Après avoir créé un personnage, Bosko, qui semble tourné vers la culture Afro-Américaine, les animateurs de la warner et du studio de Leon Schlesinger ont complété avec Buddy, un personnage plus blanc que le yaourt, et tellement blanc qu'il en devient transparent... Ici, il est un peu l'homme à tout faire d'un "Beer garden": une brasserie à ciel ouvert... histoire de compléter l'arrière-plan culturel, c'est donc un environnement tout ce qu'il y a de plus occidental!
Le film ne raconte pas vraiment d'histoire, il nous promène dans un environnement qui devient le héros. Il est vrai que ce pauvre Buddy n'a pas grand chose pour lui... Mais les gags présentés, tous liés à l'une ou l'autre des activités attendues en ces lieux, sont souvent loufoques, et reviendront souvent en particulier dans les joyeux films fourre-tout de Tex Avery. Ils seront meilleurs, certes...
Quant à Earl Duvall, éphémère réalisateur (on disait "superviseur" chez Schlesinger) des Merrie Melodies avant qu'ils ne soient en couleurs, il a fait une carrière très courte dans l'animation. Il était surtout dessinateur de comics, et s'est illustré si j'ose dire en publiant de planches de Mickey Mouse. Sa carrière d'animateur a surtout été effectuée dans l'ombre d'Ub Iwerks (vous savez, le vrai créateur de la petite souris de Disney)...
Bosko se produit en public avec sa partenaire Honey. Il y a quelques ratés (deux chutes notamment) et un moment embarrassant, lorsque Bosko réalise qu'il parle avec un gant, qui avoue ne rien savoir faire. Bosko, lui, sait tout faire: chanter, danser, jouer du piano, et imiter Jimmy Durante, pendant que Honey, qui a tous ces talents, imit également Greta Garbo.
Sinon, on est à l'age du jazz: du moins de ce qu'à l'époque dans l'Amérique blanche, on croyait en être... Donc c'est rythmé, et assez gauche à ce niveau. Mais le plus notable, c'est l'efort permanent qui est fait pour confiner l'action sur une scène de théâtre, à l'heure où Busby Berkeley nous montrait le spectacle, dans les films Warner, en ouvrant les portes sur un vaste monde qui était à lui seul un univers parallèle...
Yosemite sam, pirate de son état, se lance à l'assaut d'un vaisseau, dont tous les marins et passagers s'enfuient... Tous sauf un: c'est un lapin. La lutte sera inégale...
Ce film de 1954 tire son titre de l'épopée de Raoul Walsh, parue quelques années plus tôt, Captain Horatio Hornblower... Mais c'est malgré tout à un autre film qu'il fait penser: un peu à la façon de Chuck Jones avec sa fameuse trilogie autour de la chasse au canard, Friz Freleng s'amuse avec des variations infimes sur le premier film, reprenant certains gags en les gérant différemment, et en les prolongeant de façon inédite... L'énergie spécifique à la rencontre entre Yosemite Sam et Bugs Bunny, de toute façon, fait naturellement le reste...
Depuis l'affaire des Wrong trousers, le diabolique Feathers McGraw est sous les verrous, la police a mis en sécurité le diamant qu'il convoitait, et Wallace et Gromit peuvent aquer à leurs occupations: pour l'humain, inventer des machines toutes plus délirantes les unes que les autres, et pour Gromit, son propriétaire, rétablir un semblant de normalité. C'est que Wallace s'est mis en tête de participer à la course à l'intelligence artificielle, et a créé Norbot, un robot efficace pour effectuer toutes les menues tâches... Mais Feathers McGraw, depuis sa cellule au zoo, a réussi à hacker le robot et en change le fonctionnement. Il semble tout faire pour réussir à prendre le contrôle de la maison de West Wallaby Street. Mais pourquoi?
