, dans la carrière d'Eastwood, entre ses films majeurs et ses petits films à faire bouillir la marmite. Il penche sans doute du côté le plus mineur, mais à cause de, ou grâce à son sujet, il est parfois considéré un peu à part. Ce qui ne m'empêche pas d'enfoncer une fois de plus le clou: ce film n'est en rien un plaidoyer contre la peine de mort. Il nous raconte une histoire dans laquelle un innocent condamné à mort va être exécuté, et même le plus à droite des partisans farouches de cette incompréhensible sale manie de tuer les gens avec l'autorisation judiciaire et gouvernementale aura toujours des réserves devant le fait que ce dispositif d'assassinat légal puisse être utilisé sciemment contre des gens innocents des crimes pour lesquels ils son supposés payer... Par contre, True crime s'intéresse à la peine de mort à travers son déroulement, les gens qui y travaillent, et le traitement médiatique qui en est fait...

Donc, première strate du film, on y raconte le dernier jour de Frank Beechum (Isaiah Washington), un brave type qui ne demandait rien à personne, et a été accusé d'un meurtre particulièrement sordide. Les preuves contre lui ne valent pas grand chose, mais on n'avait pas grand chose de plus, et aucune autre option. Deux témoignages lui ont été fatals. On assiste donc à ses préparatifs, à ses choix de dernière heure (Le repas final, par exemple). Du début à la fin, le personnage manifeste une évidente dignité, et surtout rappelle qu'il est innocent.

Parallèlement, le film nous montre une deuxième couche, faite d'une description minutieuse du métier des gens qui travaillent à l'exécution. Cette portion du film est volontiers (légèrement) forcée, franchement caricaturale. Mais elle contient des éléments quasi documentaires qui lui donnent un grand intérêt.

La troisième couche du film concerne la partie journalistique: Steve Everett (Clint Eastwood) est le journaliste désigné en dernière minute pour couvrir l'événement, la journaliste assignée à la base ayant trouvé la mort dans un accident la veille de l'exécution. Et Steve Everett est un vieux de la vieille, qui sent tout de suite qu'il y a dans l'affaire de quoi se poser des questions. Si vous voulez mon avis, d'ailleurs, un enfant de huit ans s'en serait posé aussi, et il y a fort à parier que même au plus profonde du Texas, cette affaire n'aurait jamais mené un jury à aboutir à la conclusion que Beechum était coupable. mais la véracité de l'affaire n'est pas le propos... Et Eastwood s'intéresse justement au côté fâcheux d'une justice à plusieurs vitesses (Raciales comme sociales) qui débouche sur des erreurs judiciaires. Si le film, comme Eastwood lui-même, n'est pas contre la peine de mort a priori, il tend à vouloir démontrer qu'elle contredit sérieusement son souci d'efficacité...

Enfin, et je pense que c'est le meilleur aspect du film, Eastwood évite la pesanteur du pensum en interprétant son journaliste comme un coureur invétéré, alcoolique faussement repenti, éternel râleur, qui perd tout (son boulot, sa femme, sa fille, l'estime de tout un chacun) parce que sa cause lui prend tout. Et ses confrontations avec un patron au verbe virtuose (James Woods), sont du plus haut comique, achevant de renvoyer ce film au modèle revendiqué par Eastwood: Howard Hawks, qui lui aussi aurait probablement pu prendre la même option s'il avait voulu faire un tel film: le travail et la presse, avec une forte dose d'humour comportemental. Ce qui, avouons-le, est un peu ce qu'il a fait dans His girl friday.

 

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Published by François Massarelli - dans Clint Eastwood
23 août 2017 3 23 /08 /août /2017 08:54

On entre dans ce film par la vision d'une maison de poupées, puis la caméra nous révèle la chambre où on la trouve, en particulier une procession de jouets, des animaux aux tailles dépareillées alignés dans une étrange procession... On est dans la chambre de Briony, 13 ans, une jeune fille fantasque (Saoirse Ronan) qui écrit. Elle met la dernière main à sa première pièce, dont elle espère pouvoir diriger la première interprétation le soir même, car dans la maison des Tallis, arrivent trois cousins: Lola (Juno Temple), qui est un peu plus âgée qu'elle, et ses deux jumeaux de frères, qui sont bien turbulents.

A cette occasion estivale, toute la famille se réunit dans la luxueuse demeure familiale, et un dîner est organisé le soir même, comme pour fêter le retour au bercail de Leon (Patrick Kennedy), le grand frère. Celui-ci amène un ami, un fils à papa un rien snob (Benedict Cumberbatch), l'héritier d'un chocolatier très en vue. Mais un autre sera invité lors de cette soirée, Robbie Turner (James McAvoy), le fils de la gouvernante. M. Tallis l'a pris sous son aile et lui a financé ses études en échange de travaux occasionnels (...et quotidiens) sur la propriété. Il a grandi avec les enfants Tallis mais surtout avec Cecilia (Keira Knightley), la grande soeur de Briony.

