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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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18 février 2019 1 18 /02 /février /2019 15:40

Après le départ de Tex Avery, Bob Clampett a "hérité" de son unité, pour ses bons et loyaux services en tant qu'animateur sous les ordres de Tex, puis en tant que réalisateur des Looney Tunes, les dessins animés "économiques" en noir et blanc; ce qui veut dire qu'il allait pouvoir lui aussi réaliser des "Merrie melodies" (soit des films plus ambitieux, en couleurs, qui portaient en eux le prestige du label WB...

Sauf que Clampett étant Clampett, il a probablement fait plus fort encore que Tex Avery en matière de délire et d'affranchissement des limites. Ce film, qui raconte l'histoire rythmée dans le jazz le plus swing, d'un chat dragueur et assez clairement obsédé sexuel, en est une illustration parfaite: l'animation n'y est pas confortable et rassurante, mais frénétique et excessive, une marque de fabrique des films de Clampett, qui va profiter des moyens qui lui sont donnés pour pousser le bouchon de l'animation très loin: c'est à partir de cette époque en particulier qu'avec Manny Gould et Rod Scribner, il va prendre l'habitude de multiplier les dessins extrêmes dans les mouvements rapides, ajoutant à l'impression de folie furieuse de ses séquences animées...

Bref, on en prend plein la figure, et les Merrie Melodies, vitrine huppée du département animation de la Warner, qui souhaitait faire concurrence aux Silly Symphonies, ne survivra pas longtemps: pour preuve, ce film est sorti sous étiquette Looney Tunes...

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Published by François Massarelli - dans Looney Tunes Bob Clampett Animation
18 février 2019 1 18 /02 /février /2019 15:28

Cinquième film de Clampett à mettre Bugs Bunny en vedette, Corny concerto (1943) anticipe le travail de Friz Freleng, qui allait représenter dans Herr meets hare un lapin qui s'adonne à du ballet avec rien moins qu'Hermann Goering, ainsi que le fameux (Mais plus tardif) What's opera Doc? de Jones. Et ce nouveau film est une parodie de Fantasia, que Clampett a vu et revu avant de s'y attaquer : il y représente un Elmer Fudd modelé sur le présentateur du film-concert, mais avec un rien moins d'élégance dans le maintien...

Deux oeuvrettes musicales y sont illustrées à la façon de Disney (Et dans un style comme toujours animé par McKimson, mais visiblement bien différent de celui habituel de Clampett): Tales from the Vienna Woods, et Le Beau Danube Bleu, de Johann Strauss. Si le deuxième se voit gratifier d'une intrigue inspirée du Vilain petit canard, le premier est une énième variation sur le principe du chasseur et du lapin... Le premier est Porky pig, le deuxième est bien sûr Bugs.

C'est éblouissant de bout en bout, surtout la première partie, où chaque geste est pensé non seulement pour accompagner la musique, mais aussi en fonction de la marodie et de l'histoire racontée. On peut faire confiance à Bugs Bunny pour en faire des tonnes, et Clampett le rend virevoltant, excessif, en contrôle mais pas que : sur la fin, le lapin est une silhouette qui se perd dans ses excentricités au point de tomber à la renverse...

Le Danube bleu est l'occasion pour Clampett d'improviser une jeunesse de Daffy duck, en canard qui souhaite s'incruster dans une famille de cygnes. C'est impeccable et très drôle, là encore, avec un style qui rappelle Disney, mais qui n'en est pas...

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Published by François Massarelli - dans Animation Bugs Bunny Bob Clampett Looney Tunes
12 janvier 2019 6 12 /01 /janvier /2019 18:25

Le film qui a révélé Brad Bird, metteur en scène multi-récompensé de The Incredibles (ainsi que de son excellente suite récente), de Ratatouille, de MI4 et de Tomorrowland, est un film d'animation, réalisé pour la Warner à l'époque où celle-ci cherchait à rivaliser (un peu) avec Disney: sans grande surprise, compte tenu de la qualité parfois douteuse des films qu'ils ont sorti sous cette bannière maintenant défunte, le long métrage réalisé et écrit par le futur petit génie de Pixar est le meilleur film d'animation de long métrage jamais sorti par WB, tout simplement, tout en étant particulièrement personnel et singulier...

