Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
  • Contact

Recherche

Catégories

8 mars 2018 4 08 /03 /mars /2018 17:15

Avec ce film, Lloyd prend son temps dans la veine très Américaine des comédies qui tournent autour de l'illusion d'élévation sociale représentée par la tentation de singer la noblesse, voir à ce sujet le très classique Ruggles of Red gap... Il est donc groom dans un hôtel, qui a pour principale occupation de piquer les vêtements des riches qu'il côtoie pour faire semblant: il est tellement doué qu'on pourrait aisément dire que l'habit fait le moine! Il est repéré par un escroc qui essaie de l'utiliser pour s'attirer les bonnes grâces d'une nouvelle riche et épouser sa fille. Harold va donc devoir jouer les comtes en goguette et être le clou d'un week-end riche.

Après une exposition longuette consacrée à la famille Irlandaise dont la mère est décidée à imposer le régime mondain à sa fille et son mari, on a une apparition de Lloyd en trompe-l'oeil double: on le voit en gros plan, en haut de forme, parlant avec une allure très empruntée. la caméra se recule, et on s'aperçoit que le dandy est en fait seul, devant un miroir. A la fin de la séquence, il doit rendre sa veste à un aristocrate, et il se révèle un groom... C'est simple, efficace, drôle, et on sait tout sur le jeune homme en deux minutes très enlevées. La première bobine est surtout consacrée à établir les deux mondes amenés à se rejoindre: l'hôtel où travaille le jeune homme, et la famille qui se perd dans l'illusion de la richesse.

D'autres passages splendides montrent la maîtrise de l'équipe, notamment une série de gags imaginés par Lloyd alors que, passant pour un noble, il raconte ses chasses. C'est d'ailleurs l'essentiel de la deuxième bobine: Lloyd se fait passer pour le comte qui raconte ses succès à la chasse... Et la dernière bobine est surtout consacrée à une désastreuse chasse au renard durant laquelle Lloyd a perdu son pantalon. Tout mène à ce moment qui agit en qualité de catharsis: c'est par la grâce du pantalon perdu que l'humanité reviendra... 

Pas le meilleur film de Lloyd, bien sur, mais d'un niveau très solide quand même...

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Hal Roach Harold Lloyd 1921 *
8 mars 2018 4 08 /03 /mars /2018 17:13

En 1921, Lloyd s'est décidé à passer à la vitesse supérieure, en proposant des films de trois bobines. Si les longs métrages de comédie existaient déja, ils étaient relativement marginaux, jusqu'à la sortie du superbe The kid, qui a prouvé que la comédie burlesque pouvait se construire sur la longueur et acquérir de la force. Suivant l'exemple de Chaplin qui se lançait dans le film de moyen métrage dès 1918, Lloyd a commencé à allonger ses films, toujours au studio de Hal Roach. En deux ans, cette période de transition lui a permis d'arriver à son tour à des films particulièrement soignés de long métrage. L'année 1921 a été entièrement occupée par quatre films, tous de trois bobines, avant que I do ne soit finalement coupé sur la décision de Lloyd lui-même. L'équipe qui a réalisé ces films reste à peu près la même, et beaucoup de ces techniciens et artistes resteront fidèles longtemps au comédien. Tous partagent une vision très quotidienne de la vie, et en particulier les moyens métrages permettent de faire le tour des thèmes de prédilection du comédien, dont ils forment un échantillonnage très complet du style et de ses sujets de prédilection... Les héros en sont globalement des gens qui se débrouillent déjà, ils ont un travail, mais il leur manque deux choses pour être heureux: une meilleure position, et un mariage heureux. Les films sont souvent marqués par un recours au spectaculaire, des gags à la mécanique de précision, et un goût pour les véhicules...

