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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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29 août 2022 1 29 /08 /août /2022 10:08

Nellie (Dorothy Phillips) est une aspirante actrice, qui s'enfuit de chez elle pour percer à New York. Dans la gare, elle rencontre un acteur (William Stowell) qui la séduit par son amabilité. 

Arrivée à Broadway, elle monte un à un les échelons du théâtre, et va presque malgré elle se servir d'un homme, le critique Paul Niehoff (Lon Chaney), un homme malade, qui souhaite faire représenter une pièce qu'il a écrite, avant de mourir...

Il manque les deux dernières bobines du film, sur cinq à l'origine, et ce qui reste n'est pas brillant... La troisième bobine en particulier a beaucoup souffert des ravages du temps. Mais en 33 minutes, on a quand même une assez bonne idée de ce qu'est ce film, réalisé comme tant d'autres de ceux qui employaient Chaney à l'époque par Joseph de Grasse. Pendant toute la durée de ce qui reste du film, on est assez circonspect devant une intrigue qui n'en finit pas de ressembler à une parodie. Ca s'explique très bien par la fin, résumée dans les copies disponibles...

C'est un film moyen, qui se réveille soudain à la fin de la troisième bobine, justement, quand un producteur véreux est assassiné par l'héroïne qui souhaite se défendre de ses intentions malfaisantes... De Grasse y utilise un bel éclairage, et Dorothy Phillips y incarne à merveille une ingénue dépassée par la violence dont elle fait preuve: là encore, ça sert assez bien le film quand on en connaît le dénouement. Chaney, enfin, y échappe au rôle de méchant, même si sa première apparition, en critique démiurge dans les coulisses d'un théâtre, fait craindre le pire...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1917 Lon Chaney **
27 août 2022 6 27 /08 /août /2022 16:26

Pas grand chose à glaner aujourd'hui dans un long métrage réduit à 5 minutes de fragments plus ou moins disjoints... Lon Chaney y est un profiteur, fumant le cigare et arborant en permanence un sourire de satisfaction perverse, une attitude qu'il utilisera souvent.

Mais voilà: comme tant d'autres, ce filma été victime du peu d'intérêt que la Universal manifestait pour le devenir de ses films, devenu des produits de saison qui n'ont plus aucune attraction pour les exploitants et le public... du moins le croyaient-ils! Ida May Park a écrit le scénario, et Joseph de Grasse est le réalisateur, comme souvent pour les films interprétés par Chaney à cette époque. On retrouve d'ailleurs dans ces quelques images la préoccupation de montrer un visage urbain du mélodrame et du crime, qu'on trouvera aussi dans Broadway love de Ida May Park, passée réalisatrice.

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Published by François Massarelli - dans Muet Lon Chaney 1915 **
27 août 2022 6 27 /08 /août /2022 16:10

François Villon, vagabond, poète et bandit à ses heures, a détroussé en compagnie de son copain Colin deux moines, car ils avaient eux-mêmes donné tout leur argent à une famille dans le besoin. Ils sont jetés dans une oubliette, mais Colin aide Villon à s'échapper. Puis le héros assiste à l'exécution de son copain, et se venge sur un noble qui se moquait du défunt. 

Désormais doté d'une armure, Villon va ensuite délivrer une jeune femme des griffes de son tuteur violent, et fera une rencontre déterminante en la personne du Roi Louis XI, qui justement l'admire...

A l'origine, c'était une série de quatre films de deux ou trois bobines, concoctés par Universal pour le public populaire. Ce n'est pas à proprement parler un film d'une grande originalité, et le jeu de Murdock McQuarrie (Villon) vient en droite ligne des histrions des débuts du cinéma. L'acteur était pourtant souvent employés pour jouer les héros, dans des westerns et des films d'aventure.

Mais le principal intérêt du film aujourd'hui n'est ni McQuarrie, ni même le personnage ou la légende de François Villon: dans le rôle du tuteur libidineux, silhouette massive et inquiétante, qui mourra d'une main justicière après quatre minutes de présence sur l'écran, c'est Lon Chaney, dans ce qui est son plus ancien film de long ou moyen métrage à avoir été sauvegardé. Et d'ailleurs, après By the sun's rays, réalisé la même année par le même Gyblin, réalisateur très peu notable, c'est le deuxième plus ancien film conservé de l'acteur.

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Published by François Massarelli - dans Muet 1914 Lon Chaney **
7 août 2022 7 07 /08 /août /2022 11:29

1924, à Moscou, l'ingénieur Los travaille à un grand projet, et rêve un peu trop... Quand il capte, comme la terre entière, un mystérieux message (Anta, Odeli, Uta) sur les ondes, il est persuadé que c'est Mars qui nous contacte... Entre deux crises de jalousie conjugale et autres péripéties, il conçoit une idée folle: aller sur Mars pour retrouver la Reine Aelita, dont il a rêvé...