Loufoquerie militante, un ton absurde qui joue beaucoup des accents, une équipe de police particulièrement ineffocace, un méchant légendaire (et un regard vide qui fait froid dans le dos), plus les inventions de Wallace... On peut dire qu'on est en terrain connu, avec cette fois-ci, pour la deuxième fois seulement, un long métrage, après The curse of the wererabbit... L'idée de revenir en arrière et de baser cette nouvelle intrigue sur la situation d'un court métrage mythique est évidemment excellente, et l'idée d'inclure la frustration de Gromit, qui se sent particulièrement délaissé, est de fort bon aloi.
Il y a peu de chances de se tromper, avec Wallace et Gromit, et le film fonctionne parfaitement, la dynamique repose sur du solide, et l'animation des studios Aardman est complètement à l'épreuve des balles. Cela étant dit, toutes proportions gardées, si on attend de tout nouveau film d'une franchise qu'il aille plus loin, on sera déçu. Je pense qu'il est difficile de faire mieux que le long métrage précédent, un sommet de rythme, d'invention et de scènes toutes plus folles les unes que les autres. Ici, on revient plus au train-train (admirable et roboratif, certes) des courts métrages... Pour parler en professeur, en terme de notes on ne dépasserait pas le 18 sur 20. On peut aussi s'en contenter, non?
Dory, la plus oublieuse des poissons femelles, vit une petite vie tranquille en compagnie de Marlin et Nemo, ses deux amis rencontrés dans Finding Nemo... Elle vit à l'abri de son pire souvenir, puisqu'elle n'a aucune capacité à imprimer les faits qui se déroulent autour d'elle. Mais elle a quitté un jour ses parents, et les a cherchés, jusqu'à ce qu'elle ne se rappelle plus qu'elle les cherchait...
Et un jour, alors qu'elle assiste le maître d'école local, elle se souvient: elle sait qu'elle a quitté ses parents et se rappelle même, comme dans un flash, d'un nom de lieu en Californie. La voilà partie, en compagnie de ses deux amis poisson-clowns...
Les films Pixar sont tous plus ou moins consacrés à une émancipation d'un personnage, à l'intérieur de lui- ou d'elle-même. Apprendre à accepter qu'on est un jouet, accomplir son destin quand on est un robot et qu'on est presque la dernière chose qui bouge sur notre planète, accepter de vieillir, accepter à la fois de grandir et d'appartenir à une communauté spécifique... Tous les longs métrages sont tournés vers cette réalisation d'un potentiel, généralement dans un contexte ultra-positif. Ce qui devrait avoir le don de me hérisser le poil tant c'est systématique...
Mais si on accepte de bonne grâce de les suivre, la plupart du temps (donc quand il n'est pas question de donner vie à des voitures moches) c'est aussi que les équipes de ces films ont toujours su rivaliser d'invention avec eux-mêmes, en deux points si complémentaires: d'une part, l'animation est toujours d'une complexité hallucinante, jusqu'à presque nous faire oublier qu'il s'agit d'animation, justement. Et d'autre part, la construction des personnages échappe au cliché. Ce que prouve ce film, qui reprend les personnages importants de Finding nemo, mais ne se contente pas d'être une suite. La quête de Dory est justement de retrouver ce qui fait d'elle ce qu'elle est. Un personnage ultra-débrouillard, puisqu'elle doit en permanence pallier à sa mémoire qui est plus que défaillante!
Une fois qu'on aura admis qu'une "suite" du premier film est comme d'habitude, par définition même, on ne pourra que se réjouir devant cette odyssée en mouvement permanent, animée de fort belle façon, avec un humour de haute volée... Dans laquelle en plus de la qualité graphique, on reprend le principe qui faisait le sel de Nemo: une galerie haute en couleurs de personnages tous plus loufoques les uns que les autres, et qui ont tous besoin d'apprendre à surmonter leurs failles... Dory et sa mémoire, mais aussi le poulpe Hank qui souhaite tant échapper à l'immensité de l'océan, Destiny le requin baleine myope, ou encore le bélouga qui ne parvient plus à faire fonctionner son sonar depuis qu'il est en captivité...