Now or never est la première de ces comédies en trois bobines. Si on ne peut qu'applaudir la volonté d'élargir le champ d'action, on est ici devant une situation étirée plus qu'autre chose. Lloyd doit faire un voyage en train accompagné d'une petite fille. On retrouvera une série de gags liés au train dans de nombreux Laurel & Hardy plus tard... Après un prologue de cinq minutes qui établit une intrigue autour de Mildred, employée à plein temps pour s'occuper d'une petite fille, l'arrivée de Lloyd se signale par un plan qui le voit conduire une voiture à toute vitesse, le reste du film le verra parcourir un train en tout sens, courant même sur le toit à un moment... la vie maritale telle qu'elle se profile à la fin du film pour Mildred et Harold est sans doute quelque peu tempérée par l'enfer d'avoir un enfant, symbolisé par la cohabitation entre Harold et la petite fille.

Si le film ne se distingue pas encore des autres films courts de Lloyd, c'est sans doute parce qu'en dépit de bonnes idées (la première bobine est brillante, globalement), le film peine à se transformer en autre chose qu'une série de variations sur le thème de Lloyd en train...

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Harold Lloyd 1921 *
2 mars 2018 5 02 /03 /mars /2018 16:21

On ne présente plus l'histoire de ce Prisonnier de Zenda, due au prolifique romancier Anthony Hope. C'est probablement son roman le plus connu, et pour cause: si cette adaptation par Rex Ingram n'est pas la dernière, loin de là, ce n'est pas non plus la première... Ce privilège appartient à un film rare, longtemps considéré comme perdu et réalisé à la fin de sa carrière par le vétéran Edwin Porter, en... 1913. Avec son héros pris malgré lui dans l'aventure d'un royaume en pleine ébullition, le film nous entraîne dans un autre monde qu'il est certes difficile de prendre au sérieux, mais qui possède tant de charmes...

Rudolf Rassendyll (Lewis Stone) ne va pourtant pas en Ruritanie par hasard: il cherche clairement à s'y rendre, regardez le film. Au début, il évoque avec ses cousins la branche lointaine de la famille qui règne au lointain pays de Ruritanie, puis part chasser... Comme par hasard, on le retrouve aux abords de la capitale Ruritanienne. ...La chasse, vraiment? L'aventure, oui! Ingram, en compagnie de toute sa distribution et de toute son équipe, a décidé clairement de jouer la carte de l'enchantement et de la plongée intégrale dans le monde merveilleux, et si peu réaliste, du roman.

Alors comment s'étonner que ça marche si bien, tout en étant si raisonnable, car c'est une histoire dans laquelle tout est si bien rangé... Les traîtres ont des têtes de traîtres, les vamps des têtes de vamps, et la belle princesse qui attend maussade de devoir se marier avec le futur Roi Rudolf, par obligation et par devoir, v avoir la surprise de sa vie quand elle va rencontrer celui qui le remplace momentanément. Une surprise qui sera elle aussi momentanée, bien sûr...

Autant The four horsemen of the apocalypse était un film personnel, autant ce Prisonnier est une oeuvre à part, une récréation pour celui qui vise une récompense qu'il n'atteindra jamais: la reconnaissance de son génie et de son talent pour tourner un film. Une récompense qui aurait pu prendre la forme, par exemple, du tournage d'une superproduction, comme en 1924-25 Ben Hur! Mais non. Pourtant, la production de ce Prisonnier de Zenda est absolument époustouflante, superbement interprétée par tous et toutes, et totalement distrayante. Ca manque d'âme, je l'ai plus ou moins indiqué, mais Ingram savait parfaitement mettre un peu plus de souffle quand ça lui chantait: voir le superbe Scaramouche pour s'en convaincre... 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Muet Rex Ingram 1922 *
14 janvier 2018 7 14 /01 /janvier /2018 12:01

C'est après la période durant laquelle elle était la star des films de Cecil B. DeMille, que Gloria Swanson, sur l'avis de son mentor et ami, avait accepté la proposition de la Paramount de la mettre en vedette des films de Sam Wood. Beaucoup de ces productions sont perdues, mais Beyond the Rocks, on s'en rappelle, avait fait l'objet d'une redécouverte majeure lorsqu'une copie quasi complète avait pu être assemblée après que toute trace du film ou presque avait disparu depuis 1925...