On ne va pas y aller avec le dos de la cuiller, ce film, l'un des tout premiers à traiter un sujet qu'on qualifiera de science-fiction, est unique. Deux ans avant Metropolis, diront les tenants de la bouteille à moitié pleine. Oui, mais sans les moyens hallucinants de Fritz Lang et de la UFA, diront les autres... Réussir à mêler une histoire de lutte des classes et une intrigue de révolte sur Mars, un mélodrame qu'on n'ose pas qualifier de bourgeois, et un voyage interplanétaire...

Protazanov adaptait à la demande du studio (privé) Mejrapbom un roman prétexte d'Alexis Tolstoï (un cousin de l'autre), afin de fournir de l'évasion aux masses inquiètes. Si Protazanov, qui était parti en exil en 1917, est rentré en Union Soviétique et a accepté de travailler pour les studios locaux, et si le script fait tout son possible pour intégrer la nouvelle donne (un sale type est un pur capitaliste, un policier a des méthodes qui en font un fasciste de la pire espèce, et un soldat désoeuvré brûle d'exporter la Révolution sur Mars), le réalisateur fait quand même passer en sous-main une vision un peu moins glorieuse, avec ces appartements bondés dans lesquels toute intimité familiale est bannie, et une société qui reste quand même à plusieurs strates. Par-dessus le marché, il montre aussi la nostalgie des années d'avant lors de scènes de comédie...

Mais rien ne peut nous préparer à l'hallucinant design des costumes sur Mars, au jeu indéniablement affreux des acteurs et actrices qui doivent incarner les extra-terrestres. Et c'est, au milieu d'une joyeuse absurdité et de quelques bribes du savoir-faire évident de son metteur en scène, ce qui plombe sérieusement le film. Comme quoi on ne peut pas avoir le beurre, l'argent du beurre et le sourire de la kolkhozienne.

 

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Published by François Massarelli - dans Science-fiction Muet 1924 Bientôt, nous serons des milliers **
22 juillet 2022 5 22 /07 /juillet /2022 08:55

"Twinkletoes" (Colleen Moore) est une jeune femme pétillante qui a grandi dans le quartier très populaire de Limehouse, avec son père (Tully Marshall) très aimant. Elle danse et est en train de devenir la star du quartier avec son numéro de music-hall. Elle est attirée par l'autre étoile des lieux, le boxeur Chuck (Kenneth Harlan), qui le lui rend bien, mais il est, hélas, marié: avec Cissie (Gladys Brocknell), une créature perfide, alcoolique et de mauvaise vie, certes, mais quand même! Un soir, la jeune femme se fait agresser dans la rue, et Chuck la protège. A partir de là, Cissie va tout faire pour accomplir sa vengeance, et en particulier dénoncer les agissements illégaux du père de sa rivale: tout le monde le sait à Limehouse, c'est un voleur. Enfin, tout le monde, sauf bien sûr sa fille.

Ce n'est pas Ella Cinders, d'Alfred Green, qui a été tourné un peu avant. Donc exit la comédie burlesque et de caractère, sous la haute protection de Harry Langdon qui venait de faire son entrée à la First National... Twinkletoes est un mélodrame assez classique, mais qui a une particularité, celle d'être déguisé en un conte de fées à l'ancienne, dans lequel Charles Brabin utilise à fond les caractéristiques culturelles de Limehouse pour montrer un monde à part, celui d'un quartier qui vit à son propre rythme et replié sur lui-même... En quelque sorte, d'ailleurs, c'est le point de vue de la jeune femme qui lui sert d'héroïne que le film nous expose...

Le script est, comme le film de Griffith Broken Blossoms, inspiré d'une nouvelle de Thomas Burke, qui avait compilé ses histoires dans un recueil intitulé Limehouse Nights. On y retrouve des Londoniens de la classe ouvrière, et une forte communauté Asiatique (donc attention aux stéréotypes) dans un univers fait de débrouille, d'échappatoires divers à la pauvreté, et de distractions populaires: à la boxe, déjà présente dans le film de Griffith, vient s'ajouter cette fois e fait que Colleen Moore va briller sur les planches. L'actrice, qui a 27 ans au moment des faits, mène la danse, littéralement, avec une énergie incroyable, mais elle est quand même adroitement doublée dans de nombreux plans éloignés. Elle permet aussi, par son jeu dynamique, de rapprocher constamment le film du ton de la comédie, un médium dans lequel elle était décidément très à l'aise...

