Dans une pièce, d'un côté un garçon d'origine Indienne se plonge avec délices dans un dessin animé de super-héros, et de l'autre, son père essaie de trouver le calme nécessaire à la méditation religieuse. Comme le compromis est impossible, le père éteint le téléviseur et le petit Sanjay, totalement contre son gré, doit participer à l'exercice de méditation paternel. Jusqu'à ce que son imagination ne commence à se mettre en route...
Voici donc comment Pixar a sorti le premier film autobiographique de son histoire! Blague à part, Sanjay Patel a choisi une voie intéressante pour conter son histoire, d'abord toute en douceur, avant de partir dans toutes les directions en suivant l'imagination de son double enfant. Pas de grande surprise au bout, le message reste consciencieusement consensuel bien sûr...
Chargé d'explorer la mystérieuse planète X, Duck Dodgers, accompagné d'un assistant porcin, va tomber sur un os: en même temps que lui, le martien Marvin est sur cette même planète pour l'explorer au nom de Mars... La lutte est-elle vraiment égale?
On ne répondra pas à cette question, car Chuck Jones, qui revisite ici un personnage loufoque et coriace qui a déjà été confronté à Bugs Bunny, a eu le bon goût de ne pas se limiter à la simple confrontation. Marvin est un personnage qui fonctionne très bien, parce qu'il est totalement persuadé du bien fondé de sa mission...
Par contre, pour Jones, c'est le début de la fin et des sales manies. Le rythme de son film en pâtit, et visuellement, c'est partagé. Ses productions ne tarderont pas à devenir laides. Il n'y a pas d'autre mot...
Cette adaptation d'un conte d'Andersen a beau se cacher derrière un titre accrocheur et passe-partout, on constatera que les traducteurs s'en sont retournés vers le titre initial: en français c'est donc La reine des neiges... Le plus énorme des succès Disney de ces dernières années est donc, aussi, une grande réussite.
Le scénario, plus ou moins adapté d'Andersen, concentre tout son pouvoir magique sur une relation, mais elle n'est pas celle de la belle cruche et d'un prince charmant: au contraire d'ailleurs puisque dans le film le prince en prend sérieusement pour son grade. Non, la relation cette fois est celle qui unit ou devrait unir deux soeurs, dissemblables et complémentaires, qui autrefois s'adoraient, mais aujourd'hui ne se voient jamais: Elsa la blonde, princesse héritière d'un royaume Nordique, et sa petite soeur Anna la rousse, qui ne comprend pas pourquoi sa grande soeur la boude...
Nous le savons, nous, car un prologue magistral nous l'a appris: Elsa a des pouvoirs magiques qu'elle ne contrôle pas, et manque de tuer Anna lors d'une séance de jeu; Elsa peut en effet geler à volonté tout ce qu'elle touche, voire tout ce qui l'entoure, un pouvoir lié à ses émotions et qu'elle contrôle très mal; une malédiction qui la condamne à vivre seule ou cloîtrée, et dont elle ne peut parler à personne. La mort de la petite Anna a été empêchée par les trolls, mais elles ont été séparées pour permettre à la petite d'oublier... Le film commence vraiment par le couronnement d'Elsa, qui voit Anna faire la rencontre d'un prince un peu pressé de se marier, ce qui va précipiter bien des ennuis, puis des malheurs...
L'animation est superbe: du moins, une fois acceptée l'horripilante manie de tous les studios Américains de donner la même tête (grands yeux, petit nez retroussé) à tous les personnages féminins importants depuis l'avènement de Pixar, une fois acceptés les tendances et autres tropes (le meilleur ami du héros masculin est donc un animal sympa presque doué de parole, l'hyperactivité de a jeune femme fantasque, la créature décalée, etc); on est chez Disney, donc on se repose un peu sur les vieilles recettes, mais dans ce monde de neige et de froid (en plein été), le script permet au décor de passer d'un été enchanteur et un peu trop beau, à un hiver cauchemardesque qui nous réserve un bon nombre de surprises splendides.
Et pour une fois cette satisfaction s'étend à la bande originale d'un film qui repose énormément sur sa musique (composée par Christophe Beck), et les chansons (Kristen Anderson-Lopez et Robert Lopez); celles-ci sont parfaitement intégrées dans le tissu narratif et (en anglais en tout cas) d'un e grande qualité: on n'y fait, pour une fois, pas trop.