Dans le film, l'étoile confirmée Gloria Swanson y partage la vedette avec un relatif nouveau venu, Rudolf Valentino, et c'est le seul film dans lequel ils ont joué ensemble. On attendrait presque, naïvement, que la rencontre ait produit des étincelles... Il n'en est rien.

En Angleterre, dans les années 20, La belle Theodora Fitzgerald est la troisième fille d'un monsieur très bien, mais dont la fortune a été mise à mal. es deux acariâtres demi-soeurs ont d'ailleurs poussé leur père à arranger un mariage avec un brave type, mais bon, il n'a rien de folichon... Mais Theodora a une étrange manie, celle de se mettre en danger: une promenade en barque? elle tombe à l'eu et bien sûr elle ne sait pas nager... Une promenade en montagne? Elle tombe là encore, et s'il n'y avait une corde pour la retenir elle irait s'abîmer dans un précipice. Mais le hasard fait bien les choses, car à chaque fois, la fortune veille sur elle: le beau jeune homme, comte de surcroît, la sauve... Bien sûr il s'avère qu'ils sont faits l'un pour l'autre, et bien sûr, leur destin semble en avoir décidé autrement. 

A moins que...

Oui, je sais: ce résumé est bien plus enlevé, plus dramatique, que ne l'est le film, hélas. Ceux qui ont parlé de découverte majeure, voire de chef d'oeuvre, sont sans doute ceux qui n'ont jamais vu un seul film muet de leur vie. Il y en a, et certains osent se prétendre historiens du cinéma... Bref: Beyond the rocks est un film plus que moyen. Il ne capitalise que sur une seule chose: la confrontation entre ses deux stars. Ceux-ci assurent décemment le strict minimum, tout comme Sam Wood qui bénéficie de moyens considérables (décors, costumes, éclairages, sont particulièrement soignés) mais ne s'adonne à aucune idée de mise en scène qui aurait un peu pimenté la sauce. Il n'a même pas tiré partie de deux scènes qui louchent un peu sur les productions de DeMille, l'une dans laquelle les deux amoureux s'imaginent hors du temps, pouvant enfin laisser lire cours à leur sentiments, et l'autre dans laquelle ils sont déguisés en personnes de la toute fin du XVIIe siècle pendant une fête. De l'une ou l'autre de ces deux scènes, il ne sortira pas grand chose...

Pas d'humour, pas de suspense, pas de surprise. C'est un écrin splendide, mais désespérément vide. Les films de DeMille sont parfois idéologiquement suspects, gonflés, prétentieux, même ridicules. mais ils ont une âme, et c'est de l'art!

Ici...

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Muet 1922 Gloria Swanson *
23 octobre 2017 1 23 /10 /octobre /2017 16:56

Deux jeunes filles, entre plusieurs routes ou plusieurs voyages... Dora (Yukiko Inoue) et Sunako (Michako Oikawa) sont deux amies, des inséparables devine-t-on, qui tous les matins vont au collège et tous les près-midi en reviennent. la route est immuable, jusqu'à ce qu'Henry (Uereo Agawa) entre dans leur vie... Dora et lui se plaisent, mais c'est Sunako qui prend l'initiative, et avant peu de temps elle délaisse son amie au profit du jeune homme... Dora finit même par donner sa bénédiction, et Sunako peut aimer Henry.

...qui à son tour, la délaisse pour passer du temps avec Yoko Sheridan, une jeune femme de la bourgeoisie. Sunako, furieuse, tire un coup de feu et blesse Yoko. Elle s'enfuit, et... la jeune femme se perd dans les rues nocturnes: prostitution, errances, etc. pendant ce temps, Henry s'est repris, et s'est marié... Avec Dora. Mais il lui reste des remords: si Sunako est devenue une fille perdue, c'est à cause de lui. Il va donc se mettre en quête de la retrouver...

Au départ, le film épouse un ton documentaire. Ses vues du port de Yokohama, les bateaux, les voyageurs et ceux qui leur disent au revoir: on se croirait presque chez Hergé! Puis il nous intéresse aux deux héroïnes, et dans un premier temps, on jurerait des prises de vues volées de jeunes collégiennes, jusqu'à ce qu'elles se retournent, ensemble, dans un plan: la fiction commence... Mais elle sera ancrée jusqu'à la fin dans des décors authentiques.