Cecilia est d'ailleurs prise entre deux comportements: ignorer Robbie, comme sied à son rang, ou bien continuer à le fréquenter et afficher de la complicité avec lui... Lors des premiers moments du film, dans cette demeure qui ressemble d'ailleurs fort à la maison de poupées du début, Briony va voir un incident qui aura des conséquences néfastes sur bien des personnages. Nous aussi allons le voir, deux fois: Briony avait vu Robbie, près du luxueux bassin qui est situé devant la résidence. Rejoint par Cecilia, les deux parlaient, quand soudain Briony a vu Cecilia, manifestement en colère, se déshabiller... pour plonger dans le bassin, et ressortir, ruisselante et en chemise, et planter là son ami qui ne savait clairement pas où se mettre. Briony, instinctivement, pense que Robbie a fait quelque chose. Tout de suite après nous allons voir plus en détail le déroulement des événements, et nous apercevoir qu'il s'est bien passé quelque chose, mais qu'en aucun cas Robbie n'a poussé Cecilia à faire son plongeon dans le bassin... Cecilia a cherché un prétexte pour approcher le jeune homme, et dans leur conversation, celui-ci a cassé et fait tomber les morceaux d'un vase de luxe qu'elle portait dans le bassin. Cecilia s'est donc déshabillée afin de récupérer les fragments du vase. Avait-elle calculé que par le théorème du T-shirt mouillé, il en résulterait pour le jeune homme une irrésistible vision? Quoi qu'il en soit, après leur entrevue  il est rentré chez lui et avant de se préparer pour le dîner, a écrit une lettre d'excuses à Cecilia...

Cette répétition d'un événement, sous deux points de vue différents, celui de Briony et le nôtre, installe donc une illustration à la fois du conflit de classes, qui perdure dans le film jusque dans ses moindres recoins, et qui est si typique de l'Angleterre des années 30, mais aussi du fait que nous sommes, pour une large part du film, les témoins de l'imagination fantasque de Briony. C'est donc une excellente idée que d'avoir confié le rôle de la jeune femme à Saoirse Ronan, qui sait jouer dans un territoire intermédiaire, entre la petite peste capricieuse, et la naïveté adolescente, le rôle d'une personne qui décidément a trop d'imagination... Les deux autres parties du rôle la voient grandir (Romola Garaï) puis vieillir (Vanessa Redgrave).

Le reste de la soirée va encore, à trois reprises, être modelé à partir de l'imagination fertile de Briony: en écrivant sa lettre à Cecilia, Robbie s'emmêle les pinceaux, et recommence sa missive sans succès. Au bout d'un moment, il se lâche et écrit quelques lignes, sur un mode explicite et pornographique... Ce qui le fait bien rire, mais surtout ça l'a défoulé: du coup le message qu'il écrit juste après est le bon! Excuses ciselées, mais aussi des allusions claires mais pas excessives à ses sentiments pour elle. Une fois le message écrit, Robbie s'habille, et se prépare à partir. Il prend une lettre, la met dans une enveloppe, part, et confie l'enveloppe à Briony pour que celle-ci la donne à Cecilia...

Maintenant, si on voulait que tout se passe bien pour les personnages, il est à peu près sûr que le message serait le bon. Voire que Briony ne le lirait pas... Mais d'une part Briony va le lire, et d'autre part, bien sûr il s'agit du message porno, qui est non seulement très salé, mais aussi, et Cecilia le prendra comme tel, fortement sincère. Il en résultera une scène d'amour dans la bibliothèque, qui aura un témoin malencontreux: Briony, bien sûr. Et enfin, Briony qui a vu sa cousine Lola en pleine nuit, juste après qu'elle ait été violée (Par qui? On le saura à la fin du film, j'y reviendrai), accusera Robbie: après tout, c'est une bonne occasion, pense-t-elle, de se débarrasser de celui qui fait du trucs pas catholiques à sa soeur, et de plus, au cas où on n'aurait pas encore compris, Briony n'est pas douée que d'une imagination fertile: elle est très jalouse.

Le reste du film est conditionné par ce prologue brillant, dans lequel Joe Wright conditionne tout à l'imagination d'une jeune fille déjà attirée par l'écriture. Mais cette fois, elle a trouvé, involontairement, le moyen de donner du corps à ce qu'elle imagine. Non content de soumettre sa mise en scène à cette notion de point de vue et d'imagination, Joe Wright fait preuve dans toute cette partie d'une verve visuelle impressionnante...