Le film pourtant utilise des ressources propre au mélo, avec en particulier un certain nombre de personnages qui vont mettre des bâtons dans les roues de la romance entre Harlan et Moore: Gladys Brocknell, qui jouera la méchante soeur de Janet Gaynor dans Seventh Heaven, ou encore Warner Oland dans le rôle ultra-stéréotypé de manager véreux, plus attiré par ses danseuses que par la bonne marche de son établissement. Du coup, il devient difficile de prendre le film au sérieux, mais ça marche totalement en sa faveur!

Pas de quoi bouder un plaisir un peu fainéant, donc...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Colleen Moore 1926 **
5 mai 2022 4 05 /05 /mai /2022 16:47

Le petit royaume de Graustark, en Europe, sollicite le retour du prince héritier Oscar (Creighton Hale), exilé à Washington. Accompagné de sa cousine, Beverly Calhoun (Marion Davies), ce dernier part donc vers son destin... Et va devoir laisser tomber le rendez-vous car il a un accident de ski en route! Pour la stabilité du royaume, une seule solution, demander à la "princesse" Beverly de remplacer le monarque, au moins le temps que celui-ci se rétablisse. En chemin vers le royaume, Oscar-Beverly est attaqué(e) par une troupe de soldats dissidents et défendu(e) par un berger, Tandan (Antonio Moreno): ce dernier accepte de lui servir d'escorte, et Beverly, sous son déguisement, tombe amoureuse de son ange gardien... Mais il apparaît très vite que le responsable de l'attentat pourrait bien être l'affreux général Marlanax (Roy D'Arcy), qui était déjà à la source de l'exil d'Oscar... Celui-ci n'est donc pas disposé à collaborer avec le nouveau roi...

C'est un film romantique, certes mais c'est aussi et surtout une comédie. William Randolph Hearst, après tant d'années, finissait par laisser la Cosmopolitan produire des films dans lesquels Marion Davies pouvait se reconnaître, et si celui-ci recycle beaucoup d'aspects déjà présents dans bien des scripts de ses films, on sent bien que la star a insufflé énormément de sa bonne humeur contagieuse dans l'intrigue: et surtout elle s'y livre à quelques-uns de ses péchés mignons, le déguisement en homme (comme dans Little Old New York, qui recèle beaucoup de points communs avec ce film) et l'alternance entre scènes maquillées et scènes visage libre (qui lui permettait dans Lights of old Broadway et Zander the great de jouer plusieurs âges d'une jeune femme). Et tout en se situant dans un royaume de pacotille, le film rejoint un peu When knighthood was in flower, dont l'intrigue reposait beaucoup sur la raison d'état.

Le metteur en scène est déjà un vétéran, et un réalisateur tous terrains qui a du satisfaire Hearst pour son flair particulier pour le mélodrame classique, ce qui ne l'empêchait pas de jouer double jeu: on sent son envie de suivre Marion Davies dans une mise en scène iconoclaste qui se joue des genres, dans la façon aussi dont il laisse Roy d'Arcy, mâcheur de carpette numéro un ("chew the carpet", c'est une expression imagée qui signifie qu'un acteur en fait des tonnes), se moquer allègrement de lui-même et de son personnage... La photo, nocturne le plus souvent, est superbe, et le film garde son final en Technicolor bichrome... On dit donc, une fois de plus, merci à Edward Lorusso, Ben Model et les petits lutins de la Bibliothèque du Congrès, qui nous ont rendu disponible ce petit film...

 

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Published by François Massarelli - dans Sidney Franklin Marion Davies 1926 Muet Comédie Technicolor **
11 avril 2022 1 11 /04 /avril /2022 15:53

Ce film est basé sur un opéra de 1829, La muette de Portici, composé par Daniel-François-Esprit Auber, sur un livret d'Eugène Scribe et Germain Delavigne. Et le principal atout du film est sa star, la grande ballerine Anna Pavlova pour une unique apparition au cinéma. Et le film diffère profondément du reste de l'oeuvre connue de Lois Weber: aux drames sociaux et psychologiques modernes et urbains de longueur modeste, se substitue ici une intrigue en costumes, haute en couleurs et en émotion grandiloquente, qui s'étale sur près de deux heures; un film muet basé, c'est un paradoxe, sur un opéra... On peut émettre deux hypothèses pour en expliquer la production: d'une part, Lois Weber voulait sans doute en faire une démonstration de force en même temps qu'une façon de faire concurrence au spectaculaire Birth of a nation de Griffith; ensuite, la Paramount venait de lancer la cantatrice Geraldine Farrar, dans Carmen de Cecil B. DeMille, et s'apprêtait à la mettre en valeur dans Joan the woman, du même auteur. Weber, elle, avait la Pavlova...