On ne serait pas si loin de Mizoguchi, s'il n'y avait un constant recours au point de vue de Dora. Plutôt que d'explorer la vie sordide d'une jeune femme poussée par les circonstances à la prostitution, Shimizu s'intéresse à la mise en parallèle des cheminements possibles, pour eux femmes qui viennent du même milieu, et qui ont eu les mêmes opportunités, partageant même le même amant!

Henry, bien sûr, n'est pas le seul responsable du destin de Sunako. Celle-ci, comme Dora, est identifiée par son milieu et par les décors fabuleux de ce beau film: le metteur en scène se plait à trois reprises à filmer le port de Yokohama, vu depuis les routes montagneuses qui le bordent. Les deux premières fois, il nous y montre les deux jeunes femmes, qui reviennent de l'école. La première fois, elles avancent ensemble, s'arrêtent ensemble... la deuxième fois, c'est après la trahison. L'une s'arrête, l'autre rêvasse! Enfin, après le départ de Sunako, Shimizu nous remontre la quiétude de Henry et Dora qui montent la même route, où Dora se rend tout à coup compte du grand vide que son amie a laissé dans sa vie.

Complexe, avec ses idées de mise en scène et de montage (Le meurtre, situé dans une église catholique, joue avec les ressources cinématographiques, en communiquant au spectateur la catharsis vécue par Sunako. Le lieu n'est pas anodin non plus... Mais la notion de faute ou de péché restera floue, dans ce film qui n'épouse décidément pas qu'un seul point de vue. Plus tard, le retour d'Henry dans la vie de Sunako se joue par le biais d'un procédé troublant: il se matérialise tel un fantôme dans le bordel où elle sévit. Quand il part, il disparaît... Comme Sunako et un compagnon d'infortune qui disparaissent avec leurs valises avant de prendre un bateau pour... 

Pour où, au fait?

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Muet 1933 Hiroshi Shimizu Criterion *
9 septembre 2017 6 09 /09 /septembre /2017 17:00

The Bride's play est situé en Irlande, Marion Davies y est donc brune et... ce flm n'est pas une comédie, ce qui va nous permettre de tester la véracité d'une fameuse légende de l'histoire du cinéma muet Américain, en rapport bien sûr avec l'infâme (mais jouissif, hélas) portrait à charge de l'actrice à travers Citizen Kane...

En Irlande, donc, dans une petite localité du bord de mer, vivent un père qui va bientôt devenir riche, et sa fille, la belle Aileen (Marion Davies). Celle-ci est en pension, où la nuit venue elle lit avec ses camarades des livres interdits: les recueils de poésie sentimentale que toutes les jeunes femmes s'arrachent, écrites par un auteur à succès de Dublin, Bulmer Meade (Carl Miller). Mais quand son père meurt elle revient au pays, et a la surprise de voir le poète, justement en villégiature dans son village. Ils vont se rencontrer, et l'incorrigible séducteur va faire une victime de plus, au grand désespoir du châtelain local, un ami de longue date de la famille d'Aileen, qui l'aurait bien prise sous son aile, et qui se doute de l'amoralité du bellâtre...

Bref: ceci est un mélodrame, dont le choix de le situer en Irlande s'explique par le recours à un procédé qui semble revenir souvent dans les films de Davies: il y est fait référence à une coutume de mariage, qui donne son titre au film, et dont un exemple du douzième siècle nous est montré dans l'avant-dernière bobine. Une occasion pour Marion Davies de se montrer en costume ancien, et au milieu d'une centaine de figurants... Hearst adorait ça, et préférait en effet ce type de drame, à la comédie qu'il jugeait vulgaire!