On parle ici d'animation à l'ancienne, donc majoritairement en 2D, même si Bird se laisse volontiers aller à utiliser avec une grande efficacité les effets 3D. L'intrigue, adaptée d'un roman de 1968 (The Iron Man) de Ted Hughes, est transposée de la Grande-Bretagne vers la côte Est des Etats-Unis, le Mine plus précisément (déjà un endroit bien connu pour ses attaques de Carcarodon Carcarias, si je ne m'abuse...). Hogarth Hughes est un petit garçon, fils unique élevé par sa maman veuve d'un pilote de chasse décédé, qui a tout du gamin des années 50: fan de films de science-fiction, peu intéressé par l'école, mais surtout désireux d'avoir un peu de compagnie. Il va en trouver lorsqu'un robot géant venu d'une autre planète va se poser à cinquante mètres de chez lui, et devenir son copain. Sauf qu'à cette époque, l'arrivée d'un engin comme celui-ci, non seulement aura du mal à être discrète, mais à l'heure où Spoutnik tourne autour de la terre pour narguer les Américains, les paranoïas vont s'échauffer...

Le style d'animation est d'une grande efficacité, avec un graphisme qui est à la fois l'héritier des Disney des années 60 et 70, et bien sûr des oeuvres de Chuck Jones, et c'est d'autant plus réussi que Bird a choisi de traiter son film comme une histoire avec des acteurs, et obtient de ses créatures aimées la même intensité émotionnelles, sans jamais mobiliser comme le font les plus embarrassants longs métrages de Disney les clichés les plus éculés! Et sa fable, qui traite non seulement avec tendresse d'un garçon à part, et de son amitié avec un tas de ferraille gigantesque qui est profondément attachant, se pare de couleurs particulières pour interroger la part d'ombre de l'humanité, dans son versant Américain. Il le fait néanmoins en ne diabolisant pas systématiquement les militaires, puisqu'il a choisi un agent spécial obsédé par l'ingérence étrangère pour incarner le mal dans son film.

Et il touche aussi des thèmes plus profonds, et qu'on retrouvera au long de son oeuvre cinématographique: la notion de choix de son destin par un protagoniste, est ici la principale leçon de Hogarth à son ami le Géant, quand il lui fait comprendre que ce n'est pas parce qu'il a été construit comme une arme destructrice qu'il doit nécessairement se laisser aller à le devenir... Un thème qu'on peut aussi, sans aucun doute, lire à double sens, là encore en le considérant comme un commentaire sur les USA des années 50, et ce qui en a suivi. Mais il a surtout fait un film, avec talent, justesse, tendresse et humour: ce Géant de fer est un pur chef d'oeuvre, comme les deux films qui suivront...

 

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Published by François Massarelli - dans Animation Brad Bird
3 janvier 2019 4 03 /01 /janvier /2019 10:14

C'est toujours un plaisir de voir les courts métrages de la série Goofy réalisés chez Disney dans les années 40 et 50, particulièrement ceux consacrés au sport: un paradoxe personnellement puisque rien, mais alors rien du tout ne m'intéresse dans le sport! Mais la routine établie vers le début des années 40 était de les traiter en faux documentaires, et de jouer sur deux décalages: d'un côté, le décalage entre la simplicité légendaire du personnage, et la préciosité éminemment prétentieuse du narrateur, John McLeish; de l'autre, le décalage entre les commentaires sur la bonne tenue du sport à pratiquer, et les tentatives plus que burlesques de Goofy...

The art of skiing (dans lequel le narrateur passe son temps à insister sur une prononciation par ailleurs plus que douteuse) n'est que l'un de ces films parfaitement équilibrés, et on y voit Goofy aux prises avec des skis récalcitrants. On notera qu'il ne parle pas, se contentant de faire entendre son fameux cri: la raison est bien simple, et c'est aussi la raison pour laquelle il a été amené à devenir la mascotte de ces faux documentaires,au lieu de continuer à avoir sa série de mésaventures narratives: LA "voix" de Goofy depuis 1932, Pinto Colvig, était en froid avec son ancien patron. 

Pour finir, je rappelle que s'il y a bien quelqu'un qui n'a jamais rien fait dans un film Disney, c'est Disney lui-même. Le réalisateur de ce film est Jack Kinney; retenez bien ce nom, car vous ne le verrez pas au générique...

 

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Published by François Massarelli - dans Animation Disney
30 décembre 2018 7 30 /12 /décembre /2018 11:09

La tradition est respectée: The Incredibles, en 2004, avait été à l'origine de la confection d'un court métrage qui en explorait certaines coulisses: lors de l'intrigue, les Parr devaient laisser à leur baby-sitter Kari leur dernier né, le petit Jack-Jack, dont on soulignait à plusieurs reprises, dans le long métrage, l'absence de pouvoirs... détectés, du moins. Et Kari vivait un enfer.