Dans une région Italienne qui est soumise à une gouvernance Espagnole, les paysans attendent de moins en moins patiemment l'occasion de se révolter. Une occasion va être fournie par un petit drame de pas grand chose: Fenella (Anna Pavlova), la soeur du plus remonté des pêcheurs locaux, Masaniello (Rupert Julian), est séduite par un noble de la cour (Douglas Gerrard). La suite va être une vengeance en forme de révolution avec tout ce que peut ça peut amener comme chaos...

Je parlais de The Birth of a nation tout à l'heure, mais on pourra penser à une autre production spectaculaire de Griffith: Intolerance était-elle dans tous les esprits à cette époque? Il y a un peu de son souffle épique dans ce film: déjà, Weber a engagé une armée de figurants, dont elle utilise la force décorative assez souvent. Elle a mobilisé toute une partie du littoral pour y construire une ville, un palais, et un village de pêcheurs; enfin elle utilise la danse pour exprimer de nombreuses choses: la joie simple des pêcheurs sur la plage; la concupiscence d'un noble, dans une scène qui fait quand même sérieusement bouche-trou (un certain nombre de préludes dansés sont sans doute placés pour faire écho au spectacle original); elle oppose d'un côté la richesse et l'oisiveté des nobles Espagnols, et la pauvreté absolue des Italiens; enfin bien sûr une large part du film (environ un quart) est consacrée à la révolte, qui sera longue, sanglante et pleine de débordements. On pourra aussi assister pour finir à l'inévitable défoulement de la populace dans une orgie de boisson et de nourriture qui ressemble à un ballet (filmé avec un mouvement à la Cabiria, quand je vous dis que Griffith et sa Babylone ne sont pas loin!)...

De la danse, quand la vedette s'appelle Pavlova, quoi de plus normal? L'héroïne, muette comme nous indique le titre, s'exprime de fait avec le corps, mais elle est un peu noyée dans la masse de figurants durant la première moitié. Le jeu histrionique généralisé n'arrange pas les choses, non plus, dans toute l'exposition du drame. Quand le film s'emballe, son jeu étrange et totalement corporel devient intéressant, culminant dans une scène sans ambiguité où elle se donne à son amoureux: c'est par la danse qu'elle commence la parade. Mais le film devient formidable dans sa deuxième partie, quand Weber nous montre le déchaînement de la révolution dans une série de scènes de chaos particulièrement maîtrisées. Tout y passe: destructions, tortures, tentations de viol (on en connaît les codes dans le film muet), brutalités diverses, invasions de pièces occupées par des nobles, etc... La mise en scène fait feu de tout bois ici, et on comprend enfin dans ce déferlement de violence cinématographique ce qui a attiré la réalisatrice (et son mari, l'inévitablement crédité Phillips Smalley) dans cette entreprise étonnante.

Le film a été sauvegardé dans un certain nombre de copies, dans un certain nombre de formats aussi, et a du être reconstitué à partir de toutes ces sources disparates, ce qui n'arrange pas le confort de visionnage... Mais c'est une grande date à sa façon: pour Lois Weber bien sûr, qui commence en beauté sa période Universal qui sera très importante pour sa carrière; pour Pavlova, sans aucun doute; et surtout, pour la petite compagnie Universal, qui peut enfin commencer à sortir des films d'envergure...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1916 Lois Weber **
29 mars 2022 2 29 /03 /mars /2022 18:22

1910 : l’expédition Terra Nova part de Nouvelle-Zélande, dans le but de mener une expédition Britannique au Pôle Sud. L’objectif principal : planter l’Union Jack (le drapeau Britannique) au Pôle Sud, et le faire avant l’expédition concurrente menée par les Norvégiens de Roald Amundsen.

Le chef de cette expédition Britannique, qui allait se prolonger jusqu’à 1913 en comptant les conditions difficiles mais aussi le voyage retour, était Robert Falcon Scott ; le cinéaste de l’expédition était Herbert Ponting…

On le savait quand le film est sorti, on peut toujours le savoir maintenant, Scott, pas plus que quatre de ses camarades, n’est pas revenu vivant de son périple, et s’il a effectivement atteint le pôle Sud (des photos en témoignent) avec ses infortunés camarades, ils ont immédiatement constaté que les Norvégiens étaient déjà venus, et étaient repartis après avoir posé leur drapeau sur place. C’est donc un échec, d’autant plus désastreux que des hommes y ont perdu la vie. Mais c'est aussi, sans nous épargner l'inévitable couplet nationaliste, un échec grandiose...