Et le résultat, c'est que Marion Davies, engoncée dans un rôle qui ne lui permet pas de faire la preuve de son talent exceptionnel et physique, n'est pas vraiment terrible, dans un film qui n'est pas très bon non plus, mis en scène sans grande imagination... Mais mis en image avec un soin en revanche remarquable. Mais on donne raison à tous ceux qui opposent Hearst et Davies, le premier désireux de faire de sa maîtresse une diva tragique, la deuxième soucieuse de dériver le plus possible vers la comédie... Mais pas spécialement aidée par la réalisation très plate de Terwilliger, elle n'y est pas parvenue!

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Muet 1921 Marion Davies *
6 septembre 2017 3 06 /09 /septembre /2017 15:35

Les films avec Marion Davies ne sont sans doute pas des révolutions cinématographiques, et ont d'ailleurs une réputation assez peu enviable, au regard de l'histoire du cinéma muet Américain... Et c'est bien dommage! Ce film de 1922 est un conte de fées, qui aurait pu être interprété comme un mélodrame (On pense parfois à la première partie de Way down east, et il se peut que ce ne soit pas involontaire), mais on a (sagement) choisi la voie de la comédie à la place. L'histoire compliquée du couple Hearst (Magnat de la presse et producteur) et de sa maîtresse Marion (Actrice dans les films qu'il produisait avec son studio Cosmopolitan) est connue, et on sait qu'il la souhaitait tragédienne dans des oeuvres épiques, alors qu'elle aimait tant interpréter des comédies...

Prudence Cole a été élevée par ses deux tantes dans la petite localité de Pottsville, dans la plus pure tradition Quaker. Rigueur, pas de distraction, des vêtements aussi tristes que dépassés, pas de sorties.... ce qui n'empêche pas de rêver: elle souhaite revoir un ami d'enfance dont la famille habite à quelques pas, et qui lui a promis un jour d'être son chevalier servant. Mais quand elle revoit Henry (Hallam Cooley), celui-ci a bien changé: il fréquente la bonne société, et les oisifs... mais Prudence s'accroche à ses rêves de petite fille, et elle réussit à obtenir de ses tantes de visiter Henry et sa famille dans leur environnement, sur la côte, dans une station balnéaire extrêmement huppée. Prudence Cole, avec ses robes du siècle d'avant, et sa naïveté, va avoir les plus grandes difficultés à s'adapter à cette ambiance. Mais afin de conquérir Henry, elle va trouver l'aide précieuse de Cheyne Rovein (Forrest Stanley), un peintre qui la voit instantanément comme différente des autres, et qui va s'attacher en lui créant des vêtements, à révéler au monde la beauté intérieure de la jeune femme.

La réalisation de Vignola est impeccable, sans aucune fioriture certes, mais constamment à hauteur de personnages. La direction d'acteurs est toujours très bien dosée, et on a parfois le sentiment que la comédie, sans avoir été plaquée sur le conte de fées, a été savamment distillée (Probablement afin de ne pas effaroucher Hearst!)... du coup il me semble bien difficile de faire la fine bouche devant ce film qui combine la "formule" Marion Davies (Une jeune femme qui possède bien des atouts mais qui est "différente", et souvent cachée, soit par les convenances, soit par les vêtements), avec une saine critique de la bonne société Californienne et ses "sang-bleus" oisifs, massés au bord de la piscine... Une scène formidable occupe un large terrain, au milieu du film, et concerne la "transformation" de Prudence de chrysalide en papillon: ça prend la forme d'une saynète de théâtre, mise en scène et aux costumes imaginés par Rovein. la séquence est superbe, et relance complètement le film dans une nouvelle direction. On comprend que la Paramount et la Cosmopolitan aient donné leur feu vert, ensuite, à l'ambitieux et très réussi When Knighthood was in flower.