Cette fois, c'est Edna Mode qui doit faire la baby-sitter, et elle sait, parce que Bob Parr le lui a dit, qu'il y a effectivement des pouvoirs, mais pas qu'un peu: en ayant vu d'autres, Edna est fascinée et volontaire pour le garder, avec comme corollaire à cette mission, la confection d'un costume tout-terrain. 

Pas de suspense, ni de grosse surprise pour qui a vu le film Incredibles 2, donc, mais ce n'est pas grave: Jack-Jack et Edna, c'est un couple paradoxal qui fonctionne très bien, et la découverte des pouvoirs de ce danger public à face d'ange (la plupart du temps, du moins), est une source inépuisable de gags sublimes. Le film, qui mord légèrement sur le long métrage, a été dirigé par le superviseur de l'intrigue du film de Brad Bird, Ted Mathot, et une bonne part de l'animation découle directement du long métrage: comme quoi le recyclage a parfois du bon!

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Published by François Massarelli - dans Animation Pixar Disney
30 décembre 2018 7 30 /12 /décembre /2018 10:54

Dans la maison d'une famille Sino-Canadienne, la maman prépare des baos: des petits raviolis fourrés aux légumes, cuits à la vapeur. Elle met la table pour elle et son mari, et le repas se passe... très vite: Monsieur avale tout très vite et part au travail, laissant Madame toute seule. De dépit, elle enfourne un bao... sauf que celui-ci se rebelle! elle le sort de sa bouche et constate que le dernier bao se comporte comme un nouveau-né... Elle va donc s'en occuper, l'accompagner dans ses premiers pas, le nourrir, le voir grandir, et le voir l'abandonner...

Un grand nombre de personnes ont exprimé leur confusion devant ce film, aux Etats-Unis. Il faudra s'y faire: encouragés par certains dirigeants, les gens ont décidé de voir le monde avec les oeillères de leur ethno-centrisme ragaillardi! Donc, je le dis pour le blanc moyen, ce film est empreint de culture Chinoise, et plus précisément il nous parle du "syndrome du nid vide". Le fait de mêler, comme Domee Shi l'a fait, nourriture et famille, émotions et culture, est assez typiquement Chinois en effet, et c'est fait de façon magistrale. Après, si les gens ne peuvent comprendre ce qui est devant leurs yeux, tant pis! Reste un film superbe, plus intimiste que bien des courts métrages Pixar, tout en proposant ce qui fait le meilleur de la plupart d'entre eux: de l'émotion, car on y affronte effectivement une thématique (familiale bien sûr) douloureuse, mais aussi une animation des objets inanimés, plus une esthétique intéressante.

Réjouissons-nous que pour accompagner le film dans lequel Helen Parr prend les rênes de l'entreprise familiale qui sauve le monde (Incredibles 2), les dirigeants de Pixar aient encouragé une femme, qui plus est d'origine doublement exotique: elle aussi est Sino-Canadienne.

 

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Published by François Massarelli - dans Animation Pixar Disney
30 décembre 2018 7 30 /12 /décembre /2018 09:58

Je n'aime pas cette manie, chez Disney ou les autres, de gâcher un film a posteriori en livrant une suite contractuelle. D'ailleurs, on constatera que dans bien des cas, en particulier pour les films Disney-Canal Historique, la suite est purement et simplement un objet commercial et ultra-formaté qui sort directement en vidéo, sans passer par les salles: Mulan 2, Le bossu de Notre-Dame 2, etc... Oui, mais il y a eu Toy Story 2! Ou la possibilité, cinq années plus tard, de revenir aux personnages et d'aller plus loin, et honnêtement, de faire mieux, beaucoup mieux, que le film initial. On pourrait aussi argumenter à partir des exemples habituels, The Godfather Part II ou The Empire Strikes Back, et conclure, après tout, qu'il y a suite et suite... Pourtant on n'attendait pas (en fin, JE n'attendais pas!) de suite au carton fabuleux de Brad Bird, à ce qui restait pour moi le film le plus abouti de toute la galaxie Pixar. Tellement complet, achevé, fermé aussi, que 'on pouvait vraiment se demander ce qui motiverait une remise en route de la franchise. Mais entre le premier film et le deuxième il y a eu le passage de quatorze années, des changements internes au studio, la carrière de Brad Bird qui a eu des hauts (Ratatouille, avec Pixar, et Mission Impossible, le protocole fantôme, sans Pixar) et des bas, voire très bas (L'échec commercial de Tomorrowland, pour Disney)...

