Abe Levitow travaille depuis plusieurs années avec Chuck Jones quand il réalise ce film en solo. Mais au-delà de son travail d'animateur, il a souvent été crédité comme co-réalisateur auprès de son mentor. Comme en plus le scénariste du film n'est autre que Michael Maltese, on ne sera pas étonné d'être en territoire connu...
Et pourtant il y a eu un effort pour dépoussiérer cette nouvelle aventure désastreuse du putois Pepe Le Pew (qui pour la première fois revendique ce nom): d'une part, c'est situé à la Nouvelle Orléans, donc ça renouvelle un peu le canon. Et les abus du français sont assez peu nombreux. Non, le principal ajout du film est sans doute l'idée de base: un couple de chat a eu deux filles, mais l'une d'entre elle est affublée de naissance d'une tare impossible à cacher: une bande blanche sur son pelage le long de la colonne vertébrale. Inutile de dire qu'ainsi marquée elle ne trouve pas de fiancé. Jusqu'à l'arrivée d'n bateau venu de France...
Ben Sharpsteen est l'un des vétérans de la production de courts métrages chez Disney, depuis les années 20. ce qui explique sans doute que ce troisième film en couleurs ait tendance à se replier sur les recettes établies depuis quelques années, en montrant Mickey faire du patin à glace dans d'étranges parcours géométriques qui sont un peu datées: les premiers Sylly Symphonies et les premiers Mickey raffolaient de ce genre de trucs, mais justement: c'est un truc, pas autre chose...
Ce qui resitue le film dans l'évolution, par contre, c'est une animation formidable, y compris dans une introduction impressionnante par le nombre de personnages. Et le fait que dans cette évocation des plaisirs de la glace, le spectateur apprécie les aventures croisées de Mickey, Goofy, Donald et Pluto, dans une formule que les réalisateurs de ces courts utiliseront souvent: établir dans un premier temps que tous les amis vont faire du patinage ensemble, puis les séparer pour multiplier les possibilités. Bref: ce badinage artistique est du pur plaisir...
Jones ne perd pas de temps à installer le McGuffin traditionnel de la chatte malencontreusement repeinte, et ensuite, Penelope et Pepe seront seuls au monde dans un cartoon notable par ses ruptures de rythme, un rait commun à tous les films de Chuck Jones. Une bonne portion du film se passe sous l'eau, inspirant au putois un aveu inattendu: les putois, dit-il, on l'habitude de se retenir de respirer... Enfin, les deux "tourtereaux finiront ensemble sur une île entièrement cernée d'une plage, en forme de coeur, où ils se poursuivront jusqu'à épuisement. Comme dirait l'autre, "c'est la guerre!"
Pour échapper à une horde de chiens, une chatte a une idée brillante: se peindre une bande blanche sur le dos... Faut-il, à partir de là, préciser qu'elle va devenir la cible des intentions obsessionnelles d'un putois amoureux, et que la langue française va copieusement souffrir?
L'équipe de Chuck Jones se fait plaisir en poussant la stylisation de façon de plus en plus radicale, et Maurice Noble va jusqu'à tenter les arbres transparents... Sinon, un gagman s'est fait plaisir en inscrivant sur une vitrine 'Jean Valjean, Candlestiques et Bread'....
Ce film de court métrage est le deuxième de la série Mickey Mouse produit en Technicolor trois bandes. On sait que Disney avait l'exclusivité de ce procédé jusqu'à cette année 1935 précisément, et ne l'utilisait que sur les films de la série Silly Symphonies. Mais The band concert déjà réalisé par Wilfred Jackson en 1935, qui était d'ailleurs un remake d'un ancien film en noir et blanc, était une révélation en même temps qu'un chef d'oeuvre. Une réussite dure à suivre, d'ailleurs...
C'est pourtant assez réussi. Plus routinier dans sa seconde partie toutefois: Mickey et Pluto s'occupent de leur jardin comme on part à la chasse: Mickey porte son vaporisateur de produit insecticide comme on tient un fusil, et Pluto se met en arrêt en bon chien de chasse, devant des fruits et légumes infestés d'insectes... Derrière le gag d'assimilation, un constat: l'équipe de Disney ne laisse aucune occasion de surprendre et de réinterpréter la nature de côté; et en plus ils le font si bien...
Mais après un passage époustouflant, où les bestioles doivent s'enfuir puis se réorganisent (notons que du coup c'est Mickey le méchant), le film devient un peu plus attendu, lorsque Mickey s'asperge de son propre produit et perd conscience, devenant en rêve minuscule à son tour. Ca reste drôle, a occasionne de fabuleux gags (Mickey coincé sur un ver de met à imiter la démarche de Chaplin, un gag que je ne pourrais pas vous décrire plus explicitement, il faut le voir), mais c'est le sempiternel "Mickey contre les monstres" qui virait au procédé, aussi efficace soit-il: pas de variations vertigineuses sur la tempête ici, comme dans The band concert...
Ce qui est bien avec les studios Disney (je parle ici spécifiquement de la partie animation, la VRAIE), c'est qu'ils n'avaient pas abandonné leurs vedettes, les reprenant a besoin, et les mettant au goût du jour apparemment sans qu'il y ait besoin d'un effort particulier. Et la politique de sorties des années 80 et 90 avait au moins l'avantage de laisser de la place aux moyens métrages, celui-ci par exemple a été distribué en première partie du pas vraiment mémorable The rescuers down under...