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Muet Comédie 1922 Marion Davies Robert Vignola *
13 août 2017 7 13 /08 /août /2017 10:13

A la fois inspiré par Intolerance et ses quatre histoires, et par l'actualité récente, Dreyer réalise après Le Président une oeuvre fleuve en 157 minutes. Chacune des intrigues du film, qui se succèdent en bon ordre plutôt que d'adopter le mélange à la Griffith, concerne une occasion pour Satan de tenter l'homme, à l'initiation de Dieu lui-même. C'est donc avec répulsion que Satan tente avec succès Judas pour qu'il livre le Christ; puis il pousse un prêtre amoureux, durant l'inquisition, à dénoncer la femme dont il est épris; durant la Révolution Française, il se glisse entre une famille noble qui souhaite sauver Marie-Antoinette de la mort, et le tribunal révolutionnaire, en tentant un domestique dévoué à la comtesse de Chambord; enfin, la dernière histoire est située en 1918: durant la tentative des Soviétique de propager la révolution en Finlande, Satan tente de subvertir des paysans Finlandais afin qu'ils trahissent...

A chaque fois, c'est avec réticence que Satan (Helge Nissen) entend Dieu lui intimer l'ordre de "continuer son oeuvre maléfique". Car à chaque fois que l'ange déchu réussit son travail imposé de tentation, sa punition se prolonge. S'il échoue, il est épargné de 1000 années de disgrâce...

Les choix de Dreyer sont à la fois universels (Mais d'une façon très naïve, on le verra après!), et teintés d'une certaine vision politique conservatrice: les deux gros morceaux du film restent bien sur l'épisode Français, qui occupe quasiment une heure à lui seul, et l'épisode Finlandais qui  beaucoup motivé le réalisateur: il y expérimente le drame en décor naturel et boisé, une tendance qu'il affectionne particulièrement sur ses films muets à venir... Ces deux épisodes sont vraiment marqués d'un parti-pris anti-révolutionnaire qui, dans l'épisode Français, fait presque penser aux égarements de Griffith dans ses intertitres de Orphans of the storm, qui compare Robespierre et les Bochéviks! C'est justement ce qui vaudra au réalisateur de vives critiques de la gauche Danoise ...et européenne: un critique comme Sadoul se méfiera toute sa vie du réalisateur, par principe. Mais bon, on ne peut pas lui en vouloir; il était Stalinien. 

Quant à la thématique religieuse, elle a attiré, à l'inverse, sur le réalisateur, les foudres de la droite Protestante qui l'accusait de blasphème. Il est vrai que le principal thème du film est celui du libre-arbitre, et le fait que le mal est inéluctablement en chacun, avant d'être inspiré par le diable. Le diable ici ne fait que le sale boulot imposé par Dieu. Une scène de l'épisode Français est très frappante dans ce qui est autrement un peu trop mécanique (Exposition d'une époque, rôle de Satan, tentation, désastre, puis on passe à l'histoire suivante): alors que sa stratégie a réussi au-delà de toute espérance, Satan pour une fois se présente sous son vrai jour à celui dont il a mené la tentation, et lui passe un savon monumental, en lui disant qu'il mérite effectivement la damnation éternelle! Nul doute que Lang, au moment de réaliser l'année suivante sa "mort lasse" (Der müde Tod), se souviendra de ce Satan paradoxal.

Pour le rigoriste Dreyer, le film s'avère un intéressant champ d'expérimentation... Il soigne ses décors, choisit ses acteurs, et impose un jeu tout en retenue. Je regrette une tendance à exagérer la lenteur qui vire à la pesanteur parfois: cette impression que tout ceci est trop sérieux pour que l'action s'emballe... Mais maquillage, costumes, décors sont si soignés qu'on est face à un film d'une immense beauté; raté, bancal, répétitif oui, mais fascinant dans sa rigueur.

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Muet 1920 Carl Theodor Dreyer *
10 août 2017 4 10 /08 /août /2017 18:27

C'est un genre à part entière du cinéma Allemand, il est particulièrement méconnu, et même a priori mal vu. C'est pourtant, à en juger par ce film, plutôt intéressant: ça s'appelle les "Monumentalfilms"! Manfred Noa avait déjà, en 1922, obtenu un succès important avec Nathan le sage, d'après un roman de Gotthold Ephraïm Lessing, qui s'était attiré les foudres de l'extrême-droite pour son portrait positif des Juifs... Helena, c'est tout autre chose: retour aux sources de la mythologie, avec une adaptation aussi rigoureuse que possible de L'Iliade, le film est énorme, en deux parties, et très impressionnant. 