Le reste du film est situé en pleine guerre mondiale, et nous assistons au calvaire de Robbie, engagé coincé sur les plages à proximité de Dunkerque, qui rêve de retourner en Angleterre, car il a revu Cecilia qui n'a jamais cru en sa culpabilité, et souhaite reprendre avec lui là où ils s'étaient arrêtés dans leur relation. Cecilia, souhaitant couper les ponts avec sa famille, est devenue infirmière. Quant à Briony, rongée par le remords, elle a elle aussi commencé à travailler en tant qu'infirmière. Et elle cherche à contacter sa soeur et tout faire pour tenter de réparer le mal qu'elle a fait...

C'est brillant là encore, avec des morceaux de bravoure de la part d'un cinéaste qui revendique sa part d'héritage de David Lean: il accomplit un tour de force avec la reconstitution de Londres en plein Blitz, et surtout Dunkerque, la fameuse bataille controversée de la Guerre-éclair, fait l'objet d'un plan-séquence hallucinant; on n'oubliera pas non plus les pérégrinations de trois soldats Anglais dans la Somme dévastée qui rappellent le sublime "La condition de l'homme" de Masaki Kobayashi. Rien que ça... Bref, ce film passionné est bien plus qu'un film de luxe avec des rôles en or pour stars en devenir (Qui sont tous brillants de bout en bout, à propos): c'est un exercice de style dans lequel le cinéaste nous montre l'art et l'imagination comme rempart contre l'horreur et l'injustice, tout en faisant se joindre deux imaginations fertiles: celle d'une enfant, et celle d'une dame trop âgée. Mais il a aussi beaucoup situé son film sur un terrain "social", en nous montrant les filles Tallis obsédées par leur "rang", et la différence de leurs petites personnes avec le fils de la gouvernante, mêle adoubé par leur père. Et ironiquement, quand on voit vers la fin du film une dernière confrontation entre Cecilia et Robbie d'une part, et Briony qui avoue son mensonge, celle-ci se rend compte que tout ce temps, les deux amoureux sans se concerter avaient cru que le coupable du viol était Dannie (Alfie Allen), un domestique de la propriété Tallis que personne ne regarde quand on s'adresse à lui: il n'est personne...

Haut la main, le meilleur film de Wright, facilement.

 

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Published by François Massarelli - dans Joe Wright Saoirse Ronan
22 août 2017 2 22 /08 /août /2017 18:06

Ce film est probablement la première des douze comédies effectuées, par Stan Laurel et le producteur Joe Rock pour le compte de Universal. Les avis sont partagés, mais le fait est qu'on y retrouve beaucoup de l'esprit de Laurel, dans une liberté qui m'a l'air à peu près totale, pour le meilleur, et sinon le pire, en tout cas le quelque peu embarrassant: il me suffira de dire que ce film est situé à Chinatown pour sa plus grande partie, pour qu'on entrevoie le fait qu'il est loin d'être politiquement correct!

Et ce dès le début: dans une famille d'Anglo-Saxons, le frère aîné supporte mal son petit frère (Stan Laurel) et pour se débarrasser de lui, le cache dans un paquet de linge sale... Qu'un blanchisseur Chinois vient chercher. Flash-forward vingt ans plus tard: Laurel, nommé Sum Sap ("Crétin lambda") est devenu un blanchisseur émérite. Le problème, c'est que parmi ses clients figure Sum Ting Wong (Hum!), le parrain local de la mafia Asiatique...

Mais que c'est idiot! Et tous les clichés les plus atroces y passent avec une telle régularité, une telle rigueur, que ça a quelque chose de grandiose! On notera que la production joue un jeu risqué: à la fin du film (Ne me demandez pas pourquoi), Laurel, donc un Anglo-Saxon camouflé en Chinois, va épouser Lili (Julie Leonard, semble-t-il), une jeune femme de Chinatown; selon le script, écrit par Tay Garnett, elle aussi est Anglo-Saxonne. Sauf que pas du tout, ou alors son maquillage est admirable... Non que je m'en émeuve personnellement, non: c'est juste que l'homo Americanus de 1924 est pointilleusement crétin sur un point: le mélange des races, qu'il appelle ça. Laurel, lui, n'a pas l'air très regardant: il a tout compris!

Bref, le film est un sommet de bêtise, dans lequel on retrouve de toute façon du début à la fin des gags qui sont du pur Laurel, et pour certains ils annoncent des grands moments de Brats, ou Berth marks, entre autres...