...et il y a eu Donald Trump et l'affaire Weinstein.

Bref: le monde quatorze années après The incredibles a suffisamment changé, et tous ces gens ont suffisamment ruminé pour qu'on puisse espérer, au moins un bon film, non? Mais si ce n'était que ça!

La décision prise pour relancer la machine a été de prendre exactement à la fin du premier: on se rappelle que dans une fin ouverte qui laisse présager un retour en grâce des super-héros, la famille Parr unie comme jamais, après avoir débarrassé leur ville de la menace de Buddy, le fan de super-héros passé du coté des Super-Méchants, s'apprêtait à affronter un autre Super-Méchant, qui faisait son apparition. C'est généralement casse-gueule, mais le film commence en effet par développer cette situation, de deux façons: bien sûr, on aura une bataille héroïque, délirante, dans laquelle toute la famille (et leur copain Frozone) vont s'impliquer, pour un résultat en demi-teintes: menace écartée, certes, mais des dizaines de bâtiments endommagés, des sommes considérables volées à la banque, et en prime, le criminel ne sera pas arrêté! Un reproche qui sera souligné par tous, avec pour effet de confirmer de façon plus importante encore la défiance à l'égard des super-héros. Comme le dit un policier aux Parr: laissez faire les assurances, bon sang!

La deuxième façon de réintroduire la scène de fin du premier film fait l'objet de la séquence d'ouverture: on y rappelle un gag qui a servi d'argument au court métrage Baby-Sitting Jack-Jack. Rick Dicker est un agent des services secrets dont le boulot consiste à "nettoyer" derrière les super-héros, et notamment effacer la mémoire des témoins qui ont vu quelque chose qui pourrait les amener à percer l'identité des super-héros: ici, Dicker efface la mémoire de Tony, le garçon qu'on voyait flirter avec Violet Parr à la fin du film; il a vu les "indestructibles" en action, et a reconnu Violet... Un effacement qui sera lourd de conséquences, puisque en effaçant la mémoire de ce jour-là, Dcker efface aussi tout souvenir de Violet. Mais rassurons-nous, le film ne va pas nous conter les mésaventures de Violet tentant de reconquérir le jeune homme, non: leur idylle balbutiante n'est que la victime collatérale d'une situation qui dans son ensemble est plus détaillée, plus réaliste presque, que dans le premier film: après l'affaire lamentable d'un sauvetage partiel qui tourne mal en effet, les super-héros sont donc conspués par la police, la justice et la presse, sans parler du public; les Parr sont privés de leur maison qui a brûlé à la fin du premier film; et il faut tout reconstruire... 

C'est ici qu'intervient un nouveau groupe de protagonistes: un milliardaire enthousiaste avec un lien fort au passé (son père était un mécène qui aidait les super-héros à l'époque de leur gloire, et est mort dans des circonstances tragiques); ce nouveau personnage, Winston Deavor, est un spécialiste de la télécommunication, et il travaille avec sa soeur Evelyn (incidemment, elle est délicieusement interprétée par la grande Catherine Keener) dans une firme multinationale aux moyens super-illimités...

Bien sûr qu'on sent que ça va amener des ennuis, mais reprenons.

...Aux moyens super-illimités, donc, avec lesquels ils ont décidé de contacter autant de super-héros mis au ban que possible, afin d'aider à leur réhabilitation: simple, dit Winston Deavor... Il suffit de manipuler l'opinion, et d'assurer soi-même la couverture médiatique. Il s'agit aussi de contrôler l'impulsivité des justiciers aux super-pouvoirs, et c'est la raison pour laquelle les premiers essais seront faits, non pas avec le "couple" Mr Incredible/Frozone, jugés trop "destructeurs", mais avec ElastiGirl, soit Mme Parr, dont le style plus subtil, plus féminin, conviendra à merveille à un retour en grâce sous monitoring médiatique. Si josais, je dirais que cette fois c'est elle qui fait bande à Parr...