Pour finir, si comme toujours il convient de ne pas trop prendre tout cela au sérieux, le fait est que si Anna cherche au bout d'un moment, à trouver l'amour, comme toute héroïne Disney qui se respecte, donc auprès d'un gaillard pas trop crétin, Elsa elle a d'autres préoccupations, liées en particulier à son évidente incompatibilité avec le monde: c'est vrai qu'elle jette un froid. Une petite ouverture métaphorique de Disney vers une autre humanité, une autre sexualité?
Trois bandits sèment la terreur dans une petite ville de l'Ouest; personne ne semble réagir, heureusement, le redresseur de torts, le "Lonesome stranger", intervient, avec son vaillant cheval Silver. Heu... "heureusement", vraiment?
Hugh Harman, avec ou sans Rudolf Ising, c'est généralement la promesse d'un spectacle familial. C'est-à-dire pas trop violent, pas trop burlesque, pas trop irrévérencieux... C'est pour ça que ce film fait plaisir à voir, qui voit le metteur en scène, sous la houlette de Fred Quimby, futur producteur heureux, s'aventurer sur une terrain qui à cette époque était plutôt l'apanage de la Warner: une intrigue certes, mais dynamitée par la recherche du gag visuel. Ceux-ci sont nombreux et ont la bonne idée de ne pas prendre la place, et stylistiquement le film effectue une belle transition depuis le design rondouillard des années 30 et ce qui sera le style Avery à la MGM...
Avery nous promène au gré de sa fantaisie, aux Etats-Unis, en sautant avec allégresse et sans aucun scrupule d'un abominable jeu de mot à l'autre, d'une situation absurde à l'autre...
C'est un de ces travelogues idiots qui sont si nombreux dans l'oeuvre du réalisateur, mais c'est tout de même un poids léger. Le fil rouge, car il y en avait toujours un, est l'ascension apparemment inexorable d'un "homme-mouche" sur le flanc d'un immense building, qui renvoie à une manie des records idiots, née dans les turbulentes années 20 (voir Safety Last, de Harold Lloyd, basé sur une telle ascension).
Fidèle à la malédiction du metteur en scène Avery, le film est souvent censuré pour cause de gags ethniques... Pourtant bien innocents. On verra donc ici détournée l'expression "cliff dwellers", qui désigne les troglodytes du Sud West (notamment les indiens Hopi), la fameuse "snake dance" , mais on verra aussi un inuit (on disait alors un eskimo, mais c'est péjoratif) qui ramène chez lui un afro-américain qui se languit du Sud, grâce à une très hypothétique frontière entre l'Alaska et la Virginie...
Elmer Fudd est un éleveur de volailles; il a un poulet particulièrement fier de lui-même, jusqu'au jour où ce dernier constate que le fermier aiguise sa hache... Pressentant sa mort prochaine, pour un probable dîner dominical, le coq va tout faire pour aller contre ce qu'il croit être son destin...
C'est un "one-shot", dans lequel le gallinacé (qui ne survivra pas à ce court métrage) est secondé ar le personnage, toujours aussi transparent, d'Elmer Fudd. Comme si souvent chez Freleng, la question de vie ou de mort est vue du côté d'un personnage qui sera évidemment prêt à toutes les bassesses: du coup, c'est très drôle, et très enlevé, c'est d'ailleurs l'un de ses meilleurs films.
Pour finir, si le titre est bien une allusion argotique à Each dawn I die, de William Keighley, le film n'a rien à voir avec l'intrigue de son modèle et d'ailleurs ce cartoon est sorti dix ans après le long métrage.
Aucun moyen pour moi de vérifier si la liste de réalisateurs (aucun n'est au générique) donné par un site vulgarisateur bien connu est authentique, mais suivant le bon vieil adage, j'ai décidé d'imprimer la légende... C'est que ce film, le dernier des musicals extravagants de l'ère pré-code, est un cas d'espèce. A l'origine, on avait au début du parlant cette option, de créer des films qui seraient des patchworks de studio, dans lesquels une sorte de revue mal fichue, avec sketchs, danse, chansons, numéros en Technicolor et vedettes sous contrat, permettait de remplir les bobines et les salles, en tournant un bouche-trou triomphal à moindre coût puisque tout le monde qui tournait ces machins était sous contrat. Mais Hollywood Party, qui était avancé comme une sorte de publicité interne à la MGM, a pris tant de temps à se faire qu'au final c'est un désastre absolu.