Une cigogne fait son travail, qu'elle aime particulièrement: elle apporte bébé après bébé, et on lui fait un merveilleux accueil, avec un petit verre par-ci et un petit verre par là... Pendant ce temps, chez daffy Duck on attend justement un heureux événement. Du moins madame (Daphné, en l'occurrence), pas monsieur. Celui-ci est clairement décidé à empêcher la venue de l'oiseau de malheur...
Au-delà du fait que le film repose sur la croyance infantile plus qu'enfantine de la légende de la cigogne apportant les enfants à leurs parents, c'est noir, très noir même! Car Daffy Duck, prêt à tout, ne veut absolument pas d'un nouveau bébé, et le fait savoir... Sa détermination nous rappelle de quelle façon il accueillait (avec la plus sourde angoisse) l'idée d'aller servir son payx dans un court de Bob Clampett. Plutôt que lâche et minable, au moins on l'aime assez facilement quand il est aussi vindicatif. L'animation est très adéquate...
Et puis il y a des crocodiles dans la cave. On n'en discute même pas l'implacable logique...
Une jeune voiture, contre l'avis de sa mère, voudrait être un taxi... Il fait l'école buissonnière et se mesure à un train... Mais il a un accident.
Apparté: je hais le film Cars, de John Lasseter, mais pour une raison toute personnelle. Je ne parviens pas à accepter cette idée stupide, de proposer une vision du monde dans laquelle l'humanité est remplacée par la civilisation de la voiture... Dans ce film, c'est presque pareil. Je dois dire qu'il est assez repoussant, mais là encore, c'est vraiment MON impression.
Mais au-delà, le film souffre surtout de son étrange fin, qui semble vraiment enfoncer le clou! après un accident, le petit véhicule fait exactement la même bétise, sans que le film ne soit résolu. Avery donnera dans les années 50 sa version de ce genre d'histoire, et ce sera à peine meilleur...
Sylvester (El Grosso Minetto) décide d'acheter un faucon pour venir à bout de Speedy Gonzales...
Les films des Looney tunes des années 1960, dans leur vaste majorité, sont l'ombre de l'ombre de leurs vertes années. Non seulement tous reposaient sur la répétition à l'envi des situations des films d'avant, mais en plus ils usaient d'une animation souvent indigente. L'idée n'était pas d'aller plus loin que de fournir de la pellicule au mètre qui serait ensuite sagement recyclée pour la télévision.
C'est la saison de la chasse... au canard. Elmer Fudd est bien décidé à participer, mais Daffy Duck, sans doute en mémoire de sa première apparition, est lui aussi bien décidé à s'opposer...
Le fait est entendu: passé 1948, Daffy Duck perd quasiment tout son intérêt, sauf quand il devient la proie de la méchanceté de Chuck Jones... Ici, il est donc ce mollasson qui rate tout, et c'est une trahison totale de l'esprit de la création de Tex Avery et Bob Clampett... Ce qui est d'autant plus paradoxal qu'on revient ici aux fondamentaux.
Il y a juste à la fin une allusion à l'irrésistible danse loufoque du personnage, mais qui ne cadre pas avec le reste. Pour finir de l'assassiner, je concluerai en disant qu'en plus c'est d'une laideur assez repoussante...
Sylvester s'avise de la présence d'un pic-vert... Et il a décidéd'en faire son repas, mais ce sera difficile, d'autant qu'un chien, un bull-dog nommé Hector, ne l'entend pas de cette oreille.
C'est un film impeccable, qui date d'une époque durant laquelle Freleng créait encore beaucoup, et ne reposait pas que sur des automatismes! Le personnage de Sylvester n'est pas encore totalement cristallisé dans son graphisme, ce qui donne un vrai dynamisme au film. Et l'animation est vraiment très fluide, on ne s'ennuie pas un instant.
Notons qu'ici, Sylvester ne parle pas du tout, ce qui lui donne infiniment plus de poids...