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Laurel & Hardy
22 août 2017 2 22 /08 /août /2017 17:56

Ce film fait partie des derniers courts métrages de 1923-24 réalisés chez Roach avec laurel, Finlayson, Ena Gregory, etc... Et ce n'est pas le plus raisonnable, loin de là. C'est une parodie, une fois de plus, de tout un genre, avec une narration qui s'amuse autour des romans de Anthony Hope (Le générique annonce très sérieusement que le film est "une suite de Le prisonnier de Zebra"...). Mais on est bien loin de l'atmosphère digne du film de Rex Ingram sorti en 1922!

Stan Laurel interprète le double rôle du roi du pays imaginaire où ses passent ces fadaises, et de Rudolph Razz, un playboy amoureux de la Reine (Mae Laurel); James Finlayson est Rupert le conspirateur en chef (Rappel, dans The prisoner of Zenda, c'était... Ramon Novarro!). C'est profondément idiot, et les gags sont du pur Laurel: chaque situation est poussée au maximum, sans ménager les chevaux. On peut noter, une fois de plus, une série de vexations que doit souffrir Madame Laurel: ces deux-là avaient manifestement des comptes à régler...

Quand à "Percy" Pembroke, il est probable qu'il s'est convenablement entendu avec la star du film, pour le suivre dans sa prochaine aventure: en quittant Hal Roach, Laurel allait tourner une douzaine de films en vedette pour Joe Rock, dont plus de la moitié allaient être réalisés par Pembroke.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Laurel & Hardy
21 août 2017 1 21 /08 /août /2017 09:09

Dans la pléthore des films et séries Marvel, je ne sais pas pour vous, mais j'avoue avoir de moins en moins de patience. Ce qui était une bonne idée sur la base d'un film par an, tourne à la fois à la mauvaise manie, et au chantage commercial: en substance, venez voir nos films et prenez des notes car sinon vous n'y comprendrez plus rien. Un film, quel que soit son contexte, et sa participation à une série ou un ensemble, doit tenir tout seul. Je réclame le droit de voir L'empire contre-attaque sans avoir vu Star Wars, sans être obligé d'aller voir Le Retour du Jedi... Ce qu'il est impossible de faire avec Avengers, age of Ultron, par exemple. Mais ça, les frères Russo l'ont semble-t-il bien compris, qui jettent ça et là des balises immédiatement compréhensibles, et du coup la narration du film est fluide. C'est un excellent point...

Pourtant ça commence (De mon point de vue du moins) assez mal: une scène de castagne et grosse baston, en pleine rue, à Lagos, qui vire à l'accident bête: les Avengers, déjà sous le feu des critiques, ont effectué une intervention avec dommages collatéraux... Ce qui nous amène dès le départ au thème principal du film: toute action a ses conséquences, alors vivre une vie de super-héros, ça laisse des traces. L'affaire "Ultron" a déjà fait des dégâts, mais Lagos est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.

Les Nations-Unies posent un ultimatum aux Avengers, qui vont devoir passer sous contrôle, afin d'éviter toute conséquences de leur impulsivité. Le groupe est sérieusement divisé en deux factions, on devrait d'ailleurs dire trois: un certain nombre d'entre eux (Dont les particulièrement incontrôlables Bruce Banner et Thor) sont dans la nature... Les deux groupes qui sont en désaccord sur la proposition des politiques sont menés par une forte tête: autour de Tony Stark, qui regrette encore amèrement l'affaire Ultron dont il se sent responsable, les super-héros prêts à suivre les Nations-Unies sur leur proposition de contrôle. Autour de Captain America, ceux qui en revanche n'en attendent rien de bon...

Et les deux groupes vont se déchirer, suite à un attentat qui n'est rien d'autre qu'une manipulation: tout porte à croire qu'il a été perpétré par "Bucky" Barnes, un ancien ami du Captain, mais celui-ci en doute, et va se mettre dans l'illégalité en venant en aide à son ancien copain...

Voilà du nouveau, et plutôt intéressant: le Captain, anciennement le symbole du patriotisme à l'ancienne, celui qui ne pose pas de questions les yeux rivés sur la bannière étoilée, est désormais envahi par le doute. Et il va questionner ses valeurs... Sinon, le fait de mettre face à face pour une confrontation musclée mais jamais privée d'humour les deux personnages principaux, apporte beaucoup d'avantages au film, et en particulier une vraie lisibilité. Encore un bon point: chacun des deux camps va faire appel à des nouvelles recrues pour pallier à la division; si Captain America réussit à s'adjoindre les services de Scott Lang (Ant-Man), Tony Stark va lui former un jeûnot qui vit à New York chez sa tante, et s'est tricoté un costume dans le plus grand secret. C'est ainsi que Marvel lance le nouveau reboot de Spider-Man (Il y a tellement de reboots de Spider-man que chaque film semble être le premier). Ces deux apports fonctionnent à merveille...