D'une part il y a une intrigue, si on ose dire; confronté à l'absolue nullité (Extraits à l'appui) de son film Schnarzan the Conqueror, l'acteur Jimmy Durante se décide à tenter le tout pour le tout: on annonce 'arrivée à Hollywood du Baron de Munchausen (??????), qui a ramené de la savane une troupe de vrais lions, Durante-Schnarzan lui dédie une fiesta grandiose, où des dizaines de chorus-girls et des centaines de stars vont se presser. Et il décide de ne pas inviter sa co-star Lupe Velez don le tempérament volcanique ne peut tolérer un refus...
D'autre part la multiplicité d'équipes, le côté morcelé du tournage, et le manque totale d'investissement de qui que ce soit on transformé ce film en un étrange cadavre exquis, une comédie qui n'est pas drôle (Durante est un outrage permanent à l'art de faire rire, mais il ne le sait pas), dans laquelle même Laurel et Hardy (pourtant parmi les plus décents, avec un interlude Disney en Technicolor) semblent naufragés. On gardera en mémoire l'un des plus hallucinants passages, où Durante et Velez, avec 2 grammes de vêtements sur eux, parodient Tarzan... Aucun des metteurs en scène qui ont oeuvré sur cet étrange objet n'a daigné le signer, on pense que George Stevens est bien le réalisateur des scènes avec Laurel et Hardy (et leur rencontre avec Lupe Velez)...
Un jeune buzzard particulièrement crétin (sa mère l'appelle pourtant "Killer"! incidemment son nom au studio sera "Beaky") reçoit de sa maman la mission de ramener de la viande fraîche. Dommage pour lui: il a décidé de ramener un lapin!!
C'est la première contribution majeure de Clampett à l'univers de Bugs Bunny, et le personnage qu'il y crée reviendra par la suite sous la responsabilité de Freleng ou Avery. C'est un excellent film, où la galerie d'expressions toujours plus folles des films de Clampett s'enrichit des contributions d'un génie, l'animateur Rod Scribner, qui se surpasse ici. Sachant que le reste de l'animation est confiée au sage Bob McKimson, ça donne une impression de passer par des montagnes russes... Et à un moment, cet éternel cabotin qu'est Bugs Bunny passe par les affres de l'angoisse: Clampett était quasiment le seul à le mettre vraiment en mauvaise posture.
Joe Gardner est un pianiste de jazz, à Harlem, qui n'a jamais eu la chance de sa vie: se faire engager pour un boulot de pianiste, un vrai. Plus ou moins découragé par sa mère qui ne souhaite pas qu'il prenne le même chemin que son père, un musicien qui a galéré toute sa vie, il gagne la sienne en dirigeant l'orchestre d'un collège public local: et franchement, ils ne sont pas bons, à part une petite tromboniste qui m'a tout l'air d'avoir le feu sacré.
La chance arrive pourtant: un de ses anciens élèves, devenu batteur professionnel, lui signale que la grande saxophoniste Dorothea Williams se produit en quartet au club Half Note et a perdu son pianiste... Il se rend sur place pour une audition, époustoufle tout le monde, et apprend qu'il a le job! Il est heureux, c'est la chance de sa vie, il ne regarde pas où il va, tombe dan un trou, et...
Se retrouve, âme en transit, sur un escalator galactique en direction d'une grande, très grande lumière. Ca ne lui convient pas, mais alors pas du tout, il se rebelle, et se retrouve dans un autre univers, un autre site de transit: non pas l'au-delà, mais le "you seminar", un endroit où les âmes des humains futurs sont dotés des caractéristiques qui les différencieront plus tard. Une fois dotés de leurs éléments constitutifs, elles peuvent aller vers la terre. Joe va devoir aider une âme réfractaire à tout valider, afin de lui prendre son badge et retourner sur terre, car l'âme n°22, de son côté, n'a pas, mis alors pas du tout envie de tester la vie terrestre...