Beaucoup des éléments de la thématique du premier film sont donc présents, à commencer par le sens aigu de la famille, la difficulté de cohabiter à côté des gens "normaux", la quête identitaire (même si le film nous la présente comme partiellement résolue)... Il y a aussi des reprises intelligentes de certains atouts: la présence d'Edna Mode, jalouse car les Deavor ont fait appel à un autre designer pour les costumes des Parr; la question des super-pouvoirs potentiels de Jack-Jack, dont nous savons nous qu'ils sont particulièrement délirants si nous avons vu le court métrage qui lui était consacré, ce que Bob Parr, puis ses enfants, et enfin Helen vers la fin, vont découvrir par eux-mêmes... Mais le plus important, c'est sans doute la reprise par le deuxième film de la situation de base, mais inversée: cette fois, c'est Helen qui part pour travailler pendant que Bob reste à la maison, permettant en effet à toute une thématique de se mettre en place, autour de la guéguerre des genres. Helen, d'ailleurs appuyée par Evelyn, se met en avant d'une façon inattendue quand on a vu le premier film, et Bob apparaît effectivement comme un gros super-nounours incapable de maîtriser sa force exceptionnelle... 

A ces éléments viennent s'ajouter de nouvelles épices fascinantes: Brad Bird étudie de quelle façon les nouveaux communicants pourraient en effet "vendre" du super-héros, en optimisant tout et n'importe quoi. Le portrait de Winston Deavor, tout en en faisant un personnage positif, est ambigu, et nous laisse un goût étrange, surtout quand il fait dire à Helen "It's time to make Super-Heroes great again": sans doute pas un hasard, non? Le film joue sur cette ambiguité, en nous montrant un monde qui tourne fort mal, finalement, où le public peut nous apparaître comme une masse de crétins ignorants des bienfaits qui les préservent, et capables de se jeter dans le moindre piège médiatique. Tiens donc!

...Mais le film n'est pas qu'un prêche, c'est d'abord et avant tout une montagne russe de gags, d'émotions, de séquences d'action impeccablement réalisés, et d'animation sublime. Le rendu des personnages est de plus en plus beau, le style de Brad Bird et Pixar est ici à son plus haut niveau, et en prime le rendu des décors est encore plus hallucinant que la dernière fois. La musique est splendide, etc etc. Pour finir, Jack-Jack est absolument Incredible.

 

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Published by François Massarelli - dans Pixar Animation Disney Brad Bird
17 septembre 2018 1 17 /09 /septembre /2018 15:42

Uchronie: un néologisme du XIXe siècle désignant une oeuvre de fiction basée sur la réécriture d'un événement du passé. Par exemple, Avril et le monde truqué part d'une scène durant laquelle Napoléon III meurt quelques semaines avant le déclenchement de la guerre Franco-Prussienne, et cette guerre n'a pas lieu, ne mettant donc pas fin au Second Empire, qui prospère encore jusqu'au milieu du XXe siècle... L'essentiel de l'intrigue de cette fiction uchronique donc, se situe en effet en 1941, sous le règne de Napoléon V. Parmi les autres changements, on remarque que le XIXe siècle a raté un certaine nombre de progrès suite à la disparition mystérieuse de tous les savants d'importance. C'est donc une humanité à l'âge du charbon, qui hoquette et qui survit de moins en moins agréablement, qui peuple ce film.

Avril, c'est la dernière descendante d'un scientifique génial, donc, mais son père et son grand père ont bien des talents aussi. Elle doit se battre dans une société qui se méfie des scientifiques (c'est fort bien expliqué dans le film) et réussir à retrouver sa famille dont elle a été séparée, tout en déjouant un complot étrange, mené par... mais je vous laisse découvrir tout ça, d'autant que c'est assez franchement irracontable.

Mais ce qui est tout à fait à mentionner, c'est que d'une part le film repose sur une série de dessins de Jacques Tardi, et épouse son univers d'une façon frappante, donnant à ce 1941 qui refuse le progrès l'allure d'une Belle Epoque steampunk. L'artiste et son style génial ont été respectés de A jusqu'à Z, donnant à ce dessin animé qui ne ressemble à aucun autre, une allure et une classe folle. D'ailleurs Tardi est tellement présent qu'on le créditerait volontiers à la co-mise en scène... Rien que pour ça, il faut voir ce film délicieusement farfelu dont Tardi là encore a beaucoup orienté le délire. 