On part du début, de la rencontre inattendue de Helène, reine de Sparte, humiliée par son mari, et de Paris, héritier exilé de Troie... les deux tombent dans les bras l'un de l'autre, ce qui va déclencher la fureur des Grecs, une guerre, beaucoup d'ennuis, et au final la destruction de la ville de Troie... Au passage, on aura vu des mythes, incarnés avec panache et conviction, parfois, sans doute, un peu trop: Priam (Albert Steinruck), le roi de Troie, aveuglé par son refus du destin, et rendu fou par la perspective de la fin de sa ville; Paris (Wladimir Gajdarov), qui a choisi la voie de l'amour, et s'est fermé à toute sagesse politique ou guerrière, entraînant la chute de sa cité dans son amour aveuglé pour la Belle Hélène; Achille (Carlo Alini), obsédé par les victoires et rendu sourd aux appels de ses amis, avant de perdre son "poulain" Patrocle, ce qui va entraîner sa colère, et pour finir, sa mort... Enfin, Hélène, blessée par une décision qu'elle ne comprend pas (Une célébration dans laquelle son mari va l'utiliser contre son gré), et qui va prendre une série de décisions qui vont entraîner le chaos... Mais Hélène (Edy Darclea), la douce, la passive et l'ambiguë, jamais émue semble-t-il devant toutes les horreurs découlant de son geste...

Oui, aucun de ces personnages n'est unidimensionnel, ils nous sont livrés avec leurs contradictions, leurs qualités et leurs défauts, et c'est impressionnant de voir comment Noa a su nous inviter à prendre part dans cette histoire sans nous perdre... De même, le metteur en scène a utilisé avec soin le décor: il y a peu de matte-paintings, ici, et ça se voit! Même le fameux cheval est construit en plein! Il y a une course de chars au début, et une bataille navale... ce qui me permet de lancer l'hypothèse que Noa souhaitait se mettre en concurrence directe avec le Ben-Hur de Niblo, dont les clous (et les mésaventures de tournage!) étaient dans toutes les gazettes Européennes au moment du tournage de ce film! 

Bon, on va le dire franchement, le film de Niblo n'avait pas grand chose à craindre... Mais ce film monumental divisé en deux parties, et totalisant plus de trois heures et demie, se défend fort agréablement!

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Muet 1924 *
4 août 2017 5 04 /08 /août /2017 16:23

Dans ce moyen métrage situé au début de sa gloire, Lubitsch explore avec délectation les errements d'un quarteron de personnages qui se déguisent, se mentent et se trompent: un mari volage qui court le guilledou au lieu de répondre à une convocation de la police, un comte coureur de jupons obligé d'aller en prison à sa place, une épouse qui cherche à coincer son époux en se faisant passer pour une autre, et une servante déguisée en dame de la haute qui se paie le luxe de retourner à sa condition au lieu de mener la grande vie avec un bourgeois. Une fois faux semblants, tromperies et situations limites mis de coté, tout retournera dans l'ordre. Tout ceci est un peu rustique, mais on est déjà dans un univers proche de celui qui sera le théâtre de ses films du début des années 30.

Et Lubitsch et Hanns Kraly ont piqué l'intrigue à une opérette: Die Fledermaus (la Chauve-souris), de Richard Strauss. Le ton est résolument à la farce, ont est donc vraiment dans la première vague des films du maître, ceux qui respiraient le bon air des rues Berlinoises, ceux d'avant la Kolossale réputation du metteur en scène qui lui vaudra un ticket pour Hollywood, où il ira transformer à lui tout seul le cinéma... Tout ceci n'empêche pas ses bourgeois Berlinois d'voir un air de famille marqué avec ses héros, qu'ils soient de 1924 (The Marriage Circle) ou de 1932 (One hour with you)... Notons aussi une apparition irrésistible de Emil Jannings en gardien de prison alcoolique.

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Ernst Lubitsch 1917 *