C'est cette intrigue existentielle qui est le point de départ de ce film, pour lequel on distingue essentiellement trois aspects: d'une part, donc, un nouvel univers Pixar dans lequel une fois de plus on nous montre comment chacun peut compter (au fait, un thème récurrent en particulier chez Pete Docter: voir Monsters Inc, Up et Inside out), ensuite un portrait sensible et affectueux, à l'écart des clichés réducteurs, de la communauté afro-américaine; enfin, une belle promenade dans le monde du jazz et de sa difficulté: à l'écart des clichés, là aussi, et réalisé avec une rigueur qui laisse pantois. La séquence de l'audition est d'une beauté picturale, et d'une exactitude impressionnantes. Et non seulement les gestes de ces musiciens sont totalement crédibles, mais la musique en est aussi une version complètement dans la ligne du jazz actuel, c'est-à-dire qu'on y entend une musique qui vient en droite ligne des années 60 et de leurs cassures révolutionnaires, en John Coltrane (même si Dorothea Williams joue de l'alto et non du ténor) et du quintet de Miles Davis de 1964 - 1968...
Mais avec Pixar, rien n'est jamais simple, et si on peut toujours essayer de leur reprocher d'appliquer une formule (conte initiatique + buddy movie + exploitation d'un univers représenté dans son intégrité), les films se différencient toujours par leur sensibilité, et par le fait que chacun d'entre eux représente un défi visuel, voire plusieurs... Et techniquement comme esthétiquement, celui-ci se distingue par son exceptionnelle richesse, et la façon dont les recherches picturales ont débouché sur un au-delà et un "avant" des plus singuliers, avec ces âmes rondouillardes et ces "guides" spirituels en fil de fer; l'animation y est superlative, les décors surprenants, et les gags distribués avec une précision d'horloger.
Mais pour moi, le sel du film provient plus de la façon dont Joe, éternel loser, va revenir sur terre, et au lieu d'y retrouver le bonheur, y être confronté à son propre univers, mais par personne interposée, car quand il retourne sur terre avec un stratagème, il emmène accidentellement "22" avec lui, et au lieu d'habiter son corps, Joe va devoir passer une demi-heure de film dans la peau d'un... Non, regardez-le plutôt, je ne veux pas vous gâcher ce plaisir. Mais le conte initiatique double va aussi passer par la découverte du plaisir de vivre par l'âme n°22, dans la peau d'un pianiste de jazz frustré, et c'est irrésistible.
Et pour finir, le film a été fait dans un souci de respect culturel, de la communauté Afro-Américaine d'abord, mais aussi afin de ne pas enfermer l'intrigue existentielle dans une seule obédience religieuse. Une façon de respecter les religions comme celles et ceux qui n'en ont pas, ce que les Américains ont parfois tendance à oublier.
Cinquième (et pour l'heure, dernière) histoire de Wallace et Gromit, A matter of loaf and death (un jeu de mots autour du titre d'un chef d'oeuvre de Michael Powell, et de Loaf, le mot qui désigne une miche en anglais) retourne après The curse of the were-rabbit au court métrage de trente minutes, un format qui sied particulièrement à l'univers des deux héros. On y retrouve donc les habitudes: le chien et son homme se sont lancés dans une nouvelle entreprise, cette fois ils sont boulangers-pâtissiers; et c'est une assez mauvaise idée car un cereal-killer, qui exécute un à un tous les boulangers, rôde... C'est le moment qu'a (mal) choisi Wallace pour tomber amoureux d'une femme qu'il a reconnue comme étant l'ancienne actrice qui incarnait une publicité pour une farine légère...
Mise en scène à la précision diabolique, "englishness" jusqu'au bout des doigts, supériorité affichée de l'animal muet sur l'adulte bavard et fromageovore, jeu permanent sur l'univers choisi (ici la confection de pain, et les animateurs n'en perdent pas une miette), et un script solide, c'est en tous points une réussite certaine, qui réjouira de la même façon que les films de court métrage précédents, tout en offrant une atmosphère parfois franchement surréaliste dans certaines scènes...