Le film est entre les mains de deux metteurs en scènes qui savent doser l'action (Même si celle-ci, adaptée à cette ère de jeux vidéos, va décidément trop vite pour moi) et les autres scènes, gardent les acteurs (Y compris Downey, et ça il faut le faire, la diva ayant déjà fortement plombé les deux pires films du cycle) fermement sous contrôle, et réussissent à montrer intelligemment le thème principal. C'est d'ailleurs l'occasion en or de lancer Spider-man, dont toute la saga et toute l'ambiguïté du personnage repose précisément sur la même notion: les conséquences. Un super-héros met le monde qu'il veut sauver en danger (En sauvant Captain America, Wanda provoque une explosion d'un building et la mort de dizaines de personnes). Un super-héros n' pas le droit à la tranquillité (Clint Hawkeye doit abandonner sa retraite). Un super-héros n'a pas la possibilité d'une vie de famille (Spider-man demande à Tony Stark de laisser sa tante en dehors de sa vie)... Et tout le film passe, fluide, de fil en aiguille et de conséquence en conséquence. Pari réussi... Avant le prochain, car ces gens ne s'arrêtent jamais.

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Published by François Massarelli - dans Marvel Science-fiction
19 août 2017 6 19 /08 /août /2017 20:55

Un roman de Daphné Du Maurier, un décor grandiose du Sud de l'Angleterre, des costumes du XIXe siècle, des acteurs Britanniques ou sachant parfaitement adopter l'accent... On se dit qu'on sera en terrain tranquille, que ce sera du gâteau, et puis... c'est tranquille, ça oui. Il y a des réminiscences de Rebecca, Du Maurier oblige. Et une énigme... Mais quand je dis que c'est tranquille, il faut comprendre que c'est, en réalité, profondément, absolument, irrémédiablement ennuyeux. 

Philip Ashley (Sam Claflin) a été recueilli par son cousin, qui l'a élevé, jusqu'à lui permettre de devenir un beau jeune homme, prêt à lui succéder quand il aura 25 ans. Mais le cousin Ambroise, qui a des problèmes de santé, doit partir pour l'Italie au climat plus clément. Deux lettres vont jeter le trouble: dans la première, Ambroise annonce être amoureux d'une jeune Anglo-Italienne, et il va se marier. Dans la deuxième, il déclare être persuadé que son épouse veut sa mort et fomente un complot avec les médecins qui s'occupent de lui. Philip voit rouge et part pour l'Italie, ou un homme lui annonce le décès de son cousin. L'épouse, elle, est partie... De retour en Angleterre, Philip se prépare à accueillir sa "cousine", car il est persuadé qu'elle a tué Ambroise afin de faire main basse sur ses propriétés. A l'arrivée de "la Cousine Rachel" (Rachel Weisz), pourtant, les choses ne se dérouleront pas comme prévu...

Bon, je vous le dis tout de suite et de toute façon on s'en doute très vite: il va y avoir du fricotage entre la digne et louche veuve quadragénaire certes mais fort bien conservée, et le jeune homme qui va abandonner ses idées de vengeance en très peu de temps, juste le temps pour un non-bègue d'articuler "Rachel Weisz". Mais ce qui compte, c'est l'énigme... et c'est bien là le problème: le metteur en scène, persuadé de mettre ses pas dans ceux d'Hitchcock, n'a pu s'empêcher de rendre son film aussi lourdingue que possible, en poussant tout le monde à haïr Rachel... Mais on n'aime pas beaucoup Philip non plus. Rachel Weisz joue trop sa partition de psychopathe, et tout ça est, je le répète, d'un mortel ennui avec ces balayages constants de la caméra, une sale manie qui gâche bien des films.

Non, finalement, je ne le conseille absolument pas, donc ça ne me dérange pas de vous en narrer la fin: le SEUL avantage du film, c'est que le metteur en scène a choisi de ne pas donner la clé de l'énigme, un acte de courage le plus souvent qui renvoie à Hitchcock avec The birds, ou à Peter Weir avec Picnic at Hanging Rock. Mais dans ce cas, pourquoi avoir tant souligné, aussi bien la folie paranoïaque du personnage principal, que l'obsession des tisanes (qu'on soupçonne empoisonnées) de Rachel? Bref, 109 minutes sans conséquences.

Restez sous la pluie.

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Published by François Massarelli - dans Navets