 

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Published by François Massarelli - dans Animation
17 septembre 2018 1 17 /09 /septembre /2018 15:28

Dans ce film qui est particulièrement surprenant, ce qui compte n'est pas l'intrigue, ou du moins celle qui fait semblant de s'installer sous nos yeux ébahis. Car si le film est totalement une oeuvre de 2013, en 3D et images de synthèse, elle commence... par être un petit dessin animé en noir et blanc, avec post-synchronisation qui craque qui souffle et qui pète de rigueur, et qui n'occupe qu'une proportion infime de l'écran. Car, et on va vite s'en apercevoir, ce que nous voyons n'est pas un authentique dessin animé de Mickey Mouse de 1929, mais bien... un faux qui est projeté dans une salle, et dont les personnages vont être propulsés en dehors de l'écran par le méchant, Peg-leg Pete.

A la base, l'histoire est une sempiternelle ballade dans la campagne pour Mickey et toute sa ménagerie, qui est rendue dangereuse par l'irruption de l'ennemi juré de Mickey, qui a vu... Minnie. Ne reculant devant aucune vilenie, le gros chat va l'enlever et semer la terreur... Jusqu'au moment où, propulsés hors de l'écran, Mickey et le cheval Horace se retrouvent dans le cinéma, occupés à regarder eux aussi le film. Le reste, qui va très vite et qui est très drôle, montre de quelle façon les personnages (en couleurs) qui passent de notre côté de l'écran trouvent à agir sur le film étant projeté pour renverser (littéralement, parfois) la donne. C'est une nouvelle merveille...

La réalisatrice, Lauren McMullan, est une grande fan de la période des premiers Mickey, et ça se voit: elle a très bien étudié leur rythme, leur approximation, le rapport entre le son et l'image, et surtout leur incroyable grossièreté. Mais elle joue aussi beaucoup sur le décalage temporel, sur le fait par exemple qu'une fois passé de l'autre côté de l'écran, Mickey adopte une vision beaucoup plus cynique, et a aussi accès... à un portable! Non, je n'en dirai pas plus, mais sachez toutefois que le film est disponible sur Youtube, et aussi sur le DVD/Blu-ray de Frozen/La Reine des Neiges (ce qui fait au moins une raison de l'acheter), et qu'Eric Godlberg, le grand historien-animateur surdoué, est l'un des responsables de l'animation.

 

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Published by François Massarelli - dans Animation Disney
20 août 2018 1 20 /08 /août /2018 17:00

C'est en 1937, soit trois ans après la sortie du film WB Dames, que Tex Avery va en détourner la pièce de résistance. On sait que la plupart des fimls de la série Merrie Melodies sont largement basés sur les chansons entendues dans les films de la Warner; le fait que I've only got eyes for you, chanté à deux reprises par Dick Powell dans le film déjà cité plus haut de Ray Enright, soit devenu plus ou moins un « tube » de l'époque, n'a fait qu'encourager le studio de Leon Schlesinger...

Mais en 1937, on attendrait plutôt que Friz Freleng ne dirige un tel film... Car le style du vétéran et celui du Texan, sont quand même radicalement différent. A la base, le script du film raconte l'habituelle histoire mélodramatique du ver de terre amoureux d'une étoile. Un oiseau, vendeur de glace, aime une belle dame canari, qui ne se soucie pas de lui, puisqu'elle n'aime que les crooners. Il va la séduire par un stratagème, et rater sévèrement son coup... Mais dans le film d'Avery, tout change. D'abord, il allonge l'exposition pour en faire un prologue, donne une substance (parodique, certes, mais quand même) non négligeable au personnage principal, et en fait la victime des attentions pas vraiment catholiques d'une oiselle défraîchie, qui veut le garder avec elle pour le gaver de tartes ; enfin, il fait de la dame des pensées du héros une émule de Katharine Hepburn, un gag qui reviendra souvent... Et c'est plutôt drôle.

Le héros, qui parle avec un bafouillage particulièrement prononcé, est le contraire même de la sophistication, et il lui faut trouver un partenaire pour devenir un crooner : il persuade un imitateur (doué, il en fait une démonstration impressionnante) de chanter dans son camion de glace, pendant qu'il chante en play-back, une chanson qui n'est autre que...

(Soupir)

...I've only got ice for you. Tout ça pour ça ? Disons que quand un jeu de mot est aussi insondablement, glorieusement, pathétiquement mauvais, il mérite au moins l'attention, sinon le respect...

Quant à la morale, c'est le héros qui la fournit, lorsqu'il se résigne à accepter les avances en tartes de l'autre femme : Anyhow, she can cook.

 

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Published by François Massarelli - dans Animation Looney Tunes Tex Avery