Le film est un récit aussi complet que possible, et même surprenant par la légèreté de ton qu’il prend avant les deux dernières bobines, de ce désastre, qui fait la part belle au temps et à la contemplation : on imagine que le travail a du être intense sur les premiers longs mois de ce périple, mais ce qui ressort le plus souvent de ces images, c’est la beauté des paysages, l’amusement des hommes, la fascination pour les animaux (partagée sans aucun doute par le public friand de pingouins, ce qui explique le temps un peu excessif dévolu aux observations de ces charmants petits oiseaux), la sportivité un peu juvénile de tous ces gens, ceux qui allaient mourir et ceux qui allaient revenir…

Et c’est frappant de voir à quel point le temps passé entre la captation des images (entre 1910 et 1913) et la sortie en 1924 du film hors conférences (et j’imagine que Ponting a dû en donner vu l’engouement du public pour ces histoires de conquête et d’héroïsme polaire) a profité au film, permettant aux images de l’expédition de bénéficier de la précision du montage de la décennie suivante : narrativement, c’est passionnant.

...Cinématographiquement, c’est superbe, et les couleurs obtenues par un mélange de teintes et de tons directement sur la pellicule, ajoutent à la beauté de ce film, faut-il le dire, superbement restauré: un compagnon idéal à l’autre grand documentaire Britannique de cette année 1924, le fameux Epic of Everest de John Noel : un autre désastre, comme par hasard…

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1924 **
17 mars 2022 4 17 /03 /mars /2022 17:00

On pouvait compter sur les Italiens pour deux choses en ce début des années 10: d'une part, faire exploser les limitations frileuses imposées par les Américains, par exemple, sur des spectacles cinématographiques, et d'autre part ne pas se contenter d'allonger la sauce: ils en faisaient du cinéma...

Cette adaptation d'une pièce assez méconnue de Shakespeare, The Winter's tale, incluant aussi bien des agissements troubles et occultes dans un royaume plus ou moins pré-Chrétien (Tiens, comme King Lear!) qu'une sombre histoire d'obsession jalouse et la rédemption de tout un royaume par une femme, est donc traitée sur près de 45 minutes, et bénéficie de toute l'attention de son metteur en scène, qui a soigné l'interprétation - intense, comme il se doit - ainsi que les aspects visuels: la nature, des décors plausibles, une attention au détail permettent à ce film de faire enfin le lien entre les premières adaptations parfois un peu maladroites et toujours expéditives, et les futurs chefs d'oeuvre d'un cinéma qui se sera enfin affranchi de la trace théâtrale de Shakespeare...

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Published by François Massarelli - dans 1913 Shakespeare Muet **
9 mars 2022 3 09 /03 /mars /2022 18:02

Ernest Shackleton a tout fait pour marquer de son nom la conquête du pôle, et on lui doit l'une des plus paradoxales expéditions: sur-préparée, mais sur-chargée des pires ennuis, incluant quand même... la perte du bateau dans les glaces. Il fallait le faire. Mais ce qui aurait pu n'être qu'un désastre (une expédition qui arrive en vue du continent, mais doit rester bloquée dans les glaces) se transforme en une étrange non-épopée des plus poétiques: on y verra d'abord les hommes partir avec enthousiasme, puis constater l'incapacité de continuer, puis tromper leur ennui avant de devoir sauver leur peau...

L'expédition a eu lieu entre 1914 et 1917, mais le film a attendu longtemps avant de pouvoir être présenté sous la forme qu'on connaît aujourd'hui: dans un premier temps, Hurley et Shackleton (ce dernier étant déterminé à lever des fonds pour repartir) ont effectué le traditionnel circuit des explorateurs: des ciné-conférences, avec des séquences et des images fixes (cartes et photos) triées sur le volet... Mais Hurley travaillait pendant ce temps à sa version qui en 1919 a bénéficié d'une forte publicité, dans un pays dont l'intelligentsia méprisait le cinéma de fiction au profit du documentaire, on se doute que leur film a été très bien accueilli...

Et pour cause: non seulement aujourd'hui on a la chance de pouvoir voir une copie absolument magnifique de ce documentaire sur une expédition malchanceuse, mais on n'est pas près d'oublier l'incroyable série de séquences montrant le bateau pris dans les glaces. Hurley joue du suspense en structurant son film autour, justement, du destin du navire, l'Endurance... Les images qui le voient se désagréger n'ont rien perdu de leur puissance... 

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1919 **