La formule est simple, a déjà été testée sur Mickey's Christmas Carol, et sera à nouveau appliquée sur The three musketeers: on prend une histoire connue, et on l'adapte de manière à ce qu'elle corresponde au format relativement court en donnant au maximum la vedette aux "stars" Disney: Mickey, Goofy, Pluto, Donald, Peg-leg Pete. Et le résultat est un petit film très soigné, à l'animation réussie, et qui bouge tout le temps puisque ça doit durer 24 minutes...
L'histoire de Mark Twain permet en prime à Mickey Mouse de jouer un double rôle, et on accepte facilement ce procédé, tellement le design de cette toute petite souris nous apparaît comme l'évidence même.
On prend les mêmes et on recommence: un chat déguisé en putois rencontre une fois de plus le serial lover Pepe, et va l'avoir sur le dos sur tout un cartoon et plus si affinités... C'est un film routinier, mais qui possède une mise en route notable par son originalité. Il est vrai que le principe qui consiste systématiquement à faire se rencontre un putois et un chat déguisé n'a pas attendu longtemps pour être répétitif...
Donc ici, ce qui mène à cette rencontre est très élaboré: dans les alpes, un petit monsieur se rend chez le poissonnier, pour acheter une toute petite sardine. Revenu chez lui, il l'accroche à une canne à pèche, et agite le poisson au-dessus de Fifi, jeune chatte noire et blanche, et l'attire chez lui. Là, il lui peint le dos, et se rend avec elle à la banque, où il la laisse faire son effet: croyant voir un putois, tout le personnel et toute la clientèle vident les lieux, et le cambrioleur n'a plus qu'à vider les caisses...
...le reste est la routine: rencontre, come with me to the casbah, poursuite.
Un studio Parisien de cinéma, en 1913, s'apprête à lancer une production animalière, et le metteur en scène bat le rappel des troupes: il lui manque un putois "sans le pew". L'accessoiriste trouve une solution que n'importe qui ayant vu au moins un film du putois Pepe, saura anticiper: il peint le dos d'une chatte qui, la pauvre, n'a rien demandé à personne. Sur ces entrefaites, arrive un vrai putois, donc "avec le pew", qui cherche à rencontrer Torma Nalmadge... Je vous laisse deviner la suite.
Jones fait de nouveau confiance à Maurice Noble (pour les décors) et Abe Levitow (dont le dessin très particulier, et volontiers anguleux, est la clé de l'animation de ce film), et a se voit... C'est le plus avant-gardiste à ce stade de la carrière de Jones. Et sinon, bien sûr, Pepe restera toujours Pepe! Un ingrédient intéressant du film,outre le massacre réjouissant et absolu de la belle langue de Jean-Marie Bigard et Désiré Landru, est le fait que le film étant situé à l'époque du muet, les auteurs se sont certes déchaînés, mais il l'ont fait avec une certaine culture...
Ca commence un peu comme dans Thugs with dirty mugs, de Tex Avery: la "Last National Bank" vient d'être dévalisée... Le bandit, toutefois, s'enfuit en voiture et va se planquer. Il serait passé complètement inaperçu, si un démarcheur à domicile n'était venu pour placer sa camelote chez lui. Un certain Daffy Duck, et dans son métier, il est l'un des pires: l'un de ceux qui vendent de tout, et ne vous lâcheront absolument jamais... Bref: la lutte est inégale, et le bandit dangereux... va souffrir.
C'est un régal, tant par une animation toute en rondeur (alors que celle des concurrents directs de Davis avait tendance à s'affiner), et aussi par le ton délibérément foutraque de l'ensemble. Davis, contrairement à Freleng, Jones et McKimson, qui avaient affadi le personnage de canard créé par Clampett et Avery au point d'en faire un insupportable geignard malchanceux, retourne à la puissance loufoque de Daffy Duck, et s'en amuse en nous conviant à la fiesta.
Porky Pig est bûcheron et souhaite faire son métier, mais il s'est attaqué à forte partie: il souhaite abattre un arbre dans lequel un écureuil New Yorkais est venu chercher "du repos et de la relaxation"... Celui-ci va lui mener la vie dure.
Oublions Porky Pig, le "héros" prétexte de ce film, dont le personnage d'écureuil (son le visage plein de rondeurs porte la marque graphique de Davis) a beaucoup plus intéressé le réalisateur. Et de fait, il semble venu tout prêt, avec son costume, ses spécificités culturelles (un fort accent New Yorkais, une tendance à se costumer à la mode, et une attitude totalement décontractée), pour devenir un personnage récurrent... ce qui ne se fera pas.
Peut-être était-ce à cause de le proximité évidente avec Bugs Bunny qu'il n'aurait pas été difficile d'insérer en lieu et place du rongeur dans ce court métrage? Ou bien parce que l'influence de Tex Avery et de son écureuil dingue (même si celui-ci est bien plus concret!) était trop palpable? Que cela ne nous empêche pas de goûter ce film, il est délectable...